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Critiques de Paul Greveillac (134)
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Art Nouveau

Je guettais avec impatience le nouveau roman de Paul Greveillac. Il avait mis la barre très haut avec son précédent roman, Maîtres et esclaves, mais Art Nouveau est tout aussi remarquable. La période et la thématique explorées ici m’étaient moins familières et j’étais donc ravie de me plonger avec curiosité dans ce microcosme des architectes hongrois du début du siècle.

Les bâtiments décrits par la plume de Greveillac s’animent pour devenir des personnages à part entière.

Lajos Ligeti, à l’instar de Tian Kewei, est un personnage complexe, qui tantôt nous épate, tantôt nous agace mais dont le destin nous touche profondément.

Paul Greveillac nous offre ici des pages d’une très poésie, une écriture sublime, un regard amoureux sur l’architecture.

A lire !

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Maîtres et Esclaves

Sans le prix des lectrices ELLE, je n'aurais très certainement jamais lu ce livre. Et c'est d'ailleurs le charme de cette aventure, découvrir des romans malgré soi.

Je n'ai pas un très grand attrait pour la Chine et même si j'aime les romans historiques, je ne maîtrise pas assez l'histoire de ce pays pour vraiment apprécier ce texte dans sa globalité. Et c'est un ressenti qui m'a suivi durant toute ma lecture.

Le roman s'ouvre par la naissance dans les années 50 d'un garçon, Kewei, que l'on suivra tout au long de sa vie. Un fils de paysan moyen-riche qui par le biais de rencontres fortuites va se retrouver à l'école des Beaux-arts de Pékin, puis membre du Parti communiste. Kewei, va nous conduire dans l'histoire de la Chine au XXe siècle de la guerre de Libération, à la Révolution culturelle puis ensuite à la répression du mouvement étudiant place Tien an Men. C'est intéressant, et j'ai l'impression d'avoir eu un cours accéléré sur un sujet que je ne maîtrisais pas. Mais à aucun moment je n'ai eu d'empathie pour les personnages, même s'ils traversent des situations dramatiques. Kewei notamment paraît toujours résigné. Ce qui est un bon moyen de survie mais qui manque un peu de romanesque me semble-t-il.

J'ai un peu plus aimé la première partie, au village, même si elle est plus dure. La suite souffre de longueurs, notamment la dernière partie. Le manque d'empathie pour Kewei s'est étendu à la relation père-fils, qui m'a laissé un peu de marbre. Le personnage du fils m'agaçant autant que celui du père.

Je salue la qualité du récit et j'ai appris des choses sur la Chine maoïste. Mais c'est un roman historique que j'ai trouvé malgré tout un peu long.
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Maîtres et Esclaves

Kewei naît dans les années 50 dans un village du Sichuan. Fils de paysans « moyens riches », nous allons suivre le parcours dans la Chine du Grand Bond en Avant voulu par Mao Zedong, jusqu'à nos jours. Ou comment, en raison de ses dons pour le dessin, un adolescent va être récupéré par la dictature à des fins de propagande. Comment la porte de l'Ecole des Beaux Arts de Pékin va s'ouvrir miraculeusement à lui, alors que sa condition sociale ne lui permettait pas. Comment grâce à la réalisation d'une esquisse, La mariée parle, représentant Jiang Qing, l'épouse de Mao, il va être monté en épingle par ses professeurs membres du Parti et se retrouver du jour au lendemain à commander d'importants projets pour le pouvoir.



Maîtres et Esclaves est le roman d'apprentissage d'un apparatchik. L'histoire d'un jeune homme qui se rêvait maître en arts pictural et se retrouve esclave du pouvoir, par des rouages perfides qu'il ne maîtrise pas, dans lequel il se laisse piéger jusqu'à l'endoctrinement. « Sommes-nous maîtres de nos destins, esclaves de nos égos ? Maîtres de nos rêves, esclaves de ce qui les concrétise ? » Le personnage devient peu sympathique au fil des pages. Son parcours se jonche de traînées de sang. Il porte les cadavres de sa mère, sa femme, son fils sans même le savoir. Sa destinée est une tragédie. La Chine a changé mais lui est à présent tout seul.



Un roman à l'écriture dense, poétique et efficace, qui plonge le lecteur dans une page de l'histoire de la Chine qu'on pensait connaître, mais dont on ne connaît finalement que les noms des dignitaires au pouvoir. Mao Zedong, Zhou Enlai et Deng Xiaoping... Paul Greveillac donne à voir l'envers du décor, de manière à la fois instructive et agréable. On ne s'ennuie pas. Une très belle fresque qui hantera sans doute le lecteur longtemps. En lice pour le Grand Prix des Lectrices Elle 2019
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Maîtres et Esclaves

L’histoire de Kewei, nait en 1950, se confond avec celle de la Chine, avec « la tragédie hystérique » du Grand Bond en Avant et de la Révolution culturelle.

De 1950 à 1989, de l’Himalaya à la Place Tian’anmen, le destin de Kewei se joue.

Kewei naît pauvre et paysan mais doté d’un grand talent de dessinateur.

Enfant, la famine, les humiliations, la peur omniprésente forgent son caractère et sa détermination à rester en vie quelque en soit le prix.

Son talent finira par le sauver, il lui permettra de quitter les montagnes pour rejoindre Pékin avec femme et enfant et prendre part à sa manière à la propagande maoïste.

Ce livre, extrêmement bien écrit et documenté est passionnant car il raconte la vie d’un homme qui se soumet, qui n’a pas d’autre choix et qui finit par intégrer la doctrine de ceux qui l’ont tant fait souffrir enfant. Parce que résister c’est mourir, forcément.

Ce n’est pas seulement un livre sur la politique en Chine, c’est un livre qui explique avec pas mal de distance comment la folie d’un régime politique totalitaire, la peur et l’humiliation modèlent les individus, malgré eux.

Je ne sais pas dire s’il faut plaindre Kewei, le trouver malin, ou lâche (comme le fera son fis un jour). Il m’a attendri en tant qu’enfant et m’a effrayé une fois adulte, puis à nouveau ému en tant que père, incapable de comprendre son fils. Il est esclave, puis maître et finalement surtout incapable d’accéder au bonheur.

Ce livre est dense, riche, utile et effrayant. Il donne vraiment à réfléchir sur la Chine d’hier et d’aujourd’hui.

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Maîtres et Esclaves

Paul Greveillac était l'un des quatre auteurs finalistes du Goncourt 2018 et a même bénéficié de quatre voix pour six voix à un autre écrivain jeune et talentueux Nicolas Mathieu le lauréat... Cependant, ce roman méritait amplement sa nomination.

Ma première remarque tient à la qualité narratrice du récit.

En effet, à l'image des écrivains chinois contemporains évoquant la période maoïste et post-maoïste de la Chine du 20ème siècle jusqu'à nos jours : Maîtres et esclaves a l'ampleur d'une fresque historique très réaliste et d'une saga familiale très romanesque.

La deuxième remarque porte sur l'intérêt du roman : le portrait d'un peintre propagandiste dans sa vie quotidienne et dans sa vie professionnelle marquée par le contraste entre une hérédité familiale en peinture -celle du père du personnage -et les contraintes assumées pour un art au service d'une politique , puis par la révolte du fils et l'évolution d'un art chinois à nouveau libre.

Enfin, le roman attache, aussi, par trois très beaux portraits de femmes : mère, femme, amante à la fois symboles de la condition féminine en Chine mais aussi apports de douceur , humanité et lyrisme au cours d'un récit parfois âpre et cruel.

Maîtres et esclaves est mon coup de cœur littéraire de cette fin d'année 2018 !
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Maîtres et Esclaves

La première phrase m'a énervé. Ça commençait mal. Faut dire que je n'aime pas le style ampoulé et lyrique. Là malheureusement j'étais servi. Mais dans le genre métaphore poétique, l'auteur se lâche quasi-uniquement en début de chapitre, surtout pour parler de la météo, donc ça va. Cependant lorsque j'ai googlisé Paul Greveillac, je ne m'attendais pas du tout à tomber sur un auteur aussi jeune. Le style fait plutôt pensé à un vieil académicien.

Mais alors sur le fond, quelle fresque! Ou quand la petite histoire aide à comprendre la grande. Ou quand l'incarnation littéraire vaut tous les cours d'histoire sur la période maoïste. En refermant ce livre, je me suis demandé comment cette dictature pouvait être à la mode dans les années 60/70 dans les pays occidentaux???
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Maîtres et Esclaves

« La révolution n’est pas une visite de courtoisie ». Certes. Tian Kewei naît en 1950 dans la toute nouvelle République Populaire de Chine emmenée par MAO Zedong. Derrière l’image quelque peu idyllique, un pays en totale déconfiture, une tyrannie communiste rendant exsangue toute une nation. Kewei, fils de paysan artiste peintre, transporte de la merde, des excréments, des matières fécales dès l’âge de 7 ans. Il va ainsi faire quelques petits boulots peu émancipateurs, peu égayants avant l’âge adulte.



Ce roman très documenté va balayer la période de la Chine politique, sociale, sociétale, de 1950 et l’avènement de cette « République Populaire » jusqu’aux évènements de la place Tian Anmen en 1989, avec postface allant jusqu’à nos jours. L’auteur parle d’une Chine repliée sur elle-même, archaïque, désirant imposer un nouveau communisme, forcément totalitaire. S’ensuit la récession, les assassinats, les goulags locaux, les intellectuels et artistes muselés, surveillés, emprisonnés, tués. Les anecdotes sont nombreuses, les faits divers pléthoriques. Devant le manque de matière première, d’argent, etc., les journées de travail sont parfois fixées à 5 heures par jour. Famine, nombreux morts.



La délation bat son plein, il est déconseillé de s’éloigner de la ligne de conduite étatique. Pour Kewei, le personnage central de cette grande fresque, l’heure des soucis commence avec la mort de son père Yongmin, rétif à la politique de MAO. Quant à la Chine de MAO elle ne veut voir qu’une tête et tient à contrôler tous les milieux possiblement incendiaires. JIANG Qing, femme de MAO, règne par exemple sur l’art. Les femmes doivent toutes porter un uniforme gris-bleu. Pas de différenciation entre les êtres, tout le monde doit ressembler au voisin. MAO est partout, son visage en tous lieux publics, le culte de la personnalité bat son plein, la mégalomanie a de bons restes. Pour les dissidents, c’est bien simple : on coupe des langues comme de vulgaires ongles, on déporte, on fait taire, tous les moyens sont bons. Culturellement, c’est le monopole du fameux « Petit livre rouge » érigé en Bible Prolétarienne.



Kewei, ce fils de paysan peintre, devenant peintre à son tour malgré les réticences de sa mère, peintre censuré qui, une fois possédant du poids et un poste au sein du Parti, censurera les œuvres. Monde absurde ou la liberté individuelle semble l’ennemi à abattre.



Mais voilà, MAO n’est pas éternel. Le Grand Timonier, investigateur de la Révolution Culturelle, casse sa pipe en 1976. Il était temps. Il avait demandé la crémation, elle lui est refusée par les autorités. Le pays va devoir se reconstruire, entre nostalgie et regard vers le futur, l’international : « Mao, c’était ce vieux grand-père auquel, par déférence, on ne s’oppose pas. C’était ce sage du passé, qui n’entend plus rien au monde, et qu’on n’ose pas contredire. C’était cet être qu’on a aimé, mais qu’on ne comprend plus. Alors on le craint. Alors on le hait. Le peuple chinois avait choisi de mettre sa liberté en viager. Le peuple chinois attendait la mort du Maître. Et ce ne fut que lorsque passa dans l’autre monde, s’il en est un, celui qui fut, à proprement parler, le dernier empereur de Chine, que la première révolution véritable put éclater. Que l’acte de naissance authentique de la Nouvelle Chine put être contresigné ». Les capitaines de navire se nommeront HUA Guofeng, puis TENG Xiaoping. Mais c’est une autre histoire.



Ce roman est résolument politique et ne se contente pas d’observer. Il est dense, parfois complexe pour les novices de l’histoire chinoise contemporaine, il faut savoir s’accrocher aux wagons. Le travail fourni par l’auteur est assez exceptionnel car empreint de force détails, précis, cohérent. Vous l’aurez compris, les personnages fictifs sont là pour faire prendre forme et donner du poids à cette Chine du XXe siècle au destin singulier, un totalitarisme à la fois « classique » et pourtant voulant se démarquer des autres politiques autoritaires internationales. Roman sans temps mort, sans pathos, sans voyeurisme, une page d’histoire très bien restituée. L’auteur avait écrit il y a deux ans un roman sur la Russie post Stalinienne, je ne serais pas étonné d’aller y faire un tour à l’occasion (un hiver, bien sûr !).

https://deslivresrances.blogspot.fr/
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L'étau

Se passe en Tchécoslovaquie dans les années 1920 et pendant la guerre 40-45. C'est l'époque de gloire des voitures, des chaussures Bata. Mais aussi de l'usine Fernak qui construit des avions et des armes de combat.

Les nazis arrivent, prennent possession de l'usine en mettant aux commandes l'un des leurs, veulent que le rendement soit toujours plus performant, que l'usine tourne à plein régime. Ils engagent des prisonniers qu'ils tuent littéralement au travail.

Beaucoup de personnages et des faits qui me sont inconnus et rendent donc la lecture plus difficile.

Les dirigeants de Fernak, qui avaient cette usine à cœur, ont été si pas éliminés, soi-disant suicidés, écartés de leurs fonctions. Le SS Reinhard Heydrich qui était à la tête pour diriger la Tchécoslovaquie sera victime d'un attentat auquel il échappera miraculeusement mais décédera peu après. Les "retours" revanches seront terribles. De très nombreuses exécutions auront lieu.

Une lecture pas très aisée mais intéressante.

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Art Nouveau

Allez, je vais le dire d'entrée de jeu, ce roman est une surprise. La quatrième de couverture m'a interpellé lors d'un passage en librairie notamment en raison de son thème principal qui porte sur l'architecture, thème finalement assez peu courant en littérature, du moins pas en tant que thème principal.



Paul Greveillac invite le lecteur à suivre les traces de Lajos Ligeti. Ce jeune homme qui habite Vienne est poussé par ses parents à reprendre la pharmacie familiale. Pourtant, son choix va être radicalement différent puisqu'il va décider de quitter Vienne pour Budapest afin de faire carrière en tant qu'architecte.



La carrière du jeune architecte va connaître des hauts et des bas. La construction du roman va suivre cette courbe et chaque partie va donc se rattacher à une phase de sa carrière. L'arrivée à Budapest, les débuts difficiles, le succès, le déclin... Je n'en dit pas plus pour ne pas dévoiler des éléments majeurs de l'intrigue.



J'avoue avoir eu un peu peur au début en me disant qu'un roman sur un thème aussi "spécialisé" pouvait vite devenir laborieux pour le lecteur. J'imaginais alors de nombreux développements très techniques sur l'architecture de certains bâtiments et sur l'histoire de l'architecture. Pas du tout, l'auteur arrive à doser subtilement son roman et il ne m'a jamais perdu au fil du récit. Ca parle évidemment de points un peu techniques par moment mais toujours d'une manière extrêmement pédagogique et il faut dire aussi que le style d'écriture agréable de l'auteur parvient à fluidifier tout ça.



L'architecture est bien évidement au centre du récit mais pas seulement. Le jeune personnage principal est juif et le sujet de l'antisémitisme est abordé tout au long du roman. Le contexte politique n'est pas non plus mis de côté dans cette histoire qui se déroule en plein dans la période de l'Empire Austro-Hongrois avec une montée nationaliste qui se fait sentir année après année puis la survenue des conflits mondiaux...



L'ensemble est vraiment intéressant à suivre. En tout cas, ça a fait mouche de mon côté et j'ai même été surpris d'accrocher aussi facilement à ce roman. La belle plume de l'auteur n'y est pas pour rien et bien que cela soit parfois un peu distant vis à vis des personnages, j'ai réussi à me mettre dans la peau des protagonistes. Certains passages sont un peu plus arides mais l'ensemble est bien sympa. Evidement, le côté romanesque est bien présent et au-delà du contexte historique et de l'architecture, on retrouve aussi les éléments classiques de la vie du personnage principal qui va trouver l'amour et fonder une famille. L'évolution des relations entre les personnages que cela soit entre le personnage principal et sa famille ou bien avec ses associés est vraiment bien mise en avant et on voit bien la progression des différents personnages au fur et à mesure de l'avancée du récit.



Au final, c'est donc un roman au thème original qui ne tombe pas dans le piège du cours magistral. C'est vraiment bien écrit et tous les ingrédients sont là pour en faire une lecture très romanesque et captivante. Un roman qui sort un peu de l'ordinaire et des thèmes lus et relus, ça fait du bien. La belle plume de Paul Greveillac renforce le plaisir de lecture. Une petite découverte de cette rentrée littéraire 2020 que je recommande.
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Art Nouveau

L'histoire tragique d'un architecte juif qui sacrifie tout pour son art dans l'Europe d'avant 1914. On est plongé à Budapest, Prague, Vienne ou encore Constanta. On revit les grandes heures de l'art nouveau, d'une certaine Europe enchantée qui est un peu celle du monde d'hier de Stefan Zweig. Un vrai souffle porte ce roman réussi et original.

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Maîtres et Esclaves

J’ai dévoré ce livre que j'ai beaucoup aimé malgré des longueurs qui bizarrement ne m’ont pas gênées. Cette plongée dans la Chine post révolution est bouleversante . On suit la vie de Kewei de sa naissance en 1950 dans une famille de paysans au pied de l'Himalaya jusqu'à Pékin en tant que peintre officiel du régime totalitaire chinois.
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Maîtres et Esclaves

Une fresque sombre sur la Chine maoïste du XXème où nous découvrons, à travers l’ascension d’un artiste peintre, la misère et l’asservissement du peuple chinois, au nom de la « Grande révolution culturelle prolétarienne ».

Kewei, un jeune paysan issu de la classe des « moyens-riches » de la province du Sichuan, a hérité de son père le don du dessin et parce que la Chine a besoin d’artistes pour diffuser sa propagande révolutionnaire, il est repéré par un garde rouge galeriste, qui le fait entrer à l’école des Beaux Arts de Pékin.

Inconditionnel soutien au régime communiste, l’artiste va devenir un des piliers de la propagande du régime totalitariste de Mao.



Tout m’a révoltée dans ce roman, les dénonciations, les séances collectives d’auto-critique, « l’injustice expéditive » et surtout, la bêtise des propos du manifeste fondateur, le petit livre rouge, dont Dostoïevski disait qu’il était « la bêtise dans son essence la plus pure ».

Je n’ai pas éprouvé de compassion pour le personnage de Kewei qui, mu par « la rancœur des déclassés » et se grisant à « l’opium des honneurs », reste prisonnier du carcan maoïste et qui, malgré la modernisation et l’ouverture de son pays, ne s’ouvrira jamais à l’Art, alors que les jeunes artistes, dont son propre fils, se battent pour que « la liberté de penser, soit aussi celle de créer ».

Heureusement il y a Liu le Pinceau, un artiste vagabond insoumis, qui fait de courtes apparitions dans l’histoire et nous laisse, comme un infime sursaut, un petit espoir quant à la grandeur créatrice de l’âme humaine.



C’est un livre sur les artistes sans l’art, sur la peinture sans la poésie, sur la création sans la liberté ; et bien que réaliste, hormis son intérêt historique, il lui manque la profondeur et l’émotion qui en aurait fait un grand roman.
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Maîtres et Esclaves

Roman assez inégale, d'abord pour le style que j'ai trouvé pauvre, qui peu rebuter la lecture en elle même, par contre, là ou se joue l'inégalité, c'est le pouvoir de l'histoire qui y est raconté.

Très bon récit, d'un bébé qui né en pleine naissance du Maoïsme et de la Chine Communiste. J'ai pris un plaisir à découvrir plus en détails, cette période de l'histoire.

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L'étau

Magnifique roman.

Merci pour ce moment poignant, ce témoignage historique tellement d'actualité. Une écriture riche et foudroyante désormais la marque de fabrique de Paul Greveillac. Les personnages de Nad’a Zdražilova et son frère sont à la fois complexes et attachants

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Art Nouveau

Ce roman raconte le destin d'un jeune architecte juif, empli d'idéal, qui se bat pour imposer son art en ce temps d'effervescence qui voit poindre le XXème siècle. L'écriture est acérée, allant même parfois jusqu'au minimalisme, d'une grande précision dans la description des projets architecturaux.
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Art Nouveau

Départ pour la fin du XIXe siècle. Le jeune Lajos Ligeti, apprenti architecte, décide de quitter Vienne et la maison parentale pour gagner Budapest, l’autre capitale du bicéphale empire d’Autriche-Hongrie. Il y découvre une ville bien différente de Vienne, peu développée, où tout reste à faire, et donc à construire. Le jeune homme va devoir batailler pour s’y faire une place et tenter d’imposer son style et ses idées architecturales. Mais à la fois juif et étranger dans une société dans laquelle l’antisémitisme et le nationalisme s’exacerbent, son parcours ne sera pas sans risques ni embuches.



« Art nouveau » est une vraie réussite. J’avais quelques appréhensions liées à la thématique architecturale, qui n’est pas particulièrement mon domaine de prédilection. Mais Paul Greveillac parvient à la rendre de manière très vivante et dynamique, compréhensible aussi ! L’atmosphère générale du livre est très bien rendue et on à vraiment l’impression de naviguer au sein de cette période charnière de la fin du XIXe et du début du XXe siècles. On ressent bien l’affaiblissement de l’empire d’Autriche-Hongrie, sa société rigide et corsetée, vestige d’un temps déjà révolu, mais aussi la montée des nationalismes et de l’antisémitisme, portant en germe les deux conflits mondiaux du siècle qui nait tout juste. L’écriture de l’auteur semble d’ailleurs taillée pour son sujet et son époque, avec juste ce qu’il faut de finesse et de raffinement pour prolonger l’immersion du lecteur.



Au final, on prend beaucoup de plaisir à suivre le parcours architectural et humain de Lajos Ligeti, entre grandeur et décadence. Une très jolie découverte.

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Maîtres et Esclaves

On se souvient de celui qui avait publié un recueil de nouvelles sur les Justes ("Les fronts clandestins") en 2014 puis son premier roman en 2016 "Les âmes rouges" qui plongeait dans l’histoire soviétique des 50 dernières années à travers la vie d’un censeur passionné de littérature.



La censure m’avait alors beaucoup marqué. J’ai retenu que par exemple : "Le meilleur des mondes" d’Aldous Huxley qui faisait près de 300 pages en France n’en faisait que… 28 en URSS après passage par les fourches caudines de Madame Anastasie (ou plutôt ses ciseaux).



Il avait su montrer comment une utopie avait tourné au cauchemar.



Il recommence.



Cette fois il met en scène la Chine des années cinquante à travers la vie d’un peintre paysan au pied de l’Himalaya. On voit passer les 50 millions de morts du Grand Bond en avant… suivi de la Révolution culturelle et sa terreur, sa barbarie, sa guerre civile avec les dénonciations et exécutions sommaires.



L’histoire du paysan peintre qui, parce que l’une de ses toiles a été repérée par la femme de Mao se hissera jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir, est un modèle du genre, tant il a épousé toute l’histoire de la mentalité chinoise pour écrire ce roman.



C’est une sorte de fable sur la manière de devenir maître ou esclave en fonction des lubies et des caprices des puissants, sur la vie de ces intouchables qui sont passés du rôle d’exécutant à celui de mandataire, sans pour autant faire de compromissions, comme souvent.



Mais sommes-nous encore maîtres de nos rêves ou esclaves de nos désirs ?







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Maîtres et Esclaves

Paul Greveillac nous livre avec ce roman « Maîtres et esclaves » une grande et magnifique fresque, au souffle puissant, de la Chine de Mao Zedong vue au travers des destins de nombreux personnages dont la plupart seront broyés par les dérives d’un régime autoritaire.

Le roman commence en 1950, un an après l’avènement de Mao Zedond, avec la naissance de Tian Kewei, dans la province du Sichuan, d’une famille de paysans « moyens-riches ». Nous allons le suivre pendant presque 50 ans ; sa vie personnelle sera intimement marquée par les soubresauts politiques de la Chine communiste. Tian Kewei deviendra un peintre reconnu du régime dont il traversera toutes les vicissitudes : le Grand Bond en Avant responsable d’une terrible famine, la délation, l’autocritique, la justice populaire expéditive, la répression, la disgrâce.

Ce roman est remarquablement documenté et nous fait découvrir l’histoire de la Chine de l’intérieur, à travers les yeux et les souffrances de simples citoyens. Pour autant, l’écriture est belle, poétique, capable de nous donner à voir un tableau, un paysage comme si nous y étions nous-mêmes en face.

Ce roman est également une profonde réflexion sur l’art et le pouvoir, sur le degré d’influence de l’un sur l’autre. Deux conceptions de l’art s’y affrontent : l’art au service du pouvoir, autrement appelé propagande et l’art comme expression d’une liberté revendiquée.

Très beau roman qui pêche cependant par des longueurs, des personnages qui n’apparaissent que pour être victimes de décisions absurdes du régime maoïste et disparaissent aussitôt, des réflexions politiques trop développées qui font parfois perdre le fil et nous éloignent de l’émotion liée au destin de Tian Kewei.

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Maîtres et Esclaves

Dans la campagne du Sichuan en Chine, Kewei voit le jour 1950. Enfant unique d’un couple de paysans, il est attiré très jeune par le dessin comme son père. Mais pour sa mère dans cette Chine rurale, il n’est pas question que son fils s’adonne à sa passion. Et pourtant, Kewei va intégrer les Beaux-Arts à Pékin car son talent a été remarqué par un garde rouge.



A travers ce roman, on suit le destin de Kewei, de sa famille mais surtout on est immergé dans la Chine sous Mao Zedong. D’abord peintre pour le régime, il devient lui-même un de ceux qui valide ou censure les œuvres d'arts au service de la propagande du parti. Au gré des luttes intestines du pouvoir, sa côte de popularité fluctue et pour s'assurer un avenir, il rejoint le parti. Kewei veut inculquer à son fils les valeurs et les principes dictés qu'il a lui-même embrassés par force. Un fils qui s'élèvera contre le Parti communiste chinois et contre son père.



Les idéologies, le régime totalitaire, la peur, les dénonciations, l’asservissement, tout est détaillé et raconté avec force et puissance tout comme les conséquences de la Révolution culturelle.



Il s'agit d'un roman dense et touffu mais passionnant ! Alors oui il y a quelques petites longueurs (liées aux événement politiques) et une histoire d’amour naissante dont je me serais bien passée mais j'ai vraiment aimé ce livre foisonnant. Paul Greveillac rend à merveille la vie de cet homme soumis à l’Histoire de son pays et il nous interpelle sur l’utilisation détournée de l’Art à des fins politiques.

L'auteur sait jouer de touches poétiques comme de formulations plus cinglantes pour nous captiver et c’est réussi.
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Maîtres et Esclaves

Ce roman raconte de façon passionnante la vie de Tian Kewei, paysan chinois devenu artiste peintre.

Embarquement immédiat pour un voyage riche en émotions au cœur de la Chine.

Tian Kewei naît en 1950 dans une famille de paysans au pied de l’Himalaya, en pleine campagne chinoise.

A cette époque, la république populaire vient d’être proclamée par Mao Zedong.

Lutte des pouvoirs, dénonciations, famine, censure et propagande deviennent alors le lot quotidien du peuple chinois.

Le fil conducteur de cette histoire, c’est l’âme d’artiste de Tian Kewei, qu’il a héritée de son père et qui va très vite guider son destin.

Cette fresque historique est extraordinaire à plus d’un titre. Elle mêle la vie intime du personnage principal au contexte global de la politique en Chine.

Dès les premières lignes, les descriptions subjuguantes permettent au lecteur de voir apparaître les paysages, les personnages, les ambiances.

La plume remarquable de l’auteur offre au roman des allures poétiques.

J’ai également beaucoup apprécié la quantité impressionnante de révélations historiques subtilement délivrées à travers le récit de la vie de Tian Kewei.

Seul bémol : quelques longueurs à partir des deux-tiers du roman.

Quoi qu’il en soit, je conseille ce livre aux amoureux de l’art et de l’histoire de la Chine.
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