AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Pierre Pellegrin (Traducteur)
EAN : 9782080704900
575 pages
Flammarion (04/01/1999)
3.79/5   70 notes
Résumé :
Etonnante vie que celle d'Aristote: il fut l'élève de Platon, le plus grand des philosophes, et le maître d'Alexandre, le plus grand des conquérants!
Aristote n'envisage pas dès l'abord la cité sous l'angle d'un modèle idéal, comme le faisait Platon, mais il part de ses conditions concrètes d'existence : la première communauté est celle de l'union des "êtres qui ne peuvent exister l'un sans l'autre"...

La collection "Le Monde de la Philosophie"... >Voir plus
Que lire après Les politiquesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Le pluriel du titre, "Les Politiques" et non "La politique", se justifie de mille manières, auxquelles on peut ajouter une autre : l'ouvrage est multiple, varié et composite. Pierre Pellegrin, traducteur et préfacier, explique lumineusement la chose, et la lecture, voire l'étude, de son introduction, sont indispensables à l'entrée dans ce livre. Il fait justice de l'opposition facile que l'on a enseignée entre un Platon spéculatif rêvant de cités idéales, et un Aristote réaliste et soucieux de phénomènes concrets, puisque ce livre s'inscrit, selon lui, dans la recherche grecque de la meilleure des cités possibles. Il signale qu'Aristote intervient comme "peut-être le dernier penseur du politique", puisque la forme politique de la cité disparaît avec l'époque hellénistique et les empires dans lesquels les cités sont englobées, au point de n'être plus que des communautés municipales autogérées sous l'égide d'un pouvoir central extérieur. Bref, on comprendra qu'une lecture strictement personnelle, sans recours à la tradition interprétative, serait une vaine entreprise.

Pourquoi lire Les Politiques aujourd'hui ? Plusieurs raisons se présentent à l'esprit, en dehors de la saine nécessité de se cultiver. L'une d'elles est que nous sommes témoins, actuellement, d'un processus de passation de pouvoirs : les anciens pouvoirs dépendaient de l'élection et du suffrage populaires, plus ou moins universels en droit sinon en fait, suffrages très fortement influencés, et même fabriqués, par des médias dont l'emprise suit les intuitions de Edward L. Bernays. C'était encore trop, et la réalité du pouvoir échoit désormais à des instances non élues, des cours suprêmes, des commissions, des conseils de sages. Donc le souci du bien commun, de la vie de la cité, du bonheur des citoyens, échappe aux citoyens eux-mêmes. Or l'homme selon Aristote est un animal politique, à savoir qu'il n'est pleinement heureux, pleinement lui-même, qu'en une communauté où il participe au bien commun. S'il est privé de cette participation, il est comme réduit en esclavage et dépossédé d'une grande part de son humanité : cette mutilation contemporaine, Aristote nous aide à la penser et à méditer sur elle. "Une cité est la communauté de la vie heureuse, c'est-à-dire dont la fin est une vie parfaite et autarcique pour les familles et les lignages" (III-9) : une agglomération d'hommes aliénés, étrangers les uns aux autres et à eux-mêmes n'est pas un lieu de bonheur. Rien de bon ne peut en sortir, car "c'est en vue de belles actions qu'existe la communauté politique, et non en vue de vivre ensemble." (ibid)

Il découle de là que l'analyse aristotélicienne de la tyrannie nous donnera des armes conceptuelles pour comprendre ce qui nous arrive. "La tyrannie aime le vice", dit l'auteur, qui décrit comment les régimes autoritaires, illibéraux dira-t-on, tordent la loi pour protéger leurs complices et partisans et persécuter leurs adversaires, ou ceux qu'ils désignent comme tels. En effet, la loi est le médiateur entre le gouvernant et les gouvernés : les deux parties doivent s'y soumettre afin de trouver un terrain d'entente et un langage communs. "Vouloir le gouvernement de la loi c'est, semble-t-il, vouloir le gouvernement du dieu et de la raison seuls, mais vouloir celui d'un homme, c'est ajouter celui d'une bête sauvage, car c'est ainsi qu'est le désir, et la passion fait dévier les magistrats, même quand ils sont les meilleurs des hommes. Voilà pourquoi la loi est une raison sans désir." (III-16) Dans un régime illibéral, la loi gêne, et les juges confisquant le pouvoir s'empressent d'en faire le déguisement de leur arbitraire. C'est pourquoi le régime illibéral, constitué de canailles en col blanc, s'appuie sur ce qu'Aristote décrit comme la lie de la société, à qui profite le laxisme judiciaire : aujourd'hui, cette lie s'appelle la racaille, au dessus des lois, comme ses protecteurs. L'ennemi commun, c'est le citoyen honnête, qui obéit aux lois parce qu'elles sont lois, non parce qu'elles expriment la volonté du tyran. Obéir aux lois est une offense insupportable pour ceux qui les déforment à leur profit.

Il y aurait mille choses à dire encore sur ce volume qui est plus une encyclopédie de pensée politique qu'un ouvrage tracé au cordeau. Pierre Pellegrin suppose que le volume a été maintes fois repensé et remanié par les éditeurs antiques. Il lui semble que Les Politiques sont "un ensemble de textes ... constituant les matériaux de ce qui aurait pu être un ouvrage au sens plein du terme." Il faut donc savoir s'y perdre, s'y promener et y cueillir ce qui peut aider à comprendre notre temps.
Commenter  J’apprécie          270
L'apport majeur d'Aristote à la pensée politique, c'est l'approche pragmatique et scientifique que revêt son oeuvre.
Il est en effet instruit à la médecine et la biologie ce qui aura un impact sur ses analyses. Il apprend de son maitre Platon autant que de ses rapports avec les puissants, comme Alexandre le Grand dont il sera le précepteur.
Il observe la vie politique athénienne de l'extérieur, son statut de métèque le privant de toute intervention directe dans les affaires de la cité.

Aristote mêle deux objets d'analyses, le premier l'homme et le second découle du premier, il s'agit du regroupement d'hommes avec une finalité commune, à savoir la cité.

Pour Aristote, l'homme est fait pour vivre en cité, il est par nature un « animal politique ».
Partant du postulat que la « nature est fin » les hommes sont par nature amenés à se regrouper en cités, lieu où s'exerce la politique, dans le but de vivre une vie heureuse.
Reste à l'homme à trouver le gouvernement capable de conduire la cité jusqu'au bonheur, c'est alors l'affaire de tous, les grecs ne connaissent pas l'individualisme et la quête du bonheur ne peut être que collective.
En outre, c'est parce que l'homme sait, grâce au langage, faire la différence entre le juste et l'injuste qu'il parviendra à exercer ce pourquoi il est, à savoir la politique au sein de la cité.

Néanmoins, il ne s'agit pas de n'importe quelle cité, elle doit être centrée sur le juste en vue du bien-être de chacun. Cela implique de choisir le gouvernement le plus adéquat. Aristote pourtant n'invente rien, mais éclaire les lecteurs sur les gouvernements déjà existants et éclaire leurs limites, notamment celles de l'oligarchie, mais s'il est favorable à la participation en nombre des citoyens, il n'est pas favorable à la démocratie pour autant et il en éprouve aussi les limites.
La finalité de la cité, c'est de mener une vie heureuse, dès lors ce n'est ni atteindre l'égalité arithmétique parfaite de la démocratie en faisant fi de la vertu nécessaire pour gouverner, ni de faire de la richesse l'étalon de mesure de la participation à la vie politique de la cité. de telles conceptions conduiront à des contrefaçons de la cité véritable, controuvées par la conception relative du juste des démocrates et des oligarques.
Comme Platon avant lui, Aristote exhorte les citoyens grecs à ne pas s'arrêter à une justice conventionnelle qui soit le fruit d'un accord entre les hommes, comme le défendent ardemment les sophistes, qui ont gagné d'ailleurs, une telle justice ne dira point ce qui est juste ou injuste dans l'absolu.
Quant à la ou les personnes physiques chargées d'incarner le pouvoir dans la cité même les plus vertueuses ne peuvent se passer de la masse des citoyens, car si leur vision individuelle peut être irrationnelle, leur voix collective a de plus grandes chances d'être juste, de plus, leur refuser toute participation revient à remplir la cité de frustration et de haine.
Seulement, permettre de participer à des citoyens qui n'ont pas de compétences particulières n'est pas sans danger, à cela Aristote répond que les citoyens confrontés au fonctionnement des institutions n'en ignorent pas tous les rouages.

le juste doit donc guider l'action des gouvernants en vue du bien-être, mais cette cité idéale n'est pas à chercher dans un quelconque monde des idées, intelligible, mais bien sur terre, entre les lignes des constitutions. C'est le rôle du législateur.
Aristote interroge enfin le lecteur sur ce qui fait un homme de bien, il va sonder les âmes pour les diviser en deux parties et ainsi dévoiler les deux versants de la raison, la raison pratique qui guide l'action et la raison théorique qui voit la finalité.
Autrement dit, pour Aristote si « la fin justifie les moyens » elle ne doit pas se confondre avec eux. La guerre ne fait pas une constitution, la richesse ne poursuit pas la fin de la cité.
Pour éviter cela, Aristote enjoint le législateur à la pédagogie, à « philosopher à coups de marteaux » pour faire entrer cela dans l'âme des citoyens.
Peut-être est-ce, comme le pense son maitre Platon, au philosophe d'endosser cette tâche peu aisée pour laquelle il est le seul à pouvoir prétendre.
(#2014)
Commenter  J’apprécie          260
***Attention, cet article n'est pas à proprement parler une critique de l'oeuvre***

Il était une fois, dans un pays tout proche, une jeune demoiselle obligée d'assister à des cours de philosophie afin de passer une terrible épreuve plus difficile que tuer un dragon à six têtes : obtenir son baccalauréat !

Ladite demoiselle était en grande détresse et ne voyait aucun Prince Charmant à l'horizon venir à son secours. Les heures passées en cours de philosophie étaient autant de séjours tortueux dans la haute tour de Babel où tous les habitants parlaient une autre langue que la sienne et, du coup, la pauvre demoiselle ne comprenait rien mais alors pas un mot au charabia qui sortait des lèvres de son professeur, une espèce de vieille sorcière avec une vraie verrue sur le nez, une craie en guise de baguette dans sa main osseuse, et entièrement vêtue de loques soixante-huitardes surmontées d'une écharpe en imitation PQ... La pauvre demoiselle en détresse avait peur, très peur de devenir folle à ce train-là alors, pour se prémunir, elle s'auto-charmait en griffonnant des petits poèmes sur des petits bouts de papier, recroquevillée dans un coin de la salle de classe...

Ce calvaire dura une longue année, l'heure fatale de l'ultime épreuve arrivait, juin et les examens approchaient au galop. La pauvre demoiselle en détresse n'avait jamais réussi à avoir une note supérieure à 3/20 de toute son année d'apprentissage et devant l'énorme crainte que suscitait le coefficient x7 de l'épreuve à venir, elle tenait à peine sur ses petites jambes... Désespérée, elle allait perdre tout espoir quand une fée lui apparut en songe et lui susurra à l'oreille ces mots étranges : "voici une formule magique qui résoudra tous tes problèmes, tu n'auras qu'à l'écrire dans ta copie et tu limiteras la casse ! Retiens-la bien dans ta mémoire, je ne la dirai qu'une seule fois : Aristote a dit que "l'homme est un animal politique", n'oublie pas cette formule qui fera un miracle !". Et la fée disparut aussi vite qu'elle était venue !

Le jour de l'épreuve, la malheureuse demoiselle en détresse ne regarda même pas son sujet d'examen, elle écrivit fébrilement sur sa copie qu'Aristote avait dit que "l'homme est un animal politique" puis elle essaya de regrouper absolument tous les mots étranges et incompréhensibles qu'elle avait entendus pendant les affreux cours de philosophie et noircit ainsi quelques pages de son écriture maladroite.

Quelques jours plus tard, le miracle opéra, comme promis par la fée, et la demoiselle en détresse obtint un formidable 8/20 !! L'épreuve était gagnée, elle fut reçue bachelière, fut délivrée à jamais de la philosophie et des vieilles sorcières soixante-huitardes et fut très heureuse le reste de sa vie.

***

Depuis, j'ai (un peu) grandi, je ne suis plus (tout à fait) une demoiselle, je ne suis plus (que rarement) en détresse mais je suis toujours (hélas) aussi hermétique à la philosophie !

La morale de cette histoire, c'est que grâce à ma bonne fée, je peux citer à vie Aristote...


Challenge AUTOUR DU MONDE
Commenter  J’apprécie          248
Les Politiques, d'Aristote, ne sont pas un témoignage antique ; elles sont une clé de compréhension des institutions et questions politiques en général, et en particulier dans notre époque contemporaine. En effet, Aristote écrivait durant une période de décadence des cités grecques, de crise politique et de doute sur la justesse des institutions, dont il analyse les causes d'une corruption grandissante... toute ressemblance avec des faits et personnages réels contemporains, notamment en France, ne serait que pure et fortuite coïncidence.
Il ne s'agit pas d'un traité centré sur la politique au sens politicien du terme -la vidée est donc plus large que la problématique du Prince de Machiavel- . Aristote s'intéresse à l'ensemble des entreprises humaines, dans toutes ses dimensions sociales, à l'intérieur de la Cité.
Sa lecture est tout à fait accessible, s'il on admet 530 pages -finalement peu, pour un programme aussi ambitieux- et une obligation de revenir parfois sur certains passages, car la structure des chapitres est assez complexe, avec des développements qui peuvent parfois sembler contradictoires. Personne n'ayant eu accès à la version originale en hélène, il faut bien faire avec...
Certains passages pourront sembler rétrogrades -comme en ce qui concerne les esclaves et la place des femmes-, mais ils sont à remettre dans le contexte historique ; et d'autres sont tout simplement visionnaires, comme sur l'éducation, la constitution idéale, la justice et l'homme issu de nature -que prolongera Rousseau-.
Un grand ouvrage de philosophie, politique et tout court, incontournable et plein d'actualité...
Commenter  J’apprécie          102
Ouvrage fondamental d'une densité intellectuelle à laquelle on ne s'attend pas en première approche.
On pense à tort que les textes antiques n'ont pas grand chose à apporter au lecteur actuel, en particulier quand celui-ci se pense familier avec la pensée antique et a étudié les textes "fondateurs" des modernes. Quelle erreur monumentale!
Vingt quatre siècles n'ont rien enlevé à la pertinence et à la profondeur du texte d'Aristote, qui contient déjà toutes les questions qui ne cessent de secouer nos sociétés actuelles: relation au pouvoir, corruption, détérioration et dégénérescence des régimes, relations interpersonnelles entre les citoyens, éducation, modération des pouvoirs, justice, objectif de la vie en société... tous les auteurs qui se sont intéressés à ces questions depuis l'Antiquité n'ont fait que développer des arguments sur ceux déjà présentés par Aristote, consciemment ou non.
Lui-même n'est pas le premier à avoir abordé ces questions: disciple de Socrate et contemporain de Platon et de sa République qu'il critique d'ailleurs dans ses Politiques, Aristote commente les Constitutions grecques de son temps sans édulcorer son propos et n'hésite pas à tancer ceux qu'il estime le mériter. A partir de ces exemples de son temps, il bâtit une théorie générale de la Politeia, forme d'organisation politique de la vie en société.

Son texte a néanmoins subi les outrages du temps, et nous est parvenu sous une forme à la fois partielle et altérée, certains commentateurs n'hésitant pas à ajouter des passages. Pierre Pellegrin, qui a dirigé l'édition des oeuvres complètes d'Aristote chez Flammarion (2nde édition en 2022), explique très bien le parcours de ce texte hors du commun dans son introduction. La traduction qu'il livre ici est parcourue de commentaires sur le texte et sur les précédents travaux de traduction, qui apportent des précisions souvent très pertinentes et utiles, sans alourdir le texte de remarques superflues comme il arrive que ce soit le cas pour des ouvrages de "philosophie".

Un très bon ouvrage, présenté dans une riche traduction et parée d'excellents commentaires pour accompagner le lecteur au cours de son périple en compagnie d'Aristote: difficile de demander mieux sans devenir ingrat.
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
[La tyrannie]
La tyrannie, en effet, vise trois buts. Premièrement que les sujets aient une tournure d'esprit mesquine, car un individu mesquin ne complote contre personne ; deuxièmement, qu'ils se méfient les uns des autres, car une tyrannie ne peut pas être renversée avant que s'établisse entre les citoyens une confiance mutuelle (voilà aussi pourquoi les tyrans combattent les honnêtes gens : ils les estiment dangereux pour leur pouvoir, non seulement parce que de tels hommes jugent indigne d'être soumis à un pouvoir despotique, mais aussi parce qu'ils s'inspirent de la confiance entre eux, en inspirent aux autres et ne dénoncent personne ni parmi eux ni parmi les autres) ; troisièmement qu'ils soient incapables de la moindre entreprise, car personne n'entreprend ce dont il est incapable, et notamment de renverser une tyrannie quand il n'en a pas les moyens.
p. 411, livre V, chapitre 11.

Στοχάζεται γὰρ ἡ τυραννὶς τριῶν, ἑνὸς μὲν τοῦ μικρὰ φρονεῖν τοὺς ἀρχομένους (οὐθενὶ γὰρ ἂν μικρόψυχος ἐπιβουλεύσειεν), δευτέρου δὲ τοῦ διαπιστεῖν ἀλλήλοις (οὐ καταλύεται γὰρ πρότερον τυραννὶς πρὶν ἢ πιστεύσωσί τινες ἑαυτοῖς· διὸ καὶ τοῖς ἐπιεικέσι πολεμοῦσιν ὡς βλαβεροῖς πρὸς τὴν ἀρχὴν οὐ μόνον διὰ τὸ μὴ ἀξιοῦν ἄρχεσθαι δεσποτικῶς, ἀλλὰ καὶ διὰ τὸ πιστοὺς καὶ ἑαυτοῖς καὶ τοῖς ἄλλοις εἶναι καὶ μὴ καταγορεύειν μήτε ἑαυτῶν μήτε τῶν ἄλλων)· τρίτον δ' ἀδυναμία τῶν πραγμάτων (οὐθεὶς γὰρ ἐπιχειρεῖ τοῖς ἀδυνάτοις, ὥστε οὐδὲ τυραννίδα καταλύειν μὴ δυνάμεως ὑπαρχούσης).

Εἰς οὓς μὲν οὖν ὅρους ἀνάγεται τὰ βουλεύματα τῶν τυράννων, οὗτοι τρεῖς τυγχάνουσιν ὄντες· πάντα γὰρ ἀναγάγοι τις ἂν τὰ τυραννικὰ πρὸς ταύτας τὰς ὑποθέσεις, τὰ μὲν ὅπως μὴ πιστεύωσιν ἀλλήλοις, τὰ δ' ὅπως μὴ δύνωνται, τὰ δ' ὅπως μικρὸν φρονῶσιν.
Ὁ μὲν οὖν εἷς τρόπος δι' οὗ γίγνεται σωτηρία ταῖς τυραννίσι τοιοῦτός ἐστιν·
Commenter  J’apprécie          50
Causes de sédition.
Est aussi facteur de sédition l'absence de communauté ethnique tant que les citoyens n'en sont pas arrivés à respirer d'un même souffle. Car de même qu'une cité ne se forme pas à partir d'une masse de gens pris au hasard, de même ne se forme-t-elle pas dans n'importe quel espace de temps. C'est pourquoi parmi ceux qui ont, jusqu'à présent, accepté des étrangers pour fonder une cité avec eux ou pour les agréger à la cité, la plupart ont connu des séditions. Ainsi ...à Byzance les nouveaux arrivants, pris en flagrant délit de conspiration, furent chassés par les armes. Les gens d'Antissa chassèrent par les armes ceux qui fuyaient Chios et qu'ils avaient accueillis. Les gens de Zancle ayant accueilli des Samiens, ceux-ci les chassèrent de chez eux .Les Apolloniates du Pont-Euxin connurent des séditions après avoir accepté de nouveaux arrivants. Les Syracusains, après la période des tyrans, ayant fait citoyens des étrangers, en l'occurrence des mercenaires, connurent des séditions et en vinrent aux armes. Les gens d'Amphipolis, ayant accepté de nouveaux arrivants de Chalcis, furent en grande majorité chassés par ces derniers.

V-3, p. 363

Στασιωτικὸν δὲ καὶ τὸ μὴ ὁμόφυλον, ἕως ἂν συμπνεύσῃ· ὥσπερ γὰρ οὐδ' ἐκ τοῦ τυχόντος πλήθους πόλις γίγνεται, οὕτως οὐδ' ἐν τῷ τυχόντι χρόνῳ· διὸ ὅσοι ἤδη συνοίκους ἐδέξαντο ἢ ἐποίκους, οἱ πλεῖστοι διεστασίασαν· ... καὶ Βυζαντίοις οἱ ἔποικοι ἐπιβουλεύοντες φωραθέντες ἐξέπεσον διὰ μάχης· καὶ Ἀντισσαῖοι τοὺς Χίων φυγάδας εἰσδεξάμενοι διὰ μάχης ἐξέβαλον· Ζαγκλαῖοι δὲ Σαμίους ὑποδεξάμενοι ἐξέπεσον αὐτοί· καὶ Ἀπολλωνιᾶται οἱ ἐν τῷ Εὐξείνῳ πόντῳ ἐποίκους ἐπαγαγόμενοι ἐστασίασαν· καὶ Συρακούσιοι μετὰ τὰ τυραννικὰ τοὺς ξένους kαὶ τοὺς μισθοφόρους πολίτας ποιησάμενοι ἐστασίασαν καὶ εἰς μάχην ἦλθον· καὶ Ἀμφιπολῖται δεξάμενοι Χαλκιδέων ἐποίκους ἐξέπεσον ὑπὸ τούτων οἱ πλεῖστοι αὐτῶν
Commenter  J’apprécie          40
Livre III, chapitre 16 : sur la monarchie absolue.

D'autre part, toutes les choses que la loi ne semble pas être capable de définir, un homme non plus ne pourrait pas les connaître. Mais, par une éducation appropriée, la loi a préposé des magistrats à trancher et à administrer les questions restantes "avec l'esprit le plus juste"*. De plus, elle leur donne le droit d'accomplir les rectifications qui, à l'usage, semblent meilleures que les dispositions établies. Ainsi donc, vouloir le gouvernement de la loi c'est, semble-t-il, vouloir le gouvernement du dieu et de la raison seuls, mais vouloir celui d'un homme, c'est ajouter celui d'une bête sauvage, car c'est ainsi qu'est le désir, et la passion fait dévier les magistrats, même quand ils sont les meilleurs des hommes. Voilà pourquoi la loi est la raison sans désir.

*"avec l'esprit le plus juste" : formule de serment des jurés athéniens.

Ἀλλὰ μὴν ὅσα γε μὴ δοκεῖ δύνασθαι διορίζειν ὁ νόμος, οὐδ' ἄνθρωπος ἂν δύναιτο γνωρίζειν. Ἀλλ' ἐπίτηδες παιδεύσας ὁ νόμος ἐφίστησι τὰ λοιπὰ τῇ δικαιοτάτῃ γνώμῃ κρίνειν καὶ διοικεῖν τοὺς ἄρχοντας. Ἔτι δ' ἐπανορθοῦσθαι δίδωσιν ὅ τι ἂν δόξῃ πειρωμένοις ἄμεινον εἶναι τῶν κειμένων. Ὁ μὲν οὖν τὸν νόμον κελεύων ἄρχειν δοκεῖ κελεύειν ἄρχειν τὸν θεὸν καὶ τὸν νοῦν μόνους, ὁ δ' ἄνθρωπον κελεύων προστίθησι καὶ θηρίον· ἥ τε γὰρ ἐπιθυμία τοιοῦτον, καὶ ὁ θυμὸς ἄρχοντας διαστρέφει καὶ τοὺς ἀρίστους ἄνδρας. Διόπερ ἄνευ ὀρέξεως νοῦς ὁ νόμος ἐστίν.
Commenter  J’apprécie          50
Si l'homme est infiniment plus sociable que les abeilles et tous les autres animaux qui vivent en troupe, c'est évidemment, comme je l'ai dit souvent, que la nature ne fait rien en vain. Or, elle accorde la parole à l'homme exclusivement. La voix peut bien exprimer la joie et la douleur ; aussi ne manque-t-elle pas aux autres animaux, parce que leur organisation va jusqu'à ressentir ces deux affections et à se les communiquer. Mais la parole est faite pour exprimer le bien et le mal, et, par suite aussi, le juste et l'injuste ; et l'homme a ceci de spécial, parmi tous les animaux, que seul il conçoit le bien et le mal, le juste et l'injuste, et tous les sentiments de même ordre, qui en s'associant constituent précisément la famille et l'État.

Politeias , Le Politique , I
Commenter  J’apprécie          170
Il faut préférer la souveraineté de la loi à celle d'un des citoyens (....)
Une constitution est excellente si elle assure le bonheur des citoyens et si elle est capable de durer. Elle est mauvaise si elle n'assure pas le bonheur, entraîne des révolutions et l'appauvrissement d'une grande partie des citoyens par des lois inadéquates.
Toutes celles qui n’ont en vue que l’intérêt personnel des gouvernants, viciées dans leurs bases, ne sont que la corruption des bonnes constitutions ; elles tiennent de fort près au pouvoir du maître sur l’esclave, tandis qu’au contraire la cité n’est qu’une association d’hommes libres.
(C’est la tâche du législateur de modifier les comportements des habitants par des lois adéquates et surtout par l’éducation des enfants) car la nature du désir est d'être infini et c'est à le combler que la plupart des gens passent leur vie.

Il existe trois principaux types de constitutions selon que le pouvoir est exercé par un seul, par plusieurs ou par le plus grand nombre.
Royauté, nom vulgaire de la monarchie ou gouvernement d'un seul avec pour objet l'intérêt général. Sa forme déviante est la tyrannie.
Aristocratie, gouvernement des « meilleurs » citoyens ayant en vue l'intérêt général. Sa forme déviante est l'oligarchie, où seuls dirigent les plus riches.
Gouvernement constitutionnel (politéia) ou république : forme de gouvernement qui allie la citoyenneté au mode d'organisation de la cité. Sa forme déviante est la démagogie ou régime populaire.

Commenter  J’apprécie          82

Videos de Aristote (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Aristote
Que serait devenue l'humanité sans tous ceux qui, depuis des milliers d'années, ont accumulé, protégé et partagé des connaissances ? Que serions-nous si la Bible, les oeuvres de Platon et d'Aristote, les mathématiques d'al Jibra, la poésie de Villon, la musique de Mozart, avaient disparu ? Qu'en sera-t-il à l'avenir ? Depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui, de la Mésopotamie à la Chine, de Jérusalem à Venise, de Paris à Londres, de New York à Shanghai, les façons de transmettre les savoirs ont joué un rôle déterminant dans l'évolution des cultures, des rapports de pouvoir, des idéologies et des religions ; les puissants cherchant le plus souvent à priver les peuples, et d'abord les filles, des savoirs menaçant leurs privilèges. Aujourd'hui, la situation s'aggrave : très peu de personnes ont réellement accès à une formation de qualité. Demain, si on n'y prend garde, l'humanité sombrera dans une nouvelle barbarie faite d'ignorance et de technologies mal maîtrisées. Pourtant, nous avons les moyens de former tous les humains et de mettre l'éducation au service d'un monde bienveillant en harmonie avec la nature.
Plus qu'une histoire mondiale de l'éducation et de son avenir, ce livre propose des choix radicaux pour lutter contre la barbarie, des choix sans lesquels l'humanité ne pourra survivre.
+ Lire la suite
>Sciences sociales>Science politique>Science politique (politique et gouvernement) (698)
autres livres classés : philosophieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (570) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
440 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}