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Critiques de Mathias Enard (1115)
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Le banquet annuel de la confrérie des fossoye..

Ce qui est sûr, c’est que Mathias ENARD est érudit. David Mazon, personnage principal, est un anthropologue, en fin de thèse. Il a choisi comme terrain d’étude, un petit village des Deux-Sèvres. Sa thèse porte sur la vie à la campagne, à notre époque. Il souhaite interroger les villageois. Le maire du village, par ailleurs, directeur d’agence funéraire, décide de l’aider en se portant garant.



A partir de là, on va suivre, à travers les yeux de David Mazon les habitants et remonter dans le temps, via la réincarnation de ceux-ci, soit en humain, soit en animal, à travers l’Histoire avec un grand H au sens large, de ce village, de ses habitants, des guerres qui l’ont traversé… Moult références à l’Histoire !



Je vous avouerai que je me suis simplement laissé porter par l’écriture de Mathias ENARD, car je ne suis pas spécialiste en histoire.



De plus, le chapitre IV. « Le banquet de la Confrérie des Fossoyeurs », arrive comme un « cheveu sur la soupe » dans le livre. Mathias ENARD change complètement de cap et de langage. Je n’ai pas trouvé de lien entre ce chapitre et les autres.



C’est un « interlude » dans le livre. Chacun en pensera ce qu’il voudra, moi, j’ai bien ri, mais attention à la crise de foie, même si vous n’avez rien mangé ou peu depuis quelques jours ! C’est également assez cru. Jouissif !



Extrait :



« Une fois les paroles rituelles prononcées, Martial Pouvreau engloutit le contenu d’un grand calice, baigna ses moustaches, tacha sa chemise ; il fallait voir l’assistance, les visages vérolés, les yeux grands ouverts, qui patientait en tremblant et attendait son tour de pouvoir se précipiter sur le litron tant convoité, sur les pâtés que les assistants installaient, sur les cornichons, sur les animaux qui tournaient dans l’âtre.



“Ah, mes bons fossoyeux, à vous ! Longue vie à la Mort !”



On entendit alors glouglouter les liquides dans les gosiers, les bruits de langues contre les babines, les rots des moins civils, les soupirs de soulagement des plus assoiffés : le Banquet venait de commencer.



“Longue vie à la Mort, généreuse putain !”



Et tous de reprendre en chœur “Longue vie à la Mort, généreuse putain !”, dans un horrible cri de bagnards, un cri de chiourme enragée.



“Et maintenant, maintenant mes bons fossoyeux, mes creuseurs de tombes adorés, vivons, bas-beurre de baratte à couilles ! Mangeons et parlons ! Portons à nos bouches ces chairs mortes !”



Ensuite, c’est le narrateur qui reprend le flambeau, pour raconter la suite des mésaventures du pauvre David.



Alors, cette thèse, va-t-il enfin la terminer ? Hum….



Lecture en demi-teinte, mais quelle écriture ! Rien que pour ça, ce livre mérite que l’on s’y perde.

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Remonter l'Orénoque

Ignacio et Youri sont chirurgiens.

Joana est infirmière .

Elle sort avec Youri mais Ignacio l'aime aussi.

Youri se détruit par l'alcool.

Sous un été caniculaire, ce triangle amoureux vit en eaux troubles.

C'est certes bien écrit, mais je n'ai pas réellement apprécié ce roman.

Je m'y suis un peu ennuyée.

Phrases très, trop, longues, impression d'angoisse, de noirceur, de nœud qui serre.

J'ai trouvé cet roman sombre, long à lire bien qu'il ne fasse que 134 pages.
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Rue des voleurs

Le fantôme du "Pain nu" rôde dans ce roman.Il rôde parce que Lakhdar, jeune marocain de Tanger évoque lui même M.Choukri, mais surtout parce que comme lui il est torturé par le carcan de la religion et l'ostracisme qui en découle au point d'être banni de sa famille et hanté par un secret qu'il découvrira trop tard. Il n'aspire qu'à une chose, la liberté de vivre sa jeunesse, de ne pas refouler toute cette sensualité et cette vitalité qui affleurent en lui. Comme cela s'avère impossible à Tanger il rêve d'évasion et contemple les rives de l'Andalousie avec son ami Bassam. La rencontre avec une jeune touriste espagnole va alimenter ce rêve et l'amener à poser des actes pour le réaliser. Nous sommes au moment du printemps arabe et même si Lakdhar aime la poésie et se plonge dans les romans policiers pour apprendre le français , sa réalité va bien davantage côtoyer la violence et la mort que la métaphore et la douceur des rimes. Contrairement Au Pain Nu, Rue Des Voleurs est écrit dans beaucoup plus d'émotion. Le récit est moins brut et moins abrupt! J'ai beaucoup aimé cette quête de sens, d'identité chez Lakdhar, son cheminement à l'opposé du héros et pourtant si courageux et touchant dans les épreuves traversées. Mathias Enard sait nous transmettre le sentiment d'enfermement, de détresse de ce jeune marocain qui ne sait plus comment se définir et ne voudrait pas non plus être contraint de se limiter à une étiquette. Son seul véritable refuge est la lecture " la tour d'ivoire des livres, qui est le seul endroit sur terre où il fasse bon vivre."

Contrairement au Pain NU, et même si ce roman est écrit comme si cela était le cas, il ne s'agit pas d'une autobiographie. J'avoue avoir été un peu dérangée par le fait que M.Enard ne soit pas marocain alors qu'il écrit d'une voix qui laisse penser qu'elle émane de l'intérieur, alors qu'il s'agit d'un regard et d'une analyse extérieure. Le fait que l'auteur soit un spécialiste de l'arabe et ait vécu longtemps au Moyen Orient explique certainement ce sentiment d'appartenance que j'ai perçu...Quoiqu'il en soit c'est un magnifique roman que je recommande vivement.
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Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

Se faufilant dans un entrefilet cité par les biographes contemporains de Michel-Ange, Enard nous entraîne dans une uchronie (ou pas?) où le plus fameux des sculpteurs de la Renaissance italienne se rend à Constantinople à la demande de Bayezid afin de concevoir un pont sur la Corne d'Or.

L'idée est astucieuse et bien pensée.

Les personnages sont historiquement et psychologiquement très justes et proches de ce que le temps nous a laissé de leur personnalité et de leurs tourments.

La plume est belle et l'histoire se lit presque comme un conte mais, je ne sais pas trop pourquoi, j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce roman pourtant fort court (ou peut-être est-ce à cause de cette brièveté?) et je n'y ai, finalement, jamais vraiment adhéré.

J'admire le travail de l'auteur et la richesse de ses recherches mais il me reste un petit goût de trop peu.
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Boussole

Au cours d'une nuit d'insomnie, un musicologue (spécialiste des musiques orientales) érudit soliloque en se remémorant son amour lointain pour la flamboyante Sarah, l'orientaliste.

Ils sont tous deux au mitant de leur vie, si la maladie ne s'en mêle pas.

J'ai surtout admiré la grande culture de l'auteur et apprécié de lire ce roman avant de m'endormir...d'un sommeil de plomb.

J'ai été vite agacée par Sarah et par l'amour que son collègue lui voue.
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Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

Je ressors de ce roman comme d'un rêve. Très court, d'une lecture limpide, il glisse sur votre esprit, tel un songe poétique. La plume de Mathias Enard est travaillée, ciselée, mais elle est accessible. Un récit entre conte et poésie, tout en finesse, dont le titre emprunté à Kipling, déjà vous transporte.

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants.... Magnifique titre .



Michel-Ange, le célébrissime sculpteur, débarque le 13 mai 1506 à Istanbul. Sur l'invitation du sultan Bajazet, il s'apprête à succéder à Léonard de Vinci, dont les plans ont été refusés, pour réaliser un pont sur la corne d'or.



L'écriture de l'auteur tient une grande place. Je m'y étais préparée. On se prend vite dans les voiles opaques de la narration où l'histoire et sa véracité deviennent presque anecdotiques, secondaires.

Le sujet du récit n'en est pas moins intéressant : ah Michel-Ange ...

Tout ce qui touche de près ou de loin à de tels génies artistiques, est toujours un enrichissement. Ces hommes de la Renaissance ne cesseront jamais de m'enthousiasmer. Approcher le grand maître, quand bien même tout ceci ne serait qu'en grande partie une fiction, découvrir quelques facettes du personnage, le voir travailler, c'est déjà un bonheur en soi.



Mon avis



Ce roman est certes très court mais je trouve que c'est cohérent, en totale adéquation avec le projet littéraire de Mathias Enard. Moi, j'y vois une sorte de rêverie d'auteur qui un jour, a entendu cette histoire d'un hypothétique voyage de Michel-Ange à Istanbul. Cela laisse songeur en effet. Le reste est pure divagation. J'ai apprécié ce voyage aux portes de l'Orient. Un court voyage dont l'issue, la construction du fameux pont, reste très incertaine jusqu'à la fin.

Il faudra d'abord s'imprégner de la ville, admirer ses courbes et ses charmes, humer ses odeurs, observer les pas des danseurs et écouter les poètes.



Challenge Atout Prix

Challenge RIQUIQUI
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Le banquet annuel de la confrérie des fossoye..

Le Banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs, de Mathias Enard (affreuse couverture) : ce qui débute comme un journal tenu par un thésard venu observer les us et coutumes des ruraux, se transforme par élargissement de la focale, comme un grand roman historique, épique, en son centre carrément rabelaisien, pour revenir vers sa forme d'origine (le journal) en clôture. On apprend plein de choses, on meurt beaucoup, c'est parfois spirituel, souvent très drôle, exigeant de part sa taille mais le plaisir en sera à la mesure...
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Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

C'est un petit livre qui se lit vraiment bien et très rapidement. j'aime cette écriture synthétique où tout est dit, et où il n'est point besoin de 600 pages... Nous sommes là dans l'histoire de Michel Ange, cette partie de sa vie à Constantinople en 1506... Une commande qui lui permet de laisser Rome où il ne se sent pas respecté, il cède donc à l'invitation du sultan. Et nous voilà dans la Constantinople du XVIe siècle avec cet orient toujours si mystérieux. Passionnant, très instructif. L'auteur a su rédiger une beau récit tout en respectant la grande histoire, les personnages, la vérité;..
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Rue des voleurs

Parce que Lakhdar, jeune marocain de 20 ans est surpris nu avec sa cousine, il reçoit une raclée magistrale de son père qui le chasse de la maison. Il n'héritera pas de l'épicerie familiale.. . Du jour au lendemain, il est condamné à errer, à manger des fruits pourris, à trouver sa voie, à faire sa vie, dans un Maroc pauvre, avec peu de possibilités d'emplois. Il trouve après 2 ans d'errance, un emploi de libraire grâce aux islamistes. Il aime les livres, il est amateur de séries noires....

Dans un Maroc qui bouge, mais moins que les autres pays arabes, qui vivent le Printemps Arabe, les seules filles possibles sont soit les filles de la famille, interdites, soit les touristes qu'on regarde sans pouvoir les toucher.. le baiser public est puni. Un Maroc dans lequel les tentations islamistes se développent, qui n'offre pas de possibilité à sa jeunesse, sauf l'exil vers l'Europe.Ce gamin qui s'évadait par le rêve, grâce aux livres, de son Maroc écrasé par la tradition, va s'évader physiquement vers l'Europe après un court passage à Tunis.

Boulots d'exilés, sales boulots, exploitation, passeports conservés par l'employeur, pas de permis de travail, la débrouille, fantasmes amoureux sur les filles qu'on ne peut guère toucher... Exilé dans une Europe en crise qui elle aussi est sur le point d'éclater.

Un livre d'actualité, attentat de Marrakech, Indignés, crise en Espagne, Mohammed Mera, arrivée de la gauche au pouvoir en France, tentations islamistes.

Un livre "Coup de poing" empreint de pessimisme, le pessimisme d'une jeunesse qui cherche sa voie, des 2 cotés de la Méditerranée, qui peut basculer vers la violence, qui se cherche.

Comme Lakhdar .......

Un livre qui ne laisse pas indifférent, loin de là. A lire


Lien : http://mesbelleslectures.com..
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Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

Avant de m'attaquer au nouveau roman primé de cet auteur, j'ai voulu commencer par ce roman-ci dont le titre m'a fortement intriguée.



Waouh, j'en redemande!



C'est beau, poétique, envoûtant.

En très peu de phrases, très peu de mots parfois (le roman ne compte que 152 pages), Enard recrée l'atmosphère cosmopolite de Constantinople, de ses tavernes bruyantes à ses rues animées et brosse magistralement le portrait de certains des protagonistes.

On succombe à la suite de Michel-Ange à la splendeur de cet Orient mystérieux.



J'ai trouvé certaines pages si belles que je les ai lues à haute voix.

La page d'ouverture du roman est à ce titre, pour moi, exemplaire : le fait que le narrateur semble s'adresser au lecteur d'une manière très énigmatique m'a tout de suite happée.

J'étais sous l'envoûtement du récit, digne parfois des contes des Mille et une nuits.



D'autre part, j'ignorais totalement cet épisode la vie du génial sculpteur, peintre, architecte italien, mais elle éclaire bien certaines influences de ses oeuvres postérieures.

L'auteur s'est documenté sur ses personnages, sur l'époque et cela donne une véracité et une grande précision à son récit.

En outre, il arrive avec justesse à dépeindre la subtilité de l'inspiration créatrice de son personnage et son talent immense.



La forme du roman est étonnante : à un récit classique suivant le séjour de Michel-Ange en terre ottomane, se mêlent des extraits de son carnet de notes (avec notamment des listes d'objets révélateurs du quotidien), de sa correspondance à ses frères restés en Italie et les réflexions d'un personnage mystérieux qui se révélera être la personne ayant partagé certaines des nuits de l'artiste. L'ambigüité de son identité, le flou des activités de l'artiste, les temps morts de l'intrigue confèrent une qualité onirique à l'aventure orientale.

Michel Ange a vécu une sorte de rêve éveillé, en terre exotique, puis cela s'est brutalement achevé; cependant, la nostalgie et les sentiments éprouvés sont demeurés longtemps après. C'est également le sentiment que j'ai ressenti en refermant le roman.



En fait, j'ai tellement apprécié ce bouquin que contrairement à mon habitude où je dévore le tout en quelques heures, j'ai pris tout mon temps pour le savourer, sachant qu'il n'y en aurait pas beaucoup. Quel plaisir.

J'espère retrouver le même plaisir quand je m'attaquerai au prix Goncourt.
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Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

Je n'ai pas trouvé dans ce livre ce qui nous était promis dans le titre. On s'attend à une fresque historique, une épopée sous les ors et les fastes de la Renaissance, des scènes grandioses dans les palais du sultan Bayazid. Mais on ne trouve qu'un carnet de croquis, des esquisses sur un cahier de voyage, des ébauches de récit qui ne donnent qu'une vague idée de ce qu'espérait Michel-Ange en se rendant à la cour du souverain de la Sublime Porte.Le génial Italien se montre étrangement oisif, sans grande volonté, assez peu productif et finalement peu enthousiasmé par ses rencontres avec l'Orient.

Pas très convaincant, le scénario ne repose que sur des traces assez vagues du passage de l'artiste qui n'a pas laissé un grand souvenir aux stambouliotes. Contrairement à Leonardo, qui est un véritable ingénieur et architecte, Michel Ange n'est pas en mesure d'édifier un pont capable d'enjamber la mer et le projet grandiose avorte. De l'homme qui fit naitre tant de héros jaillissant du marbre, on attendrait plus de détermination pour accomplir son oeuvre. En guise d'éléphant, il accouche d'une souris. Et il ne fait que geindre sur l'avarice de ses puissants mécènes, et sur l'argent qu'on lui doit. On dirait un fonctionnaire qui attend sa prime de fin d'année.

Décevant.
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Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

La première chose que j’ai envie de dire est que la magie du conte, l'envoûtement, n'ont pas fonctionné pour moi. Oui, la langue est belle, le procédé narratif original, avec des chapitres très courts, écrits au présent du subjonctif. Le livre condense les activités quotidiennes de Michel-Ange, les sentiments éprouvés pour le futur génie par un poète turc interprète, et enfin quelques passages correspondent aux pensées d'un ou une inconnue dont l'identité mystérieuse est bien vite devinée.

Au final, on découvre l'histoire d'un être frustre, bien loin du génie que j'avais imaginé, qui ne sait pas trop où il en est. Les chapitres sont trop courts pour m’immerger dans une autre culture, il y peu de réflexions sur l'art en tant que tel. J’ai toujours imaginé qu’artiste rimait avec sensations et sentiments, et « Michelagnollo », comme le surnomme son frère, parait un personnage qui semble bien loin de ces deux univers, coincé entre son envie de créer des œuvres immortelles, la radinerie de la papauté, son complexe vis à vis de Vinci, son refus de la sensualité et de l’amour.

Quant à l’écriture, ma foi… certains chapitres sont à mon avis complètement inutiles ou inintéressants (à mon avis hein, mais puisque je le donne…), comme ceux qui inventorient les possessions ou achats du grand homme :

« 19 mai : bougies, lampe, deux petites pièces ; brouet (herbes, épices, pain, huile) autant ; poissons en fritures, deux pigeons, un ducat et demi ; service, une petite pièce ; couverture de laine, un ducat. Eau fraiche et claire. »

Une page pour si peu…



Et puis il y a des passages certes poétiques, mais dont la métaphore m’échappe complètement :

« Je ne cherche pas l’amour. Je cherche la consolation. Le réconfort pour tous ces pays que nous perdons depuis le ventre de notre mère et que nous remplaçons par des histoires, comme des enfants avides, les yeux grands ouverts face au conteur. »

Au commencement était le verbe, parait-il, et du verbe naquit le monde. De cette image jolie et poétique ne nait qu’incompréhension et étonnement de ma part.

Enfin, je suppose qu’il y a une jolie métaphore concernant le pont, qui pourrait relier des cultures, des pays, des hommes, etc… mais c’est pareil, je suis passée à côté !

Bon, le petit singe est mort, c’était mon personnage préféré avec Mesihi, le poète, qui en avait fait cadeau à l’Italien. Il y a aussi du bon dans ce prix Goncourt des lycéens 2010, du bon sur lequel je ne m’étendrais pas, les autres critiqueurs en parlent mieux que moi.



Je reste, au final, assez déçue de cette lecture, et suis étonnée que des lycéens aient choisi ce livre pour un titre aussi prestigieux.

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Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

Lorsque j'ai refermé l'écrin qui renfermait ce beau roman, je me suis sentie charmée par le chant qui parcourt ce récit incantatoire.

Je n'ai pas tant retenu le fait historique en toile de fond du récit : une partie peu connue de la vie de Michel Ange résidant à Rome et appelé en 1506 par le sultan Ottomane Bajazet afin de construire un pont sur la Corne d'Or dans l'Istanbul de la Renaissance (Constantinople).

Je me suis délectée de chaque page, je les ai savourées une à une, lentement, laissant doucement pénétrer en moi cette mélodie des phrases au charme envoûtant.

Dans ce roman,chaque phrase, chaque paragraphe résonne au rythme de la musique évoquée dans le roman par Matthias Enard.

La tonalité lyrique du roman est une ode à l'art et à la création, à l'amour, à la sensualité et à la littérature.

Matthias Enard évoque le long et patient travail de conception de Michel Ange dans son atelier bien sûr mais on se laisse surtout griser par la danse enchanteresse de l'amante que Michel Ange rejoint dans les tavernes, après le travail à la nuit tombée,par la description sensuelle des son corps de rêve qui se meut avec grâce et légèreté au rythme d'une chaleureuse musique orientale, par la description du parcours artistique du corps de celle-ci dans l'intimité par Michel Ange qui ne consommera cependant pas la relation.

Par l'écriture et à travers la sensualité de Michel Ange, Matthias Enard nous invite à nous laisser aller à ce lent « dérèglement de tous les sens » dans les tavernes avec les effets de la boisson,de la musique envoûtante qui résonne dans le texte, de la nuit tombante.

Ce récit est aussi ponctué par la narration épique et lyrique des batailles de la Renaissance, elles sont comme un refrain et ponctuent les chapitres.

La quatrième de couverture insiste sur le fait historique, il me semble pourtant que la dimension lyrique du roman est essentielle.

N'hésitez pas, et laissez vous hypnotiser par ces belles histoires de rois, de batailles et d'éléphants.



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Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

Parle-leur de poésie persane, de Bayazid, d'Ali Pacha, de palais ottomans, de Sainte Sophie, de Constantinople, de pont sur la Corne d'Or, de Michel-Ange.

Ajoute quelques intrigues pour lier le tout.

Et le lecteur sera comblé et peut-être déçu de ce plaisir trop court.
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Prendre refuge

Mathias Enard apprécie les passerelles entre l'orient et l'occident. Avec l'aide de Zeina Abirached, il propose aux lecteurs une histoire d'amour impossible entre une jeune syrienne réfugiée en Allemagne fuyant son pays en pleine guerre.

Parallèlement nous suivons le périple de deux voyageuses assistées d'un archéologue découvrant t les bouddhas de Bamyan.

Ces deux histoires se recoupent pour démontrer le sort des réfugiés qui n'arrivent pas à s'adapter en Allemagne et dont le seul besoin est de la bienveillance. Neyra trouvera dans l'amour de Karsten ce refuge si protecteur tout comme les grottes de Bamyan qui servaient d'ermitages aux moines.

Ce roman graphique tient son originalité de la convergence entre l'astronomie poétique que Neyra propose et Orion le chasseur pointant son arc au scorpion symbole de destruction. Si pour les voyageuses le scorpion sera l'Allemagne de 1939 prête à faire la guerre ; en mars 2001 le scorpion sera celui qui détruira les bouddhas géants symboles de sagesse et d'éternité.

Un roman en noir et blanc qui gomme les nuances comme les douleurs trop grandes qui occultent le goût de la vie.

La carte du tendre à l'heure des conflits de notre époque met un peu de douceur dans ces souffrances de femmes et hommes fuyant leur pays, leur famille et tout repère.

Un livre sur la perte dont la lecture m'a laissé un goût de tristesse.
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Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

Particulier ce roman, découpé en séquences de quelques pages d'une écriture où la poésie à sa place entière.



On suit Michelangelo Buonarroti à Istanbul dans un projet de construction de pont sur la Corne d'Or.



L'amour et l'architecture se construisent et se détruisent de la même façon, sur fond d'art et d'influence politique, circonstances fortuites, poursuite de la perfection de l'idéal d'amour et de beauté.



J'aime le parti pris de points de départ qui sont de multiples documents historiques, reliés à l'interprétation romanesque qui peut en être faites, à la réalité du livre.



Le titre et le concept qu'il représente sont le sujet.



Laissez vous embarquer dans ce monde entre réalité et fiction.
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Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

En 1506 le sultan Bayazid (Bajazet) demande à Michel-Ange de venir à Istanbul pour y dessiner un pont reliant les deux rives du Bosphore. le sculpteur accepta t-il cette invitation ? Les historiens n'en sont pas sûr. Les spécialistes de l'art repèrent dans son oeuvre une influence turque. Par ailleurs après une controverse avec le pape Jules II, Michel-Ange se fait discret à Florence. Il n'en faut pas plus à Mathias Enard pour imaginer le séjour de l'artiste à Constantinople. Outre le sultan et le vizir Ali Pacha, un autre personnage historique hante ses pages, le poète Mesihi.

Ce récit ressemble à un rêve.





Challenge ABC 2016-2017



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Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

Un petit bijou de 150 pages : chapitres très courts, une à 3 pages, échanges de correspondances….

Un mois de la vie de Michel-Ange appelé à Constantinople par le sultan pour dessiner un pont qui devra relier la ville à un de ses faubourgs. Un mois où l’auteur va nous faire découvrir avec les yeux de Michel-Ange la vie à Constantinople, ses monuments, un partie de son histoire, et surtout cet artiste qui va aimer, et être aimé , qui va passer des nuits blanches pour penser ce projet, jeter des esquisses, rencontrer ce sultan opposant du pape qui lui a également commandé des œuvres. On en apprendra un peu plus sur sa rivalité avec son aîné Léonard de Vinci, sur les guerres entre le monde chrétien et le monde musulman entre le pape et le sultan….

150 pages envoûtantes de raffinement et de finesse faciles à lire : une vraie découverte et la fin du livre romancé, l’auteur nous dit : « Tel fait est décrit dans tel ouvrage, le dessin du projet de ce pont se trouve dans les archives ottomanes, les lettres sont conservées là…. »

Un amoureux des mots

Un livre romancé, mais en partie seulement
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Boussole

« Boussole » Mathias Enard (Actes Sud, 370 pages)

Commençons par la fin, l’obtention du prix Goncourt 2015, un prix supposé couronner un roman. Surprenant, car il n’agit guère ici d’un roman, même si le terme s’affiche bien sous le titre en page de couverture. Il y a bien un prétexte romanesque, une histoire d’amour (manquée bien sûr), mais tellement artificiellement plaquée qu’on sent justement le prétexte, presque la manœuvre éditoriale permettant l’inscription du livre dans le genre littéraire le plus vendeur. Et l’on suppose que ce n’est pas cette dimension qui a séduit le vieux jury, mais une déclaration d’amour à une impressionnante érudition orientale et européenne.

J’ai lu « Boussole » comme une foisonnante discussion très savante et très décousue sur les rapports entre Orient et Occident, essentiellement dans le domaine des arts, musiques et littératures en particulier. Pendant une longue nuit d’insomnie dans son petit appartement de Vienne, Frantz Ritter, musicologue, universitaire, solitaire, insomniaque, malade, et épris d’un amour sans fin qui n’a jamais su se trouver, le « Je » narrateur choisi par Mathias Enard, nous guide dans sa passion orientaliste d’un monde en pleine mutation, dans les rapports complexes et fantasmatiques que nous ici en Europe entretenons avec cette culture si riche et si captivante. Et son amour quasi impossible pour la belle Sarah, ce désir construit sur une grande proximité en même temps qu’une incompréhension pour une part irréductible qui signe une sorte de décalage échappant à chacun, n’est sans doute que la métaphore de l’attirance mystérieuse d’un monde occidental pour cet Orient. Ritter tourne et retourne ses souvenirs de voyages à visée de recherches culturelles et de rencontres ou colloques universitaires à Damas, Alep, Istanbul, Téhéran… La fascination qu’il éprouve pour ce monde s’appuie sur celle de nombre d’artistes d’aujourd’hui ou d’hier qui sont souvent allés chercher leur inspiration là-bas, ou dans la représentation parfois parfaitement imaginaire qu’ils se font de cet Orient. Et Ritter/Enard de les citer abondamment, de rebondir sans cesse de l’un à l’autre, de dénicher les passerelles qui unissent les artistes d’ici et ceux de là-bas. Il faut accepter ce parti-pris pour entrer et tenir dans le livre. D’autant que l’écriture ne m’a pas semblé particulièrement « goûteuse » ; les phrases sont souvent longues ou très longues, les digressions innombrables, et les digressions dans les digressions, et parfois les digressions puissance 3, à coups de tirets et de parenthèses, ou de « Tiens, à propos… » adressés à l’auditeur-lecteur. Sur ce plan-là, le livre ne m’a pas particulièrement emballé, j’avais parfois l’impression de suivre un monologue un peu empâté par les fumées de l’opium. Et une petite pique moqueuse en passant à l’encontre du chanteur Roberto Alagna, une autre plus méchante qui vise Éric-Emmanuel Schmitt sans le citer nommément n’apportent pas grand-chose.

Et pourtant, étrangement, « ça fonctionne », et je n’ai pas eu un seul instant envie de poser ce livre, je m’y suis donné avec beaucoup de plaisir. D’abord parce qu’il y a aussi de l’humour, les anecdotes sont très vivantes, et si je me suis parfois perdu, si le sel de nombreuses références m’a échappé, le récit n’est jamais pédant, ça n’a rien d’un essai ardu, il n’est pas réservé à une élite, le ton de la conversation le rend léger. On peut trouver que le vieux Ritter radote, mais quel puits de culture, ce qu’il raconte est si souvent passionnant, si bien illustré qu’on n’a pas envie de le faire taire en fermant le livre. Au-delà des éléments relevant de l’histoire des arts (petite ou grande histoire), j’ai découvert aussi d’autres aspects : par exemple comment l’empire allemand cherche, durant la première guerre mondiale (puis plus discrètement sous le nazisme), à fabriquer un « Djihad » pour tenter de s’allier les combattants « mahométans » et les retourner contre les armées anglaises et françaises. Surtout, la force de Mathias Enard, c’est de nous faire comprendre par mille petits faits concrets en quoi l’orientalisme en vogue au XIXème et au XXème siècles s’appuie à la fois sur une envie désintéressée de comprendre vraiment un monde fascinant, mais aussi en quoi cette mode-là a pu être, et peut être encore le refuge d’une pensée colonialiste, méprisante, niant l’altérité et l’originalité au nom d’une pseudo supériorité européenne.

Le plus grand plaisir de cette lecture, c’est de côtoyer un Orient riche de sensualités, de culture, d’images exceptionnelles, de musiques envoûtantes, un Orient que seuls les « bas de plafond » n’ont pas envie de découvrir. Reconnaître cet Orient-là, c’est aussi reconnaître cet Orient qui niche en nous, cet étranger que chacun porte en soi, ce voisin si proche, c’est accueillir cette altérité, car tous nous avons notre Orient. Et ça, c’est réussi.

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Boussole

Un livre vraiment impressionnant. Cependant, la lecture ne m’a pas donné beaucoup de plaisir. Le livre constitue une immersion dans un monde de la musique et de l’histoire. Il y a une abondance de petites histoires intéressantes, de récits captivants et d’anecdotes amusantes. Ce nombre de faits, présenté l’un après l’autre, sans pause, sans cesse, devient rapidement fatigant. L’auteur saute de sujet à sujet. C’est un livre qui présente surtout un train de pensées et une collection de souvenirs et de réflexions. Ces souvenirs, ces pensées et ces récits sont souvent intéressants, mais, bref, l’ensemble, cette pile d’histoires, c’est trop.



Je trouve le livre bien écrit mais le texte est de temps en temps difficile à lire. Les phrases sont très, très longues et elles forment souvent seulement un entassement de propositions subordonnées. Pour moi, c’est un livre fatigant. Il contient trop d’informations et peu de structures. Peut-être c’est une chose personnelle, mais j’aime les livres qui contiennent des alinéas reconnaissables et des chapitres clairs.



Je crois que l’auteur est un écrivain érudit qui étale sa connaissance d’une façon impressionnante. Malheureusement, seul le savoir ne suffit pas pour rendre un livre captivant.



Le livre a gagné le Prix Goncourt en 2015.
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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