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Critiques de Pat Conroy (424)
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Beach music

Beach Music, saga dense et foisonnante, retrace le parcours de cinq américains qui ont grandi en Caroline du Sud et tissé les liens profonds et magiques, si spécifiques à l'enfance.

Les passages les plus captivants plongent dans le passé et évoquent les bouleversements de l'histoire qui ont imprimé à jamais les familles et les esprits (l'holocauste, la guerre de Sécession, celle du Viet-Nam).

J'ai adoré aussi l'improbable fratrie des cinq Mc Call qui chahutent, se mordent, se rudoient et se poursuivent comme une portée de jeunes chiots fougueux, alors même qu'ils ont atteint l'âge adulte depuis belle lurette;

Pour le reste, Pat Conroy a un goût immodéré pour le mélodrame (des générations d'alcooliques, de meurtriers, violeurs, suicidés et autres bourreaux de femmes et d'enfants) et un style un tantinet pompeux.

Dommage, il aurait gagné à être un peu simplifié.
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Le Prince des Marées

Le Prince des Marées

Pat Conroy (1945-2016)

« Ma vie ne commença réellement qu’à dater du jour où je trouvai en moi la force de pardonner à mon père d’avoir fait de mon enfance une longue marche de la terreur…Je vous dirai sans ambages qu’il fut un père terrible et destructeur. »

Ainsi s’exprime Tom le narrateur fils de Henry Wingo, un homme violent et fantasque, pêcheur de crevettes professionnel, lui-même fils d’Amos Wingo, un homme bon et pieux et de Tolitha, une mère globe-trotter. Henry et Lila son épouse ont trois enfants, Savannah, Luke et Tom.Tom est le frère jumeau de Savannah ; ils sont nés en 1944.

Tom parlant de sa mère :

« De ma mère je reçus l’amour de la langue, la capacité de mentir sans remords, un instinct meurtrier, la passion de l’enseignement, la folie et le romantisme du fanatisme. »

La famille Wingo habite en Caroline du Sud au sein des marais côtiers, sur l’île de Melrose. On devine dès le prologue que de nombreux problèmes vont assaillir cette famille. Comme le dit Tom dès l’entame :

« L’histoire des Wingo est une histoire faite d’humour, de grotesque et de tragédie. Avec une prédominance de la tragédie…Nous étions nés dans une maison de souffrance, de drame et de complication. »

Parlant de ses parents, Tom raconte :

« Chacun d’eux devint expert dans l’art de détruire le meilleur de l’autre…Ils furent d’abord des amants pour terminer en ennemis implacables et irréductibles. Amants, ils donnèrent vie à des enfants ; ennemis, ils firent des enfants abîmés et meurtris… Cependant je percevais toujours en eux la chatoyante fureur d’un amour intense, même dans les pires moments, même dans les instants de grand danger…Entre eux, les messages étaient toujours complexes et confus, et je n’ai jamais réussi à sonder la profondeur de leur relation éminemment éruptive. »

Plus loin Lila jugeant ses enfants :

« Luke le fanatique, Tom le raté, Savannah la cinglée ! »

Quelle famille ! En résumé Tom s’exprime ainsi :

« Durant tout le temps de mon enfance, mon cœur fut plein de compassion pour ma mère et de rage rentrée contre mon père. »

Rescapé de la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre de Corée, Henry est haï de ses enfants. Tom nous fait part dès le début de son amour pour sa mère dans son enfance, une mère belle et parlant beau, dont il a désiré le contact charnel bien des années encore après qu’elle eut cessé de se sentir obligée de le toucher. Fils d’une mère très belle et d’un père pêcheur, amoureux des bateaux et de leurs formes, Tom a vécu au bord d’un fleuve avec l’odeur des vastes marais salants pour dominer son sommeil. Il est né en pleine Seconde Guerre mondiale, à l’aube de l’ère atomique, il a grandi en homme blanc sudiste affirme-t-il et alors il vivait avec brio la haine qu’il avait consciencieusement appris à nourrir contre les Noirs. Puis changeant de cap en ayant pris conscience de son ignominie, il est entré dans le mouvement en faveur des droits civiques pour tous.

Plus tard, Tom, professeur et coach sportif, se marie avec Sallie qui est médecin ; ils ont trois filles, Jennifer, 10 ans, Lucy, 9 ans, et Chandler, 7 ans. Ils habitent dans l’île de Sullivan en Caroline du Sud, face à Charleston.

Les rapports entre Tom est sa mère se sont au fil des ans dégradés depuis qu’elle vit avec un autre homme. Sa sœur jumelle Savannah, poète, psychotique, a fait une nouvelle tentative de suicide.

C’est par le récit de Tom à Susan, la psychiatre en charge de Savannah que l’on apprend toute l’histoire de la famille Wingo. Car Tom qui est parti à New York pour tenter de sauver sa sœur jumelle, se sent investi d’une mission, une tâche à accomplir pour expliquer pourquoi sa sœur s’ouvre régulièrement les veines, pourquoi elle a des visions abominables, pourquoi elle est hantée par une enfance conflictuelle et dévalorisante. Un jour n’y tenant plus, Tom livre un terrible secret à Susan, un secret que pourtant lui-même, Luke, Savannah et sa mère se sont jurés, sous la contrainte de Lila la mère, de ne jamais dévoiler, les condamnant ainsi à pérenniser le drame jour après jour et nuit après nuit.

Dès le début du récit on est envouté par la qualité du style et de la traduction. Tom qui est séduit par le charme de Susan écrit :

« Les yeux de Susan avaient cette mélancolie ambiguë à laquelle je m’étais accoutumé, sauf qu’à présent ils me contemplaient dans la lumière tamisée d’une salle de concert où s’épanouissait toute l’amplitude de sa généreuse féminité. Son parfum m’enivra de désir et j’éprouvai un peu de honte, mais guère, à sentir s’éveiller en moi une délicieuse et sensuelle inclination pour la psychiatre de ma sœur. »

Et plus loin regardant jouer Herbert le mari, violoniste réputé, de Susan et Monique sa maîtresse joueuse de flûte :

« Ils donnaient corps au cousinage érotique de la flûte et du violon. Herbert tirait la musique de son violon comme un couturier déroule la soie sur la table. Il tenait son menton posé sur les formes féminines du violon, et la musique de Vivaldi parut portée par son sang, par ses muscles… »

Drames et moments de paix se succèdent dans ce sublime roman de plus de 1000 pages qui se termine en apothéose avec le combat donquichottesque de Luke pour que la vie du Sud reste ce qu’elle a toujours été, une vie d’amour de la nature et de la terre au sein d’une famille réunie et retrouvée.

Le Prince des Marées, roman bouleversant, est un des plus beaux livres qu’il m’ait été donné de lire.

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Le Prince des Marées

Me voici abasourdie par ce très grand roman, un énorme coup de coeur pour moi, que je ne suis pas prête d'oublier. C'est très dense et très drôle et très du et très intelligent, et servi par une écriture épatante!

Le prince des marées, c'est l'histoire de la famille Wingo, racontée par le narrateur, Tom Wingo, qui part à New York au chevet de sa soeur jumelle, qui vient de s'ouvrir une nouvelle fois les veines, et qui déroule l'histoire familiale à la psy de celle-ci, pour tenter de dénouer le noeud de sa souffrance. Les thèmes abordés sont loin d'être gais: violence familiale, guerre du Vietnam, racisme, suicide donc, et ça continue dans le genre... Et pourtant ce n'est jamais désespérant, peut-être grâce à l'humour cynique du narrateur, qu'il utilise pourtant pour se couper des gens et se protéger, peut-être pour le bouillonnement narratif extraordinaire du roman....Peut-être aussi pour la beauté qu'on y trouve au détour d'une page, dans la mer et les marais qui voient grandir les petits Wingo, enfants d'un pêcheur de crevettes et qui se nourrissent de cette nature comme d'une force.

Brillant, à mettre entre toutes les mains, à recommander à tous d'urgence!
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Le Prince des Marées

"Savannah, je risque de dégueuler si tu persistes à parler de Luke comme sujet de tes poèmes à venir, dis-je. Nous ne sommes pas en pleine poésie. Il s'agit d'une expédition ]...[

- Une odyssée, alors, dit-elle..."



Et puis vient l'épilogue... et je suis en larmes.

Je ne veux pas le lire. Je ne veux pas que ce soit fini !

1070 pages... et ce n'est pas assez.



Pat Conroy m'a imposé des pages entières décrivant entrainements et matchs de football... moi qui déteste le foot.

Il m'a emmenée dans des batailles cruelles et glauques de la guerre au Vietnam... moi qui honnis les histoires de combats.

J'ai rencontré des gens racistes, des sudistes machistes, ... moi qui apprécie la bienveillance.

Il décrit la violence, la folie avec tant de profondeur... moi qui ai besoin de légèreté.



Et pourtant...



Long ? Non !

Ennuyant ? Jamais !

Drôle ? Parfois.

Intéressant ? Indubitablement !

Grand ? Absolument !

Bouleversant ? Terriblement !

Et magnifique ! et merveilleux ! Ce livre, il m'a prise aux tripes. Il m'a baladée dans la Vie. Il m'a tourneboulée. Il m'a déconfinée...



Un chef-d'oeuvre. Une orchestration magistrale. J'ai adoré !



Je vais lire l'épilogue...

Et pourtant...

Je ne veux pas que ce soit fini...



"Elle fit demi-tour et, face à la lune qui se trouvait plus haut maintenant et virait à l'argent, elle se dressa sur la pointe des pieds, leva les bras vers le ciel et s'écria d'une petite voix fragile mais fière :

        《Maman, encore, s'il te plaît !》"



Ce fut tellement beau...
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Le Prince des Marées

Quand j’ai appris la nouvelle de la mort de Pat Conroy, je me suis sentie triste, et ne pouvant pas parti­ciper ni de près ni de loin au deuil qui doit toucher profon­dé­ment ses proches, j’ai décidé de relire « le prince des Marées » ; roman qui m’avait profon­dé­ment marquée en 2002.



4

Ma relec­ture atten­tive de ce gros roman (600 pages) m’a remis en mémoire tout ce que j’aime chez cet auteur. Tout d’abord, son formi­dable humour et j’ai encore bien ri à la lecture de la scène où sa grand mère entraîne ses petits enfants dans le choix de son cercueil, au milieu de tant de souf­frances d’une enfance ravagée par la violence d’un père et de l’insatisfaction de sa mère, ce petit passage où Tholita (la grand-​mère) finira par faire pipi de rire sur les azalées du centre ville est un excellent déri­vatif aux tensions créées par les drames dans lesquels la famille Wigo est plongée.



J’ai de nouveau apprécié la construc­tion roma­nesque : nous connaî­trons peu à peu les drames succes­sifs de la famille à travers l’effort que doit faire le person­nage prin­cipal, Tom, pour aider la psychiatre de sa sœur jumelle, Savannah, à s’y retrouver dans le délire psycho­tique de celle qui est aussi une poétesse admirée du tout New-​York des lettres. Ce procédé permet de rompre la chro­no­logie et de croiser plusieurs histoires. « Le prince des marées » est un roman foison­nant et géné­reux le drame est toujours mélangé à une énergie vitale qui permet de supporter les pires vile­nies des humains. C’est peut être le reproche qu’on peut faire à ce livre , cette famille est vrai­ment touchée par une série de drames trop horribles. Parfois on se dit : c’est trop! mais peu importe, c’est si extra­or­di­naire de décou­vrir le Sud des États Unis sous plusieurs facettes : le racisme ordi­naire, la reli­gion, le côté bonne éduca­tion, la force des éléments.



Enfin ce livre est un hymne à la nature et les descrip­tions vous emportent bien loin de votre quoti­dien. C’est le genre de roman que l’on quitte avec regret chaque soir et que l’on voit se terminer avec tris­tesse. Bravo Monsieur Part Conroy d’avoir su écrire sur l’enfance marty­risée en gardant la tête haute et votre merveilleux sens de l’humour; et merci, vos livres ont fait voyager tant de gens vers un pays dont vous parlez si bien.
Lien : http://luocine.fr/?p=5900
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Le Prince des Marées

Quelle chance incroyable que ma bibliothèque ait eu envie de faire un rayon spécial auteurs américains pour les vacances de Pâques

Comment ai je pu passer à coté de ce livre depuis qu'il est sorti !

C'est un bijou !Il y a tout ce qui fait la vie !Un peu plus fort,un peu plus violent pour une seule famille mais je crois qu'il existe cependant des histoires comme celle ci au sein de certaines .

Mon cœur a été malmené ,mes yeux ont eu quelques difficultés pour déchiffrer certains paragraphes car l'eau des marées s'y est déposée à maintes reprises !

J'ai aimé l'amour de la nature ,l'amour pour ses racines,pour les siens,quelque soit la difficulté d'aimer ,de comprendre ,de s'y prendre...J'ose dire que c'est un livre qu'il faut avoir lu !



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Le Prince des Marées

Un magnifique roman sur le sud des Etats-Unis :

Une île perdue au fin fond de la Caroline du Sud et une famille de pêcheurs qui lutte pour survivre. Un père violent et une mère pétrie d’ambition, pour qui rien d’autre n’a d’importance, vont marquer à jamais leurs trois enfants. Le Sud, un peu décadent, plante un décor idéal pour cette histoire aussi trouble et humide que les marais qui l’enveloppent.
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Le Prince des Marées

Effroyable et fascinant.

Un roman fort. Un titre magique et mystérieux. Un style qui manie les non-dits,le flash-back ,les images. Une ecriture captivante qui vous pousse à la lecture ,qui vous happe....une histoire bien construite

Trois personnages principaux aux caractères différents mais unis par leur amour fraternel. C est l’histoire de la famille Wingo...
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Le Prince des Marées

On m’avait dit, tu vas voir Le Prince des marées, c’est génial. Je me méfie toujours des avis trop enthousiastes par peur d’être déçue. C’est à moi de vous le dire maintenant. Le prince des marées c’est génial. Cela faisait longtemps que je n’avais pas été aussi emportée par une lecture. Mon édition grand format pèse son poids et pourtant, je l’ai traînée avec moi jusqu’à Rome tant je ne pouvais pas abandonner Tom, Savannah et Luke.



Le Prince des marées c’est une saga familiale, celle des Wingo, modeste famille de pêcheurs de Caroline du Sud. Le roman débute dans les années 50 dans une Amérique profonde et ségrégationniste avec un père violent et alcoolique, une mère soumise et torturée. Luke, Tom et Savannah vont grandir dans cette atmosphère étrange. Quand le roman commence, Savannah a fait une nouvelle tentative de suicide. Son frère jumeau Tom la rejoint à New-York et rencontre sa psychiatre. Cette dernière lui demande de raconter leur histoire familiale pour tenter de comprendre et sauver Savannah. Des années 50 aux années 80, nous allons alors remonter le temps et nous plonger au cœur de cette famille tourmentée et pourtant aimante à sa façon.



A travers ses personnages, l’auteur raconte l’évolution de toute une société envers les femmes, les noirs, les enfants. Certains passages sont d’une rudesse incroyable; d’autres sont poétiques. Tom, le personnage principal, est un garçon qui a été élevé par un père raciste et autoritaire. Il va lentement évolué, mûrir, grâce à Savannah notamment. Il y a une scène à laquelle je ne m’attendais pas vraiment, le genre de scène qui vous ébranle et vous marque durablement. Il y a les choix d’une mère qu’on ne peut excuser ni pardonner. Dans ce roman, Pat Conroy a su mettre toute l’âme du Sud. C’est une ode à la Nature, à la beauté des choses simples. C’est l’Histoire de l’Amérique et de cette famille. C’est un roman grandiose, d’une richesse incroyable qui appelle le lecteur à poursuivre sa lecture alors qu’il vient de la refermer.



Je peux l’affirmer à présent: « Le Prince des marées » est un chef d’œuvre inoubliable!
Lien : https://carolivre.wordpress...
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Beach music

Un bon gros pavé de 922 pages mais de Pat Conroy, dont j'avais adoré le prince des marées et Charleston sud. Du coup j'y suis allée confiante et en effet je suis de nouveau sortie émue de cette lecture. Il a vraiment un don de conteur, c'est certain et les décors de Caroline du Sud magnifie bien le tragique et la beauté du récit. Jack vit en Italie avec sa fille Leah depuis le suicide de sa femme. Il a coupé les ponts avec ses proches de Caroline du Sud jusqu'à ce coup de téléphone qui lui annonce la mort imminente de sa mère. Il se rend à son chevet et doit, cinq après, se confronter à ses souvenirs, son passé et surtout à sa famille et sa belle-famille qu'il a laissé derrière lui.

J'ai adoré me plonger dans les multiples histoires des personnages de ce roman : des lieux (Waterford, Rome, La Pologne) et des évènements ( L'holocauste, la guerre du Vietnam...) bien différents qui ont forgé chacune des personnalités du récit. C'est un récit prenant , avec des moments vraiment émouvants, de l'humour, de l'amour ...des personnages très attachants et réalistes. On peut dire que c'est quasiment un coup de coeur.



Challenge Pavé 2022
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Le Prince des Marées

Il m’est très difficile de raconter ce roman tant il parle d’introspection et de résilience. Nous sommes ici dans l’analyse de soi et de la famille.

L’auteur parvient à transformer des vies somme toute banales et tristes en un conte des mille et une nuits par la magie de l’écriture. A travers le prisme de l’enfance, il arrive à mettre de la poésie là où il n’y a que mensonge, haine et manque des adultes. C’est une étude au scalpel de la parentalité.

La description des marées de la Caroline du Sud est magnifique. Elle contribue à faire de Melrose Island un endroit enchanteur malgré la violence de l’être humain.

C’est un roman remarquablement intelligent et magnifiquement écrit. Il m’a procuré beaucoup d’émotions.

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Le Prince des Marées

Tom, entraîneur de foot dépressif, a eu une enfance difficile. Un père pêcheur de crevettes brutal et bourru, une mère aimante mais égocentrique et sudiste jusqu’aux bouts des ongles, des grands parents excentriques. Entre mépris de classe, violence domestique et violence sociale, le petit Tom tente de survivre.

Arrivé tant bien que mal à l’âge adulte, il se retrouve confronté au mal être de sa jumelle, Savannah, poétesse new yorkaise reconnue. Alors quand celle-ci tente de mettre fin à ses jours, il part aider sa psychiatre à recomposer le puzzle de leur enfance abîmée, et se retrouve ainsi malgré lui sur le divan…

J’ai aimé cette plongée dans les marais de Caroline du sud, l’âpreté de la vie à bord des crevettiers, les méandres des histoires familiales de Tom et plus généralement l’ambiance conformiste et étriquée de cette bourgade sudiste où la lutte pour le pouvoir des uns rejoint l’ambition démesurée des autres.

J’ai un peu moins aimé le ton larmoyant de notre petit prof raté, ses idées ambiguës sur le droit des femmes, son humour cynique très agressif, la petite guerre intestine qui oppose, dans son discours, les new yorkais prétentieux aux pèquenauds sudistes.

Trop d’envolées lyriques dans cette écriture pour moi, et quand même pas mal d’auto apitoiement, de la part d’un personnage principal que j’ai eu du mal à apprécier.

Au final, raconter son analyse c’est un peu comme raconter ses rêves : Trop intime, trop personnel, ça gonfle un peu les autres.

Mais malgré mon agacement par moment, et malgré les 1100 pages de ce gros pavé, j’ai été poussé jusqu’à la fin par la plume entraînante de Pat Conroy, qui reste un excellent conteur.
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Le Prince des Marées

« Luke le fanatique. Tom le raté. Savannah la cinglée. » Et ce jugement péremptoire que leur mère a un jour porté sur eux, les trois enfants, l’aîné et les deux jumeaux, vont passer leur vie à s’efforcer désespérément soit de le confirmer soit de l’infirmer.



C’est une tentative de suicide de Savannah, coutumière du fait, qui constitue le fil directeur de ce roman. Il s’agit, pour la psy qui la suit, de remonter aux origines de son mal-être pour le comprendre et lui venir en aide, dans la mesure du possible. Poétesse reconnue, sujette à de multiples visions, Savannah a aussi tendance à occulter les événements douloureux et significatifs de son passé, qu’ils aient eu lieu dans le cadre familial, le père, alcoolique, étant d’une extrême violence, ou qu’ils aient surgi, monstrueux, de l’extérieur.



Si bien que c’est Tom, son frère jumeau, le narrateur, qui lui sert pour ainsi dire de mémoire, ramenant à la surface des souvenirs précieux dans la perspective de la guérison de sa sœur. Ce faisant, c’est aussi son propre passé qu’il lui faut affronter. Si son père est devenu violent, c’est que, lorsqu’il était lui-même enfant, il a imputé le départ de sa mère à la faiblesse de son propre père auquel il n’a dès lors pas voulu ressembler. Être violent, pour lui, c’était être fort. Ce faisant il a servi, à son tour, de contre-exemple à Tom qui, faute de modèle paternel fiable auquel se conformer, va éprouver bien des difficultés à se trouver des repères constructifs.



Quant à Luke, de retour de la guerre du Vietnam, il finira, par se lancer avec exaltation, dans une guérilla désespérée, seul contre tous, pour préserver l’île de son enfance de réquisitions territoriales de l’État. Il y perdra la vie.



Ce sont toutes sortes de moments émouvants, intenses, dramatiques, d’anecdotes savoureuses qui courent au fil des pages et de cette pérégrination au milieu des souvenirs. C’est aussi tout un tableau des États-Unis, et tout particulièrement des états du Sud, qui se trouve progressivement brossé. Ce sont ses magnifiques paysages qui nous sont offerts. On est confronté, avec les personnages, au racisme, à la Guerre du Vietnam. On partage la vie quotidienne d’un pêcheur de crevettes. On s’enthousiasme pour leurs matchs avec les joueurs de l’équipe de football. On est emporté par les images, les odeurs, les cris des mouettes qui suivent les bateaux.



L’enfance que Luke, Tom et Savannah ont vécue, entre un père brutal et une mère qui fait du silence sur ce qui leur est imposé, à elle comme à ses enfants, une vertu, s’est avérée pour eux particulièrement dévastatrice. Et pourtant… Pourtant ils finissent par porter sur elle un regard attendri. De leur propre aveu, ils n’auraient pas voulu en vivre une autre. Sans doute, entre autres et surtout, parce que c’est ensemble qu’ils ont dû affronter ces épreuves et qu’elles les ont amenés, question de survie, à tisser entre eux des liens indestructibles.

Quant à pardonner au père d’avoir fait de leur enfance un chemin de terreur… « Il ne pouvait rien à ce qu’il était. Et nous non plus. »

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Beach music

Quel régal ! Quel roman extraordinaire !

Roman polyphonique par excellence, même si la voix de Jack McCall, le personnage central, l'emporte sur toutes les autres.

Au coeur de la Caroline du Sud, plusieurs amis traverseront les épreuves de la vie et celles du temps.



D'abord l'histoire s'inscrit dans l'amour d'un père pour sa petite fille qu'il doit élever seule. Dans la sauvegarde de cet amour.



Il faut dire que toutes ces pages sont imprégnées par le dur parcours de l'amour et de l'amitié ; ces voies sinueuses, parfois difficiles, laborieuses qui marquent le territoire intime des individus.



Pat Conroy nous ouvre la porte.

Sur l'Amérique à feu et à sang des années 60.

Sur les camps de concentration de 39-45.

Sur les plaies qui sont encore vives entre le Nord et le Sud des États-Unis.

Sur le Vietnam qui divise.

Sur la folie qui épie ceux qu'on aime.

Sur la trahison.

Sur l'amour qui unit, déchire... les amants, les parents, les frères, les soeurs, les amis.

Sur les blessures de l'enfance et de l'adolescence que nous pensions guéries.

C'est le paysage de toute une génération que nous offre Conroy.

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Le Prince des Marées

J'ai déjà lu d'excellentes chroniques sur ce livre, je pense que je n'ai plus grand chose à raconter en ce qui concerne l'histoire de ce long roman qui se lit si vite!

En revanche, je voulais absolument partager mes impressions après avoir terminé la lecture de cette perle!

Tout le long de la lecture de ce "pavé", je n'ai cessé de me poser une question: "comment ai-je pu passer 45 ans de ma vie sans lire cet écrivain?!?" Pat Conroy nous décrit des faits tellement tristes, il parle d'une famille que l'on pourrait qualifier de "marginale" ou "dysfonctionnelle", une famille dans laquelle aucun enfant ne devrait grandir! Bon Dieu, non! Mais contée par Pat Conroy, l'histoire de cette famille devient plutôt aux yeux du lecteur ou de la lectrice que je suis une famille unie par l'humour et l'amour dans le décor d'une nature que la plume de ce virtuose de la littérature américaine nous dessine magnifiquement bien! Un des plus beaux livres que j'ai lu! J'ai bien entendu lu un tas d'articles sur cet écrivain malheureusement disparu, on l'a comparé à John Steinbeck ou encore à Faulkner...Il se situe sans doute parmis ces grands écrivains mais il avait la fantaisie et l'humour d'un John Irving, doté d'une écriture simple, poétique et fluide, parlant de la fraterie avec amour un peu comme Frank McCourt ou Jeannette Walls...Mais il était on ne peut conclure après avoir lu un livre pareil qu'il était tout simplement Pat Conroy, un écrivain au talent peu comparable, un être avec un talent indéniable, passionné et passionnant et je ne compte pas m'arrêter à un livre, le plus connu sans doute, le suivant sur ma liste est "Beach music"!
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Beach music

Quel paradoxe que ce Pat Conroy qui comme un bon américain qui se respecte décrit le monde à base de clichés (ici Rome et Venise seules villes connues...) mais se sublime quand il faut décrire sa Caroline du Sud natale. Ce livre est incontestablement un roman total menant du rire aux larmes sans aucuns temps morts . A lire et à apprécier sans retenues.
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Le Prince des Marées

J'ai été totalement embarqué dans cette histoire familiale et j'ai le sentiment que nombre des questions variées qu'elle m'a amenée à me poser vont me suivre longtemps.

Au travers d'évènements plus ou moins anodins , rigolos, dramatiques ou tragiques, nous découvrons des personnages divers et souvent haut en couleurs, mais terriblement concrets. Avec en toile de fond, une forme de suspens engendrée par le besoin de découvrir dans le détail les évènements qui ont précipité la chute des deux jumeaux, ce roman se lit vite malgré sa longueur apparente et les phases nécessaires de réflexion et/ou de stupeur face parfois à l'effroyable.

Je me réjouis de lire que vous recommandez chaudement un autre ouvrage de Pat Conroy. Je pense laisser couler un peu d'eau sous les ponts pour mieux digérer le Prince des Marées, mais j'ajoute à ma PAL.

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Le Prince des Marées

Coup de coeur pour ce livre de plus de 1000 pages ! C'est une saga familiale qui vit en Amérique du Sud. Tout au long du livre, il y a des allers-retours sur le présent et le passé. On sent un lourd passé dans cette famille qui est tabou et qu'on découvre une centaine de pages avant la fin. Le suspense est maintenu et c'est parfois usant de se faire rappeler à quasiment tous les chapitres que la famille a vécu un drame. A partir de la page 900, on comprend tout.



J'ai vu le film quelques jours après la lecture de ce livre et j'avoue avoir été énormément déçue. Le film ne retranscrit pas pas assez les angoisses du personnage principal et s'est attardé seulement sur une histoire d'amour qui est finalement très peu évoquée dans le livre. On s'en passe très bien d'ailleurs.



Bref, très bon livre pour un week end à 1000. Un bon moment de lecture.
Lien : https://letempsdelalecture.w..
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Le Prince des Marées

Je suis soulagée. Soulagée d'être venue à bout de ce roman qui m'a épuisée, lassée et fatiguée. Je ne comprends pas. Plus de 1000 pages pour nous dire quoi, précisément? Pat Conroy nous raconte encore une fois beaucoup. Il va dans tous les sens et perd de vue le fil conducteur de son roman qui est censé nous raconter, à travers les souvenirs de Tom, les douleurs de sa soeur jumelle Savannah. Pourquoi a-t-elle encore une fois tenté le suicide? Pour la soigner, sa psychiatre, Mme Lowenstein, doit connaitre son passé et son jumeau Tom doit le lui révéler mais qui a véritablement compris, au terme de sa lecture, le pourquoi du comment? Pourquoi Savannah a-t-elle autant de difficultés à avaler son passé? Pourquoi, avec ses frères, considère-t-elle sa famille comme la plus folle et la plus dérangée? Honnêtement, je n'ai rien compris. Je n'ai pas compris pourquoi la famille devait être haïe, pourquoi elle était si mal considérée. Le mauvais caractère du père peut marquer une vie, bien entendu, mais il ne peut servir d'argument à l'auteur qui ne cesse, à longueur de pages, de faire dire à ses personnages que leur famille leur a fait subir les plus graves traumatismes. Lesquels? L'auteur ne cesse de répéter sans jamais nous expliquer, sans jamais aller au fond du propos. J'attendais. J'espérais. Je voulais une explication mais quenini. Pat Conroy enchaîne les anecdotes, les petites histoires de la famille mais toujours pour raconter le Sud et la vie qu'on y mène. Pour le reste, on peut toujours attendre. Résultat, ce roman manque de cohérence et de structure. Il est terriblement brouillon. Les dialogues sont mal construits. Les personnages, parfois attachants, ne sont jamais véritablement compris et sont quelques fois très loin de la crédibilité. Je ne peux malheureusement expliquer mon dernier propos, il me faudrait sinon révéler un peu de l'histoire qui doit être laissée à la découverte du lecteur. Mais vous l'aurez compris, je n'ai pas véritablement apprécié ma lecture. Le roman se lit bien, l'auteur livre parfois de très bonne analyse mais on en reste là. Il n'y a pas suffisamment d'éléments appréciables pour vous conseiller cet énorme pavé qui, pour mériter les éloges, doit justifier sa longueur, insoutenable quand la qualité n'y est pas.
Lien : http://mezelamin.blogspot.fr..
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Le Prince des Marées

Tom Wingo vit en Caroline du Sud et est entraîneur de football. Père de trois fillettes, son mariage avec Sallie bat de l’aile. Lorsqu’il apprend que sa sœur jumelle a fait une nouvelle tentative de suicide, il décide de se rendre chez elle à New-York pour aider sa psychanalyste. Pour se faire, il doit replonger dans les souvenirs parfois douloureux de son enfance.



L’histoire m’a tout de suite prise au piège, j’avais bien de la difficulté à interrompre ma lecture et lorsque je réussissais à m’y détacher, il m’arrivait d’y songer encore… Pat Conroy a tout un talent pour décrire ses personnages avec tant de précision et de sensibilité. Il exploite à fond les relations familiales entre père et fils, frère et sœur, etc. Il va dans le moindre détail, mais sans jamais ennuyer, car on s’attache vite à la famille Wingo.



J’ai terminé ce livre bouleversée par le sort de ces personnages écorchés par leur enfance qui tentent par tous les moyens d'oublier, mais dont le passé finit par les rattraper. Tout n’est pas que sombre et Pat Conroy nous le démontre bien avec cette histoire où règne parfois la haine et la violence, mais aussi et surtout, l’amour et l’espoir.



Une belle leçon de vie et un coup de cœur avec feux d'artifice!
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