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EAN : 9782070400218
192 pages
Gallimard (23/04/1996)
3.81/5   60 notes
Résumé :
L'auteur de Septentrion nous offre cette « biographie spirituelle », dans laquelle il essaie de cerner les fluctuations de la sensibilité secrète d'un homme. Qui est cet homme ? Il aurait pu annoncer son retour, entretenir des rapports de bon voisinage, renouer avec une ancienne maîtresse. Mais il préfère la solitude. Il s'est dépris du monde. Sa filleule vient passer ses vacances auprès de lui. En acceptant de la recevoir, il pensait à une enfant. Or c'est presque ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Uzès- Mai 2004 - Relecture août 2023


Un très beau texte prodigue en contrastes !

Relecture de ce texte personnel et singulier de Calaferte, déniché il y a bien longtemps, chez un libraire d'ancien à Uzès, et à un prix soutenu...(** il existe aujourd'hui en poche / Folio)
Faisant régulièrement des rangements et tris au fil de l'année, des envies de relectures surgissent ainsi...inopinément !

J'ai bien fait...car tout en appréciant fort cet écrivain, la 1ère lecture de l'ouvrage m'avait laissé peu de souvenirs, alors que cette relecture m'a offert une nouvelle appréciation plus attentive et nuancée.

Le narrateur-auteur retrouve "sa" maison familiale au bout de 5 années d'absence; une maison chère à son coeur...liée à son enfance...et par dessus tout , la vraie prunelle de ses yeux : sa bibliothèque, SES LIVRES !

Un couple de gentils gardiens vieillissants : Clémence et Adrien, l'accueillent chaleureusement; ils ont préparé la maison...et s'en occupent depuis longtemps, comme de "son propriétaire ", semble-t-il...

Évocation de souvenirs d'enfance, des parents, d'un père très aimé, d'une mère aussi lumineuse et aimante...évocation , bien sûr, du temps qui passe, de son propre vieillissement...Alternent de somptueuses descritions de la nature, du jardin...de cette maison, " matrice rassurante "....

"Parce que l'air s'est rafraîchi, après un gros orage, le vent presque froid, il a l'impression de retrouver cette particulière atmosphère des jours d'hiver, si propice à la sérénité ; la maison calfeutrée , le bureau bien chaud, la robe de chambre épaisse, les soirées et les nuits silencieuses, le molleton de la neige, la lampe sur la table, le papier blanc, l'encre, les livres, l'ardeur close de l'esprit; ce lent et grave rassemblement sur soi."

Évocations aussi de sujets plus sombres, comme une obsession de la mort...le rejet des attachements ?!

Une sorte de goût et besoin de "Solitude" , mâtinée d'un zest de " misanthropie"...

Une chose et son contraire se côtoient : la Poésie comme des propos tranchants, la brutalité comme une extrême sensibilité
(*** l'extrait suivant, choisi, en montre un aperçu)

"Dans le taxi qui m'emmène, c 'est à Van Gogh que je pense.Non pour une raison inconnue, mais parce que le matin même j'avais feuilleté sa - Correspondance-.Et je suis ému au point d'en avoir la gorge serrée, comme chaque fois que je me remémore les épisodes désolants et nobles de cette vie exemplaire.
Cette lettre, dans laquelle il crie à son frère, non seulement sa douloureuse, sa grandiose solitude d'homme et d'artiste, comme dans toutes les autres, mais surtout qu'il a été outragé, qu'on ne le comprend pas, qu'on le rejette, qu'il n'est pas admis pour ce qu'il est.(...)

Il faut des êtres purs: qui sont les vivants sacrifices et les sauveurs de notre monde."

Le narrateur- auteur...en quête d'un impossible équilibre, obsédé par la mort, qu'elle soit celle des humains ou celle des êtres vivants, des animaux....s'obstinant dans son rejet des
" attachements", si obstiné que cela en devient " douteux" !!

Comme un " ours mal léché: , qui se réjouit toutefois d'accueillir sa petite filleule,
Clémence , pendant les vacances..., allant jusqu'à franchement se rejouir de sa présence !

Une sorte de " Journal" , " biographie spirituelle" ce texte est difficilement classable !

Parfois, une seule phrase, une seule pensée occupe la page...
Le venue et la présence de Geneviève, sa toute jeune filleule , va heureusement égayer la vieille demeure familiale...et son habitant...qui à travers cette adolescente va se projeter dans sa propre jeunesse ...

Il évoque aussi abondamment les femmes dont cette ancienne amoureuse, M, à proximité de chez lui...qui toutefois ne rentrera jamais vraiment dans L Histoire !...Elle restera un mystère et cette absente , il n'a finalement guère envie de la retrouver !

Un solitaire...qui hormis la Nature, les Livres, l'Écriture , a un mal certain avec toute vie sociale, même s'il tente de faire quelques
efforts, avec ses anciennes connaissances !

Après 5 années d'absence, il s'est ,sans le vouloir , " dépris", du lieu, et surtout des personnes,se trouvant dans la distance ( *il fait à cause de cela , quelques balourdises).En dehors de très émouvantes évocations pleines de pudeur, touchant ses parents, dont son père, homme bienveillant, être très taiseux :

"Il y a dix-sept ans mourait mon père.

(...) Il m'aimait. (...)

Seul dans la pièce bien propre, bien ordonnée, la fraîcheur du matin, sa pureté, s'infiltrant par la fenêtre entrouverte, je me suis rappelé avoir quelquefois trouvé mon père, chaque jour debout avant nous tous, à cette place même où je suis assis.Nous faisions ensemble le tour du jardin.Il aimait les arbres. Il les touchait, les flattait de la main.Il me tenait par le bras.J'avais un peu froid.L'herbe était humide.Il y avait des touffes de grands Iris mauves, qui étaient ses fleurs préférées. Nous nous attardions à les contempler. "

Le titre est fort justement choisi ,est en parfait accord avec ce texte original:

" Rosa Mystica" confond, rassemble à la fois l'amour du narrateur pour la Nature, les fleurs...la terre, vierge des petitesses humaines et d'un autre côté,sa quête spirituelle, existentielle, son bilan de vie à un.moment donné ( * la quarantaine, au demeurant !)

Une prose atypique, magnifique...à lire lentement !




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Ce livre ressemble à une dentelle finement travaillée avec attention, patience et amour. Sa relecture, après bien des années, m'a permis d'en apprécier et d'en savourer toute la grâce.
L' acuité du regard de l'auteur est plein de tendresse pour la fragilité, la ténuité des souvenirs et la beauté poignante de moments privilégiés qui forcément sont appelés comme chacun d'entre nous à disparaître.
Ainsi, " La fine grainelure de la poussière suspendue, voltigeante miroitait dans les faisceaux du soleil pénétrant la chambres par les rainures transversales des volets de bois. La chaleur de la matinée avait engrangé déjà dans la pièce une densité de molle tiédeur tissant comme une impalpable résistance élastique dans laquelle on eût pu se croire incrusté."
Calaferte parvient à donner vie, corps à l'imperceptible avec une retenue et une délicatesse qui atteint toute sa plénitude dans l'observation de la joliesse de Geneviève, filleule de cet homme solitaire qui rentre chez lui après des années d'absence. Ce n'est plus l'enfant qu'il a quitté qui lui rend visite mais une presque femme de quinze ans d'autant plus attirante qu'elle n'est pas encore tout à fait consciente de sa séduction. Il observe et goûte la douceur de chacun des instants passés en sa compagnie, ses étonnements et la délicatesse de ses gestes.
"À genoux sur la terre, elle approche d'elle une rose qu'elle tient comme un calice entre ses paumes et y enfouit un instant son visage, les yeux fermés."




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Curieux livre ! Récit très intimiste où le narrateur se remémore son passé, la maison familiale de son enfance, ses amours, les amis qui l'ont accompagné..., mêlé à des considérations d'ordre plus philosophique. Cela donne un livre où il n'est pas toujours aisé de se repérer. Il faut pouvoir le lire suffisamment lentement pour s'imprégner de l'ambiance surannée qui y est décrite. Savoir s'arrêter sur telle ou telle réflexion. Je n'ai pas toujours été conquis par ce récit où les expériences intimes du narrateur sont trop éloignées des miennes. Elles se rejoignent insuffisamment et ne permettent pas toujours l'identification. Louis Calaferte reste cependant un auteur à découvrir.
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Un homme revient chez lui après 5 ans d'absence et redécouvre un univers passé au travers de récits, d'anecdotes, de souvenirs divers, en décrivant des sensations, en émettant des avis sur des sujets de société et en sélectionnant les gens qu'ils souhaitent revoir ou pas. Il accepte de s'occuper pendant le temps de ses vacances de sa filleule Geneviève. On retrouve dans cet ouvrage, toute la faconde de l'auteur, sa grande sensibilité s'exprimant souvent par des phrases riches en vocabulaire, parfois un peu longues, mais offrant un réel plaisir de lecture !
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ROSA MYSTICA de LOUIS CALAFERTE
J'étais resté un peu perplexe après la lecture de la Mécanique des Femmes. Rosa Mystica, au contraire m'a totalement convaincu quant au talent du sieur Calaferte. Un homme revient chez lui après 5 ans d'absence, il renoue avec ses habitudes , sauf avec son ancienne maîtresse. Il sait qu'elle est toujours là, elle sait qu'il est de retour, mais il préfère la solitude et elle ne se manifeste pas. Sa filleule souhaite le voir et retrouver la maison et le lac, elle y avait passé un été des années auparavant. Il accepte de la recevoir et attend Geneviève, il attend l'enfant de son souvenir, c'est une presque femme qui débarque.
C'est un livre plein de pudeur, très poétique, le sexe est oublié pour un esthétisme teinté d'érotisme. Cet homme contemplatif devant sa filleule est touchant et émouvant. Très bien écrit, étonné que Calaferte n'ait pas plus de notoriété.
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Citations et extraits (83) Voir plus Ajouter une citation
Moi, dont la nature est éloignée autant qu'il se peut de l'avarice, de la cupidité, de l'intéressement, de la possession enfin : je deviens avide lorsqu'il s'agit de livres. Je les accumule sur les rayons, je les case, je les entasse ; incapable que je suis de me débarrasser de l'un deux, fût-il de la dernière valeur.
Les reliures brillantes sous la lumière, la chaleur fauve des cuirs, cela m'a ravi. Plaisir intime que de tirer de sa niche un livre, de caresser sa reliure, de le feuilleter, de s'attarder, admiratif, à la finesse des gravures, de respirer l'odeur grise du papier ; entre le pouce et l'index d'en apprécier le grain, l'épaisseur, le velouté, la douceur lisse. Chaque fois une satisfaction de presque concupiscence.
Seul, la tête appuyée dans la souple mollesse du fauteuil, j'ai joui durant tout le crépuscule, de la clarté dorée, limpide, qui pénètrait par la fenêtre ouverte ; enrichissant la pièce de sa fluidité qui me rappelait celle de certaines toiles hollandaises.
Est-ce là le bonheur ? (c'est un élément d'un possible bonheur)
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Simple, mais vrai contentement, que d'entrer au moment du coucher, dans la chambre agréablement aménagée et décorée. L'odeur de lessive des draps propres. Tiédeur de la pièce chauffée par le soleil de la journée, où flottent comme en traces légères les saveurs de la campagne.
Ce sont des sensations de cette nature, des minutes aussi fugaces, mais profondément ressenties, qui sont le bonheur; qu'il faut s'appliquer à savourer.
Ce sont ces instants, ces détails infimes que, plus tard, l'on regrette, qui vous bouleversent aux larmes lorsqu'ils sont à jamais disparus.
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Liqueur bleue du ciel, panachée, au loin, par les trainées déchiquetées et les boules d'ouate gris-blanc des nuages de chaleur. Devant moi, par-dessus le mur de clôture, la cime dentelée des hauts mélèzes, l'épaisse rotondité moussue de deux gros hêtres proches l'un de l'autre, leur feuillage se confondant ; le vol plané d'un martinet comme imprimé en relief sur ce jeté d'espace.
Comment se fait-il que par ce temps éclatant j'en vienne à me remémorer la pure beauté de ces nuits d'hiver, sous la pleine lune qui diffuse une laque bleutée réfléchie par la neige. Nuits si parfaitement limpides qu'on voit autour de soi aussi distinctement qu'en plein jour mais le velouté de la lumière liquide ajoute, embellit le paysage.
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Les suivre pour le seul plaisir de les voir marcher, tout le corps engainé, mouvant, balancé, tout le corps vivant dans la mince pelure de la robe. Le long muscle du mollet, à chaque pas tendu. Le fin équilibre sur le peu d'assise des hauts talons, et la cambrure qu'ils imposent.
Cette gracilité élégante qui n'appartient qu'à la femme. Qui est source d'émoi lorsqu'on la voit se manifester.
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Qu'est que le voyage? sinon une tentative de divorce d'avec sa réalité présente, un refus de soi avorté parce qu'il s'est trouvé une issue propice. Du moins a-t-on la latitude d'essayer de cette ébauche de suicide qu'est le départ. (L'absurde subordination ce serait si, à tout moment, nous ne disposions pas de cette possible évasion par le suicide.)

(Incipit)
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Videos de Louis Calaferte (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Louis Calaferte
Virginie Despentes accompagnée par le groupe Zëro : Éric Aldea (guitare), Ivan Chiossone (claviers), Frank Laurino (batterie) Son : Wilo
Depuis Baise-moi en 1994, Virginie Despentes s'est imposée comme une écrivaine majeure avec notamment Les Jolies Choses (prix Flore 1998), Teen Spirit, Apocalypse bébé (prix Renaudot 2010) ou encore son essai King Kong Théorie. C'est qu'il y a chez elle une énergie d'écriture salutaire et sans concession, mais aussi une intelligence rare. L'acuité de son regard sur le monde contemporain (tantôt hilarant, tantôt glaçant de vérité), on la retrouve dans la « série » Vernon Subutex, fresque incroyable en trois tomes. Personne n'échappe à Virginie Despentes et, en même temps, elle sait très bien qu'il est jouissif de canarder à tous crins. Elle s'efforce donc de prendre à bras-le-corps, et d'aimer aussi, cette galerie de personnages ultramodernes qu'elle met en scène.
Ce soir elle vient accompagnée du groupe de rock Zëro pour payer une dette littéraire : celle qu'elle doit au mythique Requiem des innocents de Louis Calaferte.
À lire – Virginie Despentes, Vernon Subutex 3, Grasset, 2020. À écouter – Zëro, « Requiem des Innocents » (avec Virginie Despentes), 2LP Ici d'Ailleurs, 2020.
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