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Critiques de Joyce Maynard (1172)
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Où vivaient les gens heureux

Même si elle dit que ses personnages sont des gens sortis de son imagination, Joyce Maynard s'est inspirée en partie de sa propre vie pour écrire ce roman, et cela se ressent dans l'authenticité de ce parcours de femme, mère et épouse où chacune peut retrouver des situations et des sentiments qui ont pu être les siens un jour. Un parcours fait de grandes joies, comme un mariage d'amour, la naissance d'enfants ou des réussites professionnelles, mais également d'échecs, de compromis, de renoncements, de tourments, de peines, d'erreurs. La vie tout simplement, qui n'est jamais ce qu'on avait imaginé, où on apprend peut-être plus de ses épreuves que de ses réussites, comme savoir pardonner et surtout savoir se pardonner. « ... demander et accorder le pardon ... C'est une leçon qu'on apprend peut-être avec l'âge – une leçon inestimable, quel que soit le moment où elle est acquise. » écrit Joyce Maynard. Récompensé par le Grand prix de la littérature américaine 2021, un livre magnifique de justesse, attachant et émouvant au point qu'on le ferme à regrets, en ayant l'impression que cette famille imaginaire est un peu la nôtre.
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Où vivaient les gens heureux

Depuis Brookline, Eleonor a fait la route seule pour rejoindre la petite ville d'Akersville, là ou se trouve la ferme de Cam, comme elle l'appelle maintenant. Un heureux événement l'attend : la mariage de l'aîné de ses enfants, Al. Et non plus Alison. Parmi les invités, son autre fille, Ursula, qu'elle n'a malheureusement pas revue depuis trois ans, soit trois jours après la naissance de sa petite-fille, son fils, Toby, et son air éternellement rêveur, ainsi que son ex-mari, Cam, aux traits extrêmement tirés... Bien des années, des événements, heureux ou tragiques, se sont passés depuis ce jour où, seulement âgée de vingt ans, Eleonor a acheté cette ferme, après avoir parcouru plus de 1500 kms, grâce au succès de ses livres pour enfants. Malgré les nombreuses rénovations à prévoir, elle a un coup de foudre pour cette maison, mais aussi ce frêne majestueux non loin et le cours d'eau en contrebas. Orpheline depuis maintenant quatre ans de parents peu aimants et alcooliques, elle est certaine qu'ici, elle y fondera sa famille...



« Où vivaient les gens heureux », titre de l'un des nombreux chapitres de ce roman dense et foisonnant, nous fait vivre, sur presque quatre décennies, l'histoire d'Eleonor et de sa petite famille. de la mort accidentelle de ses parents alors qu'elle n'avait que 16 ans au mariage de son enfant en passant par le succès de ses livres, son mariage avec Cam, ses trois enfants qu'elle aura tenté de préserver au mieux des aléas de la vie... et bien d'autres événements encore qui ont fait ce qu'elle et sa famille sont devenues aujourd'hui. Au plus près de ce que la vie nous offre ou nous prend, Joyce Maynard retrace aussi les grands chamboulements, les petits tracas du quotidien ou encore les émotions de ses personnages. Des personnages qu'elle croque avec une sensibilité bouleversante, une grande et profonde justesse et une réelle empathie. de la perfectionniste Eleonor au bohème Cam en passant par la serviable Ursula, la secrète Alison, l'attachant Toby, le serviable Walt. L'auteure aborde divers thèmes, en premier lieu la famille évidemment, celle qu'Eleonor protège et fait passer bien avant tout le reste, mais aussi le divorce, le pardon, l'amour, les regrets, la recherche du bonheur... En filigrane, l'histoire américaine et internationale : l'assassinat de John Lennon, la conquête spatiale, le sida, la mort de Mickael Jackson, #Metoo...

Une fresque familiale douce-amère et poignante...



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De si bons amis

Helen est au bord du gouffre... Elle est obligée de faire des extras pour compléter ses maigres revenus en tant que photographe. Divorcée de Dwight, c'est dans l'alcool qu'elle se réfugie. Malheureusement, un soir où elle veut emmener son fils à l'hôpital, elle se fait arrêter. Et c'est la douche froide : on lui retire la garde d'Ollie. C'est lors d'un vernissage, dans une galerie d'art de San Francisco, où elle officie en tant que serveuse, qu'elle fait la connaissance d'Ava Havilland. Au cours de la discussion, cette dernière lui propose de venir dès le lendemain pour faire plus ample connaissance. À Folger Lane, elle rencontre Swift, le mari d'Ava. Ancien dirigeant d'une série de start-up, le couple était en train de créer une fondation, La Niche, afin de secourir les chiens abandonnés. Aussitôt, Ava et Swift, ce couple fortuné, charismatique et excentrique, décide de prendre Helen sous son aile et l'aider, aussi bien professionnellement que personnellement, notamment pour récupérer son fils...



Machiavélique, pervers, c'est ainsi que l'on pourrait qualifier le dernier roman de Joyce Maynard. Car Helen, en faisant la connaissance d'Ava et Swift, pense avoir enfin rencontrer des personnes sincères, gentilles et aimantes. Mais, au fil des jours, des soirées et des confessions, la jeune femme va peu à peu se rendre compte qui se cache derrière ce couple bienveillante et altruiste. À travers ce roman, l'auteur questionne sur la notion d'amitié, d'empathie, d'apparence et du désir d'être accepté et aimé. Nous montrons-nous tels que nous sommes au fond de soi ? Jusqu'où sommes-nous capables de camoufler notre véritable identité ? L'auteur dépeint ainsi une relation peu à peu toxique et nous plonge dans une ambiance de plus en plus tendue et malsaine. Efficace et retors !
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Les Filles de l'ouragan

C'est un joli roman peuplé de personnages fort attachants, à commencer par les deux héroïnes conçues un jour d'ouragan, Dana Dickerson et Ruth Plank «  soeurs » d'anniversaire, et surtout le père Plank.

On suit leur vie de la naissance à nos jours, elles nous touchent dans leur volonté de construire la leur en toute liberté malgré les carrières ratées, les amours avortées et surtout la difficulté à s'extraire de l'identité familiale dans laquelle aucune ne se reconnait. Les thèmes abordées sont forts ( hérédité, puritanisme, homosexualité, indépendance féminine ) et subtilement abordées, Joyce Maynard a eu une façon de sonder les émotions féminines d'une grande acuité.



Ce qui m'a cependant gêné dans cette lecture, c'est le manque de mystère. Toute l'intrigue tourne autour d'un secret qui est révélé officiellement au lecteur à mi-livre, lorsqu'il fait irruption en mode déflagratoire dans la vie de Ruth.

Sauf que dès les premières pages, tu le devines illico tellement il est évident, même dans ses ramifications et du coup, j'ai été un peu agacée que Dana et Ruth ne le comprennent quasiment à la fin de leur vie. Autant le dire direct, d'emblée, plutôt que d'en faire un ressort important de la narration.

Tout est ensuite cousu de fil blanc, sans surprise réelle, et la lecture, si elle reste fort plaisante, manque forcément de l'émotion qui aurait pu t'étreindre si le secret avait été abordé différemment par l'auteure.
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L'Hôtel des oiseaux

J’ai lu presque tous les livres de Joyce Maynard, et jusqu’à présent je n’en avais pas noté un seul à moins de quatre étoiles. Vous comprenez donc que j’attendais beaucoup de cette lecture, et cela restera une demie déception pour moi.



Joan, renommée Amelia, perd sa mère à six ans dans une explosion, lors de la préparation d’une bombe. Elle sera élevée par sa grand-mère et trouvera momentanément le bonheur auprès de Lenny avec qui elle aura un fils. Après un drame, elle fuit son passé dans un endroit inconnu, au bord d’un lac au pied d’un volcan. Et c’est l’histoire de sa nouvelle vie que l’autrice nous raconte. Une vie de reconstruction, une vie où elle va peu à peu retrouver la paix à défaut du bonheur, une vie où elle rencontrera à la fois la bonté et la trahison.



J’ai aimé retrouver l’écriture de Joyce Maynard, que j’apprécie. J’ai aimé le voyage dans une nature luxuriante, où il fait bon vivre globalement, même si tout n’est pas rose et si quelques mauvaises surprises attendent l’héroïne. J’ai aimé le début qui explique la vie d’Amélia avant de quitter les États-Unis. J'ai aimé la fin qui accélère presque brutalement le rythme du livre, rythme qui, il faut bien le dire, était un peu trop lent à mon gout. J’ai regretté que quasiment la moitié du livre soit faite de petits chapitres mettant en scènes des personnages extérieurs à l’histoire principale, j’avais hâte de retrouver celle-ci et de savoir ce qui allait arriver à Amélia. J'espérais quelques rebondissements, qui sont venus mais m'ont cependant laissée sur ma faim.



Je n’ai retrouvé dans ce livre ni la tension que l’autrice avait su instaurer dans certains de ses livres, ni le torrent d’émotions de certains autres.

Son héroïne m’a semblé bien pâlichonne à côté d’autres, et je l’ai trouvée très spectatrice de sa vie.

J’ai quand même passé un bon moment, l’écriture est très fluide, les chapitres courts et le livre se lit donc rapidement. A ceux qui n’ont jamais lu l’autrice, je ne conseillerais pas celui-ci. Cela serait vraiment dommage. Elle vaut mieux que cela.



Merci à toutes mes compères de cette lecture commune: Bidule62, BiblioJoy, Sevlipp, misslaure et iris29, dans l'ensemble plus enthousiastes que moi.

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Prête à tout

Suzanne Stone a toujours été une battante. Depuis toute petite. Elle a toujours fait en sorte d'obtenir tout ce qu'elle désirait. Depuis toute petite aussi, elle est certaine d'être faite pour la télévision. Elle sera célèbre, elle en est sûre. Toujours sérieuse, que ce soit dans les études ou avec les garçons, elle réussit brillamment à l'école. Les garçons en pincent pour elle. Notamment le jeune Larry Moretto, fils de restaurateurs italiens. Il a le coup de foudre pour elle et elle se laisse charmer. Très vite, ils se marient et emménagent dans une bel appartement. Lui travaille dans le restaurant de ses parents et elle travaille sur une petite chaine locale où elle présente la météo. Evidemment, ce poste n'est qu'un tremplin pour la jeune femme et elle compte bien faire ses preuves et monter en grade. Pour preuve, elle s'investit dans un nouveau projet: un reportage sur les lycéens et ce à quoi ils aspirent. Larry, lui, aspire à toute autre chose, comme de devenir papa. Suzie est prête à tout pour obtenir ce qu'elle veut, quitte à éliminer les obstacles qui pourraient lui barrer la route...



Admirablement construit, à la manière d'un reportage, chaque protagoniste s'adressant à nous ou à la police, l'on entrevoit au fur et à mesure la vraie personnalité de Suzanne. L'on écoute tour à tour les parents de Suzie, ceux de Larry, les ados que la jeune femme a pris sous son aile. Elle n'en devient que plus antipathique, perverse, ambitieuse, manipulatrice et sans cœur. Joyce Maynard dépeint avec cynisme la société moderne. À la fois glaçant et malheureusement encore d'actualité, cette satire de notre monde moderne gangréné par les médias, que ce soit la télévision, internet ou les réseaux sociaux, et fasciné par la célébrité (même vide de sens), est passionnant de bout en bout. N'oublions pas que ce roman est sorti en 1992, bien avant l'explosion d'internet et des téléréalités. L'auteur décrit parfaitement la psychologie de cette femme avide de notoriété et de ces ados en manque de repère. Adaptant son écriture au personnage correspondant, l'ensemble n'en est que plus convaincant.

Pour ce roman, Joyce Maynard s'est inspirée d'un fait divers. En effet, en 1990, une certaine Pamela, spécialiste des médias dans un lycée local et qui avait rêvé manifestement de devenir une célèbre animatrice de télévision, a orchestré le meurtre de son mari, avec l'aide de son jeune amant qu'elle avait séduit et manipulé.



À noter que ce livre sorti en 1992 a été adapté au cinéma par Gus van Sant avec Nicole Kidman dans le rôle de Suzie.



Êtes-vous Prêt(e) à tout ?
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L'homme de la montagne

Brillante idée que de mêler roman d'apprentissage et intrigue policière, traque d'un serial killer durant l'été 1979 et évocation de l'adolescence féminine à travers deux personnages de sœurs âgées de 10 et 13 ans, filles de l'inspecteur qui a en charge l'enquête.

Cela peut sembler bizarre mais c'est extrêmement réussi.

Comme si la violence qui frappe cette région de Californie du Nord reflétait la violence de l'ébullition qui secoue les corps, les têtes et les cœurs lors de l'adolescence.

L'auteur ose même des pages très audacieuses sur l'obsession des premières règles pour les jeunes filles : « Par une étrange coïncidence, quand la série de meurtres avait débuté, les filles ne parlaient que de leurs premières règles et, d’une certaine façon, ces deux drames – les assassinats et la particularité dont je souffrais ( l’absence de règles, la seule parmi ses copines ) – étaient liés dans mon esprit. Comme si la fertilité était porteuse de danger ».



Rarement un livre aura été aussi juste, subtil et sensible pour décrire l'adolescence féminine, un des meilleurs après le merveilleux Frankie Addams de Carson McCullers. Joyce Maynard possède un réel art de sonder les êtres en mutation et c'est cela qui touche en plein cœur, j'avais l'impression en lisant de retrouver les sensations, les émotions, les contradictions de mes 13 ans à travers les questionnements de Patty :



«  Si être populaire signifiait attendre sans bouger que sèche son vernis à ongles, ou écouter Teddy Bascom décrire le moindre de ses mouvements au karaté, si être impopulaire permettait de choisir entre ses balancer à une liane pendant à une branche d'arbousier, dévaler la montagne en roulés-boulés, ou traînasser avec sa sœur dans la cabine rouillée d'un camion avec un sac de crackers et un cahier où écrire des histoires pour les lire en suite à haute voix, faisant rire sa sœur si fort qu'on m’entendait probablement du bas de la montagne, alors qu'y avait-il de si génial à être populaire ? Ou de si affreux à ne pas l'être ? »



Le désir de normalité, la crainte de ne jamais devenir une femme, la terreur de le devenir, les prémices de la sexualité avec les premières relations qui détermineront les suivantes, tout est dit avec grande justesse.

Tout comme l'évolution des relations parents – enfants lors de cette période de chamboulement. On voit le regard porté sur le père passer d'une admiration sans borne pour ce père enquêteur que l'on confond avec Dean Martin à une descente de piédestal lorsqu'il échoue à coincer le serial killer. Il faut bien grandir.



Du coup, je ne voulais pas quitter cette sphère douce-amère de l'adolescence, son flou, son indétermination, je ne voulais pas remettre les pieds sur terre et les cinquante dernières pages m'y ont contrainte. L'auteur s'est sentie comme obligée de nous offrir une double résolution sur le devenir de Rachel ( on l'a retrouve quadragénaire ) et sur l'enquête. Lourdaud du coup après l'évanescence maitrisée des pages précédentes. Cela n'enlève rien à la profondeur et la beauté de tout le reste du roman.
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L'Hôtel des oiseaux

Roman de " grande classe " , superbe , qui m'a entraîné au bout du monde avec une femme qui , accablée de douleur , a su trouver le chemin de la résilience et parvenir enfin à se libérer d'entraves qu'elle pensait devoir supporter à vie .

Evidemment , l'auteure , c'est Joyce Meynard et si je vous dis que j'ai adoré tous les romans qu'il m'a été donné de lire d'elle , vous comprendrez que , peut -être , je ne suis pas parfaitement objectif .Je ne suis qu'un lecteur qui donne son opinion , pas un critique littéraire , donc j'assume .

C'est un trés beau roman dont le cadre principal se trouve prés d'un lac et d'un volcan , cadre sublime s'il en est , parsemé de fleurs et de plantes magnifiques et miraculeuses ....Quant à l'odeur , elle jaillit à chaque page ...

Dans l'hôtel , puisque c'est d'un hôtel qu'il s'agit ,vont évoluer principalement des femmes , de magnifiques personnes qui , chacune à leur place , sauront faire face avec courage et abnégation à des évènements pas toujours sympathiques , douloureux , même. Quant aux hommes , ils sont bien là aussi mais .....ma modestie me pousse à ne rien vous en dire , vous verrez par vous mêmes . Allez , venez à " l'hôtel aux oiseaux " , faites vous guider depuis l'embarcadére par un jeune du village , posez vos valises en haut de l'escalier en pierres et rencontrez tous ces gens qui vont se succéder parmi vous pour échapper au monde , pour se ressourcer , comme on dit .Tous ne vont pas vous émouvoir , mais tous sauront vous toucher...

Ce livre est un pavé ( 520 pages ) dont on tourne les pages avec gourmandise , curiosité , envie , un roman où la force des caractères se forge dans une ambiance majestueuse dont il convient toutefois souvent de se méfier . " Amélia vous attend au paradis et , pendant un temps , c'est la sérénité qui vous étreindra jusqu'à .....

Allez , bonne lecture , l'Eden se présente à vous . Ah mince , j'oubliais .Demain , boulot ? Lundi , en plus ? Je vous plains . Amis retraités , nous , on continue !

A trés bientôt .
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Où vivaient les gens heureux

C'est le 6ème roman de l'auteure que je lis, et toujours le même plaisir!



" Eleanor était de retour là où elle avait vécu les meilleurs moments de sa vie. Et les pires". Le récit s'ouvre en effet sur le présent d'une femme cinquantenaire, revenue dans la maison qu'elle a tant aimée et pourtant quittée, à l'occasion du mariage d'un de ses trois enfants. Des remarques font déjà s'interroger le lecteur: pourquoi a-t-elle dû partir? Pour quelle raison sa fille Ursula ne lui parle-t-elle plus depuis trois ans?



Les chapitres suivants , présentant les événements selon le point de vue d'Eleanor remontent le temps. On la découvre à seize ans, apprenant la mort accidentelle de ses parents, alcooliques toujours entre deux cocktails et indifférents envers leur fille. Elle connaîtra ensuite un traumatisme que je vous laisse découvrir.



Ayant eu un certain succès avec une série de livres pour enfants qu'elle illustre elle-même, elle décide à 20 ans de trouver un foyer. Et a le coup de foudre pour une maison un peu à l'abandon,dans le New Hampshire, devant laquelle s'élève un frêne majestueux... C'est là qu'elle fondera une famille avec Cam, l'amour de sa vie, l'homme roux dégingandé si charismatique.



" Eleanor adorait leur famille bruyante, turbulente et toujours un peu chaotique, à l'opposé du silence et de la solitude de celle où elle avait été élevée " .Mais quand on veut absolument préserver sa famille de tout souci, qu'elle soit parfaite, unie, ne risque-t-on pas d'en étouffer les membres, de s'oublier soi-même, d'en oublier les moments intimes avec l'être aimé ? C'est une des nombreuses questions posées par ce livre, où l'auteure sait admirablement analyser les rouages complexes du couple et des rapports parents- enfants.



Comme on aime accompagner le cheminement difficile d'Eleanor, comme on partage ses joies et ses peines! Le drame qui fissurera définitivement leur famille ne fera que précipiter ce qui était latent.



Les notions de sacrifice ( le choix d'Eleanor de quitter sa maison m'a indignée, je l'avoue, surtout au regard des conséquences qu'il a eu dans ses relations avec ses enfants) , de pardon, de résilience sont au coeur de cette histoire attachante, poignante, au ton souvent nostalgique.



Et dans le dernier chapitre , subtilement, la boucle est bouclée, puisque l'on revient au présent, à ce mariage porteur d'espoir, malgré tous les aléas de la vie, dans la maison " où vivaient les gens heureux"...
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De si bons amis

Après la lecture de ce roman , force m'est de reconnaître que Joyce Maynard et moi allons rester de " très bons amis ", elle parce qu'elle possède l'art et la manière d'aborder avec tact et finesse les sujets les plus obscurs , et moi parce que j'adore me laisser " mener par le bout du nez " , convaincu d' " être entre de bonnes mains ".

L'histoire est tout de même brutale pour la pauvre Helen , divorcée et , surtout privée de son fils suite à un contrôle d'alcoolémie positif . Quand tout va mal !!!. Heureusement , il reste quelques "poteaux solides " dans son univers glauque , quelques rares amis fidèles , malheureusement supplantés un jour , par l'apparition "miraculeuse " des Havilland, un couple chaleureux , harmonieux , riche , un " autre niveau " de ceux qui vous subjuguent car ils ont "Tout" et que vous n'avez "Rien " et que lorsqu'on n'a "Rien " , il est bien difficile de résister à "Tout "...Et Helen ne résiste pas , "les colosses aux pieds d'argile " que sont Swift et Ava vont faire d'elle la plus heureuse des femmes , l'aider à mettre fin à ce long calvaire qui ne semble pas vouloir l'épargner....

Le style de Joyce Maynard , son écriture sobre , ne sont pas au service de grandes envolées mais , au contraire , nous maintiennent dans une sorte de nasse en compagnie d'Helen ,. Pourquoi s'enflammer alors que tout rayonne autour de nous et nous entraine malgré nous dans un tourbillon infernal ? Une écriture sans grande fioriture mais bigrement efficace , qui prend son temps avant de nous asséner le coup de grâce..Et on y va , et on y court car , une fois ferré, le " poisson " que nous sommes ne cherche pas à s'en sortir , et se laisse mener bien sagement vers ......

Joyce Maynard sait " grossir le trait pour mettre à nu " le " plus profond de l'âme humaine ", elle sait , avec brio , démonter les mécanismes pervers , toucher là où ça fait mal , ramener l'homme à sa juste et modeste place et installe le bonheur de l'existence à portée de main , à disposition de tous ceux et celles qui , aux scintillements des flons-flons , à la puissance de l'argent , aux strass et paillettes , préféreront la puissance de l'amour , du vrai , celui du coeur .....Encore faudra- t- il pour chacun et chacune faire preuve d'un minimum d'intelligence , de finesse d'esprit , pour distinguer les nuances de discours bien affutés....Faut - il être " capable de tout " pour intéresser, éblouir, briller , flamber , frimer " ? A vous de voir. Joyce Maynard semble avoir choisi son camp ....

Ceci étant, c'est de la fiction , hein , des belles paroles tout ça qui nous feraient oublier d'aller jouer au loto ! Et si on gagne....Oui , ben chacun " voit midi à sa porte " comme on dit "...En tout cas , n'oubliez pas , si vous allez jouer , portez " le masque " ....( et le vrai , hein , celui qui protège, pas celui qui nous permet d'être un autre ou une autre . )...C'est tellement inconfortable que les masques , ils finissent TOUS par tomber un jour ou l'autre ....comme dans ce très bon roman , quoi ....



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Long week-end

Une chaleur caniculaire est attendue pour ce week-end du Labor Day. Henry, 13 ans, vit seul avec sa maman, Adele. Une relation presque exclusive entre eux : ils ne sortent quasiment jamais de chez eux, sauf pour les quelques rares courses, et n'ont pas d'amis. Son papa est parti reconstruire une famille, non loin de là. Un beau-fils, une compagne, Marjorie, et Chloe, venue compléter le tableau. Il ne le voit que le samedi soir, pour aller dîner chez Friendly. Une corvée pour lui. Cette sortie, ce jour-là, était inhabituelle. Il fallait à Henry un pantalon pour la rentrée des classes. Alors qu'il laisse Adele seule quelques instants, il va au rayon des revues lorsqu'il se fait interpeller par un homme, grand, musclé et vêtu de la chemise des employés du magasin. du sang sur le pantalon et une chaussure. Il lui demande alors de l'aider et pourquoi pas l'emmener chez eux. Contre toute attente, sa maman accepte. Dès lors qu'ils apprendront qu'il s'est évadé de prison et qu'il est recherché par la police, Henry et Adele devront vivre cachés...



Un long-week se profile à l'horizon, surtout dans les souvenirs impérissables et inoubliables qu'ils laisseront à tout jamais pour Adele, Henry et Franck. Telle une parenthèse enchantée, les 6 jours qu'ils passeront ensemble, loin du regard des autres, seront surement les meilleurs de leur vie. Comment ne pas douter d'un homme condamné à 20 ans de prison qui aura profité d'un court instant pour s'échapper de l'hôpital dans lequel il séjournait et surtout qui a tué dans le passé ? Comment ne pas douter de ses intentions ? Et pourtant Adele, elle, ne doutera pas un seul instant. Comme si ces deux âmes blessées et esseulées étaient finalement faites pour se rencontrer. L'on en apprend un peu plus sur eux : le mariage, les fausses couches, les tourbillons de valse d'Adele ; la guerre, les passions et les désillusions de Franck. Quant à Henry, il ne pense qu'aux filles et rêve même d'elles. Et pourtant, il semble n'avoir que de l'attention pour sa maman et n'a qu'un seul but : la voir heureuse. Joyce Maynard nous plonge dans cette atmosphère moite et nous livre un roman puissant et passionnant. Abordant différents thèmes tels que l'amour, le pardon ou les enfants de divorcés, cette tragédie qui se joue sous nos yeux, presque au ralenti, nous laisse espérer des jours meilleurs. La passion et la sensualité des gestes et des soupirs nous émeut plus que tout. L'écriture est dans la même lignée, gracieuse, à la fois mélancolique et joyeuse, et tout en finesse. Un roman très fort et enivrant...



À noter la superbe adaptation cinématographique qui a su rendre grâce à ce roman...



Un Long week-end, une parenthèse...
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Où vivaient les gens heureux

Là où vivaient les gens heureux, c’est une ferme, la ferme de Cam aujourd’hui, celle qu’Eleanor avait achetée avec ses premiers gains d’écrivain. Petite fille privée d’amour et orpheline à 16 ans, elle rêvait depuis toujours d’avoir une famille vivante, aimante, une famille dont tous les membres seraient heureux. Elle y a cru pendant un certain temps, mais comme le montre l’imparfait du titre, le bonheur s’en est allé et les rêves d’Eleanor aussi.

Joyce Maynard conte dans ce roman attachant, aux personnages subtils, la vie d’une femme et des siens, ponctuée d’évènements heureux ou graves, anecdotiques ou importants, réguliers ou inhabituels. A l’image des planches de BD pas comique qui feront vivre la famille, ce roman nous parle des choses de la vie, des difficultés que l’on rencontre, des chemins différents que certains peuvent prendre, de ce trait de caractère si charmant chez l'autre que l’on ne supporte plus un jour, des enfants qui grandissent et jugent sans tout connaitre.

Eleanor rêvait d’une vie parfaite. Cette recherche de la perfection va sans doute être le point de départ du délitement de son foyer. Bien sûr, d’autres évènements beaucoup plus graves vont y contribuer, mais Eleanor est aussi victime d’elle-même. La vie semble parfois bien injuste pour cette femme qui pour se consacrer aux autres, à ses enfants en tout premier lieu, s’oublie elle-même et oublie son couple et l’amertume remplacera la joie dans son cœur.

Un portrait de femme magnifique, une femme peinte avec tous ses désirs et ses faiblesses, ses réussites et ses échecs, une femme qui apprendra finalement la valeur du pardon.

Un très bon roman de plus de cette auteure américaine que je retrouve chaque fois avec plaisir. Les cinq étoiles n’étaient pas loin. Il m’aurait fallu une Eleanor un peu plus lucide pour cela, mais l’histoire aurait alors été sans doute un peu différente.

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Les règles d'usage

Dans le ciel, passe un vol d’hirondelles. J’entends les rires de mes voisins dans leur jardin. Je suis à ma terrasse, une petite brise caresse les graminées, et je me dis que la vie est belle.



La maman de Wendy aimait aussi la vie, à la folie. Elle adorait la danse, les comédies musicales, son gamin de 4 ans et sa grande fille de 13 ans. Josh, aussi, son deuxième amoureux, un homme sur qui on peut compter.

Et puis la vie a basculé du côté obscur, soudain, le 11 septembre 2001. Janet est partie au bureau dans une de ces fameuses tours et n’est jamais revenue.

Pour Wendy, pour Louie, pour Josh, la vie aussi a basculé dans le cauchemar. Il est déjà difficile de vivre après cela, quand sans crier gare, Garrett, le père de Wendy, le premier amour de Janet, s’annonce pour reprendre sa fille, alors qu’en tout et pour tout, il ne l’a vue que 4 fois après leur séparation il y a des années. Père irresponsable, fantasque, tout le contraire de Josh. Et Wendy suit Garrett en Californie. Elle ne sait plus où elle en est, elle survit, c’est tout.

Mais c’est là-bas, à Davis, qu’elle se rendra compte qu’elle est une fille cactus... Le contact avec des personnes inconnues, du libraire attentionné flanqué d’un grand fils autiste à la jeune fille-mère flanquée de son bébé, en passant par l’ado paumé au grand cœur et à la petite amie de Garrett, une femme pleine de bon sens flanquée de ses cactus, toutes ces personnes ni parfaites ni mauvaises mais avec leurs propres problèmes l’aideront à reprendre pied dans sa propre vie, tout simplement. Car comme je l’ai dit plus haut, Wendy est une fille cactus : « Une terrible tragédie peut se produire et celle-ci semble seulement rendre ces personnes plus fortes et plus déterminées à donner un sens à leur vie. Tandis que pour d’autres, l’épreuve se borne à les broyer. Ils ne s’en remettent jamais. Ils ne sont pas moins bons, c’est juste qu’il leur manque une sorte d’instinct de conservation ».



Ce gros roman, je l’ai lu très vite, car cette petite Wendy m’a interpellée. Du fond de son trou noir, elle est parvenue à remonter, doucement, par à-coups. La première partie du roman raconte le drame ainsi que les semaines qui suivent, avec l’hébétude, le dégoût et le sentiment que la vie autour n’est plus réelle. La deuxième partie est pleine de soleil et de cactus....



Je souhaite donc à chacun de devenir un cactus, qui malgré l’adversité, arrive quand même à pousser et même à donner une magnifique fleur rouge au moment le plus inattendu.

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Les Filles de l'ouragan

J'avoue suivre avec beaucoup d'intérêt les romans de Joyce Maynard qui , chaque fois , me procurent de bons moments de lecture . C'est donc avec enthousiasme que je me suis lancé à la découverte de ces étranges " filles de l'ouragan" , un titre prometteur d'aventures . En fait , c'est plutôt une certaine monotonie qui m'a bercé au début du roman...Comment , ce ne serait que ça, l'ouragan? Deux jeunes filles , nées le même jour , donc " soeurs d'anniversaire " , un jour où....pas le moindre ouragan ! Mais non , Joyce Maynard est trop " subtile " , il se cache quelque chose derrière ce titre ...et puis il y a ce prologue , tout de même, il doit bien avoir une quelconque utilité, non ? Bref , les deux filles , elles se prénomment Ruth et Dana et elles prendront tour à tour la parole , dans de courts chapitres , pour nous raconter ...leur vie . Bon , raconter sa vie , ça peut être bien , mais si je vous raconte la mienne , vous allez vite vous lasser . Alors , leurs vies , elles doivent bien avoir quelque chose de particulier . La réponse est OUI !!! Et les deux familles si différentes...sans se fréquenter, vont se croiser , se recroiser et tellement d'ailleurs , qu'il va y avoir ...des noeuds .....Il faut bien , sinon ...

Le problème, c'est que le lecteur , plutôt " fin limier " se doute bien de quelque chose , un quelque chose qui , au cours des pages devient de plus en plus évident et , forcément, ça enlève un peu de mystère.

Pourtant , après avoir " erré, sans grande passion " je l'avoue , s'est installé en moi un fort désir de savoir , vérifier si mes supputations étaient les bonnes , bref , je me suis pris d'affection pour ces vies particulières qui s'éclataient , là , sous mes yeux , "interprétées " par des personnages qui méritent notre intérêt et donnent l'envie de mieux les connaître encore, de soulever les carapaces qui cachent l'essentiel de l'âme humaine .Sans être un chef d'œuvre ni , sans aucun doute , le meilleur de Joyce Maynard , c'est un roman qui ne laisse pas indifférent, bien écrit, et dont l'intérêt se situe bien dans l' analyse des personnages .Dans ce domaine , Joyce Maynard possède, à mon avis , de nombreux atouts .Et l'ouragan , me direz-vous ? Oula , vaste question . Comme l'aurait dit Pierre Perret à propos d'un " organe " dont la décence m'interdit de parler ici , " tout , tout , tout , vous saurez tout sur...l'ouragan ...." . Quoi que , à bien réfléchir...." Allez , lisez " comme dirait notre président.....

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L'homme de la montagne

Caroline du Nord, dans la banlieue de San Francisco, des montagnes à perte de vue. Un terrain de jeu idéal pour Rachel et Patty, 13 et 11 ans en cet été 79. Deux sœurs inséparables. Elles n'ont d'autre passe-temps au cours de cet été-là que d'aller regarder la télé par la fenêtre des voisins, d'aller se promener dans les sommets ou de s'inventer des tas d'histoires. Leur papa, Anthony, ayant déjà quitté la maison familiale, passe de temps en temps les voir. Mais, son boulot d'inspecteur de police l'accapare souvent tandis que leur maman se laisse doucement sombrer dans la mélancolie. Ainsi s'écoulait paisiblement la vie des deux fillettes bientôt marquée par un événement tragique. En effet, au cours du mois de juin, le corps d'une jeune fille a été retrouvé non loin de chez elles, sur le versant de la montagne. Evidemment, il leur est désormais interdit d'aller s'y promener tant que l'assassin, surnommé Le Tueur du crépuscule, n'aura pas été retrouvé. Un événement d'autant plus marquant que c'était leur père qui était chargé de l'enquête...



L'homme de la montagne est le titre du roman que Rachel a finalement réussi à écrire, des décennies plus tard après les événements tragiques qui ont eu lieu en ces hauts sommets, dans le Marin County. Malgré les nombreux policiers mis sur l'affaire, d'autres meurtres suivront. La population est en émoi devant cette hécatombe et Anthony Torricelli, chargé de l'enquête, fera tout son possible pour résoudre cette sombre affaire. Joyce Maynard donne la parole à Rachel, l'aînée. Elle raconte non seulement les meurtres perpétués mais aussi sa vie d'adolescente, notamment son corps qui change, ses sentiments qui se trouvent exacerbés et ses copines superficielles mais aussi son papa vénéré et adoré dont elle déplore l'absence, sa maman dépressive qui laisse ses filles vivre comme bon leur semble et bien sûr sa sœur, Patty. Dans ce roman d'apprentissage, les meurtres ne sont presque plus qu'un prétexte et relégués au second plan tant l'auteur s'attarde sur ces deux sœurs et leur vie au quotidien. Avec un léger goût d'enfance, empreint de tendresse et de douceur malgré Le Tueur du crépuscule, ce roman porté par une écriture riche se veut avant tout sincère et efficace.

Joyce Maynard s'est inspirée d'une histoire vraie. Elle a décidé d'écrire ce roman après sa rencontre avec deux sœurs qui avaient malheureusement croisé la route du Tueur des pistes.





L'homme de la montagne vous tient entre ses griffes...
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Les Filles de l'ouragan

Parce qu'elle a été conçue pendant un ouragan, Edwin, son papa, l'appelle "la fille de l'ouragan". Ruth, petite dernière d'une famille de 4 filles, n'a rien en commun avec Dana. Mais, sa mère, Connie, en a décidé autrement. Parce qu'elles sont venues ensemble le même jour, le 4 juillet 1950, elle les considère comme des sœurs d'anniversaire. Pourtant, tout oppose ces deux familles. Les Plank sont des hommes de la terre qu'ils cultivent depuis des générations tandis que les Dickerson sont des artistes. La maman de Dana est peintre tandis que son père est écrivain, du moins essaie-t-il. Les deux familles tentent de maintenir des liens pourtant artificiels, se côtoyant peu souvent malgré le fait qu'elles habitent tout près. Même lorsque la famille de Dana déménage et quitte le New Hampshire rural et connaît de nombreux déménagements, les deux familles se voyaient une fois l'an, le 4 juillet, surtout sur l'initiative de Connie qui tenait à maintenir ce lien.



Dans ce roman qui alterne les courts chapitres donnant la parole à Dana et Ruth, on les suit tout au long de leur vie, des années 50 jusqu'à nos jours. L'on parcourt un pan de l'histoire avec elles, la guerre du Vietnam ou les premiers pas sur la lune. Chacune a leur manière va vivre sa vie, différemment et pourtant un lien indéfectible s'est tissé entre elles. Même si elles semblent s'opposer et s'écarter, leur destin s'entremêle bien malgré elles. Touchantes et volontaires, l'on s'attache à elle et l'on parcourt leur vie, faite à la fois de désillusions, d'amours et d'amitiés vaines et de secrets trop longtemps étouffés. Joyce Maynard, de par sa plume vivante, sensible et douce, nous transporte au milieu de ces champs, l'horizon à perte de vue et une fraise à la bouche.



Les filles de l'ouragan... et tout est ravagé...
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L'Hôtel des oiseaux

Ayant proposé ce livre en “Lecture commune ” pour un challenge, je fus bien embêtée lorsque , arrivée aux environ de la page 100, je trouvais ce roman barbant.

Seule, je l'aurai abandonné, mais intriguée par les avis entousiastes de mes co-lectrices, j'ai persévéré. Et petit à petit, la musique a pris, mais ce fut laborieux...



Un jour, Joan ( 6 ans) a été amenée chez sa grand-mère, sa mère n'est jamais venue la chercher. On a droit à un peu l'histoire de sa mère...

Acte 2, on est en 1970 : Joan devient Amelia, parce que sa mère a péri dans l'explosion d'une bombe artisanale, dans la maison qu'elle habitait avec ses “amis-aspirants terroristes ”. La grand-mère de Joan, de peur qu'elles ne soient poursuivies, assaillies par les journalistes, stigmatisées et détestées de la population, jugea judicieux de déménager vite fait, et prendre une autre identité.

Acte 3, Amelia subit une perte immense, et pour se reconstruire, fuit à l'autre bout du monde, en Amérique Centrale. Elle trouve refuge à l'hôtel des oiseaux.



S'en suit un défilé de clients, habitants du cru, touristes, que Joyce Menard nous décrit aussi longuement que la vie d'Amelia, si bien que parfois , on ne sait plus de qui on suit l'histoire. On ne sait plus s'il s'agit d'un portrait de femme, de destin brisé et reconstruit, ou si c'est une fresque avec moults vies esquissées, car l'autrice reste toujours à la surface des choses. Un peu superficielle parfois, un peu ennuyeuse aussi, Joyce Maynard finit pourtant par retomber sur ses pattes et nous livrer dans un bouquet final, la suite de la vie des personnages principaux du début. Il suffit juste d'être patient...

Et patiente, je ne l'ai pas été au début, mais c'est si long, à se mettre en place , si pleins de détails inutiles...

Joan/Amelia subit tant de malheurs...

Et en même temps, comme pour contrebalancer , certaines personnages sont si (anormalement) généreux avec elle, lui donnant de l'argent, des biens, la faisant passer avant leur famille, leurs amis. Qui fait ça ?

J'ai été “prise” dés qu'Amelia rénove l'hôtel, s'occupe du jardin . Les couleurs, le côté luxuriant de la nature, le nom des fleurs, m'ont progressivement charmés me permettant d'échapper à l'automne français.

Le chemin fut long, mais au final, mon esprit ne gardera que l'essentiel . C'est l'histoire de Joan/Amelia qui malgré un mauvais départ dans la vie, réussit à se reconstruire grace à la beauté du monde et une effusion de couleurs.





Beaucoup de longueurs, beaucoup (beaucoup) d'ennui, beaucoup trop de personnages de passage, mais aussi : de jolis moments et une couverture sublime ...
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De si bons amis

Après « l’homme de la montagne » « Les Filles de l'ouragan », «Long week - end  »voici mon dernier opus de cette auteure qui réussit à me prendre dans ses filets à chaque fois..



Helen Mc Cabe est une femme de quarante ans , isolée, déjà marquée par la vie, enfance peu choyée et mariage raté ...



Photographe amateur, devenue alcoolique à la suite de son divorce avec Dwigt, elle perd la garde de son fils de huit ans Ollie, ...

Elle rejoint les AA, ( alcooliques anonymes ) après ses petits boulots .



Lorsque elle rencontre les Havilland , Ava et Swift , couple californien exubérant et excentrique , fortuné —-adorateur des chiens—-,fantasque —— adepte de fêtes prestigieuses ——un peu mystérieux , elle se réfugie auprès d'eux , se racontant des histoires ,vulnérable, désirant être aimée et protégée ...ils la prennent sous leur aile ....



Elle voit en eux un refuge ——dès lors cédant à tous leurs caprices —-—- Ils deviennent inséparables .

Hélène manque de clairvoyance .

Une seule chose compte à ses yeux : récupérer la garde de son fils.



Le lecteur est emporté au coeur d'une angoissante prise de possession amicale ? Mais il se méfie ..

Amitié réelle ou trompeuse ?

Manipulation ou bienveillance ? Fourberies secrètes , pouvoir exorbitant sur les autres sous des apparences très protectrices ?

Zones grises de l'amitié ? Entre bien et mal ?

L'auteur sait raconter des histoires: les chapitres sont courts , la construction rigoureuse.



Elle ménage habilement le suspense jusqu'aux dernières pages, analyse avec finesse une amitié naissante jusqu'à l'implosion , met en lumière les différentes définitions de l'amitié , les zones d'ombre et les coups fourrés, les pièges , fouille les caractères des personnages avec subtilité .....



Jusqu'où peut- on aller dans le seul but de se protéger ?







Passionnant , envoûtant et éclairant , bluffant...



Un livre sur l'amitié traité de manière très originale.

Mais ce n'est que mon avis, bien sûr .















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De si bons amis

Lu en un après- midi….

Helen McCabe photographe, est au fond du trou , quarante ans, divorcée, ayant perdu la garde de son fils pour cause d'alcoolisme, cumulant deux jobs pour arriver à faire face à la montagne d'argent qu'elle doit à son avocat… Oui Helen est au plus mal, lorsqu'elle rencontre à une soirée où elle officie comme serveuse, Ava Havilland et son mari, couple très fortuné et charismatique. Elle devient aussitôt leur amie, leur petite protégée, abandonnant sa plus vieille amie.

C'est une amitié fusionnelle et déséquilibrée, puisqu'elle dépend d'eux pour tout, et obéit à leurs moindres caprices. Mais quelque part, ils comblent un grand vide, celui d'une enfance sans amour et attentions, livrée à elle même , et puis , Swift le mari, n'a t'il pas promis les services de son avocat, donc de faire tout son possible pour qu'elle obtienne la garde de son fils ?



Servie par une écriture fluide, et une très douce montée en pression, Joyce Maynard nous offre un roman d'une grande qualité . Très bien construit, il présente une héroïne manipulable, fragilisée par sa solitude et le manque de chance . On sent le désespoir dû à l'éloignement de son fils , le basculement, la montée graduelle de la dépendance, la fascination qu'elle éprouve pour ce couple à qui tout réussit, la fascination aussi pour les beaux objets qui les entourent (vêtements, maison, sculptures , fêtes , etc...). On sent la "gentille " domination, les services qu'elle doit rendre, les doutes qui commencent à l'assaillir. Oui, cette auteure est diabolique au niveau psychologique , parce que très subtile, très fine. Son histoire est ultra vraisemblable, rien à retirer, rien de superflu...

Le titre anglais est plus parlant "Sous influence" , le titre français est plus ironique "De si bons amis". Peut-on parler d'amitié quand elle est aussi déséquilibrée ? Quand une partie a tout et l'autre rien ? Quand l'une a le pouvoir, l'autre ne fait qu'obéir " à l'insu de son plein grè" ? Joyce Maynard multiplie les angles de vue car à l'histoire d' Helen se juxtapose celle de la domestique et sa fille.

Amitié, rapports de domination professionnelle, amicale et amoureuse, influence, manipulation , détournement de la réalité : jusqu'où peut- on aller ?

Apparemment : assez loin ….

Fascinant !





Challenge Mauvais Genres.
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Un jour, tu raconteras cette histoire

Après un divorce douloureux et quelques relations, fussent-elles éphémères ou intenses, Joyce Maynard avait définitivement fait une croix sur l'Amour. D'autant qu'à l'aube de la soixantaine, elle menait sa vie comme bon lui semblait et ne voulait plus rendre de compte à quiconque. Pourtant, elle s'inscrit sur un site de rencontres et fait alors la connaissance d'un certain Martin, un homme très gentil avec qui elle passe de bons moments même si elle sait qu'elle ne vivra pas une grande histoire d'amour avec lui. Trois semaines après cette rencontre, elle fait la connaissance de Jim. Après une longue conversation téléphonique, ils décident de se rencontrer puis de se revoir tant cela semble une évidence entre eux. Rompant avec Martin, leur relation s'épanouit et s'intensifie à tel point qu'un an plus tard, ils convolent en justes noces. Des projets pleins la tête notamment des voyages ou une maison commune. Un bonheur bien trop vite entaché par un cancer du pancréas détecté chez Jim...



Joyce Maynard se met à nu dans ce récit et se livre, avec justesse et beaucoup d'émotions, sur les quelques menues années qu'elle aura passées auprès de Jim Barringer. Le récit se compose de deux parties : Avant et Après, la césure étant l'annonce du cancer. Elle revient sur ses échecs amoureux, ses blessures, la vie qu'elle menait, sa rencontre avec Jim, leur amour vite concrétisé en mariage et leurs projets. Puis survient l'impensable, le cancer du pancréas, l'un des plus redoutables. S'ensuivent les hospitalisations, les opérations, les traitements, les espoirs d'une guérison, les recherches incessantes de Joyce pour trouver un remède, la nouvelle vie dont on ne peut entrevoir qu'une fin inéluctable. Ce récit bouleversant et intime, sans tomber dans le voyeurisme, met avant tout en avant l'amour qui unit Joyce et Jim. Un amour intense et profond qu'ils ne pensaient plus ressentir un jour. L'auteure, de sa plume juste, tendre et sincère, nous offre un récit vibrant et poignant.

"Un jour, tu raconteras cette histoire", lui a murmuré Jim. Peut-être pour lui, pour elle-même, pour tous les couples qui passent ou passeront par ces terribles épreuves, Joyce Maynard a écrit son histoire. Leur histoire. Puissent ces mots soulager un tant soit peu sa peine...

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