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Jean-Marc Agrati (Autre)
EAN : 9791091146395
352 pages
Dystopia (15/01/2021)
3.41/5   16 notes
Résumé :
Premier recueil de Jean-Marc Agrati, Le Chien a des choses à dire est une suite de 24 nouvelles tour à tour poétiques, drôles, grinçantes ou cruelles, toujours décalées. Des histoires dans lesquelles la réalité se prend des crocs-en-jambe futuristico-surréalistes de toute beauté: entre la tendresse, la nostalgie d'un monde perdu où les chiens et les enfants pourraient s'aimer en toute simplicité et la fureur d'un monde virtuel et guerrier qui se construit. Un petit ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Je dois avouer que lors de la dernière opération Masse Critique "Mauvais genres", j'ai choisi ce livre un peu par dépit…
Du genre : "Bof, essayons ça…"
Sans grande conviction donc…

Et bien, ce fut très bonne surprise que la lecture de cet auteur que je ne connaissais pas !.
Les textes de Jean-Marc Agrati me rappellent par leur concision et leur côté absurde Jacques Sternberg ou Jean-Pierre Andrevon, ainsi que ceux de Bukowski pour le langage cru et le côté trash.

Ce que j'ai apprécié dans ces nouvelles, c'est que le trash n'est pas gratuit, mais est intégré au récit et le sert.

En outre, et c'est un point notable, le fantastique de Jean-Marc Agrati est si personnel et original, que j'ai du mal à le rapprocher d'autres auteurs, autres que ceux cités ci-dessus et encore Agrati se distingue t'il d'eux.

J'ajoute que les nouvelles se lisent vite grace à une écriture fluide, maîtrisée et sans digressions ou fioritures qui pourraient les alourdir.

En bref, je n'ai pas besoin d'attendre la fin du délai de 30 jours pour rendre ma copie : ce recueil est une vraie découverte enthousiasmante pour moi !

Merci à Babelio et à Dystopia pour cet envoi (attentionné, avec plein de petits goodies !)
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Le chien a des choses à dire et il est pas content. Bon dieu que ça gratte quand on lit Agrati. On se retrouve comme un chien tout pouilleux, tout galeux à la recherche d'un maître ou d'un os à ronger. Moi, j'ai bien aimé cette lecture. L'ensemble est cohérent, prenant, mais je retire quand même un petit morceau d'étoile pour représenter le morceau de peau que j'ai perdu en me grattant. En espérant que je ne perde pas un bout d'oreille ... Que je ne finisse pas déchiquetée dans la bouche d'un autre. En même temps, je préviens : Âmes sensibles s'abstenir. C'est violent et drôle à la fois, corrosif, caustique, un peu comme dans l'histoire de Paf le chien.
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Enfin de retour, « le chien a des choses à dire » est toujours aussi affreusement et délicieusement mordant, dix-sept ans après sa première publication. Alerte sauvage dans la pop culture et dans les cages d'escalier, sang, stupre et bière pas seulement au lycée, mais dans tout le sens de la vie. Phénomène retors et poétique en 24 nouvelles.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/05/25/note-de-lecture-le-chien-a-des-choses-a-dire-jean-marc-agrati/

« On foutait que dalle » : c'est par ces quatre mots secs et hypnotiques, déjà comme un leitmotiv en gestation (et des gestations, de toutes sortes, il en sera souvent question au détour de ces 24 nouvelles), que débutait, légende en devenir, le premier recueil de Jean-Marc Agrati, publié en 2004 aux éditions Hermaphrodite, épuisé depuis de trop longues années, et enfin réédité en 2021 chez Dystopia.

« On foutait que dalle » comme une subversion programmatique : ici, le sens de la vie, d'emblée réinterprété par d'insondables émules des Monty Python dont la poker face masquerait jusqu'au bout les intentions, se dissout dans les méandres d'une pop culture joueuse – où les comics emblématiques s'incarnent au détour des cages d'escalier, pour produire des effets savamment inattendus (« L'usine à miracles »), où les vampires ne sont pas exactement ce que vous pensez (« Un damné à la con »), où les villégiatures d'ultra-luxe servent aussi de terrains de sauvegarde aux hybrides du Dr. Moreau et du Dr. Mengele et de purgatoires improvisés pour sceptiques du réchauffement climatique et des béances de la couche d'ozone (« Paradizium hôtel »), où les bombes humaines prennent une dimension qui n'a rien de téléphonique ou de téléphoné (« On foutait que dalle »).

« On foutait que dalle » comme la métaphore hyper-réaliste et pourtant studieusement insensée d'un univers où l'on traîne, déclassés, remisés, déportés, galeux, sans espoir, parmi d'absurdes petites satisfactions immédiates, société de consommation cannibale qui s'immisce dans les vies matérielles (les vies spirituelles auront été traitées – au sens pesticide du terme – au préalable) : ingénieurs spatiaux exemplaires devenus gardiens de morgue soumis à l'inexorable sous plusieurs formes plus ou moins enchanteuses (« Comme n'importe quelle viande », « Golden shower », « le quax »), ou représentants de commerce (ou assimilés), reconvertis de la vente d'encyclopédies désormais inutiles (ou de retours de l'être aimé), sachant proposer de terminales alternatives domestiques (« À la verticale d'une immense poubelle », « le prix de la consultation »), avant que les animaux ne sortent en masse éventuellement grouillante de leurs fables pour investir ce qui tenait jusqu'alors lieu de réel (« Comme toi sous le soleil », « le bout de gras », « Une tête de chien rouge », « le coyote de l'espace » et son furieux clin d'oeil hitchcockien, « Tu chieras des fleurs »).

Saillies porno et béances trash, humour décapant et férocité acide : « le chien a des choses à dire » use de violence visuelle, auditive et langagière. Bien entendu, et cela avait été signalé par les lectrices et les lecteurs à l'époque de sa première parution, William Burroughs et Kathy Acker, Charles Bukowski et Boris Vian ne sont pas si loin, attentifs. Mais ici tout particulièrement, le sperme, le sang et la bière (avec sa destination finale rappelée jadis par les Garçons Bouchers de François Hadji-Lazaro, sans hasard d'ailleurs pour toutes celles et ceux qui goûtent Roland Topor) sont des liquides photographiques dont la mission est bien de révéler et de fixer. Sous bon nombre des pavés d'abord apparemment jetés ça et là, on trouve les traces de la plage de violence sociale construite, celle que transfigurent à leur manière propre Anthony Burgess ou William Golding : des oranges mécaniques et de majestueuses mouches pourraient parfaitement surgir de « Une petite mayonnaise de pur plaisir » (en version subtilement robotisée) et de « le quax », et peut-être davantage encore parmi les enquêteurs, les combattants et les réfugiés de « le sourire qui pouvait avaler un homme », de « Zéro humain » ou de « G-sus corporate ».

Le paradoxe peut-être central de l'écriture de Jean-Marc Agrati, d'où sourd une bonne part de ce charme dévastateur, et qui ira s'affirmant dans les recueils ultérieurs, « Un éléphant fou furieux » (2005), « Ils m'ont mis une nouvelle bouche » (2008) et « L'apocalypse des homards » (2011), c'est que même sous les pires assauts du stupre consumériste automatisé ou de la pulsion mortifère et anthropophage d'une humanité en voie d'obsolescence avancée (et c'est Günther Anders qui rôde ici à son tour), la poésie et la tendresse parviennent à s'infiltrer et à maintenir vivantes leurs petites racines teigneuses dans les environnements les plus hostiles. Incarnés par certaines figures du chien (qui ne sont pas celles de l'espérance nostalgique irriguant l'oeuvre célèbre de Clifford D. Simak), justement, ou par les enfants récurrents Arachid et Arachid avec leur innocence madrée (« J'entendais leurs rires », « Mais de quoi parles-tu ? », « Tombé du ciel »), ces véritables nids de résistance poétique constituent certainement la colonne vertébrale secrète qui tient debout l'ensemble sous les déchaînements de folie rugissante.

À propos de ce recueil, Maniak insistait, dans Psychovision (ici) sur le rejet résolu de toutes les étiquettes possibles, tandis qu'Antoine Chainas, sur son blog (ici), préférait célébrer la beauté tragique et pleinement incongrue de « ces anti-héros totalement esclaves d'un monde qui se délite », fuyant par tous les orifices : comme le réaffirme avec son magnifique humour ambigu l'ultime paragraphe de la dernière nouvelle du recueil (« Il manque quelque chose dans ce tableau ? »), il ne faudra toutefois jamais négliger la ruse subversive de la révolte qui gronde partout ici, fût-ce par des moyens ô combien peu orthodoxes, et qui ne se contente peut-être plus de branler dans le manche.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Humour trash pour contes cruels.

Le chien qui aboie est un recueil de nouvelles, dont certaines très courtes, axées sur le sexe, le gore et surtout l'absurde.
J'ai eu l'occasion de découvrir cet ouvrage lors de la masse critique mauvais-genre. Je remercie Babelio et l'Association Dystopia pour leur envoi.

Warning : déconseillé aux âmes sensibles
J'ai trouvé les textes dans l'ensemble assez vulgaires. L'auteur joue sur l'humour noir mais c'est parfois assez limite, toujours cruel.
Pour certaines, sans queue ni tête, je n'ai pas réussi à comprendre le message et pourtant je ne pense pas être hermétique à ce genre de littérature. J'aime par exemple Bukowski qu'on pourrait, par moment, rapprocher dans le style.
La fin des nouvelles est souvent absurde, à l'image du récit.

Dans ce recueil, on croise pèle-mêle des violeurs, des cannibales, bref, un ensemble de personnages peu reluisants.

Jean-Marc Agriti s'illustre ici en poète du trash. Il présente des métamorphoses et si souvent le fond me plaisait, la forme beaucoup moins. La provocation étant trop facile.

Sentiment mitigé donc au sortir de cette lecture.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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« le chien a des choses à dire » est le premier recueil de nouvelles d'Agrati, le deuxième que j'ai lu, après « Ils m'ont mis une nouvelle bouche ». J'ai trouvé les deux ouvrages assez semblables ou du moins assez cohérents. Si vous aimez l'un, il y a de très fortes chances pour que vous aimiez l'autre et, inversement, si l'un ne passe pas, l'autre ne passera pas non plus. Agrati continue donc de brasser sexe, fantastique, gore, sentiments humains ou encore absurde pour ne citer que cela (ce qui m'empêche un peu de le traiter de monomaniaque, quoique…), le tout dans un joyeux mélange complètement fou qu'on ne sera pas étonné de voir édité par Hermaphrodite. Ici, 24 nouvelles –parfois très courtes– constituent donc cet univers propre à l'auteur et donnent un ensemble que je trouve plutôt inégal, impression que j'avais déjà eue lors de ma précédente lecture. Je ne saurais d'ailleurs pas dire si « j'aime » ou si « je n'aime pas » puisque certaines nouvelles m'ont beaucoup plu, justement pour leur côté décalé, parfois provoc' mais vraiment bien trouvées, dérangeantes dans le bon sens du terme, etc. J'en ai cependant trouvées d'autres inutilement vulgaires et limite faciles, tournant en rond sans aboutir à rien. Je conseillerais cependant la lecture d'au moins un recueil, ne serait-ce que pour la découverte de cette partie alternative de la scène littéraire française contemporaine au sein de laquelle Agrati a une place toute particulière.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
-On s'apprête à bouffer de l'homme, Zol. Tu peux pas dire que c'est banal !
-L'autophagie est partout, on le sait depuis longtemps. Tiens, la dernière coupe du monde où on a foiré. Les footballeurs sur les affiches... " Leboeuf aime le boeuf ". Et c'est un homme qui parle... tu te rappelles? Et quand t'achètes un saucisson, t'as toujours un gentil cochon qui sourit... on les voit aussi avec des toques de cuisinier et des couteaux de cuisine... comme si c'était eux qui tenaient le couteau. J'invente rien. Tout est là.
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.Elle était plus squelettique que jamais. Ses rotules, son bassin,, ses côtes, je voyais tout. Il n' y avait plus que cette petite lueur cabotine et tendre qui faisait pendant à tout ça. Elle s'est accroupie devant moi et elle m'a tendu une Kro., bien nette, intacte, une canette de 50 centilitres, étincelante, rouge et blanche. Ca aussi, c'était un drôle de trésor ;
On va partager ça, qu'elle a dit. C'est ma dernière.
La bière était chaude, elle moussait, on a dû l'aspirer au fur et à mesure qu'elle s'échappait. On s'en foutait partout., on riait... Et le repas est devenu le meilleur repas du monde.
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J’attendais le train, j’étais triste, je n’avais que sept euros en poche. C’était à peine de quoi prendre trois ou quatre demis dans un bar. J’étais vraiment un pauvre berger perdu dans le bouillon urbain. Je me promenais le long du quai, quand j’ai aperçu un truc qui brillait sur la voie ferrée.
J’ai été voir, et j’ai trouvé une sorte de jouet argenté et compliqué, du style guerre des étoiles. Le truc avait l’air neuf et de bonne facture. Je me baissais pour le ramasser, quand j’ai entendu :
– Ne me touche pas, tu serais électrocuté.
L’objet parlait ! Je ne pouvais pas me tromper. Je me suis redressé et j’ai dit :
– Tu parles ? Mais qui es-tu ?
– Je suis le pistolet de Judge Dredd.
– Merde alors ! Le fameux pistolet à commande vocale qui tire tous les trucs possibles ?
– Oui. Dredd et moi on combattait, et je suis tombé dans un trou spatiotemporel. Il m’a perdu. Mais il va venir me chercher.
(« L’usine à miracles »)
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Et il est parti dans un rire que je ne comprenais plus. Je n’en reconnaissais ni la tonalité, ni les secousses acharnées qui s’amplifiaient, ni la mousse qui débordait de son verre et trempait sa manche, ni l’œil qu’il essuyait, ni les longues voyelles qui n’en finissaient pas de sortir de sa gorge. On s’est tous regardés, la putain, le patron et moi, les clients du bar, jusqu’au gars du tabouret dont les yeux papillotaient, mais on était tous perdus au beau milieu d’un alphabet inconnu. (« Elle est où, la fille, là-dedans ? »)
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On foutait que dalle, on attendait, mais on n’attendait rien. On n’avait pas l’énergie d’emmerder qui que ce soit, quand un mec est passé en nous disant :
– Merde, les gars. Vous foutez vraiment que dalle. Venez chez moi.
On pouvait dire qu’il lisait dans nos pensées. On s’est regardés, et on a tous vu que sa proposition faisait l’unanimité. C’était bizarre, mais on a suivi. De toute façon, au pire, on s’est dit qu’on pourrait passer le temps à l’emmerder chez lui. On était cinq. (« On foutait que dalle »)
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