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Jean Descat (Traducteur)Radivoje D. Konstantinovic (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782842612597
198 pages
Le Serpent à plumes (11/04/2001)
3.59/5   17 notes
Résumé :
Ivo Andric est un conteur rare, inspiré.
Chroniqueur des Balkans, il témoigne de ce fabuleux creuset où durant des siècles se sont rencontrés, combattus, mélangés, séparés : Turcs, Autrichiens, Hongrois, Bosniaques, chrétiens orthodoxes ou catholiques et juifs issus de multiples exodes. C'est cette communauté qui est au cœur du présent recueil ; des sépharades chassés d'Espagne par Isabelle la Catholique, des ashkénazes qui viendront par l'Est deux cents ans ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« Vous connaissez cette atmosphère. Un couloir de wagon couchette sur la ligne Zagreb-Belgrade. L'heure : environ sept heures du matin. le lieu: Stara Pazova. »

Ivo Andrić naquit en Bosnie en 1892. Au décès du diplomate et Prix Nobel de Littérature, en 1975, la Yougoslavie existe encore. Il en est d'ailleurs un exemple typique, après sa naissance à Travnik en Bosnie (dont il fait le lieu de plusieurs contes) il fait ses études à Sarajevo ; issu d'une famille croate, il prendra la nationalité serbe et mourra à Belgrade, vous me suivez toujours ?

“Il est devenu socialiste ! So-ci-a-li-ste ! Comme si ce n'était pas suffisant d'être juif ! » le titre peut paraitre trompeur. En effet, le rapport à la communauté juive de Bosnie n'est pas nécessairement l'objet central des contes, mais plutôt un lien de rattachement plus ou moins diffus selon les histoires.

Cette méprise tient au fait que le livre n'a pas été conçu par Andric. Il s'agit d'un corpus assemblé de façon posthume de divers contes et passages de romans de l'auteur balkanique ayant un lien avec des personnages juifs.

« le fossé qui sépare les diverses religions est si profond que seule la haine parvient à le franchir. » Cela étant dit, certaines histoires touchent la communauté juive directement, notamment l'histoire de l'émigration forcée d'Espagne, les persécutions Ottomanes puis Autrichiennes, la Bosnie ayant connue différentes dominations (sultane, impériale) au cours de son Histoire et, fatalement la collaboration fasciste des années quarante suivant la prise de pouvoir des Oustachis croates en Bosnie.

« C'était une de ces personnes dont la beauté suscite chez les plus effrontés et les plus rustres un respect et des égards qui leur font ordinairement défaut. » Je ne savais pas trop à quoi m'attendre vis-à-vis du livre, le titre laissait espérer des contes traditionnels, sur le folklore, les coutumes. Rien à voir. Enfin, c'est bien plus vaste que cela, ces courtes histoires sont d'une densité, d'une intensité rare. Il y a un talent redoutable du format court, de la chronique chez Ivo Andrić, cela me fait un peu penser à Tchekhov dans la maitrise, l'exactitude avec laquelle l'auteur délivre ses nouvelles si bien que "l'on aurait tant voulu que le livre continuât" comme l'écrivit Proust.

« Qui d'ailleurs parvient jamais à exprimer ses meilleurs sentiments et ses plus beaux souhaits ? Personne, ou presque. » le style et la langue sont époustouflants et mettent en valeur la narration, on a du mal à délier les deux tant ils sont imbriqués, on se laisse emporter par le courant d'une Miljacka littéraire aussi profonde que fascinante.

“On plaisante beaucoup plus en Bosnie que ne pourrait le croire l'étranger qui regarde le pays par les fenêtres d'un train. Mais la plaisanterie est pesante et rude, sans joie si l'on peut dire; accablante pour qui en fait les frais, elle montre que son auteur n'a pas lui non plus la vie facile.”

« Qui sait ? Fis-je, poussé par cette sorte de vanité qui porte les jeunes gens à voir leur destin dans des pays lointains et sur des chemins insolites. » le mal-être et la fuite, la « haine » qu'on peut ressentir pour son pays, l'incommunicabilité de ces êtres complexes et taiseux tels des « pelotes de silence » qui font parfois de leur mieux tout en ayant le sentiment d'être « une charge pour eux même autant qu'inutiles à leur entourage », l'impossibilité sociale de l'amour interconfessionnel, sont autant de thèmes à partir desquels explose le talent littéraire de l'écrivain yougoslave.

Il ne tient désormais qu'à vous de monter dans un train, de regarder « le fleuve rapide, brun-vert, du paysage » par la vitre du compartiment et d'aller à la rencontre de ces juifs séfarades et de ces bosniaques, de leurs grandeurs et misères. Tenez, commencez par visiter les tombes du cimetière Juif de Sarajevo, et au détour des muettes allées, à partir des patronymes gravés dans la pierre, imaginez leurs vies…

Qu'en pensez-vous ?
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La quatrième de couverture, nous parle de l'auteur comme "un conteur rare, inspiré" est ça c'est indéniable. Ivo Andric nous livre des nouvelles qui sont prétexte a raconter l'histoire du peuple juif : du départ forcé d'Espagne au XVe siècle aux évènements tragiques de la Seconde Guerre Mondiale.
C'est forcement très intéressant surtout que l'écriture est magnifique mais (eh oui il y a un mais), l'écriture ne fait pas tout.
Je me suis vite lassée du peu d'action. Je pense aussi que j'avais besoin d'un récit plus léger et que donc je suis passée complétement a coté de celui-ci.
En tout cas je pense que pour découvrir l'auteur c'est un très bon recueil de nouvelles et puis pour les connaisseurs et admirateur de l'écrivain, c'est un recueil qui vous fera découvrir encore un peu davantage Ivo Andric.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Ivo Andric connu et réputé certains diront prophète en son pays nous a laissé quelques oeuvres dont ces contes juifs.

Une critique mitigée quand à moi, certains récit sont de très bonne facture, spirituelles, humoristiques avec une vivacité d'esprit qui ne laisse jamais indifférent et dont je suis adepte; d'autres sont plates, surtout la première qui ne montre pas l'étendue de la roublardise et de l'habileté des protagonistes souvent mis en scène pour faire rire tout en se cultivant .

Ivo Andric est comme d'autres en leur temps , je penses à Nasr Eddin Hodja et à ses contes qui utilise les mêmes procédés pour nous faire rire et sourire .
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Ce joli petit livre de moins de 200 pages dans la collection motifs a une couverture en tapisserie très plaisante. C'est un recueil d'une dizaine de courts textes qui ne sont pas vraiment des contes mais plutôt des chroniques de la communauté juive bosniaque. Chroniques variées, qui commencent avec nostalgie dans le cimetière juif de Sarajevo, petit monde des Séfarades, épitaphes en Espagnol ou simples dates de l'année 1941 pour des tombes anonymes. le vainqueur est le texte qui s'approche le plus du conte, il met en scène David vainqueur de Goliath, vainqueur amer : "il avait rêvé de gloire; de victoires et de triomphes ; mais ce qu'il vivait là était une douleur et un feu dont on ne pouvait sortir"... tristesse prémonitoire des souffrances à venir....

Mordo Atias est le portrait d'un herboriste juif d'une ancienne famille séfarade de Travnik, la ville d'Ivo Andric. Ce dernier excelle dans les portraits, j'avais apprécié ceux de Mara la courtisane, le premier livre que j'ai lu de cet auteur.

Le départ du consul de Napoléon relate un épisode où les Juifs de Travnik furent considérés à l'égal des autres habitants et non pas comme simplement tolérés, ils témoignent leur reconnaissance au consul français qui quitte la ville.

Un amour à Vichegrad et Lotika mettent en scène séfarades mais aussi ashkénazes, si la Bosnie est une mosaïques de confession, à l'intérieur de la communauté juive des histoires très différentes coexistent, Lotika, femme d'affaire, veut faire fructifier son patrimoine pour aider sa famille.

Les dernières nouvelles racontent le 20ème siècle, la difficulté de la coexistence des communautés, la haine entre elles, l'antisémitisme. Titanic évoque un naufrage, celui d'un simple tenancier de bistro louche, juif pauvre, éloigné de la communauté qui sera le jouet d'un oustachi minable. Histoire tragique racontée avec sensibilité.


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Si j'en crois l'éditeur, Ivo Andric fut un des personnage clés de son époque et de son pays ayant publié des oeuvres majeurs de littérature slave contemporaine.
Personnellement, ces contes et nouvelles m'ont laissé de marbre.
Alors, oui, c'est très bien écrit et construit mais je n'ai fait que survoler des lignes sans avoir pu en faire une bonne lecture. Dommage.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Pourtant la poésie des cimetières trouvera ses poètes et ce ne seront pas les poètes de la mort, mais des poètes de la vie. Car elle est toujours vraie, la vieille maxime qui dit que "la mort n'est pas plus poétique que la vie". Et si les cimetières ont un sens, c'est parce qu'ils parlent de la vie du monde auquel appartenaient les gisants et l'histoire des cimetières n'a de sens que pour autant qu'elle jette une lumière sur le chemin parcouru par les générations actuelles ou futures.
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« le fossé qui sépare les diverses religions est si profond que seule la haine parvient à le franchir. »
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« Les petits hommes que nous appelons « enfants » ont leurs grandes douleurs et leurs longues souffrances.»
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Le remède est dans ma main, la santé dans celle de Dieu. Cela coupe cours à l'entretien et fait savoir au client qu'il faut prendre l'article et le payer, ou "l'embrasser et le laisser".
Mais oui, je le prendrai, bien sûr que je le prendrai, gémit le malade qui a envie de se plaindre autant que de se soigner.
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Videos de Ivo Andric (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ivo Andric
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Savez-vous quel livre a pour personnage principal… un pont, dont l'histoire nous est contée à travers quatre siècles ?
« le pont sur la Drina » d'Ivo Andric, c'est à lire au Livre de poche.
>Littératures indo-européennes>Balto-slaves : Bulgare, macédonienne, serbo-croate>Littérature serbo-croate (36)
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