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Jakuta Alikavazovic (Autre)
EAN : 9782267050462
448 pages
Christian Bourgois Editeur (19/10/2023)
  Existe en édition audio
3.92/5   2197 notes
Résumé :
Vers 1870, aux États-Unis, près de Cincinnati dans l'Ohio, le petit bourg de Bluestone Road, dresse ses fébriles demeures.

L'histoire des lieux se lie au fleuve qui marquait jadis pour les esclaves en fuite la frontière où commençait la liberté. Dans l'une des maisons, quelques phénomènes étranges bouleversent la tranquillité locale : les meubles volent et les miroirs se brisent, tandis que des biscuits secs écrasés s'alignent contre une porte, des gâ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (299) Voir plus Ajouter une critique
3,92

sur 2197 notes
Ah, ça y est, c'est mon tour !!....une bonne semaine pour lire ce Beloved, Pulitzer 88, de Toni Morrison, Nobel de littérature 1993, lecture pas simple, d'autant plus que j'ai essayé d'appliquer la méthode de lecture rapide de Buzan ! J'avoue j'ai dû abandonner le second pour revenir à ma méthode traditionnelle, lire en marchant ( alors pas question de marcher avec un livre dans chaque main !! comment je fais pour tourner les pages ?).
Donc, pas simple...pas sûr d'avoir reçu le message 5/5, si vous voyez ce que je veux dire ! Faut d'abord maîtriser l' Analepse (ah, vous voyez bien que c'est pas simple ! ), comprenez le flash black si vous préférez la version cinématographique de J. Demme (1999), même que la Bande annonce, j'ai pas su la visionner sur Allociné, dommage...
Il a vraiment fallu que je m'investisse dans ce livre, mais un investissement qui allait s'avérer oh combien rentable ! Ne craignez pas de découvrir l'intrigue à cause de la 4em de couverture comme j'ai pu lire dans certaines critiques, on ne peut pas connaître l'intrigue, si on ne se met pas à la place du, voire des, personnages du roman; place d'ailleurs pas enviable pour deux sous, s'ils souriaient c'est qu'ils avaient un mors en travers la bouche !!! Je vous invite à approfondir l'histoire de l'abolition de l'esclavage aux USA, affranchis ou pas, les esclaves continuaient à mener une vie de timbrés....'chaque jour était une affliction et une épreuve". Dans ces conditions, on comprendra les transes du prédicateur, des apparitions de fantôme, des consomptions incontrôlées, des règlements de compte à tout va, des arbres qui vous poussent dans le dos et j'en passe et des meilleurs ...
Conclusion : du jamais lu, (quoique Faulkner, le bruit et la fureur !! ), écriture réaliste mais poétique, ça vaut largement un Nobel.
J'entends déjà , là-bas dans le vent, un Dylan qui n'en dit pas long ....
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Beloved est un roman magnifique sur l'amour, la force, la culpabilité, l'esclavage, la dignité, la solidarité. C'est l'histoire de Sethe, jeune et belle esclave échappée, et de ses enfants, vivants ou morts, dans un monde âpre qui souvent les juge et les broie.

Sans en dire plus sur l'intrigue (pour ne pas gâcher le plaisir d'éventuels futurs lecteurs, à qui je recommande d'ailleurs d'éviter la 4ème de couverture), je vais essayer d'expliquer pourquoi ce livre m'a tellement plu. Au-delà de l'histoire, au-delà même des thèmes abordés, c'est le ton qui est juste, et les sentiments, et les réactions d'épuisement, de folie ou d'incompréhension.

Par les mots de Sethe surtout, mais aussi par moments par ceux de Denver, de Payé-Acquitté, de Paul D., de Baby Suggs ou encore de Beloved, on comprend que la tragédie n'est pas ce moment terrible dans le bûcher, mais tous les événements qui y ont mené et qui l'ont suivi. On comprend aussi que, dans certaines circonstances, la dignité peut valoir plus cher que la vie, le meurtre être un acte d'amour, et la culpabilité ressentie bien plus dure à supporter que les sanctions de la société...

Toni Morisson a réussi dans ce roman à rapprocher les paradoxes : c'est poignant mais plein d'humour, empli d'amour mais aussi de solitude et de malheur, tragique mais teinté d'espoir. Bref, c'est magnifique.

Lu dans le cadre du challenge Nobel de Gwen21.
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Les lignes qui vont suivre ne traduisent que mon humble ressenti de lecteur, je ne voudrais en aucun cas détourner un lecteur potentiel de ce roman.

Voilà, pour moi, cette lecture a été très laborieuse : j'ai vraiment eu l'impression de me frayer un chemin dans une jungle de phrases, de paragraphes, d'expressions qui ne me parlaient pas. Très régulièrement au cours de l'histoire, des événements concernant la situation des personnages, alors esclaves, sont décrits succinctement, me laissant dans un état de confusion momentanée que, par la suite, l'auteur viendra lever par une narration sibylline.

Un exemple : Seth raconte au début : « Ils m'ont pris mon lait » : incompréhension totale de ma part, comment cela ? Qui ? (le qui n'est pas très important), pourquoi ? … et plusieurs chapitres après, la scène est rappelée, mais le lecteur doit sonder le texte pour comprendre l'origine de cet événement.

J'ai dû relire certains passages plusieurs fois en vain. J'ai poursuivi jusqu'à la fin en espérant trouver des éclaircissements… Mais survenait un autre événement qui semblait occulter celui qui m'avait posé problème...

Je reconnais toutefois qu'il y a là un style d'écriture non dépourvu d'intérêt, une stratégie de l'auteure pour raconter le vécu de chacun, par le biais d' un personnage énigmatique, Beloved, femme venue de nulle part, introduite délicatement et dont on découvre la situation progressivement, personnage clef qui donne aux protagonistes, la possibilité de s'exprimer.

Ce roman, aborde malgré tout un sujet marquant, celui de la condition des esclaves, de leur affranchissement et de leur devenir un fois la liberté retrouvée. Je regrette de n'avoir pas pu maîtriser cette lecture.

Important : ne pas se décourager à la lecture de cette chronique : cette histoire passe ou casse : on a adoré ou on est comme moi resté perplexe si j'en juge par les critiques émises avant la mienne.
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Roman poignant ,bouleversant et dérangeant également. Il nous montre l'homme dans toute sa cruauté et il nous fait honte.

Il y a l'esclavagiste qui se montre tel qu'il est, animal plutôt qu'homme, brutal et stupide. Il agit par ignorance et aussi par peur . Il lui faut le fusil pour montrer sa virilité et sa toute puissance.

Il y a aussi l'autre type d'esclavagiste,hypocrite,qui se dit respectueux des noirs. Certes, il ne les brutalise pas, il les traite bien, il leur donne la parole. Mais leur liberté ne va pas plus loin. Leur corps, leurs pensées, leurs actes sont tout de même entravés par leur soumission, leur asservissement. Il peut changer à tout moment d'avis. S'il a besoin d'argent, il les vendra comme du bétail.

On se rend compte, dans ce roman, de la dureté de l'existence d'un esclave. Rien ne lui appartient, ni son corps, ni l'air qu'il respire, ni le ciel, ni la terre qu'il foule. Il ne faut surtout pas trop aimer, surtout ne pas trop regarder son enfant qui vient de naître, ne pas s'y attacher, car si on le brise cet enfant, il sera impossible de se relever.

Sethe n'a pas été séparée de ses enfants, elle les a aimés. Elle ne pourra pas autoriser qu'on les lui prenne pour en faire des petits esclaves et qu'on les traite pire que du bétail. Son acte d'amour la hantera toute sa vie. On ne peut pas pardonner mais on comprend son acte d'amour courageux et désespéré.

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Un roman magistral que j'ai lu il y a des années déjà. Voici quelques notes prises à l'époque, concernant les éléments à retenir :

* Clearing : sorte de purification de l'âme par le chant ; synesthésie pratiquée par Baby Suggs puis par la collectivité.
* Esclavage : le crime central du roman, avec très peu de blancs excusables (Gardner), bons (Godwin) et beaucoup d'ignobles (Schoolteacher).
* Communauté : très importante, voire décisive en particulier dans la scène finale.
* Denver : l'héroïne du roman, qui est aussi son Bildungsroman. Son passage à la parole (elle était muette) est décisif, comme sa sortie dans le monde.
* Fantôme : c'est un ghost-story, mais dont le fantôme est psychologique et physique. Beloved a l'âge qu'elle aurait eu si elle n'était pas morte.
* Récit : le roman est fortement influencé par les techniques de narration orale, typiquement afro-américaine.

Cinq étoiles sans hésitation.
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critiques presse (1)
Actualitte
12 juillet 2019
L’histoire que nous dépeint Toni Morrison est inspirée d’une histoire vraie. Elle la raconte avec des mots crus, avec violence, mais également avec énormément de poésie.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (267) Voir plus Ajouter une citation
Pour une ancienne esclave, aimer aussi fort était risqué ; surtout si c'étaient ses enfants qu'elle avait décidé d'aimer. Le mieux, (...) c'était d'aimer un petit peu, juste un petit peu chaque chose, pour que, le jour où on casserait les reins à cette chose ou qu'on la fourrerait dans un sac de jute lesté d'une pierre, eh bien, il vous reste peut-être un peu d'amour pour ce qui viendrait après.
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Y a pas une maison dans ce pays qu'est pas bourrée jusqu'aux combles des chagrins d'un nègre mort. On a de la chance que ce fantôme soit un bébé. (...)
T'as de la chance, il t'en reste trois. (...) J'en ai eu huit. Pas un qu'est resté auprès de moi. Quatre pris, quatre chassés, et tous, j'imagine, en train de faire régner l'enfer dans la maison de quelqu'un d'autre.
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Beloved, elle est ma fille. Elle est à moi.
(...) Je lui expliquerai (...). Pourquoi je l'ai fait. Que si je ne l'avais pas tuée, elle serait morte et que je ne l'aurais pas supporté.
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Courbé derrière elle, le corps en arc de bonté, il tenait ses seins dans les paumes de ses mains. Il frottait sa joue contre son dos, et apprit ainsi sa peine, avec ses racines, son large tronc et ses branches ramifiées. Remontant les doigts vers les agrafes de sa robe, il sut, sans les voir ni entendre le moindre soupir, que ses larmes coulaient, pressées. Et lorsque le haut de sa robe tomba autour de ses hanches et qu'il vit la sculpture qu'était devenu son dos, pareil à l'oeuvre décorative d'un forgeron trop passionné pour l'exposer, il pensa sans l'exprimer : "Oh ! Seigneur, petite !" Et il sut qu'il n'aurait de paix avant d'en avoir suivi des lèvres chaque saillant et chaque feuille, ce dont Sethe ne sentit rien, parce que la peau de son dos était morte depuis des années. La seule chose qu'elle savait, c'était que la responsabilité de ses seins reposait, enfin, dans les mains de quelqu'un d'autre.
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Les spores des fougères bleues qui poussent dans les creux, au long de la berge, flottent vers l'eau en filets d'argent bleuté difficiles à voir si l'on n'est pas les pieds dessus ou tout proche, couché juste au bord de la rivière, là où les rayons du soleil sont les plus bas et affaiblis. Souvent on les méprend pour des insectes, mais ce sont des graines où sommeille toute une génération, confiante en son avenir. Et il est facile de croire un instant que chacune a un futur, qu'elle deviendra tout ce qui est contenu dans sa spore : qu'elle vivra tous ses jours de vie comme prévu. Mais cette certitude ne dure que l'espace d'un instant; peut-être même plus longtemps que la spore elle-même.

p122
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Videos de Toni Morrison (38) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Toni Morrison
Vendredi 18 septembre 2020 / 9 h 45
Jean Guiloineau part sur les traces des petits cailloux semés par Geneviève Brisac et qui font écho ou référence à l'oeuvre de Virginia Woolf. Lectures par Anne Mulpas, poète, performeuse et artiste multimédia.
Directeur de la revue Siècle 21, Littérature & société. Jean Guiloineau est aussi traducteur : Nelson Mandela, Toni Morrison, Nadine Gordimer, André Brink, etc.
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