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Citations de Yann Queffélec (605)


On est toujours laid quand on ment.
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Trois ans. Tu écris " trois ans" sur une feuille blanche - et tu déchires. Ecoute le bruit que font trois années d'amour quand tu les déchires. C'est l'harmonie du désespoir. Déchirure et déchirement. C'est encore une fois les appels, les pas, les noms, les chansons, les mains, les rires de ceux qui t'unifiaient, qui s'unifiaient à ton contact, même si tu faisais le fou la nuit. Trois ans. Plus c'est doux , plus çà hurle, plus çà hante et çà revient. Tu te meus en toi comme un revenant, comme un pillard traqué par le bonheur qu'il a mis à sac. Nos actes nous suivent : ce sont de sacrés limiers. Des souvenirs qui s'estompent ou de ceux qui perdurent, têtus comme des ressacs, je ne sais lesquels font le plus mal.
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Monsieur Bob, quand il était jeune, enfin quand il avait un métier, il pilotait les voitures de pompier. C' était là-bas qu'il avait connu Mado, dans les casernes à pompiers. Et le jour où le DC 10 américain s'est détérioré sur la forêt de Senlis, Monsieur Bob est arrivé le premier là où ça cramait, l'avion, les gens, les valises, les hôtesses de l'air, les marronniers, les oiseaux. Le lendemain ça divaguait sec. Il ne tournait pas plus rond qu'un DC 10 avarié. Il y allait au ralenti, sur les incendies, il se trompait de chemin. Alors, on l'a réformé, il n'a plus fait pimpon, plus jamais. C'était surement ça, le gigot derrière les oreilles de Monsieur Bob, et la raison qui faisait qu'il ne répondait pas aux questions privées. Ça devait résonner comme s'il fallait mettre son casque dare-dare et partir encore éteindre un avion. Et donc il ne supportait personne, à part sa casquette et la télé.
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Sa devise : n'avoir peur de rien. Et si l'on a peur, simuler, ridiculiser la peur, la vexer à mort.
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Pourquoi veux-tu que je te reconnaisse puisque tu n'es plus toi ?
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Nous sommes dans un Etat où pour un rien, on tue son voisin. Nous avons plus d'armes que d'habitants.
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Quand on est perdu, on est prêt à se raccrocher à n'importe quoi.
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Elle enfourcha sa bicylette et disparu en trois tours de roue.Elle était en vacance, elle avait six ans, une frimousse piquante de chipie, des yeux couleur de bille.
Elle arriva comme annoncé, friponne et ravie dans un bermuda bleu ciel, ses tongs à la main pour aller orteils au vent. Ludo l'attendait au blockhaus.
"Bonzour, fit-elle en zézayant exagérément. Y a des madeleines ? "
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Le bonheur, dis donc, quelle connerie d'en parler. Le bonheur, c'est de la fermer quand on est heureux, motus.
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La vérité ne tient pas qu'à des souvenirs sous garantie, lorsqu'on écrit sur les autres, qu'à du témoignage ou des preuves. Elle émane aussi des « présences » dont elle veut bien s'entourer, de l'inflexion des voix qui les hantent bon gré mal gré.
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«  Il disparut, elle disparut . La séparation d’avec le grand amour éclair ouvrit son cœur en deux , et ce fut comme dans les magazines à maman : la folle intuition qu’elle en mourrait de chagrin. Et que ses parents l’auraient bien cherché .
Pourquoi son père ne l’a regardait - il pas?
Sa mère non plus?
Qu’est - ce qu’ils fichaient dehors au bout du traversier , à scruter la vallée comme deux idiots ?……..
La vallée des péchés mortels ? » …
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Les Pellatan avaient un hôte, depuis deux jours : le nouveau-né Eddie dont on ne savait pas quel nom il allait porter. Si même il vivrait, le lait de chèvre n’ayant pas l’air de lui convenir, et sa mère n’étant plus là.
« Je n’aurais qu’à partager mon chêne avec lui, soupirait Célestin, il est bien assez grand pour deux. »
Il parlait d’un chêne foudroyé dont les racines empiétaient sur le muret du traversier devant la maison. L’arbre s’enorgueillissait d’une ombre illimitée ; l’ombre s’enorgueillissait d’un parterre vague de pensées sauvages dont le va-et-vient perpétuel au ras du sol enchantait Célestin. Adossé aux racines de l’arbre mort, il ne se lassait pas de regarder dodeliner les fleurettes, sans penser à rien, comme d’autres ne s’ennuient jamais au spectacle mobile de la mer. Vous êtes mes pensées, leur disait-il, je ne sais pas très bien ce que signifient les hochements de vos bonnes petites têtes mauves, mais nous nous comprenons.
Jamais il ne lui serait venu à l’esprit de couper des fleurs ou d’en offrir à Muriel. Les pensées sauvages étaient pollen et poussière, elles étaient beauté, renaissance, la vie. Cette nature omniprésente, à la fois mère et fille d’elle-même, faisait de Célestin sur la terre volcanique une graine desséchée prête à revivre un jour à la faveur du vent – celui-ci l’enfant des fleurs qu’il enfantait, fils aîné du pollen. Pas touche aux pensées sauvages et pas touche au vent marin, pensée sauvage de l’eau et du sel.
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Quand il tombait d’épuisement son père lui disait : « Reste debout, mon grand, la foudre ne frappe que les sommets. » Une belle phrase typiquement paternelle, restée incompréhensible pour lui.
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Son almanach n'est pas celui des prophètes ou des muses, mais bien du marin breton dans sa bougeotte universelle, bédouin du flot errant, campeur ici, campeur là, sur le départ, toujours : l'ailleurs, retour de fortune, la partance au bout du môle, la ligne d'espoir à tracer.
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Il la connaît. Elle se demande s'ils n'ont pas trop souffert pour vivre ensemble aujourd'hui, s'il est toujours l'homme de sa vie, s'il lui ment, vers qui vont ses pensées quand il s'endort, indifférent au baiser qu'elle met sur sa peau?
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Quand les poissons voient les pieds nus d'une petite fille en train de nager, ils viennent leur accrocher des bulles aux doigts de pieds. Ce sont des accrocheurs de bulles et les orteils deviennent légers comme des notes de piano.
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Si Alba frappait au carreau de la fenêtre et me disait : épouse-moi, j'ouvrirais la fenêtre et la suivrais jusqu'à la maison la plus proche. Grâce au mariage, je pourrais me l'envoyer jour et nuit, la chouchouter dans son bain, la coiffer, lui gratter le dos, lui masser les orteils, les léchouiller.
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Je meurs d'envie d'avancer la main, d'avoir le bout de mes doigts en contact avec sa peau, avec ses lèvres, en longeant le bord de son oreille, en suivant la chair de l'orteil entre les doigts. J'aimerais effleurer sa jambes du bout de mon pied nu, lui écarter les jambes et juste l'effleurer du bout du pied.
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Car il ronflait, c'était une cathédrale tonitruante, elle n'en revenait pas qu'un personnage aussi menu puisse édifié de telles falaises. Elle avait beau sifflé, tempété, pincé, griffé, rien n'y faisait : Marc ronflait, le monde pouvait s'écrouler. Désemparée, elle examinait ce dormeur assourdissant. La tête enfoncée dans l'oreiller, tournée vers la ruelle, il bavait, la lippe congestionnée, un masque mourant sur les traits. A bout d'arguments, elle se levait et partait de réfugier sur le canapé qu'il venait de quitter. Mais ça ne suffisait pas toujours. Une nuit le vacarme nasal l'avait refoulée jusque dans la salle de bains. Elle avait coincé un matelas mousse entre la baignoire et la penderie. Un moustique l'avait arrachée d'un premier sommeil. Impossible de l'attraper. Ne l'entendant plus et pensant vaguement l'avoir eu, Sylvia s'était recouchée. Pas moyen de dormir. Le silence autour d'elle était maculé de bruits ténus qui l'exaspéraient. Le chauffe-eau ronronnait, le réveil tictaquait, à intervalles réguliers le frigidaire se mettait à vrombir. Elle avait débranché le frigidaire. Elle sombrait quand le moustique était revenu l'asticoter, ravivant au passage tous les bruits dont elle avait réussi péniblement s'abstraire. Il y en avait un de plus, un floc-floc provenant de la cuisine. En allant voir, elle s'était retrouvée les pieds dans l'eau, le frigidaire ayant commencé à dégivrer. Le plus rageant, c'est que Marc avait cessé de ronfler. Mais, bien sûr il eût suffi qu'elle le rejoignît pour qu'il remette ça. Il était plus de quatre heures. Hébétée d’insomnie, elle avait fait couler un bain brûlant où elle avait eu le sentiment de connaître la mort.
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- D'accord, chéri, continue. Ca te vient d'où, le mélo ?
- Du métro. Des femmes qui lisent dans le métro. Elles sont belles, elle pleurent, elle rient, elles s'accrochent à leur voisin. Elles ont de beaux marque-pages damassés à franges. On dirait qu'elles ne vont nulle-part sauf dans leur bouquin.
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