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Critiques de Nicolas Delesalle (317)
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Valse russe

Je suis un fidèle de Nicolas Delesalle. Que ce soit avec ses récits ou ses fictions, il m'a toujours convaincu. Il faut dire que même s'il est journaliste avant d'être romancier, il excelle dans les deux registres.



Sur la couverture de ce livre, il est écrit « roman », mais tout ce qui est raconté tend vraiment vers l'histoire vraie. Dès le début du conflit ukrainien, l'auteur est sur place pour assister aux évènements. Au plus près des gens, il peut ainsi ressentir le pouls de la population sur place et nous rendre compte. le lecteur est donc immergé dans le moment, par le biais de scènes de la vie quotidienne de ses combattants.



En parallèle de son récit, il nous raconte le destin de deux hommes issus des deux camps qui se retrouvent à vivre ensemble par la force de la guerre. Ces personnages montrent que la vie continue son chemin sur les cendres de la bataille.



Cette « Valse russe » est une danse qui nous entraîne entre réalité et fiction au coeur du monde cruel. Elle permet aussi à l'écrivain de mettre ses origines à l'épreuve. En effet, sa mère étant russe, il possède un certain nombre de souvenirs liés à ce pays. Son passé et son présent s'entrechoquent. Il peut faire le parallèle entre la Russie qu'il a connu dans sa jeunesse et la patrie destructrice qu'elle est devenue.



Ce récit d'un demi-russe en pays ukrainien est empreint d'une grande nostalgie. On sent tout le désarroi du narrateur devant la tragédie. Mais c'est aussi une version très humaine de cette guerre à travers les victimes collatérales. Nicolas Delesalle est un fin raconteur qui sait faire voyager ses lecteurs et toucher leur sensibilité. A mon goût, il n'est pas assez reconnu. Vous savez ce qu'il vous reste à faire !
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N'habite plus à l'adresse indiquée

Belle surprise de nouveau, après Mille Soleils du même auteur.

Avec son écriture, fluide et percutente, l'auteur sait installer une ambiance, camper des personnages et maintenir un suspense et une attente. Le dénouement est à la hauteur.

Ce roman plus profond et touchant que le résumé ne le laisse paraître, est une belle réussite : on s'attache à cette héroïne malmenée par la vie, à ses acolytes soucieux de son bonheur. Et la fin ne peut laisser indifférent.

Un auteur à lire.



Merci aux éditions Préludes et à NetGalley pour la découverte de cette histoire.

#NhabitePlusàLadresseIndiquée #NetGalleyFrance
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Le goût du large

Un témoignage intéressant de bout en bout, d'Anvers à Istanbul, au fil des pensées et des souvenirs de Nicolas Delesalle.

Le voyage sur un cargo marchand est ici propice à l'introspection et à la remémoration d'épisodes vécus par l'auteur, journaliste reporter aux quatre coins du globe.

Le récit alterne considérations personnelles et souvenirs, le fil conducteur étant le voyage, la mer, la vie à bord...

Les multiples histoires racontées par Nicolas Delesalle font sens et interrogent sur le monde et notre part d'humanité. Elles nous entraînent d'Indonésie en Afghanistan, de Côte d'ivoire en Syrie, et sont toutes pertinentes.

C'est une belle découverte pour moi que ce livre...
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Un parfum d'herbe coupée

Doc, Marty McFly... Ok, tout le monde est là ? Hey, faut pas oublier Einstein ! Voilà c'est bon, allez hop, plus qu'à s'engouffrer dans la DeLorean.

Z'actement, parce que "Un parfum d'herbe coupée", c'est ni plus ni moins que cette voiture mythique planquée derrière un masque littéraire dans l'espoir qu'on la reconnaisse pas.

Ben c'est raté !

Dans le genre voyage dans le passé, on peut pas imaginer mieux. Nicolas Delesalle nous rend ça tellement vivant qu'on a l'impression que c'était hier alors que pas tout, houlà non, en vrai c'était avant-hier.

Le lycée, les tournois de sport le samedi (voire le dimanche matin, ce qui obligeait à se lever à l'aube et donc à essayer désespérément de se rappeler pourquoi déjà on avait choisi de faire du sport, et à quoi bon vu qu'à part quelques exceptions, on était à peu près tous dans des équipes archi nulles qui auraient fait exactement le même score – sinon mieux – si on était resté au lit), les premiers flirts aussi, sûr-que-voilà-cette-fois-c'est-la-bonne-ça-y-est-c'est-le-grand-Amour (à 12 ans et demi quand même, il était temps !), les paris idiots (mais rigolos)...

Bref qu'importe notre âge, Delesalle ce qu'il nous raconte c'est des trucs intemporels parce qu'on est tous passés par là, entre l'école, les copains et les vacances où si on ne risque pas à chaque instant de perdre un bras, une jambe ou un oeil dans une expérience foireuse, on estime qu'on ne s'est pas vraiment amusé... Ça rappelle des souvenirs à certain(e)s ?



Mais si tous les chapitres de ce livre, qui sont autant de saynètes à la gloire des lardons qu'on était, nous refont visiter le passé, c'est parfois aussi par d'autres biais, involontaires j'imagine, mais quand l'auteur nous parle de ses séjours dans la campagne profonde avec ses heureusement maladroits chasseurs d'habitants, leurs bonnes tables et leurs façons sans façon, j'y peux rien moi ça me fait aussitôt penser à Strip-Tease, pour d'autres ce sera peut-être des réminiscences différentes mais l'objectif originel sera atteint pareil, ce but étant à n'en pas douter : la nostalgie.



Entre humour, tendresse et parfois (pas souvent mais quand ça arrive, ça fait pas semblant) tristesse (pour ceux qui l'ont lu, je pense bien sûr au chapitre salement intitulé "Le Trou"), Nicolas Delesalle en nous racontant ses jeunes années jusqu'à sa paternité toute neuve réussit le pari d'un livre attachant, le genre qu'on va pas ranger trop loin parce qu'on sait déjà que régulièrement on lui refera prendre l'air, oh oui, et pis en plus ça tombe bien, ce sera toujours plus facile à ressortir qu'une DMC-12.
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Le goût du large

« Cargo de nuit » chantait, voilà quelques décennies, Axel Bauer : c’est un peu l’expérience vécue par Nicolas Delesalle, grand reporter à Télérama. Cargo de nuit, mais pas seulement, puisque le trajet effectué au milieu des containers va durer une dizaine de jours. Le temps pour le MSC Cordoba (porte-conteneurs allemand sous pavillon libérien, 1269 boîtes embarquées, dont les marins ne connaissent généralement pas le contenu), d’effectuer le trajet d’Anvers à Istanbul. Une croisière un peu particulière au cours de laquelle l’auteur va côtoyer l’équipage philippin, dont les membres vivent éloignés de leur famille la majeure partie de l’année, mais aussi Maité, seule autre voyageuse à bord.



Ces quelques jours au large vont être l’occasion pour l’auteur de se remémorer différentes histoires liés à ses déplacements précédents, généralement sur des zones de conflits. Comme si le fait de se retrouver sur l’eau, à l’écart de la terre ferme, offrait un recul suffisant pour mieux témoigner de la réalité de notre monde actuel.



Ces histoires mêlent les propres souvenirs de Nicolas Delesalle, avec ceux d’autres personnes rencontrées, comme par exemple une responsable des Nations-Unies en Côte d’Ivoire. Un regard lucide, sans concession, sur le monde d'aujourd'hui, émanant d’un homme qui, du fait de son métier, doit faire face à l’injustice, à la cruauté de la guerre, à la misère humaine.



Les passages très émouvants alternent avec d’autres plus légers, teintés d’humour. Certains récits sont poignants, très durs parfois (particulièrement ceux ayant pour cadre l’Afrique). J’ai terminé il y peu « Gringoland », un roman de Julien Blanc-Gras, dans lequel je trouvais que le personnage principal, absolument antipathique, portait un regard froid, plein de mépris, sur le monde auquel il souhaitait aller se confronter. Rien de cela dans ce document de Nicolas Delesalle, bien au contraire : celui-ci offre, à travers toutes ces rencontres, un récit profondément humain, plein d’émotion. Il y a toujours une flamme, un espoir, une étincelle de vie, chez toutes les personnes rencontrées, en dépit de leurs situations parfois dramatiques.

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Un parfum d'herbe coupée

Lors de la rencontre avec l auteur, au Thé des écrivains, j'ai compris comment le livre était né, et qu il s agissait en fait d une envolée de bulles échappées de sa mémoire.

Grandes ou petites, irisees ou plus "opaques"elles témoigneront un jour de son passage sur Terre (ce qui est un peu le voeu de chacun, non?).Dans tout ce qui se rapporte à l enfance, il est facile de s identifier, quelle que soit sa génération. La mise en images, l analyse qui est faite de certaines situations m ont fait penser" c est ça, c est vrai, je le ressens ainsi".De quoi donner envie de lire à tous, , même à ceux qui n ont pas encore osé se lancer dansla lecture d un livre.
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Suite aux terribles événements qui ont endeuillé notre pays en janvier 2015, "Le livre de poche" a pris l'initiative de publier plusieurs textes d'auteurs et de reverser le bénéfice de la vente à Charlie Hebdo.



60 textes d'auteurs contemporains et d'auteurs des siècles passés composent ce recueil.



Autant d'auteurs, autant de points de vue, autant de manières de réagir face à la barbarie.



Certains textes apportent des pistes de réflexions, d'autres écrits à chaud sont davantage empreints d'émotion. Les textes d'auteurs des siècles passés nous apprennent que certaines problématiques ont la vie dure, que la liberté de pensée est un combat.



Autant d'auteurs, autant de points de vue, écrivais-je plus haut. Donc difficile d'adhérer à toutes les opinions publiées, question de sensibilité, de vécu, de personnalité. Mais je ne peux que louer l'élan de solidarité suscité par cette belle initiative.
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N'habite plus à l'adresse indiquée

Nicolas Delessalle est un auteur aux multiples visages. Il m’avait ému avec son livre reportage « Le goût du large » puis il m’avait bluffé avec son dernier roman « Mille soleils » aux émotions exacerbées. Deux livres puissants et pourtant si différents. Et cette fois-ci, il récidive dans l’originalité avec ce nouvel ouvrage.



Pour nous raconter la petite histoire de Sissi, il va utiliser une forme narrative assez insolite. En effet, le narrateur est un ancien collègue de l’héroïne qui rapporte l’aventure sous forme de monologue. Il a rencontré une inconnue et il lui décrit tous les évènements.



Mais à l’instar d’une discussion ordinaire, son discours est familier et parsemé de digressions. Et comme il parle tout seul, c’est parfois un peu difficile à suivre, en particulier dans la première moitié du livre. Ensuite, l’affaire proprement dite prend le dessus, les pièces s’emboîtent et le texte monte en puissance.



En divaguant, le narrateur en profite pour nous présenter toute l’équipe qui entourent l’intrigue. On se retrouve alors aux côtés de ces pieds nickelés qui vont se mettre en action pour essayer de découvrir la vérité à propos du mystère Sissi. C’est loufoque, souvent drôle et d’une grande sensibilité. Ces personnages sont attachants par leurs défauts. Malgré leur médiocrité, ils font preuve d’un cœur énorme et apportent beaucoup d’émotions à cette enquête amoureuse.



Ce que l’on pourrait reprocher à ce livre se situe peut-être au niveau de sa couverture. En effet, pour un lecteur qui ne connaît pas cet auteur, je crains que cette présentation ne l’induise en erreur et qu’il s’attende à une simple romance sentimentale. Ne vous arrêtez donc pas à cette première impression. Nicolas Delesalle excelle une nouvelle fois dans son approche de l’âme en souffrance. Je vous conseille de tenter l’expérience avec cet auteur, qui tout en se renouvelant complètement à chaque texte, va vous bouleverser avec son humanité débordante.
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Mille soleils

Après avoir découvert Nicolas Delesalle et sa plume dans "Le goût du large", j'ai plongé dans son troisième livre avec beaucoup de plaisir.

Son écriture est directe, percutante, parfois amusante, toujours plaisante.

L'histoire nous emmène aux côtés de Vadim, Simon, Alexandre et Wolfgang, qui, lors du retour d'une semaine de recherches astrophysiques en Argentine, vont avoir un accident de la route, au coeur d'une immensité désertique.

Cet accident est le prétexte pour l'auteur à des allers retours dans le passé de ses personnages et des réflexions fort intéressantes sur le sens des choses et de la vie.

C'est un livre qui se parcourt tout seul avec beaucoup de plaisir.

Un petit bémol sur l'histoire de la cycliste sud-africaine que l'on retrouve à plusieurs reprises dans le récit, mais qui je trouve n'apporte pas grand chose au récit.

Une lecture très sympa en tout cas, il me reste à découvrir de l'auteur "Un parfum d'herbe coupée"...
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Un parfum d'herbe coupée

Attention, préparez-vous à remonter le temps. Pas de science-fiction ici, pas de voyage temporel à bord de DeLorean ou de machine tout droit sortie de l'imagination d'H. G. Wells. Chez Nicolas Delesalle, on voyage à travers les souvenirs. Et quel voyage...



J'ai vingt-deux ans et plonger dans ces souvenirs qui viennent d'un autre âge est une expérience troublante. C'est comme observer de derrière une fenêtre une époque révolue, comme épier de derrière les rideaux toutes ces choses que nos parents et grand-parents ont connu et qu'on ne connaîtra jamais. Comme toucher du bout des doigts une nostalgie qui ne nous appartient pas vraiment. Je n'ai que deux décennies de vie, je suis encore trop jeune pour la vraie nostalgie, mais celle de Nicolas Delesalle me percute et me ramène en enfance. Dans la mienne, et dans la sienne aussi.



L'histoire n'a rien de linéaire, l'auteur nous expose, chapitre après chapitre, des tableaux de son enfance, de son adolescence, de sa vie d'adulte. La construction est décousue, ne suit pas de logique particulière, on se contente de lire chaque souvenirs, dont la longueur varie, rassemblant ainsi les pièces du puzzle, ces morceaux de vies, qui permettent de construire Kolia, le narrateur.



J'ai rarement été autant touchée en lisant un roman ou devant un style d'écriture. Celui de Nicolas Delesalle a su me trouver et faire vibrer ma corde sensible. Souvent, j'ai souris, mais encore plus souvent, je me suis retrouvée en larmes, complètement désarçonnée par les mots choisis, les figures de styles employées (dont l'auteur est friand) et la tournure des phrases qui forment ensemble un amalgame nostalgique dont j'ai eu du mal à me défaire une fois ma lecture terminée. Le style de l'auteur a beau s'entourer d'une certaine légèreté, celle des souvenirs, il y a de la gravité enfouie dans tous ces segments de vie. La gravité de l'oubli et de la finitude de toutes choses, de l'enfance, d'une époque, de la mémoire, de la vie aussi.



Laissez-vous embarquer sans hésitation dans la spirale de Nicolas Delesalle, dans ses rêves d'enfants et questions de jeune adulte, sa famille, ses premières fois, les grands événements - personnels ou non - ayant entourés sa vie et dans ses pensées d'une poésie pleine de justesse et de nostalgie.
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Un parfum d'herbe coupée

Un livre sympathique qui nous rajeunit, le temps des souvenirs d'enfance de l'auteur, anodins et banaux, exhalant à la fois un parfum reposant d'insouciance et marquant cependant les ruptures qui ont fait l'homme qu'il est devenu. Un brin de nostalgie exsude de ces pages bien écrites, sur un ton vivant et imagé, qui sonne juste, même si les souvenirs sont mélangés sans souci de chronologie. Avec le printemps et le soleil qui reviennent, voilà une lecture enjouée pour retourner sur notre propre jeunesse.
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Le goût du large

Dans une période anxiogène et pleine de troubles comme celle que nous vivons présentement en France (pandémie du covid-19 et les restrictions qui en découlent, exacerbation des tensions nationales et internationales, etc…), rien de plus naturel que de vouloir « prendre le large » dans tous les sens du terme. Comme la situation mondiale actuelle ne nous permet pas de nous mouvoir et de voyager comme nous le souhaiterions, il nous reste les livres, les récits de voyages.



Nicolas Delesalle est un grand reporter travaillant pour le journal « Télérama ». De par sa profession, il a eu l’opportunité de bourlinguer un peu partout dans le monde. Mais ce qu’il nous propose, avec « Le goût du large », c’est d’embarquer avec lui, à bord d’un cargo pour un périple allant d’Anvers (Belgique) à Istanbul (Turquie) et ce, pendant 9 jours.

Pour l’auteur, ce voyage est surtout l’occasion de s’extraire du monde des hommes, de la frénésie qui régit leur société et se laisser gagner par une sérénité que seul le désert liquide d’un océan pourra lui apporter. Durant cette parenthèse, à défaut de pouvoir se baigner dans l’Atlantique ou la Méditerranée, il plonge dans ces souvenirs de reporter en Afghanistan, en Indonésie, en Estonie, en Russie, en Egypte ou bien encore au Congo et il se remémore ces rencontres marquantes parfois drôles, parfois stressantes, parfois tragiques ou même incongrues avec les locaux. À l’image du bateau qui le transporte, Nicolas Delesalle voit sa boite crânienne comme un cargo et chaque souvenir est un conteneur.



En quatrième de couverture, Estelle Lenartowicz (journaliste au magazine « Lire ») fait l’éloge de ce récit de voyage en affirmant : « Une étonnante fenêtre sur le monde contemporain. ».



C’est vrai, Nicolas, nous ouvre une fenêtre sur le monde d’aujourd’hui et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas beau. En effet, durant la quasi-totalité du livre, on passe de la tragédie du tsunami de 2004 en Indonésie aux massacres de masse en Côte d’Ivoire, en passant par les temps austères de la crise financière en Grèce et les guerres civiles du Printemps arabe. Si on souhaite s’évader de la réalité actuelle que nous vivons, ce n’est pas le livre à lire. À l’inverse, si l’on veut porter un regard lucide et donc désenchanté sur le monde, alors, « Le gout du large » conviendra.

D’ailleurs, l’auteur écrit en fin du récit : « J’étais épuisé par le malheur des autres, projeté d’une tête à l’autre par le miracle de l’interview, la tête fardée de témoignages tristes, désemparés. »



Mais ensuite, à son arrivée à terre, à Istanbul, il écrit : « Cette bulle d’harmonie vient de crever. Le liquide amniotique se déverse à mes pieds. Il faut respirer l’air vicié de la ville à pleins poumons, hurler en silence et renaître à la terre autant qu’aux hommes, ces grands primates que je hais à cet instant et que je chérirais de nouveau dans quelques heures, pour leurs failles, leur inconséquence, leurs paradoxes, leur grandeur et leur bassesse, le miroir qu’ils me renvoient à chaque instant au visage. »



Nicolas Delesalle a une manière assez poétique de décrire ce qu’il voit et cela se ressent dans la tournure des phrases qui sont agréable à lire. Mais comme je m’attendais à plus d’optimisme et de joie à la découverte de contrées lointaines, c’est un rendez-vous manqué.
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Le goût du large

Dans de nombreuses critiques faites sur Babelio pour Le goût du large de Nicolas Delesalle, revient la notion de récit de voyage. Je ne trouve pas que le livre soit un récit de voyage.

Sylvain Tesson quand il se pose en Sibérie , quand il revient de Moscou en moto ou encore quand il traverse les chemins noirs de la France nous fait un récit de voyage.

Nicolas Delesalle lui nous donne des fragments , des souvenirs de sa vie journalistique , des instants de ces reportages.

Si il y a un récit de voyage c'est un récit interne.

Et quoi de mieux qu'un porte container pour nous parler de lui.

Le porte container symbole de notre armoire à souvenir et émotion.

Tous ces containers colorés anonymes, juste marqués par une référence chiffrée qui vont d'un océan à l'autre avant d'être débarqués.

Ce long porte container , ces différents ponts , son équipage Multi-ethnique voguant au gré des océans. Un environnement spartiate , pas très stable.

C'est sur l'un de ces porte containers , le MSC Cordoba que Nicolas Delesalle va embarquer à Anvers pour atteindre Istanbul 9 jours plus tard.

Pendant 9 jours il va découvrir le goût du large. Mais pas le goût du large vécu lors d'une croisière avec cocktails , soirées dansantes et excursions dans des lieux paradisiaques.

Non il va découvrir le goût du large quotidien d'une dizaine de marins ayant laissés familles et proches pour travailler sur un porte container dont ils ne connaissent pas le chargement, mais dont ce chargement représente le monde économique actuel.

Le goût du large lors d'une croisière vous éloigne du monde ,dans une bulle de frivolité et de luxe surfait.

Le goût du large dans un porte container vous raccroche au monde.

Alors que l'on pourrait croire que ce voyage dans les flancs de ce bateau de fer et de rouille soit un enfermement , un moment hors du monde , et bien c'est tout le contraire.

Nicolas Delesalle est présent au monde et la pérégrination du MSC Cordoba est pour lui le moyen d'ouvrir ses containers d'émotion et de souvenirs.

Et l'ouverture de ces containers nous offre une écriture simple , émue , humoristique . Une écriture qui nous fait humer les embruns de l'Océan ,mais aussi les effluves de l'Afrique , de l'Asie ou encore l'humidité prégnante d'un coin du Causse Noir vers Millau.

Cette écriture nous fait entendre les cris , les détresses, les espoirs de ces pays , de ces peuples bordant la Méditerranée.

Comment ne pas être profondément touché par ce passage du porte container entre Tunisie et Sicile , "surfant sur une mer de cadavres " alors qu'aujourd'hui l'Aquarius a toute les peines du monde pour trouver un port accueillant aux migrants.

Par tous les souvenirs de ces reportages , Nicolas Delesalle nous instille la réalité de notre monde contemporain.

Ce monde que nous ne souhaitons pas toujours voir . Un container anonyme , coloré, mais bien fermé dont nous voulons ignorer le contenu.



Le goût du large est un beau roman de vie.


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Un parfum d'herbe coupée

« Tout passe, tout casse, tout lasse. » C’est le dernier conseil laissé par Papito à son petit-fils, Kolia. À la mort de son grand-père, ce dernier commence l’écriture d’une longue lettre adressée à son arrière-petite-fille, vie qui n’existe pas encore. D’une génération qui disparaît à une génération qui n’a pas encore poussé son premier cri, Kolia est un lien vivant qui entreprend de se souvenir pour ne pas disparaître. « J’ai compris que je vais mourir toute ma vie, comme tout le monde, je mourrai quand j’apprendrai la mort des autres. » (p. 166) Il raconte les vacances, l’école, la famille, les premières fois – premier baiser, première peur, première conscience de sa présence au monde, etc. –, les joies et les peines. « Je retourne me coucher, mais j’ai changé. C’est la première fois que je vois mon père pleurer. » (p. 218)



Loin d’être une simple compilation de souvenirs, ce roman est un hommage ému à l’enfance et une nouvelle définition de la nostalgie. « Les adultes font souvent mine de s’étonner du désespoir baroque des adolescents, mais cet étonnement est un leurre, ils n’y croient pas eux-mêmes ; au fond, ils savent très bien à quel point c’est compliqué de se relever quand on tombe de son enfance. » (p. 47) Portée par une très jolie plume, cette histoire donne envie de serrer une vieille peluche contre soi, d’ouvrir un album photo ou de téléphoner à une grand-mère ou un vieil ami. Au détour de certaines pages, je suis un peu tombée amoureuse de Kolia. J’ai pleuré avec lui (et pas qu’un peu) la mort de son chien. Nicolas Delesalle offre un premier roman très réussi, parfois un peu pataud dans l’émotion, mais véritablement attendrissant.

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Le goût du large

le style est très agréable mais toutes ces guerres,

tortures, enfants massacrés, risquent d'amener la

déprime
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Un parfum d'herbe coupée

"Tout passe, tout casse, tout lasse". Ce sont les dernières paroles, les terribles paroles je devrais dire, prononcées par son grand-père malade qui marquent tellement Kolia (l'auteur donc puisque Kolia est le diminutif de Nicolas), que pour laisser une trace de son passage, il décide d'adresser une lettre ouverte à Anna, sa future arrière-petite-fille, qui n'existe pas encore !



L'auteur nous livre des morceaux d'enfance et d'adolescence, mais aussi des moments importants de sa vie de jeune adulte et de jeune père.

Il nous parle avec autant de tendresse et d'humour, de ses souvenirs d'écolier que de la maison de famille où il passait ses vacances, des lectures qui ont été pour lui parfois initiatiques, que des enseignants qui ont marqué son adolescence et l'ont fait grandir.

Ce sont tous ces petits riens qui font une vie (et il n'a que quarante ans... il faut qu'il imagine ce que ça sera dans 10 ans ou plus !).



Ces propos sur son enfance, sa vie de famille, et les moments précieux où il a laissé tomber son innocence pour grandir, sont incroyables de justesse, de poésie et riches en humour et en émotions.

Il laisse derrière lui son enfance sans aucune pointe de nostalgie, car un jour, nous dit-il, où son père tondait la pelouse, où ses sœurs s'occupaient à des trucs de filles...il a vécu un instantané fabuleux, celui du bonheur et bien sûr le parfum d'herbe coupée suffit à l'aider à se remémorer cet instant !



C'est un roman facile à lire, court et émouvant qui fait du bien et qu'il faut découvrir absolument. Il est tout en finesse, en simplicité, sans prétention et sans fioriture et il nous touche parce qu'il nous va droit au cœur...



Pour en savoir plus...


Lien : http://bulledemanou.over-blo..
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Le goût du large

"Le cargo commence à me digérer. L'océan me dissout peu à peu. Je ne vérifie plus l'état du réseau sur mon téléphone portable. Je ne cherche plus à m'occuper l'esprit. Le voyage commence vraiment maintenant".



Une parenthèse hors du temps, une pause dans l’éternelle course contre la montre, qui n’en a pas rêvé ? Certains ne se contentent pas de rêver, ils embarquent sur un cargo. Au milieu d'une mosaïque de containers. Loin du confort et de la foule policée des croisières de masse. Loin des sentiers balisés des voyages organisés. Sans autre distraction que le spectacle grandiose offert par la nature, l’immensité de la mer, les couleurs du ciel, le ballet des dauphins ou des baleines. Sans autre compagnie que celle d’un équipage de marins philippins aguerris à la solitude et à l’éloignement. Parfois celle d’un autre passager. On se côtoie sans se gêner, en respectant la bulle de l'autre. Pour le narrateur, le cargo s’appelle le MSC Cordoba, le port d’embarquement Anvers, la destination finale Istanbul et la passagère Maïté.



Neuf jours de navigation. Neuf jours de vagabondage pour un esprit enfin délivré des contingences quotidiennes. Neuf jours où les souvenirs remontent, inspirés par l'itinéraire du bateau. Souvenirs d’une vie de reporter de terrain entre conflits, débrouillardise, attente, danger et surtout rencontres improbables. Au fil de l’eau, les images prennent corps. De l’Afghanistan à l’Ukraine en passant par la Côte d’Ivoire, la Syrie ou la Sicile. Images de conflits modernes. Visages d’hommes et de femmes pris dans le chaos du changement, acteurs des révolutions pour les générations futures. Sur cette mer synonyme d’aventure et d’ailleurs, impossible de ne pas penser aux réfugiés qui jouent leur vie sur quelques kilomètres.



"Et puis je me suis miré dans le bleu hypnotisant de l'Atlantique. Regarder la mer pendant des heures est une activité mystique qui vous habille d'une robe de bure invisible. A la longue, l'océan se mue en écran sur lequel se projettent des images floues".



C'est avec beaucoup de finesse et d'humanité que l'auteur nous emmène à sa suite, tous les sens en éveil. Les moments de repos contemplatif alternent avec les escapades dans sa mémoire, riches en événements et en anecdotes. D'où émergent des figures inoubliables.



Le voyage que propose Nicolas Delesalle n’est pas hors du temps, au contraire. Il offre un panorama du monde dans lequel nous vivons, témoignage vivant d’un observateur attentif et privilégié. Et raconte la seule chose finalement essentielle : au bout de chaque voyage, seuls comptent et restent les hommes. Une incitation aux rencontres, à l’ouverture sur le monde. A vivre ensemble, tout simplement.
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Un parfum d'herbe coupée

Je remercie frimoussette sans qui je n'aurai jamais lu ce livre.

Premier roman édité chez Préludes éditions, j'aime bien cette collection.

L'auteur nous emmène avec lui dans ses souvenirs d'enfance,c'est plein d'émotions, de tendresse mais c'est aussi assez drôle par moment,la période "ado" est pleine d'humour, d'autodérision.

C'est un roman sans prétention qui se lit gentiment, un petit moment de détente dans un monde en effervescence.
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Un parfum d'herbe coupée

Après avoir inhumé sa grand-mère, Kolia efface son grand père en une ligne et poursuit son itinéraire macabre en remémorant l’explosion de la navette Challenger, la catastrophe de Beaune, l’enterrement de son chien Raspoutine et finit errant parmi les tombes du cimetière du Père Lachaise après avoir porté en terre un ami mort au volant de sa voiture.



Marqué par la lecture de Boris Vian, notre petit Duduche narre une jeunesse sans joie et sans espérance où le seul rêve est de rouler dans une GTX et non une GTS.



On comprend ainsi comment la France est devenue le premier pays au monde pour la consommation de tranquillisants et antidépresseurs.



Cet ouvrage morbide m’est tombé des mains et je n’aurais pas fini sa lecture si je n’avais promis à Babelio de le lire consciencieusement et partager mon ressenti.



Ce parfum d’herbe coupée est un livre d’un grand nihilisme écrit par un enfant meurtri. Puisse-t-il libérer son auteur et son talent prometteur en lui ouvrant le cœur et le regard.

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Un parfum d'herbe coupée

On a droit à une série d'anecdotes marquantes de la vie du héros. On assiste au rembobinage d'une foule de ses souvenirs et de ses sentiments, ce qui nous amène à nous faire rêver sur nos propres souvenirs et sentiments, parce qu'on a tous forcément vécu un aspect ou l'autre du récit. Ca peut concerner les gens qui ont eu un chien, les gens qui partaient en vacances en voiture et en famille (au sens large, c'est-à-dire avec chien, chat, lapin, etc), ceux dont les parents sont séparés, ceux qui ont des origines russes,…



Comme moi, le héros (et auteur ?) a eu une révélation quand il a découvert la lecture. La description de son vertige correspondait à la mienne. Comme moi, il écoute Indochine (en cachette), connait Retour vers le futur par coeur et regarde Game of Thrones. Et les lecteurs pourront tous être touchés par l'humour de toutes ces petites choses anodines (comme son père qui tond la pelouse et dont la manière de faire ressemble à celle de mon propre père).



En gros, j'ai l'impression d'avoir feuilleté un album photos de ma famille. Un petit goût de nostalgie grâce à Masse Critique et Préludes, comme un petit parfum d'herbe coupée.
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