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Critiques de Victor Hugo (2705)
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L'Homme qui rit

J'ai découvert L'Homme qui rit (1869) dans l'intégrale numérique de Victor Hugo aux éditions Arvensa. Sur ses 13 romans, c'est le seul dont je n'avais jamais entendu parler. Victor Hugo est pour moi une (belle) découverte. Avant de lire (très récemment) le dernier jour d'un condamné, je n'avais rien lu de lui.



Ce livre est magistral et bouleversant.



Pour commencer, il y a Ursus le philosophe et son loup Homo. Puis arrive cette nuit du 29 janvier 1690 : un enfant de 10 ans est abandonné par des comprarchicos (vendeurs d'enfants) sur la côte. Cet enfant c'est Gwynplaine et il a été abominablement mutilé au visage. Il va être recueilli par Ursus après avoir trouvé un bébé, une petite fille. Une petite famille recomposée voit le jour... et vit (probablement) une vie tranquille pendant 15 ans.



Ensuite l'auteur nous présente tour à tour les autres personnages qui vont sceller leur destin comme Barkhilphedro le “déboucheur de bouteilles de mer”. C'est une véritable fresque qui se dessine mot à mot et c'est vraiment un plaisir de lecture. J'ai trouvé la narration un peu particulière car on se retrouve souvent embarqué dans de longues descriptions (expl. structure et hiérarchie de l'aristocratie). Cela peut sembler rébarbatif mais c'est indispensable pour prendre toute la mesure du drame qui se joue.







En faisant quelques recherches j'ai vu qu'il y avait eu plusieurs adaptations cinématographiques. La plus récente a été réalisée par Jean-Pierre Améris (2012) – je n'en n'avais jamais entendu parler non plus – et la plus ancienne est de Paul Leni (1928). J'ai regardé la bande-annonce du film de 2012 mais cela ne m'a pas donné envie de le voir. J'y ai entrevu des modifications disons mélo-dramatiques et je préfère rester dans l'ambiance de l'original.



Pour la petite histoire... J'ai lu sur le net que le personnage de Gwynplaine (et surtout l'acteur Conrad Veidt – le Gwynplaine de 1928) avait inspiré celui du Joker!!



Bref, c'est un livre que je vais relire mais dans sa version papier : les pavés sur liseuse c'est vraiment fatiguant!



Challenge multi-défis 2017 (24)

Challenge pavés 2016-2017







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Ruy Blas

Décidément, le théâtre est un genre littéraire que j’affectionne ! Cette fois-ci, c’est Ruy Blas qui m’a conquise !



Victor Hugo, que j’avais déjà eu le plaisir de lire avec Claude Gueux, nous conte les aventures de Ruy Blas, un valet dont le destin va basculer lorsque son maître, Don Salluste, décide de se venger de la Reine d’Espagne, épouse délaissée de Charles II. Don Salluste demande à Ruy Blas, passionnément amoureux de la Reine, de séduire celle-ci afin de « préparer le terrain » pour la mise à exécution de son plan cruel…

C’est l’occasion pour Victor Hugo –caché derrière le personnage de Ruy Blas- de critiquer l’attitude égoïste et irréfléchie des dirigeants de son époque :



« Ô ministres intègres !

Conseillers vertueux ! Voilà votre façon

de servir, serviteurs qui pillez la maison !

Donc vous n’avez pas honte et vous choisissez l’heure,

l’heure sombre où l’Espagne agonisante pleure !

Donc vous n’avez pas ici d’autres intérêts

que remplir votre poche et vous enfuir après !

Soyez flétris, devant votre pays qui tombe,

fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe ! »



Dès les premiers vers, majestueusement écrits en alexandrins, j’ai été emportée par l’histoire si touchante de Ruy Blas, ce « ver de terre amoureux d’une étoile », et je me suis très vite attachée à ce personnage sincère, mais hélas tragique. J’ai également apprécié la Reine, paradoxe de la condition humaine, qui désire ce qu’elle ne possède plus, et ne souhaite –dans son existence morne- que quelques preuves d’amour de la part de son mari absent.



Bref, je ne peux que souligner le talent de Victor Hugo, qui est, et on ne cessera jamais de le répéter, un Grand maître de la littérature française.



A lire !

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Claude Gueux

Un récit court de Victor Hugo, grand humaniste et militant -en avance sur son temps en plein 19é siècle- de l’abolition de la peine de mort, et même si c’était possible de l’abolition de la misère humaine! Outre la menace de la guillotine, les «voleurs de pomme » -comme aurait dit G. Brassens- étaient véritablement victimes de peines dramatiques et disproportionnées et envoyés des années en prison pour un oui ou pour un non… Et quelles prisons sordides et sadiques comme le dénonça un siècle plus tard la grande Simone Veil. Un seul remède a tout cela pour Hugo: l’instruction, l’éducation et la connaissance… Vénérons nos écoles et nos enseignants, nos livres et nos écrivains, et tous ceux qui distillent la lumière du savoir, de la réflexion et de la compréhension du monde.
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L'Homme qui rit

Éblouie, émerveillée mais aussi touchée car ayant lu quelques biographies j’y ai vu plus qu’un roman.

Le 31 août 1881, Victor Hugo rédigea d’une main ferme un testament :

Dieu. L’âme. La responsabilité. Cette triple notion suffit à l’homme. Elle m’a suffi. C’est la religion vraie. J’ai vécu en elle. Je meurs en elle. Vérité, lumière, justice, conscience, c’est Dieu. Deus, dies.

Olympio ou La vie de Victor Hugo André Maurois

J’ai lu ce roman et du début à la fin, j’ai vu l’accord entre l’homme et l’écrivain. Sa vie, ses pensées, ses idéaux politiques mais aussi sa dualité, les deuils ainsi qu’un formidable témoignage.

Tout commence avec l’incroyable histoire des comprachicos, de la tempête et de cet enfant de dix ans Gwynplaine abandonné, perdu dans la neige en pleine nuit et je n’ai pu m’empêcher de penser à Cosette apeurée allant chercher l’eau du puits.

C’est une œuvre de maturité où nous découvrons les aristocrates, le parlement, les lois, le peuple anglais, la misère, l’injustice juste un aperçu sans commentaire sans jugement.

« Accuser est inutile. Constater suffit. »

C’est aussi la vie d’Ursus et d’Homo (clin d’œil de l’auteur) qui se sont exilés de Londres et de la folie des hommes. Ursus serait un Gwynplaine âgé, désillusionné, sage et pourtant il commettra une erreur fatale.

Gwynplaine parce qu’il n’avait rien à perdre a sauvé un bébé Déa dont la mère est morte dans la tempête. Pureté des sentiments, innocence, Déa, aveugle, ne sent que l’âme des autres. Tous deux s’aiment tendrement.

«Ils se suffisaient, ils n’imaginaient rien au-delà d’eux-mêmes ; se parler était un délice, s’approcher était une béatitude ; à force d’intuition réciproque, ils en étaient venus à l’unité de rêverie ; ils pensaient à deux la même pensée. »

De très beaux passages n’est pas Victor Hugo qui veut. L’auteur c’est énormément documenté.

Gwynplaine connaîtra la richesse, le pouvoir mais sa seule ambition sera d’aider les plus faibles, il y voit sa destinée.

« Je suis prédestiné ! J’ai une mission. Je serai le lord des pauvres. Je parlerai pour tous les taciturnes désespérés. Je traduirai les bégaiements. Je traduirai les grondements, les hurlements, les murmures, la rumeur des foules, les plaintes mal prononcées, les voix inintelligibles, et tous ces cris de bêtes qu’à force d’ignorance et de souffrance on fait pousser aux hommes. Le bruit des hommes est inarticulé comme le bruit du vent ; ils crient. Mais on ne les comprend pas, crier ainsi équivaut à se taire est leur désarmement. Désarmement forcé qui réclame le secours. Moi, je serai le Verbe du Peuple. Grâce à moi, on comprendra. Je serai la bouche sanglante dont le bâillon est arraché. Je dirai tout. Ce sera grand. »

De très beaux passages n’est pas Victor Hugo qui veut. L’auteur c’est énormément documenté.

La fin de ce livre m’a laissé sans voix, sans mots, tant ce livre est mêlé à sa vie. Je percevais Victor Hugo et sa vie, son œuvre derrière chaque mot. J’y ai vu ses doutes quant à son engagement politique qui lui a couté l’exil et une vie familiale perturbée. Et par-dessus tout j’y ai vu cet hommage à Léopoldine, son ange, et à son gendre partis trop tôt.

Une excellente Lecture Commune initiée par HundredDreams que je remercie et qui n’a laissé aucun des lecteurs et des lectrices indifférents.

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Les Misérables, tome 1

Les Misérables, c’est une histoire de misère, forcément, mais d’une misère si grande qu’on a peine à croire qu'elle a existé.. On s'attache avec une tristesse profonde aux personnages que Victor Hugo nous décrit avec une habilité extraordinaire. C'est un écrivain de génie, qui met des mots ensemble et crée des phrases si belles qu’on se prend à les relire pour bien s'en imprégner. Il faut cependant être prévenu de certaines longueurs, comme ces dizaines de pages décrivant la bataille de Waterloo ou les révoltes de 1830 dans leurs moindres détails.

C'est très inspirant pour moi quand un écrivain arrive à s'élever au dessus du mal pour en faire du bien. Victor Hugo avait raison quand il a dit "Ce qu'un écrivain écrit reflète son âme". Ou sont les auteurs tels que Victor Hugo aujourd'hui ?

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Le dernier jour d'un condamné

Dès le début, j'ai été happée par l'écriture de Victor Hugo, par sa fluidité et surtout par la justesse de chaque mot.

Qu'importe le crime commis par le condamné, qu'importe son nom, l'essentiel n'est pas là.

Victor Hugo nous invite dans la tête d'un condamné pour partager avec nous ses dernières pensées.

Le texte est poignant, chaque sentiment est décrit avec puissance, il vous submerge et vous prend aux tripes.

Le sort de ceux qui restent est également abordé: la famille du condamné ne pourra avoir d'autre destin que le déshonneur et la misère.

Le dernier jour d'un condamné est un plaidoyer contre la peine de mort, contre la barbarie de l'homme et l'indécence d'un peuple en délire devant un tel acte.

Malheureusement, le sujet de ce livre, pourtant paru en 1829, est toujours d'actualité dans certains pays et pousse donc à la réflexion.

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Le dernier jour d'un condamné

En racontant ses derniers jours avant son exécution, un condamné, anonyme, mais coupable, en relate les souffrances. Victor Hugo aurait pu choisir la facilité et nous faire pleurer sur le sort d’un innocent. Il n’en est rien, le condamné anonyme est bel et bien coupable.



La guillotine cherchait à éviter trop de souffrances physiques, mais le malheureux se souvient d’une exécution où le bourreau a raté son premier coup, son deuxième puis son troisième. Un apprenti se décide à achever le prisonnier. Brrrr ! Âmes sensibles, s’abstenir.



La souffrance morale, c’est de penser à ceux que le condamné laisse derrière lui.

Et l’attente, bien sûr.



Distraction dont le condamné se serait peut-être passé : la mise aux chaînes des forçats.

Une question qui hante : quel est le plus malheureux ? Celui qui est condamné à mort et dont les souffrances vont prendre fin ou celui qui conserve la vie ainsi que des années de tourments.

Vous n’aurez pas de réponses.


Lien : https://dequoilire.com/le-de..
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Lucrèce Borgia

Ça me fait du bien, le théâtre de Hugo, si étranger à toute frilosité ou platitude. Tout est ample, fait pour emporter, faire vibrer ou frissonner, Les personnages bien sûr, ces « Atrides du Moyen-Âge »: Lucrèce, pour Hugo, c'est d'abord un monstre, c'est « la difformité morale la plus hideuse, la plus repoussante, la plus complète », mais dans ce monstre il met un amour pur et touchant, un amour qui fait naître en elle le désir d'échapper à ce courant de crimes qui l'entraîne - « et le monstre intéressera, et le monstre fera pleurer, et cette créature qui faisait peur fera pitié, et cette âme difforme deviendra presque belle à vos yeux. » - je sais, ça semble un peu gros, un peu grosse ficelle, pas très raffiné, mais ça marche, ça touche, c'est beau!

Hugo est très fort pour les contrastes saisissants, émotionnellement très efficaces, poussés à l'extrême: Lucrèce la monstrueuse aime son fils Gennaro, si chevaleresque, à l'âme si noble, ignorant qu'il est le fruit de l'inceste de deux Borgia - Gennaro, qui adore sa mère inconnue de toutes les forces de son âme, qui ne sert que des causes justes pour être digne d'elle et qui pour cette raison a refusé de s'enrôler au service de « cette infâme madame Lucrèce Borgia » qu'il abhorre presque autant qu'il croit aimer sa mère. Alors oui, c'est tout à fait excessif, emphatique et mélo... mais c'est si bon!

Et puis il y a la si belle énergie, le souffle du style hugolien, puissant, ardent, impétueux.

Bref, j'adore cette pièce, forte, captivante et intense.
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Les Misérables, tome 2

"Les Misérables" constituent l'un des piliers de la littérature française. C'est presque un lieu commun de déclarer cela et en même temps, c'est très rassurant que ça le soit. Victor Hugo est un monstre dans son domaine et c'est normal que de sa plume se soit naturellement extraite une oeuvre monstrueuse, colossale et dont la grandeur semble insurpassable.



Jamais titre ne fut aussi bien choisi pour introduire une oeuvre. C'est par le titre que le lecteur est d'abord accroché et ce titre "Les Misérables" est un véritable fil d'Ariane tout au long du roman. Tous les personnages de l'oeuvre ont été, sont ou seront à un moment donné dans le récit ce qu'il convient d'appeler "un misérable". De différentes manières : socialement, sentimentalement, pécuniairement, politiquement...



Le récit est très bien mené, les personnages sont fouillés, le rythme est bon, les descriptions sont puissantes, les développements autour de la psychologie et de la nature humaine sont avant-gardistes, le plaisir de lire est intense.



"Les Misérables", un roman prégnant qui place le lecteur devant sa propre humanité, dans un décor grandiose, celui de l'Histoire en mutation et de l'Humanité si désespérément fidèle à elle-même.
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Quatrevingt-Treize

Dans Quatrevingt-Treize Victor Hugo nous parle d’un pan de l’histoire de France, de cette guerre civile qui ne dit pas son nom et qui opposa les Chouans, paysans royalistes principalement bretons et les républicains. Cette dualité est personnifiée par dCimourdain pour les républicains et le marquis de Lantenac pour les royalistes. Cela permet à Victor HUGO d’exposer les idéaux des deux parties de manière assez manichéenne. Les personnages deviennent ainsi l’allégorie de ces deux visions du pouvoir qui s’opposent radicalement. Ces deux hommes jusqu’au-boutistes me sont apparus comme personnifiant ce qu’il y avait de plus pervers à pousser une idéologie à l’extrême.



Entre ces deux hommes il y a Gauvain, un Républicain mais avant tout un homme. Il représente pour moi l’être humain, celui qui fait passer sa conscience et son cœur avant les idées qu’elles qu’elles soient. Il agit en son âme et conscience plus que par conviction. Il fait ce qui lui semble juste d’abord et avant tout. Il fait écho à Tellmarch aussi appelé Le caimant qui lui n’est ni Royaliste, ni Républicain. Il veut juste faire ce qui est bien.



J’ai trouvé que Victor HUGO prêtait parfois à ses personnages une grandeur d’âme qui relève plus de l’idéal que de la nature humaine.



Je reste par exemple sceptique quant à la réaction du matelot Halmalo qui fait preuve de beaucoup de magnanimité vis à vis de Lantenac. On peut se dire que Lantenac a su le convaincre mais là non plus je ne suis pas convaincue. De même je m’interroge sur l’attitude, presque sainte, de Tellmarch vis à vis de Lantenac. Attitude dont il se mordra les doigts et qui l’amènera à une grande introspection. Une occasion de plus pour l’auteur de décortiquer la nature humaine, ce qu’il affectionne tout particulièrement.



Un HUGO parfois grandiloquent et extrêmement bavard. C’est un euphémisme de dire qu’il y a des longueurs car l’auteur aime se perdre dans les méandres de l’âme humaine et dans le labyrinthe des tiraillements de l’esprit humain. Toutefois je dois bien reconnaître que c’est fait avec classe et l’écriture dénote d’un esprit affûté et terriblement érudit. Je n’aurais jamais saisi toutes les allusions faites sans les précieuses notes de bas de page. Le texte regorge de références, de clins d’œil autant historiques, mythologiques que littéraires. Pour autant Victor HUGO ce n’est pas que ça, c’est aussi un homme de convictions qui manie l’ironie et la critique avec une aisance déconcertante.



S’il se sert de ses personnages comme les porte-lances d’une idéologie c’est très différent avec les personnages historiques. Ainsi nous assistons au fin fond d’un café parisien, à des passes d’armes entre Marat, Robespierre et Danton dont on pourrait croire que HUGO fut le témoin et même le scribe. Victor HUGO s’en sert pour mettre en avant les personnalités différentes de ces trois figures de La Terreur tant et si bien qu’à la fin je ne savais plus lequel était le plus inhumain et le plus imbu de lui même. Il poursuit les portraits de ces hommes en nous relatant des échanges officiels dans des lieux de pouvoir et nous montre ainsi leurs différentes facettes. C’est aussi révélateur de la tension qui régnait à l’époque où le moindre faux pas pouvait vous conduire à l’échafaud. Ces hommes sont tous des équilibristes qui tout en tentant de rester sur leur fil tentent de faire tomber leurs concurrents. Luttes de pouvoirs et d’égos qui en disent long.



Et puis l’histoire dans tout ça ? Et bien elle dit toutes ce que les histoires de Victor HUGO nous racontent ; que ce sont toujours les pauvres qui en bavent le plus, que ce sont eux qui sont en première ligne, que finalement que l’on parle d’aristocrate ou de bourgeois c’est du pareil au même pour les gens du peuple : ils sont toujours un cran en dessous. Royalistes ou Républicains ceux qui tombèrent en première ligne, ceux qui souffrirent le plus, ce sont les gens du peuples, pas ceux qui ont pris les décisions et ont prônés des idéaux. Victor HUGO nous offre une fin poignante laissant finalement percer l’homme sous le représentant des idées, qu’il s’agisse de Cimourdain ou de Lantenac. Preuve s’il en fallait vraiment une qu’il est fort le bonhomme !



Une lecture exigeante, intéressante, qui demande qu’on lui accorde du temps et de la disponibilité d’esprit. Une lecture qui, tantôt m’a emportée, tantôt m’a laissé sur le bord de la route. J’avoue avoir était beaucoup moins séduite que par Les Misérables ou Le dernier jour d’un condamné par exemple mais le propos est très différent.



Merci aux copains qui ont fait la LC Victor HUGO avec moi même si nous avons lu des livres différents les échanges ont été enrichissants. Particulièrement ceux avec berni chou puisque nous lisions le même livre. D’ailleurs copain j’attends ton étude comparative entre ce que papi HUGO nous a raconté des Bretons et la vérité historique !
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Les Travailleurs de la mer

Encore sous le choc et l'envoutement de la phrase qui clôt ce roman épique, dans laquelle tout ce dernier est contenu.



Après la Religion et la lutte des hommes contre la superstition dans Notre Dame de Paris, après la Loi et la lutte contre l'injustice dans Les misérables, voici la Nature et la lutte contre les éléments dans ces Travailleurs de la mer. Des travailleurs multiples, tant humains pêcheurs et négociants qui la traversent qu'animaux marins qui la peuplent, roches granitiques qui la délimitent et vents et tempêtes qui la révèlent dans sa splendide férocité.



Tout ce grand bruit du monde contenu dans un récit noir, violent et âpre, scandé de ces sentences hugoliennes qui le font paraître murmuré par un dieu pensant, derrière lequel plane l'ombre du grand Victor exilé à Guernesey et habité par la nature sauvage de l'île.



Il n'y a qu'Hugo pour imaginer le défi relevé par Gilliatt contre les flots, que lui pour camper autant de puissance et de pureté dans un personnage intègre, taiseux avec les hommes mais dialoguant muettement avec chaque élément, il n'y a qu'Hugo aussi pour dire avec autant de force le coeur et le flot qui se brisent, le vil et le sublime de l'homme, l'hostilité et l'hospitalité de la Nature.



Encore une merveille éternelle que ce roman, que je me réjouis d'avoir enfin découvert.
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Claude Gueux

Je m'appelle Claude Gueux. J'étais un ouvrier ordinaire, normal ; je vivais avec ma maîtresse et son enfant. Mais un jour d'hiver, le pain manque. J'en vole un, et ma femme et son enfant peuvent manger, mais je suis pris, et j'ai une grosse peine de prison : cinq ans ! En prison, je me fais un ami qui m'aide à supporter ma peine : Albin. Mais le directeur de la prison, autoritaire et jaloux de ma popularité, éloigne Albin de moi. Je ne le supporte pas, ainsi que toutes les brimades que ce directeur me fait subir …

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Victor Hugo achève la dernière préface du Dernier Jour d'un condamné en 1832. Quand il découvre dans la Gazette des tribunaux du 19 mars 1832, le compte rendu du procès d'un certain Claude Gueux condamné à mort pour meurtre, il y découvre comme un écho de son plaidoyer contre la peine de mort et décide alors d'en faire un roman.

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« Voyez Claude Gueux. Cerveau bien fait, coeur bien fait, sans nul doute. Mais le sort le met dans une société si mal faite qu'il finit par tuer.

Qui est réellement coupable ? Est-ce lui ? Est-ce nous ? »

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C'est un chef d'oeuvre miniature !

Victor Hugo nous convainc que, sur cette affaire, la peine de mort est absurde.

Tout y est excellent, le style bien sûr, mais aussi la narration, qui monte en intensité, le désintéressement émouvant de Claude Gueux, qui au départ, a volé un pain.

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Pour trois héros de Victor Hugo, des conséquences disproportionnées débutent par un vol de pain pour sa famille : que ce soit :

1 ) le galérien qui raconte son histoire dans « le dernier jour d'un condamné » ;

2 ) Claude Gueux, ou :

3 ) Jean Valjean dans « Les Misérables », trente ans plus tard.

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Victor Hugo, et je dirai que c'est le combat de sa vie, argumente sans cesse contre ce système politique et judiciaire abusif qui, au lieu de donner les moyens de vivre aux citoyens de son pays, parie sur une condamnation exemplaire pour que les délits cessent.

Mais ça ne fonctionne pas…. Comme aujourd'hui, même s'il y a quelques progrès : )

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Les grands écrivains se battent pour de grandes causes :

Voltaire contre l'intolérance religieuse, dans « L'affaire Callas », et d'autres oeuvres ;

Victor Hugo, contre l'absurdité et la disproportion des peines judiciaires ;

Emile Zola, lui aussi contre la misère du peuple ( « L'Assommoir » et d'autres ) et l'intolérance religieuse dans « J'accuse »….. : )

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Les Contemplations

Moi, je lis ce recueil comme un cachet d'aspirine, comme une drogue de rimes, de vers, comme un besoin.

Le bouquin est corné tellement il a été lu, tellement il est vital, tellement la force, la réconfort se mêlent dans cette oeuvre pêle-mêle, au hasard de l'ouverture.

Ce besoin essentiel de poésie je le ressens depuis tellement longtemps que c'est ancré en moi et comme le sourire revient après les larmes, Hugo me remet en piste, droit comme la ligne et prêt à repartir.

Bien sûr il y a Léopoldine :

La mélancolie, c'est d'revoir Garbo dans la reine Christine,

C'est d'revoir Charlot à l'âge de Chaplin,

C'est Victor Hugo et Léopoldine.

Chantait Ferré et Léopoldine c'est l'arrache coeur:

Demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je partirai...

Et le poème qui devrait faire sombrer le plus fort, laisse, au contraire pénétrer une telle tendresse, une telle beauté que les mots arrivant aux paupières au lieu de faire sombrer, tomber, portent l'amour du père battu à l'espoir du souvenir et du revoir qui permet de continuer à vivre.

Tout est beau et même si pour la Xème fois je viens de terminer cet

ouvrage, je continuerai à lire, encore et encore...
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Le dernier jour d'un condamné

Victor Hugo a vingt-sept ans lorsqu'il publie Le Dernier jour d'un condamné. Je suis toujours frileux à mettre en avant l'âge de celles et ceux qui ont écrit des chefs d'oeuvre, comme si cela devait étonner. Camus avait vingt-trois ans lorsqu'il écrivit Noces. Quant à Rimbaud, n'en parlons pas, ce jeune surdoué était déjà à la retraite de la poésie à cet âge-là. Cependant, l'âge auquel Victor Hugo écrit ce récit a une importance, car il vient d'être confronté, quelques jours avant le démarrage de l'écriture de ce texte, à l'exécution en Place de Grève d'un jeune homme qui a, à peu de chose près, le même âge que notre homme de lettres. Et dans son enfance, Hugo a assisté à plusieurs exécutions capitales dont il ne s'en est pas temis. Cela ne peut plus attendre.

Le roman est une narration. Le condamné à mort nous parle, à voix basse, tandis qu'il écrit, durant les vingt-quatre dernières heures de son existence, le journal dans lequel il relate ce qu'il a vécu depuis le début de son procès jusqu'au moment de son exécution, soit environ six semaines de sa vie. C'est un long monologue dont on connaît par avance l'issue fatale.

Nous ne savons rien de cet homme condamné, ni son nom, ni son crime, mis à part la phrase : « moi, misérable qui ai commis un véritable crime, qui ai versé du sang ! ». Nous suivons l'homme, au plus près de son angoisse en tant que condamné à mort et ses dernières pensées, les souffrances quotidiennes morales et physiques qu'il subit, nous découvrons aussi les conditions de vie des prisonniers qui sont rudes. L'homme, au plus près de sa mort prochaine, exprime ses sentiments sur sa vie antérieure et ses états d'âme.... En faisant le choix d'utiliser la première personne du singulier, Victor Hugo veut transmettre au lecteur l'angoisse ressenti par le condamné.

Pourtant, Victor Hugo n'est pas dans la recherche de l'effet. le récit est froid. Au fond, il révèle peu de choses sur cet homme. D'ailleurs, l'opinion publique accueillera mal ce récit, ne comprendra pas.

Toute sa vie durant, Victor Hugo va lutter contre cette ignominie, cette tâche sombre dans la constitution de notre société. Tout d'abord dans ses livres et celui-ci en est le principal plaidoyer littéraire, mais forcément aussi politique, parce que le sujet est politique. En effet, ce texte constitue un magnifique plaidoyer pour l'abolition de la peine de mort. Plus tard, on retrouvera cet engagement dans d'autres oeuvres de l'auteur comme Claude Gueux, mais aussi dans l'Homme qui Rit, dans une des premières scènes de l'ouvrage où il décrit avec effroi la scène quasiment dantesque d'un gibet où pend un homme, qui vient s'offrir aux yeux ébahis de Gwinplaine, encore enfant. Derrière le paysage, un ciel lugubre, noir de corbeaux, accentue l'angoisse et la tragédie de cette vision...

Sur l'âge de Victor Hugo, s'il faut vraiment insister sur ce point, il s'agit donc ici d'un roman de jeunesse, soulignant, déjà avec une conviction lucide, la révolte face à la cruauté et l'injustice de ce châtiment suprême. Plus tard Victor Hugo portera ce sujet de manière obsédante et véhémente jusque dans l'hémicycle de l'assemblée nationale en farouche abolitioniste de la peine de mort.

Le roman n'est pas sorti de son imaginaire. Comme je l'ai évoqué précédemment Victor Hugo s'est nourri de scènes qu'il a vécues, peut-on appeler cela spectacles, les gens venaient assister aux exécutions capitales comme on se déplace aux jeux du cirque, au stade, à la corrida... Qui a-t-il au fond de différent aux yeux de beaucoup ? Victor Hugo s'en est indigné. Ici c'est une indignation sans relâche qu'il veut nous communiquer, il veut nous convaincre, il nous prend par les vêtements, il nous prend par le bras, pour peu il nous prendrait par le col, à la gorge, pour venir nous placer au plus près de cet homme, dans son haleine, dans sa respiration, dans ses battements de coeur, cet homme qui va mourir bientôt, la tête tranchée d'un coup et qui a peur. « Regardez cher lecteur, cet homme aura de son vivant bientôt la tête tranchée d'un coup ».

Il faudra attendre plus d'un siècle et demi pour que notre cinquième République lave enfin cet affront, cette tâche sombre faite à la République. Car la France des Lumières, la France des droits de l'homme, la France terre d'asile, a trimbalé cette guillotine, la veuve comme on disait autrefois, tout d'abord en place publique, puis plus tard dans l'arrière-cour glauque des prisons, et cela jusqu'en 1981, c'est-à-dire, presqu'avant-hier !

Robert Badinter n'eut de cesse de crier à la barre des tribunaux, devant les jurés : « vous ne vous rendez pas compte de ce qu'on vous demande de faire. La guillotine, qu'est-ce que c'est ? Prendre un homme vivant et le couper en deux morceaux ». Il vint le crier, lui aussi à la tribune de l'hémicycle devant l'assemblée nationale, au même endroit où 133 ans plus tôt, Victor Hugo disait : « [...] Messieurs, il y a trois choses qui sont à Dieu et qui n'appartiennent pas à l'homme : l'irrévocable, l'irréparable, l'indissoluble. Malheur à l'homme s'il les introduit dans ses lois. Tôt ou tard elles font plier la société sous leurs poids, elles dérangent l'équilibre nécessaire des lois et des moeurs, elles ôtent à la justice humaine ses proportions ; et alors il arrive ceci, réfléchissez-y, messieurs, que la loi épouvante la conscience [...] ».

La force du récit est de ne pas savoir la raison véritable, de prendre parti pour la cause de la peine... Il n'est pas question d'entrer en empathie avec le condamné. Victor Hugo n'en n'a que faire... C'est ici la force de son propos, ne pas laisser entrer l'émotion, le doute sur l'innocence ou la culpabilité de l'homme. Peu importe. D'ailleurs, à un moment du récit, le condamné reconnaît que c'est sans doute justifié au regard de ce qu'il a commis... Victor Hugo nous convoque seulement pour nous amener à porter un regard lucide sur la peine de mort. Et c'est efficace.

C'est un texte indispensable, intense et solaire, dont on n'en sort pas indemne.
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Le dernier jour d'un condamné

Victor Hugo fut un farouche abolitionniste.

Très jeune, il assista à de nombreuses exécutions, qui le marquèrent d'une façon indélébile. Aussi prit-il sa plume pour écrire Le dernier jour d'un condamné, à seulement vingt-sept ans.

Voici ce qu'il écrit, en parlant de lui-même, dans la préface de l'édition de 1932 :

"L'auteur a pris l'idée du Dernier Jour d'un condamné, non dans un livre, il n'a pas l'habitude d'aller chercher ses idées si loin, mais là où vous pouviez tous la prendre, où vous l'aviez prise peut-être (car qui n'a fait ou rêvé dans son esprit le Dernier Jour d'un condamné ?), tout bonnement sur la place publique, sur la place de Grève. C'est là qu'un jour en passant il a ramassé cette idée fatale, gisante dans une mare de sang sous les rouges moignons de la guillotine."

Le dernier jour d'un condamné est un texte d'une force terrible, dans lequel ressort toute l'aversion de l'auteur envers la peine capitale, et tout le dégoût que lui inspirent les mises à mort publiques en place de Grève.

Mais si écrire ce livre s'est imposé à Victor Hugo après qu'il ait vu un jeune homme de vingt ans conduit à la guillotine, cela ne lui a pas suffi. Cela n'a que momentanément soulagé sa conscience et il éprouva rapidement l'envie d'œuvrer davantage contre la peine de mort, et toute sa vie, il utilisa chaque tribune, chaque occasion, pour défendre son abolition.

Toujours dans la préface de l'édition de 1932 :

"Un jour enfin, c'était, à ce qu'il croit, le lendemain de l'exécution d'Ulbach (Louis Ulbach, jeune homme de vingt ans qui avait poignardé sa maîtresse plus jeune encore), il se mit à écrire ce livre. Depuis lors il a été soulagé. Quand un de ces crimes publics, qu'on nomme exécutions judiciaires, a été commis, sa conscience lui a dit qu'il n'en était plus solidaire ; et il n'a plus senti à son front cette goutte de sang qui rejaillit de la Grève sur la tête de tous les membres de la communauté sociale.

Toutefois, cela ne suffit pas. Se laver les mains est bien, empêcher le sang de couler serait mieux.

Aussi ne connaîtrait-il pas de but plus élevé, plus saint, plus auguste que celui-là : concourir à l'abolition de la peine de mort. Aussi est-ce du fond du cœur qu'il adhère aux vœux et aux efforts des hommes généreux de toutes les nations qui travaillent depuis plusieurs années à jeter bas l'arbre patibulaire, le seul arbre que les révolutions ne déracinent pas. C'est avec joie qu'il vient à son tour, lui chétif, donner son coup de cognée, et élargir de son mieux l'entaille que Beccaria a faite, il y a soixante-six ans, au vieux gibet dressé depuis tant de siècles sur la chrétienté."

Victor Hugo est motivé !

Une haine viscérale de l'exécution capitale l'anime, elle transpire dans chaque page, dans chaque ligne de ce texte.

Au-delà de l'atrocité de la mise à mort d'un être humain, l'auteur dénonce également avec force le comportement de la foule. Une foule souvent en liesse, toute à la joie du "spectacle" auquel elle assiste. C'est indécent, répugnant, écœurant, et cela souligne encore plus le caractère abject de l'exécution.

Nul être humain normalement constitué ne peut rester insensible à cette lecture.

Je me permets d'ajouter un petit bémol.

Les partisans de la peine de mort dénoncent toujours le fait que l'on s'apitoie sur l'assassin, et que l'on oublie sa (ou ses) victime(s). Ils utilisent souvent cet argument pour dire que le condamné mérite la peine capitale. Aussi, le fait que Victor Hugo ne nous dise rien de ce qu'a fait son condamné me dérange.

Je sais que c'est un choix volontaire, mais pour moi, il peut donner du grain à moudre aux défenseurs de la peine de mort.

J'aurais préféré savoir, et sachant, me rendre compte tout de même à travers le texte, que rien ne pouvait justifier cette horreur qu'est la mise à mort d'un être humain. Quels que soient ses crimes.

Oui, la société a le droit, voire le devoir, de se protéger, mais elle doit le faire sans verser dans l'inhumanité.

Nul ne devrait être capable de condamner à mort un être humain de sang-froid.

Malgré cette légère réserve personnelle, je trouve que Victor Hugo a écrit là un superbe manifeste contre la peine de mort.

Un réquisitoire flamboyant, digne des plaidoiries des plus grands avocats.

Un livre à lire et à faire lire !
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Le dernier jour d'un condamné

21 e siècle - chiffres Amnesty International



En 2010, quatre pays du G20 ont exécuté des prisonniers : l'Arabie saoudite, la

Chine, les États-Unis et le Japon.



Trente-six des 53 États membres de l’Union africaine sont abolitionnistes en droit

ou en pratique.



Quatre des 54 États membres du Commonwealth ont procédé à des exécutions en 2010 : le Bangladesh, le Botswana, la Malaisie et Singapour. Plus de 11 000

prisonniers demeurent sous le coup d’une condamnation à la peine capitale dans des pays du Commonwealth.



Trois des 10 États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est ont

procédé à des exécutions en 2010.



Vingt et un des 192 États membres des Nations unies ont procédé à des exécutions en 2010.



"« La peine de mort est contraire à ce que l'humanité depuis deux mille ans a pensé de plus haut et rêve de plus noble. » - Jean Jaurès





Astrid SHRIQUI GARAIN
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Quatrevingt-Treize

Il y a des dates qui font frémir d’excitation et d’effroi par leur seule puissance évocatrice, par la marque sanglante et brûlante qu’elles ont laissée sur l’Histoire. 1793 en fait partie. 1793, c’est la Révolution Française dans ce qu’elle a de plus violent et de plus passionné, c’est la Terreur, la mise à mort de la royauté, les massacres, la guerre partout – à l’extérieur des frontières, bien sûr, mais aussi en Vendée où paysans et autres petites gens mènent une guérilla impitoyable contre l’armée républicaine. Et c’est bien en Vendée, terre de religion, de tradition et de violence, que se déroule le magnifique roman « Quatrevingt-treize » de Victor Hugo.



C’est en Vendée que le marquis de Lantenac, brillant général et féroce royaliste, est envoyé pour organiser les petites bandes de paysans révoltés en une véritable armée organisée. Sur place, il a la désagréable surprise de trouver à la tête des forces républicaines son neveu Gauvain, jeune noble rallié par idéalisme aux valeurs de la Révolution. Autant dire que les retrouvailles ne seront pas des plus chaleureuses… A ce duo, s’ajoute le personnage de Cimourdain, le père adoptif de Gauvain et également ardent républicain, aussi fanatique dans sa haine de l’aristocratie que le vieux Lantenac dans sa dévotion aveugle à la cause de la monarchie. Trois personnages, trois conceptions inconciliables de la France, de l’honneur et du devoir qui vont s’affronter dans les forêts de Vendée où la Nature elle-même semble être entrée en guerre aux côtés des belligérants. Vous aussi, vous vous doutez que tout cela se terminera fort mal, hein ?



Premier roman lu de Victor Hugo : première claque ! Deux ans après, j’en suis encore toute étourdie et il m’arrive régulièrement de relire un passage par-ci, par-là et de retrouver à chaque fois la même émotion brute qu’à la première découverte. J’ai lu plusieurs autres livres du sieur Hugo depuis, mais aucun ne m’a marqué aussi profondément que « Quatrevingt-treize », dernier roman de l’auteur et peut-être le plus pur et le plus dénué d’artifices littéraires (à vérifier, ceci dit, il me faut encore lire un ou deux de ses ouvrages pour avoir une opinion définitive). Tout est parfait dans ce livre : le style superbe, le contexte historique restitué avec fougue et passion, les sentiments humains décortiqués avec une subtilité confondante… Je ne peux que m’insurger bruyamment contre les lecteurs qui osent prétendre les personnages trop stéréotypés ! Certes, ils ont chacun une grande portée symbolique – illustrations vivantes des conflits et de ambiguïtés de leur siècle – mais ils sont aussi terriblement humains, dans tout ce que l’humanité a de plus fragile, de plus faillible et de plus touchant. Et Hugo n’a pas son pareil pour faire percer cette humanité, non dans des grands discours, mais dans une phrase, un mot et – dans le cas du terrible marquis de Lancenac – un geste.



« Quatrevingt-treize », c’est également une vision terriblement noire de la Révolution Française (oh, ce magnifique passage rassemblant Robespierre, Marat et Danton – le loup, le serpent et l’ours – dans un huis-clos d’une virtuosité à couper le souffle ! Je ne m’en lasserai jamais…) Républicain convaincu, Victor Hugo ne condamne jamais les aspirations qui sont à l’origine de la Révolution, mais met en scène les contradictions d’un système qui, à force de vouloir défendre par l’acier et le feu ses nobles idéaux, a fini par les étouffer dans le sang. Cette contradiction est illustrée par la relation tendre et conflictuelle entre Gauvain et Cimourdain : l’un pense la Révolution avec son cœur, l’autre avec sa tête. C’est, hélas, cette deuxième vision qui prévaudra finalement et c’est sous le couperet de la guillotine que Hugo fera périr la dernière étincelle de pureté de la première République. Sans rire, si vous n’avez pas les larmes aux yeux aux dernières lignes, il faut sérieusement penser à consulter un psy…



Conclusion ? Il avait vraiment un gros gros égo, Hugo, mais qu’est-ce qu’il le valait bien, le bougre…

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Le dernier jour d'un condamné

Prenez place dans le couloir de la mort. XIXème siècle, prison de Bicêtre, un homme d'une quarantaine d'année, dont on ne connaitra ni le nom, ni le crime, couche par écrit ses dernières impressions et pensées avant son exécution, des pensées captives de cette mort programmée.



«Mon corps est aux fers dans un cachot, mon esprit est en prison dans une idée. Une horrible, une sanglante, une implacable idée ! Je n'ai plus qu'une pensée, qu'une conviction, qu'une certitude : condamné à mort !»



Six semaines, c'est le délai que lui fait « gagner » son pourvoi en cassation.



«C'est comme si le couteau de la guillotine mettait six semaines à tomber.»



Et plus l'échéance approche, plus il écrit…



A travers le narrateur, c'est clairement un plaidoyer contre la peine de mort que l'auteur déroule. Il fustige la torture psychologique qu'elle engendre, inhumaine autant qu'inutile.



«Ils sont triomphants de pouvoir tuer sans presque faire souffrir le corps. Eh ! c'est bien de cela qu'il s'agit ! Qu'est-ce que la douleur physique près de la douleur morale !»



Pour l'époque, dénoncer l'ignominie de la peine de mort était pour ainsi dire révolutionnaire. Il en fallait moins que ça pour échauffer dame guillotine. Victor Hugo, prudent, a d'ailleurs au départ fait paraitre son roman en 1829 de manière anonyme.



Son approche, bien qu'introspective, est cependant un peu trop raisonnée et analytique selon moi. Il s'adresse avant tout à quiconque juge, comme il le souligne dans la préface, et cela se ressent. Au bout du compte, l'émotion est reléguée au second plan. Il y a aussi un peu de facilité pour justifier que le détenu puisse continuer à écrire jusqu'au moment fatidique.



Néanmoins, c'est du Hugo, il écrit bien le bougre. La vie quotidienne de la prison, son organisation, les procédures de renvoi, la hiérarchie des prisonniers entre forçats et suppliciés, le protocole auquel est soumis le condamné à mort, tout cela est admirablement décrit et fourmille de détails réalistes. Il fait vivre les bruits de la prison. On s'y croirait. Les passages sur la préparation des forçats en partance pour Toulon aux galères sont édifiants par exemple. Ceux avec la foule et le prêtre aussi.



Ce n'est à mon avis pas le meilleur livre de l'auteur mais le thème est indéniablement fort.



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Notre-Dame de Paris

Mon nom est Frollo ;

Claude Frollo. Je suis archidiacre de Josas en cette ville de Paris, et 21 curés dépendent de moi en cet an de grâce 1482.

On me dit sévère, autoritaire, méchant et pingre, mais voici mon histoire :

Mes parents ont été emportés par la peste en 1465, je les ai à peine connus, avalé très tôt par le séminaire et les études à La Sorbonne, dévorant les sujets de théologie, de droit, et de médecine. Puis, en découvrant l'alchimie, je me suis pris de passion pour cette discipline, dévot de Nicolas Flamel et à la poursuite de la fabrication de l'or. Mais à la mort de mes parents à 19 ans, je me suis donné pour mission d'éduquer et d'envoyer instruire mon petit frère Jehan. Je crois que j'ai échoué, Jehan et son camarade écolier Poussepain sont plus enclins à faire la fête qu'à poursuivre les études.

Pratiquant en la cathédrale Notre-Dame de Paris avec l'évêque Jean de Beauvais, je fus témoin, un matin, d'un curieux incident. Trois commères comméraient devant un grand berceau de bois abandonné sur les marches du parvis. Un grand bébé emmailloté était dedans. Il avait un œil fermé et un horrible visage, mais je décidai, en gage de bonne volonté vis-à-vis du Seigneur, de l'adopter.

J'avais l'habitude de pratiquer l'alchimie dans une petite cellule perchée au sommet de la tour septentrionale de Notre-Dame. Un jour que j'initiais le médecin du roi à cette discipline, je vis, par la lucarne nord, un être lumineux danser sur la place de Grève. Je fus subjugué ! Le médecin était en train d'empêcher une araignée d'aller dévorer une pauvre mouche qui s'était jetée dans sa toile.

Je l'arrêtai :

-- Non, maître ! ....

.

En dehors de ce formidable thriller historique / "page turner" du XV è siècle écrit au XIXè, au delà de savoir qui est réellement Esmeralda et quelle va être sa destinée, Victor Hugo signe là encore un formidable réquisitoire contre la justice humaine !
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L'Homme qui rit

Du grand Hugo, du gros Hugo même !

« L'homme qui rit » rassasie en effet pour un moment son lecteur, tant il est riche de mots (que de termes inconnus !), d'intrigue implacable, de savoir sur la seigneurie anglaise, d'amour absolu entre Gwynplaine le dévisagé et Déa l'aveugle, tout en emphases, en grondements, en orageuses ou lumineuses envolées, parsemé de passages d'anthologie (il n'y a pas à dire : les scènes du pendu, du naufrage, du spectacle par Ursus, du discours à la chambre des Lords coupent littéralement le souffle !)

Tant de grandeur tempétueuse, c'est presque trop pour ma petite personne, plus en phase avec la construction romanesque « classique » des Misérables, et j'avoue avoir par moment souffert d'un trop plein sous l'accumulation d'enflures de style, magistrales mais bourratives, et courbé l'échine sous les passages d'histoire déroulant les avoirs et l'exercice du pouvoir des Lords.

Le bonheur de lire n'en a pas moins été là, « l'homme qui rit » est un immense roman d'amour et d'aventure et cotoyer les mots du grand Victor reste toujours une expérience qui élève et épanouit !











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