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3,66

sur 1383 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Sarah m'avait foutu à la porte de ma propre vie".
L'écrivain Paul Steiner "impossible à vivre" a du mal à accepter le rejet de sa femme Sarah et l'éloignement de ses enfants, sur lesquels se greffent Paris, "qui ne lui vaut rien" et la mésentente avec son frère (dont les discussions politiques tournent aux "engueulades").
Entre deux cachets et deux whiskys, il quitte Saint Malo pour V. le voilà parti chez ses parents ( endettés pour acheter un pavillon de banlieue près de cités HLM), suite à l'hospitalisation de sa mère en état de confusion mentale. Plein de ressentiments envers son père qu'il veut aider mais qui ne l'aime pas et "n'a rien vu" venir, ni le cannabis de ses jeunes années, ni le "prozac" maternel, Paul, plein de préjugés, retrouve ses souvenirs et copains d'enfance.
Lui qui a toujours regretté de ne pas "être né ailleurs", s'est "embourgeoisé" de par l'argent qu'il gagne, ce que lui reprochent ses anciens amis, mais, paradoxe, il ne veut surtout pas être dans la peau d'un "bobo".
Un nez cassé plus loin, celui de l'amant de sa femme, une tentative de noyade plus tard, celui de la fragile Sophie "en cage" maritale, sa maîtresse énamourée, il découvre un secret de famille. Entre deux actualités télévisées sur la campagne électorale (résolument anti-fachos, il s'insurge que son père, ancien ouvrier, puisse voter pour la "Blonde") et le drame du nord du Honshu, c'est un véritable tsunami intérieur qui déséquilibre ce dépressif nostalgique "trop coincé" et en lisière de tout.
Qu'est-ce que la réalité du monde? Peut-on écrire utile? Se réfugie-t-on dans l'écriture pour vivre? Quel sens donner à sa vie? Les gens sont-ils "rongés par l'ennui"? "Quel mal y a-t-il à mener une vie normale?" A-t-on "la vie qu'on mérite"? Peut-on rattraper les relations (avec ses parents) basées sur des non-dits, dés le départ? A quoi tient un couple?
Que de questions en attente de réponses. Paul, toujours amoureux de sa femme, se remettra-t-il en question?
C'est triste, cette génération Paul Steiner aux rêves écroulés, c'est triste, c'est du Olivier Adam, c'est Olivier Adam qui a mis beaucoup de lui dans cette autofiction.
Dans les lisières, nous retrouvons l'atmosphère glauque et étouffante de Falaises et de A l'abri de rien ((prix France télévision 2007), avec toujours cet équilibre fragilisé, border-line du à la perte d'un proche dans la jeunesse ou l'enfance.
C'est triste mais beau car percutant et diablement bien écrit!
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J'entends que "les lisières" fait partie des potentiels favoris du Goncourt . J'entends des éditeurs qui ruent contre la rentrée littéraire actuelle , vaste opération de communication .
Ok, c'est bien .
J'ai lu "les lisières", j'ai sacrément aimé "les lisières" !
Quand un bout de notre monde , des bouts de notre époque actuelle ,convergent avec des bouts de vie d'un homme et que çà me touche, et que je me reconnais ici et là, pour moi c'est un bon début.
Quand j'ai hâte de reprendre ma lecture, que je crains une fin qui me déçoive et que là, c'est pas le cas , j'commence à penser sérieusement au 5 étoiles!
J'ai lu des critiques, qui parlaient d'un livre sombre, du début à la fin le héros ne fait qu'espérer ; bien sur il se plante des fois, mais si l'espoir rendait parfait çà se saurait . Paul se voile la face régulièrement certes mais survient toujours une réalité qui te replace là où tu dois être , il n'y échappe pas.
C'est mon premier Olivier Adam, ce ne sera pas mon dernier .
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Un voyage à rebours, vers un passé qu'il aurait voulu oublier. le narrateur (qui a beaucoup emprunté à l'auteur, ou bien est-ce le contraire ?) revient vers cette banlieue francilienne, qu'il a tant détestée et fini par fuir au fil de sa carrière d'écrivain à succès. Sa mère est hospitalisée, elle n'a plus toute sa tête et son père va se résoudre à vendre le pavillon qui a abrité toute leur vie de couple, pour entrer en maison de retraite. Les souvenirs affluent, il retrouve des amis oubliés, un amour de jeunesse, resté inabouti, qui va refleurir à l'âge de la maturité. Toujours insatisfait, aigri par la vie (qu'il a choisie), il va une fois de plus passer à côté d'un bonheur possible et toujours repoussé. Dans ce récit amer, Olivier Adam se met à nu et va partager avec nous, le temps de la lecture et bien après, ce mal de vivre qui ne le quitte jamais. Une profonde sensibilité aux choses et aux êtres, le charme d'une écriture souple et attentive à décrire avec précision les petites choses de la vie, et beaucoup, beaucoup de vérité...
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ce livre est un régal en tous points !
j'aurais pu mettre une bonne centaines de citations ... tout y est important. J'ai adoré l'histoire déchirante de ce père, séparé de ses enfants, luttant contre la maladie et le mensonge. contre cette "misère en lisières", cette société uniquement adapté pour et par les gens bien lotis. ce scandale dans l'orientation des élèves des périphéries. ce racisme ambiant .
bref un livre qui nous offre la possibilité de réfléchir sur bien des choses, si on ne l'a pas déjà fait...
cet ouvrage respire la sensibilité, les sentiments y sont si bien décrit qu'une seule chose arrive quand on arrive a la fin c'est : Va t-il enfin trouver la paix ?
Vais-je moi aussi trouvé mon île ?
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lu en 2011ou 12...je me suis toujours sentie proche de cet auteur et comme lui parfois à la marge. Comme lui j'ai connu des épisodes dépressifs, une tendance à l'introspection destructrice.
Je le lis depuis 2000, je l'ai découvert en jeunesse: j'ai un souvenir glaçant de la Messe Anniversaire.
Il est devenu un peu un ami: nous discutions souvent que ce soit à Roubaix ou à Manosque. Sa compagne et sa fille écrivent aussi...
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Difficile de parler de ce roman que j'ai tant aimé et qui m'a tant émue.

Paul est un écrivain à succès qui se bat depuis des années avec sa Maladie (entendez, une dépression) qui le ronge, qui l'a fait jeûner des mois durant étant adolescent, et dont il subit encore les conséquences aujourd'hui, la quarantaine passée.

Sa femme, bien ancrée dans le "vivant" puisqu'infirmière, lui reproche sa distance, son incapacité à vivre sereinement et simplement. Elle lui impose donc la séparation. Au moment où le roman s'ouvre, il vit dans un petit appartement, dans cette ville du bord de mer, à quelques centaine de mètres de la maison familiale où Sarah vit avec les deux enfants.

Xanax et whisky l'aident à passer certains caps et certaines humeurs en attendant que l'inspiration pour son nouveau roman revienne.

Appelé par son frère aîné, il se rend dans sa ville natale pour accompagner son père au quotidien, en attendant le retour de sa mère à l'hôpital. Les liens avec sa famille, toujours en banlieue parisienne, sont plus que distendus. Ils sont des étrangers les uns pour les autres, connaissant davantage ce qui les agace, ce qui les éloigne que ce qui les relie, mis à part ces liens du sang.

Paul, comme pour fuir son présent, part à la rencontre de son passé et des amitiés et amours qui l'on construit, comme s'il débobinait l'écheveau de sa jeunesse pour mieux revenir aux sources de son mal-être, de sa Maladie.

Ce roman est dense parce qu'au-delà du cheminement personnel, il y a un fort ancrage social et contemporain, c'est le témoignage d'une génération de rêves d'ascension sociale, de parents ouvriers. Paul s'est construit seul, différent, dans cet univers banlieusard culturellement pauvre dont il est si loin à présent, lui et sa volonté de créer sa famille, ses amis, ceux qu'il a choisis. En retournant sur les lieux de son enfance, il part à la recherche de lui-même. C'est un roman d'amour, de soi, des autres, de l'Autre.

Ce roman c'est aussi une réflexion sur la famille, la fraternité, comment la construction des uns est inévitablement imbriquée dans celle des autres : se construire en opposition/réaction, par-delà des souffrances parentales dont on ne connait pas toujours les causes et encore moins leur ampleur.

J'ai beaucoup aimé le personnage de Paul, si touchant, si brillant socialement et si "looser" dans l'intimité. J'ai eu envie de croire en ses espoirs, il m'a beaucoup émue.
Lien : http://leslecturesdalice.ove..
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Juste après avoir retiré le DVD des vents contraires de mon lecteur, je me suis plongé dans le dernier roman en date d'Olivier Adam, ces fameuses Lisières sorties à la rentrée littéraire de 2012 et que j'avais classé en tête des romans que je voulais lire à cette époque.

Finalement, je ne l'ai pas lu à sa sortie, mais j'ai profité de sa-rapide- publication en poche, chez J'ai Lu, pour me plonger avec avidité dans ce pavé de plus de 400 pages.

C'est d'ailleurs assez étrange comme sensation d'enchainer les Vents contraire (le film) et ces Lisières, vu que les noms des personnages sont les mêmes: là encore, le narrateur s'appelle Paul Steiner et il est écrivain, sa femme, est dans les deux livres infirmière et s'appelle Sarah, et ses deux enfants portent également le même prénom et sembler possèder des caractéristiques similaires.

Je savais qu'Olivier Adam creusait un peu le même sillon dans ces romans, à l'image d'un Philip Roth , mais cette continuité dans son travail ne m'avait jamais autant sauté aux yeux. En tout cas, cela a du me gener quelques lignes seulement, car ensuite, j'ai été totalement pris par ce livre et par la façon dont Adam mélange à ce point autofiction (ce Paul Steiner lui ressemble énormément sur plein de points), intrigue à rebondissements (il ya dans ce livre une noyade, des révélations familiales, des trahisons...) et réflexion intime et pertinente sur le retour aux sources .

Ces lisères sont sans doute- sur le papier et à la lecture- le roman le plus audacieux et le plus ample de son auteur, tant il peut -être appréhendé à différents degrès de lectures : Olivier Adam mêle l'histoire personnelle d'un homme expulsé de sa propre vie ( sa femme l'a quitté au début du roman et il voit peu ses enfants, à son grand désarroi) à l'histoire des classes moyennes aujourd'hui en France. Adam arrive à tisser cette histoire intime à ces réflexions sociologiques et poltiques avec un brio absolu.

Paul est paumé géographiquement, affectivement, socialement. Et ceux qui gravitent au fil de ses longs et passionnants chapitres ne sont pas plus solidement ancrés que lui dans la réalité quotidienne.

Ce constat est certes peu reluisant, mais en même temps il sonne terriblement juste. Sa fresque prend alors des accents de vérité incroyable, tout en portant un souffle romanesque parfois incroyable, alors même que son écriture n'a jamais été aussi sèche, débarassée des fioritures de ses débuts.

Adam ressasse toujours les thèmes qui lui sont propres, et qui ne sont pas forcément d'une grande gaeité ( la dépression, la recherche de sa place dans un monde vide, la difficulté d'être père, les hypocrisies du monde de l'édition), mais je me suis tellement reconnu dans certaines de ses pensées et dans la justesse de ses propos que c'est le plaisir de lecture qui est largement au bout.

Ce récit fait terriblement écho à nos histoires personnelles, même si l'on n'est ni romancier, ni issu de milieu ouvrier, ni séparé de sa femme et de ses gosses, et c'est tout l'immense talent d'Adam de nous donner cette impression là avec une jublitation permanente de lecture.

Oui, jubilation, car c'est vraiment le sentiment que l'on ressent en plongeant avec ce Paul dans les méandres de son passé, un plongeon certes douloureux (sa famille n'est pas des plus aimables-doux euphémisme) qui lui permettront peut-être de renaitre à la et à ce moment là, qu'importe l'enfance que l'on a eu, le récit ne peut que se faire écho à notre propre histoire, surtout si on a ( comme moi) un peu coupé avec ses racines familiales.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un livre puissant, percutant et habile sur la société d'aujourd'hui, autour d'un homme en proie à des changements douloureux mais universels (un divorce, le vieillissement de ses parents, des secrets de famille). Même si l'on peut reprocher au narrateur un auto-apitoiement constant et une tendance à mettre les gens dans des cases et à schématiser, on sait que cela fait partie de l'intérêt du roman. En effet, l'analyse à mon avis très fine de la société passe par cette relative noirceur et ce pessimisme constant qui ne nuisent en rien à cette histoire forte. Quant à l'écriture, c'est ample, efficace, maîtrisé.
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J'ai beaucoup aimé ce livre qui m'a fait découvrir Olivier Adam que depuis je ne quitte plus...

J'ai aimé sa sincérité pas toujours très facile à dire sur les liens parentaux... ce malaise que l'on peut ressentir vis à vis de sa famille quand on a pris un autre chemin qui fait qu'avec le temps on a pris de la distance et on se sent étranger, incompris... et aussi ingrat...

Je l'ai lu en 2013... mais ce roman est encore très présent... j'associe Olivier Adam à Annie Ernaux... romans sociologiques... qui quelque part nous parlent toujours de quelque chose de nous...

Il fait partie des livres que je relirai... c'est certain...
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"Les lisières"est un roman doux et amère, une véritable analyse de la société et du mal être ambiant.Paul Steiner nous raconte son histoire et celle de sa famille . Il porte un regard sans complaisance sur lui même. Sa femme l'a quitté. Il voit peu ses enfants. C'est un homme qui se sent perdu à la lisière de la vie:affectivement , socialement et même géographiquement. Il nous parle de la réalité de son quotidien ainsi que de ses réflexions et émotions qui sont des passages passionnants.
Olivier Adam nous transmet très bien les sentiments tel que l'amour, l'amitié, la rage . Il donne une place importante aux paysages du littoral, de la forêt, de Paris et sa banlieue.
C'est un roman dense et émouvant une véritable réussite.
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