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Critiques de Roland Barthes (184)
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Le plaisir du texte

Que jouissons-nous du texte ? Cette question ,il faut la poser ,ne serait-ce que pour une raison tactique :il faut affirmer le plaisir du texte contre les indifférences de la science et le puritanisme de l 'analyse idéologique ;il faut affirmer la jouissance du texte contre l 'aplatissement de la littérature à son simple agrément .

Comment poser cette question ? IL se trouve que le propre de la jouissance ,c 'est de ne pouvoir être dite .IL a donc fallu s ' en remettre à une succession inordonnée

de fragments : facettes ,touches , bulles , phylactères d 'un dessin invisible :simple mise en scène de la question , rejeton hors-science de l 'analyse textuelle .

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L'Empire des signes

Voyager, c'est partir à la rencontre. A la rencontre de tout autre et à l'encontre de soi. Tout autre que soi même. C'est avoir la capacité de se mettre en demeure de l'autre. Et pour approcher cet état d'esprit il faut tenter - tenter est le seul verbe acceptable, tant les archétypes de nos pensées et langage nous pétrissent - de se débarrasser de notre intelligibilité, de l' articulation de nos idées que nous avons apprise, et qui nous donnerait fausse démarche pour nous rendre «  là-bas » .

Préparer un voyage s'est peut être d'abord se décharger. Se décharger de ce que nous emportons.

Savoir se préparer à Être telle une entité martienne unijambiste et manchote découvrant une boite à chaussure. Comment imaginer cette boite au delà de sa nature, et de ce fait comprendre son langage, ses fonctionnalités, l'ordre ou le désordre dans laquelle elle s'inscrit, si on ne peut penser la marche, le pied, la main, le couvercle de cette boite et donc la chaussure...Le martien, là bas aurait bien vu et même touché une boite. Boite dont il peut se représenter l'image mais non l'idée. Il pourra vous le dire avec toute sa bonne foi d'entité martienne  : « j'ai vu un machin, plein de machins, d’extraordinaires machins... » Mais qu'est ce que machin vient faire « là-bas » ?... Il faut déposer les armes qui nous tiennent, qui nous donnent stature martienne.

Il faut accepter d'être nouveau né. Pas de savoir, pas de mot, pas de doute, pas de grammaire, entrer dans une autre dimension. Entrer sans comparaison, sans vouloir y placarder notre raison. Se mouvoir, en appeler à nos sens et ne vouloir jamais y traduire un sens. Roland Barthes s'est rendu en ce « là-bas ». Pour lui ce monde qui jusqu’à lors se trouvait dans l'idée, dans l'image et non dans le fait même d'exister. Et c'est à ce fait qu'il est venu connaitre ce monde, cet « empire des signes ».

Tout « martien » qui veut se rendre en « un là-bas », ou qui veut en son « là-bas » accueillir ceux qu'il nomme « martiens », et cela où que « ces là-bas » puissent se trouver, devrait avoir en tête ce livre.

Le Japon est donné à titre d'illustration. Vous ne connaitrez pas le Japon après l'avoir lu, vous ne connaitrez pas non plus le Japon de Roland Barthes. C'est un livre qui vous racontera l'expérience qu'il s'est proposé de vivre. Dans « un système symphonique inouï, entièrement dépris du nôtre ».

Un « Satori », qu'il a tenté de mettre en écrit, le compte rendu d'un événement, « un seïsme qui fait vaciller la la connaissance, et qui laisse le sujet vide de parole ». A blank. Notre culture entraîne son histoire, et notre histoire nous ramène à notre nature. Tout devient « impossible », « inconcevable », « intraduisible ». Là le sujet n'a pas sa place, mais il peut avoir conscience de sa position. Le Japon recèle d'esprits, de fantômes, d'entité célestes. Un monde fantasmagorique et fantomatique pour le martien. Lui qui n'a de cesse de positionner le sujet - qui le plus souvent n'est personne d'autre que lui même - au centre de ses phrases comment peut il concevoir que « là-bas » l'inanimé et l'animé soient totalement dissocié ? Au point que le fantôme ne fut jamais. Ne fut dans le sens auquel nous rattachons l'esprit de vie. Non il n'existe pas. La bas. Pourtant il en fait partie. C'est la syntaxe, le verbe, la structure, l'architecture du langage qui est différent. Différent au point de renverser des millénaires de concepts de pensée martienne.

Là-bas le sujet n'est pas le socle de la phrase, il n'est pas l'objet du propos, il s'intègre dans la phrase. Comme pied jambe ou œil dans un corps. Et cela entraîne un niveau de communication tout autre. Le corps est signifiant. Habitudes, gestes, postures, codes, font partie du langage de ce là- bas. La vie est une phrase, un chemin de pensée. Le manger est un acte, un fait, mais également une parole. On compose, on picore, on se livre à la becquée, on ne coupe ni ne tranche. Voilà un signe de conduite.

Rite, peut être mais sans sacralisation. D'où peut être ce rapport à la « crudité » de l'aliment. Crudité du vivant qui nous étonne, nous repousse. Car nous n'avons pas nous les martiens le même rapport entre l'animé ét l'inanimé. La bas les villes sont différentes, d'un genre qui au pays des martiens n'existe pas. Nos villes sont concentriques. Elles s'enroulent sur elle même. Nous plaçons en son centre notre réalité, notre vérité. Le cœur sur la planète des martiens doit être plein, et tout doit tendre à atteindre, à connaître et à se reconnaître en ce cœur, le centre de la cité.

Là- bas, dans une cité que nous nommons Tokyo, le centre est vide, un sacré interdit. C'est autour de ce vide central que là- bas tout se meut. On gravite autour. « Un déploiement circulaire autour d'un centre vide ». Là- bas les villes sont excentriques. Du moins elles le furent avant que ne soient rasé nombre de ville japonaises à la fin de la seconde guerre mondiale...

Le raisonnement se situe au niveau de l'espace et du volume. Sur Mars c'est la masse qui déterminera la place prise. Cela se retrouve dans les nouvelles cités du Japon puisque la modularité est l'une de leurs particularités, au même titre que celle de l'intérieur des demeures.

On peut retrouver l'écho de cette architecture mentale jusque dans la fabrication d'un cadeau. Ainsi voit on que l'enveloppe d'un paquet a valeur d'expression du sens. Les enveloppes des cadeaux sont précieux, riches, ouvragés. Et peu importe ce qu'elles contiennent. Le présent est l'objet. Dans le geste de ce qu'il signifie. Sur mars, l'enveloppe n'est que l'impression de ce qu'elle renferme. Nous cachons. La bas tout est dans la totalité du geste. Autre signe.

Et cela rappelle la structure du langage. Le sujet n'est pas le socle, au même titre que l'objet dans l’enveloppe n'est pas le présent. Il fait partie du tout.

La langue contient l'esprit. C'est ainsi que la traduction d'un texte ne peut être fidèle sans une connaissance approfondie de la culture. Interrogeons nous sur la place du verbe par exemple dans la phrase allemande. Le verbe clôt la phrase. L'action verrouille en quelque sorte. Qu'en est il de notre propre langage ? Quel est donc la colonne cérébral de notre sujet suivi de son verbe, parfois complètement noyé et non dilué dans un ou plusieurs compléments?

« Là bas » on est au sujet de ce qui se prononce, on n'est pas le sujet de ce qui est prononcé.

Ce qui là-bas permet la dilution totale du sujet dans la phrase. Cette architecture phénoménale de la pensée peut supporter de par son esprit « l’événement du Haïku ». Ce drapé de l'esprit qui dévet soudainement un des éclats du corps de la langue, cette « soie du langage », cet « événement bref qui trouve d'un coup sa forme juste ». Cette diffraction du langage qui n'est pas le reflet d'une image mais une réverbération d'un ensemble de geste. Le haïku doit être entendu comme la claquement du geste, qui n'a pas précisément de timbre propre mais qui doit permettre d'en saisir un des tons. Une note articulée. Ainsi peut on rendre possible « le geste de l'idée » et non son contraire. Ce geste de l'idée on le retrouve dans le théâtre japonais là on l'acteur qui, pour nous martiens « se travestie » en femme, n'évoque que le signifié, par une combinaison de geste. Le rôle de la femme n'est pas représentée, mais signifié. On ne joue pas d'artifice, on ne fait pas semblant d'être, on est pas, personne n'est dupe, parce que la puissance des signes suffit au signifiant pour signifier.

Aucune pensée n'est vierge, mais on peut tenter cet exercice. Ne pas juste se contenter « d'arriver à » mais espérer « d'en arrivée à ».

En lisant ce livre nous ne connaissons toujours pas le Japon, mais nous en avons peut être appris beaucoup sur nous mêmes. C'est peut être là la principale raison pour laquelle tout bon martien devrait se rendre là-bas, au sujet même de ce qu'il n'est pas, pour trouver peut être la réalité de son propre sujet.



Astrid Shriqui Garain

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Écrits sur le théâtre

Ce livre a été imaginé à la fin des années 70, il a comme ambition de regrouper les textes écrits par Roland Barthes sur le Théâtre.

Celui-ci a beaucoup écrit, a vu beaucoup de spectacles, avait participé à la vie théâtrale mais depuis le début des années 60, le Théâtre n'était plus un réel objet d'écriture et Roland Barthes a, alors, accepté de confectionner ce recueil.

Il contient soixante-deux des quatre-vingt-quatorze textes écrits sur le Théâtre par celui-ci.

Quelquefois, un peu difficiles d'accès, peut-être trop focalisés sur certains spectacles et aspects de la scène, sûrement d'un parti-pris parfois agaçant, ces textes fourmillent, pourtant, de qualités.

Ils sont écrits par un témoin de la scène, un amoureux du Théâtre qui rend compte, dans ces essais, de l'émotion, du talent de l'écriture et du jeu d'acteur, de l'accueil réservé a ces pièces et cela, c'est, déjà, presque du Théâtre.



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Fragments d'un discours amoureux

Publié en 1977, "Fragments d'un discours amoureux" est un essai de l'écrivain et sémiologue français Roland Barthes, également connu pour son essai "Le Degré zéro de l'écriture".



Absence, angoisse, attente, étreinte, jalousie, rencontre,... Ce sont en tout 17 mots décryptés par Roland Barthes et associés à ce langage particulier qu'est le discours amoureux.

Lorsque cet audiolivre m'a été proposé, je craignais moins de découvrir Roland Barthes que de ré-entendre un Luchini survolté.

Si j'apprécie l'acteur, je dois dire que l'homme public et ses one-man show - qui consistent à en faire 10 tonnes pour étaler sa culture - sur les plateaux télé ont tendance à m'agacer au plus haut point.

J'appréhendais donc une lecture excessive, surchargée d'envolées lyriques.

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un Luchini on ne peut plus posé (lui avait-on glissé un Rohypnol dans son café par mesure de précaution ?)



Ma première écoute de ce livre fut un échec. Au bout de 2 minutes à peine, je fus prise d'un monstrueux fou-rire en repensant aux auditoires de l'université et à ces cours assommants durant lesquels je dégainais mon dictaphone pour pouvoir saisir et retranscrire ces longs monologues à la maison.

Il faut dire que les extraits lus ici se présentent sous la forme d'un lexique regroupant 17 définitions et que le propos requiert une disposition de l'esprit particulière.

A l'évidence, je n'avais pas choisi le bon moment pour me plonger dans cet essai.

J'ai donc retenté ma chance deux jours plus tard.



Retranché du côté de celui qui aime, Barthes nous parle du rapport langagier à l'autre, ce sujet aimé inclassable dont l'image peut si facilement être altérée par un simple mot de travers.





" Le langage est une peau : je frotte mon langage contre l'autre. "





Il évoque l'angoisse liée à la jalousie, à la distance induite par le téléphone, au choix du cadeau amoureux, à l'insupportable menant à la rupture, à l'attente de l'autre comme à son absence, notion qui renvoie historiquement à la femme guettant le retour de l'homme et subissant "l'épreuve de l'abandon", le sentiment d'être moins aimée qu'elle n'aime.

Dans le fond, les représentations que nous nous faisons de nous-mêmes et de l'autre en amour sont pour la plupart construites par des appréhensions émanant de notre imaginaire et formulées, définies, mises en scène par le langage.

Prenant pour base 17 mots-clé inter-reliés et illustrés par des exemples personnels ou issus de ses lectures (Proust, Socrate, Balzac, Freud et surtout Goethe), " c'est donc un amoureux qui parle et qui dit " que l'amour est complexe, angoissant, source d'attente et d'incertitude.

Fort heureusement, les chapitres "Fête" et "Rencontre" viennent égayer ce sombre tableau.



"Fragments d'un discours amoureux" fut au bout du compte une lecture enrichissante en terme de pistes de réflexion, exigeante aussi, tant elle nécessite selon moi plusieurs écoutes successives doublées d'une attention complète de la part de l'auditeur.
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Journal de deuil

J'ai été déçu.

Fallait-il publier ce livre ? Je peux comprendre que tout ce que Barthes a écrit puisse intéresser, mais là ce ne sont que des fragments, des mots posés sur un cahier. C'est insuffisant pour moi.
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Mythologies

Ecrits entre 1954 et 1956, Mythologies de Roland Barthes a paru en 1957. Le livre est constitué de 53 textes courts, écrits au fil de l’actualité et d’une seconde partie, intitulée Le mythe, aujourd’hui. A la fois « datées » et intemporelles, les réflexions de l’auteur nous interpelle, en tant que lecteur et citoyen.



Différente de la sociologie, proche de la linguistique, mais empruntant ses propres voix réflexives et proposant une méthode spécifique, la sémiologie m’était totalement inconnue. Ce qui est surprenant, c'est d'abord le fait que Barthes s’intéresse avec le même sérieux à l’analyse du catch, des péplums, de la Citroën et du strip-tease qu’aux critiques portées au théâtre jugé trop intellectuel, au Poujadisme ou aux grèves. Il expose chaque élément qu’il traite avec le même ton, qui se veut à la fois scientifique - fondé sur des faits objectifs – et très personnel. S’attachant à décrypter les mythes contemporains, il cherche à emmener son lecteur « au-delà » du fait de société, de l’objet ou du dernier spectacle, de la dernière polémique dont on parle. Exemple : pour Barthes, le catch n’est pas « que » le catch. C’est d’abord et avant tout un spectacle excessif, dont la vertu première est la fonction d’emphase, c’est une véritable « Comédie Humaine » qui mime de façon intelligible la douleur, la défaite, à l’image des théâtres antiques. Dans la seconde partie de Mythologies, l’auteur explique sa pensée en développant ses fondements théoriques ; et là, accrochez-vous, ce n'est pas toujours simple !



Barthes ne pose pas uniquement une réflexion ; avant tout, il s’engage. Sa critique virulente des valeurs « petite-bourgeoises » revient tout au long du texte, comme une clé de voûte tenant sa rhétorique. On pourra observer que le vocabulaire utilisé par le sémiologue est à ce titre, particulièrement éloquent : le terme « petit-bourgeois » et ses variantes apparait un nombre incalculable de fois. Ses textes sont emprunts de féminisme, d’anti racisme et de marxisme. Le texte Romans et Enfants dénonce de façon virulente la pseudo liberté concédée aux femmes écrivains d’exercer leur métier, tant qu’elles sauvegardent le mythe de la femme qui reste avant tout une mère. De la même façon, dans le texte Bichon chez les Nègres, Barthes dénonce sans détours et ridiculise une certaine vision des Occidentaux envers l’homme noir. Dans le texte Le vin et le lait, c’est l’attitude du colon français en Algérie qui est contestée. La critique de Barthes porte aussi sur la religion, aveugle et véhicule de morale « prête à mâcher », car cette dernière est vue comme un frein au développement de la pensée et se nourrit justement de mythes. Ainsi, dans ce livre, l'auteur ne se place pas uniquement en qualité de chercheur de sens et de signification, mais aussi en tant qu’être engagé politiquement, assumant pleinement ses prises de position.



L’effet produit par les textes de Mythologies est, à mon sens, différent selon les références culturelles que le lecteur possède ou non. Et ceci en deux endroits ; à la fois références du contexte de l’époque, et références dans l’analyse. L’idéologie pré soixante-huitarde développée ici peut laisser un lecteur d’aujourd’hui perplexe, presque « démuni » face à un contexte socio-économique, culturel, de la France des années cinquante-soixante qu’il ignore en partie. Ainsi, le texte sur le procès Dominici, celui sur Poujade ou le Tour de France m'ont franchement dépassée (et ennuyée, avouons-le) alors que d’autres articles par contre, comme celui sur les jouets ou la représentation de la cuisine dans le magazine Elle m’ont fait sourire car si l’époque est différente, et que ces phénomènes ont évolué- les jouets pour enfants font de plus en plus appel à la technologie, la cuisine au bio - la critique que nous pourrions faire aujourd’hui pourrait être identique dans le fond ; seule la forme, les exemples changeraient. Les jouets en 2013 font aussi de moins en moins travailler l’imagination des enfants, mimant des représentations adultes ; l’ordinateur, la tablette, les téléphones portable ; la cuisine quant à elle est, à l’heure où nombre de Français peinent à manger convenablement, est devenue un élément « chic » et « sain » par le bio, les verrines, quand bien même cette nouvelle façon de consommer exclut les plus pauvres. Cependant, le vocabulaire employé par le sémiologue reste difficile à appréhender. Pour ma part, j’ai relevé de nombreux mots dont j’ignorais totalement la signification. Si cet aspect n’a pas été le plus problématique pour moi, car j’ai été plus interpellée et intéressée par le message de l’auteur que par la complexité langagière de son texte, je pense qu’il est et restera malheureusement un frein pour d’autres, qui se laisseront rebuter par des termes auxquels un lecteur « lambda » est assez mal préparé.



En conclusion, Mythologies est un livre fort, tant par les thèmes variés qu’il aborde, que l’engagement avec lequel ces derniers sont traités. La découverte de la sémiologie m’aura permis d’ouvrir encore un peu plus mon esprit à la largesse des modes réflexifs existants et m‘a donné envie de m’intéresser à une discipline dont j’ignorais tout, et ce malgré une certaine complexité d’approche. J'ai été surprise de constater que certains textes étaient vraiment drôles, comme celui sur les péplums ; je ne m'y attendais pas du tout. Je regrette simplement que ce qui fait la force de ce livre (engagement, prise de positions, vocabulaire et pensée spécifique) en fasse aussi sa faiblesse, et puisse être utilisé par les détracteurs actuels de Barthes pour en critiquer la sophistication.


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L'Empire des signes

Il y a une beauté à voir le vide comme un élément tangible, comme une réalité plutôt qu'une absence. Ce petit livre le démontre de façon magistrale et permet un accès à une double vue, comme dans un jeu d'optique où les vides entre les lignes deviennent lignes à leur tour. Il en est de même pour l'air, le silence et l’absence dans l'art japonais : c'est lui que met en valeur le bouquet et non l'inverse... Il est d’ailleurs amusant de voir que ce procédé est identique à celui utilisé dans l'art pictural et statuaire africain !
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Mythologies

J’y suis finalement parvenu ! Après six ans de lecture, plusieurs fois interrompue, je suis arrivé au bout de « Mythologies ». C’est à l’occasion d’un trajet en train, interminable, entre Termini et Jesi que j’avais commencé l’opus de Roland Barthes. A l’époque, je m’étais vite rendu compte qu’à moins d’être linguiste, sémiologue ou sociologue, je n’arriverais pas à en apprécier le contenu.



C’est après avoir terminé « Pastiches et postiches » d’Umberto Eco, un autre livre entamé il y a quelques années également, et l’avoir bien mieux appréhendé (compris, oserais-je dire), que j’osai me replonger dans la lecture de « Mythologies ». Espérant cette-fois en comprendre l’essentiel.



Hélas, je n’ai pu y entendre que le superficiel, serais-je moi aussi un petit-bourgeois ?



J’ai été cependant frappé par l’actualité des thèmes de plusieurs articles, et malgré les concepts ardus (pour le profane que je suis) la capacité du texte à ouvrir les yeux du lecteur sur l’idéologie bourgeoise (idéologie qui ne dit pas son nom, me semble-t-il avoir compris).



J’ai le sentiment que même si l’œuvre est parfois absconse (encore une fois lorsqu’on ne dispose pas du bagage adéquat) ; elle nous permet de recouvrir, pour un temps, une certaine lucidité sur le monde.



Bref, un essai complexe, inabordable par certains côtés, édifiant par d’autres mais qui donne l’envie de se former à la sémiotique.

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Mythologies

Notre union n’a pas été un coup de foudre, mais un rapprochement dicté par la raison. Rien de mal à ça, ça peut former des unions solides. Mais pourtant, en ce dimanche ensoleillé, je ne peux plus me voiler la face : je tourne tes pages sans envie, par habitude, voire même peut-être par devoir, ne pensant qu’à m’échapper et prendre l’air dans le parc. On ne peut plus continuer comme ça, je renonce à découvrir tes deux cents pages restantes qui contenaient pourtant tant de promesses au début de notre histoire, et je reprends ma liberté : le monde est rempli d’autres livres qui ne demandent qu’à se faire apprivoiser.



Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Soyons honnête, la différence de génération n’a pas aidé. Dans ton désir de décrypter l’actualité, tu ne me parlais que d’acteurs disparus aussi vite qu’ils ont été célébrés, de sportifs qui n’ont jamais réellement fait leur trou, d’effets de mode dont je n’ai jamais entendu parler ou de scandales qui avaient déjà perdu leur statut d’ « anecdotique » avant même ma naissance.



J’ai bien essayé de m’accrocher, de transposer tes sujets d’étude dans mon monde à moi, mais tu sais que je boude les émissions à succès, que je coupe le son dès l’arrivée des publicités, et que j’ai toujours un livre sur moi pour m’éviter la lecture des magasines people en salle d’attente. Mes efforts ont été vains.



Puis j’ai pris un peu de recul, et j’ai réfléchi. Les mythes, c’est éternel pour moi. Ou du moins, ça dure vachement longtemps. Si les tiens n’arrivent même pas à durer quelques générations, c’est que tu as dû te tromper quelque part. Le constat est peut-être dur, ou injuste, ou dû à ma seule vanité, mais il est préférable qu’on en reste là. J’ai récupéré mon marque-page, je te laisse la protection plastique pour ta couverture, et à la prochaine boîte aux livres de mon quartier, nos chemins se sépareront pour toujours. Tu trouveras, j’en suis sûr, un lecteur à la hauteur de tes attentes.
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Fragments d'un discours amoureux

Barthes nous prévient : C'est un portrait, si l'on veut, qui est proposé ; mais ce portrait n'est pas psychologique ; il est structural : il donne à lire une place de parole : la place de quelqu'un qui parle en lui-même, amoureusement, face à l'autre (l'objet aimé), qui ne parle pas (p 7). Pourtant le structuralisme est généralement chassé : Structure : ce mot, naguère, faisait grincer des dents : on y voyait le comble de l’abstraction (p 56). L’écriture est fragmentée, ce qui expose le lecteur aux facilités du grappillage, et a pu contribuer au succès public de l’ouvrage. Les 79 fragments ont des titres et des sous-titres, et ce sont les sous-titres qui forment le calligramme de la quatrième de couverture. Les titres sont divers, en diverses langues, parfois opaques (parmi les premiers : Agony, Atopos, Tutti sistemati, Laetitia, Domnei). Le titre Amour est absent mais le plus long titre est le Je-t-aime, traité par exception de façon technique et distanciée : De même que l’amen est à la limite de la langue, sans partie liée avec son système, la dépouillant de son « manteau réactif », de même la profération d’amour (je-t-aime) se tient à la limite de la syntaxe, accueille la tautologie (je-t-aime veut dire je-t-aime), écarte la servilité la phrase (c’est seulement une holophrase) (p 182). Le livre s’achève sur le Non-vouloir-saisir, qui est la fin du discours : Que le Non-vouloir-saisir reste donc irrigué de désir par ce mouvement risqué : je t’aime est dans ma tête, mais je l’emprisonne derrière mes lèvres. Je ne profère pas. Je dis silencieusement à qui n’est plus ou n’est pas encore l’autre : je me retiens de vous aimer (p 277).

Le message dominant est la frustration et le manque : le discours amoureux est aujourd’hui d’une extrême solitude (p 5). Quelquefois, il m’arrive de bien supporter l’absence. Je suis alors « normal » : je m’aligne sur la façon dont « tout le monde » supporte le départ d’une « personne chère » ; j’obéis avec compétence au dressage par lequel on m’a donné très tôt d’habitude d’être séparé de ma mère – ce qui ne laissa pas, pourtant, à l’origine, d’être douloureux (pour ne pas dire : affolant) (p 20). Je suis un mutilé qui continue d’avoir mal à sa jambe amputée (p 49). Une mémoire exténuante empêche de sortir à volonté de l'amour, bref d'y habiter sagement, raisonnablement (p 62). Restent une moisson de pépites, comme dans l’Art d’aimer chez Stendhal, ou plus près de nous dans la Critique du jugement chez Quignard : 

Son corps était divisé : d'un côté, son corps propre – sa peau, ses yeux – tendre, chaleureux, et, de l'autre, sa voix, brève, retenue, sujette à des accès d’éloignement, sa voix, qui ne donnait pas ce que son corps donnait (p 85).

Le langage est une peau : je frotte mon langage contre l'autre. C'est comme si j'avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir (p 87).

C'est, au départ, pour l'autre que je discours sur la relation ; mais ce peut-être aussi devant le confident : de tu, je passe à il. Et puis de il, je passe à on : j'élabore un discours abstrait sur l'amour, une philosophie de la chose, qui ne serait donc, en somme, qu'un baratin généralisé (p 88)

Hors l’accouplement (au diable, alors, l'Imaginaire), il y a cette autre étreinte, qui est un enlacement immobile : nous sommes enchantés, ensorcelés. Nous sommes dans le sommeil, sans dormir ; nous sommes dans la volupté enfantine de l'endormissement : c'est le moment des histoires racontées, le moment de la voix, qui vient me fixer, me sidérer, c'est le retour à la mère (p 121).

L’amitié mondaine est épidémique : tout le monde s’attrape, comme une maladie (p 165).

Renversement historique : ce n'est plus le sexuel qui est indécent, c'est le sentimental - censuré au nom de ce qui n’est, au fond, qu'une autre morale (p 209).

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Le Degré zéro de l'écriture, suivi de Nouveaux es..

Dans cet essai Roland Barthes nous propose une analyse presque scientifique de l'écriture. Il étudie entre autre l'impact de l'Histoire sur celle-ci, l'importance et l'indépendance du style qui se construit sur le vécu de l'écrivain, l'emploi du passé simple et de la troisième personne du singulier dans le roman ...



Les nombreux exemples que propose Barthes pour illustrer son propos (la littérature Marxiste, Agatha Christie, Balzac ...) éclairent le texte et la dense réflexion qui l'habite. En effet, il convient de s'atteler à cet essai avec suffisamment de disponibilité d'esprit pour pouvoir en saisir toute l'essence. D'ailleurs, je pense honnêtement ne pas avoir tout saisi malgré mes nombreux griffonnages et prises de notes au hasard des marges au cours de ma lecture.



J'ai particulièrement apprécié le mépris de Barthes pour la métaphore que je qualifierais de "commerciale" au cours de la diatribe qu'il adresse au naturalisme ainsi que la nécessité d’appréhender le langage réel dans la littérature afin de rendre l'acte littéraire plus humain. Aussi, l'analyse de L'île mystérieuse de Jules Verne vers la fin de l'ouvrage m'a quelque peu enthousiasmée surtout que je viens de finir Vendredi ou les limbes du pacifique qui reprend les mêmes traits aventuriers. J'ai ainsi pu prolonger agréablement cette lecture.



Par ailleurs, dans les nouveaux essais critiques Barthes propose des analyses très intéressantes des Maximes de La Rochefoucault ou des œuvres de Proust ou Flaubert, Il n'est finalement pas si difficile de se confronter à ces pensées si on ne connait pas ces œuvres, ça a été le cas pour La vie de Rancé de Chateaubriand que je ne connaissais pas et dont j'ai trouvé l'analyse fort éminente.



J'ai retrouvé dans cette relecture le même plaisir que j'avais eu la première fois à m'y confronter. J'aime ce regard technique que propose Barthes sur l'écriture et ce qui la constitue. Il la fait exister, il en analyse les procédés, il la rend vivante ; pour moi, ce fut une très belle redécouverte et - finalement - la réminiscence de très bons souvenirs estudiantins.



Challenge "XXème siècle"
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Sur Racine

Un viatique pour toute lecture un peu contemporaine du grand Racine- qui ne se comprend pas seulement en lisant le très sérieux "Dieu caché" de Goldmann.



On a le droit de toucher aux classiques , et pas seulement parce que C'EST BARTHES.



Le langage a, depuis le XVIIème siècle, trouvé d'autres clés que celle de l'étude des tropes, de la versification ou de l'histoire littéraire. Ainsi, il faut relire Phèdre ou le revoir sur scène après avoir relu la magistrale analyse des trois aveux qui précipitent Phèdre dans la faute en la sortant du mutisme et la jetant dans le langage qui, en nommant la faute, la crée...



Je trouve aussi qu'il y a dans ce petit livre passionnant et remarquablement écrit une vraie compréhension du monde grec, de son soleil implacable et de sa proximité originelle avec les dieux..



Je le reprends, et en relis souvent des passages: la horde, les pères et les fils, Phèdre...Pas une ride, à mon avis, et même si c'est un parti pris, il est assez brillant et convaincant pour se laisser séduire...C'est loin d'être le cas de la plupart des essais littéraires,souvent réservés aux seuls initiés, pompeux et...pompants!
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La Chambre claire : Note sur la photographie

"La Chambre claire. Note sur la photographie" de Roland Barthes est un essai lyrique, genre dans lequel Barthes n'a pas d'égal. Spécialiste éminent de la sémiologie française, il développe ici ses thèmes de prédilection: la philosophie de la perception et l'émergence de l’intime.



Contrairement à Susan Sontag ou à Pierre Bourdieu, Barthes ne s'intéresse pas au phénomène sous son aspect sociologique ou anthropologique. Il est indifférent aux processus historiques. Ce qui est au centre de son attention est l'observation de sa propre réaction à un stimulus culturel.



Barthes distingue les effets de la photographie en tant qu'art sur le récepteur: ces effets peuvent se manifester dans un contexte historique et universel (Studium), lorsque la photo nous intéresse pour son arrière-plan culturel et social, ou dans le contexte d’associations personnelles, intimes (Punctum), lorsque certains détails de la photo trouvent leur concordance dans nos émotions, lorsqu’ils nous «blessent».



C'est le deuxième aspect de l'impact de la photographie que Barthes explore le plus. Car il met l'accent sur ce que j'appellerais la "valeur sentimentale" de la photo au détriment de sa valeur intellectuelle.



Roland Barthes est toujours resté fidèle à lu-même, son raisonnement était caractérisé par sa subtilité et son originalité. Le lyrisme de son approche lui permettait d’éviter l’ennui du discours didactique d’un Sartre. "La Chambre claire. Note sur la photographie"est, tout comme"Fragments d'un discours amoureux », de l’excellente littérature qui n’entre pas dans le cadre étroit de l'essai journalistique. Dans le cas de Barthes, le discours est toujours aussi un « cœur nu ».

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La Chambre claire

C'était ma première rencontre avec Barthes. J'appréhendais un peu, vu que ma copine me disait que c'était un auteur difficile et que je n'ai pas l'habitude de ce genre de lecture. Mais la version audio m'avait l'air d'être un bon moyen pour me lancer.

Ce livre se présente en deux parties ; mais à l'écoute, j'ai plutôt eu l'impression qu'il était divisé en trois. La première présente la méthodologie de Barthes. Il souhaite se consacrer à la définition d'une ontologie de la photographie, il veut comprendre ce qui différencie la photographie du cinéma ou de la peinture, par exemple, ce qu'elle a de spécifique. Et comme il ne pratique pas lui-même la photographie, il se place du point de vue du sujet photographié ou du regardeur, mais donc pas du point de vue du photographe. C'est là qu’interviennent les premiers mots en latin comme operator ou spectator, qu'il rend très compréhensibles. Il explique ensuite que pour lui, ce qui fait l'intérêt de la photographie, c'est le punctum, qui s'oppose au studium. Encore des concepts avec des mots latins, qu'il explique aussi très bien et très souvent au cours du texte. Le studium correspond à une vision analytique de la photographie, le punctum à une vision affective. Il donne alors beaucoup d'exemples de photographies célèbres, et chaque fois il démontre cette opposition studium/punctum. Jusque là, je trouvais ça intéressant. Ça se corse quand il aborde la deuxième partie. On tombe alors complètement dans l'affectif et on comprend que toute la réflexion de Barthes sur la photographie tourne en fait autour de sa relation avec sa mère et la mort de celle-ci. Benoît Peeters explique très bien dans l'entretien final les circonstances qui ont entouré l'écriture de La chambre claire : la mère de Barthes, après une longue maladie, était morte et il ne pouvait pas s'en remettre. Il ne pouvait plus écrire. Mais en retrouvant une photographie de sa mère, un déclic s'est opéré en lui. Il s'est remis à écrire son texte, mais les thèmes de la mort et du deuil sont devenus centraux. Il dit et redit qu'il était très lié à sa mère, qu'elle était un être exceptionnel. Ce que j'ai trouvé fatiguant, pas intéressant pour ceux qui n'ont pas connu Barthes, donc pas parlant pour le lecteur ou l'auditeur lambda. Plus le texte avance, plus il devient obscur. J'ai de plus en plus relâché mon attention durant la troisième heure d'écoute. C'est dommage, car les deux premières heures, et surtout la première, m'avait intéressé. Le texte est censé être un essai mais le langage est poétique, la démarche est originale et la théorie sur la photographie tournant autour du punctum, de l'affect, est intéressante. Le reste, tout ce qui est deuil, mort, rapport à une mère adorée, ce n'est pas sans intérêt, mais ça ne regarde au final que Barthes.

La lecture de Daniel Mesguich est cependant impeccable et c'est sans doute grâce à lui que je n'ai pas sombré dans l'ennui total. Et l'entretien avec Benoît Peeters apporte bien des choses à la compréhension du texte.
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Fragments d'un discours amoureux

Un grand fracas, ma petite fille Céleste 3 ans vient de pulvériser sa poupée qui parle et quelle adore, des fragments de son plus cher désir de Noël jonche le sol. Je suis là auprès d'elle avec mon Roland Barthes à la main, mais qu'est ce qui se passe , tu l'adores, tu la réclames, tu y penses si souvent pour jouer.

« Tu ne comprends rien papou je ne l'aime plus, Juliette m'a montré la sienne elle est géniale » !

Je plonge dans les Fragments d'un Discours Amoureux : "JE T’AIME est sans nuances. Il supprime les explications, les aménagements, les degrés, les scrupules." C'est tout elle, pas d'explications possibles je ne comprends rien !

Est- elle jalouse ? De sa petite sœur qui a 8 mois sans aucun doute, mais soyons sérieux je ne vais pas, un bouquin de philo, à 3 ans ?

Je replonge dans les Fragments d'un Discours Amoureux, " la jalousie naît d'une crainte" celle de ne pas posséder, de devoir partager avec Juliette cette poupée mais comment l'obtenir et pouvoir goûter ce plaisir de la posséder ?

Céleste est perplexe, elle cherche à me convaincre d'en racheter une autre, celle de Juliette est si belle, tu vois et toi que j'aime ?

Et dans un un élan que seule Céleste est capable « Papou, mon Papou tu pourras me donner la même que Juliette », mais oui, et je m’entends dire « pour ton anif je vais chercher la MêMe », et je range ce bouquin de fou !



Je viens de faire l'expérience de mes dérèglements ! De mes faiblesses aussi , " mon corps est un enfant entêté ».

Il me revient en mémoire les expériences de mes enfants, et je me dis bêtement que tous les parents devraient le lire ce bouquin, comprendre que l'on fait n'importe quoi en amour et surtout pendant l'adolescence.  « Lumineuse expérience de la relativité de soi et de tout ».



Je suis en pleine fragmentation, il me faudrait un peu plus de cohérence et un peu moins de désordres, je vais relire le texte de Roland Barthes et le conseiller ce livre un peu diabolique qui nous reflète avec autant de finesse et nous révèle à nous même avec une telle lucidité.



Au moment de partir Céleste se jette au coucou de Mamie "je t'aime TOI".

« Seule brille, indestructible, la volonté de comblement. ».
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Littérature et réalité

Cet essai est un recueil d'articles écrits entre la fin des années 1950 et le milieu des années 1970. Il traite de la question du réalisme en littérature. L'article de Ian Watt qui introduit cet ensemble rend compte des analogies entre réalisme philosophique et réalisme littéraire. Ce changement de perception est apparu à la Renaissance avec la remise en cause des conventions issues de la pensée grecque puis de l'ordre médiéval.

Par contre, cela se complique avec l'article de Léo Bersani intitulé: "Le réalisme et la peur du désir." Dès qu'il s'aventure dans des considérations psychanalytiques, tout s'embrouille. Exemple page 55: "Ce qui distingue les analyses freudiennes, c'est qu'elles proposent une histoire de la structure du sujet dont l'un des stades est la solidification des structures de la personnalité (qui sont la sublimation post-œdipienne de pulsions pré-œdipiennes)." Mais si l'on fait l'impasse sur ces passages fumeux, l"analyse de Bersani est riche d'enseignements. Il nous rappelle que "les grands romanciers du XIXe siècle dénoncent dans leur société une sorte de communauté inauthentique du désir. L'harmonie sociale ne s'étend pas plus loin que l'imitation du désir des autres; on a besoin des autres pour savoir ce qui est désirable, et en même temps il faut éliminer les autres pour posséder les objets qu'ils ont désignés à nos appétits parasites."

Enfin, l'article de Roland Barthes, "L'effet de réel", traite de la place des éléments en apparence insignifiants dans les textes littéraires réalistes, des sortes de détails inutiles qui n'étaient pas présents dans la culture classique, où le réel ne pouvait en rien contaminer le vraisemblable. Ce détail ne font rien que signifier le réel, ils nous disent: "nous sommes le réel".
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Mythologies

J'avais adoré ce livre quand j'étais lycéenne. Il est resté longtemps au Panthéon de mes favoris. Je l'ai relu et j' ai constaté qu'il avait beaucoup vieilli, ce qui n'est pas le cas d'autres textes de la même époque: Jakobson, Levi- Strauss, Chomsky, Lacan (liste non exhaustive). C'est le propre des écrits très datés, comme les textes parodiques ou pamphlétaires je crois, de finir au rayon vide grenier à côté des idées qu'ils dénonçaient. Même la très belle écriture de Barthes n'apparaît pas clairement dans cette bimbeloterie . Et de nos jours, qu'est donc la petite bourgeoisie devenue? Qui pourrait écrire les Mythologies contemporaines? En attendant je relis aussi Roland Barthes par Roland Barthes, ou encore Sur Racine.
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La Chambre claire : Note sur la photographie

À qui en a assez des livres universitaires soporifiques, lisez La Chambre claire! À travers une écriture simple, on découvre un Roland Barthes plus humain qu'intellectuel et on dévore ce livre qui n'est pourtant pas un roman.

Aujourd'hui je fais de la photo dans le cadre de mon travail et je me sers encore et toujours des écrits de Barthes. Il nous apprend à regarder un cliché autrement et lorsqu'on a compris, on ne voit plus jamais les images de la même façon. La Chambre Clair est pour moi le meilleur livre de Roland Barthes.
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Mythologies

Critique de Jérôme Garcin dans l'introduction du livre "Nouvelles Mythologies":



Roland Barthes mythifie si bien ce qu'il dénonce qu'on peut lire aujourd'hui son encyclopédie subversive avec une tranquille nostalgie: elle est devenue une littérature d'ambiance, comme on le dit de la musique. L’œuvre était d'abord politique, elle finit par ressembler, avec le temps, à un merveilleux bric-à-brac, un étonnant vide-greniers, un magasin d'enfance, une foire à tout [...]

En relisant aujourd'hui ce livre qui a tant marqué une génération, l'on ne peut s'empêcher de se demander si, tout en stigmatisant une époque, qui à la fois l'excite et l'exaspère, ce doctrinaire émotif, que l'obsession du deuil n'a jamais quitté, ne travaille pas à sauvegarder déjà ce qui est voué à disparaître, s'il ne fabrique pas des souvenirs par anticipation et des objets de mémoire par prétérition. (p.9).
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Le Degré zéro de l'écriture, suivi de Nouveaux es..

Que de temps m'a t-il fallut pour pouvoir arriver à bout de cet essai! L'écriture de Barthes est tout sauf simple. À plusieurs fois il faut relire certains passages pour bien les comprendre, mais surtout, pour bien les apprécier. Mais à terme, une fois l'œuvre terminée, quel bonheur! Tout d'abord bonheur d'y être arrivé, mais surtout bonheur d'avoir réussis à percer la pensée de Barthes qui, même s'il est vrai qu'elle s'inscrit dans un courant structuraliste déjà bien antérieur, reste toujours fraîche et novatrice.
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