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Citations de Philip Roth (1727)


On peut tout surmonter, […] même si la confiance est trahie, à condition que la faute soit avouée. Dans ce cas-là, on devient partenaires sur un autre registre, mais on peut rester partenaires. Tandis que le mensonge, le mensonge n’est qu’une manipulation minable, une manipulation méprisable de l’autre. On regarde l’autre agir selon des informations incomplètes, autrement dit s’humilier. […] Les gens que vous bafouez, vous les menteurs, avalent tellement de couleuvres qu’ils finissent par baisser dans votre estime, malgré vous, n’est-ce pas ? Je suis sûre que les menteurs sont si habiles, si tenaces, si fourbes que c’est la personne à qui ils mentent qui finit par leur sembler sérieusement limitée. Vous en arrivez sans doute à oublier que vous mentez –ou alors vous vous dites que c’est un pieux mensonge, commis par gentillesse, pour épargner votre pauvre compagne asexuée. Vous pensez sans doute mentir par vertu, par générosité envers la pauvre gourde qui vous aime. Mais peut-être qu’il ne faut rien y voir d’autre qu’un mensonge, un mensonge de plus, dans une série de mensonges dégueulasses.
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Je connaissais bien les émotions spectaculaires qu'inspirent les horreurs de la politique. Ou bien vous êtes au désespoir et tant soit peu hystérique, ou alors vous êtes ivre de joie, avec le sentiment d'avoir raison. Mais maintenant, je n'étais plus qu'un simple observateur. Je ne m'immisçais plus dans le drame collectif. Le drame collectif ne s'immisçait plus dans ma vie.
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KUNDERA : (…) Ce qui nous terrifie dans la mort, ce n’est pas la perte de l’avenir, mais la perte du passé. L’oubli est une forme de mort toujours présente dans la vie.

(in "Parlons travail", entretien avec Milan Kundera en 1980, p. 365)
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La semaine précédente, les dernières feuilles étaient tombées des arbres, de sorte que les contours des montagnes se trouvaient à présent exposés au soleil jusqu'à la roche- mère et, avec leurs articulations et leurs stries hachurées comme une gravure ancienne, et ce matin-là, tandis que que je me rendais à Athena pour l'enterrement, la rugosité d'un paysage lointain caché par les feuillage depuis le printemps dernier faisait naître en moi, à contretemps, un sentiment de réémergence, de renouveau possible.
L'organisation si logique de la surface de la terre, qu'on pouvait désormais admirer, révérer, pour la première fois depuis des mois, m'évoquait la terrible force abrasive, du glacier déferlant qui avait érodé ces montagnes, tout au bout de sa tonnante course vers le sud.
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J'avais bien lu quelques livres qui se projetaient dans un avenir historique imaginaire, notamment 1984.Mais alors que j'ai une grande admiration pour ce dernier roman, je n'ai pas pris la peine de le relire pour en étudier la méthode. Dans 1984-écrit en 1948 et publié un an plus tard- Orwell postule qu'il se produit un énorme bouleversement historique à la suite duquel son monde devient méconnaissable. Il existait au XX° siècle, c'est certain, des modèles politiques de ce genre de catastrophe dans l'Allemagne de Hitler aussi bien que dans la Russie de Staline.Mais comme je n'ai aucun talent pour mettre en scène des évènements à l'échelle orwellienne, j'ai imaginé à la place quelque chose d'une taille plus réduite, quelque chose qui aurait de plus bien pu se produire lors de l'élection présidentielle de 1940, moment où le pays était âprement divisé entre Républicains isolationnistes, qui, non sans raison, ne désiraient prendre aucune part à une deuxième guerre atroce en Europe vingt ans à peine après la fin de la première-...et Démocrates interventionnistes, qui, eux non plus, ne voulaient pas forcément repartir en guerre... (genèse Complot contre l'Amérique)
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Parce qu'il était désespérément en demande ; parce qu'on a beau avoir un père qui vous déçoit et vous enrage, les moments qu'on passe avec lui sont si forts, et si immense est le besoin de lui.
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"Il sait tout, cet enfoiré phraseur. Dommage qu'il sache rien d'autre."
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[...] un Juif dont les parents sont vivants est un gamin de quinze ans et restera un gamin de quinze ans jusqu'à leur mort!
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On aura beau tout savoir, tout manigancer, tout organiser, tout manipuler, penser à tout, le sexe nous déborde. C'est un jeu très risqué. On éviterait les deux tiers de ses problèmes si on ne s'aventurait pas hors des balises pour baiser. C'est le sexe qui jette le désordre dans nos vies bien réglées en temps normal. Je le sais aussi bien qu'un autre. Toutes tes vanités, jusqu'à la dernière, feront retour pour te moquer. Il suffit de lire le Don Juan de Byron. Oui, mais que faire, quand on a soixante-deux ans, et qu'on se dit que jamais plus on n'aura la jouissance d'un objet aussi parfait ? Que faire quand on a soixante-deux ans et que l'urgence de cueillir ce qui se cueille encore n'a jamais été aussi impérieuse ?
Que faire quand on a soixante-deux ans et qu'on comprend que ces pièces détachées jusque-là invisibles (les reins, les poumons, les veines, les artères, le cerveau, les intestins, la prostate, le coeur) vont commencer à se manifester de la manière la plus alarmante à mesure que l'organe jusque-là si central est condamné à se rabougrir jusqu'à l'insignifiance ?
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Philip Roth
Tu l'imagines, la vieillesse ? Non, bien sûr. Moi non plus, je ne l'imaginais pas. Je n'y arrivais pas. Je n'avais pas idée de ce que ça pouvait être. Je ne m'en faisais même pas une image fausse, je ne m'en faisais pas d'image du tout.

La bête qui meurt
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Nous avons descendu l'escalier d'acier en colimaçon qui mène à la bibliothèque, j'ai trouvé un grand volume de reproductions de Vélasquez, et nous nous sommes assis côte à côte pour en tourner les pages pendant quinze minutes, quart d'heure palpitant, et édifiant pour elle comme pour moi. Elle, elle découvrait Vélasquez, et moi je redécouvrais l'imbécilité délicieuse du désir érotique. Mais quel verbiage ! Et que je lui montre Kafka, et que je lui montre Vélasquez...pourquoi fait-on ces choses ? Ma foi, c'est qu'il faut bien faire quelque chose, justement ; ce sont les voiles pudiques de la danse amoureuse. A ne pas confondre avec la séduction. Il ne s'agit pas de séduction. Ce qu'on déguise, c'est son mobile même, le désir érotique à l'état pur. Les voiles dissimulent la pulsion aveugle.
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Il n'y a rien de plus difficile à sauver qu'un garçon honnête démoli.
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Il le savait par la colère d'Achille, la fureur de Philoctète, les fulminationsde de Médée, la folie d'Ajax, le désespoir d'Electre et la souffrance de Prométhée : il s'ensuit des horreurs sans nombre quand le paroxysme de l'indignation conduit à exercer des représailles au nom de la justice, et qu'on entre dans le cycle de la vengeance.

P93
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D'ailleurs qui est fait pour l'invraisemblable? Personne. Qui est fait pour la tragédie et la souffrance absurde? Personne. La tragédie de l'homme qui n'était pas fait pour la tragédie, c'est la tragédie de tout homme.
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Il y a des moments où je me dis : je ne tiendrai pas une heure de plus. Puis je me dis : il faut l’ignorer. Je me dis : ça ne fait rien. Je me dis : fais comme si de rien n’était. C’est un spectre, c’est une nuisance, et rien de plus. Ne te laisse pas faire, ne coopère pas, ne mords pas à l’hameçon, ne réagis pas. Bande tes muscles, pied au plancher. C’est la douleur ou toi qui commande, choisis. Je me répète ça des millions de fois par jour
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Nous, les gens qui lisons et qui écrivons, nous sommes finis, nous sommes des fantômes qui assistons à la fin de l'ère littéraire.
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Toujours faire le contraire de ce qu'ils attendent. Tout petit déjà. Tu as toujours trouvé une méthode pratique pour préserver ta liberté.
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Tel était mon patrimoine : non pas l'argent, non pas les téphillim, non pas le bol à raser, mais la merde.
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Il est clair que les faits ne nous sautent jamais au visage, mais que nous les incorporons par une imagination elle-même formée par notre expérience. Les souvenirs ne sont pas des souvenirs de faits mais des souvenirs de faits tels qu’on les imagine. Il y a quelque chose de naïf chez le romancier que je suis à vouloir se présenter « sans fard », et décrire une vie « sans la chair de la fiction ». J’invite aussi le type de simplification excessive, qui m’insupporte, en annonçant que passer les faits au crible a pu être une forme de thérapie pour moi. On fouille son passé avec certaines questions en tête, je dirais même qu’on fouille son passé pour découvrir quels événements ont conduit à se poser ces questions précises.

(p. 19-20)
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Kafka, cependant, n'est guère une vermine pour Dora Dymant ni pour lui-même. Loin de Prague et du toit paternel, il semble délivré, à quarante ans, de la haine de soi, du doute permanent sur sa personne et d'un sentiment de culpabilité qu'exprimait son besoin de dépendance et d'effacement-toutes choses qui l'avaient conduit au bord de la folie vingt années durant.
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