Roman assez bref, le cadre est un homme, quadragénaire ou quinquagénaire (peu importe en fait), lettré, cultivé, diplômé, qui décide (plus ou moins forcé ) de partir en "retraite" (entendre, un séjour loin de toute contrainte), pour quelques jours sur les bords de l'Adriatique (Dubrovnik, sans doute), il est hongrois.
Nous sommes au début des années 30.
Il remet en question toute sa vie, toutes ses relations et finira... chut !!!...
Quel est l'intérêt de lire ce livre aujourd'hui ?
En fait, plusieurs, à mes yeux.
D'abord, l'écriture, lectrice de
Sandor Maraï depuis peu (mais troisième ouvrage lu), cette écriture est belle, riche, travaillée sans être ampoulée, mais sur ce point
Les Révoltés m'avaient davantage plu.
Ensuite, la description dans les moindres détails de ce microcosme, société bourgeoise, cosmopolite, qui se croise à Raguse (Dubrovnik), bref sur ces côtes magnifiquement émeraude, chaudes, douces, petits bourgeois répétant "j'y suis parvenu". Ils sont tous brossés si précisément, si drôlement, sans aucune empathie.
Et puis, ce personnage central, Viktor. Au début, j'ai tenté de m'y attacher , puis j'ai pris du recul. de plus en plus. A tel point qu'à la fin, tout pourrait lui arriver, aucune importance, en toute indifférence.
Et le clou des dernières pages, c'est que tout lui arrive.
Et là... une fois le livre refermé et déposé auprès de ses congénères, je me suis demandée... ne serait-ce pas la volonté de l'auteur que de rendre de moins en moins humain et sympathique, ce Viktor, son "héros" ?
Ce Viktor, issu de la bourgeoisie bien-pensante de l'Europe... Ce Viktor qui s'octroie un moment de "liberté" (sexuelle, à savoir une petite danseuse comme maîtresse, qui subit les regards envieux et désapprobateurs de ses pairs (moments de lecture plutôt jouissifs).
Ce Viktor qui ne sait plus faire la distinction entre le bien et le mal (qu'est-ce qui fait du bien au corps, qu'est-ce qui est mal dans la société ?).
Et ce Viktor qui ne sait pas choisir au fond, donc prendra la pire option pour lui. Comme un abandon, un suicide, une lâcheté.
Une allégorie ? peut-être. Des nations européennes du début des années 30.
Un livre très particulier.
Des pages drôles et presque croustillantes (ces Européens moyens qui se prélassent dans un hôtel déclassé).
Un livre ennuyeux : les ruminations de Viktor, à qui j'aurais donné une bonne paire de claques.
Et ce Viktor pitoyable dans sa recherche d'un bien être égoïste et donc sans issue possible.