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Critiques de Paul Greveillac (134)
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L'étau

L'Etau est le troisième roman de Paul Greveillac que je lis . Après Maitres et esclaves et Art Nouveau , on sent une continuité dans l'œuvre de l'auteur.

D'abord le 20ème siècle , ensuite un sujet ancré dans la réalité de l'Histoire. Toujours un savant mélange de réel et de fiction.

Dans Maitres et esclaves qui se passe en Chine on retrouve l'idée de l' Etau : l'oppression, le régime totalitaire, le pouvoir

Dans Art Nouveau il est question de l'architecture de la MittelEuropa entre Hongrie, Autriche et Allemagne. Ce sujet revenant dans l'Etau avec l'architecte hongrois Aldor Erkan.



Etau : Presse formée par des mâchoires qu'on rapproche à volonté, de manière à tenir solidement les objets que l'on veut travailler . Au figuré : ce qui opprime.



L'ensemble des personnages du roman de Paul Greveillac seront au prise avec cet étau.

Courant sur la totalité du 20ème siècle l'Etau est une réflexion profonde sur le jugement que l'on porte sur les évènements et les hommes et les femmes qui les vivent.

Dans les années 1990 ,Nad'a Zdrazilova est exclue de l'Université de Prague. Elle est victime d'une campagne de délation concernant son père qui aurait été complice des nazis durant la Seconde Guerre Mondiale. Son père Bohus Zdrazil est devenu PDG de l'entreprise Fernak à force de travail, après avoir démarré apprenti dans l'entreprise.

Fernak est une entreprise créée en Tchécoslovaquie au début du 20ème siécle par deux doux dingues : Viktor Forman et Viktor Jelinek.

Leur rêve : traverser l'Atlantique à bord de leur avion , leur bébé : L'Alkonost.

Au delà du rêve Fernak produit des avions et des voitures et devient le fleuron industriel de la Tchécoslovaquie.

Les années 30 arrivent tout comme l'annexion de la Bohème Moravie par l'Allemagne hitlérienne.

Fernak passe sous la coupe de Reinhard Heydrich , redouté et zélé nazi alorq que Bohus Zdrazil en est devenu PDG.

L'usine est réquisitionnée pour participer à l'effort de guerre en fabricant avions et chars.

Bohus Zdrazil est dans l'Etau : collaboration, résistance , résistance passive ?



C'est le centre du roman de Paul Greveillac.

Cette époque terrible ne peut être résumé à des jugements manichéens , nommant les bons et les méchants.

comment se permettre de juger 50 ans après ?

Pire : comment est il possible de juger des enfants pour ce qu'aurait éventuellement fait le père ? Quelle responsabilité des enfants sur le parcours des parents ?

Et que dire de cette ville-usine où les machines jouxtent les baraquements des ouvriers-prisonniers, sur le chemin de fours crématoires.

Pendant ce temps là de petits SS font main basse sur les œuvres d'art et trafiquent.

Terribles abymes. Que reste -il du destin de Bohus Zdrazil pris dans l'étau ?

Que découvrira Nad'a ?

Un roman, puissant, brutal, profond au service d'un monde non binaire.
Lien : http://auxventsdesmots.fr
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Maîtres et Esclaves

Maîtres et esclaves, dans ce roman,  point de champs de coton ni de Grand méchant blanc.

Pas d'Afrique noire ni d'Amérique esclavagiste.

Ici c'est d'abord la province du Sichuan, où naît en 1950 celui que l'on suivra tout au long du récit. Kewei, fils de paysans, enfin, d'une mère paysanne, parce que le père,  lui ne pense qu'à dessiner des oiseaux.

Kewei montrera très tôt des prédispositions pour le dessin ce qui lui vaudra d'être repéré par un garde rouge qui facilitera son départ pour une grande école d'art de Pékin.

Au-delà de la petite histoire de ce personnage, c'est la Grande que développe Paul Greveillac.

De la politique du "grand bond en avant", (si ça ne vous dit rien je vous invite à consulter vos dictionnaires, encyclopédies ou autres Wikipedia, vous risquez comme moi d'apprendre des choses effarantes), qui causa la mort de dizaines de millions de chinois, aux événements tragiques de la Place Tian'anmen , en passant par la "grande révolution culturelle " chère à  Mao Zedong.

Pendant que l'Europe se reconstruisait dans une certaine euphorie d'après-guerre, la Chine vivait des heures sombres.

Paul Greveillac nous les rappelle au fil des pages.

Il nous raconte l'une des pages les plus dramatiques de l'histoire de notre monde.

On a arrêté, emprisonné, humilié, exécuté des hommes et des femmes.

On a créé et entretenu la famine qui poussa certains au cannibalisme.

En toute impunité on a détruit,  déchiré,  brûlé des oeuvres.

Par opportunisme ou par peur de représailles on a craché sur des hommes et des femmes, on les a insulté, battu, banni.

Mao et son petit livre rouge ont endoctriné tout un peuple épris de liberté le conduisant à l'asservissement.

Kewei est tantôt spectateur tantôt acteur.

Il comprend bien vite son intérêt à choisir le camp des maîtres du pays.

Même si, tout-puissant qu'ils soient, ceux qui dirigent peuvent se retrouver bien vite au bas de l'échelle.

Kewei est égoïste.

Enfin, le lecteur que je suis à bon rôle de penser cela, de mon fauteuil confortable, comment puis-je juger ceux qui ont vécu cet enfer quand nos dirigeants d'alors fermaient les yeux ?

Aurai-je moi aussi montré du doigt le belligérant Ou l'aurai-je protégé, secouru, caché ?

Greveillac ne fait pas le procès de son personnage il s'en sert pour nous guider dans cette Chine au passé douloureux.

Quand la Chine s'éveillera...le monde tremblera a écrit Alain Peyrefitte.

L'auteur de ce livre, nous ouvre les yeux.

Voilà par où sont passé les Chinois pour s'éveiller au monde aujourd'hui.

Je ne sais pas si nous devons trembler, mais ce que je retiens de ce magnifique roman c'est que le peuple chinois, lui, a dû beaucoup trembler pour en arriver là.

Ah ! J'allais oublié, ce roman parle d'art aussi.

D'art interdit, d'art modifié,  d'art conditionné, d'art autorisé. D'artistes muselés. Et enfin, d'art libéré...

Assurément l'un des grands romans de la rentrée.



Merci aux Editions Gallimard et à Babelio pour cette magnifique découverte littéraire.





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Phrase d'armes

Comme à son habitude, Paul Greveillac tisse son roman sur l'Histoire. Ici, c'est en France que sa plume s'ancre et c'est la vie de René Bondoux qu'il relate, un résistant oublié, un fleurettiste de talent. Pourtant, c'est davantage un anti-héros qu'un héros que l'auteur recrée ici, sur un ton ironique et parfois irrévérencieux, étonnamment rafraîchissant dans une biographie - certes romancée (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/10/14/phrase-darmes-paul-greveillac/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Art Nouveau

Il venait d'arriver de Vienne. Il était bien mis. Comme un bourgeois de là-bas. Un complet sombre. Un pardessus au bras. La tête nue. Taille moyenne. Glabre. Cheveux noirs, portés courts. Sourcils épais, yeux noirs, profonds, perçants et mathématiques ; ils semblaient voir partout les structures qui soutiennent le monde physique… il avait pour tout bagage une grosse malle.



Nous sommes à la fin du XIX siècle. le jeune Lajos Ligeti décide de tenter sa chance à Budapest avec une seule ambition : bâtir. Bâtir Budapest. L'Empire. Et, puis plus tard l'Europe.

Pendant un an, ses parents lui ont promis de lui faire parvenir de Vienne de quoi subsister. Adieu l'insouciance, la légèreté. Faire sa place soi-même n'est pas évident. Mais Lajos Ligeti a envie de réussir et surtout un grand talent qui pourra lui servir beaucoup.

Etranger et juif dans un monde où la concurrence est rude, il travaillera dur pour mettre en route ses projets. Réussira-t-il à réaliser son rêve ?



J'ai beaucoup aimé ce roman. L'auteur réussit à nous faire revivre les émotions du personnage tout au long de son parcours. Les dialogues sont rares dans ce roman, mais le personnage a beaucoup de choses à nous faire découvrir. L'écriture avec les descriptions qui ne sont jamais ennuyantes, nous fait entrer avec aisance dans le monde de l'architecture. C'est vraiment passionnant.

Je remercie la masse critique privilégiée pour la confiance ainsi que les éditions Gallimard pour l'envoi du livre.



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Maîtres et Esclaves

C‘est dans « La Blanche » de Gallimard que sort ce superbe roman.

Dans les années 50 nait dans le Sichuan un jeune garçon, Kewei, dans une famille paysanne qualifiée de moyenne-riche, ce qui ne va pas nécessairement l’aider dans la nouvelle Republique populaire de Chine.

Ce jeune enfant est attiré par la peinture tout comme son père, et il va connaître tous les remous de l’Histoire chinoise et de sa révolution culturelle.Son ambition et son aveuglement en feront un des grands peintres du Parti, jusqu’à ce que l’Histoire se retourne contre lui.

P.Greveillac , drôlement bien documenté sur la vie quotidienne de l’époque, et grâce à une sublime écriture fait traverser à son héros cette période tumultueuse, au travers de la peinture , art et propagande.
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Art Nouveau

Le roman débute en 1896, par l'arrivée d'un jeune apprenti architecte, Lajos Ligeti, à Budapest. Sa famille a vécu dans cette ville, son oncle y demeure toujours, mais ses parents ont préféré rejoindre Vienne, la capitale impériale. Lajos ne voit pas son destin dans la pharmacie familiale, il préfère saisir l'opportunité d'intégrer le cabinet d'un grand architecte, Ödön Lechner. Il faut dire qu'en cette fin de siècle, Budapest bâtit frénétiquement, des opportunités apparaissent, une nouvelle esthétique émerge. Mais la concurrence est rude dans le milieu de l'architecture, le talent ne suffit pas forcément, d'énormes sommes sont en jeu, et tous les coups sont permis pour faire carrière. Lajos va connaître toutes les étapes professionnelles dans ce milieu, les débuts besogneux d'un débutant, en passant par les premiers succès, des coups de chances, une rapide ascension, mais aussi des difficultés, des coups tordus. En parallèle, il va rencontrer l'amour, se marier, fonder une famille, tout cela dans l'Empire austro-hongrois finissant, dans lequel on sent monter les nationalismes, où les Juifs comme Lajos sont en butte à diverses formes de discriminations voire d'agressions.



Le roman dresse un tableau somptueux et passionnant des milieux de l'architecture et de la ville de Budapest en train de se bâtir. J'ai pris grand plaisir, en parallèle à ma lecture, d'aller voir certains bâtiments dont il est question dans le roman sur Internet, les découvrir, tout en suivant les péripéties de leur construction. Cet étrange métier d'architecte, en partie artiste, en partie entrepreneur, en partie commercial, est à mon sens très bien rendu, dans ses contradictions, ses difficultés, ses beautés. Le tableau d'une époque de transitions, de changements rapides, un monde bouillonnant, plein de passions, de luttes, où tout semble possible, est parfaitement rendu. L'auteur suggère également que tout cela ne va pas durer, qu'une époque moins exaltante et plus dangereuse se profile. Après quelques pages de flottement, sans doute nécessaires pour m'y habituer, j'ai aussi été séduite par l'écriture de Paul Greveillac, très subtile et élégante, un peu au second degré, prenant une sorte de distance avec le récit, forcément (re) construit, imaginé, de cette épopée moderne du surgissement des bâtiments.



J'avoue avoir été un peu moins intéressée par les personnages en tant que tels, dont j'ai eu la sensation qu'ils étaient surtout là pour illustrer les évolutions de la ville et de la société, montrer comment se passaient les choses dans les milieux de l'architecture, quels étaient les questionnements et enjeux de la modernité en marche. Moins gênant pour les personnages secondaires, dont certains étaient d'ailleurs très bien caractérisés, c'est surtout aux personnages de Lajos, et de Katarzyna, sa femme, que j'ai eu le plus de mal à m'attacher. J'avais parfois de la difficulté à percevoir leur évolution et leur motivations profondes, et cela a, par moments, mis une certaine distance entre moi et ma lecture.



C'était ma première lecture de Paul Greveillac, et je remercie Babelio et les Êditions Gallimard de m'avoir permis cette découverte à l'occasion de l'opération Masse Critique. J'ai maintenant très envie de lire le roman qu'il a consacré à Alfred Schnittke.
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Maîtres et Esclaves

Laissez-vous embarquer dans un voyage au coeur de la Chine rurale et féodale de la fin des années 1940 dans la région du Sichuan aux années 1980 à Pékin.

Tian Kewei, fils unique d'un couple de paysans « moyen-riche » nait en octobre 1950, juste un an après la République Populaire. Tout comme son père, il a l'âme d'un artiste pourtant Tian Kewei, devra aller jusqu'à le renier et suivre son destin. Traversant le grand bond en avant puis les péripéties de la révolution culturelle, l'enfant va connaître la famine, la misère, la peur, la soumission, la séparation, la solitude puis la chance d'être distingué, il devient peintre pour la propagande.

Ce roman nous emmène dans la Chine de Mao, le dogme du Petit Livre Rouge et les aléas des luttes de pouvoir qui bousculent sans cesse la vie des hommes, roman foisonnant, très documenté, permet de vous une plonger dans cette Chine des années 50 à 80, au travers de la plume remarquable de Paul Greveillac.

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Les âmes rouges

Les premières pages sont vraiment excitantes: nous pénétrons dans l'institution mystérieuse où les censeurs soviétiques passent au crible de la doxa communiste tendance Kroutchev les productions culturelles locales - mais pas seulement. Kroutchev est un assez bon bougre mais tous les dirigeants ne partageront pas ses foucades inespérées et la censure, bonne fille, épouse les principes des uns puis des autres, d'où ce résultat pas si inattendu : le dirigeant passe et le censeur résiste. On finit par bien aimer ce travailleur de l'ombre, modeste amoureux des livres ( car qui d'entre nous n'aimerait pas 1) lire toute la journée et être payé pour ça 2) expédier très très loin tous les auteurs qui n'auraient pas l'heur de nous plaire...)? Mais le censeur traîne ses fantômes, tous ceux qu'il a trahis et envoyés au Goulag ou, au mieux, au fin fond de désespérants hôpitaux psychiatriques.

Alors pourquoi 3 étoiles seulement ? Trop de personnages inhabités et purement figuratifs, trop de notes de bas de page, trop de didactisme... le censeur découvre Kalatozov. le censeur découvre Grossman. le censeur découvre Zamiatine. le censeur découvre Soljenitsyne. Et là, effectivement, on se dit que si on doit subir la litanie de tous les cinéastes et écrivains un peu connus, ça va être longuet.

Ça l'est.

Nonobstant toutes les qualités du livre, on est quand même bien content d'en voir la fin.
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Phrase d'armes

Bondoux , vous connaissez ???



Moi non plus , jusqu'à ce que ( ca s'écrit?) Paul Greveillac ne le fasse revivre pour nous ,et pour cela merci.



Quelle vie et destinée incroyables vécu par cet homme , qui a toujours été au service de la France.



Que ce soit dans le sport où il fut 2 fois médaillé olympique ( 1932 et 1936 ), puis dans la guerre ,puis enfin dans le monde de la justice.



C'est à mes yeux une biographie légèrement romancée plus qu'un roman ,mais j'ai passé un moment très agréable et appris pas mal de choses ( le livre est rempli d'anecdotes historiques) en compagnie de ce héros de la France .



A lire ou pas c'est vraiment selon....
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L'étau

Tenter de se projeter dans la peau de descendants de nazis ou de collaborateurs de ce régime est un exercice troublant, teinté de répulsion et de compassion mêlés. On est bien conscient que ces adultes devenus portent injustement une histoire glauque qui n’est pas la leur.



Deux tchèques, ostracisés par la collaboration de leur père industriel pendant l’occupation allemande à Prague, constitue l’ouverture de ce roman social et historique, reprenant minutieusement la dérive imposée d’une usine d’aviation et d’automobiles devenue d’armement.

Prague est alors une ville sous la botte de l’occupant et sous gouvernance de fer de Heydrich. Chacun doit s’y plier, complaisant ou contraint, obséquieux ou résigné.

Et l’usine Fernak n’y échappe pas en dépit de résistance interne.

La suite de l’apocalypse rendra crédit aux justes.



Un passé reconstitué avec efficacité par la belle plume de Paul Greveillac, qui soigne ses personnages fictifs et la documentation du réel. L’ambiance mortifère de la période, la violence des êtres et le chaos industriel participent à une vision en noir et blanc très oppressante.

Une excellente lecture.



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Maîtres et Esclaves

Je l’ai lu jusqu’au bout. Et arrivée à la fin, je me suis dit que j’aurai du l’abandonner. Quel ennui ! Que j’ai trouvé le temps long ! Un mélange de météo, de politique chinoise de 1950 et après, un peu de peinture avec la passion des hommes sur trois générations, entrecoupé, quand même, par de jolies phrases. Un style vieux avec tout bien enrobé. Quel ne fut pas mon étonnement d’apprendre que cet auteur est jeune ! Je préfère nettement l’entendre parler que le lire. RV manqué. D’habitude, je suis assez en harmonie avec mes amis de Babelio, mais cette fois, hélas...
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Maîtres et Esclaves

Maîtres et esclaves, tout est dit dans ce titre très évocateur à mon sens. C'est donc l'histoire d'un enfant, du nom de Kewei, qui naît dans une famille de paysan du Sichuan au pied de l'Himalaya en 1950. Son père Yongmin a une passion : la peinture, il va à l'encontre de sa femme, transmettre cette passion à son fils unique, qui lui même un jour viendra la transmettre à son propre fils. Seulement à chaque génération, la peinture va être vécue différemment. Le contexte historique et cultuelle vont influencer ces dernières. A l'origine, Yongmin, illettré, peint la nature qui l'environne, quant à son fils Kewei, lui, son art sera au service du parti et le dernier de cette génération, Xiashi, lui ira en opposition à son père, à l'aide d'une très belle rencontre pour lui de Liu le Pinceau, vers la nouvelle vague.



C'est donc une histoire de transmission de père en fils. De la relation père fils également.



Mais tout ceci dans un contexte géographique, politique et culturelle très particulier puisque l'auteur a choisi la Chine comme toile de fond de cette histoire d'abord familiale. Il nous invite donc à suivre l'évolution de ce grand pays, sous Mao et sa suite. Et nous apporte un bel éclairage sur le fait que finalement, maîtres et esclaves dans ce contexte, tous le sont à un moment donné. Mais qu'en est-il pour nous aujourd'hui dans le pays démocratique et libéral dans lequel nous vivons ? Inévitablement nous pouvons aussi nous poser de pertinentes questions, n'est ce pas ?



Une très belle découverte que celle de cet auteur ! Un roman passionnant, impressionnant et magnifiquement bien décrit sous une remarquable plume érudite.
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Maîtres et Esclaves

J'ai entendu parler de Maîtres et esclaves de Paul Greveillac à l'occasion des listes pour le Goncourt.

De plus le sujet traité, la Chine des années 50 à 80, m'intéressait diablement.

Je ne suis pas déçu de m'être lancer dans la lecture de ce roman.

Il s'agit d'une fresque de la Chine qui correspond bien au sujet du roman

Ce roman embrasse la vie politique chinoise par la propagande et la peinture officielle du régime.

Ces peintures sont souvent immenses, très réalistes et littéraires pour représenter le pouvoir.

Le livre de Paul Greveillac est à l'image de ces peintures : réaliste , historique, photographique, un peu convenu.

Peu d'émotion émane de ces fresques comme du roman Maîtres et Esclaves. C'est un constat.

A partir du personnage de Kewei, fils de paysan du Sichuan au pied de l'Himalaya, Paul Greveillac va nous raconter la transformation politique de la Chine depuis les gardes rouges, Mao, la révolution culturelle mais aussi la collectivisation des terres ,la délation ,l'enfermement ou encore la répression et la rééducation.

Kewei à des dons pour le dessin, la peinture.

C'est à partir de ce don que Paul Greveillac va construire l'histoire de Kewei et son ascension sociale et politique.

Du Sichuan aux Beaux arts à Pékin, Kewei va développer son art et côtoyer le pouvoir chinois.

Devenu membre du parti communiste, il deviendra peintre du régime.

Cette ascension sera longue,douloureuse et sera rattraper par l'histoire.

Cette fresque sur 30 ans nous permets de vivre les grands soubresauts de l'empire du Milieu.



Maîtres et esclaves est plus qu' un bon roman historique .

Sa description du peuple du Sichuan, de Pékin est remarquable. Tout comme la description des arcanes du pouvoir et des maîtres de la Chine.

Son parti pris de resserrer le roman autour de Kewei et de ces 3 femmes (mère femme et amante ) permet de mieux comprendre la condition feminine.

Mais au final il manque d'une flamme qui vous emporte.
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Maîtres et Esclaves

Vingt jours pour lire Maîtres et Esclaves. Vingt jours pendant lesquels j'ai apprécié une plume où tragique et privations cohabitent.



Au gré des critiques et citations, je me suis laissée tenter par ce roman. J'ai perfectionné mes connaissances sur la révolution culturelle.

Je me suis documentée pendant ma lecture, j'ai relu beaucoup de passages et quelques chapitres entiers.



J'ai aimé le style poétique en contraste avec les précisions parfois très crues. J'ai été fascinée par la beauté envoûtante des femmes et leur courage. En clair-obscur, j'ai été écoeurée par la lâcheté du personnage principal, qui ne sait plus aimer au fil de son histoire. Glacé par un régime totalitaire qui le brise. Il devient handicapé de ses émotions. Il oublie son enfance redoutable et les sacrifices de sa famille pour le nourrir. Puis il se souvient quand il est déjà trop tard. Il a perdu les codes depuis longtemps.

C'est douloureux et acerbe.



Une belle découverte animée par la peinture de talent des protagonistes. J'ai été tour à tour maîtresse et esclave de mon livre.



La révolution des sentiments.



Lu en juin 2019.



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Maîtres et Esclaves

Quel style! Quel souffle!

Il y a dans ce livre quelques moments de grâce. J’ai pensé à Flaubert

On pourrait parler d’ écriture classique .C’est surtout très beau . Une poésie folle alors que le sujet ne s’y prête pas

L’histoire de Kewei, petit paysan moyen-riche chinois , au pied de l’Himalaya, artiste peintre

Il sera repéré par les autorités politiques , partira étudier dans la grande ville, et , petit à petit , fera son trou en se faufilant entre les obstacles

L’ intérêt du roman est d’abors historique : une grande fresque magnifique sur des décennies de l ‘Histoire de la Chine avec des passages particulièrement durs. Le communisme avec ses atrocités, sa Révolution Culturelle, la bande des Quatre et le changement de cap de Deng Tsio Ping, l’ombre tutélaire de Mao jusqu’à la répression de Tien An Men

L’autre intérêt c’est l’ évolution du personnage de Kewei, anti héros, ni vraiment bon , ni vraiment mauvais , stratège de l’ évitement et du louvoiement . Ambitieux modeste. Bien loin de Malraux ou d’Hemingway, Greveillac en fait un personnage fuyant qui préfère renoncer à sa passion de peintre pour se contenter de faire de la propagande officielle. Il devient un censeur sans état d ‘ âme,prêt à suivre le vent l’Histoire. Girouette constante de l’ être. La réalité le rattrapera

La grande question: était ce la seule voie pour sortir vivant de ces années de plomb?

Beau livre , facile à lire ,qui évoque, chez le lecteur, d’autres grandes œuvres de la littérature qui ont traité le sujet de l’engagement ou de la résistance de façon totalement différente

A mon humble avis, un grand roman et un grand écrivain



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Maîtres et Esclaves

Chine, 1950-2017

Tian Keweï est né en 1950 dans un petit village reculé du Sichuan.

A travers son parcours qui l’amènera jusqu’au ministère de la propagande nous découvrons au plus près les transformations de la société chinoise au cours des soixante ans écoulés.

D’emblée le lecteur, dès l’incipit, est plongé dans la peur et la violence subies par les populations au travers de la mère de Keweï qui croise sur sa route un détachement de l’Armée populaire.

Au fil des années, de brutalités en exactions, de politiques absurdes en revirements, de rivalités du plus bas au plus haut sommet de l‘Etat, nous assistons à la réalisation du destin de Keweï. Fils de paysan, il aurait dû être paysan. Initié par son « bon à rien » de père au dessin, remarqué, il ira aux Beaux-Arts de Pékin et gravira les échelons de la hiérarchie jusqu’à devenir membre du Parti, censeur des Arts au service du régime.

Je suis assez partagée sur ce roman.

En effet, j’ai beaucoup aimé la description de la Chine qu’elle soit traditionnelle dans le plus reculé des villages ou une Chine plus « moderne » au plus près du pouvoir. Son quotidien très précis, truffé de détails la rende très vivante.

J’ai aussi beaucoup aimé le récit du vécu des populations durant la période maoiste notamment lors de la terrible famine de 1958-60, résultat de l’échec de la politique du « Grand bond en avant » ou bien la terreur exercée par les terribles Gardes rouges.

L’évolution du personnage de Kewei est aussi très intéressante. D’esclave soumis aux aléas de cette période très troublée à « petit » maître décidant du destin d’autres artistes, son cheminement personnel de peintre, d’époux, de père. Pour autant, j’ai trouvé beaucoup de longueurs. Ainsi les atermoiements de Kewei face aux changements et à l’ouverture des Arts vers un forme de libéralisation sont assez pesants. Certes, tout cela est le reflet d’un embrigadement subi dès l’âge tendre mais cela aurait pu peut-être être restitué sans s’étendre aussi laborieusement.

Il en reste que cette lecture fut très instructive. La vérité de ce récit traduit une excellente connaissance de cette période, une excellente connaissance des Arts en Chine. Cela m’a du reste étonnée d’un auteur français. A cela, il faut souligner une écriture très soignée.

Je reviendrai vers cet auteur.

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Art Nouveau

Après avoir lu Maîtres et esclaves  de Paul Greveillac, j'ai plongé à nouveau dans son écriture en lisant son dernier roman Art Nouveau.

 A deux ans d'intervalle j'ai retrouvé  la finesse classique de l'écriture,  la précision clinique des phrases. Quel plaisir qu'une écriture qui enchasse des mots peu employés de la langue française et qui magnifie les conjugaisons.

J'ai retrouvé aussi  ce manque de flamme que j'avais déjà ressenti dans Maîtres et esclaves.

Paul Greveillac a le don pour trouver des sujets très originaux.

Ici, il construit son roman autour de l'architecture et de l'Art Nouveau.

Pour nous entraîner avec lui, il convie Lajos Ligeti personnage fictif, architecte de profession.

Celui-ci quitte Vienne en 1896 pour Budapest où il pense s'installer afin de devenir un architecte reconnu.

Nous allons suivre son évolution jusqu'aux prémices de la première guerre mondiale dans cette empire austro hongrois s'étendant sur toute l'Europe Centrale.

La leçon d'histoire et d'architecture est passionnante. Par le luxe de détails, mise en valeur par l'écriture, nous nous immergeons dans la Budapest de la fin du 19ème siècle. Nous parcourons les rues pavées, les grandes avenues, les cabinets d'architectes , nous participons au foisonnement  culturel, à la naissance d'un Art Nouveau sur la MittelEuropa. Nous voyagerons de Budapest, à Vienne ou à Prague.

Nous assisterons à l'expansion des cabinets d'architecture, à leurs rivalités. L'architecture du béton va poindre.



Lajos Ligeti  peu à peu prend possession de cette ville, manoeuvre pour ouvrir son cabinet d'architecture.

Deux personnages vont l'aider,  le soutenir , l'aimer.

D'abord, l'Oncle Jakob Karpati , vivant dans une masure en  périphérie de Budapest. Un homme de bonté,  juif de tout son être et serrurier de son état.

Puis Katarzyna Liski, sa muse qui deviendra sa femme.

Deux personnages pour lesquels va notre empathie.... à l'inverse de celle que nous éprouvons pour Lajos Ligeti au fur et à mesure que défile sa vie.

Et cette impression de renversement, nous la retrouvons dans le roman. Autant la première partie du roman nous enchante par cette découverte de Budapest et des arcanes de l'architecture, autant la deuxième est plus fastidieuse, manquant de souffle, un peu comme Lajos Ligeti devenant un personnage sans âme vivant dans une époque qu'il a du mal à incarner et à saisir.



Il me reste de cette lecture un plaisir certain pour le style et l'écriture de Paul Greveillac. Il est agréable de se perdre dans une écriture faite d'un riche vocabulaire et d'une audace de conjugaison.

De même pour l'Art Nouveau. Une belle découverte que ce foisonnement entre Autriche et Hongrie

Par contre le personnage de Lajos Ligeti s'estompera petit à petit de  ma mémoire tout comme la situation politique de l'empire austro hongrois entre 1896 et 1914. Celle-ci  ayant été traitée superficiellement me semble-t-il.















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Phrase d'armes

Plus cette lecture avançait, plus je m’interrogeais sur l’intérêt d’évoquer le parcours d’un inconnu du grand public, fût-il homme de bien et de talents (…une page Wikipédia pour ses médailles olympiques d’escrimeur, ses carrières d’officier et de juriste).

Cette question m'a poursuivie jusqu’à ce qu’elle croise son miroir dans les dernières pages du récit, évoquant le hasard de Mémoires retrouvées, qui donnent le ciment de vérité à ce qui reste un roman.



René Bondoux, disparu en 2001, reste le témoin d’une époque où sa vie personnelle confortable se heurte au second conflit mondial. Cette biographie est dynamique et attachante par le talent de plume de Paul Greveillac. Elle accroche surtout l’intérêt pour sa première partie, par les « phrases d’armes » d’un sportif de haut niveau, dans le contexte des années Trente et de la montée du nazisme. La trajectoire de militaire qui suivra est un peu plus convenue et m’a un peu lassée.



Je referme ce roman moins enthousiaste qu’après lecture des précédents, en gardant néanmoins fidélité à cet auteur qui sait si bien faire du romanesque ancré dans une époque.

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Phrase d'armes

Ecriture limpide et virevoltante pour cette biographie sur fond d'histoire européenne et américaine. Le résultat donne une lecture facile dans un français impeccable avec des références historiques non alambiquées qui éclairent parfaitement le récit.
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L'étau

Fernak, usine d'aviation née dans les années 20 de la volonté notamment de Viktor Forman. Fernak déroule son histoire en épousant totalement l'histoire de la Tchécoslovaquie de l'entre-guerre et de la IIème guerre mondiale.

Dans son antre, dans ses locaux se croisent des destins d'hommes et d'une femme: Bohus Zdrazil dit le Pape devenu PDG de l'usine, sa femme dite la Patronne Hedvika, ancienne ouvrière de l'usine, Aldor Elkan, sinistre architecte budapestois devenu le PDG à la fin de la Guerre, R. Heydrich, Adolf Mängl etc...



Entre les chapitres racontant tous ces destins, des inter-missions comme les appelle l'auteur, inter-missions qui présentent Prague à la fin des 90's et au début des 2000's durant lesquels Nad'a Zdrazilova et son frère Andel Zdrazil, fille et fils de Bouhs et Hedvika, sont devenus la cible d'une certaine presse et de groupes de pression dénonçant les enfants de nazis. Car Bohus est considéré comme un nazi.



C'est cette histoire, tirée de la réalité que nous raconte Paul Greveillac avec beaucoup de finesse, de l'humour, et un réel sens de l'histoire (histoire au sens sciences historiques et histoire au sens intrigue, roman).



Le tempo du roman peut paraître lent. Et pourtant on part bien de la disgrâce des enfants Zdrazil pour arriver à....chut ! je ne dévoile rien.

L'auteur ne délaye jamais son propos. Il passe très subtilement du destin d'un personnage à un autre. Quand un trépasse commeR. Heydrich il passe avec beaucoup de souplesse et de naturel au destin d'untel et d'untel.



Et l'usine reste toujours au centre de l'histoire, des passions, des drames, des réussites aussi.



Une très belle découverte ! A lire !
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