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Critiques de Henri Troyat (884)
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Viou

La petite Sylvie, huit ans, affectueusement surnommée Viou par sa mère, vit chez les grands-parents paternels, une famille bourgeoise et reconnue du Puy. En 1946, le temps est encore aux restrictions, et, après la mort de son père médecin, en 1944, la mère de la petite a dû trouver un emploi de secrétaire médicale à Paris pour survivre, et a dû confier sa fille à ses beaux-parents. La petite fille est donc plongée dans un monde de personnes âgées, toujours en deuil de leur fils, devenu avec sa mort, le héros de la famille, et à hauteur d'enfant Viou essaye de comprendre son environnement, décrit ses sentiments, ses peurs ses craintes mais aussi ses joies.

Un court roman dans lequel Henri Troyat arrive à se glisser dans l'esprit d'une petite fille qui ne comprend pas toujours les grandes personnes, notamment le couple que forme ses grands-parents; Clarisse, une grand-mère sévère, bigote, plongée dans le souvenir de son fils tué pendant la guerre et qui ne comprend pas la tendresse dont Viou a besoin et Hippolyte le grand-père, beaucoup plus humain, une figure paternelle pour la petite fille. Entre disputes entre les grands-parents et visites de sa mère pendant les congés, le lecteur suit l'évolution de la petite, avec toute sa sensibilité, ses questionnements sur la mort, sur l'attachement à ses grands-parents, la peur d'oublier son père.

Viou est un roman sur la construction, à hauteur de petite fille, et une analyse fine et sensible de l'enfance.
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Le vivier

Le summum d’humains possessifs, calculateurs, manipulateurs, égoïstes, lâches. Philippe, pour soigner sa grippe, séjourne chez une vieille dame obsédée par les réussites de jeux de cartes. Sa tante y est dame de compagnie. 1 jeune homme oisif et 4 femmes dans un huis clos implacable et fascinant.
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Les semailles et les moissons, tome 1

Il me prend de temps en temps l'envie d'une "grosse" saga familiale, avec un contexte historique ou territorial bien marqué. "Des semailles et des moissons" est l'objet parfait pour l'assouvir, le plat est roboratif et les ingrédients tous présents : campagne corrézienne à l'aube de la première guerre, village de paysans, héroïne fraîche et naïve mais résolue ; le commerce familial avec la petite épicerie attenante à la forge, la fête champêtre où l’on frôle le premier promis, puis le malheur qui s’abat sur le village, sur la famille, avant que bien sûr l’amour vienne redonner des couleurs au récit…



Même si je me suis un peu traînée au démarrage, assez lent, l'appétit m'est venu en mangeant et j’ai fini par me prendre au jeu et m’attacher aux tribulations de ces personnages simples et valeureux. La partie parisienne du récit qui voit Amélie et son tout nouvel époux « s’installer dans la vie » aux commandes d’un petit café est particulièrement réussie.



Ce premier tome qui se referme sur la famille renouvelée mais déchirée par la guerre qui enlève ses premiers morts au village laisse évidemment un goût d’inachevé et donne envie de poursuivre avec « Amélie », le tome suivant - ce que je ferai probablement, tant il est vrai que se plonger de loin en loin dans les œuvres des grands auteurs populaires du dernier siècle est agréable et délicieusement nostalgisant!

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Tchekhov

La biographie de Troyat (1984) est celle d'un écrivain qui raconte bien les histoires. Elle est de facture classique, chronologique, fluide, agréable à lire et bien documentée. Les références savantes, en particulier la correspondance, s'intègrent parfaitement dans la narration sans heurt et sans ostentation. Troyat est un écrivain pudique . Il ne nous dit pas ce que l'on doit penser, il suggère les contradictions de l'homme et nous laisse méditer tranquillement, comme Tchekhov le fait lui-même dans ses nombreuses nouvelles ( plus de 250) et ses pièces de théâtre. Tchekhov est un homme paradoxal. Il est à la fois plein de générosité envers les autres mais il aime prendre ses distances, se retirer quand il se sent étouffer. Il est très attaché à sa famille, à son clan dont il est devenu le chef très jeune. Pourtant, il aurait pu en vouloir à ce père violent, bête et bigot qui a conduit la famille à la misère. A ses deux frères aînés brillants qui ont préféré prendre le large et laissé mère et petits frères et soeur à leur triste sort. Tchekhov est lucide et cruel dans certaines de ses lettres mais il se reprend aussitôt. Faire la morale à des alcooliques ne sert à rien. Montrer qu'on est là est plus utile. Il déteste se plaindre et se réfugie dans l'étude puis dans un travail acharné. Tchekhov vit jusqu'à sa mort entouré de toute sa famille exubérante, de cousins éloignés, d'artistes de passage et de pique-assiettes. On mange bien, on boit bien , on raconte des histoires. Et puis Anton étouffe, cherche à s'isoler, voyage, mais, aussitôt arrivé à destination, sa famille lui manque et il ne pense qu'à rentrer. Avec les femmes c'est pareil, il prend la tangente dès qu il est question de s'engager. Quand il se marie enfin à Olga l'actrice, il sait qu'ils ne vivront pas souvent ensemble : elle joue à Moscou, il est contraint de vivre à Yalta à cause de la tuberculose. Il ne prend pas de position politique dans cette période troublée. Il ne veut rien démontrer mais il agit au mieux qu'il peut. Il soigne les petites gens gratuitement, construit des écoles dès qu'il a de l'argent. Après la mort de son frère Nicolas, Il semble s'imposer le voyage à Sakaline où il va soigner les bagnards avant de témoigner sur leur triste sort, le plus froidement possible pour mieux marquer les esprits. Il semble vivre les honneurs et sa popularité comme un fardeau et ironise souvent sur la comédie moscovite ou pétersbourgeoise. Il préfère écrire jusqu'à l'extrême limite de ses forces en conservant jusqu'au bout auprès de son entourage son beau masque triste et souriant.
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La neige en deuil

Isaïe Vaudagne était un homme confiant et heureux, un guide de haute montagne expérimenté et respecté de tous. Mais c'était avant. Avant que la montagne ne le rejette, que trois expéditions successives tournent mal et que la dernière le laisse sur le carreau, blessé, diminué, inutile. A 52 ans, Isaïe ne vit plus que pour ses quelques brebis et son frère adoré, le jeune Marcellin qu'il a aidé à mettre au monde et qu'il a élevé comme un fils. Depuis qu'il n'a plus toute sa tête, les rôles se sont inversés et c'est maintenant le cadet qui commande, qui décide et l'aîné qui obéit. Et Marcellin a des idées bien à lui : quitter leur hameau isolé, vivre en ville, devenir riche sans se fatiguer au travail. Mais quitter la maison familiale est un crève-coeur pour Isaïe qui ne veut pas entendre parler de la vendre. Son entêtement met Marcellin en rage mais très vite, il a un autre plan. Au sommet de la montagne, un avion en provenance de Calcutta vient de s'écraser. Les secours n'ont pas encore réussi à se rendre sur les lieux et Marcellin veut y entraîner son frère pour tout simplement vider les poches des cadavres et peut-être trouver de l'or. Isaïe que la montagne effraie ne peut refuser cette opportunité à son frère. Malgré ses réticences, il ouvre la marche vers les sommets glacés.



Un court roman où se confrontent deux frères, deux personnalités, deux façons de penser, deux mentalités. Isaïe est certes simple d'esprit mais il a pour lui la bonté, l'honnêteté, la dignité, le courage, la droiture. A l'opposé, Marcellin est pleutre, vénal, fainéant et malfaisant. Après l'avoir élevé, aimé, conseillé et parfois recadré, Isaïe est sous l'emprise de son frère depuis qu'il est diminué. Si son amour pour lui le rend aveugle à ses défauts, cela ne dure qu'un temps et quand il va trop loin, Isaïe se rebiffe. La confrontation entre ces deux frères a pour décor la montagne qui les entoure et parfois les étouffe. Isaïe a vécu par elle, pour elle, en a tiré ses revenus, sa fierté, sa réputation. Les accidents successifs, la mort de plusieurs de clients, sa chute l'en ont éloigné mais quand il réussit à vaincre sa peur, il redevient lui-même. Sur les pentes verglacées, dans le froid, la neige et le vent, l'homme qu'il était retrouve son instinct, ses gestes et la force de résister à un frère qu'il ne reconnaît plus comme sien.

Une histoire bien écrite, très vivante, rude et émouvante, belle et tragique. L'occasion de redécouvrir Henri Troyat, un auteur prolifique et quelque peu oublié.
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Le fils du satrape

Dans un style classique mais plein d'énergie Henri Troyat nous offre un roman âpre, superbement bien construit où les nobles sentiments comme l'amitié et la mémoire ont un véritable sens.



Le Fils du satrape est une méditation sur la puissance de la littérature pour nommer ce qui fut et demeurera.



Les mots couchés sur du papier ont ce pouvoir magique de survivre à toutes les peines, à toutes les tragédies, à tous les changements. L'auteur cherche à démontrer comment la création panse des cicatrices, émancipe et permet une forme de sororité.



Le thème de l'exil et de la perte de l'innocence est abordé avec recul, intelligence et sans atermoiements. La technique narrative est magistrale car souvenirs et réalité se mélangent, nostalgie/fidélité à ses origines et l'envie d'intégration se disputent une place.

Avec toute la fougue et l'innocence de la jeunesse le petit Léon Tarassoff qui a fuit la Russie natale sera vite obligé de s'adapter, de « devenir » français. le prix à payer pour exister en tant qu'auteur va jusqu'à devoir changer son propre nom.



Ce roman est à lire pour sa sincérité, qui nous réconcilie avec ce terme galvaudé et parce qu'il est porté par un sens réel de la narration.



Le parfum un tantinet désuet qui s'en dégage est enivrant.



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Le pain de l'étranger

Henri Troyat est avant tout pour moi le talentueux auteur de deux sagas que j’ai lu il y a fort longtemps : « La lumière des justes » et « Les semailles et les moissons «

Il me restait dans ma Pal quelques livres de cet auteur et il fallait bien que je me lance dans leur lecture une fois pour toutes.

Le pain de l’étranger est l’histoire de Pierre Jouanest, un dentiste qui vit seul depuis plusieurs années suite à son veuvage.

Sans enfants, il vit dans sa petite routine et il faudra que survienne le décès accidentel de sa femme de ménage-gouvernante pour qu’il en sorte. En effet, cette dernière vivait sur sa propriété avec sa famille. Cette famille, Pierre va la regarder différemment, en particulier les deux enfants qui se retrouvent bien seuls sans leur mère. Leur père peine à les soutenir et Pierre va commencer à s’investir dans une relation qu’il n’avait pas prévue.

Une histoire qui aborde des thèmes comme la paternité et l’adoption.

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Tant que La Terre durera, tome 4 : Le Sac e..

" - Que penses-tu de la révolution, Ostap ?

- Comment répondre ? Je ne l'ai pas vue. Je crois qu'elle doit être belle et laide à la fois, comme tout ce que font les mortels. Belle de la tête et laide des mains. Une figure d'ange, des yeux d'ange, des lèvres d'ange, mais des mains noires d'assassin. La tête ne sait pas ce que font les mains. La tête médite haut et juste, les mains travaillent bas et brutalement. C'est le malheur de l'homme. Mais on ne peut pas se passer des mains, comme on ne peut pas se passer de la tête. "



Voilà une citation qui fait réfléchir sur la portée de toute révolution. C'est également le sens de ce tome 4. Henri Troyat expose les faits sans jamais prendre vraiment partie. Il fait confiance à ses lecteurs et les laisse se forger leurs propres opinions. Chacun des protagonistes de cette saga - décidément sans faille - vit les bouleversements de 1917 à sa façon. Il y a les timorés qui veulent le changement mais qui refusent le bain de sang, les patriotes qui veulent d'abord finir la guerre contre l’Allemagne, les acharnés qui veulent anéantir l'aristocratie à tout prix, les rêveurs qui admettent que le tsar a commis trop d'erreurs et qu'il convient de remplacer en douceur ce régime trop absolu par une monarchie constitutionnelle, les vendus qui retournent leur veste et profitent de la situation, les névrosés qui se foutent de tout et se terrent dans leur coin, les mères qui se lamentent, les égocentriques qui ne pensent qu'à leur nombril, les sages qui pèsent le pour et le contre, et tous ceux qui ont peur...



Aucun des personnages de Troyat ne fait figure de héros. C'est une véritable "Comédie humaine" qui se joue là. Chaque personnage est criant de vérité, comme chez Balzac ou chez Zola. Et peut être plus encore. Emile Zola frisait parfois la caricature. Troyat reste droit dans ses bottes et nous offre un tableau sincère et réaliste d'une société russe en plein bouleversement.



Je ne regrette vraiment pas d'avoir ressorti de sa belle étagère cette saga formidable qui commençait à prendre la poussière...
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Catherine la Grande

C’est un destin bien singulier que celui de Sophie d'Anhalt-Zerbst, une petite princesse allemande qui finira par diriger la Russie sous le nom de Catherine II … Convertie à la foi orthodoxe au grand dam de son père, elle épouse en effet le futur empereur de Russie Pierre III avant de l’éliminer pour finir par gouverner en autocrate ; malgré des attirances pour les écrivains des lumières…



Il me semble bien que c’est avec ce remarquable « Catherine la Grande » que j’ai découvert les grandes biographies d’Henri Troyat… Un genre, qui à l’époque (on est en 1977) n’était pas si courant dans la littérature française. Il y a un savoir-faire particulier dans ce type d’ouvrage que Troyat maîtrise à merveille et qu’il maîtrisera tout au long de son œuvre de biographe de quantité de personnages russes : le mélange entre l’exactitude historique, la description du contexte social et la psychologie des personnages, tout en utilisant une structure quasi romanesque de progression de l’action propre à captiver le lecteur et le maintenir en haleine.



Tout cela est parfaitement réussi ici … Sur fond de Russie, terre de tous les contrastes, terre de tous les excès…

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Aliocha

Le jeune Alexis, en dernière année de collège, ne sait plus comment se comporter avec ses parents. Russes blancs, ils ont dû fuir le pays avec l'arrivée des Bolcheviks, abandonnant biens et richesse, mais ne désespérant pas d'y retourner... Et justement en ce mois de janvier 1924, leur rêve de revenir dans leur mère-patrie est ravivé avec la mort de Lénine, qu'ils célèbrent avec joie et espoir. Leur fils, que les parents surnomment affectueusement Aliocha, est déchiré entre l'amour qu'il porte à ses parents et leurs espoirs, et ses propres envies, réussir à l'école, s'acculturer à ce pays dont il connaît le fonctionnement, dont il aime la langue plutôt que la Russie, ce pays dont il n'a connaissances qu'au travers des souvenirs idéalisés de ses parents. Au collège, il déploie tous ses efforts, en vain, pour se faire accepter de ses petits camarades moqueurs qui ne cessent de lui rappeler ses origines d'émigré russe. Tous, sauf le jeune Thierry, brillant, sensible, premier de la classe, issu d'une famille bourgeoise et c'est le fait qu'il soit bossu qui rapproche les deux enfants, chacun portant son content de complexe et de gêne, l'un par rapport à son physique, l'autre par rapport à des parents qui parlent le français avec un accent, à l'exubérance slave, démonstratifs et grégaires. L'influence réciproque des deux adolescents va conduire malgré la différence de statut social, à une amitié sincère et profonde, faisant grandir les deux garçons au point d'en devenir fondatrice, jusqu'à un drame marquant à tout jamais l'un d'entre eux.



Avec Aliocha, Henri Troyat évoque les déchirements des enfants d'émigrés partagés entre l'amour et la tendresse de leurs parents et leur besoin de se faire accepter dans la société dans laquelle ils se construisent. Alors quelque fois c'est la honte que le jeune Aliocha ressent envers ses parents, leur accent, leur façon de se mouvoir ou d'être, dans une société qui n'est pas la leur et dont ils ne possèdent ou ne veulent pas posséder les codes de peur d'oublier leur mère patrie. Le jeune Alexis est toujours ému par l'amour de ses parents mais reste fermé quand ceux-ci ne cessent de se complaire dans leur lustre et leur gloire passés.

Henri Troyat, évoque sa propre expérience de vie de fils d'émigrés russes dans le Paris des années vingt où les Russes blancs étaient stigmatisés car voyants, exubérants, n'ayant pas compris alors que leur destin hors de Russie était définitif. Et c'est grâce au regard de son ami, Thierry que le jeune Aliocha se réconciliera avec sa culture et notamment la littérature russe et ses grands écrivains.

Un récit tendre, émouvant propre à toucher toutes les personne déracinées ou partagées entre plusieurs cultures.
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La gouvernante française

J’ai déjà eu l’occasion de dire ici que le talent d’Henri Troyat est plus touchant encore quand il parle de la Russie ; celle d’avant la révolution d’Octobre… Un sentiment qui se confirme ici avec « La gouvernante française ».



Geneviève est employée par les Borissov, à Saint-Pétersbourg ; gouvernante, elle aura la charge d’enseigner le Français aux enfants ; les Borissov, une famille bourgeoise qui tire ses revenus de la vente de matériel industriel. La vie est douce pour Geneviève, vingt-quatre ans… et une belle rencontre, Maxime, un journaliste un peu idéaliste …

Nous sommes en 1914. Lénine ne va pas tarder à rentrer d’exil. Les prémices de la révolution d’Octobre se font bientôt sentir : tensions en ville, inflation, rationnement…

Un beau texte de la part d’Henri Troyat. Une évocation touchante de sa « chère Russie »…



Un bémol, cependant : on aime généralement Troyat quand il prend son temps, quand il s’attache au détail. Ici, il se fait bref, rapide, évasif. Comme si la trame de l’intrigue avait été habillée à la va vite. On reste sur sa faim. Comme si ce court roman était un épisode non utilisé d’un ouvrage plus important, « recyclé » ici.

Dommage, même si un « Troyat russe » reste toujours un grand moment de lecture.

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Tant que la terre durera, tome 1

Ma mère adorait Henri Troyat et m'encourageait à lire ses romans. Vers l'âge de 16-18 ans, j' ai lu quelques unes de ses sagas romanesques mais à ma plus grande honte, il ne me reste peu de souvenirs de ces lectures.



C'est le cas pour Tant que la terre durera. J'étais persuadée l'avoir déjà lu...

Mais ce n'est pas bien grave. Je peux dire maintenant que j'ai aimé Troyat et que je l'aime encore.



L'écriture est si fluide que je n'ai fait qu'une bouchée du premier tome.

Ce premier tome, c'est le début d'une grande saga de sept volumes. Cela se passe en Russie de 1888 à 1896. Nous n'en sommes qu'aux prémices de la révolte bolchévique contre le Tsar et la noblesse russe.

Autant dire que pour l'instant, L Histoire se mêle très peu de l'histoire des trois personnages principaux : Michel, le Tcherkess , Volodia le bourgeois et Tania, fille d'un médecin de bourgade.

Ces trois-là nous entraîne dans une valse des sentiments au rythme assez lent mais soutenu. Ils ont tous les trois un caractère bien différent avec leurs qualités et ...leurs défauts. Défauts tellement pénibles que je ne suis parvenue à m'attacher à aucun des personnages, qu'ils soient principaux ou secondaires. Mais peu importe. Ici, on ne s'attache pas aux personnages mais plutôt à leur histoire.

Et puis, ça fait du bien ! Dans ce roman, il n'y a vraiment aucun manichéisme et c'est cela qui en fait sa force.



A suivre ...



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La neige en deuil

Isaïe le simple, diminué depuis que la montagne l’a rejeté, aime ses moutons et sa maison au hameau. Il aime son frère aussi, trop et trop simplement pour ne pas en voir les travers.

Quand un avion venu de Calcutta s’écrase au-dessus d’eux, dans cette montagne où il ne va plus et que son frère veut l’y emmener, un dernier chemin d’initiation s’ouvre devant lui…



J’ai plongé dès les premières lignes dans ce court et rude roman et ne l’ai pas lâché jusqu’à la dernière ligne, accrochée par son angle – nous sommes dans la tête d’Isaïe, et le robinet à empathie coule à flots dès la rencontre -, envoutée par son atmosphère – toutes les odeurs, les sensations, les images de la montagne sont là – et scotchée par une narration dramatique qui culmine à son sommet.

Une forte envie, du coup, de redécouvrir Henri Troyat.

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Tolstoï

La vie en Russie de la deuxième moitié du 19ème siècle.

J'ai aimé les descriptions sur la guerre de Crimée, sur l'émancipation des serfs, sur le règne du tsar Alexandre.

Henri Troyat décrit Tolstoi ainsi que le point de vue de sa femme, de ces proches, vis-à-vis de lui ) ,permettant de connaitre une autre facette et comprendre un peu plus cette homme exceptionnel qu'était L. Tolstoi ;
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Votre très humble et très obéissant serviteur

Comment dit-on serviteur, au féminin ?

Serviteure ? Serviteuse ? Servitrice ? Servante ?



Bref, elle a trouvé ce livre par hasard, votre serviteur (finalement, elle n'aime pas la féminisation des mots, elle a un métier en -eur et ça ne la dérange pas du tout).

Et elle ne l'a pas lu - ça, elle hésite à le dire, mais elle ne sait pas trop fermer sa ***.

Elle ne le résumera pas, on n'est pas sur Babelio pour ça, non mais.

Ce qui l'arrange, d'ailleurs, parce qu'elle ne sait pas de quoi il parle, cet opus.

Mais elle a bien connu Henri Troyat dans sa jeunesse, alors elle dira que cet ouvrage est formidable, qu'on savait écrire à l'époque, avant que le pernicieux Pernaut et l'ânonneur Hanouna brouillassent les ondes.

Que vraiment, ce n'est pas du roman de gare, et que de toute façon, elle prend sa voiture parce que le train, c'est cher, et même pas fiable pour arriver à l'heure. Donc des romans de Relais-H, elle n'en achète plus, ou elle les trouve ailleurs sans savoir que c'est du déclassé pour les ploucs.

D'ailleurs, pour en revenir à ce livre troyen, les Inrocks et le Télérama sont unanimement tous unanimes là-dessus : il est trop bien.

Et y a rien à répondre à ça.



▪️ Servez-vous, pour saupoudrer à votre convenance : ` ¨ ^ ´
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Aliocha

C’est lors du pique-nique Babelio de juillet dernier que j’ai eu la bonne surprise de recevoir ce livre en cadeau (la couverture est différente), merci au babeliami ;-) Henri Troyat, l’écrivain de ma jeunesse !



Aliocha est le prénom gentil que l’on donne à Alexis. Il a 14 ans, vit à Paris et s’intéresse très fort à la littérature, surtout depuis que Thierry, premier de classe, lui offre son amitié. Il en est très fier d’autant que Thierry, bien que respecté de tous, est un enfant solitaire dû à la bosse qu’il porte dans son dos. Aliocha aussi est apprécié de la plupart de ses compagnons de classe mais il se sent tellement différent. Un petit russe émigré, vivant dans un deux-pièces avec ses parents. Avide de s’intégrer dans son nouveau pays, n’ayant que des souvenirs flous de sa petite enfance à Moscou, il rejette en bloc tout ce qui a trait à son pays natal, malgré les discussions quotidiennes de ses parents sur la politique et la narration de leurs souvenirs.

C’est au travers des grands auteurs français (Hugo, Anatole France, Rimbaud,…) qu’une amitié inébranlable liera Aliocha et Thierry, deux jeunes garçons qui n’ont eu aucun mal à balayer leur différence respective.



Une belle histoire émouvante, puisée dans les souvenirs de l’auteur, lui-même émigré à l’âge de neuf ans lorsque ses parents ont fui le bolchevisme à la révolution russe. Ce livre lut d’une traite présente en toile de fond un petit pan de l’histoire russe, l’émigration de nombreux russes vers des pays européens lors de l’époque de la terreur sous Lénine, rapidement suivi par la reconnaissance, par ces mêmes pays, de l’existence de l’URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques) remplaçant la Russie Impériale.



Aliocha est un livre que je qualifierai aujourd’hui de roman pour la jeunesse, lu avec plaisir, mas il n’est pas du même acabit que les biographies écrites par l’auteur, beaucoup plus stylisées et recherchées.
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Zola

On est attiré par une biographie parce qu’elle va nous ouvrir la maison d’un écrivain alors que, sorties de cette maison, nous ne connaissons encore que les lignes fébrilement couchées sur du papier et imprimées en aval pour toucher nous autres, les lecteurs avides de rentrer dans des univers construits mots après mots.

Alors que je chemine depuis quelques temps dans le monde mouvementé des Rougon-Macquart, j’ai eu envie de découvrir l’homme, auteur de cette fresque aux ingrédients composites si pimentés.



« Combien de petits garçons, rêvent de pouvoir un jour égaler leur père ! Pour Émile, à l’âge de cinq ans, la chose paraît impossible tant sont grands, à ses yeux, le talent, l’autorité, la générosité et la tendresse de l’ingénieur François Zola. » Hélas, ce petit garçon perdra bien prématurément ce père tant admiré qui s’est battu pour faire valider un projet de canal d’irrigation de la ville d’Aix mais qu’il n’aura pas le temps de voir aboutir. Émile, sa mère et ses grands-parents se retrouvent alors face à des créanciers insistants. À douze ans, boursier, Émile rentre dans un collège austère d’Aix-en-Provence où il fait la connaissance de Paul Cézanne. Brillant, travailleur pour faire oublier sa pauvreté, il remporte des prix et compose des vers tout en s’évadant avec ses amis dans la campagne environnante qui le grise. Mais la misère pousse sa mère à déserter Aix pour tenter de mieux vivre à Paris. Son désarroi est énorme, ses études en pâtissent et il échouera au baccalauréat.



Sa correspondance avec ses amis restés dans le Sud est abondante et Henri Troyat en insère habilement des extraits pour alimenter cette biographie en faisant revivre les instants intimes et les sentiments nourris par Zola à ces moments-là.



Que les débuts des grands auteurs sont laborieux ! Émile ne mange pas à sa faim et va ficeler des livres chez Hachette. Après sa première publication dans un journal, il jubile et voit haut. Il vise les sommets, veut une notoriété rapide et y va au culot auprès de certains journaux en vogue. Il est pour le renouveau, autant en matière de peinture chez ses amis qu’en littérature, et lance ainsi le naturalisme.

Tout en étant payé à la ligne dans un journal Marseillais, il travaille sur Thérèse Raquin. Les premières critiques fusent, faisant état de « littérature putride », ce qui attise finalement les ventes… Audacieux, désireux de se démarquer d’Honoré de Balzac qu’il admire, sa plume et ses propos frappent, choquent.



Dans cette biographie passionnante, Henri Troyat nous offre un ensemble vivant en introduisant de petits détails du quotidien de l’auteur inscrits dans les grandes lignes décisives de sa vie. Les circonstances politiques et sociales lors des publications de Zola occupent une juste place dans la narration pour ne pas l’alourdir ni occulter la situation familiale tout aussi importante dans cette vie plutôt casanière de l’écrivain. Ainsi, on apprend que le premier volume de sa fresque s’est terminé en pleine guerre, les évènements extérieurs viennent bien souvent contrecarrer son travail assidu et fiévreux d’écrivain.

Dans le pavillon des Batignolles, les Rougon-Macquart prennent forme, interrompus par de petits moments de pauses passés dans le jardin autour des rosiers et des salades. Plus tard, ce sera dans sa maison de Médan que la flamme de Zola continuera à courir sur le papier, après son travail de documentation impressionnant auquel il se livrait pour chaque ouvrage. Henri Troyat nous accompagne et nous fait emboîter le pas de l’écrivain vers la bibliothèque et bien souvent sur les lieux des futures intrigues où l’homme scannait, annotait, vivait et enregistrait dans sa mémoire toute l’ambiance, tous les détails nécessaires qui devaient alimenter chaque tome. Des croquis étaient esquissés avec minutie pour retranscrire le réel des scènes à venir.

Rien que cette étude colossale fouillant chaque sujet attire à elle seule le plus grand respect face à cette œuvre !

J’ai vu comment la presse, la société, les amis, se complaisaient à dénigrer, accuser, dénoncer ses écrits. Une chose est sûre, beaucoup de ses publications échauffaient les esprits. Certains louaient le talent derrière ce qui pouvait être perçu comme une provocation.

Sensible, l’homme avait ses blessures laissées par des querelles de confrères qui sont allés jusqu’à l’accuser de plagiat comme Edmond de Goncourt.



Dans cette biographie, Henri Troyat a su faire courir toute la force d’Émile Zola derrière sa table de travail. On y trouve sa vie simple, un peu pantouflarde, nécessaire à son inspiration, et tout son attachement aux petits compagnons canins qui l’ont toujours accompagné. En ressort aussi sa persévérance à rejeter l’injustice dans l’affaire Dreyfus, un témoignage poignant de la petitesse d’un homme face à la force d’un gouvernement. Sa vie conjugale, avec tardivement un double ménage condamnable, aurait pu déprécier l’homme qu’il était mais même là, il désirait, par dessus tout, rendre heureuses les deux femmes qui ont partagé sa vie brusquement interrompue un jour de septembre 1902.

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Une extrême amitié

Troyat, écrivain aux multiples visages…Tour à tour auteur de romans « du quotidien », de biographes romancées, d’essais, de pièces de théâtre…

« Une extrême amitié », La Table ronde 1963, un « roman du quotidien »…



Anniversaire de mariage, quinze ans : Jean et Madeleine s’offrent de petites vacances en bord de mer ; Grand Hôtel du Port, farniente, petit restau…On ne voit pas bien ce qui pourrait perturber ce séjour paisible. Arrive Bernard, un ancien ami de Jean perdu de vue depuis bien longtemps… Retrouvailles, souvenirs… et finalement, retour à Paris…



Rencontre fortuite et anodine, banalité des destins… Pas si sûr… Troyat ne serait pas Troyat s’il n’ajoutait pas au récit, une teinte dramatique alimentée des petites trahisons-compromissions du quotidien. Quelle relation entretiennent Madeleine et Bernard de retour à Paris ?



Une intrigue un peu convenue, certes… Reste Troyat… Troyat qui n’a pas son pareil pour tenir le lecteur en haleine jusqu’au dénouement final. Une bonne lecture de vacances.

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Le Bruit solitaire du coeur

Igor Dimitrievich a, à présent, tout le temps nécessaire pour écouter son coeur. Il se fait vieux son coeur, comme lui, il fait des incartades son coeur, lui ne peut plus . il va bientôt fêter ses quatre-vingt treize ans et il est fatigué, très fatigué, et la solitude lui semble de plus en plus lourde à supporter. Hélène, son épouse, les a quitté il y a déjà longtemps, ses fils mènent leur vie . Seule maitresse à bord, Zénaïde Antonovna prend soin de lui et s'occupe de la maison....

Alors Igor Dimitrievich remonte le fil du temps et se souvient du temps d'avant , du temps de la Russie quand il était un homme entreprenant, jeune, riche , du temps d'avant la Révolution, du temps d'avant l'exil et l'arrivée en France...

Un constat doux-amer sur la vieillesse, sur l'exil , sur la solitude qui envahit l'espace peu à peu inexorablement . Un constat teinté de tendresse, de douce ironie aussi, le constat d'un écrivain qui n'est plus tout jeune non plus ... mais un écrivain qui manie la plume avec une élégance rare . Que du plaisir....



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Le geste d'Eve

Le geste d'Ève est beau mais ne peut être compris de M. Coquericaud de La Martinière... Croquer une pomme et puis quoi ! Lui préfère quand elle poinçonne dans le métro avec son petit calot sur la tête. C'est une belle découverte que ce recueil de nouvelles d'Henry Troyat. Toutes les chutes ne se valent pas mais j'ai eu un plaisir certain pendant cette lecture dont la prose est douce, pleine de sensibilité et dont l'ironie n'est pas absente. Il y a une lucidité sur la nature humaine qui transparaît de manière implacable, tant les défauts que ses atouts qui la constituent. Personnellement je retiendrai plus facilement les nouvelles où le fantastique apparaît, particulièrement Faux marbre, Bouboule ou Les mains, mais toutes me reviendront en mémoire à un moment ou un autre car elles ont une fausse simplicité qui leur permet de nous marquer plus qu'on peut le croire au premier abord. Le carnet vert ou Le retour de Versailles, voire Vue imprenable... ah je suis en train de toutes les reprendre et finalement, qu'il est difficile de faire un choix ! Non, définitivement, je les ai toutes appréciées.
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Henri Troyat

Né Lev Aslanovitch Tarassov en ...

1891
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