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EAN : 9782754810739
88 pages
Futuropolis (05/06/2015)
3.68/5   129 notes
Résumé :
Comment devenir libre quand tout vous prédestine à la soumission ? Itinéraire d’une jeune fille musulmane d’aujourd’hui, Confidences à Allah est un témoignage direct, cru, et cependant plein de poésie et d’humour, sur l’oppression des femmes. Eddy Simon et Marie Avril adaptent le monologue fiévreux de Saphia Azzeddine, portrait sans concession d’une jeune femme qui rêve d’émancipation et refuse de se soumettre.


Jbara vit les montagnes du Mag... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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À 16 ans, Jbara, bergère, n'a rien connu d'autre que Tafafilt. Dans ce petit village marocain perdu au coeur des montagnes, la jeune fille vit très modestement avec sa maman qui s'occupe d'elle et de ses sept frères et soeurs, de son père qu'elle n'aime pas et de ses brebis. Dans ce trou perdu, elle se dit qu'Allah ne voit pas les parties de jambes en l'air qu'elle s'octroie en échange de quelques yaourts, biscuits ou chewing-gum. Jbara, bien qu'elle ne le sache pas, est une très belle jeune fille. Priant souvent Allah, elle lui supplie qu'il se passe quelque chose dans sa vie. Tous les mercredis et les samedis, elle guette le car de Belsouss. Ce jour arrive enfin où une valise en tombe. Une belle valise rose avec de magnifiques vêtements de jeune fille et de l'argent. Heureuse qu'il lui arrive enfin quelque chose. Malheureusement, Jbara se découvre enceinte. Aussitôt, ses parents, déshonorés, lui ordonne de partir. La jeune fille va devoir dorénavant faire ses propres choix...

Adapté du roman éponyme de Saphia Azzeddine, cet album dresse le portrait saisissant et étonnant de Jbara, une jeune bergère qui, dans un pays aux fortes traditions, refuse de se soumettre à celles-ci et rêve d'une certaine liberté. Sans tabou, dans un langage le plus souvent cru et sur un ton assez léger, Jbara s'adresse à Allah, dans un monologue en voix-off. de sa bergerie de Tafafilt aux riches demeures de Belsouss, cette jeune fille au fort caractère mène sa vie comme elle l'entend, disposant librement de son corps. Un album original, surprenant et un brin amoral. Graphiquement, Marie Avril magnifie ce portrait de femme libertine, décomplexée et émouvante : un trait subtil et de superbes couleurs orientales.
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Jbara rêve d'une vie meilleure, mais comme la majorité des femmes dans ce coin reculé du Maroc, l'autorité des hommes impose soumission et silence. Mais le jour, ou la jeune femme est rejetée par les siens, elle est bien décidée à vivre comme elle l'espère. En ayant à rendre compte de ces choix qu'à Allah. Et si la route de Jbara est cruelle et difficile, c'est celle qu'elle assume. Très belle adaptation du roman de Saphia Azzedine, avec un portrait saisissant à la fois dur et cru d'une femme prête à assumer ces choix, quitte à heurter les consciences, à remettre en cause un patriarcat intransigeant. Les dessins magnifiques de Marie Avril renforcent le parcours tumultueux de la jeune femme, et la rende à la fois charismatique et terriblement émouvante. Au coeur d'une religion qui suscite beaucoup de débats, le livre comme la BD apportent un regard intéressant et difficile sur nos croyances. Une belle réussite.
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Quand le néant s'adresse à l'infini, ça sonne occupé.
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, l'adaptation du livre Confidences à Allah (2008) de l'autrice Saphia Azzedine. Sa première édition date de 2015. Il a été réalisé par Eddy Simon pour le scénario, et par Marie Avril pour les dessins et la couleur. Il compte quatre-vingt-six pages de bande dessinée.

À Tafafilt, petit village de montagne au Maroc, la jeune adolescente Jbara s'ennuie et elle considère que ce village c'est la mort, même si elle y est née. Elle a seize ans et elle a pris l'habitude de s'adresser à Allah dans sa tête. Il paraît qu'elle est belle, mais elle ne le sait pas. Un homme est en train de la pénétrer, et elle ne pense qu'à son Raïbi Jamila, un délicieux yaourt à la grenadine qu'on boit par-dessous, en faisant un petit trou. Elle se doute bien que ce qu'elle fait, c'est Haram. Vu qu'il n'y a rien à Tafafilt, elle se dit qu'Allah ne la voit pas. Avec un peu de chance… Elle regarde les yaourts, le paquet de biscuits au chocolat, les chewing-gums dans le sac en plastique… Lui, il gémit comme un porc. Heureusement, il est derrière. Lui, il s'appelle Miloud. Il est marron, il est amer, il la débecte. C'est un berger. Il habite dans un bled à une cinquantaine de kilomètres de chez elle. Il passe de temps en temps faire du commerce avec des mecs comme lui… Et se faire du bien avec elle. Elle, elle s'en moque. Elle a son raïbi Jamila. Pour elle, c'est le summum du plaisir. Elle est pauvre et elle habite dans le trou du cul du monde. Avec son père, sa mère, ses quatre frères et ses trois soeurs. Elle est une bergère et elle ne connait rien d'autre. Ses brebis sont tout ce qu'elle a. Non, elle a sa mère aussi. Elle aime sa mère, elle l'aime parce qu'elle lui fait pitié. Elle met des oignons dans tous ses plats pour pouvoir pleurer en paix. le plus dingue pour Jbara, c'est qu'elle supporte son père. Son père est un gros idiot chez qui elle déteste tout ! Elle a beau essayer d'avoir pitié de lui, elle n'y arrive pas. Quand il parle, il a du blanc au coin des lèvres, ça la dégoute ! Elle sait qu'elle est injuste, il n'y est pour rien. C'est qu'un idiot !

Jbara est sortie à l'extérieur de la tente familiale pour s'adresser à Allah, lui faire des confidences, agenouillée à même le sol. Elle le remercie pour la santé de sa mère, de ses frères, de ses soeurs. Pour ses brebis, pour tout quoi. Elle veut lui dire qu'il doit être très beau et très miséricordieux, et très glorieux aussi. Mais quand même, pourquoi l'a-t-il laissée là ? Ce n'est pas une vie Tafafilt. Elle le supplie pour qu'il se passe quelque chose dans sa vie. Puis elle va s'occuper de ses moutons, tout en savourant un de ses yaourts. le lait tourné de Miloud a tellement collé qu'elle a du mal à séparer ses cuisses. Ça tombe bien, c'est le jour du bain. Un jour, Miloud lui a dit qu'on n'était définitivement plus vierge quand on perdait tous ses poils d'en bas. Tout en se lavant, elle constate que sa touffe est toujours là. Elle se sèche et elle se sent encore plus vierge qu'avant. Elle sort de la tente de bain, sans s'être rendu compte qu'un homme s'était masturbé en la regardant. Prise d'une crampe soudaine, elle s'agenouille et vomit à même le sol.

Cette adaptation est celle d'un premier roman, d'une écrivaine née au Maroc, d'une mère française d'origine marocaine et d'un père marocain, qui n'a rien d'autobiographique, une pure fiction. le lecteur découvre une jeune adolescente ayant grandi et habitant dans un petit hameau, dans une famille pratiquant la religion nationale, et étant devenue l'objet du désir de plusieurs hommes de la région. Pour autant, la tonalité de la narration ne relève pas du féminisme. le lecteur voit crûment le comportement de certains hommes vis-à-vis de Jbara : un simple objet utilisé pour leur plaisir, parfois avec une forme de rémunération, des denrées pour commencer, de l'argent par la suite, d'autre fois sans aucune compensation d'aucune sorte, juste parce qu'ils sont en position dominante. D'une certaine manière, cette violence reste feutrée : elle ne prend pas la forme de violences physiques et cette jeune femme a complètement intégré ce fonctionnement systémique de la société. Elle s'y est adaptée, apprenant progressivement à en tirer pour profit pour elle-même, sans se voir comme une victime. Les choses sont comme ça, elle accepte cet état de fait et elle le vit comme étant l'ordre naturel des choses. Progressivement, elle prend conscience que le mode de vie qui est le sien est incompatible avec les préceptes de la religion, en aucune manière. Là encore, elle sait s'y adapter et elle fait évoluer son mode de vie en conséquence : elle s'éloigne peu à peu de la religion, tout en continuant à s'adresser à Allah.

Le personnage principal est également présenté comme appartenant à une classe sociale pauvre, voire très pauvre. La vie dans le village n'est pas juste simple : il n'y a aucun confort moderne. Pas d'électricité, pas de réseau et d'ailleurs même aucun téléphone portable, même pas l'eau courante. Lorsqu'elle présente ses parents, Jbara le fait comme une adolescente, sans beaucoup de nuance, mais en même temps de manière très pénétrante : sa mère qui met beaucoup d'oignons partout pour masquer ses pleurs, son père pas très futé et embobiné par le représentant religieux local, ce dernier profitant sans vergogne de la foi des personnes qui l'accueillent. La jeune adolescente souhaite une autre vie, en particulier plus confortable grâce à des biens matériels. L'écrivaine fait évoluer le statut de son héroïne grâce à une valise providentielle et une grossesse non désirée. Bientôt, Jbara a trouvé un gite en ville, et gagne même de l'argent ce qui lui permet de s'acheter des choses, autonomie relevant du délire seulement quelques semaines auparavant encore. Pour autant l'organisation systémique de la société la cantonne dans le rôle d'individu exploité par d'autres : du fait de sa condition de femme, mais aussi comme femme de ménage, comme personne entretenue, comme employée sans contrat, sans protection sociale, à la merci de la fantaisie de son employeur ou de son protecteur, ou d'événements sur lesquels eux-mêmes n'ont aucune prise.

Pour raconter cette histoire, les dessins s'avèrent assez doux. le lecteur le remarque dès la première page avec les couleurs. Elles s'inscrivent dans un registre chaud, orangé et un peu foncé, pour montrer la ferme de Tafafilt. Puis vient la scène de sexe qui se déroule dans l'ombre de la tente : les dessins s'avèrent peu explicites, dépourvus de charge érotique, avec un pudeur dépourvue d'hypocrisie, car il n'est pas possible de se tromper sur ce qui est en train de se dérouler. Ainsi que l'artiste choisit des teintes pouvant aller du clair au foncé, toujours avec des dégradés adoucis, neutralisant toute forme potentielle d'agressivité. Même le soleil du Maroc ne semble jamais implacable, ou la chaleur accablante, ou les lumières artificielles trop vives. Les contours des personnages sont réalisés avec un trait fin, les couleurs apportant plus d'informations en termes de reliefs des corps, de luminosité de la peau, et renforçant les expressions de visage. Ce choix graphique participe également à rendre les individus plus gentils, même ces militaires qui effectuent un raid chez le cheikh ne semblent pas méchants, alors que pourtant leurs actions sont violentes. En fait la personne qui apparaît la plus mal intentionnée au regard de Jbara s'avère être la belle-mère.

Marie Avril impressionne tout de suite par son savant dosage entre traits de contour et mise en couleurs, composant des images avec une belle consistance en termes d'informations visuelles, sans pour autant qu'elles n'apparaissent chargées. Au fil des scènes, le lecteur se retrouve dans des endroits bien décrits la zone désertique de Tafafilt avec ses montagnes, les maigres pâturages, l'unique route de terre, l'arrivée en car dans la grande ville, ses rues, ses devantures de magasins, la grande demeure dans le quartier des riches avec ses pièces spacieuses, sa piscine, la cuisine, la discothèque avec ses lumières, le palais du cheikh et son encore plus grande piscine avec ses palmiers, la demeure modeste de l'imam. L'artiste s'inscrit dans une veine réaliste, un peu simplifiée, immergeant le lecteur dans un quotidien concret et consistant, que ce soient les lieux, les pièces des bâtiments et leur aménagement, les accessoires et les tenues vestimentaires, les modèles de véhicule, les gestes et postures, ou encore les expressions de visage. À plusieurs reprises, le lecteur remarque la force et la justesse des plans de prise de vue et de leurs cadrages. Les scènes de rapport sexuel ne sont pas édulcorées de manière hypocrite, et pour autant, le lecteur ne se retrouve pas en position malsaine de voyeur. Il voit Jbara se livrer à cette activité, avec son point de vue et sa force de caractère qui fait qu'elle ne se représente jamais en position de victime. Il assiste à un accouchement dans la rue, deux pages d'une intensité terrible, même s'il ne voit jamais le bébé et alors qu'il n'y a aucun gros plan sur la venue au monde elle-même. En pages cinquante-neuf à soixante-et-un, Jbara revient à Tafalit, alors qu'elle est maintenant beaucoup plus à l'aise financièrement que ses parents, et que ceux-ci la voient comme une bienfaitrice, lui rendant grâce comme à une personne digne de louanges. le lecteur regarde la jeune femme et ressent les émotions qui la traversent, avec une solide empathie, une très belle réussite.

Comme toute adaptation, celle-ci effectue des choix par rapport au roman originel, accentue certaines intentions, en atténue d'autres. L'autrice a imaginé une trajectoire de vie pour une adolescente de la campagne qui devient une de ses femmes faciles assouvissant le désir des hommes qui ne peuvent le faire avec les femmes respectables, observant les prescriptions de la religion afin d'être des épouses dignes selon ces critères. Il s'agit d'un récit féminin, une femme rendue très sympathique grâce à une narration visuelle prévenante et nuancée. Une mise en scène de la vie d'une jeune personne, femme et pauvre, s'adaptant intuitivement avec courage et à propos, au fonctionnement systémique d'une société qui ne la ménage pas.
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Après le théâtre c'est au tour de la bande dessinée de proposer son adaptation du roman de Saphia Azzeddine qui nous relate dans « Confidences à Allah » le destin de la belle Jbara. Née dans un petit village miséreux et presque totalement coupé du monde, la jeune bergère âgée de seize ans se désespère de son quotidien et de ses perspectives d'avenir limitées. Un désespoir dont elle parle régulièrement à Allah à l'occasion de monologues crus mais néanmoins touchants lors desquels la jeune fille n'hésite pas à entretenir son Dieu des détails les plus intimes de son existence : « Pardon Allah de te parler aussi crûment, mais comme tu entends tout ce qu'on pense au profond de nous, ce n'est pas un mot déplacé ou deux qui vont t'offusquer, n'est-ce pas ? ». le dégoût que lui inspire son père et les religieux du coin, ses expériences sexuelles, son goût pour le luxe, ses envies de liberté..., autant de sujets que Jbara aborde sans aucun tabou, confiante dans l'amour de son Dieu, quand bien même elle avoue avoir pleinement conscience que certaines de ses décisions risque de le décevoir. Car en dépit de ses croyances et de sa stricte éducation, la jeune fille n'entend pas se laisser enfermer par les carcans définis par la religion et la société. L'héroïne de Saphia Azzedine est bouleversante d'humanité et de sincérité et on s'attache sans mal à cette magnifique jeune femme au tempérament déterminé et volontiers joyeux qui évoluera au fil du récit d'une confiante et touchante naïveté à un nécessaire pragmatisme qui se transformera en une forme de cynisme résigné.

Il faut dire que Jabara accumule les coups durs, notamment à cause des convoitises qu'elles ne manquent pas d'attiser chez les hommes. Que ce soit pour payer son loyer, se nourrir, garder son travail, voire seulement pour continuer à recevoir les petites friandises dont elle raffole, l'héroïne comprend vite qu'il lui faudra abandonner son corps. Ce qui n'est d'abord qu'une question de survie va peu à peu se transformer en ce qu'elle considère comme une formidable occasion de pouvoir s'élever au dessus de sa « condition ». Si les hommes sont prêts à payer pour son corps, pourquoi, après tout, ne pas en profiter pour avoir accès à tout ce dont elle a été privé la majeure partie de sa vie ? Les scènes de sexe sont ainsi très nombreuses et, si elles font bien souvent naître une certaine mélancolie chez Jbara, celle-ci se garde toutefois de s'apitoyer sur son sort. Les dessins de Marie Avril ne sont pour leur part jamais voyeurs ou gênants pour le lecteur qui ne manquera pas, comme la plupart des personnages, de rester admiratif devant la beauté qui se dégage de l'héroïne. Outre la qualité des graphismes, l'ouvrage séduit aussi et surtout par l'originalité et le culot avec lesquels sont abordés des sujets pourtant peu évidents à traiter. A l'heure où des fanatiques n'hésitent pas à tuer et détruire au nom d'Allah, on découvre notamment par les yeux de Jbara un Dieu tolérant, bienveillant et aimant, à mille lieues de l'image que beaucoup s'en font aujourd'hui. La question du statut de la femme est également au coeur de l'ouvrage même si l'histoire de la jeune fille ne laisse cette fois guère de place à l'optimisme.

Marie Avril et Eddy Simon signent avec cette adaptation du texte de Saphia Azzedine un très bel ouvrage mettant en scène une héroïne décomplexée cherchant par tous les moyens à s'émanciper et qui tirera l'essentiel de sa force de son amour pour Allah. Une histoire difficile mais touchante et finalement porteuse d'espoir. A découvrir.
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Jbara ne doit jurer que par Rebelle, le délicat et sensuel parfum de Rihanna.
D'ailleurs Riri, si tu me lis, merci pour les royalties, eu égard à la pub gratos susmentionnée.

Née dans un bled, destinée à y mourir aussi pauvre et inéduquée que ses parents sous le regard d'Allah visiblement hermétique à la moindre de ses prières.
Qu'à cela ne tienne, le changement, c'est maintenant, qu'elle s'est dit la gamine de seize printemps attirée par le brillant de la ville.
Foi en Allah avec qui elle converse journalièrement, ok, mais surtout foi en ses courbes affriolantes susceptibles de lui faire changer de tranche d'imposition en quelques coups de reins grassement rétribués.

La mode est au support BD dès lors qu'un bouquin a plutôt bien marché.
Pourquoi pas, au regard de la qualité indéniable de ce récit sublimé par un graphisme léché, forcément, aux couleurs diaprées.

Joli portrait de femme qui aura choisi de jouir de la vie plutôt que de la subir, au risque de s'aliéner quelques esprits chagrins, fervents adeptes d'un conservatisme séculaire.
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Tafafilt, c’est la mort. Et pourtant j’y suis née. Je m’appelle Jbara, j’ai seize ans. Il paraît que je suis belle, mais je ne le sais pas. Il me pénètre et moi je ne pense qu’à mon Raïbi Jamila, un délicieux yaourt à la grenadine qu’on boit par-dessous, en faisant un petit trou. Je me doute bien que ce que je fais, c’est Haram. Vu qu’il n’y a rien à Tafafilt, je me dis qu’Allah ne me voit pas. Avec un peu de chance… je regarde les yaourts, le paquet de biscuits au chocolat, les chewing-gums dans le sac en plastique… Lui, il gémit comme un porc. Heureusement, il est derrière. Lui, il s’appelle Miloud. Il est marron, il est amer, il me débecte. C’est un berger. Il habite dans un bled à une cinquantaine de kilomètres de chez moi. Il passe de temps en temps faire du commerce avec des mecs comme lui… Et se faire du bien avec moi. Moi, je m’en fous. J’ai mon raïbi Jamila. Pour moi, c’est le summum du plaisir. Je suis pauvre et j’habite dans le trou du cul du monde. Avec mon père, ma mère, mes quatre frères et mes trois sœurs. Je suis une bergère et je ne connais rien d’autre. Mes brebis sont tout ce que j’ai. Non, j’ai ma mère aussi. J’aime ma mère, je l’aime parce qu’elle me fait pitié. Elle met des oignons dans tous ses plats pour pouvoir pleurer en paix. Le plus dingue pour moi, c’est qu’elle supporte mon père. Mon père est un gros connard chez qui je déteste tout ! J’ai beau essayer d’avoir pitié de lui, je n’y arrive pas. Quand il parle, il a du blanc au coin des lèvres, ça me dégoute ! Je sais que je suis injuste, il n’y est pour rien. C’est qu’un con !
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Je me doute que tu n'aimes pas tout ce que je fais, que tu ne cautionnes pas et c'est normal ! Mais quand même, j'ai une question. Si j'étais née dans une famille bien, dans une ville bien, avec une éducation bien, j'aurais forcément été une fille bien, Allah. Je me serais mariée avec un homme bien et j'aurais fait des enfants bien. Mais c'est pas comme ça que ça s'est passé au départ. Tu avoueras que je suis parties avec vachement plus d'emmerdes ! Comment tu vas faire pour me juger ?
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Je l'aime ma mère. Je l'aime parce qu'elle me fait pitié. Elle met des oignons dans tous ses plats, pour pouvoir pleurer en paix.
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Il y a toujours des petits détails qui nous trahissent et nous rappellent d'où l'on vient.
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Qui oserait croire que je fais la pute sous mon lizar ? Personne n’ose regarder une femme voilée. On leur fiche la paix, aux femmes voilées. C’est mon espace de liberté ce lizar. En dessous, je fais ce que je veux. Moi, j’ai choisi ! Je n’ai pas de grandes dépenses et je suis assez économe d’une manière générale. Mais j’ai déjà de beaux habits, je mange les restes pratiquement tous les jours. Et ma chambre, je l’ai pour une dizaine de fellations par mois. J’ai déjà économisé 1.000 dinars, merci Allah !
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Saphia Azzeddine - On n'est pas couché 4 juillet 2020 #ONPC
On n'est pas couché  4 juillet 2020 Laurent Ruquier sur France 2 #ONPC
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