AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Joyce Maynard (1179)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Et devant moi, le monde

Une autobiographie de Joyce Maynard dans laquelle elle évoque sa relation éphémère mais toxique avec JD Salinger lorsqu'elle avait 18 ans.

Je dois dire que cette lecture est intéressante mais relativement déprimante.

Un père alcoolique, une mère abusive, une sœur aimée mais distante, une notoriété bien jeune et beaucoup de solitude.

Et puis cette relation ; une emprise, des abus, de l'anorexie, dont l'écrivaine mettra des années à se remettre.

Enfin, l'amour, 3 enfants, des noëls en famille, la volonté d'être une bonne mère, les problèmes d'argent et le divorce.

Bref une vie avec ses joies, ses tristesses et beaucoup de non-dits.

J'ai lu ce témoignage quelques mois après avoir lu "Où vivaient les gens heureux" que j'ai adoré. J'ai alors réalisé que ce roman regorge d'évènements vécus par la romancière. S'en est presque dérangeant.

J'ai aimé ce récit mais certainement car j'ai lu précédemment des romans de l'écrivaine.

Le style est clair, non voyeuriste presque distancié.

Cet ouvrage a créé une énorme polémique outre-Atlantique car elle écorne l'image de JD Salinger ; un déni.

Joyce Maynrad avait peut être besoin de se libérer de ses démons et, si cela lui a permis d'écrire, "De si bons amis" et "Où vivaient les gens heureux", elle a bien fait.





Commenter  J’apprécie          434
Où vivaient les gens heureux

Lorsqu'Eleanor voit cette vieille ferme perdue au milieu de nulle part dans le New Hampshire, c'est un véritable coup de foudre.



Orpheline depuis l'adolescence, après un accident de voiture ayant coûté la vie à ses parents, elle vit de ses dessins : une série de « Body» qui lui permet de vivre sans sortir de chez elle.



« La maison était petite, ce qui lui plaisait. Celle de son enfance était grande et elle s'y sentait seule. Quand elle aurait des enfants, elle les garderait près d'elle ». Et c'est précisément ce qu'elle va faire.



Avec un chien nommé Charlie, des voisins sympathiques que sont Edith et Walt – vaguement amoureux d'elle mais qui n'ira jamais jusqu'à le lui dire- elle rencontre aussi Darla, une voisine un peu plus éloignée, qui subit les violences conjugales de son mari, et parle de s'enfuir quelque part, sans jamais vraiment y parvenir. Darla deviendra vite son amie.



A l'occasion d'une foire artisanale en Avril, elle croise la route de Cam, un homme roux d'un mètre quatre-vingt-dix, dont l'activité consiste à tourner des bols en loupe de bois. C'est encore un coup de foudre réciproque. Ils se marient en Août.



Commencent alors les années de bonheur pour Eleanor qui va rapidement tomber enceinte de sa fille – Allison – puis très vite ensuite d'une seconde fille – Ursula – et enfin d'un fils – Toby – pour compléter la famille. Cam est un père très aimant, qui adore ses enfants et s'occupe d'eux autant que possible.



Cela pourrait donc être le récit de la maison « Où vivaient les gens heureux » et s'arrêter là.



Sauf que rien ne va plus se passer comme on l'imagine, et que cette famille va tourner au fiasco. Un drame va sceller la fin de la période heureuse de cette maison, et rien ne sera plus comme avant à partir de cette date.

Je n'en dirais pas beaucoup plus de l'histoire décrite en 546 pages, si ce n'est pour s'arrêter un temps sur cette chronique d'une femme vivant des années 70 à nos jours, sur fond d'évolution de la société américaine en parallèle.



Il faut dire que si le personnage d'Eleanor est très attachant – une femme courageuse, travailleuse, qui veut vraiment le meilleur pour ses enfants – celui de Cam son mari, l'est nettement moins. Notamment lorsque, comme cela peut arriver dans tout couple, il s'éprend d'une autre femme, beaucoup plus jeune et plus jolie que la sienne.



Oui mais voilà : ce sera Eleanor qui quittera la maison (et bien sûr il lui en coûtera beaucoup), rien ne sera dit au départ aux enfants sur la liaison qu'entretient leur père avec leur baby-sitter Coco. C'est Eleanor qui va passer pour la méchante, la briseuse de rêve, celle qui laisse seul un mari éploré … qui bien sûr n'aura de cesse d'être consolé rapidement.

Lorsqu'Eleanor réalisera le piège dans lequel elle s'est elle-même fourvoyée, par amour pour ses enfants et pour ne pas briser l'image paternelle, il sera trop tard. Et lorsqu'elle annoncera à contretemps à l'une de ses filles la vérité sur cette situation, l'effet sera dévastateur et se retournera contre elle.



Joyce Maynard excelle à raconter la vie au quotidien d'une femme d'aujourd'hui confrontée aux bouleversements de la société. Au début du récit elle raconte le viol quotidien du frère de sa meilleure amie Patty, qui avait invité l'orpheline à passer quelques temps en famille, viol qui conduira jusqu'à l'avortement clandestin, et son incapacité à en parler.



Plus tard ce sera Darla qui essayera de quitter son mari… et qui en subira les conséquences immédiates.



Et enfin c'est Eleanor qui « faisant bouillir la marmite » familiale, se trouve aux prises avec les difficultés financières, tandis que Cam se contente de tourner ses bols en loupe de bois dont presque personne ne veut.



Avec nos yeux de 2022, on enrage de la voir vivre cette vie de rêve, et tout perdre suite au drame dont elle va souffrir. Mais elle est comme ça, Eleanor : débordante de vitalité, aimant ses enfants plus que tout, retraçant son bonheur et ses malheurs dans des petits dessins, survivant malgré tout.





Un très beau personnage de femme moderne, imaginé par une Joyce Maynard dont j'avais déjà apprécié « de si bons amis » que j'avais chroniqué, et « Les filles de l'ouragan » très réussi aussi, mais qui là confirme son talent à comprendre les femmes dans toute leur complexité.



Probablement, comme l'ont dit les critiques américains et français, son meilleur roman.

Commenter  J’apprécie          432
Prête à tout

Un peu déroutée pendant les 50 premières pages, il faut dire que l'on voit défiler des personnages qui nous parlent, chacun d'un point de vue bien différent, de Susie que nous ne connaissons pas encore. Après ce petit passage, je dirais après cette mise en place du décor, c'est un véritable régal que de suivre le plan machiavélique monté par cette Susie, jeune fille prête à tout pour réussir et briller en tant que vedette de la télévision.

Joyce Maynard fait intervenir ses personnages qui vont à tour de rôle raconter, se raconter, la raconter , c'est du grand art!

On se retrouve plongé dans cette histoire un peu comme si on était nous-même enquêteur, on prend des notes et on s'aperçoit au fur et à mesure de l'engrenage dans lequel on est coincé.

Chaque personnage est décortiqué de façon à ce que l'on cerne bien et qu'on se prenne d'affection pour eux, ce qui n'a évidemment pas manqué pour plusieurs d'entre eux.

Notre regard porté sur Susie est, en revanche de moins en moins bienveillant...

Je n'ai encore jamais été déçue par cet auteur et si celui-ci n'est que son deuxième il n'en n'est pas moins prenant que les autres. Elle sait toujours rendre ses personnages attachants et décrit merveilleusement bien les liens qui se tissent entre eux. La dépendance affective est extrêmement bien rendue.

Son regard satirique sur la télévision et le culte de l'apparence est également très efficace. Une fois de plus, je suis conquise.
Commenter  J’apprécie          437
L'homme de la montagne

Treize ans, c'était juste l'âge d'Anne Franck tandis qu'elle écrivait son journal, c'est quelques années de plus que Scout, fillette créée par Harper Lee, et c'est celui de Rachel, soeur aînée de Patty, deux héroïnes magnifiques de ce livre qui identifie cet âge comme celui où l'on ressent vraiment tout avant que la maturité ne floute les perceptions.



Rachel considère le Journal d'Anne Franck et Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur comme deux livres d'exception, elle est confrontée elle aussi à l'image du père, le sien, malgré ses échecs, conjugal et professionnel, revêtant toujours pour ses filles une aura indélébile.



De ces deux soeurs, chacune émerge par des talents différents et des préoccupations qui peu à peu diffèrent, Rachel emportée vers une découverte manquée de la sexualité, perturbée par cette pré-adolescence qui n'en finit pas, Patty, sportive, basketteuse qui, malgré sa jeunesse, comprend que les tâtonnements de sa soeur ne pourront la combler.



L'image forte de cette histoire est l'union indestructible entre les deux soeurs, sur fond d'une enquête policière menée par leur père qu'elles voudraient aider, mais elles font elles aussi fausse route jusqu'à ce que...



La deuxième partie du livre, plus brève, se situe à l'âge adulte de Rachel et l'enquête surgit à nouveau, pour un dénouement quelque peu mélodramatique que l'on peut pardonner à l'auteur tant la construction de ce roman, les sentiments qu'il exprime, la dimension onirique des personnages sont réussis.



Commenter  J’apprécie          430
Les règles d'usage

Comment peut-on vivre après la disparition d'un être aussi cher qu'une maman ? C'est ce que va apprendre à faire Wendy 13 ans mais aussi Louie son demi-frère de 4 ans et Josh son beau-père. Janet, la maman, fait partie des victimes du 11 septembre 2001.

Joyce Maynard décrit avec une très grande sensibilité tout ce qui peut se passer dans la tête d'une petite fille de 13 ans. Les souvenirs se bousculent, des souvenirs heureux, des anecdotes, des tranches de vie mais aussi des conflits et de fait, au-delà des souvenirs il y aura de la culpabilité, des regrets. Mais il faut aussi cohabiter avec la douleur de son beau-père et de son demi-frère. Tous 3, sont pendant un temps, dans le déni, Janet, va revenir, elle attend sans doute pour téléphoner qu'une cabine se libère, elle est amnésique, elle est à l'hôpital ou encore sous les décombres...

La vie doit pourtant continuer et Wendy va partir un an en Californie rejoindre son père biologique. Ce sera l'occasion pour elle de se reconstruire et de rencontrer de nouvelles personnes aux vies également compliquées. Tous les personnages de ce roman sont attachants, même les secondaires avec qui on fait un bout de chemin. La relation de Wendy avec son petit frère est touchante, belle et les remarques de Louie m'ont particulièrement émue. Son amour, son attachement et son admiration pour sa grande soeur m'ont beaucoup parlée et je n'ai eu aucun mal à comprendre sa crainte et son angoisse à voir sa soeur partir ne serait-ce que quelques heures.

C'est un livre sur les relations complexes familiales, sur le deuil, la reconstruction, l'amitié. C'est un livre touchant, parfois difficile mais qui fait du bien. Je crois n'avoir jamais été déçue par Joyce Maynard !
Commenter  J’apprécie          432
De si bons amis

"De si bons amis" fait partie des livres qui se lisent rapidement. On pressent dès les premières lignes que la rencontre d'Hélène, fragilisée par un divorce et le retrait de la garde de son enfant, avec Ava et Swift, les si bons amis ne va pas être une belle et forte amitié. Je dis on pressent, mais ce n'est pas le cas d, Hélène, qui est complètement tombée sous le charme, subjuguée par leur mode de vie. Elle se laisse vampiriser par eux. Nous, en tant que lecteur, on redoute le moment où le drame va arriver car une telle dépendance affective ne peut que mal se terminer. Tout au long des pages on constate une emprise de ce couple de plus en plus fort sur Hélène qui n'aspire qu'à une seule chose récupérer son fils grâce à ses bons amis qu'elle admire en tout point. Page après page, ses si bons amis tissent leur toile avec perversité. Ils sont tout ce que je fuis au galop : superficiels, faux, manipulateurs.

Si je n'ai pas été sous l'emprise de ces si bons amis une seule seconde, j'ai été en revanche, sous l'emprise de ma curiosité qui m'a poussée à lire rapidement ce roman. Il y a une tension psychologique présente tout au long du livre qui nous invite à tourner les pages rapidement.

C'est le troisième roman que je lis de cet auteur. Elle sait planter le décor dans lequel on ne se sent pas forcément bien mais dans lequel on fait immédiatement partie.
Commenter  J’apprécie          433
De si bons amis

Suite au ressenti d'Annette , je me suis précipitée sur ce dernier livre de Joyce Maynard, dont j'ai lu et apprécié de nombreux romans. Et c'est encore une réussite !



L'emprise...Qu'elle soit amicale, amoureuse, idéologique ou sectaire, quelle fascination elle exerce sur l'être qui la subit, quels ravages elle commet aussi!



Car il s'agit bien ici d'emprise. Toile d'araignée dans laquelle Helen se laissera enfermer , proie parfaite pour les Havilland. Car Helen est fragilisée par son divorce et surtout la perte de la garde de son petit garçon de 5 ans, Ollie, suite à des problèmes d'alcool... La rencontre avec Ava et Swift, présentés comme un couple mythique, riche, charismatique et fort amoureux, va bouleverser sa vie.



Enfin on s'intéresse à elle, en manque d'affection depuis l'enfance, négligée par ses parents. En manque de reconnaissance pour ses talents de photographe. Même quand elle se rend compte qu'elle est complètement sous influence, Helen ne peut que constater:" Soudain l'évidence s'est imposée: il n'y avait pas une seule composante de ma vie actuelle qui ne provienne directement des Havilland. Mes amis, mon gagne-pain, jusqu'à mes vêtements, Ava et Swift répondaient de tout."



Jusqu'où va-t-elle se laisser entraîner? Comment tout cela va-t-il se terminer? Je vous laisse le découvrir, ce roman prend effet très vite des allures de thriller.



Le lecteur est envoûté par cette histoire d'amitié dangereuse pour l'esprit et le coeur. Mensonges, manipulation, revirements qui font froid dans le dos, perte de personnalité... Tous ces thèmes sont développés avec finesse et sens psychologique.



Un roman à lire, c'est sûr !
Commenter  J’apprécie          432
De si bons amis

Il y a des auteurs qu'on aime mais qui écrivent un peu toujours le même livre. Entre un jour tu raconteras cette histoire (l'avant dernier livre de Joyce Maynard qui nous avait fait chavirer d'émotions ) et ce "De si bons amis" qui vient de sortir toujours aux éditions Philippe Rey, (titre français; Under the influence en anglais ), les intrigues n'ont rien à voir.



Cette fois , Joyce Maynard nous raconte l'histoire d'Hélène McCabe qui est au fond du trou et qui rencontre un couple de riches Californiens qui lui tend la main... Mais sont ils si désintéressés qu ils ne paraissent au premier abord ?



En y réfléchissant bien, il y a au moins un trait commun entre chaque livre de l'auteur : sa capacité à dresser des portraits de femmes complexes et touchants.



La grande réussite du livre de Joyce Maynard est bien de parvenir à instiller peu à peu un sentiment diffus de malaise, mettre le lecteur sur le qui vive, construire une histoire qui bascule peu à peu dans l'amitié toxique en nous tenant, nous lecteur, sous influence.



On vous l'accorde aisément: il ne s'agit sans doute pas de notre roman préféré de Joyce Maynard mais on s'y laisse assurément prendre avec plaisir guettant le moment où le "rêve américain" bascule en drame.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          433
L'Hôtel des oiseaux

Quelle jolie première de couverture. Et quel roman émouvant surtout...



Je suis très friande des livres de Joyce Maynard. Mon préféré à ce jour reste" Les règles d'usage". Ici, l'auteure nous conduit avec son personnage principal, Joan / Amelia, au Guatemala, où elle se retrouve par hasard ( croit-elle) , après avoir fui les Etats-Unis, traumatisée par un drame.



Car le hasard se révélera être son destin. A l'hôtel un peu délabré de la Llorona, où elle se sent tout de suite chez elle, elle est accueillie par la charismatique Leila . Contre toute attente, elle lui lègue à sa mort, peu de temps après, son domaine.



On suit alors , durant de nombreuses années, le parcours d'Amelia, sa renaissance dans ce lieu qu'il faut réparer et entretenir, mais où elle retrouve, parmi les oiseaux et les fleurs, un certain bonheur. Autour d'elle gravitent de nombreux personnages, souvent hauts en couleur, habitants pauvres mais se satisfaisant de peu, clients de l'hôtel en recherche de quelque chose. D'autres, qu'elles croyaient proches, la décevront.



L'image maternelle, ce manque, thème souvent développé par l'auteure, sera le fil conducteur de rencontres et de malentendus. Jusqu'au final réparateur...



Encore une histoire prenante, beaucoup de chaleur humaine, au-delà des pertes et des déceptions. J'ai aimé être avec Amelia auprès du lac et du volcan, à La Esperanza.
Commenter  J’apprécie          4110
Où vivaient les gens heureux

Quelle tristesse que cette histoire et pourtant elle fait partie de ces romans dont on regrette qu'ils s'achèvent.

C'est la vie d'Eleanor qui n'a qu'un souhait, rendre sa famille heureuse.

Mais, bien sûr, la vie est plus compliquée que cela.

Avec nostalgie, nous allons la suivre pendant 40 ans.

"Qu'est-ce qu'être parent" est le fil directeur de son existence.

Des références musicales parsèment ça et là chaque parcours de vie.

Le développement des personnages est génial.

C'est émouvant, poignant et tellement bien écrit.
Commenter  J’apprécie          413
Où vivaient les gens heureux

Ça arrive, des œuvres auxquelles je donne une bonne note alors que j’ai moyennement apprécié. Normal, si je m’en réfère à mon plaisir de lecture, c’était un 2 ou un 3, mais quand je regarde de plus près, je n’ai rien à reprocher à ce livre si ce n’est d’avoir eu envie de bousculer Eleanor pour ses mauvais choix.



Eleanor n’a pas eu une enfance heureuse entre deux parents qui ne s’occupaient pas d’elle, ne la voyaient même pas. Fonder une famille et choyer ses enfants comme personne ne l’a fait pour elle, c’est ce qu’elle veut et qu’elle finit par accomplir. Tout à son bonheur, elle n’est pas préparée à ce qui l’attend. Le décalage entre son rêve et la réalité ne cesse de grandir, jusqu’au drame.



Pour cette mère, il n’y a qu’une seule solution : se sacrifier pour ses enfants.



Arrivée à ce stade de l’histoire, Eleanor commençait déjà à m’agacer. J’ai eu ensuite la gorge serrée, en voyant les conséquences de ses choix auto destructeurs.



Eleanor dit qu’elle va à Crazyland quand elle s’énerve ou quand elle trouve la situation trop lourde à porter. Pour son entourage, elle est la cause de tout ce qui s’est produit (et ses virées à Crazyland ne sont pas pour rien dans cette interprétation). Ce sont des passages où mon empathie pour Eleanor a dépassé mon agacement.


Lien : https://dequoilire.com/ou-vi..
Commenter  J’apprécie          411
Les Filles de l'ouragan

Il y a vraiment une ambiance très reconnaissable dans les livres de Joyce Maynard. Celui-ci m'a fait penser à son dernier "Où vivaient les gens heureux", en étant malgré tout moins prenant.

Ruth et Dana sont des "soeurs d'anniversaire" puisqu'elles sont nées au même endroit, le même jour.

Au-delà de ce fait, tout les distingue, le physique, leur façon de vivre, leurs attirances. Très vite, sans que cela soit clairement dit, on découvre le terrible secret qui nous sera véritablement dévoilé qu'à la fin. Mais cela n'est pas un problème, nous ne sommes pas dans un thriller.

On évolue parmi les événements de la grande histoire Woodstock et la guerre du Vietnam. La relation entre Ruth et Ray le frère de Dana, est poignante tout comme celle de Dana et Clarice d'une toute autre manière.

Plusieurs sujets sont abordés avec pour toile de fond la famille. Comme toujours avec Joyce Maynard il y a beaucoup d'humanité dans sa façon d'écrire et c'est ce qui fait que nous sommes bien avec ses personnages qui deviennent toujours un peu les nôtres.

Commenter  J’apprécie          412
Où vivaient les gens heureux

À une amie qui me demandait en quoi ça consistait d’être mère, je répondais : « c’est apprendre à vivre avec une inquiétude qui grandit à la seconde où ton enfant s’éloigne ». Il y a une autre manière de l’expliquer : lire le remarquable roman de Joyce Maynard.

Eleanor… Il y avait longtemps que je n’avais pas ressenti une telle empathie pour le personnage d’un livre. Eleanor a perdu ses parents quand elle était jeune. Elle a donné du sens à son existence en écrivant des histoires, puis en faisant des enfants - deux manières de se prendre pour un dieu.

Sa production artistique est l’exutoire de ses blessures intimes (p65, p149, p440). Sa famille est sa raison de vivre.

Chaque famille a son lot de drames et de catastrophes. Il y a Toby dont la prometteuse trajectoire est interrompue, fragilisant dans sa chute cette tribu qu’elle porte à bout de bras. Et puis Al (Alison) dont l’auteure montre, par petites touches, la discrète transformation (« À ton avis, pourquoi Alison a jeté la robe que ta mère lui avait offerte ? »). Joyce Maynard excelle à semer les petits cailloux qui conduiront, in fine, à provoquer les grands éboulements.

Par les temps qui courent, pardon, qui dérapent, il est transgressif d’affirmer que la famille est un bel idéal. Il y a les femmes qui s’accomplissent en lançant leur start-up, en gravissant le Mont-Blanc ou celles (les plus à plaindre) qui jubilent en confiant leur Austin Mini à un voiturier de l’avenue Montaigne. Joyce Maynard, elle, s’intéresse aux femmes qui pleurent leurs vergetures devant la glace, qui se finissent au Chablis parce que leur mari les a trompées avec la secrétaire ou qui souffrent le martyr parce que leur ado ne leur adresse plus la parole. Ces mères courage qui ont décidé de fonder une famille au prix des plus grandes douleurs. « C’est cela mon action radicale, avait-elle déclaré à la jeune étudiante de Harvard. Élever trois êtres humains qui changeront le monde ». (p214)

Bilan : 🌹🌹🌹

Commenter  J’apprécie          414
Les règles d'usage

Sur les bords des fontaines du mémorial du 11 septembre, à l'emplacement des tours, sont inscrits dans le granit noir, les noms de ceux qui ne sont pas rentrés du travail ce jour-là. « Reflecting Absence », est un monument grandiose et émouvant, important pour des familles qui n'ont pas d'autre lieu pour se recueillir.



Joyce Maynard, dans son roman, part de cet événement qui a traumatisé l'Amérique, pour en faire une chronique intimiste sur les conséquences douloureuses du deuil sur Wendy, 13 ans, et son frère Louis, 4 ans, qui ont perdu leur mère, Janet, secrétaire dans l'une des tours, les laissant avec Josh, son deuxième mari dans le désarroi le plus total.



J'ai beaucoup aimé ce récit d'adolescence blessée, qui n'est plus qu'une boule de douleur arrêtée au bord de sa vie, avec les incursions dans les souvenirs heureux et les liens complexes tissés par les membres de cette famille somme toute assez ordinaire.



C'est aussi la chronique de ce qui façonne un humain qui tient debout, en plus de l'amour des siens. Wendy se reconstruit non seulement par des rencontres, mais aussi par la lecture de quelques grands textes, la pratique artistique, l'écoute de musiciens de jazz et l'évocation de quelques comédies musicales féeriques ou joyeuses dont sa mère, danseuse dans sa jeunesse, lui avait donné le goût.



Tout ce qui ne tue pas rend plus fort, dit le bon sens populaire, ce roman sensible mais pas niais, dont tous les personnages sont complexes et attachants en fait la démonstration magistrale.

Commenter  J’apprécie          411
L'homme de la montagne

Eté 79: A la Une du San Francisco Chronicle: "Il a encore frappé".



Dans les montagnes qui surplombent le Golden Gate Bridge, un étrangleur, insaisissable serial killer du crépuscule, terrorise la population par des meurtres à répétition. En une année, ce sont 15 jeunes femmes retrouvées mortes et violées dans les chemins de randonnée.

Au fil des jours d'enquête stérile, les deux filles de l'inspecteur Torricelli le voient s'y casser les dents...



Plus qu'un policier, c'est un roman d'apprentissage et de perte d'innocence que nous offre Joyce Maynard.

Elle prend la voix de l'ainée pour nous faire vivre le quotidien de fillettes inséparables et fantasques, devenant adolescentes, dans un milieu familial aimant mais peu conventionnel, qui les laisse grandir libres et sans interdits.

Jeux et facéties, transformation des corps, intégration difficile dans la vie scolaire, premiers émois sentimentaux et sexuels vont accompagner l'inquiétude et les suspicions que le fait-divers provoque dans leur communauté. Les soeurs n'y échappent pas, voyant leur père tant chéri se désintégrer sous l'échec de l'enquête.



Avec une sensibilité à fleur de peau, la frontière tenue entre réalité et délires et un gout pour le tragique seront le terreau d'erreurs de jugement et de mise en danger.

Une période d'enfance qui déterminera à jamais leur vie d'adultes.



Avec une intrigue entre policier et psychologie, c'est une vision factuelle du travail d'enquêteur contraint aux résultats, un constat effrayant de l'erreur judiciaire et une compréhension de la psychose collective.



Un livre attachant, difficile à lâcher, construit sur une bien belle relation père-fille (formidable Tony), aux personnages fouillés, au suspens maitrisé (bien que quelques longueurs le ralentissent à mi-parcours), et au twist final improbable mais qu'on pardonne volontiers car on reste accroché, jusqu'à la dernière ligne.



Voici ce qui confirme mon plaisir de lectrice, à chaque traduction de Joyce Maynard.

Commenter  J’apprécie          410
L'Hôtel des oiseaux

Ce billet n'est pas simple à écrire car différents sentiments m'ont traversé durant cette lecture. Emerveilllée par la beauté d'une nature luxuriante, un peu déçue par certains chapitres.

C'est un roman où la nature joue un rôle de reconstruction, une nature qui semble avoir une âme, un pouvoir.

Je m'y suis sentie bien et cette nature a eu un effet apaisant sur moi, ce fut un refuge qui m'a fait rêver d'un monde plus sain, à l'abri de la perversité du monde du travail. Tout n'est cependant pas un havre de paix, la malveillance l'a pas du gain et malheureusement je pense un peu partout. La quatrième de couverture est suffisamment détaillée pour que je n'en rajoute pas ici, je ne transcris donc que mon avis. Il n'y a pas trop de surprise, tout ou presque est prévisible, des clichés sont également présents mais c'est malgré tout une lecture qui m'a fait du bien.

Ce n'est pas le meilleur de Joyce Maynard mais c'st un roman qui permet d'espérer et de croire aux rencontres salutaires, un roman sur la reconstruction.
Commenter  J’apprécie          400
L'Hôtel des oiseaux

Ah ! Je rêve de m’évader une quinzaine de jours, de me reposer dans un endroit rempli de fleurs, traversé par les oiseaux, caressé par un lac.

Est-ce un rêve ? Pour le moment, oui !



Mais ma lecture de ce nouveau roman de Joyce Maynard m’y a emmenée, en pensée. C’est cela, la lecture, pouvoir voyager ! Et c’est cela que j’ai aimé dans ce roman : l’ambiance de ce pays (imaginaire) d’Amérique latine, de ce coin de paradis où s’est réfugiée la narratrice après le terrible drame personnel auquel elle a été confrontée, surtout qu’elle avait connu une enfance en rupture de maman. L’hôtel où elle a creusé son nid l’a aidée à se relever et puis à se confronter à la réalité. Quitte à rencontrer à nouveau l’adversité, mais avec une force d’âme renouvelée.



Eh bien voilà. C’est tout ce que j’ai aimé dans ce livre. A part ça, je me suis ennuyée. L’auteure s’est appliquée à nous raconter la vie ou des morceaux de vie d’une multitude de personnages, ceux du village et de l’hôtel. Elle passe de l’un à l’autre de chapitre en chapitre, puis y revient quand c’est nécessaire.

Elle raconte la vie, tranquille ou émaillée de soucis plus ou moins graves, dont la narratrice est le témoin ou l’actrice. Bizarrement, je ne me suis pas attachée à l’un ou à l’autre.

Il me semblait même par moments que tout était cousu de fil blanc : je pouvais deviner ce qu’il allait se passer, c’était trop évident.

Et la fin, parlons-en ! Elle m’a semblé beaucoup trop fantaisiste, trop précipitée, et puis aussi trop…parfaite.



Bref, cet hôtel des oiseaux, j’aimerais y aller, oui, mais le relire, non.

J'ai mille fois préféré, de cette auteure, "Les règles d'usage" et "Où vivaient les gens heureux".

Commenter  J’apprécie          4011
Prête à tout

Faites entrer l'accusée!

Susie Maretto, la babydoll qui voulait qu'un oeil soit toujours posé sur sa merveilleuse personne, en permanence...Qui se voyait présentatrice de télévision, soignant son look et son tour de taille, dévorée d'ambition, les dents si longues que les coups les plus tordus ont été permis pour déblayer les obstacles sur la route de SA réussite.

Enfermée à double tour, il lui reste la notoriété possible en vendant son histoire aux médias. Elle y travaille...



Joyce Maynard se glisse dans la peau de journaliste d'investigation, pour une enquête de terrain auprès de tous les protagonistes de cet étrange fait-divers de meurtre, de sexe et d'obsession. Tour à tour, tous donnent leur vérité sur les événements, accusée comprise.



Dans cette histoire de manipulation, les portraits psychologiques sont travaillés finement. L'anti-héroïne est égocentrique, narcissique, menteuse...une personnalité pathologique crédible et fascinante pour le lecteur.



Joyce Maynard est tout aussi inspirée dans la compréhension de l'adolescence, son addiction à la sexualité si difficile à canaliser chez les garçons, le mal-être des filles au physique ingrat de la puberté, l'importance de la popularité entre jeunes lycéens. La marginalité, le milieu socio-économique difficile, la cruauté des médias dessinent une toile de fond assez noire d'une certaine Amérique.



Écrit avant l'ère de la téléréalité et d'Internet, l'auteure décrit un monde où l'image télévisuelle, omniprésente, a un pouvoir de fascination morbide, induisant un désir pervers de célébrité. Une société américaine avide de parcours de réussite en succès story et tout aussi cannibale de la chute de ses icônes médiatiques.



Le livre, inspiré de l'affaire Pamela Smart, a été adapté au cinéma en 1995 par Gus Van Sant. C'est un excellent page-turner, où Joyce Maynard se révèle intuitive dans l'évolution de notre société d'images et de communication effrénée.
Commenter  J’apprécie          393
L'homme de la montagne

Deux adolescentes, libres et fantasques, explorent au cours d'un été les contradictions et les dangers du monde des adultes. Trente ans plus tard, l'aînée raconte dans un livre ce moment charnière de leur vie.



En 1979, dans les montagnes de San Francisco, l'heure n'est pas à la psychose des mauvaises rencontres jusqu'à ce que l'endroit soit le théâtre d'une série de meurtres de jeunes filles. Pourtant, Rachel, treize ans, et sa sœur Patty, onze ans n'en tiennent compte et finissent par y rencontrer le tueur. Entre rêve et réalité, le dénouement sera à la hauteur de l'imagination des deux sœurs.



Joyce Maynard fait preuve d'une grande finesse psychologique dans ce roman des tourments de l'adolescence, du couple dysfonctionnel et de l'amour filial et fraternel indéfectible. Et même si l'histoire, inspirée d'un fait divers, accuse quelques longueurs et invraisemblances, on reste impressionné par la justesse et la profondeur de son analyse de la psyché humaine.





Commenter  J’apprécie          390
Les Filles de l'ouragan

L’écriture de Joyce Maynard me bouleverse toujours autant. Ses histoires sont très différentes mais son style toujours envoutant. J’ai suivi la vie de Ruth et Dana, sœurs d’anniversaire. A ma place de lectrice je savais ce qu’elles ne se doutaient pas et la force de l’auteure est là. C’est angoissant et pourtant limpide, je me posais de nombreuses questions pour elles alors que leur vie parait tellement évidente. Je ne sais pas comment vous donner envie de lire ce livre, je suis touchée et comme toujours les mots m’échappent. Cette histoire se termine, pour nous lecteurs, quand Ruth et Dana sont quinquagénaires. Au lieu de se plaindre et de se lamenter sur leurs parcours elles font une force de leur destin, une force de ce secret. Les personnages de cette histoire ne sont pas parfaits et tant mieux ! L’auteure nous livre leur vie sans les juger, juste en témoin, comme si elle les connaissait depuis toujours. Oui Joyce Maynard est une virtuose !
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          392




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Joyce Maynard Voir plus

Quiz Voir plus

De qui est cet extrait d’une œuvre littéraire ?

Sur un plat d’argent à l’achat duquel trois générations ont contribué, le saumon arrive, glacé dans sa forme native. Habillé de noir, ganté de blanc, un homme le porte, tel un enfant de roi, et le présente à chacun dans le silence du dîner commençant. Il est bien séant de ne pas en parler.

Marguerite Yourcenar
Marcel Proust
Marguerite Duras
Éric Chevillard

8 questions
89 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}