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EAN : 9782234058606
177 pages
Stock (01/10/2005)
3.38/5   134 notes
Résumé :
Mon patron s'appelle Dolto. C'est un petit homme suave d'une quarantaine d'années assez rond à l'extérieur mais géométriquement pourri et sans pitié à l'intérieur. Aidé par trois garçons baraqués, il vient de déménager le coffre-fort de l'entreprise. Le coffre-fort de son entreprise. Et cela de nuit, un mardi, alors qu'il était censé être en vacances. J'ai pris des photos. Le coffre a été embarqué dans une camionnette blanche que j'ai photographiée aussi. Il se croi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Mamout va péter un plomb, c'est clair. La faute à Dolto patron voyou, un foutu salaud plein d'arrogance, magouilleur, profiteur, menteur … L'écriture d'Aurousseau est à l'image de son personnage, elle déborde de haine, d'énergie, de colère rentrée. Avant l'implosion ?
Nan Aurousseau réussit un premier roman qui se lit d'une traite. Telle une mitraillette Mamout vide son chargeur textuel sur Dolto et sa petite entreprise. Tel un volcan trop longtemps resté éteint, l'éruption décoiffe, dynamite, emporte tout sous ce flot plein de rancoeur, trop longtemps tue. Un roman sympathique qui donne envie de refaire un tour de chauffe avec Aurousseau.
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Premier roman de l'auteur, « Bleu de chauffe » présente, sur fond de polar social, des personnages du milieu ouvrier confrontés aux travers de ce secteur d'activité – plus particulièrement celui du BTP et notamment de la plomberie. Entre petites combines et fraude à l'assurance, le personnage principal et narrateur, confronté à un patron véreux, relate, dans un style oral et parfois fleuri, cette expérience aux lourdes conséquences sur sa vie professionnelle, mais aussi personnelle.
Sans langue de bois et avec une ironie constante, ce roman, d'inspiration autobiographique, se révèle dérangeant par la cruauté de son propos et la puissance des évocations.
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Une histoire qui nous plonge dans le monde du travail et tout particulièrement le BTP, pas trop de surprises pour ma part puisque je fais partie indirectement de cette grande famille.

Le personnage principal tout comme l'auteur connaissent bien ce milieu puisqu'ils ne font qu'un (c'est histoire et celle de l'auteur du moins je suppose plus ou moins romancée), ça se ressent par les termes et les habitudes qui y sont exposés, les réunions de chantier, les travers et les combines des ouvriers, les petits chefs qui se prennent pour Dieu le père, et les exploités , les coups foireux … Tout une petite foule pas toujours clean qui bouillonne dans une grande marmite ! Il y a de quoi péter les plombs !

Le titre évocateur, “Bleu de chauffe” provient de cette même expression qui sous-entend qu'on se remet au travail sérieusement, et bien sûr le fameux “bleu” de tout ouvrier, ce n'est plus un mot à définir. Notre homme après avoir flirté avec la prison, enfile donc son bleu pour reprendre du service, avec, il est vrai de très bonnes intentions. Mais voilà, le grand manitou, lui chauffe les nerfs, et ce n'est pas sans compter sur le relent d'ex-taulard, pour aiguiser son besoin de régler les comptes comme il l'entend. le récit est parfois drôle parfois acide, énergique pour ne pas dire dynamique ! Un franc parler il est vrai mais jamais vulgaire, et toujours des vérités bien placées. Et puis au détour de ce tourbillon, on croise des passages qui nous interpellent :

Page 83 : il y a des mouvements secrets de la pensée qui n'apparaissent jamais nulle part, ni le jour ni la nuit. Ce sont des paroles tenues dans des mains discrètes, comme de petites bougies protégées du vent des fanfares officielles. Nous nous y réchauffons, tels des loups venues d'un autre cosmos et en partance pour y retourner.



L'intérêt de ce livre réside dans cette implication personnelle de l'auteur et on ressent pleinement cette part de vécu. Pour ceux qui baignent dans le monde du travail, cela leur semblera qu'un reflet ô combien mille fois croisé et sans doute subi, des passages qui résonnent et dont l'auteur nous fait le plaisir de dévoiler sans se priver

Page 121 : Louize était habitué, de par sa position hiérarchique, à abuser de son petit pouvoir minable et mon attitude de plus que désinvolte ajoutée à mes écarts de langage le rendaient haineux. Il n'était rien, vraiment, beaucoup moins intéressant qu'un brin d'herbe, pourtant, dans son microscopique milieu du monde du travail salarié , il se prenait pour un dieu et parvenait à imposer sur les chantiers une simili terreur larvée. Hallucinant. Comme si la vie n'était déjà pas assez difficile comme ça pour un ouvrier, il fallait que ce mec-là vienne en remettre une couche.

Au fil des pages, on ressent la tension qui s'étire, cette envie de remettre les pendules à l'heure, comment supporter ces petits chefs foireux et prétentieux.



Page 122 : pourvu qu'il ne me pousse pas à bout, pourvu qu'il ne m'oblige pas à en venir aux mains, parce que malingre comme il est, une gifle et le petit pois qui lui sert de cerveau peut lui sortir facilement par les narines... c'est que je me disais en le regardant bien droit dans les yeux, le comique, afin qu'il comprenne, qu'il se tienne un peu en retrait car je la voyais déjà en filigrane la fin de l 'histoire pour lui, le minable qui se planquait derrière sa veste en tergal et son froc de chez Prisu,, ses petites cannes maigrelettes, son petit torse de poulet arrogant qui se prenait pour un coq sous sa chemise à dix balles.



Ce roman comme une fresque de notre société, dénonce en demi-teinte :

- des abus sociaux, genre : arrêt maladie déguisé, manigance pour se faire licencier sans perdre les avantages, tout un monde commun et des pratiques très courantes et bien plus qu'on pourrait se l'imaginer

- et l'abus de pouvoir d'une hiérarchie sur une population à la merci d'un besoin de travail.

En filigrane, on pourrait aussi citer, la main-d'oeuvre non déclarée, la pression en pyramide, se muant en dépression pour beaucoup de personnes, les dessous de table, les chantiers torchés, les malfaçons camouflées, le manque de sécurité, et surtout un manque de respect dans tous les sens du terme … ce mal être, ce mal au travail n'est que la répercussion de cette société qui en demande toujours plus, et toujours plus vite, à moindres coûts forcément, arrive où un maillon de la chaîne finit par céder…

Page 139 : on était toujours vendredi et ma femme était en retete jusqu'au mardi suivant. Elle ne s'inquiétait plus de mon arrêt maladie, le trou de la Sécu c'était comme celui de la couche d'ozone, plus on avançait vers lamer moins elle en parlait.

Au delà de ces sujets, on aborde la vie de couple, la stérilité et ce manque d'enfant dans un couple.

Un premier roman qui décoiffe, et bouscule, un style particulier, je serais curieuse de lire son prochain roman.


Lien : http://lesmotsdepascale.cana..
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Mamout comptait rentrer dans le droit chemin en travaillant dans une entreprise de plomberie.
Oui mais son patron Dolto est un salaud de la pire espèce; escroc, voleur, menteur, il envoie ses gars sur des chantiers non sécurisés bricoler avec du matériel de récupération.
Dolto est une ordure et pour Mamout la coupe est pleine.
Il frôle la dépression, Dolto l'obsède, il veut le pièger, lui faire regretter ses magouilles ignobles.
Alors il le suit à la trace, traquant le faux pas, attendant la faute....

Ecrit comme on parle, dans un langage populaire, c'est un roman de la rue qu'a écrit Nan Aurousseau, un livre brut de décoffrage, sans fioriture.
Les mots viennent comme ils viennent dans leur réalité crue, ils fusent et s'entrechoquent avec drôlerie, avec énergie, avec la rage de la France d'en bas, avec la puissance de leur imperfection.
On lit vite, très vite, entraîné par le débit, sourire aux lèvres mais haine en dedans, à maudire ces patrons exploiteurs et escrocs comme il y en a tant..
Un premier roman sympathique par un auteur qui impose son style à grands coups de rentre dedans.


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Il fut un temps où fleurissait la littérature « prolétarienne » portée par la presse de gauche et les luttes sociales . Il semble que l'on assiste à sa résurrection depuis quelques années (pourtant la presse de gauche s'est dissoute dans le CAC40 ) mais dans une version 21ème siècle (par exemple les excellents « Feuillets d'usine » de Joseph Ponthus ou « A pied d'oeuvre » de Frank Courtes ) et l'on peut ranger dans la catégorie ce « Bleu de chauffe » , premier roman de Nan Aurousseau. L'auteur y relate de manière largement autobiographique les démêlées de Dan Mamout (le narrateur) , ex braqueur (plus ou moins repenti) devenu plombier ,avec un dénommé Dolto (dont nonobstant son nom la psychologie est plus celle du prédateur que de l'enfant) vrai patron voyou . le récit abonde en anecdotes illustrant l'exploitation à outrance , les magouilles de chantier , le racisme décomplexé sans pour autant idéaliser le « prolo » . Une part est aussi consacrée aux problèmes psychologiques du personnage dominé par la rage et la tentation de la violence. le langage est actualisé ( par exemple on n'exploite plus , on « encule » ) , la critique sociale sans fard ,le ton ultra pessimiste . Un premier roman assez prometteur par sa vigueur mais où l'abondance du vocabulaire technique plombe un peu (c'est facile) la narration.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
En roulant, je pensais aussi à comment ils avaient pourri le métier de plombier. Maintenant, le plombier devait même faire de la VMC et de la clim. Maintenant, le plombier devait savoir tout faire parce que la concurrence avec les gars venus de l'Est était assez féroce, eux ils bossaient pour pas une thune et avec ce rien, chez eux, ils devenaient propriétaires. Nous ici, les Gaulois, les tauliers ne voulaient plus de nous, même si on faisait bien le boulot. Ils n'en avaient plus rien à foutre que le boulot soit bien fait. Après eux le déluge. Pour les tauliers, c'était impeccable d'avoir des peintres pakistanais, des maçons turcs, des plaquistes roumains, et bien sûr ces fameux plombiers polonais dont les médias se sont subitement emparés mais dont personnellement je n'ai jamais vu l'ombre sur aucun des nombreux chantiers où je suis passé, bref, pour les tauliers pas un clan qui parle la même langue que l'autre, du communautarisme à la louche, aucun syndicalisme possible, un sacré putain de bordel spécialement aménagé pour l'ultralibéralisme triomphant comme disent les journaux...impeccable!
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Le toubib m'a arrêté trois semaines dans un premier temps. Quand je suis venu le revoir trois semaines plus tard, pieds nus et en pyjama, il m'a dit : "Ça ne s'arrange pas, Monsieur Mamout, il va falloir songer à voir quelqu'un.
- Qui ça quelqu'un ?"
Il a été franc : "un psy." Mais là, je n'étais plus d'accord. Je lui ai dit : "Il faut me sortir de là, docteur, faut me donner les bons médicaments. Je peux vous parler franchement?" Il ma dit que oui, alors j'ai craché le morceau : "Les petites pilules roses que vous m'avez données, je ne les prends plus parce que ça me fait éjaculer trop vite. À peine je suis dedans et zou ça fait comme de l'eau.
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On laisse filer, y a un coup de mou et quand le câble se retend c'est là que ça casse, parce que c'est mauvais les coups de mou, y a rien de pire en ce qui concerne les rapports entre l'homme et la femme, c'est une chose qu'il faut savoir: entre l'homme et la femme les rapports doivent être constamment tendus pour que ça dure. Je dis pas tendus à mort, mais tendus, toujours.
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Le coffre a été embarqué dans une camionnette blanche que j’ai photographiée aussi. Il se croit malin Dolto, mais avec moi il a tout faux, il est tombé sur un os, un os de Mamout. Mamout c’est mon nom, moi je ne descends pas du singe comme je dis toujours.

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C’est véritablement une sale ordure pourrie à l’intérieur mais nickel à l’extérieur, costume-cravate, manières onctueuses, grosse voiture noire à gueule de requin et toujours un portable d’avance sur vous, Dolto. Vous qui avez les mains dans la merde, les bleus pleins de graisse et un portable de l’année dernière, il vous vexe exprès devant les autres en vous disant par exemple : « Il fait machine à laver ton portable ? Et quand t’appuies sur menu, il te sort une pizza ? » Tout le monde rigole et vous passez pour un ringard.
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Vidéo de Nan Aurousseau
A l'occasion du festival Quais du Polar 2021, découvrez un entretien en compagnie de Nan Aurousseau écrivain et réalisateur français, qui nous en dit plus sur son roman noir "Grizzly". Les Éditions Buchet-Chastel, mai 2021
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