Pascal BRUCKNER. Un bon fils.
La couverture de cet ouvrage nous présente une photo intime : un père, allongé dans l’herbe, à ses côtés, son petit garçon, vêtu d’un bloomer et un petit bouquet de marguerites à la main : image de bonheur, de sérénité.
Ce récit autobiographique de Pascal BRUCKNER, est bien éloigné de l’illustration bucolique, ce père, souriant qui nous regarde effrontément et l’enfant, qui en signe d’obéissance baisse la tête. Nous découvrons avec stupéfaction que ce père n’a pas été, ni un bon père, ni un bon époux. Pendant toute son existence, d’homme marié, de père de famille, il n’a cessé de battre, d’insulter femme et enfant. Ces querelles atteignent un tel paroxysme que dès l’âge de dix ans, le petit garçon, tout en priant, implore Dieu de le venger, de tuer son géniteur.
Il nous décrit sa petite enfance, marqué dès ses premières années par la maladie qui l’a tenue, éloigné de sa famille ; dès ses trois quatre ans, il a vécu en sanatorium, en Suisse, en Autriche, en Allemagne. Enfin guéri, il rejoint ses parents. Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Son père est un homme violent, manipulateur, colérique, anti-juif, pro-nazi. Tous les jours, cet homme humilie son épouse, la rabaisse, la dénigre, la violente. Cette femme demeure entièrement soumise à son prédateur. Cependant ils ne se sépareront pas, ne divorceront pas et l’enfant assistera à de terribles scènes de violence… Comment parviendra-t-il à échapper à la dictature imposé par le despote ?
Il se met à nu et nous évoque son parcours intellectuel, pour sortir du marasme familial. Il nous narre tout le chemin qu’il a du faire afin de ne pas tomber dans la souricière tendue par son père. Il n’a cependant jamais lâcher la main de ce père, il l’a accompagné jusqu’au bout ; Oui c’est vraiment un bon fils. Grâce à son éducation, ses rencontres avec son frère de cœur, d’adoption, Alain FINKIELKRAUT, il a gagné la bataille livrée par ce père tyrannique. Sans pathos, il nous livre son combat de tous les jours, sa liberté gagnée, son autonomie, sa volonté de vivre envers et contre tout. Une fort belle leçon de vie, et une belle confession. Fils légitime , il a trouvé un père intellectuel : Roland BARTHES, le philosophe, directeur de sa thèse. . N’ayant pas de véritable père, sauf à l’état-civil, il a cherché un père d’adoption, un remplaçant au sien. Merci Pascal pour ses douloureux aveux. Je recommande la lecture de ce roman autobiographique.
( 02/03/2023).
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