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Critiques de Henri Troyat (884)
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Le geste d'Eve

"Le Geste d'Eve" est la nouvelle qui clôt ce recueil de neuf nouvelles. Neuf nouvelles dont le point commun pourrait être la cupidité, la tentation, la passion qui tourne à l’obsession : « Les mains », « Le carnet vert », « Le meilleur client », « Le retour de Versailles », « Bouboule », « Vue imprenable », « Faux marbre », « Le diable emporte Pierre », « Le geste d’Eve »…



« Les mains » : La rencontre de Ginette et d’un hideux personnage : « Il était laid, des traits austères, la main plus rude que le gant » aurait dit Hugo… mais Ginette est manucure… Alors…

« Le carnet vert » : un homme découvre un carnet vert ; une somme pour lui qui vit chichement de son emploi de comptable…Qui est Jean de Bize, celui qui contre une somme bien plus élevée demande par voie de presse qu’on lui rende le fameux carnet ?

« Le meilleur client » : un homme « dévalise » la boutique d’articles funéraires du couple Euterpe…Où veut il en venir ?

« Le retour de Versailles » : une vente aux enchères à Versailles. Caroline rêve d’une commode, Georges d’un tableau…

« Bouboule » : Bouboule, le chien du père Tabuze s’est fait renverser… Madame de Montcaillou lui viendra-t-elle en aide, malgré le peut de sympathie qu’elle porte à son maître ; comme à tous les hommes, d’ailleurs…

« Vue imprenable » : peut-on être misanthrope sur son île déserte ; sans l’autre ?

« Faux marbre » : et si la chair humaine n’était belle que marbrée ? Justement …

« Le diable emporte Pierre » : « Un idiot à Paris », en quelque sorte…

« Le geste d’Eve » : la « poinçonneuse des Lilas » et le PDG…



Un bien étrange (mais néanmoins remarquable) recueil emmené par le style alerte d’Henri Troyat, dont on imagine le sourire malicieux, qu’il a dû afficher tout au long de la rédaction de ces neuf nouvelles admirablement ficelées…

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Etrangers sur la terre, tome 1

Quel plaisir de retrouver Tania, Michel, Akim, Nina et même ce vieux fou de Kisiakoff !



Les membres des familles Danoff et Arapoff ont dû quitter la Russie suite à la Révolution russe. Les voilà en France avec leur statut d'émigrés et peu de ressources financières. La vie n'est pas rose et la Russie leur manque...



Elle manque un peu moins sans doute aux deux garçons de Tania et Michel qui ont peu de souvenirs de leur pays natal. Ce tome ci leur donne la part belle. On fait la découverte de deux personnages que tout oppose.

L'aîné, Serge, vit comme un artiste et recherche le plaisir bien plus que le travail. Il ressemble tant à Volodia !

Quant à Boris, il est beaucoup plus posé et travailleur..tout comme Michel, son père !

Même si j'ai un peu une impression de déjà vu, j'ai tout de même trouvé beaucoup de plaisir à retrouver la plume d'Henri Troyat.



J'entame déjà le dernier tome de cette belle saga, redoutant le moment où il faudra définitivement quitter ces personnages auxquels on ne peut s'empêcher de s'attacher malgré leurs nombreux défauts !

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Le mort saisit le vif

"Le Mort saisit le vif",est un roman d' Henry Troyat .Ce livre lu relu plusieurs fois et toujours avec le même plaisir car il s 'agit d' un roman fort , puissant et dense et les émotions ressenties ne s' oublient pas facilement .La première lecture remonte à plus de quarante ans . C 'était le premier contact avec Henry Troyat .

" le Mort saisit le vif"est un roman où il s 'agit d 'un plagiat commis par

Jacques Sorbier .Ce dernier était avant son forfait , un paisible journaliste .Il fait la connaissance de Suzanne , une jeune veuve .Il la rencontre en allant lui présenter ses condoléances .Ils tombent amoureux l' un de l' autre .Ils se marient .Le défunt , Georges Galard était un homme cultivé et lettré .Par hasard , Suzanne tombe sur un manuscrit de Georges .Jacques le lit .Il se

trouve que ce manuscrit a une certaine qualité littéraire .Sa femme insiste

pour qu' il le donne à une maison d' édition .Cette dernière l' accepte et décide de le publier .

le succès est immédiat et son auteur est porté aux nues .Avec le sacre , la

situation du couple est devenue autre : la richesse est là ! La femme est devenue une autre : elle fait dans l 'apparat .Ceux sont les habits et tout ce

que lui plaît .Suzanne n' a aucun scrupule .Elle veut toujours plus d'argent .

Le plagiaire essaie d ' écrire de nouveau . Mais il n' arrive pas .Il est bloqué .

Il est tiraillé entre sa femme ,l' éditeur qui désire un autre roman et sa conscience .Il est déstabilisé , il déprime .Il veut ressembler au mort !

Sa vie devient un véritable cauchemar .C est la descente aux enfers pour lui .

Un très beau roman et un grand romancier .

















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Aliocha

J'avais toujours pensé qu'Aliocha était le récit d'une enfance pauvre et malheureuse, comme il y en a tant eu dans la littérature du siècle dernier.

Or, Aliocha est un jeune adolescent qui grandit, enfant unique, auprès de deux parents aimants, ouverts et compréhensifs dans le Paris des années 20.

Russes blancs, la petite famille a fui la Russie et y ont laissé leurs richesses pour s'installer dans un petit appartement en attendant le retour de jours meilleurs. La Russie n'est jamais loin: en déco sur les murs, le dimanche à la messe, le soir dans les longues discussions, dans les repas, dans les livres de la bibliothèque. Le père d'Aliocha, d'ailleurs, ne perd pas espoir d'y retourner un jour, quand tout ira mieux.

Aliocha, de son côté, fuit ses origines et ne jure que par la littérature française. Il devient l'ami de Thierry, jeune garçon de bonne famille, très intelligent et cultivé mais fragile physiquement. Leur amitié est tout de suite intense, comme si un danger la mettait en péril, et les deux garçons ne se quittent plus. Avec lui, Aliocha découvrira la vie d'une famille française, mais surtout affermira sa vocation d'écrivain.



C'est un court roman sensible sur l'amitié mais aussi sur le difficile choix à faire quand on se trouve entre deux cultures, deux pays et Troyat exprime magnifiquement cette difficulté à s'assumer différent.

Peut-être aussi que je finirai par lire Anatole France un jour, tout comme Thierry et Alexis!
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Viou

J'avais huit ans, l'âge de Viou, quand j'ai fait sa connaissance pour la première fois. Je gardais de cette lecture un souvenir ému, celui d'un écho à ma propre histoire familiale...

Aujourd'hui, c'est de nouveau le cœur gros et plein de nostalgie que je referme ce livre. Les années passent, les blessures restent, surtout celles de l'âme.

Viou, c'est un roman sur l'enfance et le deuil, sur l'amour et la solitude, sur l'attachement et la perte, sur la vie et la mort, sur les espoirs et les désillusions.

C'est une lecture délicate et tendre, qui se savoure en même temps qu'elle bouleverse.

Henri Troyat a admirablement su restituer la candeur et l'innocence de l'enfance, tout en donnant corps à l'ennui et à la monotonie d'un quotidien suranné, quasi exempt de fantaisie, où la vie s'écoule lentement au rythme de rituels immuables, empreints de rigueur et de piété, où la spontanéité et les démonstrations affectives n'ont que peu de place dans cette société provinciale d'après-guerre, encore meurtrie et endeuillée.

C'est avec des mots justes et délicats que les émotions se distillent et que Viou nous livre sa perception du monde des adultes, naïve et touchante, ses incompréhensions, ses espoirs si souvent déçus, la douleur de ses peines, de ses manques affectifs et de sa solitude, mais aussi la force et l'énergie qu'elle puise malgré tout dans la vie, réussissant à en saisir les plus brefs instants de bonheur.

Comment ne pas être prise de tendresse et de compassion pour cette petite fille qui connaît pour son âge, bien plus de chagrins et de désillusions que de véritables joies, et à qui la vie n'a pas fait de cadeaux.

Un petit bijou littéraire, triste mais plein de charme, qui aura marqué à jamais ma vie de lectrice.

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Le fils du satrape

Le jeune Léon n'avait que sept ans quand il a dû fuir Moscou - aux mains des Bolcheviks -, avec sa famille. Un voyage épique où le père est séparé de sa femme et de ses trois enfants, pour rejoindre Constantinople puis Venise où la famille se retrouve, et enfin atteindre la destination tant espérée, la France et Paris. le jeune garçon, inscrit au Lycée Pasteur de Neuilly sur Seine, retrouve trois ans plus tard, Nikita Voïevodoff, avec qui il avait sympathisé sur le bateau les amenant à Venise. Autant la famille de Léon, des Russes blancs éduqués, espèrent le retour dans la mère patrie, délaissant leurs moyens de subsistance, pensant leur situation transitoire, autant la famille de Nikita affiche une réussite sociale insolente...Avec un peu de sentiment d'infériorité, Léon s'accroche néanmoins à cette amitié et cette famille fantasque, Nikita lance même l'idée d'écrire un roman à quatre mains, un roman d'aventures, qui leur promet un succès assuré, dont il trouve le titre, le fils du satrape...



Avec ce récit, Henri Troyat revient sur son enfance et sur sa famille, du temps où il s'appelait encore Léon Tarassoff. Au fil de l'amitié avec Nikita et de la recherche des péripéties qu'ils veulent coucher sur le papier, les souvenirs refont surface, le départ précipité - laissant l'écurie en feu, les papiers (titres de propriété, relevés bancaires) entassés dans les valises, les bijoux cousus dans la doublure des vestes, le trajet chaotique et difficile dans un wagon à bestiaux, puis dans la cale mal aérée du navire...Des souvenirs difficiles mais qui sont transcendés et érigés en véritables aventures, dans les yeux du jeune garçon, stimulé par l'enthousiasme de son ami qui lui, a connu des conditions de transport bien meilleures.

Le fils du satrape est une évocation idéalisée au travers des yeux d'un enfant, d'une amitié enfantine et surtout d'une époque difficile pour la famille, le père se démenant pour conserver un minimum pour survivre, se battant comme un beau diable pour survivre dans le petit appartement, occupant tous les petits boulots et gardant toujours au coeur le retour dans la Russie, un projet qui s'éloigne de plus en plus.

Le fils du satrape est un roman de souvenirs émouvant et un roman d'apprentissage instructif sur la trajectoire d'Henri Troyat.
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L'Araigne

Gérard Fonsèque, jeune homme maladif, vit entouré de sa mère et de ses trois soeurs, Luce, Elisabeth et Marie-Claude. Hypocondriaque et de santé fragile, sa principale satisfaction consiste à se faire plaindre et materner par ces quatre femmes. Lui a une répulsion pour les histoires d'amour qu'il considère comme un mélange de chairs dégoûtant.



Manipulateur, pervers, égoïste, il fera tout pour empêcher le mariage de ses soeurs pour qu'elles se consacrent toutes à lui et à lui seul.



Menteur invétéré, il leur présentera chacun de leur prétendant comme un être veule, idiot, manquant de classe, de finesse, de richesse, bref de tout ce qui pourrait les attirer dans le mariage.



Echouant dans ses projets, il tissera sa toile patiemment comme une araignée allant jusqu'à essayer de dissoudre le mariage de ses soeurs lorsque celui-ci sera finalement accompli.



Machiavélique (il se considère comme le seul être intelligent de la planète),

il n'hésite pas à fouiller dans les chambres de ses soeurs qui, le craignant au départ lui dissimule leurs projets matriarcaux.



Il tissera autour d'elles une gigantesque toile d'araignée dans laquelle, il finira par se prendre lui-même pour le plus grand soulagement du lecteur qui n'a qu'une envie, celle de lui coller une magistrale paire de gifles.



Ce roman malsain est heureusement servi par l'écriture magistrale d'Henri Troyat qui s'y entend comme le maître littéraire qu'il est, à créer des atmosphères confinées et étouffantes où on a réellement l'impression de vivre parmi les personnages.



Lu et relu plusieurs fois avec toujours autant d'intérêt devant tant de maestria. Du grand roman comme presque tous ceux d'Henri Troyat.
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Le Bruit solitaire du coeur

Un roman en partie autobiographique, car le héros est inspiré par la vie du père de l'auteur. Dans ce livre tout en finesse, Henri Troyat se montre une nouvelle fois grand psychologue. Là, il sonde l'âme d'un vieil émigré russe, en fin de vie, exilé à Paris, qui ne comprend plus grand chose à l'agitation du monde et qui vit tourné vers le passé avec les souvenirs de la vie heureuse et luxueuse qu'il menait en Russie avant de fuir au moment de la révolution de 1917. Il ne comprend pas plus ses deux fils, presque sexagénaires, bien intégrés à la vie française et ayant oublié leurs racines. Un roman merveilleusement écrit - Henri Troyat était un écrivain rigoureux et talentueux - teinté à la fois de nostalgie et d'un humour assez féroce, montrant le héros du livre aux prises avec sa dame de compagnie, russe et orthodoxe comme lui, qui l'agace mais dont il ne pourrait se passer. Un livre vrai, authentique.
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Les semailles et les moissons, tome 1

Premier volume d'une saga qui en compte cinq en tout.

Ici, à travers la vie des personnages principaux, on découvre la France du début du 20eme siècle et plus précisément juste avant le début de la première guerre mondiale.

Troyat restitue avec beaucoup d'authenticité la vie en milieu rural ( en Corrèze ) mais aussi à Paris.

Il dresse en plus un superbe portrait de femme, Amélie, avec son caractère entier et passionné .

A l'issue de ce livre, on quitte Amélie jeune maman, et surtout en train de subir les inquiétudes de toutes les femmes des soldats envoyés dans les tranchées de 14-18.
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Etrangers sur la terre, tome 1

Et voilà le dernier tome de cette grande saga relatant la vie d'une famille russe prise dans les affres de la révolution russe et obligée d'émigrer en France.



L'histoire se termine au début de la seconde guerre mondiale. Elle pourrait tout aussi bien se poursuivre car on a bien sûr envie de savoir ce que vont devenir Boris et Serge.

En ce qui concerne leurs parents, Tania et Michel, les principaux acteurs de cette série, on peut considérer que cette fin leur va bien. Il est l'heure pour eux de tirer leur révérence avec la satisfaction d'une vie bien remplie, faite de joies et de tourments. Ils ne retourneront sans doute jamais en Russie mais au plus profond d'eux-mêmes ils ne l'auront jamais vraiment quittée.





C'est déjà la fin et j'avoue avoir tourné les dernières pages avec tristesse. La plume d'Henri Troyat m'a emportée et exaltée. J'ai vraiment beaucoup aimé cette saga qui date un peu, j'en conviens, mais qui à mon sens, n'a pas pris une seule ride.

Il est fort à parier que je me laisserai tenter dans les mois qui viennent par "Les semailles et les moissons" , autre saga de Troyat que j'avais déjà lue étant plus jeune. Ce sera à nouveau un plaisir de me laisser aller au gré d' une autre histoire de famille romanesque.



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La neige en deuil

Ce court roman (une centaine de pages) nous raconte l'histoire de deux frères aux caractères très différents, vivant un peu en marge, dans une bergerie en montagne.

L'un, ancien guide de haute montagne, est attaché à sa vie rurale, ses animaux; l'autre, ne rêve que de gagner la ville, à tout prix.



C'est alors qu'un avion s'écrase au sommet d'un glacier voisin... Et que les deux frères, animés de motivations très différentes, vont tenter l'escalade.



Ce récit ne peut laisser de marbre, il est très touchant, voire poignant. Impossible de ne pas se prendre d'affection pour Isaïe, le frère aîné.



Très bonne lecture, on s'y croirait. Le style fluide et vivant de Troyat reste très agréable.
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Baudelaire

Henri Troyat est un écrivain de talent et cette biographie de Baudelaire se lit très facilement.

Cependant, il m'a manqué un je ne-sais-quoi de plus personnel. Sans doute, me suis-je trop habituée aux biographie de Stefan Zweig. Henri Troyat, lui, se contente de relater des faits sans trahir ses émotions et sans jamais donner son avis personnel. Il laisse les jugements de valeur à ceux dont il retranscrit les écrits et les lettres.

En effet, ses propos sont sans cesse étayés par les lettres de Baudelaire lui-même.

Ces lettres sont souvent adressées à sa mère qu'il vénère depuis l'enfance et à qui, il ne cesse de réclamer de l'argent. Il y parle aussi de ses projets d'écriture mais finalement peu de sa vie intime. Cela, il convient sans doute de relire les œuvres de Baudelaire pour en avoir un bel aperçu.

Ayant lu le roman de Jean Teulé, Crénom Baudelaire ! , il y a peu, je peux vous dire que ma préférence se porte sur la biographie romancée plutôt que sur celle, plus académique, de Troyat.

Néanmoins, lire les deux m'ont permis d'approfondir et de mieux cerner le personnage tourmenté de Baudelaire.

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Les semailles et les moissons, tome 1

Le premier roman que je lisais d'Henri Troyat. Un chef d'oeuvre qui nous conduit du début du vingtième siècle au lendemain de la guerre de 39-45, et de la campagne corrézienne à Paris. Superbe! Belle écriture. Un roman que j'ai souvent conseillé. Il m'a fait aimer l'oeuvre de Henri Troyat.
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La Lumière des justes

J'ai lu - que dis-je, dévoré ! - les 5 romans d'Henri Troyat en quelques jours, il y a plus de vingt ans de cela et j'en garde un souvenir impérissable.

Ma fille de 16 ans vient de le lire à son tour et a été aussi conquise que je l'ai été !

Une saga inoubliable qui mêle intelligement histoire, politique et sentiments et vous emporte dans la russie des tsars : on voudrait bien que ça ne se termine pas... !!!
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Les semailles et les moissons, tome 1

J’avais déjà lu cette saga dans ma jeunesse (fort loin maintenant) et je l’avais beaucoup aimée, surtout le tome qui s’appelle « Tendre et violente Elisabeth ». Grâce à un challenge Babélio, j’ai fouillé dans ma bibliothèque pour la retrouver et c’est avec plaisir que j’ai redécouvert l’histoire d’Amélie Aubernat, jeune fille sans histoire qui tient l’épicerie de son village et de Pierre Mazalaigue, le propriétaire du café. Ce n’est pas simplement une histoire d’amour, c’est aussi la vie de la France rurale à la veille de la Première Guerre mondiale, la vie d’une famille unie, la vie d’une jeune fille au caractère bien trempé. Un très bon moment de lecture.



Challenge Solidaire 2022

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L'Araigne

On ferme « l’araigne » et on respire un grand coup : ouf !

Cela fait du bien de sortir de ce huis-clos oppressant, de cet appartement étouffant gangrené jusqu’en haut des murs par l’acrimonie glauque de Gérard Fonsèque, jeune homme malingre et hypocondriaque, méprisant, imbuvable, pervers manipulateur prêt à tout pour que ne prenne pas fin son règne sur les femmes de sa vie : sa mère et ses trois sœurs.

Une à une, il cherche à les piéger, à contrecarrer leurs choix, à les retenir dans ses rets, afin que jamais elles ne le quittent. Tout sera bon pour ce faire à ce contempteur de la médiocrité bourgeoise comme des bassesses de la chair qu’il exècre autant qu’il les redoute. Mais si son venin arachnéen parvient à corrompre la vitalité de ses proies, il échouera à les empêcher de quitter sa toile morbide et se videra un peu plus de ses forces à chaque départ.

Autant dire que la lumière est rare dans ce roman d’une acuité psychologique acérée, vaguement malsain qui a pourtant séduit le jury du prix Goncourt en 1938.

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Raspoutine

Saint homme ou charlatan, Raspoutine a marqué l’Histoire de la Russie. Il avait eu la prémonition de sa fin tragique, un an et demie avant l’exécution de la famille impériale, à laquelle son personnage reste lié, jusqu’à avoir été le bouc émissaire de tous les malheurs qui accablent le pays. Il avait également prédit un avenir sombre et sanglant à la Russie dès son entrée dans la première guerre mondiale. Sa vie est jalonnée de miracles, de débauches, de scandales, de complots, de tentatives d’assassinats ; il a côtoyé le peuple tout en se faisant l’intime du tsar et de sa famille, devenant une personnalité incontournable de la vie politique. Paysan simple, homme religieux à la limite de la superstition, grand séducteur auprès des femmes, pratiquant le chamanisme, organisant des orgies à prétexte religieux, il personnifie l’âme russe dans ses contradictions, sa sauvagerie et son besoin de pureté, sa violence dont il sera la victime. Comme le montre bien Henri Troyat, c’est un personnage que seule la Russie pouvait engendrer, dans un contexte politique difficile où le tsarisme est fragilisé, la guerre fait des millions de morts et de mutilés, le peuple des villes est de plus en plus séduit par les discours bolcheviques.



Né en 1869 à Pokrovskoïe en Sibérie, Raspoutine frôle la mort dès le plus jeune âge mais la Vierge lui apparaît et il guérit. Il va vite se tourner vers la religion, fonder une chapelle où il mêle érotisme et mysticisme car d’après lui, pour être purifié il faut avoir baigné dans le péché. Il devient starets.



Il voyage beaucoup, Grèce, Russie, jusqu’à Jérusalem. A Saint-Pétersbourg, qui est son deuxième foyer, il est introduit auprès de la famille impériale. Le tsar Nicolas II et sa femme, malgré l’hostilité de leur entourage, l’estimeront et le défendront jusqu’au bout. A plusieurs reprises en effet il a sauvé leur jeune fils hémophile de la mort, le tsarévitch Alexis. L’impératrice le considère comme un saint malgré les nombreuses débauches dont il est accusé : ivrognerie, sexualité débridée, charlatanisme…



Focalisant toutes les haines de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, il est assassiné le 16 décembre 1916 (29 décembre pour notre calendrier) par cinq individus qui l’attirent dans un traquenard, dont le grand-duc Dimitri, cousin de Nicolas II et le prince Félix Youssoupov. Après avoir tenté de l’empoisonner, ils l’ont abattu de trois balles et jeté dans la Neva. Les inculpés sont jugés mais leurs peines sont très légères, ce qui fera scandale. On parle de justice à deux vitesses. Le grand-duc Dimitri est exilé en Perse et Félix relégué dans sa propriété près de Koursk. Les trois autres ne sont pas inquiétés.



Malgré son intérêt, le livre de Troyat nous laisse un peu sur notre faim. Peut-être à cause de l’ambiguïté du personnage qui a suscité autant de dégoût que d’admiration, et en tout cas beaucoup de méfiance et d’interrogations.

Qui était cet homme ? Un être sincèrement convaincu d’être investi d’une mission divine ? Un imposteur profitant cyniquement du désarroi de la famille impériale ? Un mélange plus ou moins conscient des deux, profitant de son pouvoir de fascination pour user de son influence auprès du tsar et surtout de la tsarine ? Un homme du peuple soucieux de faire entendre la voix de la Russie authentique ? S’il est difficile de démêler la part des intrigues politiques, de la superstition, de la foi, de la sincérité dans l’écheveau de cette existence hors norme, il est certain que Raspoutine a continué à fasciner et inspirer les imaginations bien après sa mort. Et qu’il reste une figure incontournable de l’Histoire russe, qui a servi sans le vouloir la chute du tsarisme et l’accès au pouvoir des bolcheviks.

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La neige en deuil

On ne lit plus Henri Troyat aujourd'hui. C'est passé de mode. J'ai découvert ce livre à l'âge de 13 ans, au siècle dernier. Il me trouble encore. Une histoire simple, d'avion écrasé dans la montagne, mais une histoire efficace : il est question de différences, de rêves aussi.
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Le mort saisit le vif

Le vif, c’est Jacques Sorbier, le mort, c’est Georges Galard, l’ex mari de madame, Suzanne…

Sorbier sévit dans le monde de la littérature pour enfant en tant que rédacteur en chef d’un magazine, accessoirement auteur de feuilletons à la pige…

Vient l’idée… de madame, qui exhume un texte de son défunt mari, « La colère ». Le texte est publié. C’est le succès… énorme, immédiat… Prix littéraire…

Arrive bientôt une femme, l’inspiratrice de « La colère »…



Ecrit à la première personne, un petit roman qui sonne comme la confession de Jacques Sorbier, car après la célébrité due à l’imposture de la publication de « La colère », viendront les problèmes… Sorbier sera-t-il à la hauteur du défi que la vie et sa cupidité lui imposeront désormais ? ou « le mort saisira-t-il le vif » pour ne pas le lâcher ?



Tout l’art de Troyat est déjà présent dans ce roman des débuts. Troyat, un écrivain majeur du XXème siècle. Un peu oublié. Dommage.

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La neige en deuil

J'ai lu un nombre assez important de romans de Henri Troyat, et j'avoue que celui-ci est un véritable coup de coeur.

Pourtant ce livres relate plusieurs tragédies, et est très sombre. L'action se déroule en haute montagne dans un environnement particulièrement hostile, la neige rajoutant encore une couche de dangerosité. L'écrivain a su sonder l'âme humaine, et se mettre à la place des différents protagonistes de cette terrible histoire, constituée de drames, de violences et aussi d'un voile d'humanité et de poésie derrière la folie. Très beau roman écrit d'une plume élégante.
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