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Citations de Roger-Pol Droit (345)


Il y a cependant des situations très banales, des gestes quotidiens, des actions que nous accomplissons sans cesse et qui peuvent devenir autant de points de départ pour l'étonnement dont naît la philosophie. Si l'on veut bien admettre que celle-ci n'est pas théorie pure, si l'on accepte qu'elle prenne source dans des postures singulières envers l'existence, dans les aventures insolites des philosophes parmi les sentiments, les perceptions, les images, les croyances, les pouvoirs et les idées, alors il n'est pas impossible d'imaginer des expériences à vivre qui sont autant de dispositifs d'incitation. Le jeu consiste à provoquer des déclics infimes. Inventer quelque chose à faire, à dire, à rêver qui fasse éprouver un étonnement, percevoir le trouble d'une question. Il s'agit de fabriquer de microscopiques événements déclencheurs, des impulsions minimales. Au ras des choses, en jouant.
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Il s’agit d’une simple consommation imaginaire d’avenir, dépourvue de tout impact sur la réalité. Le geste ne consiste jamais à se prendre vraiment en charge, ni à s’exercer réellement. Il réside tout entier dans l’évocation de ce qu’on sera... lorsqu’on aura réussi cette opération qu’en fait on n’accomplit jamais !
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Marcel Staline ne serait donc qu’un perroquet de plus de la « sagesse des nations », nullement l’indice d’une nouvelle barbarie. Ce coach et ses semblables ne feraient que répéter des maximes millénaires : accepter ce qu’on est au lieu de rêver à des paradis illusoires, être calme et serein plutôt qu’agité et inquiet, voir les choses du bon côté, prendre soin de son organisme, vivre pleinement sa sexualité... Beaucoup de vieux bon sens, rien de vraiment faux, a fortiori rien de dangereux.
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J’ai donc composé cette farce pour mettre en lumière les méfaits de certains charlatans. Toute ressemblance entre la « méthode totale » et des méthodes existantes n’est absolument pas fortuite. Et les personnages cités pourraient tous exister.
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On vous donne à présent des conseils pour tout. Plus un seul aspect de l’existence ne demeure sans experts, gourous et autres coachs, tous prêts à prendre en main votre vie.

Situation ridicule : la vie n’a pas besoin, pour se développer, de tant d’artifices et de boniments.

Situation dangereuse : beaucoup risquent d’y perdre leur autonomie.
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Nous avons oublié, également qu'Apollonius fut considéré, plusieurs générations durant, comme un concurrent notable du Christ. L'un était grec, l'autre juif. Mais tous les deux faisaient des miracles, avaient des disciples, passaient pour des hommes divins. Et transgressaient volontiers les frontières.
De la longue marche d'Apollonius, un trait essentiel à retenir nous concerne toujours : il est allé marcher vers les autres, s'est mis en quête de l'Orient, de l'Inde, des sages d'Asie. Non par goût d'exotisme et de dépaysement, mais par souci d'universalité. Nous qui cloisonnons, qui ne voulons marcher que sur des chemins balisés, dans des circuits définis, le long d'allées bien tracées, ce mélange des genres nous trouble;
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L'idée centrale est que le sacré possède un pouvoir terrible. Le sacré est considéré comme quelque chose de merveilleux, de sublime, et en même temps de redoutable, d'effrayant. Du point de vue religieux, le sacré peut être destructeur pour les êtres humains s'ils n'observent pas les règles.
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Plus les barbares disparaissent, comme figures réelles, comme danger effectif émergeant des lointains, plus les barbares intérieurs, porteurs de diverses manifestations de l'inhumanité, surgissent et se manifestent au-dedans. (p.245).
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Il ne serait pas impossible qu'en scrutant les autres avec tant de patience, d'attention, de science et d’ingéniosité, l'Occident montre qu'il a pratiqué , plus que tout autre culture, le doute sur lui-même, l'hésitation par rapport à ce qu'il est. (p.204-205).
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Les civilisations sont profondément dépendantes des représentations qu'elles forgent. Selon la teneur de ces représentations, selon la façon dont elles les transforment et les perpétuent, leurs rapports à elles-mêmes et aux autres se définissent différemment. (p.196-197).
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Il y a de la bête sauvage en chacun. Le sage, qui parvient à vivre selon la raison, a vaincu le tyran ou le fauve, qui était en loi-même. (p.157)
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Il n'y a pas en occident un ethnocentrisme monolithique.[...] Une des caractéristiques constantes des textes occidentaux est de procéder à intervalles réguliers, et de multiples manières, à l'étude des autres, à l'observation minutieuse de leurs mœurs et de leurs croyances, ce qu'aucune culture n'a fait avec autant d'ampleur, de constance et d'opiniâtreté. Parallèlement, à ce souci des autres, l'Occident s'est adonné perpétuellement à son auto-dévalorisation. (p.118-119)..
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L amour délie chacun de lui-même, pour le lier a l'autre, constitutivement, il reste possible de respirer seul, de manger à l écart, de dormir sans personne, pas d aimer, c est toujours en soi et hors de soi, l autre d abord, l amour est une énigme qui inverse tout, c est l'inverse du doute, de l'ignorance, de la raison, qui aime est dans l évidence ...
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50 - Penser au cosmos

Accaparé, harassé, harcelé, ça va trop vite.
Avec trop de tâches, de soucis, d'exigences.
Nez dans le guidon, plus de regard pour rien ni de pensée pour tout.
Examens, révisions, promotions, chômage, enfants, provisions (...)

Solution : les protubérances solaires, les aurores boréales, le trajet des galaxies ! Retrouvez les anneaux de Saturne, la Voie lactée.
Sans oublier la galaxie d'Andromède, Alpha du Centaure, les vertiges des photos de Hubble, les trous noirs et notre vieille voisine la lune.

Levez le nez, rien qu'un instant.
Vagabondez à quelques milliards d'années-lumière d'ici, même cinq minutes.

Vous ne verrez plus du même œil vos appréhensions du matin et vos fatigues du soir.

De temps à autre, de jour ou de nuit, un coup d'œil en haut, ailleurs, au loin.
Histoire de se souvenir fugitivement qu'il existe un univers immense (...)
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Or ce n'est rien d'autre que cela, l'éternité. Un instant sans fin, jamais, nulle part. un hors-temps intégral. Ce n'est pas ce qui dure pour toujours, mais bien plutôt ce qui demeure hors de la durée.
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Ce qu'on ne sait pas, il n'y a pas à se le demander. les silence est bien, ici, un jeûne thérapeuthique. En se taisant (...), le médecin-Bouddha prescrit, par son mutisme, l'abstinence du tourment métaphysique...
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Le Bouddha (...) a beaucoup parlé, il a prêché plus de quarante années, parcourant en tous sens le bassin moyen du Gange, s'adressant à des interlocuteurs innombrables et divers(...)
Pourtant, le Bouddha s'est beaucoup tu. L'un de ses surnoms et Cakyamuni, l'ascète silencieux (muni) du clan des Cakya. Cependant, son silence ne se réduit pas au mutisme de celui qui est absorbé par la méditation. C'est fréquemment une "réponse" à des questions. Ce silence est essentiel à son enseignement.
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Au commencement et à la fin, les autres
Les trois pistes ici esquissées n'ont en fait qu'un unique point de départ et d'arrivée. C'est les autres, leur présence et leur parole. L'économie de la parole est une économie circulaire. Si on l'oublie, on parle tout seul, donc on ne parle plus. La responsabilité personnelle des paroles n'a d'existence qu'envers les autres, par et pour les autres. Les décisions que je prends de parler ou de me taire, d'user de certains mots et d'en bannir d'autres, d'adopter telle attitude ou tel ton, n'ont de sens que par rapport aux autres. Un être « parlant» est, en fait, par essence, « parlant aux autres » -et non à lui-même, ni au néant. Il répond aux autres et répond d'eux. Ne plus le savoir revient à s'exposer à la disparition de soi-même, dans la solitude hallucinée et la toute- puissance fantasmagorique, et à provoquer éventuellement la disparition réelle des autres après les avoir effacés symboliquement de l'espace des échanges. L'équilibre entre émotions et raison, lui aussi, part des autres et y conduit.
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Piste 3. Réinventer des formes et des silences

[... ] Parmi les premières choses que l'on apprend à l'école: tout le monde ne peut parler en même temps, attendre son tour est indispensable, ne pas interrompre les autres est nécessaire. II ne serait pas superflu que des équivalents de ces règles soient imaginés pour les réseaux sociaux, et appliqués à grande échelle. L'attention accordée à l'importance et au respect des tours de parole, comme autant de codes sociaux qui structurent nos interlocutions, pourrait être une indication.
[... ]
Et, surtout, qu'on réapprenne à se taire ! Car la parole est par définition discontinue, comme l'écriture a besoin de blancs et d'espaces pour se constituer. Parler tout le temps n'est pas parler. Il est aussi important de savoir quand et comment s'abstenir que de trouver quoi dire au bon moment. L'un ne va pas sans l'autre. L'économie de la parole est aussi une économie du silence. Toutes les traditions l'ont su. Nous l'avons oublié.
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Piste 2. Rééquilibrer la relation émotions-raison
[... ]
Entre parole émotive et parole rationnelle, il ne s'agit pas de choisir. Il faut plutôt sans cesse s'efforcer de les équilibrer : enrichir l'apport de l'une par la force de l'autre, compenser les inconvénients par les vertus sur chaque versant. Ce mouvement est permanent, jamais figé. Lui seul permet à la parole de demeurer sensible et vivante sans être dominatrice, et de garder raison sans se dessécher. Or cette économie souhaitable est fort éloignée de ce qu'on observe à présent.
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