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EAN : 9782267028874
121 pages
Christian Bourgois Editeur (03/09/2015)
3.17/5   3 notes
Résumé :
Du 22 septembre 2015 au 1er février 2016, une grande exposition sera consacrée à l'oeuvre de Dominique Gonzalez-Foerster au Centre Pompidou. A cette occasion Enrique Vila-Matas a conçu un texte pour accompagner le travail de cette artiste qu'il suit depuis des années. Après Impressions de Kassel où, entre perplexité, ironie, humour et fascination, il se confrontait ouvertement à l'art contemporain, Enrique Vila-Matas poursuit ainsi son immersion dans ce champ artist... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
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"En un temps où les artistes démolissent ou déprécient les oeuvres de leurs collègues en croyant qu'ils en sortiront fortifiés et placés au-dessus de leurs rivaux (sans se rendre compte qu'ils dépendent de leur propre talent et non de l'exécution de leurs adversaires), j'adore le charme d'un certain genre de livres - rares, aimables, stimulants - dans lesquels un artiste explique pourquoi il admire un autre."

Voici ce qui résume ce bref opuscule que Vila-Matas dédie à la plasticienne française Dominique Gonzalez-Foerster.

Mais ne vous y trompez pas, il s'agit d'un Vila-Matas, c'est-à-dire que l'auteur se glisse dans son récit et y mêle ses propres interrogations sur l'art. Ce livre s'insère et s'intègre parfaitement dans sa réflexion globale auxquelles il a habitué ses lecteurs.

Auteur unique s'il en est, je pense que la porte d'entrée de l'univers d'Enrique Vila-Matas reste certainement Dublinesca, suivi du Docteur Pasavento. Il ne faut sans doute pas commencer par ce court opus-ci, qui risque de rebuter et de priver le lecteur d'une pensée et d'un talent tout à fait original.
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Ce dernier livre d'Enrique Vila-Matas s'inscrit dans la veine du précédent, le très intéressant Impressions de Kassel, réalisé à la suite de son (non)séjour durant la Documenta de Kassel - un livre où l'auteur barcelonais nous entretenait de l'art contemporain, "un art qui se confond avec la vie, et qui passe comme la vie". Il en va presque de même avec ce petit - mais essentiel - Marienbad électrique, ouvrage qui tient du journal intime, de l'essai, comme de la correspondance, de l'échange, avec l'artiste Dominique Gonzales-Foerster, qui se définit elle-même comme une "prisonnière littéraire dans un triangle formé par Enrique Vila-Matas, Roberto Bolano et W.G. Sebald". Bien sûr, la conversation de ces deux artistes tourne autour du livre, de la littérature, de l'art contemporain et de ses grandes questions, mais il parle aussi d'image et de cinéma, le titre fait d'ailleurs référence au film L'année dernière à Marienbad, dont l'étrange scénario fut écrit par Alain Robbe-Grillet ; on est alors tenté d'avoir des réserves devant l'accumulation constante de références, ce "name-dropping" trop à la mode aujourd'hui (quand on a rien à dire), mais comme souvent avec Vila-Matas, les références n'étouffent pas le lecteur, au contraire, elles le transportent.

Pour ceux qui connaissent l'oeuvre de Vila-Matas, ce nouveau livre ira prendre place près des merveilleux Journal volubile et Voyageur le plus lent, pour les autres il est une excellente introduction à son travail littéraire. Pour moi, Marienbad électrique aura été une façon de rencontrer l'oeuvre de DGF, sa scénographie, son génial "tapis de lecture", et quelle rencontre magnifique.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"Ce n'est pas pour me justifier mais cette attirance envers ce type de chambre unique, d'espace fermé, est logique. C'est la sorte de pièce qui attire é cause de ce qu'elle représente fondamentalement, car elle est le lieu mythique où se déroule toujours le grand drame humain, non exempt à l'occasion de lumière. Tout compte fait, une chambre est l'espace central de toute tragédie - l lieu où Hölderlin sombra dans la folie, où Juan Carlos Onetti médita sur le monde et décida qu'il valait mieux ne plus sortir du lit, où Emily Dickinson s'enferma avec ses mille sept cents poèmes -, mais aussi l'endroit ou Vermeer connut l'expérience de la plénitude et de l'indépendance du moment présent.

Une chambre fermée est probablement, comme dit un ami, le prix à payer pour parvenir à voir la luminosité. Elle était mon lieu préféré pour trouver ma vie à l'intérieur des textes que je lisais. Il y a ainsi, par exemple, une scène de Tolstoï que j'ai intériorisée et dans laquelle je me vois moi-même en train de lire : celle où un personnage est dans un train, un livre dans les mains, tandis que dans le compartiment, une lumière éclaire sa lecture. Pour moi, c'est une image du bonheur que seule la littérature peut probablement donner. Car il faut savoir que la littérature permet de penser ce qui existe, mais aussi ce qui s'annonce et qui n'est pas encore advenu. Penser aussi, par exemple, que le monde est un texte, une grande fiction que DGF lit passionnément tous les jours.

Le monde est un passage, celui-ci est notre vie et il est dans les livres. Nous ne vivons vraiment qu'au fur et à mesure que nous lisons notre histoire en la transcendant. Parce que seule la littérature est vraiment transcendante, elle nous fait découvrir les autres et nous demander comment il se peut que les signes sur une tablette d'argile, les signes tracés par une plume ou un crayon soient capables de créer une personne (un don Quichotte, un Gregor Samsa, une Béatrice, un Jakob von Gunten, un Falstaff, une Anne Karénine), dont la substance excède dans leur réalité, leur longévité personnifié, la vie elle-même.

Il n'est pas d'énigme plus grande que celle de la pièce unique. Dans ce cabinet, aussi paradoxal que cela puis paraître, nous finissons tous pas ressembler à Robinson Crusoé. Les vagues alentour, l'eau infinie comme l'air, la chaleur de la jungle derrière : "je suis retranché du nombre des hommes ; je suis un solitaire, un banni de la société humaine." "
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En un temps où les artistes démolissent ou déprécient les œuvres de leurs collègues en croyant qu'ils en sortiront fortifiés et placés au-dessus de leurs rivaux (sans se rendre compte qu'ils dépendent de leur propre talent et non de l'exécution de leurs adversaires), j'adore le charme d'un certain genre de livres - rares, aimables, stimulants - dans lesquels un artiste explique pourquoi il admire un autre.
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En général, quand on dit "je sais", on ne sait pas, on croit.
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Videos de Enrique Vila-Matas (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Enrique Vila-Matas
En dialogue avec Tiphaine Samoyault Interprète : Manuela Corigliano
Un narrateur en panne d'inspiration se remémore ses années de bohème à Paris. La dèche, la mansarde, les petits trafics d'herbe : l'attirail classique de l'écrivain romantique qui aspire à la gloire d'Hemingway. Paris est une fête, c'est bien connu… En proie au doute, il commence à observer des signaux qui le ramènent invariablement à l'essence de l'écriture. Depuis la mystérieuse chambre 205, du modeste hôtel de passe Cervantes à Montevideo, mise en scène par Julio Cortázar, les symboles se succèdent, reliant Paris à Cascais, Montevideo à Reykjavik et Saint-Gall à Bogota, qui tous témoignent de l'impossibilité de l'écriture à raconter la vie. En revanche, on peut entrer dans l'espace de fiction pour transformer la vie en littérature. de digression en digression, on est happé dans un vertigineux vortex, ébloui par l'intelligence du propos, la générosité de l'auteur envers ses pairs, la finesse de son humour et une autodérision à toute épreuve.
Immense écrivain, Enrique Vila-Matas est traduit dans une quarantaine de langues et s'est vu attribuer les plus prestigieux prix à travers le monde.
À lire – Enrique Vila-Matas, Montevideo, trad. de l'espagnol par André Gabastou, Actes Sud, 2023.
Son : Jean-François Domingues Lumière : Patrick Clitus Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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