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Critiques de T. C. Boyle (299)
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L'enfant sauvage

Qui n’a jamais entendu parler de l’enfant sauvage de l’Aveyron, ne fût-ce que par l’intermédiaire du film de François Truffaut ?



Ici, T.C. Boyle a repris son histoire sous forme de « récit » mais pour moi, cela ressemble davantage à un documentaire. En effet, nous allons faire sa connaissance depuis sa découverte au détour d’un sentier dans le Languedoc, en 1797, alors qu’il doit avoir environ 13 ans, en passant par sa « capture » par des paysans, et puis sa prise en charge par des scientifiques, notamment le docteur Itard qui lui inculquera un semblant de vie civilisée en employant entre autres la méthode de l’abbé Sicard pour les sourds-muets.

La grande question à cette époque est celle-ci : « Mettre à l’épreuve la théorie avancée par Locke et Condillac : l’homme naissait-il vraiment à l’état de tabula rasa, dépourvu d’esprit et d’idées, page vierge sur laquelle la société imprimait ensuite sa marque, animal capable d’apprendre et de se parfaire ou la société était-elle au contraire un instrument de corruption, comme le suggérait Rousseau, et non point le fondement de toutes choses justes et droites en ce monde ? »

Si vous voulez savoir les détails de la vie de ce pauvre enfant (oui, il a été abandonné par sa belle-mère dans la forêt alors qu’il avait 5 ans, elle a même essayé de l’égorger, sans succès évidemment), si vous voulez connaître les différents types d’approche abordés à son égard, eh bien lisez l’œuvre de T.C. Boyle, très accessible et bien écrite, quoique le point de vue omniscient m’ait gênée aux entournures ...personne n’est parvenu à communiquer de façon pleinement satisfaisante avec lui, et donc le fait d’entrer dans la tête de cet enfant me paraissait assez inadéquat !



Et puis sur la 4e de couverture, il est dit que T.C. Boyle est « un satiriste enragé » (hélas, je n’ai jamais rien lu de lui) et qu’il « s’est mué ici en poète et a trouvé dans l’empathie un antidote à sa coutumière causticité ». Il a effectivement essayé d’être empathique, mais je trouve qu’il aurait pu aller beaucoup plus loin dans son cheminement.



L’enfant sauvage traité par T.C. Boyle ? Intéressant, mais pas particulièrement émouvant.

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Les vrais durs

Une histoire américaine, de courage, de maladie mentale et de complotisme.



Le roman commence lorsqu’un couple âgé est en croisière au Costa Rica. Près de Puerto Limon, une visite dans un parc est offerte. Ils partent en bus, mais le conducteur s’arrête dans un endroit isolé où des voleurs arrivent et exigent argent, bijoux et passeports. La réaction de Sten Stensen sauvera peut-être le groupe, mais non sans lui laisser quelques séquelles.



De retour chez eux, ils retrouvent leur fils Adam, affecté depuis longtemps par la maladie mentale. Cette fois, il s’est épris d’une femme « libertarienne » qui affirme n’avoir pas passé de contrats avec la Californie et qui refuse donc l’autorité de la police locale. Et bien sûr, la situation va dégénérer…



Un très bon roman, avec du suspens, mais aussi une analyse psychologique et sociale, car l’auteur a le talent d’amener le lecteur dans la tête de ses personnages, des Américains qui ont chacun leurs parcours et leurs particularités.

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América

C'est le premier roman de Boyle que je lis, et à n'en pas douter , ça ne sera pas le dernier.



Le point de départ d'América, c'est une rencontre dans des conditions assez peu heureuses de deux types personnes qui d'ordinaires se croisent sans réellement se voir.



D'un côté Delaney Mossbacher, un quadragénaire qui vit dans un quartier résidentiel de Californie, loin de l'agitation et des tracas de la ville, mais surtout protégé des gens pas trop comme lui. Et de l'autre Candido Rincon, un Mexicain qui a passé illégalement l'immense frontière qui sépare son pays des Etats-Unis , avec sa femme, enceinte, América.

Ces deux hommes que l'on peut aisément qualifier de "pauvres types" - pour différentes raisons - se font face à cause d'un accident. A partir du moment où Delaney heurte Candido, le récit de l'auteur nous "oblige" à nous attarder sur le quotidien de ces deux hommes.



Chacun vivent avec leur désespoir et leurs rêves brisés, la famille mexicaine surtout. Les oppositions entre ces deux camps sont très bien transcrites et dans une prose simple, directe et travaillée à la fois. Et c'est de ces contrastes que naît la satire de Boyle.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que les WASP en prennent pour leur grade... Chacun trop occupé à ses petits soucis de riche et à rester à l'écart de tout (ou presque) que la compassion est remplacée par une peur de l'Autre à la limite de la paranoïa.



Difficile en fait de faire une critique sur ce roman qui met en scène l'éternelle injustice qu'est celle des "nantis" et des "damnés" avec de pauvres bougres qui n'ont d'autre tort que celui d'être né sous la mauvaise étoile, du mauvais côté de la frontière (richesse) et sont prêts à tout pour avoir "le droit" de profiter des facilités de vie qu'ont leur voisins. Petit à petit l'auteur nous montre comment l'être humain devient un prédateur plus vicieux que les serpents des canyons. Et au fil des chapitres, on assiste à la déchéance des Mexicains qui perdent tout (même s'ils n'avaient, pour ainsi dire, rien au départ) et ne vivent plus comme des humains. Et parallèlement, Delaney qui d'un pauvre type inoffensif devient un facho dangereux.



Un portrait de la société américaine moderne qui ne fait pas rêver, bien au contraire.

En bref, un roman marquant qui vaut la peine d'être lu et fera un jour - j'espère - partie du canon américain pour ce nouveau siècle.
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Water Music

Moi aussi j'étais partis avec l'intention de vivre une belle aventure au coté de T.C Boyle. Ce n'était pas ma première expédition pour les contrées lointaines.

J'avais déjà suivit Jack, Robert-Louis, Albert, Jean et même Henri sans jamais connaitre aussi vite une envie irrépressible de rentrer chez moi, et de planter là mon guide. J'avais trouvé le plus geignard des aventuriers qui était bien incapable de faire le moindre nœud marin pour arrimer notre viatique et qui confondait le chant du toucan avec le chant des sirènes.

De la musique pas du tout, et s'il y a eu de l'eau elle provient plus certainement d'une chasse que du zambèze.
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América

Welcome in America !



Delaney et Candido n'auraient jamais dû se rencontrer et d'ailleurs leur rencontre est à l'image de leurs mondes : Delaney est au volant de sa voiture ACURA, dont la plaque d'immatriculation est PILGRIM (pèlerin : nom donné aux premiers colons), il vit avec sa famille dans un lotissement huppé près de Los Angelès, l'Arroyo Blanco, est écrivain et amoureux de la nature et des grands espaces (tiens tiens cela ressemble fortement à l'auteur dont j'ai vu une interview dans le cadre des Carnets de route de François Busnel). Le second a franchi la frontière du Mexique avec América, sa compagne enceinte, pour trouver travail et avenir dans la Grande Amérique. Il arpente la route qui mène au point de rassemblement des emplois précaires où l'on recrute ces hommes et ces femmes à tout faire.



Le choc de la rencontre va être à plusieurs niveaux : Delaney va percuter en voiture Candido et à partir de ce moment les deux destins sont liés. Il y a l'Amérique des nantis, ne cherchant qu'à vivre en ultra sécurité, redoutant l'autre, l'accablant et le rendant responsable de tous les maux et le monde des exclus, de ceux qui n'ont rien, qui cherchent un lieu pour enfin souffler et se construire un avenir.



Avec ce roman écrit en 1995 et encore tellement d'actualité, TC Boyle confronte deux univers aux préoccupations tellement éloignées. Pour certains il s'agit de leur confort, leur bien être, leur sécurité pour d'autre il s'agit de trouver un travail, de quoi manger, un toit à mettre au-dessus de sa tête. Alternant le quotidien de l'un et de l'autre, tellement éloignés qu'ils sont, il dresse un portrait sans concession d'une société américaine que j'ai trouvé, malgré les 25 ans qui nous séparent de sa sortie, d'autant plus d'actualité que la construction d'un mur entourant les résidences de l'Arroyo Blanco où vit Delaney n'est pas sans faire penser à la construction de murs frontières entre pays pour limiter l'immigration comme celui que veut Trump entre le Mexique et les USA;



América : l'Amérique mais aussi le prénom de la compagne de Candido, le bien nommé. Il croit, comme beaucoup, au rêve américain, avec sa compagne de 16 ans plus jeune, qui attend leur premier enfant. Il y croit, presque jusqu'au bout alors qu'América va très vite comprendre que le rêve est loin de la réalité.



Ils vont aller de désillusions en agressions, s'enfonçant de plus en plus dans la misère, l'exclusion,seuls, vivant de rien et dont un enchaînement d'événements dans lesquels ils vont tout perdre.



Delaney lui va être confrontés à ses propres contradictions, il tente de résister, fort de ses idées sur la famille, l'environnement, la société mais va peu à peu lui-même être envahi par les peurs de ceux qui l'entourent.



Comment ne pas penser à la phrase de JP Sartre : L'enfer c'est les autres....... On ne se remet pas en cause, on regarde l'autre avec suspicion, on se donne bonne conscience.



C'est un roman pamphlet sur l'Amérique moderne (mais cela pourrait se dérouler dans bien d'autres pays), construite grâce à l'immigration, car ils sont tous des immigrés à la base et pourtant ils ont peur. La deuxième partie axée sur les fêtes de Thanskgiving qui sont normalement un moment de remerciements en souvenir de l'aide apportée par les autochtones aux premiers migrants, est particulièrement représentative de la perte de mémoire d'un symbole. 



La construction est faite dans un crescendo d'événements, suivant en parallèle les itinéraires et mésaventures des deux hommes, les enfonçant chacun de plus en plus soit dans les réalités de son pays qu'il refusait de voir jusqu'à maintenant et pour l'autre dans les réalités d'un pays qui va tout lui prendre. 



J'ai parfois été gênée par l'écriture et plus particulièrement la construction de certaines phrases, mais c'est un roman fort, d'une grande lucidité et clairvoyance sur la société d'un pays, sur l'humain et qui posait dans de nombreux domaines les jalons de ce qui est en train de se passer que ce soit sur l'immigration, la nature, l'environnement et ses contradictions. 
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Water Music

Water Music est le premier roman de l'écrivain américain T.C. Boyle ;

Il s'agit d'un faux roman historique car il est basé sur la vie de l'explorateur écossais Mungo Park , qui a réellement existé .

Nous partons avec lui à l'aventure , à l'exploration du fleuve Niger .

Roman d'aventures loufouque ; l'écriture est foisonnante , époustouflante comme toujours chez cet auteur .
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Water Music

Fin XVIIIème, début XIXème, l'Europe change à grande vitesse. La Révolution française fait rage, les idées évoluent, la conquête du monde prend un rythme accéléré. Une nouvelle ère semble voir le jour.

Sauf que rien n'est jamais linéaire. Les envies, les ambitions de tout un chacun ne sont pas les mêmes. Si l'Europe occidentale va au galop vers le modernisme, tout le monde n'en profite pas en son sein. Et ailleurs, dans certaines contrées reculées de la planète, la préhistoire semble encore exister.

C'est, d'ailleurs, à cette période qu'en Grande Bretagne, un Écossais du nom de Mungo Park, ayant soif de découverte, va rallier le Niger après des mois de cheminement dans cette Afrique primitive. A son retour, son récit de voyage est un véritable succès. Reparti vivre chez lui, il se marie à Ailie. Mais, cette vie de sédentaire ne lui convenant guère, il va , donc, préparer en secret un nouveau voyage vers ce grand fleuve Africain.

En parallèle à cette histoire, un certain Ned Rise, survit de petits larcins à travers les bas fonds de Londres. Il s'empêtre dans des histoires sordides, en lien avec des gens fourbes.De plus, il manque de mourir à plusieurs reprises.

Et, c'est sur l'île Gorée (au large du Sénégal) où ce dernier est emprisonné, que nos deux acolytes vont se rencontrer pour un grand voyage d'exploration sur le Niger. Et, là-bas, une lente mais sérieuse spirale vers l'enfer va se dessiner. La chaleur, l'humidité, les rites africains, les guerriers Maures assoiffés de sang, les maladies, les insectes, la faim, la soif ne sont que quelques uns des ingrédients de ce périple qui vont les emmener vers des abysses sans fond.

Ce livre est extraordinaire. Il donne à voir des hommes ayant une combativité et une pugnacité à toute épreuve. Les pires événements n'entravent en rien leur optimisme. Bravo à T.C. BOYLE. Je me suis régalé.
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América

Palpitant , redoutable et dérangeant, América est un livre qui fait sourdement trembler mes murs : Cela commence comme un roman efficace et apparemment sans surprise, où chacun joue son rôle de son côté de la barrière, et cela finit comme une claque assénée sur l’abjection de tous les murs du monde érigés contre « l’autre ».



Delaney et Kira sont Américains, WASP, habitent Los Angeles dans une belle maison sur un domaine privé dans les hauteurs.

Candido et América, Mexicains, clandestins, habitent Los Angeles dans un fonds de canyon en contrebas de l’autoroute.

Sur cette autoroute, Delaney percute un jour Candido…



Un point de contact à partir duquel TC Boyle, tout un pointant une lumière crue sur le gouffre insondable entre ces deux mondes, distille lentement la défiance, la frustration, la violence des opinions et des actes, dans une tension croissante qui insinue en nous un sentiment poisseux de malaise qui grandit à mesure que nos Mexicains s’enfoncent dans la misère et les Américains dans l’abjection d’un racisme haineux.

Je ne connaissais pas TC Boyle, et ne m’attendais pas à être ainsi secouée par un propos bien moins simple et bien plus transposable qu’il n’en a l’air. Aussi, je vous le recommande chaudement.

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Un ciel si bleu

Pour sa trente et unième œuvre de fiction, T. C. Boyle enclenche un terrifiant compte à rebours avant l'apocalypse: la Californie s'enflamme, les inondations menacent la Floride. Autour d'une famille aisée et instruite, il observe les conséquences du réchauffement climatique sur le fonctionnement de ses membres et multiplie les catastrophes avec cet humour noir qui le définit si bien.



  "La planète se meurt, ne le vois-tu pas, M'man ?" accuse Cooper.

Cooper est le fils de Frank, médecin respecté, et Ottili son assistante à la retraite, et il vit sur la côte californienne, près de ses parents. Il est entomologiste et écologiste alarmiste, au point de convaincre sa mère d'adopter un mode de vie moins énergivore et de produire elle-même son alimentation en protéines " parce que son fils était entomologiste, parce qu'elle l'aimait et parce que c'était la chose à faire, Ottilie décida d'ajouter les insectes à son régime alimentaire." 

Convertie sans difficulté,  parce que "c'était excitant, comme tout nouveau projet, surtout quand il était aussi écologique et auto-redempteur", la mère de famille est pleine de bonnes intentions mais ne se remet pas profondément en question.



Ainsi vont les personnages de T. C Boyle : soumis à des tensions extrêmes, ils cherchent davantage à s'adapter qu'à corriger leurs erreurs ou à évaluer leurs schémas de pensée.

Mais si l'auteur pointe les défauts de ses personnages rivés à leur zone de confort, il parvient néanmoins à leur accorder cette touche d'humanité qui finit par les rendre sympathiques aux lecteurs.



Avec une touche d'ironie, il nous présente les efforts d'Ottilie pour préserver son image de mère nourricière et d'hôtesse exemplaire et nous régale de recettes de tacos aux larves de mezcal, de sauterelles frites et de beignets de grillons. Lors d'un repas entre amis, elle se réjouit qu'un seul convive ait été malade puisque c'est la satisfaction de sa famille qui lui importe plus que tout. On la voit ainsi dans de nombreuses circonstances tragiques agir en mère courageuse pour venir en aide à ses enfants.



Elle aura fort à faire avec sa fille Cat qui est présentée dès le début du roman comme une jeune femme écervelée et superficielle, prête à tout pour devenir influenceuse. Elle a déménagé en Floride, où elle vit avec son fiancé, Todd, ambassadeur du rhum Bacardi, dans une maison sur la plage héritée de la mère de Todd. Le comportement de Cat est typique de celui de ces jeunes femmes égocentriques et obsédées par leur apparence. A la mort de sa belle mère, elle regrette égoïstement de devoir reporter son mariage mais se réjouit de la situation de la maison.



Par désœuvrement, elle entre un jour dans une animalerie et achète un python en pensant qu'il lui servirait de faire-valoir pour sa carrière sur les réseaux sociaux. Satire malicieuse du consumérisme à tout prix, la description de l'achat interroge également sur les rapports de l'homme avec le vivant. "Elle opina du chef, alors qu'elle ne comprenait absolument rien à ce qu'il racontait. Il essayait de lui vendre un produit et elle allait l'acheter. Ils en étaient aux préliminaires."

Le choix d'un python comme animal de compagnie repose essentiellement sur sa fonction décorative, au même titre qu'un accessoire de mode.

" Celui-ci est joli, déclara-t-elle, désignant un autre serpent, fond sang séché et motif noir imbriqué comme un T-shirt de chez Anthropologie. Et celui-là aussi. Mais celui qui m'a vraiment tapé dans l'œil, c'est celui de la vitrine. Il est trop grand, je le sais, mais en auriez-vous un pareil... Avec le même motif je veux dire... Mais de la taille de cet autre là... "

Avec un humour glaçant, l'auteur fera payer très cher à Cat son insouciance et son indifférence aux besoins d'un être vivant (âmes sensibles s'abstenir).



L'achat de ce serpent déclenchera également l'hostilité de son frère, Cooper toujours obsessionnel lorsqu'il s'agit de l'environnement. Lorsqu'il déclare que ces reptiles ont détruit la chaîne alimentaire des Everglades, anéantissant de nombreuses espèces de mammifères et mettant même les alligators en danger, Cat s'inquiète du nombre de likes qu'elle pourra récolter en publiant des selfies où elle apparaît drapée dans son magnifique python.



Contrairement à sa sœur, Cooper souffre d'éco-anxiété et se montre parfois arrogant lorsqu'il se pose comme défenseur de la planète et donne aux autres des leçons de vie. Ou qu'il impose à sa mère une ferme de vers à farine, un générateur à grillons ou une quantité de ruches.

Par ailleurs, en tant que scientifique, il est davantage dans une logique comptable que dans l'empathie jusqu'à la formidable scène finale où il emmène sa mère pour l'aider à recenser les papillons.

Sa proximité avec les insectes va cependant avoir de sinistres conséquences mais là encore, l'auteur choisit l'ironie en faisant dire à Mari, sa petite amie spécialiste des tiques, que "Cooper sort avec une acarologue et se retrouve à servir d'espèce hôtesse pour une tique."

De fait, la morsure de tique va s'infecter et conduire à l'amputation de son bras droit. Ce qui n'empêchera pas Cooper de recencer systématiquement tous les insectes présents dans le moindre buisson de manière obsessionnelle.



Alors que les personnages affrontent une succession d'épreuves individuelles, les effets du dérèglement climatique ont des répercussions collectives. Des vagues de chaleur insupportable et des incendies de forêt font rage en Californie tandis que des pluies persistantes font monter l'océan contre les pilotis de la maison de Cat en Floride et inondent les rues de la ville.



L'auteur nous offre ainsi ( terrifiant cadeau ) une succession de scènes hallucinantes et cauchemardesques, à peine tempérées par l'humour noir dont il fait preuve dans ses descriptions.

Pour l'exemple, le mariage de Cat avec Todd chez ses parents est perturbé par des vents violents qui font s'envoler les tentes de réception et toute la vaisselle. Réfugiés dans la maison, où l'électricité est coupée, les invités se retrouvent entassés dans le salon avec des assiettes en carton et un traiteur qui déclare forfait. Alors que la famille suppose que les choses ne peuvent pas empirer, un incendie se déclare sur la crête derrière la maison et tout le monde évacue en urgence.



Neuf mois plus tard, c'est en Floride qu'Ottilie devra affronter un ouragan et des routes inondées recouvertes de milliers de poissons-chats naufragés, les écrasant sous ses roues alors qu'elle vole au secours de sa fille qui va accoucher seule parce que l'ambulance est bloquée par les inondations.



T. C. Boyle est un prodigieux raconteur d'histoires muni d'une plume caustique qui met en lumière les failles et les contradictions de chacun d'entre nous confronté au défi du réchauffement climatique.

En choisissant le registre du thriller écologique plus que de la dystopie, il livre une satire tragi-comique et un roman que l'on devine terriblement prémonitoire tant les premiers signes sont déjà présents. Mais s'il fait la caricature d'une société américaine bien trop matérialiste et nous expose sa vision de l’avenir de notre planète, il salue malgré tout le pragmatisme de ceux qui, comme Ottilie, ont " foi en l'avenir".
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América

Comme le chante Renaud "deux inconnus, deux anonymes et pourtant...". Pourtant un couple de migrants mexicains va croiser la route et entrer dans la vie d'un petit bourgeois américain. Un délit de fuite et quelques fractures plus tard, on retrouve Candido blessé et sa femme enceinte America à son chevet dans un dénuement total. Monsieur Delanay lui réfléchit à comment sécuriser sa maison contre les envahisseurs. A l'image de cette frontière dont certains aujourd'hui voudraient faire un mur, T. C. boyle nous parle de la fracture sociale et de la peur de l'autre. La fin, biblique à certains égards, ouvre la porte à une reconnaissance mutuelle et fait d'"America" un grand roman.
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Après le carnage

Après le carnage ou les écologistes les plus bêtes du monde...

Vous préférez les sangliers ou les oiseaux, les ratons-laveurs ou les renards, les crotales ou les rats, les hommes ou les animaux… ?

Pas sûr que vous saurez quoi répondre après avoir lu « Après le carnage » dans lequel TC Boyle ironise sur les défenseurs des droits des animaux et autres écolo-centrés.

Sur les Channel Islands, parc naturel animalier au large de Santa Barbara, la biodiversité est menacée par certains prédateurs proliférants qui déséquilibrent l’écosystème : qu’à cela ne tienne, Alma Takesue, biologiste engagée propose d’éradiquer les, rats et cochons sauvages qui dévorent les œufs des oiseaux migrateurs et anéantissent certaines espèces. Mais elle trouve face à elle un écologiste fanatique, David Lajoy, qui lui, défend TOUS les animaux envers et contre tout.

Bataille d’égo, bataille d’idées, tout oppose ces deux défenseurs de l’environnement et les emportera dans une lutte fratricide et totalement démesurée sous l’œil goguenard et très caustique de TC Boyle.

Si le propos est amusant et pertinent, j’ai trouvé beaucoup de longueurs, principalement dans les antécédents familiaux des principaux personnages, antécédents qui déterminent leur comportement : avec 200 pages de moins, cette fable écolo-cynique serait cependant probablement plus digeste !

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Un ami de la terre

Cela faisait longtemps que je voulais lire T.C. Boyle, attirée par ses sujets excentriques. Dans Un Ami de la Terre, écrit en 2001, l'auteur a imaginé la vie d'un «éco-terroriste», Ty Tierwater, un de ces écolos qui dans les années 1990 commettait des crimes (vandalisme avancé...) pour nuire aux compagnies forestières et (tenter de) protéger les arbres. Ty raconte en alternance sa vie passée de militant et son présent, situé en 2025 (demain...) en Californie alors qu'âgé de 75 ans il assiste impuissant à la catastrophe annoncée du climat déréglé, à la merci des pluies diluviennes, des inondations et des vents qui détruisent tout, tentant dérisoirement de sauver quelques-uns des derniers grands prédateurs dans le zoo privé d'une vedette rock. Peu à peu, l'on découvre comment il a sacrifié à sa cause non seulement des années de liberté, mais aussi, payé le plus lourd tribut qui soit... Cependant, n'allez pas croire que ce roman est triste, car malgré le drame et l'échec, c'est une histoire pleine d'humour que nous livre T.C. Boyle avec ses descriptions désopilantes, ses situations rocambolesques et la capacité de son personnage de tout prendre à la légère. Quelle plume ! Un délice, malgré, il faut le dire, quelques longueurs et quelques incongruités dans la traduction (qui a entendu parler des fourmis maçonnes) ? Tout de même, les descriptions des conséquences du réchauffement climatique donnent froid dans le dos, ou plutôt, très, très chaud...
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América

America c'est le prénom d'une jeune clandestine d'origine mexicaine qui arrive en Californie à la recherche de jours meilleurs avec son compagnon Candida .

Malheureusement , quelque temps après leur arrivée , son compagnon Candida se fait renverser par la voiture de Delaney Mossbacher , qui vit avec sa deuxième femme dans la résidence de l' Arrya Blanco , une résidence surveillée , gardée , pour empêcher les vols et autres intrusions .

Avec cet accident tragique , tout bascule , Candida ne cherche qu'à se faire oublier car il connaît le sort peu enviable réservé aux clandestins qui se font prendre , d'un autre côté , D.Mossbacher n'a jamais été confronté à la réalité des clandestins mexicains , il commence à devenir parano , il pense que le jeune mexicain va lui attirer des ennuis .

T. C. Boyle dresse un portrait impitoyable de ces deux mondes incompatibles qui s'affrontent , les bons sentiments , les grands idéaux ne font pas le poids dans la confrontation , La peur , la méfiance , les préjugés vont faire des ravages .

La Californie mythique n'existe pas , les habitants vivent dans des forteresses qui ne peuvent les protéger de leurs peurs . Par un effet pervers , plus les résidences sont surveillées , plus les murs sont hauts , plus la parano s'installe .



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Water Music

Un grand roman d'aventures loufoque et plein d'humour, à la T.C. Boyle ou l'on part à la découverte du fleuve Niger, d'une Afrique grouillante de vie, d'une Angleterre de la fin du XVIIIème siècle où la pauvreté est oppressante.

On en ressort étourdi, abasourdi, émerveillé, emporté par ces 700 pages de pur bonheur. T.C. Boyle nous fait passer du soleil écrasant de l’Afrique aux sombres et crasseuses rues de Londres avec un aisance et une maestria confondantes.

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Voir la lumière

T.C. Boyle fait partie de ces auteurs présents dans un coin de ma tête depuis plusieurs années, et pour lesquels je me dis qu’il serait temps que je m’attelle à la lecture d’un de leurs romans. Il m’aura fallu attendre la publication de Voir la lumière pour ce faire – je remercie d’ailleurs les éditions Belfond et NetGalley de m’avoir permis de le découvrir -.



Dans ce roman, l’auteur retrace l’itinéraire du L.S.D., de ses premiers balbutiements en labo suisse, avec Albert Hofman, dans les années 1940, jusqu’à ses premières expérimentations « scientifiques » massives ayant eu lieu dans les années 1960 et les désillusions qu’elles ont pu entraîner. Pour cela, l’Histoire, de la manière la plus détaillée possible – enfin selon ce que j’en connais -, se mêle à l’histoire, celle de Fitz, étudiant d’Harvard dont le directeur de thèse n’est autre que Tim Leary, professeur psychologue chantre de la consommation du célèbre papier buvard. A ses côtés, qui plus est accompagné de sa femme Joanie, le jeune homme va vivre des séances de consommation qui vont permettre à chaque initié invité de se rendre compte des effets bénéfiques du LSD, de noter ces effets sur des questionnaires, pour enfin pouvoir tirer de ces questionnaires des résultats montrant qu’il est utilisable pour soigner des troubles mentaux. Mais les choses ne se passeront pas tout à fait comme prévu pour Leary et ses recherches, et donc pour Fitz aussi…



Ainsi, l’on rencontre nombre de personnes ayant réellement existé autour de Tim Leary, et l’on se retrouve face à des lieux ou des évènements tout aussi réels qui nous entraînent très rapidement et habilement dans une autre époque, celle des sixties, pendant lesquelles tout était encore pensé comme possible : évasion psychédélique pour libérer sa conscience des codes sociaux et moraux qui l’enferment, voyages où l’on laisse tout derrière soi, vie en communauté dans laquelle tout le monde a sa place et fait sa part… Image idyllique qui va, comme dans la réalité, très vite péricliter, pour ne laisser place qu’à un gigantesque bad trip dont Joanie, pourtant la plus enthousiaste pendant les premières séances, va être la plus magistrale représentante.



C’est ce passage du paradis artificiel à l’enfer de la réalité qui reprend ses droits que T.C. Boyle nous décrit de manière magistrale, très lentement, très progressivement, pour que l’on ne rate rien des évolutions qui ont lieu dans les esprits, surtout ceux de Fitz et de Joanie, personnages sur lesquels l’auteur va davantage se focaliser pour raconter cette expérience. Et c’est ce que j’ai franchement apprécié dans ce roman : l’on plonge vraiment jusqu’au bout, avec eux, dans l’expérience, pour ne pas, non plus, en ressortir indemne : j’avoue que mon regard, un peu trop idyllique sur cette époque, en a pris un coup !



Voir la lumière fut donc une très belle découverte : le sujet me paraissait intéressant, la façon dont l’auteur l’a retranscrit l’a rendu passionnant. Une histoire de plume et de traduction en somme, et pas que de choix d’intrigue. A voir si cela se confirme prochainement à la lecture d’autres œuvres de T.C. Boyle.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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América

America est le roman du rêve américain, de la Californie riche aux ethnies variées ( Amérindiens, Noirs, Mexicains..), à la vie facile et, c'est à Los Angeles (qui porte bien son nom ) que T.C Boyle va développer son thème sur l'immigration illégale et ses effets, ses dommages collatéraux qui vont mener à l'affrontement inéluctable entre la population aisée, forte de son ancienneté, de ses droits et les Mexicains qui affluent du Mexique pour avoir une vie meilleure !

Un banal accident d'auto, un soir : Delaney Mossbacher heurte Candido Rincon, ce dernier se relève blessé et semble réclamer un dû : c'est avec 20 dollars que le chauffeur va s'acquitter des dommages car le "chicanos" fuit vers le ravin ou il vit avec America sa jeune épouse enceinte ! Elle et lui sont venus en Amérique pour fuir leur pays, trouver du travail, et du confort ! Hélas, pauvre, il va le demeurer et n'arrivera pas à faire vivre son épouse dignement, obligé d'aller fouiller les ordures, les restes des Blancs pour survivre. de plus, il a peur de se faire cueillir par la Migra, longe les murs, les maisons pour se réfugier dans sa "cabane", il tente de trouver du travail, mais il n'est pas le seul et, c'est America qui va frotter avec de l'acide les bouddhas d'un importateur, c'est elle qui va se faire violer par des Mexicains quand il part chercher des courses ou un emploi précaire. Pendant ce temps dans le lotissement chic d'Arroyo Blanco, Delauney : journaliste écolo et amateur de la nature va continuer d'être obsédé par la vision du Mexicain qu'il a percuté, sa 2° femme : Kyra s'occupe dans la vente de maisons chics et mène une vie dorée avec Jason son fils, ses toutous et une chatte ! Dans le lotissement, les vols, les dégâts causés par les coyotes , les serpents et les vagabonds les inquiètent ! Ils veulent construire un mur pour éviter les intrusions car c'est forcément la faute de ces migrants mexicains si la ville, leur propriété est vandalisée !

T.C Doyle va mener progressivement mais surement l'affrontement entre ces 2 communautés que tout oppose ! Les Blancs nantis qui protègent leurs biens et les "chicanos" qui, quoiqu'ils fassent sont des boucs émissaires ! Même après sa parution il y a 25 ans, ce roman reste d'une actualité brulante : il y eut un certain président qui pour obéir à sa devise : America First a bien "représenté " cette Amérique qui a peur, qui bâtit des murs pour se protéger des pauvres, des migrants, ce pays qui est armé jusque dans les simples foyers, qui donne des leçons au monde entier mais qui n'a pas réglé ses problèmes raciaux et donc racistes !

C'est un roman un peu long sur un sujet archiconnu, avec des personnages attachants et un style agréable !

L.C thémattique de janvier 2022 : un(e) auteur(e) U.S/Canada
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Talk Talk

Voici un auteur que j’apprécie beaucoup, ce doit être le douzième de ses romans que je viens de lire (découvert il y a longtemps avec Watermusic) et cette fois ci je reste un rien mitigé.

Nous avons pu voir moult reportages sur les usurpations d’identités qui peuvent complètement bouleverser (ou pire) une vie et dans ce cas ci, la victime est sourde ce qui complique considérablement les choses pour se défendre des malversations dont on peut l’accuser.

Même quelqu’un qui se dévoue pour la défendre peut en souffrir, mais j’en dis déjà trop. Stop.

C’est passionnant dans les recherches d’un (une ou plusieurs) imposteur(s)

en traversant l’Amérique d’un bout à l’autre pour tenter de régler le problème.

Seule la fin ne me convient pas mais on ne discute pas les goûts et les douleurs....à vous de voir !
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San Miguel

San Miguel une île au large de Santa Barbara (Californie) apparaît comme une terre promise aux yeux de Will Waters, le deuxième époux de Marantha, il y voit l'occasion de développer le commerce de la laine, et celui du guano. Embellissant la réalité de l'ile et surtout son climat qui pourrait améliorer la santé de Marantha, phtisique, Will la convainc elle et la fille adoptive de cette dernière, Edith de s'installer à San Miguel. Débarqués en plein hiver 1888, le réveil sera plus que difficile pour Marantha et Edith, perdues sur ce bout de terre inhospitalière, où vents, brouillards, froidures et pluies restent intenses, réduisant à néant toute tentative d'amélioration de leurs conditions de vie. Après la mort de Marantha, rentrée à Santa Barbara pour y mourir, Edith, devra revenir malgré elle sur l'île pour quelques années encore. 1930, en pleine crise économique, Herbie et Elise s'installent dans l'ile dans des conditions bien plus favorables, et leur vécu sera bien plus épanouissant, faisant prospérer le commerce de la laine et bénéficiant de liaisons plus fréquentes avec le continent, ou par radio, leur permettant de sortir de leur isolement insulaire.



Ce roman s'attache comme son titre l'évoque sobrement, à décrire cette île de San Miguel, personnage central du roman, qui va révéler les instincts et drames de chacune des trois femmes qui vont affronter cette terre perdue au milieu de nulle part, des femmes fortes, âpres face à cette île qui ne l'est pas moins et qu'elles doivent combattre pour survivre, un combat inégal...

J'ai apprécié ce roman, Inspiré de personnages ayant existé sans avoir de réel coup de coeur : les descriptions décortiquées et très détaillées (trop peut-être), les apartés entre parenthèse qui alourdissent le propos, ou les sujets rediscutés le long des chapitres ont eu pour effet de ralentir le rythme de ma lecture.

T.C. Boyle met d'autre part, sur le même plan, des évènements marquant la vie des personnages et les petites choses du la vie quotidienne, noyant les faits importants dans le quotidien, les rendant ternes. Alors restent les thèmes de la nature difficile, l'humain qui doit s'y adapter, des thèmes intéressants mais dont je n'ai pas vraiment aimé le déroulement..

C'est le deuxième roman que je lis de T.C. Boyle, et cette lecture confirme les mêmes sentiments de lenteur, d'étirement et au final d'ennui que j'avais ressenti lors de la lecture de América

....et c'est un peu dommage qu'avec tant de thèmes intéressants, son écriture en fasse un récit terne à mon goût.
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L'enfant sauvage

En 1970, François Truffaut avait adapté au cinéma l'histoire de L'enfant sauvage de l'Aveyron. En 2011, T.C. Boyle reprend le récit des mésaventures du jeune Victor, l'enfant sauvage de l'Aveyron, et décortique ce qui s'est passé chronologiquement.

Cette histoire incroyable débuta en 1797 en Aveyron. Des hommes attrapent "une créature" qui vit dans les bois et qui ressemble à un jeune garçon sauvage. De fait, c'en est un... Il s'échappera et sera repris en 1799. Les autorités sont alors prévenues, et l'enfant, ingérable, sera confié à l'orphelinat de Saint-Affrique, pour 2 semaines, le temps que le directeur affirme qu'ils avaient vraiment affaire à un enfant sauvage, car "il semblait absolument ignorant des formes et des objets de la dévotion religieuse."

Le directeur de l'orphelinat en profita pour publier un article sur cette rencontre... La réputation de phénomène de l'Enfant de l'Aveyron ne faisait que commencer.

L'enfant se retrouva ensuite confié aux bons soins de plusieurs personnes, des érudits, des hommes qui voulaient faire des expériences, voir s'il était possible d'éduquer le sauvageon.

Cela devint un défi pour l'un d'entre eux, après l'abbé Sicard, qui s'occupait d'éduquer des enfants sourds et muets, et qui échoua à civiliser Victor, le Dr Itard prit le relais, bien décidé à réussir cet exploit.

Ses méthodes, qui réussissaient avec les enfants sourds-muets, il essaya de les appliquer à Victor - il avait baptisé ainsi l'enfant car la voyelle O est la première que Victor ait su prononcer - mais Victor n'était ni sourd ni muet. Il n'avait simplement pas conscience de la même réalité que nous...

Je ne vais pas revenir en détail sur ce qui se passa, mal.

Mais voici ce qui ressort de cette lecture, qui est déjà une relecture des oeuvres sur Victor, une espèce de condensé, un exposé objectif des faits énoncé par T.C. Boyle. Un résumé faisant apparaitre les failles et les erreurs de jugement sur Victor et la manière dont il aurait fallu communiquer avec lui...

Car mettez-vous deux secondes à la place de Victor : vous ne faites qu'un avec la nature, vous êtes un animal, vous ne vivez que pour vous nourrir et pour SURVIVRE. Et cela depuis l'âge de quatre-cinq ans. Car on vous a abandonné dans la forêt après avoir essayé de vous égorger.... Que se passerait-il si des créatures plus fortes que vous débarquaient, vous emprisonnaient, vous prive de cette précieuse liberté, la seule chose que vous ayez, la seule chose qui compte après la nourriture ? Et que ces créatures, qui gesticulent et font des bruits avec leurs bouches, vous trimbalent d'un endroit à un autre, dans des lieux de plus en plus clos et puants, et ne vous lâchent pas une seconde, voulant à tout prix vous faire faire des choses que vous ne comprenez pas...

Ce fut une véritable erreur que de vouloir "domestiquer" cet enfant de la nature.

Et les raisons de cet acharnement étaient plus ou moins fallacieuses : cela aurait été une sacré consécration pour le Dr Itard de réussir là où l'abbé Sicard avait échoué...

Que se passerai-il si de nos jours, on trouvait à nouveau un enfant sauvage...? Saurions-nous mieux l'appréhender, l'aider en le ramenant à la vie dite civilisée? Où le laisser vivre dans son environnement, en l'aidant un peu et en le protégeant à distance, comme on le fait pour certains animaux en voix d'extinction ?

A vous de juger, moi j'ai déjà mon opinion...
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Water Music

Il y a des fleuves, il y a des romans, et il y a des romans-fleuves. Qui parlent de fleuves. Et d'écriture.

Oui, c'est bien difficile de parler de ce livre qui m'a tenue en haleine durant 850 pages - excusez du peu - tant il parcourt de méandres avant d'atteindre son estuaire.

Reprenons à la source.

Aux sources.

Comme Dickens dans A Tale of Two Cities , Boyle nous parle de la fin du 18e siècle, l'époque de la Révolution française, où l'on pouvait encore découvrir des tas de choses et espérer en un monde plus beau .

Comme Dickens qui raconte l'histoire de deux villes, l'auteur met en parallèle deux fleuves: la Tamise et...le Niger. Deux hommes, Ned Rise et Mungo Park: un gibier de potence londonien et un explorateur écossais. Deux destins qui finissent par se croiser après bien des péripéties, des déconvenue, et qui nous entraînent à leur suite dans une Afrique rêvée, désirée, cruelle au-delà de l'entendement d'un Européen , fût-il rompu à ce qu'il y a de pire au siècle des Lumières.

C'est pourtant avec un humour grinçant que Boyle nous raconte cette descente du fleuve, descente aux Enfers, qui réunit les protagonistes de son roman. Un portrait sans concessions de ce petit monde européen qui cherche à s'agrandir, une étude au couteau de l'Afrique déchirée entre mille potentats plus incohérents les uns que les autres, une aventure à la Peckinpah dont personne ne sort vainqueur.

Un livre cru, drôle souvent, étouffant quelquefois, en tout cas un grand roman.
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