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Citations de Yann Queffélec (604)


Parfois, bipés un soir en train de câliner maman, rentrés chez eux à l'aube, ayant pris entre-temps des hélicoptères furtifs, changé de fuseau horaire, sauté en parachute, essuyé des tirs et traité des cibles bien comme il faut, ils se retrouvaient bâillant et poussant le caddie familial au supermarché, hésitant devant les prix, reniflant les melons en promotion, farfouillant parmi les steaks surgelés, écoutant maman piapiater sur la cherté des choses ou les priant de se montrer plus attentifs, de se comporter en maris normaux.
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Le murmure du vent derrière eux sur les pins ; la nuit douce où clignotait vers la mer la folie des étoiles et des phares.
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― J’aurai mon bateau, maman. Ce sera lui ma maison. Je ne vous demanderai pas un sou.
― Et tu crèveras de faim. Fini d’abord ta médecine, Flo. Il te faut un diplôme. Pour le reste on verra plus tard. Et si c’est vraiment la mer que tu veux, ton père et moi ne demandons qu’à t’aider.
― Je traverserai la mer.
― Tu viens de traverser la mort, ça ne te suffit pas ? Tu ne crois pas que tu nous a fait assez de peine comme ça ?
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Florence avait pris la mer en solo. Elle était partie sur les traces de sa mère en Algérie. Une balade initiatique sur l’Argade, le voilier familial aux mille et un souvenirs. […]. A Tizgirt, petit port de pêche kabyle, elle avait recueilli sur les quais un chaton errant, un chaton roux ― porte-bonheur des marins. A Rome, du côté du Colisée, elle avait déniché une paire de bottines roses en caoutchouc ― la classe pour le skipper d’un voilier mauve. Elle ne les quittait plus.
Un soir que l’Argade filochait gentiment sous pilote, elle est tombée à l’eau avec ses bottines aux pieds. Un homme à la mer, une femme, au large et dans l’obscurité sans autre témoin que la voûte étoilée. […]. Ce qu’elle voit : les yeux du chaton qui miaule sous la filière, l’ombre paisible du bateau qui s’éloigne pour se fondre à la nuit. Elle est seule, elle nage, la mer et la nuit lui appartiennent comme jamais.
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Ma Bretagne est d'Armor, le pays dans la mer.
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Les racistes ils sont bégueules et despotiques avec les nibards des filles. Les seins blancs ça va pas dans les mains noires, mais les seins noirs ils y vont sans permis. Pourtant les mains d'Éric elles sont affreuses et délicates. On voudrait qu'elles soupèsent les nibards de personne. On voudrait qu'elles soient cousues dans ses poches et qu'on n'en parle plus.
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D'ailleurs, ils ne faisaient plus l'amour depuis longtemps. La magie des commencements déclinant, la magie des sens avait décliné. Ils avaient d'abord espacé leurs échanges, ils les avaient appauvris, visant l'excitation pure au mépris d'une harmonie plus élevée. Et quand ils avaient tacitement supprimé tout rapport, chacun s'était senti délivré : lui parce que Sylvia ne l'inspirait plus, Sylvia parce qu'elle se faisait l'effet d'un cadavre entre ses mains.
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Yann Queffélec
Je suis un fou de la nuit, qui porte à la rêverie. On trouve des zones de sensibilité auxquelles on n'a pas accès le jour.
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A l'époque il neigeait.
Une nuit tu es sortie sous la neige, du fond du jardin tu volais pieds nus à ma rencontre, on aurait dit une elfe, une fadette habillée d'un rien translucide, et tu t'es jetée dans mes bras, jamais je n'ai vu une femme plus belle et plus épanouie d'amour qu'à cet instant là.
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Il se coucha par terre en boule et ferma les yeux. Tout le monde s'aimait, les parents aimaient les enfants, Fine aimait Doudou et Gratien, Mademoiselle Rakoff écrivait des lettres d'amour, lui seul n'était pas aimé, jamais, lui seul restait toujours seul.
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"[...] On s'en veut de manger du foie gras quand on pense à tous ces pauvres gens qui n'ont même pas une boulette de riz à se mettre sous la dent."
Mais les scrupules, quoiqu'elle en affirmât, n'allaient pas jusqu'à lui couper l’appétit. Sa ration de foie gras, Agnès l'avait descendu d'un coeur et d'un estomac légers. On en comptait pas les tranches de gigots qui avaient défilé dans son assiette. A présent, sa part de vacherin n'ayant fait qu'une brève apparition sous sa fourchette en vermeil, elle faisait pleuvoir les bons sentiments et tartuffait vent portant. Il est ainsi une race d'humains qui nagent dans le sublime, et se croient préposés par nature au redressement du mal chez autrui. Comme Agnès, Pescatore ne pouvait pas résister au plaisir de m'évangéliser.
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Il écrivait à sa mère, mais n'envoyait plus les lettres. Il avait détourné son cahier de catéchisme à cet usage : journal de bord sans date où, s'adressant des réponses imaginaires, il prenait livraison des sentiments qu'on lui refusait.
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Il portait une gourmette : Gérald. Un prénom mou comme sa lèvre inférieure. A la naissance on vous enregistrait, à l’école on vous enregistrait, à l’église on vous enregistrait, à l’armée on vous enregistrait, vivre c’était signer, coucher son nom partout, sous des visas, sous des tampons, alors basta, pas de gourmette, une identité de papier ça suffisait, nul besoin de la couler dans l’argent massif.
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T’es ma mère alors je t’écris parce que la dame elle m’a obligé. Et aussi parce que t’es pas venue. Micho il m’avait dit qu’il viendrait avec Tatav. Et toi aussi t’avait dit j’y dirai au revoir au prochain coup, j’avais entendu à la porte. Alors pourquoi t’es pas venue ? Faut que tu viennes. J’avais fabriqué un collier avec des moules et des bigorneaux et c’est moi qui l’ai verni. Mais si tu viens pas je peux pas te le donner…
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Mauriac a bien raison d'épingler le mutisme imbécile des familles ravagées par le malentendu.
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Quelqu'un marchait vers le Sanaga sans dévier, non pas en flâneur, et semblait arriver au but qu'il s'était fixé. S'éloignant prudemment du bord, Ludo courut se réfugier à la timonerie pour l'épier incognito.
Bras nus, lunettes noires, cheveux au vent, c'était une femme. Il aurait pu nommer entre mille cette foulée rapide et nerveuse, et plus elle approchait plus son cœur battait, plus cette apparition qu'il n'avait espéré qu'en rêve entrait dans un instant réel faisant éclater son passé comme un cri : Nicole... Sa mère... Elle arrivait... Elle répondait à sa lettre et venait enfin le chercher.
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Entre la femme le jour et la femme la nuit - c'est le jour et la nuit. Elles couchent bien, se lèvent mal. Dés qu'on l'a compris, on est moins seul, moins âpre à vouloir les garder chez soi.
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Ce besoin d'emberlificoter les phrases au premier nibar qui pointait ! De reluquer à bientôt cinquante balais ! D'imaginer qu'une liaison s'amorçait, qu'il s'était trompé d'avenir avec sa femme et qu'enfin les cuisses du grand amour s'ouvraient.
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Le téléphone était muet. Il faisait exprès. Ses milliers de petits nerfs électroniques refusaient catégoriquement d'acheminer la voix qui l'eût sauvé du désert. Il avait envie de se mettre à genoux, d'implorer Dieu, d'appeler Dieu par téléphone et de marchander en vitesse un miracle : il appela l'horloge parlante et l'écoute ressasser les minutes, les secondes, les tops, dépiauter indéfiniment les siècles des siècles en invisibles fragments qui le transperçaient comme autant d'échardes.
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Sa mémoire unissait le rêve à l'oubli, la vieillesse à l'enfance, elle racontait à pleine voix des souvenirs affabulés qu'elle puisait dans les nouvelles de Tchekhov, son auteur de chevet depuis quarante ans.
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