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Critiques de Honoré de Balzac (3259)
La Maison du Chat-qui-pelote

Ecrit en 1929, cette nouvelle De Balzac est tout simplement poignante.

Les descriptions sont si riches que l'on penserait que Balzac a réellement vécu ces évènements qu'il illustre si brillamment.

Le génie se mêle au malheur puisqu'il a effectivement vécu cela de très près. La tragédie d'Augustine est en fait celle de sa soeur, Laurence.



D'abord nommé Gloire et Malheurs, il s'agit de la première scène de la Comédie Humaine, choix murement réfléchi car il avait placé initialement La Vendetta puis le Bal des Sceaux en 1ère place.



Il s'agit certainement pour Balzac d'une oeuvre de réparation pour sa soeur Laurence, au destin tragique. En effet il méconnu à l'époque le malheur de sa soeur et n'avait d'yeux que pour la duchesse d'Abrantès, dont le parallèle avec la duchesse Carigliano n'est que trop parfait pour être hasardeux : en effet, Balzac se juge en fait lui-même.



On y retrouve les thèmes permanents et essentiels de la Comédie Humaine: l'opposition du passé et du présent, de l'artiste et du bourgeois, de la prudence qui fait durer et de la passion qui détruit. du bonheur et de la gloire, toujours antagonistes.



Tout les détails comptent, tout est lié, rien n'est superflus. Au drame, il donne l'impératif cadre de la vérité.



Quelques détails sur la vie De Balzac en lien avec l'oeuvre:

-On note que la famille Balzac est elle aussi de tradition commerçante, un Lebas repris leur commerce.

-Mme Guillaume est du même caractère que Mmes Balzac, mère et grand-mère.



La maison du chat-qui-pelote c'est en fait le reliquat d'une ancienne France, qui n'a pas changé ses habitudes dans un monde qui n'est plus le même. Trop affairés à leur commerce pour dévier de la tradition, les Guillaume vivent dans la plus stricte sobriété.



Le drame commence par imbroglio amoureux : M. Guillaume, pour qui il n'était pas concevable de marier l'ainé en second, voulu marier Virginie à Lebas, or Lebas aime Augustine, qui aime Sommervieux. Sommervieux est l'archétype, un peu caricatural, de l'artiste en passe de vivre la gloire. Il séduit mais dilapide son argent, et son amour ne dur qu'un temps, tout les éléments pour le malheur d'Augustine sont présents.



Je trouve cet oeuvre merveilleuse, idéale pour débuter la Comédie Humaine. Balzac ayant vécu ces évènement qu'il décrit de première main, on est scotché face à la maîtrise du sujet. L'intrigue, Sommervieux peint le portrait d'Augustine et ils tombent amoureux, bien que très simple aboutit miraculeusement et nous émeut profondément.



Les rentrées tardives de son mari, l'inadéquation d'Augustine pour le milieu social de Théodore, leur éducation diamétralement opposé , son obsession pour la duchesse au mépris de sa femme, tout cela pousse petit à petit Augustine à se renfermer sur elle même, sa famille ne la comprends plus elle vit seule avec son malheur. Elle persévère, remplit ses devoirs, conserve sa vertu, tente de reconquérir l'amour de son mari... en vain.



Dans l'impossibilité de vivre aimée, sachant pertinemment qu'elle brûla en une année tout l'amour de son mariage, incompris de sa propre famille, jouet de la vengeance d'une maîtresse de son mari, en bref elle est convaincue que son existence n'est qu'un soucis de plus pour son mari qu'elle aime . Elle meurt donc, à 27 ans.



Mort pleine de dignité, Augustine conserve sa vertu et son amour, mort glorieuse mais mort rendue fatale par son choix de mari dispendieux et artiste "de génie"... le chagrin la tua pour rien, simplement constatant l'impasse auquel aboutit son mariage.



Enfin, je me permet néanmoins d’y voir de l’optimisme, car si le portrait d’Augustine finit déchiré, comme sa vie; le tableau de la maison du chat-qui-pelote, conservé chez ses parents perdure, ultime témoin de es années de bonheur d’Augustine passé avec ses proches a affairer dans la boutique familiale.
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Le Colonel Chabert



C'est l'histoire de Hyacinthe Chabert, colonel laissé pour mort à la bataille d'Eylan en 1807.

Sauf que Hyacinthe n'est pas mort et qu'il rentre au pays ...



Renouer avec ses classiques peut être édifiant et retrouver le Colonel Chabert a été pour moi, un véritable enchantement.

L'histoire terrible de cet homme revenant au pays pour découvrir que ses proches et sa femme ont poursuivi leurs existences, le croyant mort au combat.

Renouer avec son désespoir, le voir aimer douloureusement.

Colonel Chabert est un roman extraordinaire et magistral que je pourrais lire et relire encore et encore sans jamais en éprouver de lassitude.

Un grand roman d'un grand auteur.
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Pierre Grassou

Dans cette nouvelle, Balzac raconte l’histoire d’un peintre médiocre, Pierre Grassou dit Fougères. Celui-ci a pourtant étudié chez les plus grands maîtres de l’époque, sans pour autant se familiariser avec leurs savoirs. Chacun de ses tableaux n’est qu’une pâle imitation de peintures déjà vues et seule sa ténacité le font continuer, malgré les conseils de ses pairs. Il vit modestement en plaçant ses tableaux chez Elie Magnus, un vieux grigou. Ses rares revenus sont épargnés chez son notaire, car s’il rêve d’être artiste, Fougères a la mentalité du petit bourgeois.

Lorsque son agent lui propose de faire les portraits de membres d’une même famille, les parents et leur fille à marier, Pierre Grassou accepte et se familiarise avec eux. Ceux-ci admirent l’artiste et apprécie l’homme. Au point de vouloir lui marier leur fille et de l’inviter dans leur villa où le père possède une collection de grands maîtres (Rubens, Rembrandt pour ne citer qu’eux)…

Ici, Balzac fait un portrait au vitriol de la bêtise de la bourgeoisie et de la médiocrité du monde des Arts. Un récit un peu à part de la Comédie humaine mais qui ne manque pas de mordant.
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La Cousine Bette

Voilà un moment que ma route littéraire s'était légèrement écartée de Balzac. Il faut dire que les derniers romans, quasiment exclusivement portés sur l'argent et les entourloupes financières avaient fini par me lasser. J'ai donc pris mon courage à deux mains pour retenter ma chance balzacienne et cette fois, jackpot ! On retrouve dans la Cousine Bette tous les ingrédients qui font les chefs d'oeuvres du réalisme. Dans la famille tourmentée des Hulot, une vieille cousine aigrie est bien décidée à pourrir la vie des gens avec deux arguments : le sexe et l'argent ! La voilà qui manigance pour jeter le patriarche dans les bras des Lorettes et pour amonceler les montages financiers ruineux. Face à cette figure, la cousine honnête semble impuissante et bien mal armée avec ses lamentations tournées vers Dieu. Balzac est décidément un juge sévère de notre société et nous offre peu de raisons d'espérer. Jusqu'à la dernière ligne, l'intrigue fourmille de rebondissements, à lire au moins une fois dans l'aventure de la Comédie Humaine.
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La Femme de trente ans

Comme vous le savez si vous suivez mes avis de lecture, je ne lis jamais les préfaces, résumés ou avis avant de lire un livre… quand je connais son auteure ou son auteur !

J’ai donc été surprise, avec La Femme de trente ans, de Balzac, de trouver un texte plutôt décousu, parfois presque pas facile à suivre, non pas sur le propos mais sur l’histoire.

J’ai tout d’abord pensé que je manquais de bon sommeil et que je n’avais ni les yeux en face des trous ni le cerveau en bonne place dans le crâne. Mais non ! Tout s’est expliqué quand j’ai appris que ce récit a été fabriqué par Balzac à partir de textes disparates dont la publication s’étendait sur plusieurs années. Bon, je pardonne, parce que c’est Balzac et qu’il a écrit ce ou ces textes dans les années 1830, vous allez comprendre pourquoi c’est intéressant :

Balzac, à travers le personnage de d’une marquise prénommée Julie, expose le problème du désir et de l’orgasme féminin, difficile à satisfaire et à trouver quand on a ni conscience qu’il existe avant le mariage, ni un mari assez fin pour imaginer que les femmes aussi peuvent jouir. Alors bien sûr, les termes sont moins crus ou techniques chez Balzac, mais c’est vraiment exactement le propos de l’histoire.

Pauvre Julie ! Son mari, qu’elle a choisi au départ, n’est pas un mauvais homme, il a juste été éduqué comme l’étaient les hommes de son temps : il a une femme, il s’en "sert" la nuit, pour lui, c’est aussi simple que ça !

Comment Julie va-t-elle faire face ? Lisez le livre et dites merci à Balzac, l’ami des femmes, qui a osé vraiment et sincèrement parler d’elles, ce qui ne lui a pas attiré que des amis en son temps.
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La vieille fille

La vieille Fille d’Honoré de Balzac nous emmène à Alençon, en 1816.

Rose Cormon n’est toujours pas mariée. Elle représente pourtant un parti tout à fait intéressant car elle appartient à un milieu bourgeois aisé ; certes, elle n’est pas belle, sujette à l’embonpoint, et pas très intelligente non plus mais elle a, par le passé, écarté des prétendants… Son état de « vieille fille » est connu de toute la ville et alimente les conversations.

Trouver un mari, à quarante ans, devient pour elle une véritable urgence.

Autour de Rose gravitent trois personnages, attirés par sa position sociale et sa fortune : le jeune Athanase de Granson, et deux vieux garçons, Du Bousquier, un ancien révolutionnaire ruiné, et le chevalier de Valois, un aristocrate.



Le roman, construit autour de l’éventuel mariage de Rose Cormon, est aussi un récit politique et social grâce aux personnalités de Du Bousquier et de De Valois car les rivalités privées se superposent aux antagonismes publics. L’un pense que le mariage avec Rose le propulserait à la tête de la mairie d’Alençon tandis que l’autre aspire à la Paierie. Athanase est un peu « hors concours » ; d’ailleurs, il se suicidera de désespoir.

Balzac nous donne aussi à lire une fable sur le mariage avec une morale à la fin. Pour ce défenseur de la famille, le mariage doit être fécond. Ici, au vu de l’âge des intéressés, l’union sera stérile, réduite à une association d’intérêts. D’abord tentée par le célibat, Rose est ensuite punie de s’être montrée trop difficile.



Ce roman est assez captivant avec des descriptions d’échanges sociaux très intéressantes. Naturellement, les portraits des personnages sont très travaillés, sur les plans physiques, devenant de véritables physionomies, et sur le plan psychologique ; les manœuvres des prétendants, les atermoiements de Rose, ses maniaqueries, les liens sociaux et les détails de la vie de province donnent lieu à de très belles longueurs balzaciennes dont je ne me lasse jamais… Le personnage de Suzanne, véritable grisette de province, met un peu de dynamisme dans l’intrigue.

C’est parfois drôle, avec des détails savoureux, des jeux de mots, des situations cocasses ; ainsi, par exemple, Rose Cormon est « Présidente de la Société de Maternité » ( !?) … La tonalité générale du livre est tragi-comique, mais il est difficile de s’attacher aux personnages, englués dans une sorte de médiocrité ambiante. Comme tout passe par le prisme des cancans et de la rumeur, le lecteur se retrouve souvent à distance de la véritable intimité de celle et ceux dont les faits et gestes prennent des proportions trop surdimensionnées pour susciter l’émotion.



Un roman de Balzac à connaître.


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Mémoires de deux jeunes mariées

Balzac sait tout faire : des gros romans bien touffus comme les Illusions perdues, de courtes nouvelles comme La Grande Bretèche que j'ai lue en un trajet de train, historique comme Les Chouans,  polar, une Ténébreuse Affaire, et même fantastique...



Cynique, souvent misogyne, il sait dans Les Mémoires de deux jeunes mariées, se mettre dans la plume de deux jeunes filles tout juste sorties du couvent avec leurs rêves d'amour et de mariage. Etonnant! 



"Voilà, ma belle biche blanche, ni plus ni moins, comment les choses se sont passées au retour d’une jeune fille de dix-huit ans, après une absence de neuf années, dans une des plus illustres familles du royaume."



Louise et Renée sont amies intimes depuis le couvent de Blois où elles ont passé de nombreuses années. Elles entretiennent une correspondance  pendant une douzaine d'années et font des confidences détaillées sur l'amour, le mariage, les enfants, la décoration de leur intérieur....



"De nous deux, je suis un peu la Raison comme tu es l’Imagination ; je suis le grave Devoir comme tu es le fol

Amour."



Renée est provençale, on l'a retirée du couvent pour un mariage de convenance avec le fils d'un voisin de ses parents.



" Tu sors d’un couvent pour entrer dans un autre ! Je te connais, tu es lâche, tu vas entrer en ménage avec une

soumission d’agneau. Je te donnerai des conseils, tu viendras à Paris, nous y ferons enrager les hommes et nous deviendrons des reines."



Louise se morfondait au couvent, ses parents souhaitaient donner son héritage - fort conséquent - au frère benjamin. Elle refuse d'abord de se laisser dépouiller puis tombe amoureuse d'un Grand d'Espagne, en disgrâce, mais toujours fort riche. Son mariage avec Felipe fait l'affaire des parents qui peuvent donc capter l'héritage dont elle n'a plus vraiment besoin.



Destins opposés: Renée,  mère de famille, provinciale, dévouée à la carrière de son mari et Louise, parisienne, mondaine, qui vit deux fois une folle passion. Laquelle trouvera le bonheur?



J'ai d'abord été curieuse de lire ces confidences, les analyses psychologiques, la peinture de la vie parisienne, les inventions des amoureux...



Balzac détaille, par la plume de Renée,  l'élevage des nourrissons, des pages et des pages de puériculture, j'ai commencé à m'ennuyer fermement.



Les stratégies pour cultiver l'amour-passion m'ont également lassée. Peu sympathique cette Louise qui  invente des épreuves chevaleresques pour éprouver son amant, puis enferme son second mari dans une sorte de paradis sucré dont il cherchera à s'évader.



Un Balzac original, sans l'esprit caustique qui pimente romans et nouvelles.  Cette correspondance de midinettes est bien décevante.






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Gobseck et autres récits d'argent

Je suis étonnée par le peu de soin accordé à la mise en page en Édition de poche (2019). Pas de retour à la ligne lors des dialogues qui s'insèrent dans les phrases qui n'en finissent pas. Il me semble qu'avec un manuscrit écrit à la main l'éditeur aurait pu en décider autrement pour rendre la lecture moins fastidieuse. Selon moi cela témoigne d'un certain mépris pour nos auteurs classiques. À moins que ce ne soit par esprit d'économie, car il y a une volonté manifeste de faire rentrer le plus grand nombre possible d'histoires ayant trait à l'argent dans un bien petit volume !

Avec la nouvelle Gobseck, on entre dans salon de Mme de Grandieu en compagnie de sa fille Camille et de Derville, un avoué qui lui a permis de recouvrer ses biens alors qu'elle était en faillite. Camille est amoureuse d'Ernest Restaud, fils d'Anastasia Restaud née Goriot. La mère d'Ernest a dilapidé la fortune familiale au profit de son amant, Mr Maxime de Trailles, et Mme de Grandlieu s'oppose au mariage de sa fille avec ce qu'elle croit être un misérable. Derville qui prend le parti de Camille et en qui elle a toute confiance va lui raconter une histoire qui va lui faire changer d'avis mettant en scène les agissements d'un certain Godbeck qui a eu affaire à la fille du père Goriot et à son mari...





Certes l'auteur nous brosse un portrait saisissant de Gobseck, l’usurier avec toutes les malversations qu'impliquent ses choix tortueux, mais on comprend dans le même temps que les motivations de cet homme se basent sur une connaissance approfondie et désabusée de l'âme humaine et qu'il n'est pas si mauvais qu'il y parait. En revanche, le portrait de certaines femmes de haut rang (dont la cupidité féroce de la belle Anastasia est l'emblème et renvoie au drame du père Goriot) sera lui sans concession, et il ne faudra certainement pas grand-chose à Mme de Grandlieu pour dépasser les préjugés nobiliaires qu'elle oppose au mariage de sa fille… ce pas grand-chose est l’argent.

Dans la nouvelle suivante, Balzac nous brosse un portrait jubilatoire du Gaudissard, un commis voyageur, avec une ironie corrosive qui masque habilement son exaspération pour ce genre d’individu, comédien chevronné, à la fois virtuose dans sa partie et sans âme, car il n'a pour seule motivation que son intérêt immédiat : la commission. Il fait feu de tout bois. Ses agissements et ses boniments préfigurent la marchandisation de notre société avec ses dérives.

« Le commis voyageur, personnage inconnu de l'antiquité […] n'est-il pas destiné, dans un certain ordre de choses, à marquer la grande transition [...] Notre siècle reliera le règne de la force isolée, abondante en créations originales, au règne de la force uniforme, mais niveleuse, égalisant les produits, les jetant par masses, et obéissant à une pensée unitaire, dernière expression des sociétés. Après les saturnales de l'esprit généralisé, après les derniers efforts de civilisations qui accumulent les trésors de la terre sur un point, les ténèbres de la barbarie ne viennent-elles pas toujours ? »

Balzac est souvent prophète sur ce sujet (voir César Birotteau). Il s'amuse avec son personnage qui se fera piéger par des gens de Touraine et sera confronté à un fou. Et on ne saura plus vraiment dans cette histoire qui est le fou ; à côté du Gaudissart, le fou parait presque sensé et le commis voyageur se fait pigeonner, même si par la suite il retombera sur ses pattes.

Quant à la suite du recueil, elle n'a pas grand intérêt. Dans un « homme d'affaires » on voit réapparaître le gogo Maxime de Trailles qui s'est entiché d'une jeune lorette et « le député d'Arcis » est une œuvre inachevée qui ne méritait pas d'être publiée en l'état : on se perd dans une galerie de personnages politiques aux motivations obscures et soporifiques…



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Le Père Goriot

Le Père Goriot /Honoré de Balzac

Nous sommes à Paris en 1819 à la pension Vauquer, rue Neuve Sainte Geneviève. Tenue depuis des décennies par Madame Vauquer elle-même, une femme âgée de la cinquantaine, qui a semble-t-il souffert dans sa vie, cette pension abrite des hommes et des femmes sans que jamais la médisance ait attaqué les mœurs de ce respectable établissement. L’enseigne précise : « Pension bourgeoise des deux sexes et autres ! » ce qui étonne certains qui s’interrogent sur les « autres » !

Madame Vauquer est aidée dans sa tâche par la grosse Sylvie, une cuisinière, qui habite dans les combles. Au premier étage habite Madame Vauquer elle-même et en face Madame Couture et Victorine Taillefer une jeune personne d’une blancheur maladive, orpheline de mère, que Mme Couture considère comme sa fille. Au second vit M.Poiret, un vieillard ressemblant à une ombre grise, et en face M.Vautrin, la quarantaine, négociant un peu mystérieux affublé d’une perruque noire, un fameux gaillard comme disent les voisins, un homme obligeant et rieur qui imprime la crainte par un regard profond et résolu. Au troisième vit un fabricant de pâtes d’Italie appelé le Père Goriot, un homme âgé de près de soixante dix ans, qui connaît croit-on encore de beaux succès auprès des femmes. Les autres chambres sont destinées aux étudiants et autres oiseaux de passage, comme mademoiselle Michonneau, une femme à l’air éternellement fatigué qui semble expier par une vieillesse que fuient les passants, les triomphes d’une jeunesse insolente au-devant de laquelle s’étaient rués les plaisirs. Et enfin Eugène de Rastignac au même étage, un jeune homme au teint méridional, issu de la noblesse, étudiant en droit, qui veut ne rien devoir qu’à son mérite. Notons de suite que trois personnages se détachent de ce groupe : un vieillard qui nous vient du passé en la personne du père Goriot, un homme mur ancien forçat évadé en la personne de Vautrin et un adolescent en la personne de Rastignac. C’est autour de ces trois hommes que vont s’articuler les intrigues du roman.

Jeune ambitieux assoiffé de rencontres et affamé de femmes, Rastignac, issu d’une famille de petite noblesse provinciale démunie, a besoin de relations et il remarque autour de lui combien les femmes ont d’influence sur la vie sociale. Il souhaite être admis dans les salons qui lui octroient un brevet de haute noblesse, et sa rencontre avec la jolie comtesse Anastasie de Restaud, qui se pose devant lui comme la messagère d’une brillante destinée, va lui ouvrir des portes pour obtenir aide et protection.

Madame Vauquer eut un temps des vues sur M.Goriot , mais quand elle crut comprendre le sens des allées et venues ce de celui-ci, elle se mit à le déconsidérer et fit partager son aversion pour Goriot par ses pensionnaires.

Eugène encore naïf et immature se pose la question de savoir quel est la nature de la relation mystérieuse entre Madame de Restaud, amoureuse du jeune Maxime de Trailles, et le père Goriot lorsqu’il surprend un a parte et entend un bruit de baiser. Avant d’apprendre qu’Anastasie n’est autre qu’une des deux filles du père Goriot!

Effectivement, le père Goriot a eu deux filles qu’il adore et pour lesquelles il s’est ruiné mais dont il a été renié sous la pression des gendres une fois sa fortune épuisée. Et la vicomtesse de Restaud d’expliquer à Eugène que la seconde fille prénommée Delphine est mariée à un riche banquier, le baron de Nucingen.

Le père Goriot en fait n’a eu qu’une passion dans sa vie : ses filles, et il a juché l’aînée dans la maison de Restaud et greffé l’autre sur le baron de Nucingen, un royaliste notoire. « Je n’ai point froid si elles ont chaud, dit-il, je ne m’ennuie jamais si elles rient. Je n’ai de chagrins que les leurs. » Au soir de sa vie, il ne pourra que regretter ces choix.

Eugène de Rastignac prenant de l’assurance va passer du boudoir bleu de madame de Restaud au salon rose de la vicomtesse de Beauséant, une lointaine cousine qui lui déclare d’emblée : « Vous voulez parvenir, je vous aiderai. Vous sonderez combien est profonde la corruption féminine, vous toiserez la largeur de la misérable vanité des hommes…Vous ne serez rien ici si vous n’avez pas une femme qui s’intéresse à vous. Il vous la faut jeune, riche et élégante. Mais si vous avez un sentiment vrai, cachez-le comme un trésor ; ne le laissez jamais soupçonner, vous seriez perdu…Plus froidement vous calculerez, plus avant vous irez…Frappez sans pitié, vous serez craint. »

Delphine la riche sœur d’Anastasie meurt d’ennui et de chagrin auprès de son riche banquier, dévorée par la jalousie. C’est elle, baronne Delphine de Nucingen, qui va être l’enseigne d’Eugène de Rastignac.

C’est aussi Vautrin qui va mettre au courant Eugène des coutumes de la société qu’il s ‘apprête à intégrer : « Savez-vous comment on fait son chemin ici ? par l’éclat du génie ou par l’adresse de la corruption…La corruption est en force, le talent est rare… Il n’y a pas de principes, il n’y a que des événements ; il n’y a pas de lois, il n’y a que des circonstances : l’homme supérieur épouse les événements et les circonstances pour les conduire…Il n’y a que deux partis à prendre : ou une stupide obéissance ou la révolte. »

Peu à peu, le père Goriot voit dans Eugène de Rastignac un confident inespéré, un véritable ami, et ainsi il se voit un peu plus près de sa fille Delphine depuis qu’Eugène devient plus cher à la baronne qui n’est pas heureuse avec son banquier : « Les chaines d’or sont les plus pesantes », confie-t- elle à Eugène.

Rastignac, velléitaire et volage, qui mène la grande vie, a perdu son argent et s’est même endetté, mais il se sent incapable de renoncer aux jouissances excessives de cette vie. C’est pourquoi il lorgne du côté de Victorine Taillefer qui est une riche héritière potentielle qui croit être aimée de Rastignac, quand on apprend que son frère a été tué en duel. Elle hérite donc d’une immense fortune. Eugène amoureux de Delphine et envieux de Victorine : quelle voie doit-t-il choisir ?

L’amour de Delphine pour Eugène ne cesse d’occuper toute sa vie quand elle lui déclare : « Je suis à ma honte, plus amante que je ne suis fille…Mon père m’a donné un cœur, mais vous l’avez fait battre. » Eugène de son côté est souvent prêt à faire pour sa maîtresse le sacrifice de sa conscience. Rastignac et Delphine éprouvent l’un pour l’autre les plus vives jouissances.

C’est dans la misère que la vie du père Goriot se terminera avec à ses côtés non pas ses filles mais le fidèle et homme de cœur Rastignac en personne.

Si le pathétique personnage de Goriot semble être le héros de ce roman, un héros qui incarne l’absolu de la paternité, il faut bien voir qu’Eugène de Rastignac occupe le plus souvent le devant de la scène : locataire de Mme Vauquer, ami de Bianchon l’étudiant en médecine, protecteur de Goriot, protégé de Vautrin, confident de Mme de Beauséant sa cousine, soupirant d’Anastasie de Restaud, prétendant de Victorine Taillefer, amant de Delphine de Nucingen, Rastignac établit le lien entre les différents personnages et leurs intrigues tout au long du roman.

Goriot qui se ruina pour ses filles, en oubliant que pour rester riche, il faut absolument maîtriser ses passions, fut trop passionné et trop ardent, rêveur d’absolu, et finit en martyr, crucifié par la pauvreté et la maladie, appelant ses filles qui restent muettes alors qu’il sent venir la mort.

On remarquera que toutes les femmes du roman quand elles sont mariées trompent allègrement leur époux et s ’affichent avec leur amant. Balzac de tout temps a dénoncé les unions de convenance et leur fragilité, unions liées à des motifs économiques ou nobiliaires. Aussi les femmes sont-elles les premières victimes de ces pratiques, de ces mariages sans amour qui ne sont que des marchés. Quant aux maris, ils se livrent à l’adultère ou bien sont impuissants.

On a pu dire que tout Balzac se trouvait dans ce roman qui lève en nous la part de l’obscur et de l’incertain et qui connut d’emblée un immense succès. Les différents thèmes que sont la vieillesse, la solitude, l’amour, l’argent, la personne, la jeunesse, les passions, la fracture sociale, sont ainsi incarnés et illustrés par la vie des différents personnages. La vie est ainsi faite que se mêlent ses vertus et ses tumultes, ses charmes et ses vices, ses laideurs et ses misères.



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Les Chouans

« Vous le voyez : il faut employer les intérêts particuliers pour arriver à un grand but. Là sont tous les secrets de la politique. »



C'est finalement grâce à Victor Hugo et son Quatre-vingt-treize qui a pour contexte la guerre de Vendée que je me suis intéressé à celle de 1799 en Bretagne. Un amour-haine s'installe entre deux aristocrates, un meneur qui cherche à fédérer les révoltes vendéennes et bretonnes et une espionne de Fouché qui le traque, aidée par un policier ambiguë et un officier fidèle à Napoléon.



Dans son roman d'aventures qui se déroule après le coup d'État du 18 brumaire, Honoré agrémente son premier récit peuplé de nombreux personnages complexes d'un souffle romanesque avec des combats et des pillages, des manœuvres politico-sentimentales, de la loyauté et de l'honneur, une dimension épique et une fin tragique.



A l'instar de Hugo, on sent que l'auteur est jacobin mais alors qu'Hugo tache de rester objectif, Balzac n'hésite pas caricaturer les insurgés bretons en primaires bigots.
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Le Cousin Pons

Balzac dépeint admirablement les us de son temps. Son propos est, au-delà du roman, un témoignage riche d'informations pour les férus d'Histoire. On y découvre ce qui faisait le quotidien des parisiens au XIXème siècle, leurs moeurs, leur mentalité et tous les codes qui régissaient la société de cette époque. Le style est bien sûr excellent et ajoute encore une qualité au récit.

Mais je n'ai pas pu achever la lecture de ce livre tant j'ai trouvé les personnages caricaturaux. Pons et son ami semblent si innocents qu'ils en paraissent mièvres. Je me suis d'ailleurs demandé tout au long de ma lecture si Schmucke n'était pas amoureux de son colocataire. C'est très touchant et leur attitude contraste de manière d'autant plus flagrante avec la violence de ceux qui gravitent autour d'eux. Les deux innocents et les vilains méchants. La cruauté de la Cibot et des autres m'a été insupportable. Tant de convoitise, de vénalité, au point de causer la mort de ce pauvre Pons ! De plus, j'ai trouvé que Balzac se perdait dans les détails.

Sans doute n'ai-je pas su apprécier ce roman à sa juste valeur ou n'était-ce pas pour moi le bon moment pour le découvrir, mais je n'exclus pas d'y replonger un jour pour en achever la lecture.
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Eugénie Grandet

C'est désuet et d'un charme fou. Le sujet est traditionnel pour un auteur du 19eme mais ici formidablement bien décrypté. Je ne suis pas une inconditionnelle de Balzac, plutôt Zola, mais j'ai pris plaisir à suivre les amours de cette jeune personne contrainte par le contexte familial.
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La Recherche de l'Absolu

Balzac nous entraîne à Douai dans la demeure cossue où 5 générations de marchands flamands ont accumulé des trésors : tableaux de maîtres, panneaux de bois sculpté, meubles anciens, argenterie jusqu'à une collection de tulipes précieuses. La Maison-Claës est un élément central du roman et Balzac se fait un plaisir de la décrire minutieusement.



Il nous rappelle que les Flandres, Pays Bas et Belgique, furent autrefois espagnoles et la famille Claës a aussi des titres de noblesse espagnole. 



Balthazar Claës a tout pour être comblé : riche, beau, instruit (il a étudié la chimie chez Lavoisier , rencontré Helvétius). Il épouse Josephine de Temninck, en 1795, riche héritière de noblesse espagnole très pieuse,  mais un peu contrefaitec'est un  mariage heureux, mariage d'amour qui a donné de beaux enfants..



Rien ne présage de la suite de l'histoire qui déraille en 1809 quand un soldat polonais est logé chez Claës pour un très court séjour. Quel secret a-t-il transmis à Balthazar? Il s'éloigne de sa femme et de ses enfants, néglige la vie sociale et s'enferme à la "Recherche de l'Absolu". Cette expression qui donne son titre à ce volume n'est évoqué que p.62, au tiers du livre et j'ai hésité à le dévoiler dans ce billet pour ne pas divulgâcher le plaisir de la découverte. Un seul indice seulement :  il s'agit de chimie (Balthazar a été l'élève de Lavoisier).



Balzac a déjà emmené le lecteur dans les ateliers d'artistes, les théâtres, l'étude de notaire. Dans la Recherche de l'absolu,  il l'entraine dans le champ de la Science. Chimie ou alchimie? Quelle est la chimère qui va dévorer toute la fortune des Claës? En rédigeant ce billet j'ai eu la surprise d'apprendre qu'un procès avait été intenté  en 1831 par le banquier Arson au mathématicien polonais Wronski, l'accusant de l'avoir escroqué en lui vendant le secret de l'Absolu.  



Les admirables portraits des personnages féminins : Josepha, la mère et Marguerite, la fille contrastent avec les caricatures de vieilles filles ou les femmes de salon intrigantes que j'ai rencontré dans nombreuses œuvres de l'auteur. Au moins un roman où les femmes sont à l'honneur! 



Encore une fois, Balzac a réussi à me surprendre là ù je ne l'attendais pas
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Une ténébreuse affaire

Paru en 1841, « Une ténébreuse affaire » figure, suivant la volonté de Balzac, dans les « Scènes de la vie politique », avec entre autres « Un épisode sous la Terreur », « Le Député d’Arcis » et « Z. Marcas ». Il est bien évident que le propos politique sous-tend tout le roman : C’est une histoire de magouilles à tiroirs qui couvre quatre régimes gouvernementaux : le Consulat (l’histoire commence en 1803), l’Empire, la Restauration et la Monarchie de Juillet (l’épilogue se termine en 1833).

A la manœuvre, une vieille connaissance, Corentin (oui, celui des « Chouans »), flic plus ou moins ripou, muscadin apprêté mais sans scrupules, probablement fils naturel de Fouché (les chiens ne font pas les chats, et les loups ne font pas des agneaux). Là, en honnête républicain qu’il est, il essaie de coincer un réseau de royalistes, où figurent deux jumeaux, les frères Simeuse, une belle amazone, Laurence de Saint-Cygne, et un brave garçon, Michu. N’y arrivant pas il monte un ingénieux stratagème en les accusant de l’enlèvement d’un certain Malin de Gondreville (en fait celui-ci a été enlevé sur l’ordre de Fouché, pour récupérer des papiers compromettants relatifs à une autre affaire quelques années auparavant). Vous voyez le pastis. La belle Laurence va jusque sur le champ de bataille d’Iéna pour demander grâce à Napoléon pour ses complices…

Pour être ténébreuse, cette affaire, elle est ténébreuse ! Si les personnages sont bien marqués (on sait vite qui sont les gentils et les méchants), les méandres de l’intrigue, les détours, les chaussetrapes, les espions, les agents doubles, les manipulations en tous genres, font que le lecteur a quelque mal à suivre l’histoire d’un point de vue euh rectiligne.

Donc roman politique, sans aucun doute, une autre variation des Blancs conte les Bleus (comme dans « Les Chouans » : républicains contre royalistes, mais en moins guerrier et en plus tordu). Et puis aussi roman historique : Balzac brosse les quatre période historiques en en faisant ressortir la spécificité à travers quelques figures de l’époque : celle qui écrase le roman, qui figure en filigrane derrière les évènements, c’est Napoléon. Premier consul puis empereur, c’est lui le juge suprême. Et dans l’ombre du Petit Caporal, l’ignoble Fouché. Relisez la biographie de ce triste personnage par Stefan Zweig, vous verrez que l’immense écrivain autrichien y fait souvent référence à Balzac et à sa « Ténébreuse affaire ». L’épilogue, où le comte de Marsay (oui, celui de « l’Histoire des Treize ») révèle les détails de l’affaire, est significative à cet égard : c’est un « brelan de prêtres » (Talleyrand, Fouché, Sieyès) qui est à l’origine de l’ascension de Napoléon

Roman politique, roman historique, roman policier, également. Et même roman d’espionnage. On est comme au billard, ou aux échecs, ou à certains jeux de cartes : les coups se jouent à plusieurs bandes, à plusieurs tours d’avance, au bluff et à l’entourloupe.

Balzac, narrateur apparemment en dehors de l’histoire, ne prend parti ni pour les uns ni pour les autres. Cependant il ne peut cacher l’admiration qu’il a pour Napoléon : c’est un héros, c’est une stature, il est au-dessus des humains.

« Une ténébreuse affaire » n’est certes pas le plus connu des romans de Balzac, en raison précisément de son caractère ténébreux. Il vaut cependant la peine d’être lu, pour les personnages : Corentin, le flic dandy que nous avons vu dans « Les Chouans » et que nous reverrons dans « Splendeurs et misères des courtisanes », et surtout Laurence de Saint-Cygne, l’amazone des royalistes, aussi belle que courageuse, un magnifique portrait de femme !

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Illusions perdues

Je n'ai pas lu le livre mais écouté l'adaptation de Cédric Aussir diffusée en 15 épisodes sur France Culture.

J'ai apprécié ce roman classique de Balzac, pilier de sa Comédie Humaine et fresque du désastre.

Compromission, désillusion, jeunesse qui se perd dans une quête effrénée vers un succès illusoire. Balzac est le grand maître de la description de la triste condition des hommes.

Magistral.
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Illusions perdues

Le livre raconte l'histoire de Lucien de Rubempré, un jeune homme ambitieux, pour ne pas dire arriviste, qui rêve de devenir écrivain, et de gravir les échelons de la société. Le roman explore les thèmes de l'ambition, de l'amour et de la perte, tout en dépeignant une image vivante et détaillée de la société française du 19ème siècle. C'est une véritable critique du monde bourgeois, et du milieu littéraire, ce qui était assez (pardonnez moi l'expression) couillu dans le cadre de son époque et de sa position.



L'un des points forts du livre est sa construction narrative. Balzac a créé une fresque complexe qui tient en haleine le lecteur tout au long de l'histoire. Les personnages sont également bien développés et crédibles, avec des motivations et des objectifs clairs.



L' écriture est riche en détails et en descriptions, ce qui permet au lecteur de s'immerger pleinement dans l'histoire.



En somme, Les Illusions perdues De Balzac est un roman passionnant qui a su me conquérir, terriblement réaliste, et qui a pris très peu de rides face au miroir de la nature humaine.
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Illusions perdues

Au risque de me faire des ennemis, mes abonnés me quittant l’air dégoûté, l’opprobre publique et néanmoins littéraire retombant sur mes frêles épaules, je l’avoue très humblement : je ne suis pas un grand amateur de Balzac. Illusions perdues n’est que mon sixième Balzac. Mais je fais des efforts. J’insiste. Je sais profondément que ça vient de moi. Pas de lui. Si Balzac était si mauvais, ça se saurait depuis deux siècles tout de même.

Ce billet s’adresse donc en priorité aux cancres de mon acabit pour qui la littérature ne commence qu’après guerre (reste à savoir laquelle).

En mai dernier, hospitalisé durant une semaine (mais cependant en pleine forme : l’existence a parfois de ces paradoxes juteux), je me suis dit que c’était le moment idéal pour entamer les 800 pages d’une écriture soutenue, augmentée par les récurrentes notes du bas de page inhérentes à ce genre d’ouvrage.

Donc, chers ami(e)s n’hésitez pas une seconde. Lancez-vous ! Vous n’allez pas le regretter.

Illusions perdues est certes un sacré pavé, truffé de références d’une époque que nos propres grands-parents n’ont pas connue. Mais ce roman est d’une actualité brulante sur la condition humaine, la volonté de réussir à tout prix face à une certaine éthique. Le journalisme du XIXème n’est pas si éloigné de nos médias contemporains. Il traite de l’ambition comme rarement un ouvrage ne l’a fait. Il met en scène une galerie de personnages que l’on retrouve à chaque époque. C’est une référence.

Ce roman nous parle, presque deux cents ans après sa parution. C’est peut-être cela qu’on appelle un chef d’œuvre.



Juste une objection, votre honneur : on nous a tellement rebattu les oreilles sur les bancs de l’école communale avec les sacro-saintes règles grammaticales, piliers de la langue écrite, le respect de la syntaxe, fondation de l’art d’écrire, l’accord des temps et des participes, une considération sans borne de l’orthographe. Alors quand, dans ces fameuses notes de bas de page (ou ici, de fin d’ouvrage), on nous assène que Balzac réinvente la grammaire française en usant systématiquement d’un « c’est les principes modernes » en place du « ce sont les principes modernes », je me permets de doucement rigoler.

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La Cousine Bette

Lisbeth Fischer dit « La Cousine Bette » est une femme sèche et froide. Depuis son enfance, elle a toujours été transparente à côté de sa cousine Adeline aussi belle que vertueuse. Face à sa famille elle ne laisse rien transparaître et se positionne comme une confidente. Elle enfouit la jalousie lancinante qui la ronge.



La Cousine Bette a assisté au mariage d’Adeline et d’un baron, Hector Hulot. De cette union est née deux enfants, Hortense et Victorin. Sous cette image conjugale et familiale parfaite se dissimule les penchants du baron Hulot pour les femmes. Il dilapide la fortune familiale à travers des dépenses dispendieuses pour ses maîtresses. Son désir ne semble jamais assouvi.



Lorsque Lisbeth Fischer se lit d’amitié avec Valérie Marneffe, une courtisane mariée prête à tout par ambition, elle croit entrevoir l’instrument de sa vengeance. La Cousine Bette parviendra-t-elle à concrétiser son élan irrésistible de revanche ?



Je ne peux que vous recommander ce roman de moeurs machiavélique. Cette oeuvre de la comédie humaine conjugue une intrigue entrainante avec de nombreux personnages sombres et fascinants. J’ai été emportée par les interactions entre les personnages et le rythme effréné du récit.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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La Muse du département

Un ménage mal assorti.

Lui, c'est Jean-Anastase-Polydore de la Baudraye, gentilhomme maigrichon et maladif, quarante-trois ans, "âge qu'aucun médecin, astrologue ou sage-femme n'eût osé lui prédire ", soucieux d'agrandir son domaine, situé dans le Sancerrois.

Elle, c'est la charmante Dinah de la Baudraye, née Piedefer ; cultivée, snobe, dotée de vivacité d'esprit, elle tient salon et égaye la morne vie de province.





Après douze ans de ménage, elle est restée sans enfants en raison de la chétive constitution de son époux ; elle tombe sous le charme de Lousteau, oisif feuilletoniste parisien, bon-vivant et homme à femmes.

Elle le suit à Paris, alors qu'il ne lui a rien demandé.





Les années passées à Paris avec son amoureux s'avèrent pour Dinah des années sacrifiées sottement pour Lousteau - qui ne la mérite pas. Elle finit par rentrer au bercail, la tête haute : son mari lui pardonne aisément son infidélité, car il gagne à peu de frais deux héritiers (alors qu'il n'est pas dupe de la question de la paternité).





Le roman est une brillante étude de société, l'ironie affleure à chaque page.

L'auteur puise dans plusieurs registres : nous avons droit à des scènes de vaudeville, à quelques paragraphes sur l'art du romancier, sur le thème de l'adultère et la vengeance du mari cocu ; nous découvrons des récits enchâssés, dont le plus savoureux à mes yeux est Olympya ou les Vengeances romaines.





Voilà, cette richesse m'a charmée, mais aussi le contraste entre le microcosme provincial et l'éclat mondain de la capitale.

Le regard De Balzac sur Dinah est plutôt indulgent. Une femme libre d'esprit, cultivée, une émule de George Sand – elle était "la Sapho de Saint-Satour", à la porte du Sancerrois ; elle était la Muse du département.





Des extraits :

« Lousteau ne put s'empêcher de remarquer alors l'évidente supériorité de Dinah sur l'élite des femmes de Sancerre : elle était la mieux mise, ses mouvements étaient pleins de grâce, son teint prenait une délicieuse blancheur aux lumières, elle se détachait enfin sur cette tapisserie de vieilles faces, de jeunes filles mal habillées, à tournures timides, comme une reine au milieu de sa cour.

[ ]

— Mon cher, dit Bianchon à Lousteau, tu seras l'heureux mortel choisi par cette femme, née Piédefer ! »

[ ]



« -Il y a chez Dinah, disait Etienne à Bixiou, l'étoffe d'une Ninon et d'une Staël.

-Une femme chez qui l'on trouve une bibliothèque et un sérail est bien dangereuse, dit le railleur. »

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L'Interdiction

La marquise d’Espard souhaite que son mari, dont elle est séparée, soit déclaré inapte par la justice afin d’obtenir la tutelle de son argent. Pour ce faire, elle va utiliser ses relations mondaines afin de convaincre le juge chargé d’instruire l’affaire de statuer en sa faveur.



On rencontre ici beaucoup de personnages-clés de La Comédie humaine, comme Rastignac ou Bianchon, ce qui donne un aperçu des relations entre eux. Bien que ce soit de manière assez furtive, cet aperçu nous permet de leur caractère, de leurs qualités et de leurs défauts. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la plupart d’entre eux sont fortement antipathiques. De la femme vénale au mondain qui cherche à « arriver » par les femmes.



Comme dans La Messe de l’Athée et comme dans d’autres de ses textes, Balzac oppose les vices et petitesses d’une frange majoritaire de la bonne société à la droiture et à la noblesse d’esprit d’une minorité. Ce qu’elle est en comparaison de ce qu’elle devrait être si la morale était à sa juste place, en quelque sorte. Il y a aussi une réflexion sur la beauté intérieure et l’apparence physique que j’ai trouvé intéressante en ce sens que la plupart des réactions des protagonistes se font en fonction de cet aspect.



Un récit que j’ai trouvé intéressant, qui n’est pas sans rappeler un peu Le Colonel Chabert, mais qui pâtit d’un défaut récurrent chez l’auteur: ses personnages féminins odieux et sournois.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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