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EAN : 9782757840979
240 pages
Points (06/03/2014)
4.09/5   95 notes
Résumé :
Le carnet intime de Henry Chinaski lors de sa tournée promotionnelle en France puis en Allemagne en 1978 avec son épouse Linda Lee.
Un railroad novel déjanté qui débute par le récit d'une foudroyante rencontre avec Bernard Pivot sur le plateau de l'émission littéraire Apostrophes. Avec une profusion de documents inédits : des photographies de Michael Montfort, une préface d'Alexandre Thiltges, une introduction de Gerald Locklin, un poème de Fred Voss et une p... >Voir plus
Que lire après Shakespeare n'a jamais fait çaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Bukowski nous invite à un mode de vie minimaliste. Voyager, pourquoi pas, si on ne peut pas faire autrement (Buko était obligé de voyager pour faire des lectures publiques de ses poèmes et gagner quelques kopecks, notamment en Allemagne), mais assurez-vous qu'il y ait toujours du vin dans les transports et dans les chambres d'hôtels. Et sur les plateaux télévisés aussi, ça peut sauver une soirée et faire une bonne vidéo youtube pour les générations suivantes qui s'emmerdent. Les visites de monuments et les excursions touristiques obligatoires deviennent alors moins pesantes et on se sent à nouveau comme chez soi, comme si on n'était pas partis et que le monde entier continuait à nous foutre la paix. Tout le reste compte peu ensuite puisque le vin adoucit tout tandis que la sobriété rend la vie aigue et douloureuse.

« Un commis ou un plongeur est arrivé avec son balai à franges pour finir de tout nettoyer ; une ou deux fois, j'ai senti les franges dégueulasses du balai me fouetter les chevilles. Aucun doute, la vie est insupportable, même si la plupart des gens ont appris à faire mine de rien. »
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Je venais de lire « Journal d'un vieux dégueulasse » quand je suis tombée sur ce livre à la librairie.
Alors pourquoi pas le lire ? Mais pourquoi aussi ?


Bukowski nous livre un carnet de route de sa tournée promotionnelle en Europe, en 1978. C'est ce qu'indique la quatrième de couverture.
L'expression « tournée promotionnelle » associée à Bukowski est intrigante, c'est déjà une bonne raison d'aller y fourrer son nez.


Au début, Bukowski raconte des choses très terre à terre, son quotidien lors de ce voyage avec sa compagne Linda Lee.
Et Bukowski, il boit, et il oublie la suite. le lendemain, il a la gueule de bois puis il picole et il oublie…
Quel arsouille ! Bon.


Quand il passe un après-midi avec la maman de Linda Lee, ils prennent des photos, se font quelques amitiés, quoi de plus normal ? Bien sûr, ils rencontrent d'autres gens, Linda Lee et lui, comme Carl Weissner, son traducteur allemand, ses « admirateurs » (ou pas) lors de sa lecture publique de ses poèmes…


En lisant ce genre d'ouvrage, j'attends d'être éclairée sur la personnalité de l'auteur et là, avec Bukowski, pas de problème, il ne cache rien. Il va pas nous la jouer autrement que comme il est réellement.

C'est-à-dire que, oui, on peut avoir l'impression d'avoir passé quelques heures ou quelques jours avec lui, à partager vraiment ce qu'il a dans le crâne, tout ce qu'il a dans le crâne, même ce qui ne sert à rien, même ce qui n'est pas beau, pas beau au sens esthétique, ce qui ne fleure pas forcément bon.
Et bien sûr dans sa tête, il a rien d'exceptionnel. Quoique…


Et on est touché, ou pas, par la sensibilité d'une personne.
Bukowski c'est une personne publique, qui affiche un j'm'en foutisme à toute épreuve. Oui, mais non.

Il est déstabilisé par des problèmes matériels, liés à son voyage, qui lui paraissent même parfois tout à fait insurmontables.
Lorsqu'ils doivent prendre le train pour Mannheim, et qu'ils n'arrivent pas à trouver les horaires, il est prêt à « tout laisser tomber » et c'est Linda Lee qui doit lui dire « Pas question. On s'accroche. »
Alors ça oui, ça fait écho en moi, quelle personnalité est prête à faire état de telles préoccupations ridicules ?


Bukowski vit sans se soucier de l'image qu'il donne de lui, il s'en fout du qu'en dira-t-on. D'autres sont comme lui.
Mais lui, c'est au point d'appliquer ce précepte aux autres. Chose plus rare tout de même.
Il regarde les gens qui évoluent autour de lui avec une absence de jugement à priori. C'est quelqu'un de fraternel et donc d'attachant.
Moi je dirais qu'il gagne à être connu, ça tombe bien !


Et au milieu de tout ce vide dans son esprit, de toute cette absence de pensées profondes, vous trouverez quelques réflexions (vous pouvez en trouver quelques-unes en citations) qui normalement vous laisseront sur le cul, de par leur lucidité éclairée !


A la fin, il y a quelques poèmes, mais là, je dois avouer que je suis passée complètement à côté.
Du coup, et ne voulant pas inciter qui que ce soit à boire, je dirais qu'un homme nu me suffirait pour l'effet aphrodisiaque (clin d'oeil à la remarquable critique de le_Bison).



Ambiance musicale…
« Je ne sais pas où je vais, oh ça je l'ai jamais bien su
Mais si jamais je le savais, je crois bien que je n'irai plus

Aujourd'hui je t'aime, oui mais demain, on ne peut jamais être sûr de rien
On va toujours seul sur la route, je continue coûte que coûte

Et puis une route en croise une autre et puis une autre et encore une autre
Pourvu que la tienne, oh mon amour, croise la mienne tous les jours

Je ne sais pas où je vais, oh ça je l'ai jamais bien su
Mais si jamais je le savais, je crois bien que je n'irai plus

Et oui je suis une cigale, t'inquiète fourmi j'crêve pas la dalle
La musique c'est un bon gagne-pain, où que je sois, je ne manque de rien
Je chante toujours de quoi grailler, de quoi trinquer, de quoi causer

Je ne sais pas où je vais, oh ça je l'ai jamais bien su
Mais si jamais je le savais, je crois bien que je n'irai plus »

(extrait de « Où je vais », La rue kétanou)
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Hank commence son histoire par la fameuse scène du petit écran, celle-là même qui fit, contre son gré, sa renommée et sa réputation en France, « Apostrophes ». En deux pages, la scène est torchée. Un passage vite fait, vite oublié, il prend le train direction Nice. « Shakespeare n'a jamais fait ça » n'est donc pas un recueil de nouvelles comme Bukowski en a l'habitude et la biture. Un livre de commande sur son voyage chez ses éditeurs français et allemands. Sur commande, certes mais non dénué d'intérêt parce que Hank se livre comme il ne l'a jamais fait.

Je découvre un personnage humain, profondément attachant. Un peu dépassé par les évènements, par l'attrait surprenant que les gens semble lui porter. Il n'est pas Norman Mailer et pourtant des inconnues lui demandent des autographes. Totalement surréalistes. Et pourtant, il le mérite bien ? Norman aussi (bien que je ne l'ai jamais lu). Par contre, Hank, je commence à le connaître et apprécie tant sa prose et son verbe (non, je n'ai pas dit verge) que rien ne me surprend plus de sa part. Sauf son excès de timidité et de fragilité qu'il présente dans ce récit autobiographique.

Charles Bukowski est humain. Qui l'eut cru avant ce livre. Charles Bukowski aime sa femme. Charles Bukowski vit et souffre. Il a une âme passionnée et son voyage de Nice en Bavière est passionnant pour le passionné que je suis. Il passe son temps à boire, du vin de préférence, à baiser, Linda de préférence, et de temps en temps se voit confier le dur labeur de réciter ses poèmes ou sa prose à la radio, dans des bars, à la télévision…

Entre les chapitres de son voyage, quelques photos en noir et blanc du maître ou de sa femme viennent compléter ce portrait de famille en vacances européennes. de belles images d'un couple heureux, presque comme toi et moi, sauf que moi, je n'ai pas cette capacité à émouvoir les peuples avec de simples mots, sauf que moi, je n'ai pas cette descente aussi facile pour le vin rouge. Mais je veux bien essayer… Quoi de plus aphrodisiaque que de boire nu une bouteille au goulot en écoutant ou en récitant des poèmes.

« Shakespeare ne l'a jamais fait », être ou ne pas être Bukowski.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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critique très perso mi-juin 2012

À celui qui trop dort, qui les deux-tiers d'une vie les passe sur un lit, la frontière entre l'illusoire et le réel devient floue, et c'est avec surprise que l'ailleurs semble apparaître ici-bas malgré le réel anéanti.
Je suis de ceux qui somnolent, qui, anesthésiés, se laissent patiemment emporter par ce maelstrom qui charrie mauvais romans, cris désaccordés et images de misère ; de ceux qui, à chaque instant, sacrifient leurs convictions sur l'autel du soft power et de la realpolitik.
Pourtant, « il faut réarmer l'industrie française » nous dira, souriant, Monsieur le Ministre du Redressement productif, ou bien, « il ne reste que trois mois pour sauver la zone Euro » assènera George Soros, lui qui s'y connaît en matière de monnaie dévaluée.

Lexique de guerre…

Autrefois, je croyais que la crise était un phénomène transitoire. Celui qui la subissait la surmontait ou s'effondrait : la cicatrice ou le néant. Mais la crise passait toujours, et la situation revenait à la normale ou offrait les opportunités des recommencements.
Cette illusion a vécu.
Illusion de philosophe qui croyait à un sens positif de l'Histoire : illusion d'enfant qui espérait que le Bien finirait par triompher. Mais Spinoza a saigné la métaphysique et Dieu est mort. N'ont survécu que l'Histoire et le réel. L'héroïsme disparu, ne restèrent que les hommes, mortels.
Alors, aveuglés par l'espoir, cette illusion que chaque jour nous assassinons un peu plus en croyant la nourrir, nous rêvons de l'apocalypse comme d'une délivrance. En l'attendant, nous rentrons la tête dans les épaules afin d'amortir le choc quand celui-ci se présentera.

Car si l'Occident répugne à prendre les armes alors qu'il le devrait parfois, il n'en mène pas moins une guerre, contre lui-même et son déclin économique, une guerre qui fait du voisin une menace : une guerre, froide, dont les points chauds sont les sommets des G8 et/ou G20.

Pendant ce temps, la menace de catastrophe pèse comme pesait la menace atomique, permanente…

Arpentera-t-on ensuite une « Route » sans fin, comme le font les héros de Cormac McCarthy – n'y aura-t-il plus d'Histoire ? Y en a-t-il jamais eu ? – à la recherche de ses propres pas, ceux de l'Homme ?
McCarthy avec son écriture minérale, de celles dont le geste créateur est celui du sculpteur aux mains rêches, remporta le prix Pulitzer 2007 pour cette oeuvre de recommencement du monde. Mais ses prochains mots ne sont pas encore prévus et il ne jamais il ne put servir de guide durant l'attente de la fin du nôtre.

Cette menace, crainte généralisée, anthropophage, « folie ordinaire », n'est autre que celle narrée par Charles Bukowski dans ses fameux Contes qui s'achèvent par le bombardement thermonucléaire de San Francisco alors qu'un enfant hybride d'humain et d'animal – le surhomme ? – vient au monde.
Ce bon vieux Buk' qui s'assura le statut d'écrivain-culte en une heure d'Apostrophes devant un Bernard Pivot médusé et un Cavanna prêt à lui casser la gueule alors que, quelques instants plus tôt, ce dernier ne cachait pas son admiration pour ce clochard céleste. Cet épisode délirant, méprisant, durant lequel il invectiva Fitzgerald en ironisant sur la célébrité, est l'un des chapitres d'ouverture de « Shakespeare n'a jamais fait ça », texte inédit publié au printemps par les 13è note Éditions.
C'était cela Bukowski, la crise permanente, aussi bien dans sa vie que dans son oeuvre. Et dix-huit ans après sa mort, il est plus que jamais d'actualité. Ses mots qui exhalent le sexe et le mauvais vin, la violence et le désespoir, sont cette terre vulgaire, mais grasse, délaissée, mais fertile qui, patiente, rentre la tête dans ses épaules en réclamant que l'on s'occupe d'elle : notre temps.

« Shakespeare n'a jamais fait ça », agrémenté de photographies de Michael Montfort, est le carnet intime du voyage de Bukowski en France et surtout en Allemagne, son pays de naissance. Il a alors cinquante-huit ans, la célébrité est là, et ce texte, presque une commande, montre principalement la répugnance du dirty old man à « faire l'auteur », à fonder une légende sur le culte de sa personne et non sur ses mots. Ses mots semblent parfois émoussés tant semble lui peser l'obligation de se conformer à la légende qu'il s'est construit. de nombreux paragraphes disent alors sa nostalgie de sa machine à écrire et, constante de son oeuvre, la crainte ou le mépris de la foule qui lui suce « sa substantifique moelle » (pour le rapport écrivain-foule, voir aussi Journal d'un vieux dégueulasse).
Bukowski est donc bien plus dans le « dire » ou « l'écrit » – ce qui doit revenir au même pour un grand écrivain – que dans le « paraître ». Et même si son visage, couturé, son corps, supplicié, lui donnent l'apparence du Grand Écrivain, l'allure du mythe, ce ne sont que des artefacts occultant la puissance de son verbe.

En filigrane, sa façon de prendre la vie comme la littérature, à bras le corps, (« révolution et littérature, mais ça va bien ensemble, non ? tout est dans tout, et réciproquement » dira-t-il souvent) témoigne plus de la transformation de l'Art en Vie que de la Vie en Art.

Ainsi dans « Pulp », roman écrit au terme de son existence, s'il met en scène La Mort voulant « [s']offrir, dit-elle, le plus grand écrivain français », c'est-à-dire Céline, Charles Bukowski montre surtout l'absurdité de la condition humaine dans un chapitre où son héros se retrouve sur un tabouret de bar entre La Grande Faucheuse et une extra-terrestre (sic).
En tuant la littérature, L'Homme est piégé « entre l'Espace et la Mort », entre sa pulsion vers l'infini à jamais insatisfaite et la conscience glaçante de sa finitude.

Dès lors, le dénouement de cette crise ne peut s'opérer que par la geste, celle qui raconte le héros tragique : « tout ce qu'il me restait à faire, une fois de plus, c'était écrire ce qui s'était passé. »
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[Lu en avril 2012]

J'étais en train de lire Rosa Candida quand l'inédit de Charles Bukowski, Shakespeare n'a jamais fait ça, précommandé chez mon librairie et récupéré dès le jour de sa sortie le 7 mars dernier, a commencé à me faire franchement de l'oeil du haut de ma bibliothèque (enfin de mon tas de livres en attente de lecture plutôt)...

A ma plus grande surprise, il y a de cela sept ou huit ans, je suis en effet tombée sous le charme des Contes de la folie ordinaire et de ce vieux grincheux alcoolique, je m'en-foutiste, à l'écriture plus que bordélique, qui a le mérite de ne pas s'encombrer de fioritures stylistiques pour avoir quelque chose à dire (ou pas, selon ce que l'on considère comme "avoir quelque chose à dire"). S'en est suivi l'achat de ses oeuvres complètes chez Grasset, qui n'ont fait que me conforter dans l'idée d'être face à un sacré paradoxe : comment ce vieux bonhomme, ce "vieux dégueulasse" (comme il se qualifiait lui-même) parvient-il à me séduire littérairement parlant ? J'ai longtemps cherché une réponse convaincante, en vain : désormais je m'y suis faite.
Cette découverte de Bukowski, si paradoxale soit-elle, m'a ensuite ouvert plus largement les horizons de la contre-culture anglo-saxonne plus ou moins récente, m'amenant à des lectures passionnantes (Burroughs, Ginsberg, Welsh, Selby Jr...) ou moindres (dernièrement Burroughs Jr) qui me donnent depuis toutes ces années une autre image de la littérature, qui était pour moi, petite étudiante en fac de lettres à cette époque, un art noble et lisse, profondément romanesque en somme !

Alors forcément, après cette rencontre qui a changé ma vie de lettreuse, un inédit de Bukowski qui m'attend, sur ma fichue pile de bouquins, je n'ai pas résisté bien longtemps : ni une ni deux, j'ai lâchement déposé le roman d'Audur Ava Ólafsdóttir pour partir en Europe avec Henry Chinaski, alter ego de sieur Bukowski. Dans ce road-book autobiographique accompagné des photos de Michael Montfort (photos qui sont d'ailleurs à l'origine du roman, puisque celui-ci est une commande faite à Bukowski par son ami photographe), l'on découvre ses tribulations "touristiques" avec Linda Lee (sa future épouse), entre succession de voyages en train, de chambres d'hôtel et de soirées où le vin coule toujours à flots, mais aussi ses rencontres mémorables avec ses lecteurs européens (lectures de poèmes, séances dédicaces, émissions télé ou radio, dont son apparition dans Apostrophes qui débute le livre avec beaucoup d'humour), ou encore avec des membres de sa famille en Allemagne...
Rien de nouveau quant à la façon de raconter ce voyage, toujours aussi agréable à lire pour ma part ! Un extrait particulièrement significatif le montrera bien plus facilement que tout ce que je pourrais écrire :
" On est allés voir la cathédrale, ça m'a fait quelque chose, une sacrée architecture. Il pleuvotait, on est entrés, ça sentait vaguement la pisse, l'intérieur était encore plus étonnant que l'extérieur, tout montait, montait, j'en aurais presque souhaité pouvoir accepter le Dieu chrétien à la place de mes dix-sept petits dieux protecteurs, parce qu'un grand Dieu unique m'aurait aidé à traverser pas mal de saloperies, de terreurs, de douleurs, d'horreurs, ç'aurait été plus facile et peut-être même plus sensé, ça m'aurait aidé à comprendre certaines des putains avec qui j'avais vécu, certaines femmes, les boulots de merde, les non-boulots, les nuits de folie et de famine, et j'imagine que tous ceux qui ont jamais mis les pieds dans cette cathédrale ont eu certaines pensées et que certaines de ces pensées ont pu entraîner leur conversion, mais moi je me disais que si je me convertissais, si j'avais la foi, je serais obligé de laisser tomber le Diable et il se retrouverait tout seul dans les flammes, ce ne serait pas gentil de ma part parce que dans les épreuves sportives j'ai tendance à soutenir le perdant et dans les épreuves spirituelles je souffre de la même maladie, car je ne suis pas un homme de réflexion, je fonctionne aux sentiments et mes sentiments vont aux estropiés, aux torturés, aux damnés, aux égarés, non par compassion mais pas fraternité, parce que je suis l'un des leurs, perdu, paumé, indécent, minable, apeuré, lâche, injuste, avec de brefs éclairs de gentillesse; salement atteint et conscient de l'être, cette lucidité ne m'est d'aucun secours, au lieu de me guérir elle me plombe."

Un auteur à découvrir, grâce à cet inédit ou grâce au reste de son oeuvre, parce qu'il faut à mon sens se faire sa propre idée sur ce personnage, qu'on l'aime ou qu'on le déteste (la neutralité me semble assez difficile avec Bukowski) !
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critiques presse (3)
Telerama
12 mars 2014
C'est un carnet de route malicieux, parfois un peu triste, un trésor de sincérité et d'impudeur.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeFigaro
29 mars 2012
L'impression domine d'une époque enfuie, libre, désordonnée, poétique.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Liberation
20 mars 2012
Des scandales et des poèmes beaux comme un vade-mecum existentiel.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (80) Voir plus Ajouter une citation
je ne suis pas un homme de réflexion, je fonctionne aux sentiments et mes sentiments vont aux estropiés, aux torturés, aux damnés, aux égarés, non par compassion mais par fraternité, parce que je suis l’un des leurs, perdu, paumé, indécent, minable, apeuré, lâche, injuste, avec de brefs éclairs de gentillesse ; salement atteint et conscient de l’être, cette lucidité ne m’est d’aucun secours, au lieu de me guérir elle me plombe.
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Cette fille aimait tout ce qui m'ennuyait, et tout ce que j'aimais l'ennuyait.Nous étions le couple parfait:ce qui sauvait notre relation,c'était cette distance à la fois tolérable et intolérable entre nous.On se retrouvait chaque jour-et chaque nuit-sans avoir rien résolu et avec zéro chance de résoudre quoi que ce soit.La perfection.
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Comment un type qui ne s’intéresse à presque rien peut-il écrire sur quoi que ce soit ? Eh bien, j’y arrive. J’écris sur tout le reste, tout le temps : un chien errant dans la rue, une femme qui assassine son mari, les pensées et les sentiments d’un violeur à l’instant où il mord dans son hamburger ; la vie à l’usine, la vie dans les rues et dans les chambres des pauvres, des invalides et des fous, toutes ces conneries, j’écris beaucoup de conneries dans le genre…
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Le train s’avançait peinard, on voyait se succéder les petits villages et, tout comme en Allemagne, ils avaient l’air curieusement proprets, on aurait dit des trucs sortis d’un conte de fée, avec leurs étroites rues pavées et leurs toits élevés, mais on devinait autre chose : souffrance, luxure, meurtre, folie, trahison, futilité, peur, ennui, faux dieux, viol, ivrognerie, drogue, chiens chats, enfants, télé, journaux, toilettes bouchées, canaris aveugles, solitude… La création artistique semble offrir la possibilité de s’évader, de hurler, mais il y a tant de mauvais créateurs – toilettes bouchées, création bouchée.
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Pour moi le grand Dieu est juste un peu trop balèze, trop infaillible, trop puissant. Je ne veux ni être pardonné, ni accepté, ni sauvé, je veux quelque chose de modeste, pas la lune – une femme moyennement belle de corps et d’esprit, une automobile, un toit au-dessus de ma tête, de quoi manger, pas trop de maux de dents ni de pneus crevés, pas de longue maladie mortelle ; même une télé avec de mauvaises émissions ferait l’affaire, et ce serait sympa d’avoir un chien, très peu d’amis, une bonne plomberie, assez de pinard pour remplir les vides jusqu’à la mort – que (pour un lâche) je ne redoute pas tellement.
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