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EAN : 9782246785712
126 pages
Grasset (09/01/2013)
3.7/5   22 notes
Résumé :
Dans la nuit du 13 au 14 novembre 1983, entre Agen et Montauban, au lieu-dit Fourrier Six-Basses, un homme est mort. On l'a jeté vivant d'un train en pleine vitesse, le 343 qui relie Bordeaux à Vintimille. Cette nuit-là Rachid Abdou, un jeune Algérien, se rend à Marseille après trois jours de vacances, il rentre à Oran. Trois jeunes gens, en route pour Aubagne où il vont s'engager dans la Légion Etrangère, l'agressent sauvagement, le poignardent et le jettent par la... >Voir plus
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Dans la nuit du 13 au 14 novembre 1983, un jeune touriste algérien est insulté, violenté, poignardé et jeté hors du train reliant Bordeaux à Vintimille par trois postulants à la Légion Etrangère, plus ou moins éméchés. Alerté par un contrôleur, la police intervient et arrête les coupables qui seront jugés et condamnés. A part ça tout va bien, l'honneur est sauf pour la SNCF qui n'accusera qu'un retard de 12 minutes sur sa ligne et pour la Légion dont l'officier chargé de convoyer les nouvelles recrues dormait comme un innocent pendant le drame. Trente ans après les faits, Jean-baptiste HARANG revient sur cette affaire qu'il avait couvert à l'époque pour le journal Libération.


Le parti pris ici est de livrer les faits sans fioritures dans un souci de totale objectivité. Qui était la victime? Ses tortionnaires? Comment ont-il passé les quelques heures avant le drame? Que s'est-il passé minute par minute dans ce train? Voilà les questions auxquelles HARANG tente de répondre.
Puis viennent les interrogations naturelles mais dont les réponses restent à l'appréciation des protagonistes : Pourquoi ce crime? Besoin de se défouler avant d'intégrer les rangs de l'armée? le jeune touriste a-t-il payer le fait de voyager seul? D'être une proie facile à cause d'un physique frêle? D'être arabe? Et pourquoi les nombreux passagers du train sont-ils restés sourds aux appels à l'aide, aux cris de douleur de la victime? Peur? Indifférence? Pourquoi personne n'a pris l'initiative de simplement tirer la sonnerie d'alarme du train? Tant de questions qui resteront sans réponse....Au procès, les agresseurs pensent à sauver leur peau. Ils nient le crime raciste, déforment les faits, se rejettent la responsabilité de leurs actes, l'un d'entre eux réclame perpétuité mais ne donne pas d'explications à son geste.
Un récit intéressant mais qui ne va pas plus loin qu'un long article de presse. Jean-Baptiste HARANG se garde de juger mais il ne peut empêcher son texte d'être orienté vers une culpabilisation des passagers du train, de la police, de la SNCF, la Légion, bref de tous ceux qui n'ont pas agi ou qui ne se sont pas donné les moyens de changer les choses, ou encore qui n'ont pas mené une enquête exhaustive. A raison sans doute même s'il est toujours facile d'être moralisateur après coup. Qui peut dire qu'il se serait mis en travers du chemin de trois légionnaires énervés, armés d'un couteau?
Trente ans après le crime, et compte tenu de la sentence (perpétuité, 14 ans et 20 ans), il aurait été intéressant de savoir ce que sont devenus les meurtriers et aussi de rappeler que malheureusement ce crime n'est pas un cas isolé, il y a en a eu d'autres, il y en aura encore...
Etrange aussi cette volonté d'avoir changé les noms des personnes impliquées alors qu'il suffit de consulter la presse de l'époque ou d'ouvrir une page Wikipédia pour connaitre les véritables identités.
Informatif mais pas assez approfondi.
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Le 13 novembre 1983, quatre jeunes gens ivres (trois en fait, le dernier étant en train de cuver sur la banquette), postulant pour la Légion étrangère, se mettent subitement à tabasser un jeune Algérien dans le train faisait la liaison entre Bordeaux et Vintimille, puis le jette hors du véhicule en marche, le tuant sur le coup. Pourquoi ? Personne ne sait ce qui les a incité à assassiner ce jeune homme timide et sans histoire. Pourtant, ce ne sont pas les témoins qui manquent : le train était bondé. Mais personne n'intervient, personne ne tire la sonnette d'alarme. Douce sécurité de l'anonymat que personne ne veut quitter…
Pire : Harang nous offre le témoignage de ceux qui n'ont rien fait : « J'ai vu sur le quai qu'ils les avaient attrapés. Et puis le train est reparti. J'avais peur que cela nous retarde, mais non. » Dans ses phrases, il laisse sous-entendre une critique contre une société froide et aseptisée : « Vingt-cinq minutes plus tard, le train repartit vers Vintimille. Les autres jours, les jours où des candidats légionnaires ne balancent personne par la portière, il y a treize minutes d'arrêt. La mort de Rachid Abdou n'a coûté que douze minutes de retard aux voyageurs de l'express 343. » À travers cette phrase, l'incident devient banal, sans importance. Pourtant, c'est bien de la fin d'une vie dont nous parlons, et même d'une fin particulièrement violente et injuste.

Le livre s'efforce de mettre des mots sur les faits, de trouver les raisons de cet acte aussi ignoble qu'insensé. Était-ce la volonté de prouver sa virilité en écrasant un adversaire sans défense ? Un besoin de se défouler sur quelqu'un qui sortait du lot ? Était-ce un acte purement raciste ? Aussi neutre que possible, Harang évoque des détails qui semblent insignifiants (le passé des quatre jeunes gens, comment sont-ils venus dans ce train, les raisons de la présence de Rachid Abdou, la victime, à Bordeaux) pour aborder le sujet de façon presque clinique, chirurgicale.

Par intermittence, l'auteur donne la parole aux agresseurs, citant des phrases qu'ils ont réellement dites pour leur défense. Leurs excuses sont mauvaises, confuses et se contredisent. Il est impossible de savoir qui a brandi le couteau, qui a ouvert la porte, qui a donné l'ordre d'ouvrir la porte, qui a poussé la victime… Aucun ne veut faire face à la réalité, aucun n'assume ses actes (mis à part l'un d'entre eux, à la toute fin, lors du procès. Quand il est trop tard…). Tous se cachent derrière l'excuse : « J'étais saoul. » Si Alberto Cela Della Cruz a poussé Rachid Abdou, c'était pour le protéger de la sauvagerie de Santini. Mais Santini n'a pas brandi le couteau, non, c'est Roussel qui l'a fait. Pourtant, Roussel a empêché Cela Della Cruz de poignarder le « bougnoule »… Mais comment peuvent-ils savoir puisqu'ils « étaient saouls »?

Puis, vient le procès. Il arrive plus tôt qu'on ne le pense, vers la moitié du livre. En cela, ce livre se différencie de Mangez-le si vous voulez, de Teulé (où un jeune homme se fait lyncher par la foule sans raison), car dans cette derniere oeuvre, ce n'est qu'à la fin que les assassins passent en justice. Mais il y a un véritable parallélisme entre les deux récits : l'histoire est réelle, la victime meurt, les tueurs sont incapables de trouver une raison valable à leurs actes et n'agissent que sur l'instant. Mais Teulé décrit dans les moindres détails l'affreuse agonie de son protagoniste, et son style, moins concis que celui de Harang, est aussi moins agréable à lire.

En résumé, le livre d'Harang se dévore de bout en bout. L'histoire accélère rapidement, les phrases sont concises et efficaces. Même si on connaît déjà la fin, il est difficile de lâcher l'histoire (peut-être aussi parce que je suis attirée par le gore...).
On est tour à tour révolté contre les trois agresseurs, contre les gens dans le train qui ne font rien, contre les agents de la SNCF qui en font un minimum, et pris de pitié envers Rachid Abdou, dont le seul crime était d'être Algérien. Mais l'auteur ne se laisse pas aller au pathos, son but n'est pas d'émouvoir le lecteur, et cela donne une dimension plus dramatique encore à l'oeuvre.
Je le recommande vivement à tous ceux qui ne sont pas déprimés !
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Aujourd’hui ce 13 novembre 2015 un attentat a frappé la jeunesse de Paris toutes confessions confondues, toutes races confondues, ne nous trompons pas de cible, il faut que la liberté et que la fraternité gagne encore du terrain dans la mixité et la diversité.
Hier ce 31 octobre dans Affaires Sensibles, Fabrice Drouelle a raconté aux auditeurs le drame du Bordeaux-Vintimille, le jour où un jeune homme âgé de 26 ans fut agressé puis jeté du train parce qu’il était Algérien.
c'était dans la nuit du 13 au 14 novembre 1983
Le livre de Jean-Baptiste Harang suit le déroulement du voyage, comme pour un passager anonyme, prêt à intervenir ou pas à intervenir, dans la pression des événements qui se bousculent, vécus en direct, heure par heure pour rendre le cauchemar encore plus poignant.
Les événements sont glaçants, c'est le crime le plus cru, le plus gratuit qui se déroule en direct, sous nos yeux, allons nous intervenir ?
Crime raciste ou crime odieux dans le brouhaha du train et l'indifférence des voyageurs,
Le livre de Jean-Baptiste Harang pose des questions avec les mots les plus simples les faits rien que les faits.Des lecteurs s'en étonneront ? « je ne prends pas partie je suis le témoin ».C'est avec une patience de dentellière que Jean-Baptiste Harang dresse le canevas de l’enchaînement des faits avec tous les acteurs, ce qu'ils ont dit, le V de la victoire juste après l’arrestation de Santini, le reniement ensuite...
Un seul homme a tout tenté, le contrôleur du train, Vincent Pérez, un Pied Noir, "on était nés tous les deux dans cette terre d'Algérie"," J'ai fini par le mettre à l'abri dans un compartiment fermé à clé cela n'a pas suffit. Depuis cette mort me hante".Il est sans doute le seul de ce train de l'enfer à vivre avec cette culpabilité. Un journaliste très connu faisait cette remarque j'ai vécu en Algérie mais je ne suis pas Pied Noir, quel non dit cache t-il ?
Tout au long de l'interview ce 21 octobre 2015 Jean-Baptiste Harang a eu des mots lumineux sur le racisme, le crime ordinaire, sur la responsabilité de chacun. Cette émission doit être réécoutée, le livre montré et expliqué.
Depuis le crime raciste est reconnu, reconnu comme une circonstance aggravante.
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De ce fait divers effroyable, Jean-Baptiste Harang, journaliste et correspondant régional de Libération à Toulouse au moment des faits, tire un bref roman haletant, glaçant, tout plein de « bruit et de fureur ».
« Bordeaux-Vintimille », c'est le récit de la violence à l'état pur, la démonstration de ce que l'humanité peut produire de pire lorsque se concentrent en un même point l'alcool, la bêtise, le racisme, l'émulation de groupe, la haine gratuite et la lâcheté ordinaire.
Impressionnant !
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Je viens de finir "Bordeaux Vintimille" de jean baptiste harang

Quelle claque !!!

Résumé
Dans la nuit du 13 au 14 novembre 1983, entre Agen et Montauban, au lieu-dit Fourrier Six-Basses, un homme est mort. On l'a jeté vivant d'un train en pleine vitesse, le 343 qui relie Bordeaux à Vintimille. Cette nuit-là Rachid Abdou, un jeune Algérien se rend à Marseille après trois jours de vacances, il rentre à Oran. Trois jeunes gens, en route pour Aubagne où ils vont s'engager dans la Légion Etrangère, l'agressent sauvagement, le poignardent et le jettent par la portière. Crime raciste ? Violence gratuite ? Ivrognerie incontrôlée ?
Des faits à la Cour d'Assises, Jean-Baptiste Harang dit les dernières heures de la victime, le passé des assassins, tout ce que l'on a su avant de juger, et les questions restées sans réponse :
Pourquoi ? Pourquoi trois jeunes gens qui ne se connaissent pas ont-ils lynché un inconnu de leur âge ? Pourquoi personne dans ce train bondé n'est intervenu ? Pourquoi Rachid Abdou (en vrai Habib grimzi) est-il mort ?


Quelle horrible et triste histoire !!

Ma soeur m'en avait parlé car cette histoire l'avait traumatisée à l'époque, elle habite Bordeaux et y était étudiante à l'époque des faits
Tout est vrai sauf les noms des protagonistes qui ont été modifiés
Cette histoire est vraiment horrible et bien triste, crime raciste à vomir...
Ça fait froid dans le dos et en plus personne n'a rien fait pour arrêter le massacre alors que le train était bondé... la lâcheté quotidienne...
Bien écrit, true crime story court et bien documenté, se lit vite et laisse un goût amer ...
Je remercie l'auteur car comme cela le meurtre raciste et sordide d'habib grimzi ne tombera pas dans l'oubli
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critiques presse (3)
Lexpress
01 février 2013
C'est un petit livre cinglant, comme une porte qui claque, un de ces courts ouvrages qui marquent la mémoire au fer rouge... [...] De ce fait divers sordide, il tire aujourd'hui un opéra. Haletant, glaçant, implacable.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Liberation
14 janvier 2013
Jean-Baptiste Harang se garde de juger. Et il fait bien. En laissant aux événements réels leur crudité, sans l’ombre d’un commentaire, Bordeaux-Vintimille crée un choc qui hante bien au-delà de ce que l’on imagine. Comme une stupeur finement romanesque.
Lire la critique sur le site : Liberation
Telerama
09 janvier 2013
A travers cette histoire vraie où seuls les noms ont été changés, Jean-Baptiste Harang interroge tous nos démons. La cruauté certes, la fureur et la brutalité. Mais surtout l'indifférence, la sécheresse. Le manque absolu d'amour.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Vingt-cinq minutes plus tard, le train repart vers Vintimille. Les autres jours, les jours où des candidats légionnaires ne balancent personne par la portière, il y a treize minutes d'arrêt. La mort de Rachid Abdou n'a coûté que douze minutes de retard aux voyageurs de l'express 343.
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"Mon fils, je l'ai élevé comme un arbre. Et je ne l'ai plus revu. J'ai planté un arbre et on me l'a arraché." [p.103]
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"Bon maintenant qu'on a avoué, quand est ce qu'on rentre?", il ne pensait pas que cette petite affaire méritait qu'on le retienne, et encore moins un procès.
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