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Citations de Roger-Pol Droit (345)


Ce qui ,signe le philosophe aux yeux des Grecs comme des Romains de l’Antiquité, ce n'est pas l'exposé d’une doctrine, pas même le développement des arguments. C'est d'abord la manière d'être, de se comporter au quotidien, de se vêtir, de s'alimenter, de se déplacer, d'entrer en relation avec ses semblables ou avec les autres espèces. (p.111).
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"Les langues imparfaites en cela que plusieurs", écrivait Mallarmé.
Depuis la tour de Babel, cette pluralité n'a jamais cessé.
Mais rien ne dit que ce soit une imperfection.

Beaucoup soutiennent, au contraire, que pareille diversité des langues humaines constitue une richesse immense, la garantie de mondes multiples, disparates, capables de s'enrichir de leurs dissemblances en évitant l'uniformité et la platitude.
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Devenir attentif aux pièges des mots est une précaution philosophique de base.
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Qui sait peu, ignore aussi très peu
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Nous avons presque oublié les philosophes. Je veux dire les vrais – rares et abrupts, démesurés, toujours inconvenants en quelque façon. Nous nous sommes accoutumés aux historiens des concepts, aux professeurs, aux érudits – gens respectables et utiles, cela va sans dire. Mais fort éloignés de ces monstres dont les siècles sont avares.
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Aujourd’hui, les cultures sont devenues de grands sujets d’affrontement, outils d’affirmation collective et de quête d’identité, refuges imaginaires. Et aussi objets de déception secrète. Tant que dominait l’Occident, tant qu’il imposait ses modèles, la culture ne constituait pas un champ de bataille.
En quelques décennies, les bouleversements se sont précipités. Des guerres mondiales a resurgi le fond de barbarie de l’Europe. Le temps de la décolonisation s’est ouvert. Une égale plénitude culturelle des divers mondes humains a été proclamée. Leur concorde fut souhaitée, leur dialogue organisé. Pourtant, on ne saurait dire que les choses vont mieux. Au contraire !
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Il neige sur Mars. Mais, sur Terre, à peu près tout le monde s’en fout. Submergés par la crise, atterrés par ce qui nous est annoncé, nous n’avons pas accordé grande attention aux nouvelles de la planète rouge. Pourtant, il y a de quoi s’émouvoir. Car, cette fois, c’est sûr : il y a de l’eau, de la glace, et même des chutes de neige, en flocons serrés, photographiés. En d’autres temps, on se serait rué sur un tel cliché. On l’aurait jugé bouleversant, prophétique ou inquiétant.
Cette fois, calme plat. Les flocons de neige de la planète Mars ont été à peu près autant remarqués que s’ils étaient tombés sur le Cantal ou le Klondike. Uniquement en raison des soubresauts des marchés ? Évidemment non. En fait, si Mars passionne peu, c’est que les Martiens ont disparu.
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Pirate : Notre époque met le pirate à toutes les sauces. Il navigue des Caraïbes jusqu’aux réseaux informatiques. Le même terme (« piratage ») englobe indistinctement le petit téléchargeur du dimanche et les bandes organisées rançonnant les armateurs. Quoi de commun entre des pirates de l’air, qui déroutent un avion au nom d’une lutte politique, et des radio-pirates, qui émettent sans autorisation ?
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L'Amitié se noue ailleurs, en dehors, dans un espace qui ne se soucie ni des années, ni des mois, ni des jours.
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Dans la continuité de nos rapports aux Anciens, quelque chose s'est rompu. Depuis deux ou trois générations, tout ce qui avait été transmis, vaille que vaille, pendant deux mille cinq cents ans se trouve laissé en friche, déserté par l'école. Dans les années 60, on enseignait encore ce qui l'avait été - sous des formes différentes, certes, mais avec un résultat à peu près semblable - aux jeunes Grecs de l'Antiquité, aux jeunes Romains de l'Empire, aux étudiants du Moyen Age comme à ceux des Lumières.
Car, comme chacun sait, Grecs et Romains ont constamment nourri l'imaginaire de la culture européenne. Tournez-vous vers l'Histoire, regardez où vous voulez... ils sont partout ! De la peinture jusqu'au cinéma, de Shakespeare jusqu'à Cocteau ou Giraudoux, en passant par Racine, Hugo et cent autres, vous les retrouverez constamment. Que ce soit chez Montesquieu ou Robespierre, chez Marx ou même chez Hitler, Grecs et Romains sont éternellement recomposés, tirés en des sens contraires, mais toujours reconnaissables.
Qu'on n'aille pas s'imaginer qu'ils survivent uniquement dans la peinture, le théâtre ou la philosophie. La présence des Anciens imprègne les mots de la langue, les plans des rues, les coutumes nationales, les systèmes juridiques, les noms de lieux, les toits des maisons, l'agencement des chemins et des cultures, les institutions, les fêtes et les contes populaires. Entre autres..
Mais cela se sait de moins en moins. La fréquentation permanente des œuvres antiques n'est plus l'affaire que de spécialistes en voie de disparition. Ces experts sont compétents, ils sont novateurs - la question est entendue. Aujourd'hui, les voilà même capables de découvertes que les siècles passés ne pouvaient pas envisager. Dans ce domaine aussi, la recherche progresse. La question est ailleurs : dans l'écart vertigineux désormais creusé entre les trésors des Anciens et le commun des mortels.
(...) Or il n'est pas du tout vrai que seules mathématiques et formations scientifiques soient utiles dans le monde d'aujourd'hui et de demain. (...) Ma conviction : les Anciens peuvent nous être, à chaque instant, du plus grand secours, dans des circonstances très diverses et très concrètes du quotidien. On en trouvera, dans ce livre, une foule d'exemples. Chaque lecteur qui s'y appliquera en trouvera, de lui-même, cent autres ou plus. La seule chose qui compte : changer de regard, ne plus voir l'Antiquité comme une chose morte, respectable et ennuyeuse, vaguement décorative mais inutile pour vivre dans le monde réel. C'est l'inverse. Je crois, pour ma part, à une Antiquité colorée."
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Tirée des quelques pages consacrées à Socrate (page 159)

Car la philosophie ne consiste pas à avoir des idées (tout le monde en a), ni à savoir les défendre (tout le monde est capable de dire pour quelles raisons il possède tel ou tel avis). La philosophie commence quand on examine les idées qu'on prétend avoir, quand on les teste pour voir si elles sont solides. Le travail de Socrate est toujours de voir si les idées tiennent le coup ou non
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Le bouddhisme (...) est avant tout une thérapeutique, une "doctrine-médecine" qui conduit à la délivrance, cessation de la souffrance. Cette cessation résulte de l'extinction de la "soif", c'est-à-dire du désir, provoquée par l'ignorance. (...) Faire silence face aux interrogations angoissées et angoissantes constitue donc un geste cathartique. En s'abstenant de répondre, le Bouddha tend à ôter le questionnement.
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La source du mal réside dans le fait de parler d'un homme « alors qu'il n'est pas présent ». Plus que la critique ou la moquerie, c'est la parole prononcée au sujet d'une personne en son absence qui retient l'attention. N'étant pas présente, elle n'est pas informée, ne peut répondre, se trouve en quelque sorte anéantie.
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Pensant que la médisance ou le mépris sont destinés juste à faire rire, ou sourire, un court instant, et qu'ensuite tout s'efface et se dissout. Ce n'est pas le cas. Parce que le mal chemine. De deux manières : au coeur de la personne atteinte, chez qui la souffrance peut s'accroitre et perdurer, et dans la collectivité, où ce qui a été dit une fois se répète et se multiplie. La dynamique de la parole toxique a donc deux faces : l'une interne à l'individu qu'elle touche, I'autre externe par sa diffusion sociale. C'est ainsi que sa nocivité s'intensifie. Avec le temps, la meurtrissure intime et le partage collectif s'approfondissent. La blessure finit par saigner, les injures se transforment en coups. Les mots ne tuent pas seulement comme des couteaux ou des balles. subitement. lIs peuvent faire mourir comme des virus, multipliant leurs effets dans un corps, se répandant dans une population, finissant provoquer des hécatombes. Génocides, massacres de masse, épurations ethniques sont des effets de la parole toxique, parvenue à sa destructivité ultime.
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Certe dimension imaginaire est d'une tout autre nature que I'utilitaire, la communication pratique. La parole ouvre à des idées, notions et représentations qui mettent en jeu une création sans fin. Mythologies, poésies, littératures et sciences en découlent. Tout l'univers humain - cultures, religions, savoirs et politiques- est rendu possible par les glissements progressifs des notions, dont aucune jamais n'est rivée une fois pour toutes à un usage unique. En ce sens, la parole est créatrice et non descriptive. Elle ne se contente pas de dire le monde. Elle crée des multitudes de mondes. Elle ne décalque pas la réalité, immuable et unique, elle en produit sans cesse de nouvelles. Pour le meilleur comme pour le pire.
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Savoir qui parle, pouvoir répondre, et que chacun reprenne conscience du poids de ses paroles, voilà des axes généraux, simples à formuler, à retenir. Les détailler est moins rapide, les mettre en œuvre plus ardu.
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C'est l'un des termes que vous utilisez le plus. Au cours de la journée, le mot "je" figure dans presque toutes vos phrases. Depuis votre plus tendre enfance, vous avez cessé de vous désigner par votre prénom. "Je" est devenu le mot par lequel vous exprimez vos désirs, vos déceptions, vos projets, vos espérances, vos actes les plus divers, vos sensations physiques, vos maladies, vos jouissances, vos plans, votre ressentiment, votre tendresse, votre goût pour la vanille ou votre aversion pour le fenouil. Vous avez lié depuis très longtempsce mot si bref à la multitude de vos états d'âme. il est intimement imbriqué à vos sentiments, à vos souvenirs. En apparence, rien ne se fait sans lui. On le retrouve dans tous vos récits, pas la moindre rumination ne lui échappe.
Curieuse situation: tout le monde se sert du même mot. La plus irréductible intimité, la plus singulière existence, pour chacun d'entre nous, est liée à un terme qu'il n'a ni choisi ni forgé, et dont tous les autres se servent identiquement. Un pronom de la langue. Rien n'est moins personnel que ce pronom "personnel".
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Celui qui apprend vise quelque chose qu'il ne peut apprendre ; celui qui agit agit sur quelque chose sur lequel il ne peut pas agir ; celui qui discute vise quelque chose qui échappe à toute discussion. Ainsi, qui sait s'arrêter là où tout homme ne peut plus connaître atteint la connaissance suprême. Si quelqu'un n'accepte pas cette limite naturelle, le cours du ciel le tiendra en echec.
[Tchouang-Tzeu, Oeuvre complète, traduit de chinois par Liou Kia-hway, Gallimard-Unesco, 1969, Folio essaie, 2011, p.264]
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"Le meilleur usage qu l'on puisse faire de la parole est de se taire" écrit Zhouangzi, qui a quand même préféré le dire... Le fond de cet anarchisme radical vise le langage et ses mirages. Les mots nous trompent, figent ce qui est fluide, simplifient ce qui est complexe, séparent ce qui est relié. Celui qui sait se tait. La parole n'a aucun privilège, aucune autorité.
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On n’est pas sérieux quand on a
dix-sept ans. Encore moins quand on se trouve accueilli par une telle femme dans sa demeure et son effluve.
Envoûtant, son parfum. D’abord léger, frissonnant. Des notes de muguet, de lilas, d’iris. Un zeste d’agrumes, peut-être. Lourd, ensuite, capiteux, profond, surtout si on le humait de très près, sur sa main, à même la peau. Là s’ouvrait un monde plus
dense, où dominait la tubéreuse, entêtante, érotique.
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