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EAN : 9782246837060
64 pages
Grasset (17/01/2024)
4.06/5   150 notes
Résumé :
« Je crois possible d’établir une liste de caractéristiques typiques de ce que j’appelle l’Ur-fascisme c’est-à-dire le fascisme primitif et éternel.
L’Ur-fascisme est toujours autour de nous, parfois en civil.
Ce serait tellement plus confortable si quelqu’un s’avançait sur la scène du monde pour dire “Je veux rouvrir Auschwitz…”
Hélas, la vie n’est pas aussi simple.
L’Ur-fascisme est susceptible de revenir sous les apparences les plus in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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À l'occasion du cinquantième anniversaire de la libération de l'Europe, le 25 avril 1995, l'écrivain et sémiologue italien Umberto Eco prononce en anglais un discours marquant sur le fascisme, à l'Université Columbia. Il publie dans la foulée ce petit article, adapté du discours dans La New York Review of Books.
Eco revient d'abord avec beaucoup d'auto-dérision sur son expérience personnelle du fascisme mussolinien. Au contraire du nazisme, le fascisme mussolinien n'avait pas d'armature idéologique forte et solide mais simplement une rhétorique. Et de rappeler par exemple que Mussolini commença comme athée militant pour finir par accueillir à bras ouverts les évêques qui bénissaient les insignes fascistes. Dans le régime italien cohabitaient des éléments de nature fort différente en conflit ouvert (revendications monarchiques et révolutionnaires, armée et milice privée, tolérance dans le domaine culturel et emprisonnement de dissidents, etc) Et à cause de cette faiblesse idéologique, le fascisme s'est exporté facilement.
« Le fascisme est devenu un terme s'adaptant à tout parce que même si l'on élimine d'un régime fasciste un ou plusieurs aspects, il sera toujours possible de le reconnaître comme fasciste. Enlevez-lui l'impérialisme et vous aurez Franco et Salazar ; enlevez le colonialisme et vous aurez le fascisme balkanique. Ajoutez au fascisme italien un anticapitalisme radical (qui ne fascina jamais Mussolini) et vous aurez Ezra Pound. Ajoutez le culte de la mythologie celte et le mysticisme du Graal (totalement étranger au fascisme officiel) et vous aurez l'un des gourous fascistes les plus respectés, Julius Evola. »
Mais si le fascisme change de forme, comment le reconnaître ?
Eco établit alors une liste de 14 caractéristiques typiques de ce qu'il appelle L'Ur-fascisme, le fascisme primitif et éternel. L'auteur remarque qu'ils ne sont jamais tous présents dans le discours politique contemporain qui avance masqué encore que…
Cette liste est facilement disponible en ligne. J'ai copié ci-dessous le résumé Wikipedia . Chaque point clairement expliqué et illustré en entraine un autre comme un jeu de dominos.

1. Culte de la tradition , souvent interprétée de manière syncrétique .
2. Rejet du modernisme , conséquence également du premier point, et de l'esprit des Lumières .
3. Irrationalisme et culte de l'action comme fin en soi. Méfiance envers la culture.
4. Rejet de la critique et de l'esprit critique.
5. Peur de la diversité. Une des conséquences est le racisme .
6. Frustration des classes moyennes (petite-bourgeoisie) due à des crises économiques ou à des pressions politiques.
7. Obsession des complots , y compris internationaux.
8. Perception d'une force excessive d'ennemis extérieurs, que l'on croit pourtant pouvoir vaincre. Cette contradiction conduit généralement à de fausses évaluations des adversaires et, en fin de compte, à être les perdants des batailles.
9. Idée de guerre permanente et contraste avec le pacifisme . La paix définitive ne viendra qu'après la victoire finale.
10. Élitisme de masse et mépris des faibles : donc mépris de chaque classe pour sa classe subordonnée.
11. Héroïsme de masse et le désir de se sacrifier pour la cause commune, mais plus fréquemment de sacrifier les autres.
12. Machisme , plus facile à gérer que l'héroïsme.
13. "Populisme qualitatif". Face au déni des droits individuels, le « peuple » est considéré comme un tout dont la volonté doit être interprétée par le leader.
14.Usage de la novlangue , caractérisée par une syntaxe élémentaire et véhiculant un raisonnement critique nécessairement limité.

Ce petit essai est clair et stimulant. Je vous encourage à le lire.
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L'un des meilleurs essais sur le fascisme qui ne soit pas écrit par un historien. Court, rigoureux et juste. Et plus, c'est très accessible. C'était, au départ, un texte pour une conférence. ( Si le sujet vous intéresse, LE livre sur le sujet est définitivement le Fascisme en Action de Robert Paxton.)

Eco parle d'abord d'un Ur-fascisme, parce que tous les fascismes, de par leur essence nationale, sont différents. Il ne tente pas de faire une liste avec des cases à cocher pour déterminer si un État est fasciste ou non. le fascisme aujourd'hui ne ressemble pas au fascisme du 20e siècle.

Le fascisme n'est pas non plus une idéologie. Il n'y a pas de philosophie fasciste avec une vision cohérente du monde. On y est d'abord *contre* quelque chose plutôt que *pour* quoi que ce soit. Et on utilise les arguments qui font avancer nos pions aujourd'hui sans se soucier de contredire nos arguments de la veille.

Mais malgré cela, les fascismes ont un air de famille. Des caractéristiques qu'ils partagent et réadaptent à leur sauce. En voici la liste que dresse Eco (copiée/collée sur le web, j'ai la flemme) :

Le culte de la tradition
Refus du monde moderne
L'irrationalisme et culte de l'action pour l'action
Le désaccord, l'esprit critique, est une trahison
Refus radical de la différence, raciste par définition
L'appel aux classes moyennes frustrées
L'obsession du complot
Exalter la force de l'ennemi puis la vaincre
Le pacifisme est une collusion avec l'ennemi
L'élitisme de masse
Le culte du héros
Puissance = culte du machisme = mépris pour les femmes
Les individus n'ont pas de droit, seul le peuple...
Invention d'une nouvelle langue, lexique pauvre, syntaxe élémentaire.

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Comme tout jeune Italien de sa génération, Umberto Eco a vécu le fascisme. Pas le choix ! Il a porté la chemise adéquate et a discouru pour célébrer le grand maître de l'Italie, Benito Mussolini.

A la libération, il découvre qu'il peut exister un autre système de gouvernement que celui du parti unique dirigé par un « Duce », qu'il peut y avoir plusieurs « couleurs » en politique.

L'auteur précise ce qui différencie le fascisme italien de pouvoirs totalitaires tels que ceux d'Hitler ou de Staline.

Il relève toutes les contradictions : un pouvoir qui se veut républicain et qui marche main dans la main avec la monarchie, Mussolini se dit athée et signe un concordat avec l'église qui vient bénir les fascistes, il se dit révolutionnaire et est financé par les gros propriétaires qui aspirent à une contre-révolution… Cependant Umberto Eco précise bien que le fascisme italien n'a rien à voir avec la tolérance : « c'était un exemple de désarticulation ordonnée, d'une confusion structurée », écrit-il.

Pour Umberto Eco, le fascisme primitif repose :

1. Sur la tradition : il ne peut y avoir d'avancée du savoir. La vérité a déjà été énoncée une fois pour toutes et l'on ne peut que continuer à interpréter son obscur message.
2. le traditionalisme implique le refus du modernisme. Les fascistes comme les nazis adoraient la technologie, tandis qu'en général les penseurs traditionnalistes la refusent, la tenant pour la négation des valeurs spirituelles traditionnelles. Ce fascisme primitif peut être défini comme « irrationalisme ».
3. L'irrationalisme dépend aussi du culte de « l'action pour l'action ». le fascisme primitif se méfie des intellectuels.
4. Pour le fascisme primitif, le désaccord est trahison.
5. le fascisme primitif est raciste. le désaccord signifie la diversité. le fascisme a peur de la différence.
6. le fascisme primitif naît de la frustration individuelle ou sociale. Il s'appuie sur les classes moyennes frustrées, défavorisées par une crise économique ou une humiliation politique et effrayées par les pressions des groupes sociaux inférieurs.
7. Ceux qui n'ont aucune identité sociale, le fascisme primitif leur dit qu'ils jouissent d'un privilège : être nés dans le même pays. C'est cela la source du nationalisme. Ce fascisme est obsédé par les complots, si possible internationaux, mais il en faut aussi à l'intérieur. Les juifs sont la cible idéale étant à la fois dehors et dedans.
8. Les disciples du fascisme doivent se sentir humiliés par la richesse visible et la force de l'ennemi. Les ennemis (tant de l'intérieur que de l'extérieur) s'appuient sur des réseaux secrets d'assistance mutuelle. Malgré cela, il faut persuader les disciples qu'ils vont vaincre les ennemis.
9. le pacifisme est mauvais car la vie est une guerre permanente. Être pacifiste, c'est être de mèche avec l'ennemi. Mais il finira par y avoir une bataille finale que le fasciste emportera. Viendra alors une période de paix, un Âge d'or…
10. L'élitisme est réactionnaire et fondamentalement aristocratique. le fascisme primitif prône l'élitisme populaire. Les masses étant faibles, elles ont besoin d'un dominateur qui a conquis le pouvoir par la force. le groupe est organisé hiérarchiquement. Chaque leader subordonné méprise à son tour ses subalternes.
11. Chacun est éduqué pour devenir un héros. le héros fasciste aspire à la mort, annoncée comme la pus belle récompense d'une vie héroïque. Ce héros-là est impatient de mourir. (Mais il préfère tout de même faire mourir les autres.)
12. le fascisme primitif transfère sa volonté de puissance sur des questions sexuelles. Machisme : mépris des femmes, condamnation des moeurs sexuelles non conformistes, chasteté, homosexualité…
13. Pour le fascisme primitif, les individus en tant que tels n'ont pas de droits. le peuple doit avoir « une volonté commune », et comme c'est impossible que le peuple y parvienne de lui-même, le Leader va « interpréter » cette volonté. Ce fascisme doit s'opposer aux gouvernements parlementaires « putrides ».
14. le fascisme primitif parle la « novlangue », inventée par Orwell dans « 1984 ». Elle se caractérise par un lexique pauvre et une syntaxe élémentaire, afin de limiter les raisonnements complexes et critiques.
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Dans ce discours prononcé le 25 avril 1995 à New York et à l'occasion du cinquantième anniversaire de la libération de l'Europe, le linguiste, traducteur et écrivain Umberto Eco nous permet d'imaginer la rencontre d'un petit italien des années 40 avec des mots aussi précieux que la liberté d'expression, la dictature ou le fascisme. Dans ce texte réédité en 2017, années de tous les populismes, Eco nous raconte également sa renaissance en tant qu'homme libre occidental qui a enfin compris le sens complexe du terme liberté, un matin du 27 juillet 1943.
Pour veiller à ce que le sens du mot liberté ne soit pas oublié, l'auteur dresse une liste de caractéristiques pour reconnaitre ce qu'il nomme ici l'Ur-fascisme (le fascisme primitif/éternel). Car dit-il: " L'Ur-fascisme est toujours autour de nous, parfois en civil."
Parlant de son expérience personnelle et de son pays, il reconnait que "Le fascisme italien fut le premier à créer une liturgie militaire, un folklore, voire une mode vestimentaire _ laquelle eut plus de succès à l'étranger qu'Armani, Benetton ou Versace." (Eco 2017:24). Ainsi, peut-on se demander si la mode vestimentaire qu'est le « voile » n'est pas tout simplement un instrument du fascisme islamique qui s'est inspiré lui aussi du fascisme éternel et primitif italien ? En effet, Eco nous a alerté des différentes formes du fascisme et de l'ambiguïté qui l'entoure. Il explique en gros que les fascistes utilisent tous l'un ou l'autre des caractéristiques de l'Ur-fascisme : du fascisme éternel ou primitif. Parmi ces caractéristiques, on peut observer le culte de la tradition ou le traditionalisme, l'irrationalisme, le rejet du modernisme (considéré comme une dépravation), le culte de la mort, de l'héroïsme, le racisme, le sentiment permanent d'être humilié, d'être dominé par un ennemi étranger et/ou intérieur, le sentiment d'être attente d'une fin qui donnera suite à une ère de paix, l'obsession du complot…
Le « traditionalisme » dit-il est plus ancien que le fascisme dont la conséquence principale est qu'« il ne peut y avoir d'avancée du savoir ». La vérité a déjà été énoncée une fois pour toutes et l'on ne peut que continuer à interpréter son obscur message. Ce qui me rappelle fortement nos imams qui nous expliquent en permanence ce qui ne peut être discuté en religion (héritage, voile, mariage, bref, tout ce qui concerne les femmes ne doit pas être altéré...). Ce traditionalisme donc implique le refus du modernisme et la condamnation du mode de vie capitaliste mais surtout le rejet de l'esprit de 1789, le siècle des Lumières, l'Âge de la Raison, conçus comme le début de la dépravation moderne. En ce sens, l'Ur-fascisme peut être défini comme un « irrationalisme ». L'irrationalisme considère la culture comme suspecte lorsqu'elle est identifiée comme une « attitude critique ». De là vient la haine de l'intellectuel considéré comme celui qui a abandonné les valeurs traditionnelles (regardons le triste destin des intellectuels arabes. La liste des intellectuels critiques morts et condamnés à mort est très exhaustive). Eco explique que « La suspicion envers le monde intellectuel a toujours été un symptôme d'Ur-fascisme (…) pour l'Ur-fascisme, le désaccord est trahison.» (p38-39). L'Ur-fasciste est également raciste et promeut la peur de l'autre, du différent. L'Ur-fascisme fait appel aux classes défavorisées par une crise économique ou une « humiliation ». Quant à ceux qui n'ont aucune identité sociale, l'Ur-fascisme propose le nationalisme. L'obsession du complot, si possible international. « Le moyen le plus simple de faire émerger un complot consiste à en appeler à la xénophobie. ». Les disciple de l'idéologie fasciste doivent se sentir humiliés par la richesse ostentatoire et la force de l'ennemi. Les fascismes sont condamnés à perdre leurs guerres. Pour l'Ur-fascisme, "il n'y a pas de lutte pour la vie, mais plutôt une vie pour la lutte". Le pacifisme est alors une collusion avec l'ennemi: "le pacifisme est mauvais car la vie est une guerre permanente. ». Mais le fascisme attend la solution finale qui implique qu'il s'ensuivra une ère de paix, un âge d'or venant contredire le principe de guerre permanente. Autre caractéristique de ce fascisme éternel, l'élitisme et le mépris pour les faibles qui ont besoin d'un dominateur, d'un interprète de la volonté commune. C'est ce que Eco appelle « l'élitisme de masse ». Si dans toutes les mythologies, le héro est un être exceptionnel, dans l'idéologie Ur-fasciste, le héros est la norme. Un culte de l'héroïsme étroitement lié au culte de la mort. Le héro Ur-fasciste est impatient de mourir et « dans son impatience, il lui arrive plus souvent de faire mourir les autres. ». Lorsque la guerre permanente et l'héroïsme sont des jeux difficiles à jouer, l'Ur-fasciste transfère sa volonté de puissance sur des questions sexuelles. Là nous dit Eco est l'origine du machisme, du mépris des femmes et de la condamnation de la liberté sexuelle. L'Ur-fascisme se fonde également sur un populisme qualitatif. Le « peuple » est conçu comme une entité monolithique exprimant la volonté commune. Le leader se veut leur interprète. Le peuple devient une « fiction théâtrale ». L'Ur-fascisme parle la « novlangue » ( Orwell 1984). Au peuple on sert un lexique pauvre et une syntaxe élémentaire, afin de limiter les instruments de raisonnement complexe et critique. Ainsi, "L'Ur-fascisme est susceptible de revenir sous les apparences les plus innocentes. Notre devoir est de le démasquer, de montrer du doigt chacune de ses nouvelles formes _ chaque jour, dans chaque partie du monde. " (Eco 2017:50)...
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Umberto Ecco nous offre un essai en brossant le portrait par 14 caractéristiques du fascisme.
Le fascisme il l'a bien connu, enfant né sous Mussolini, à dix ans il remporte le premier prix aux Ludi Juveniles "un concours à libre participation forcée pour jeunes fascistes italiens", et seulement une année après en 1943 à la chute du fascisme et l'arrestation de Mussolini, il lisait pour la première fois de sa vie les mots, liberté, dictature.
C'est en homme averti qu'il peut argumenter cet article et nous ouvrir si cela n'est déjà fait l'esprit au mieux les yeux afin de lire sa conclusion "L'Ur fascisme est susceptible de revenir sous les apparences les plus innocentes.Notre devoir est de le démasquer, de montrer du doigt chacune de ses nouvelles formes - chaque jour, dans chaque partie du monde."
Quelle bonne idée les Editions Grasset ont de rééditer cet essai afin de réveiller les consciences civiques.
(Lire, penser, résister)
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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
28 août 2017
Pour Eco, le fascisme serait incrusté au plus profond de nos vies et est appelé à emprunter mille visages pour ne pas qu’on le reconnaisse nommément.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Le terme fascisme s'adapte à tout parce que même si l'on élimine d'un régime fasciste un ou plusieurs aspects, il sera toujours possible de le reconnaître comme fasciste. Enlevez-lui l'impérialisme et vous aurez Franco et Salazar ; enlevez le colonialisme et vous aurez le fascisme balkanique. Ajoutez au fascisme italien un anti-capitalisme radical (qui ne fascina jamais Mussolini) et vous aurez Ezra Pound. Ajoutez le culte de la mythologie celte et le mysticisme du Graal (totalement étranger au fascisme officiel) et vous aurez l'un des gourous fasciste les plus respectés, Julius Evola.
Page 33
Commenter  J’apprécie          230
En 1942, à l’âge de dix ans, j’ai remporté le premier prix aux Ludi Juvendes (un concours à libre participation forcée pour jeunes fascistes italiens — lisez, pour tous les jeunes Italiens). J’avais brodé avec une magistrale rhétorique sur le sujet : « Faut-il mourir pour la gloire de Mussolini et le destin immortel de l’Italie ? » Ma réponse était affirmative. J’étais un petit garçon très éveillé.
(Incipit)
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Puisque aucune quantité d'êtres humains ne peut posséder une volonté commune, le Leader se veut leur interprète. Ayant perdu leur pouvoir de délégation, les citoyens n'agissent pas, ils sont seulement appelés, pars pro toto, à jouer le rôle du peuple. Ainsi le peuple n'est plus qu'une fiction théâtrale. Pour avoir un bon exemple de populisme qualitatif, il n'est plus besoin de Piazza Venezia ou du Stade de Nuremberg. Notre avenir voit se profiler un populisme qualitatif télé ou Internet, où la réponse émotive d'un groupe sélectionné de citoyens peut être présentée et acceptée comme la "voix du peuple". (Page46)
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L'Ur-fascisme naît de la frustration individuelle ou sociale. Aussi, l'une des caractéristiques typiques des fascismes historiques est-elle l'appel aux classes moyennes frustrées, défavorisées par une crise économique ou une humiliation politique, épouvantés par la pression de groupes sociaux inférieurs. A notre époque où les anciens "prolétaires" sont en passe de devenir la petite bourgeoisie (et où les Lumpen s'auto-excluent de la scène politique), le fascisme puisera son auditoire dans cette nouvelle majorité.
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L'Ur-fascisme est toujours autour de nous, parfois en civil. Ce serait tellement plus confortable si quelqu'un s'avançait sur la scène du monde pour dire : "Je veux rouvrir Auschwitz, je veux que les chemises noires reviennent parader dans les rues italiennes !" Hélas, la vie n'est pas aussi simple. L'Ur-fascisme est susceptible de revenir sous les apparences les plus innocentes. Notre devoir est de le démasquer, de montrer du doigt chacune de ses nouvelles formes _ chaque jour, dans chaque partie du monde. "
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