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Critiques de Shan Sa (398)
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La joueuse de go

Il n'est vraiment pas courant d'attendre la dernière page d'un roman pour connaître le prénom de l'héroïne, un prénom tout aussi charmant et poétique que celui de sa soeur Perle de lune.

Le final de la “La joueuse de go” est particulièrement captivant. Le style littéraire de l'auteure Shan Sa est quant à lui délicieux ; il a le raffinement d'une ancienne porcelaine chinoise et le tranchant d'un sabre de samouraï !



Fort éloigné dans les règles des jeux de dames et d'échecs auxquels on le compare à tort, le go est aussi un jeu de stratégie militaire. Alors que les pièces au fil de la partie se raréfient sur le damier ou sur l'échiquier, au jeu de go c'est l'inverse : à tour de rôle chacun des deux adversaires ajoute pierres blanches et pierres noires où bon lui semble sur les 361 intersections composant le go-ban. Le vainqueur est celui qui dispose au final du plus grand nombre de points, mesuré à partir de l'étendue des territoires conquis et du nombre de prisonniers fait par chacun.

Rassurez-vous ! Il n'est pas nécessaire de connaître les subtilités de ce jeu multimillénaire d'origine chinoise, et seulement introduit au Japon dans les premiers siècles de notre ère, pour apprécier pleinement ce roman. L'action se déroule en Mandchourie en 1931 alors que l'armée japonaise envahit ce vaste territoire chinois.



Sur la place des Mille Vents, point de combats militaires mais une partie de go annonciatrice de bien des tourments entre une jeune chinoise extrêmement douée et un officier japonais initié naguère au mandarin par sa nourrice !

Sur la place des Mille Vents, le souffle de la tragédie est d'emblée palpable...

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La joueuse de go

Ce livre est un chef d’oeuvre rédigé d’une écriture délicate et violente à la fois. Les horreurs de l’occupation japonaise en chine sont parfaitement décrites tout comme le quotidien des soldats nippons partagés entre le devoir de fidélité à l’empereur et l’envie de vivre. C’est surtout une histoire d’amour impossible entre deux êtres que tout sépare. Elle est chinoise, lycéenne, avide de vie et de plaisir, experte d’un jeu réservé en général aux hommes et jeune femme libérée dans une société remplie de tabous. Lui est officier dans l’armée japonaise, traditionaliste et oppresseur, prêt à donner sa vie pour l’honneur de sa famille et de son pays. C’est sur la place ou se défient les amateurs de go qu’ils vont se connaître. Le jeune lieutenant impérialiste vient tous les jours, envoyé par ses supérieurs pour écouter les conversations des joueurs sous un déguisement qui lui garantie l’anonymat. Elle est la seule femme admise dans ce cercle et par ses victoires elle venge la condition millénaire et rétrograde de la femme asiatique. Ils jouent l’un contre l’autre sans une parole, sans une remarque dans une espèce de fascination empreinte de réserve. Il aurait pourtant tout a apprendre d’elle, n'est elle pas la maîtresse d’un des plus actif résistants du pays ? Mais celui-ci est arrêté, torturé et fusillé au coté d’une jeune femme qui semble être elle aussi sa maîtresse. Elle n’aura pas vraiment le temps de méditer sur cette trahison car la grande histoire va rattraper la petite. Obligé de fuir devant l’offensive de l’empire du soleil levant, les évènements les réuniront à nouveau sous leurs vraies identités pour un final digne des plus belles oeuvres de Shakespeare... Bouleversant
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La joueuse de go

« Ma solitude ressemble à un rouleau de soie cramoisi enfermé au fond d’un coffre de bois »…

Quelle délicatesse, quelle poésie dans ce roman-rencontre de 2 solitudes, celle d’une jeune fille mandchoue ayant comme passion le jeu de go (si j’ai bien compris, un jeu ressemblant fort aux échecs) et celle d’un jeune soldat japonais, son adversaire au jeu et son « ennemi » au point de vue politique (en effet, les Japonais envahissent la Mandchourie, nous sommes au début des années 30).

La place de « Mille Vents » est un lieu de jeu, le jeu de go. Chacun peut s’asseoir à une table et attendre un adversaire. Les deux jeunes gens vont donc tout naturellement se trouver. Mais la fusion des âmes a-t-elle bien lieu ? Il est très difficile pour un guerrier rempli d’idéal de sacrifice et de gloire, encore hanté par le tremblement de terre survenu dans son enfance, d’entrer dans le cerveau et le cœur d’une jeune fille à mille lieues de son mode de vie. Celle-ci est à l’âge des premières expériences sexuelles, et je dois dire qu’elle n’a pas froid aux yeux, la jeune fille. Elle est mêlée malgré elle à un groupe révolutionnaire et à la politique dure et cruelle des Japonais. Ces expériences vont bouleverser sa vie, au sens propre ! Et le guerrier est à mille lieues de se douter de ce qu’elle vit… Il espère, il s’imagine bien des choses...

Tout ceci est exprimé avec tellement de délicatesse, tout est tellement nimbé d’un silence rempli de regards furtifs, de déplacements de pions, d’introspection que j’ai très souvent l’impression de me trouver à la lisière d’un haïku. « Chaque pion est une marche de plus dans la descente de l’âme ».

Mais la guerre est là, aux portes de ce jeu, la guerre et la torture, la guerre et le viol… La joueuse de go va-t-elle encore avoir l’occasion de jouer ?

En tout cas, les lycéens ne se sont pas trompés en attribuant à ce roman le prix Goncourt !

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La joueuse de go

J'ai été et reste fascinée par ce roman. C'est très finement construit, chapitre après chapitre, dans lesquels, minutieusement, s'expriment tour à tour l'adolescente et le soldat japonais. Les personnages vivent dans les mots, avec leurs drames et leurs passions. L'horreur de la guerre apparaît souvent, et aussi le sexe dans ce qu'il peut avoir de très touchant et de très sordide..Enfin l'auteur ne cesse de nous tourmenter dans cette page d'histoire de la Chine.
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La joueuse de go

Shan Sa ( pseudonyme signifiant bruissement de vent dans la montagne ) voit le jour en 1972 . D'origine Chinoise , elle décidera de renaitre en France comme elle le dit si bien , les évenements de Tian An Men l'ayant poussé à l'éxil en 1990 . C'est La Joueuse de Go , troisieme roman de cette jeune auteure multifacette , qui la révelera véritablement en décrochant le prix goncourt des lycéens en 2001 .



Années 1930 , Mandchourie , la guerre sino-japonaise fait rage .

A ma droite , une jeune chinoise ( dont on taira le nom , ce dernier , tristement révélateur , n'étant dévoilé qu'à la toute fin ) qui possede l'insouciance et la fraicheur de ses 16 ans . Son univers immédiat se résume à d'innombrables parties de Go qu'elle remporte inlassablement , Place des Mille Vents , sa réputation de redoutable joueuse n'étant plus à établir .

A ma gauche , un Lieutenant de l'armée Japonaise froid et distant pétri de rites séculaires , élevé dans le respect des traditions familiales et l'honneur de la mere patrie .

De ces deux univers antagonistes , une rencontre improbable , un attachement inconcevable...



Sa , au travers de courts chapitres alternés ou visions Chinoise et Japonaise se font écho , développe admirablement ses personnages dans une Mandchourie à feu et à sang . Une incroyable joueuse de Go que la guerre va se charger de faire grandir trop vite . Ses premiers émois amoureux aupres de Min et Jing , deux jeunes révolutionnaires activement recherchés par l'armée Japonaise . Cependant , lorsqu'il y a trouble , la désillusion n'est jamais bien loin . Son amitié avec Huong alors promise , comme de coutume , à un vieil homme riche qu'elle n'a jamais vu . Son indéfectible mais néanmoins réprobateur soutien à une soeur malheureuse , mal mariée et qui ne reve que d'une chose , une maternité qui lui donnerait enfin le sentiment d'exister..

Parallelement à cela , un officier Japonais solitaire , parfait exécutant , ne connaissant de l'amour que les prostituées qu'il cotoie afin de ne pas s'attacher . Meme s'il en vient à douter , il ne peut exprimer ni ressentiment patriotique , ni manquement familial dans ses lettres , la censure l'interdisant tout bonnement ! La cause est juste , la famille n'y a plus sa place...



Meme si la rencontre survient tardivement , autour d'une table de Go alors que l'officier exécute une mission d'infiltration , elle n'en est pas moins belle . Ces deux destins Shakespearien vont se jauger , s'apprivoiser , se lire sans jamais se parler . Deux papyrus décriptés par le prisme d'attitudes , d'apparences , de gestes aussi révélateurs que fondateurs . La graine est semée entre ces deux naufragés de la vie que tout oppose , que tout réuni...



Un récit sobre , haletant porté par une écriture à la poésie métaphorique subtile et touchante . Il y a véritablement du Shakespeare en Shan Sa , c'est dire...



La Joueuse de Go ? Go ! Et le premier qui dit dancer aura une tapette...



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Porte de la paix céleste

Un roman qui débute comme une histoire dramatique. On s'attend à une poursuite, à des sentiments de révolte, de discordes. Et au fur et à mesure de la lecture, l'apaisement se fait, l'accalmie s'installe et le roman devient poésie. La poésie devient légende...

Un merveilleux moment de lecture apaisant, un moment littéraire de poésie, une poésie légendaire. Je suis conquise...
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Impératrice

Quel destin ! VIIe siècle, en Chine, le destin exceptionnel d'une femme.

Autre lieu, autre époque, autre culture, il est difficile ici de juger la vie de cette femme, ses choix, ses décisions, sa volonté profonde. Etait-elle vraiment sincère et a-t-elle vraiment souhaité le bien de son pays en mettant de côté sa propre vie ? Etait-elle comme tant d'autres, manipulatrice et avide de pouvoir ?

Ici se mêlent le faste de la Cité Interdite, les parades aux mille splendeurs, les changements de cours, les palais démesurés qui se construisent ou se détruisent, les courtisans, les eunuques, les suivantes... et les guerres, les décapitations, les vengeances, les trahisons...

A force, on ne sait plus qui sont les gentils, les méchants ! Les valeurs des hommes au sein de la Cité Interdite sont mises à mal. Tout est manipulation. Rien n'est vraiment sincère et sans arrière-pensée.

La vie au sein de la Cité Interdite n'était pas de tout repos, semble-t-il. Monter les échelons de la hiérarchie pour se trouver au plus près de l'empereur semble se faire facilement suivant le desiderata de l'empereur ou des personnes influentes. Redescendre de l'échelle semble cependant être encore plus rapide, suivant les évènements, les rumeurs. Etre banni dans des contrées lointaines est courant. Mourir de vieillesse semble extrêmement rare. Plus de chance de mourir empoisonné, décapité ou obligé de se suicider !

Même les morts ne reposent pas en paix. Suivant la dynastie au pouvoir, les morts se voient honorés de titres posthumes somptueux, ou déchus de ces titres, leurs corps déplacés de sépultures suivant l'honorabilité de leur nouveau titre.

Bref, rien n'est jamais acté dans cette Chine du haut au VIIe siècle.

L'écriture de Shan Sa est superbe. Elle nous emporte vraiment ailleurs, à une époque révolue qui est à la fois somptueuse et forcément fatale. Le merveilleux cotoie l'horreur.

J'ai éprouvé quelques longueurs en lisant ce roman. Je me suis un peu perdue dans les personnages ; surtout que chaque personne a des prénoms différents, des titres différents. Mais j'ai aussi été captivée par cette impératrice qui est avant tout une femme, avec ses qualités et ses défauts, ses désirs, ses envies, ses colères, ses faiblesses.

Impératrice, c'est une découverte historique et ce roman vaut le détour...
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La joueuse de go

J'ai souvent remarqué ce livre dans la bibliothèque des autres lecteurs de Babelio.

Je ne savais pas à quoi m'attendre en commençant ma lecture. Je me suis lancée et je me suis laissée emporter par l'histoire, par cette jeune fille qu'est la joueuse de go et par les parties de jeu.

Les chapitres alternent entre la narration de la joueuse de go et la narration d'un soldat japonais.

Je ne connaissais absolument pas cette période de l'histoire, dans les années 30, cette guerre entre la Chine et le Japon.

J'ai donc poursuivi ma lecture en me demandant où l'auteur voulait nous emmener...

La fin est magnifique, digne d'une histoire de Shakespeare !...
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La joueuse de go

Dès les premières pages, pour ne pas dire les premières lignes, j'ai été transportée dans un autre monde et ça, j'adore ! Ce livre est un petit bijou !

A travers une jeune lycéenne, la joueuse de go, on découvre les premiers émois amoureux avec toute la palette des sentiments : bonheur, jalousie, possession, tourment...

Mais c'est aussi l'horreur de la guerre qui nous est relatée ici.

Ses deux amis Mim et Jing sont de jeunes étudiants révolutionnaires, son partenaire inconnu au jeu de go est un jeune soldat japonais, soldat qui devrait donc être son adversaire d'un point de vue politique mais qui cache son identité. Sans rien se dire ou presque, sans se toucher, ils vont s'aimer...

La construction du livre permet , à travers de courts chapitres d'alterner le point de vue de la jeune joueuse de go et celui du soldat japonais. Ce livre est plein de délicatesse, les mots sont choisis avec soins, on ressent les sentiments, on vit avec nos personnages et on est , dans tous les sens du terme triste de les quitter.
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La joueuse de go

A petits pas , telle une geisha , Shan Sa nous emmène sur la place des Mille Vents .

Avec pudeur et délicatesse , elle dresse son décor de yin et yang qui se côtoient parmi les damiers ancrés dans la roche grenue , depuis une éternité .



Ce lieu réunit tous les hommes amoureux de cet art qu'est le jeu de go .

Cependant , une personne dénote dans ce milieu macho : une jeune chinoise , belle du haut de ses seize ans , arrogante par ses origines aristocratiques , indépendante grâce à une éducation libre et naturelle .

Et surtout , fine stratège . Cette demoiselle défie la gent masculine qu'elle bat régulièrement . On admire et on accepte cette exception .



Un jour , un jeune soldat japonais , déguisé en Chinois , l'affronte . Il est très doué .

Notre héroïne qui se complaît au milieu de ces artistes , revient régulièrement braver le bel inconnu .



Dans leurs silences et leurs regards intenses , ils vont se découvrir .

Ils passent des heures à communier . Leurs corps , sans se toucher , dégagent leurs états d'âme . Ils se conquièrent .

Ils vivent un amour absolu mais un amour platonique .



" le go se moque du calcul , fait affront à l'imagination .

Imprévisible comme l'alchimie des nuages , chaque nouvelle formation est une trahison .

Jamais de repos , toujours sur le qui-vive , toujours plus vite , vers ce qu'on a de plus habile , de plus libre , mais aussi de plus froid , précis , assassin .

Le go est le jeu du mensonge . On encercle l'ennemi de chimères pour cette seule vérité qu'est la mort . ( P. 294 )



Ils sont si différents et ennemis . Elle ne le sait pas . Elle croit en lui .



Elle ! Rêve d'une Mandchourie libre au contact de deux étudiants révolutionnaires Min et Jing qui l'ont envoûtée .

Lui ! Guerrier , place l'honneur dans le devoir et la mort .

Il n'a aucun scrupule à assister à d'innombrables crimes , destructions , pillages , viols .



Cette Mandchourie garde encore les séquelles de la peste , apportée par les marmottes de 1910 à 1911 .

En un an , 50000 personnes périrent . ( wikipédia )



Mais la Mandchourie n'a pas fini de trembler face à l'envahisseur venu massacrer ses élus , les néantiser .

Spécialement par cette unité 731 qui se livre à des expériences bactériologiques sur des prisonniers cobayes

(... ) victimes de vivisections , gelés ou exposés à des bactéries , afin de doter le Japon d'armes bactériologiques ( www. nouvelobs.com / monde ) .



Toutes cette cruauté , ces horreurs vont forcément séparer ces jeunes gens .

Peuvent-ils se retrouver ? Où ? Quand ? Comment ?



L'auteure nous installe progressivement dans la tristesse et la colère .

Elle se plie , se penche , distille dans notre coeur cette amertume . Elle recommence , encore et encore , souple comme un saule .

Par petites touches , par des phrases courtes mais incisives , elle traduit la douleur , la sensualité et surtout l'amour .

Chaque mot est emprunt de poésie et de force .

Elle réussit à nous associer à ses protagonistes par les aparte qu'ils nous dévoilent , chacun à leur tour .



Une petite merveille , ce roman !
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Porte de la paix céleste

Parachutée sur la place Tiananmen à Pékin en plein coeur de la révolution menée par les étudiants en 1989, j'ai suivi la fuite en direct de Ayamei, leur porte-parole et instigatrice. Considérée comme une criminelle par le Parti communiste, elle est pourchassée par un jeune lieutenant endoctriné et parvient ainsi au bord de la mer, près des montagnes attirantes et menaçantes.



Si dans la première partie du périple j'ai été happée par les événements, j'ai tout de suite déchanté.

C'est le premier roman de cette auteure que j'avais pourtant beaucoup aimée dans "La joueuse de go".

C'est le premier roman, et ça veut tout dire; car souvent j'ai remarqué que les auteurs novices, un peu maladroitement, veulent inclure beaucoup de choses dans leur histoire, sans développer pour autant celles-ci, ce qui donne un ensemble un peu de bric et de broc.

Et de fait, elle n'est pas parvenue à me captiver.

J'ai survolé le destin d'Ayamei .

Je ne l'ai pas suivie dans la montagne et son temple mystérieux.

Le lieutenant ne m'a pas révoltée par sa dureté.

Les vieux parents ne m'ont pas attristée.

La Porte de la paix céleste m'est demeurée fermée.
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La joueuse de go

Les années 30, le Japon occupe la Mandchourie. Sur la place des Mille-Vents, une joueuse de Go Mandchoue démarre une partie avec un étranger ; il est soldat et japonais.



« La joueuse de go » est une histoire contée à deux voix, tour à tour, telle une conversation ou telle une partie de go. « Enlacer l'adversaire pour le vaincre, l'attirer dans ses bras pour le conquérir », Shan Sa rend le jeu de go sensuel comme la rencontre de deux amants, comme un exercice de séduction et met toute la poésie de sa plume au service de leur histoire.



Une étudiante de 16 ans, des rebelles, un soldat – espion pris dans le tourbillon de l'histoire, celle de la Mandchourie, celle d'une jeune fille qui devient une femme et rejette ce que cela signifie : un destin d'épouse soumise. J'ai beaucoup aimé le personnage de la joueuse, poignant, haut en couleurs, avec cette furieuse (mais destructrice) envie de vivre, cette soif de liberté et de s'affranchir du carcan de la société mandchoue.



Quant à la fin : je ne veux rien dévoiler, mais pour une fois je peux écrire qu'elle est une vraie réussite (je suis trop souvent déçue par le dénouement des romans). Ici elle est surprenante et pourtant avec le recul elle ne l'est pas tant que ça ! En fait pouvait-il en être autrement ?



Poétique, envoûtant, dépaysant, captivant, ce roman d'une rare intensité je l'ai dévoré d'une seule traite et je le recommande !! Un vrai coup de cœur pour moi !!
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La joueuse de go

Quelle émotion.

Voici un ouvrage de contraste et d’équilibre

un yin et yang littéraire

Tout s’y oppose à tout et tout se complète

l’équilibre nait



Un homme et une femme

Un japonais et une chinoise

Un homme jeune encore et une collégienne

Un caractère noble et un autre déluré

L’horreur et la douceur

les pensées pudiques et les pensées crues

La réserve et l’explosion



Et le jeu de go va venir tisser des liens entre ces oppositions



La coda, qu’on croirait celle d’une tragédie romantique, elle aussi contraste avec ce que le texte annonce.



Tout dans ce texte me plait:

La forme courte des chapitres

L'alternance des propos des deux personnages anonymes

La progression des sentiments,

la délicatesse extrême du style,

la sensibilité de l’auteur,

La confrontation des états dans lesquels cette lecture m'a laissé entre effroi et subjugation



Deux images me sont apparues durant ma lecture :

« Soie » d’Alessandro Baricco et le film « Un été 42 »

l’ambiance, sûrement…



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La joueuse de go

Je viens de fermer le roman: roman du rouge et du noir, de la passion et de la mort, de la sensualité et de la violence. Rien, je ne trouve rien de négatif, rien de faible, rien de maladroit, ce récit a absolument tout!



En quelques pages, on pénètre dans la société chinoise des années 30, la Mandchourie en proie à l'invasion japonaise. En quelques mots se dessine les différentes strates de la société chinoise, entre traditions et modernité, richesse et pauvreté.

C'est une jeune collégienne, dont on ne découvrira le prénom qu'à la dernière page mais qu'on imagine très beau, sa soeur se nommant Perle de Lune, qui, de ses allées et venues, nous mène dans les rues de Mille Vent où elle joue tous les jours au Go; Le Go est pourtant un jeu traditionnellement masculin, mais la jeune fille intrépide et intelligente a su gagner ses gallons et le droit de pratiquer auprès des hommes. C'est ainsi qu'elle rencontrera l'Inconnu, cet homme à l'accent pékinois mais qui cache en réalité un militaire japonais.

Le récit se partage entre ces deux personnages tour-à-tour narrateurs et que rien ne prédispose, au début du roman, à se rencontrer. Pourtant, le Go signera leur destin à chacun d'une manière sublime et tragique.

Le Go, ce jeu que je ne connais absolument pas, dessine à la fois les stratégies des deux peuples et la psychologie intime des deux joueurs qui n'échangeront que par coups et regards furtifs.



C'est une histoire magnifique et déchirante que je n'attendais pas.





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La joueuse de go

Il y a de belles qualités dans ce livre, c’est indéniable. Une idée prometteuse: la relation singulière d’une adolescente mandchoue et d’un officier japonais à travers le jeu de go, pendant la guerre sino-japonaise. L’histoire de la Mandchourie, je n’y connais rien, du coup ça m’intéressait d’en avoir un aperçu (même si ça m’a bien fait sentir mon ignorance crasse et mon manque total de repères).

L’écriture est juste - mais dans les deux sens du terme, défaut et qualité mêlés. Aucune lourdeur, aucune faute de goût, aucun excès hasardeux - mais mince! c’est quand même une histoire à la Roméo et Juliette, ce style très lisse, très raisonnable, sans prise de risque, pour moi ça n’a pas vraiment fait l’affaire. L’histoire d’amour impossible reste trop maigrelette, manque d’étoffe et d’épaisseur, et du coup n’est pas complètement convaincante, pas prenante. La faute aussi, je pense, à la très grande brièveté des chapitres qui ne laisse pas à l’auteur le temps d’installer les choses, de creuser les personnages. Au moment où on pourrait commencer à s’attacher au personnage, paf! on change de point de vue. Même la façon dont est abordée le jeu de go reste un peu frustrante, manque de profondeur et d’originalité, d’inattendu. Bref, le « troublant et ardent » de la 4ème de couv est presque à l’opposé de ce que j’ai ressenti.



Mais bien sûr, c’est un avis subjectif, la plupart des critiques sont enthousiastes, faut pas trop m’en vouloir de mon avis mitigé, les livres, c’est comme les gens, ça ne peut pas plaire à tout le monde.
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La cithare nue

Mon avis au sujet de ce roman est relativement mitigé lorsque je referme ce livre.

Ma lecture a été ponctuée de moments magiques et de passages ennuyeux. Il est des parties très poétiques, envoutantes, qui font de cette histoire un conte magnifique. C'est un mélange d'histoire et de légende mêlant réalité et au-delà un peu incompréhensible. J'ai été conquise par l'écriture de Shan Sa, mais beaucoup moins par l'histoire en elle-même, surtout sur la fin. J'ai un sentiment d'inachevé, ou d'un "trop" dont on aurait pu se passer. L'histoire de la jeune mère se serait suffit à elle-même.
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La joueuse de go

Partie de go.



Années 1930. La Mandchourie est occupée par l'armée japonaise. Sur la place des Mille Vents, une lycéenne joue au go. Son prochain adversaire est un officier de l'armée japonaise.



Voici mon premier coup de cœur de l'année. Avec sa plume magnifique, Shan Sa nous conte l'histoire de deux êtres que tout oppose. L'une est une lycéenne chinoise découvrant les premiers émois amoureux, l'autre est un soldat japonais fuyant l'amour dans les bras des prostituées. Une seule chose les réunit, le jeu de go.



La rencontre se fera lors d'une partie de go. Celle-ci verra deux antagonistes, deux solitudes, chacun fasciné par l'autre, se retrouver dans l'émouvante conclusion de ce roman.



Mais ce roman ne se réduit pas à cette rencontre. C'est aussi la découverte du sentiment amoureux, de la sensualité. C'est aussi la révolte, la résistance face à l'occupant, les sacrifices et les horreurs induites par la guerre. C'est une plongée dans un monde à la fois proche et lointain de nous.



Bref, ce roman est une magnifique fresque tragique.
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La joueuse de go

Des pions noirs; des pions blancs.

Des chapitres du militaire japonais; des chapitres de la jeune chinoise joueuse de go.

Et entre les deux, une mélodie qui balance. Tic tac. Tic tac.

D'un côté le défi, de l'autre la stratégie.

D'un côté l'intelligence, de l'autre la réflexion.

D'un côté la modernité, de l'autre l'insistance des traditions.

D'un côté la guerre, de l'autre la résistance.

D'un côté l'enfance, de l'autre le monde adulte.

D'un côté la violence, de l'autre la douceur du regard.

D'un côté la Chine, de l'autre le Japon.

Et au milieu des amours naissants.

Et la mort.



La joueuse de go a su trouver le chemin de mon coeur et a touché mon âme. J'ai été séduite par cette histoire d'un autre temps, d'un autre continent, de ce bout du monde aux coutumes ancestrales, pudiques, codifiées et si dépaysantes.



Certaines scènes m'ont happée, d'autres m'ont blessée.

Il n'y a pas de compromis dans l'écriture de Shan Sa.

Parce qu'il faut qu'on le sache : la vie n'épargne personne. La quiétude n'appartient qu'aux morts. La vie est une peine que seule une partie de go peut distraire.



Place des Mille Vents, le silence règne en maître. Dans mon coeur aussi.

Je ne m'attendais pas à un tel dénouement. Il me laisse sans voix. Il scelle la fin de la partie. Désormais, je vais devoir trouver un autre roman décapant, un autre adversaire. Un de ceux qui vaut le détour. Un de ceux capables de m'offrir des fleurs sous les bombes. Un de ceux dont la passion dévore tout !



"Le monde est un jeu de go dont les règles ont été inutilement compliquées." (Proverbe chinois).

Et si nous les simplifions tout en gardant leur intensité ?







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La joueuse de go

Mandchourie, 1931. Une jeune chinoise et un soldat japonais se retrouvent tous les jours Place des Mille vents devant une table de go. Elle a 16 ans et, si jusque là elle ne vivait que pour le jeu, de nouveaux horizons s'ouvrent à elle avec l'adolescence : la découverte de son corps, l'émoi amoureux et l'éveil des sens dans les bras de Min et Jing, deux étudiants rebelles à l'occupation japonaise. Le soldat est à peine plus âgé qu'elle. Lieutenant de l'armée impériale, il a été élevé dans le respect des valeurs familiales et le culte de l'Honneur avec un grand H.

Ces deux-là n'auraient jamais dû se rencontrer, ils n'ont rien en commun, si ce n'est une passion pour le go. Pourtant, au fil de leurs rencontres, un fil se tend entre eux. Elle ne sait pas qu'il est un lieutenant japonais déguisé en pékinois, il ne connaît rien de ses liens avec la résistance et, pendant que la ville est le théâtre de heurts sanglants, entre eux, la partie continue, faite de prises et d'encerclements, de regards discrets, de questions non formulées.



Un roman tout en délicatesse et en poésie qui évoque la guerre, le feu et le sang mais aussi l'amour, ambigu, évanescent, si difficile à reconnaître parmi le flot des sentiments humains. Dans une région occupée, une ville en guerre, la lycéenne et l'officier que tout oppose suivent des chemins parallèles qui ne se croisent qu'autour d'une table de go, jeu stratégique et guerrier. Leurs deux voix se succèdent dans des chapitres alternés où violence et cruauté se mêlent à la douceur et à la beauté. Le patriotisme exacerbé du soldat se heurte à la soif de liberté de la jeune fille, mais entre eux le calme règne, troublé seulement par le mouvement des pions. Entre la jeune mandchoue émancipée qui refuse de devenir une épouse soumise à un mari vieux et riche et le japonais incapable de remettre en cause les principes que très tôt on lui a inculqués, naît un amour qui ne veut pas dire son nom, un sentiment inenvisageable pour l'un comme pour l'autre. Ils n'échangent que des silences et pourtant tant de choses sont exprimées : la violence faite aux mandchous, sacrifiés par la Chine, opprimés par le Japon, l'impérialisme japonais, la conquête de nouveaux territoires par la torture et le crime.

A la fois dure et délicate, la plume de Shan Sa sait décrire les faits les plus cruels et les émois les plus tendres avec beaucoup de subtilité et de psychologie. L'auteure parle de l'amour dans ce qu'il a de plus violent et réserve au lecteur une fin surprenante, juste et poignante. Un bijou à lire absolument.
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Impératrice

Née petite fille ordinaire dans une famille vaguement noble de la Chine médiévale, Lumière s'est hissée à force d'efforts, de séduction et d'intrigues à la dignité suprême, celle d'impératrice et de quasi-dieu. C'est son histoire qui nous est racontée ici à la première personne. Un récit passionnant sur le pouvoir et la Chine du VIIe siècle.



Le pouvoir absolu corrompt, en tout cas il a corrompu Lumière, devenue exactement comme ceux qu'elle haïssait d'abord. La transformation de cette jeune fille intelligente, indépendante, honnête et volontaire en une personne calculatrice, inhumaine, paranoïaque, manipulatrice, mégalomane et sanguinaire est très troublante, car elle se fait par petites touches : ainsi, elle se dépouille d'abord de son amour quand elle quitte sa famille et réalise qu'elle est tout pour sa sœur, alors que celle-ci n'est finalement pas grand chose pour elle... puis de sa droiture quand elle conspire pour garder son amant rien qu'à elle... puis de son humanité quand elle décide d'exécutions barbares... et ainsi de suite pour devenir à la fin de sa vie une caricature d'elle-même, une souveraine décadente et tyrannique...



Cette réflexion sur le pouvoir, très actuelle, a un cadre qui ne l'est pas du tout, celui de la Chine impériale et de sa Cité Interdite. Entre les noms poétiques, les dignités alambiquées, le cérémonial qui règle tout, les concubines et autres amours qui dérèglent tout, les complots qui se suivent et se ressemblent (ou pas), l'exotisme joue à plein. Pas un exotisme de pacotille, mais un univers aujourd'hui disparu que l'auteure nous fait découvrir par le miracle de ses recherches et de sa plume.



Cerise sur la gâteau impérial, ce récit est inspiré d'une histoire vraie, celle de Wu Zei-Tuan, la seule femme devenue Empereur.



Lu dans le cadre du challenge 'Pioche dans la PAL' (merci Mladoria), challenge Atout Prix 4/xx et challenge Variétés.
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