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EAN : 9782228923576
96 pages
Payot et Rivages (03/04/2019)
3.73/5   46 notes
Résumé :
Pas de changement politique sans au préalable un changement social. Tel est le but d’une révolution : vivre, plutôt que survivre. Dans cet essai inédit qui résonne avec les colères actuelles, Arendt nous invite à nous organiser nous-mêmes pour nous emparer de l’action politique et ne plus la déléguer aux partis. Retrouver ce qui anima les deux grandes révolutions, la française et l’américaine : un désir passionné, chez les citoyens, de participer aux affaires publiq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Je m'attendais à un petit essai de philosophie, mais l'auteure évoque surtout la politique historique, même si le fond est philosophique.
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D'abord, elle a du mal à démarrer,....ou alors, allez, on va dire que c'est moi : son style m'a paru hermétique au premier abord.
Je ne comprends pas l'expression : «  La liberté d'être libre » ; c'est pour moi un pléonasme, et Hannah Arendt, que j'avais appréciée dans un autre livre, ne s'explique pas beaucoup sur le titre de son essai.
Puis le ciel s'éclaircit quand elle évoque les deux grandes révolutions du XVIII è siècle :
La révolution américaine, qu'on appelle « guerre d'indépendance », de 1765 à 1783 ;
La révolution française que nous connaissons.
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La révolution américaine, qui a eu lieu quelques années avant la notre, n'a en fait que peu à voir, si ce n'est le besoin de liberté : liberté de ne pas être sous le joug des Anglais. Les pauvres, 400.000 noirs, n'ont joué qu'un petit rôle dans cette guerre d'indépendance, les 1,8 millions de colons se sont affrontés aux Anglais ; alors que pour nous, les pauvres, les sans-culottes, dans la rue, ou la marche des femmes sur Versailles, ont permis aux théoriciens de la révolution, petits bourgeois et bourgeois, de réfléchir à quelle politique allait succéder à la royauté. Les sans-culottes, ce n'était pas leur problème, ce qu'ils voulaient était un régime qui leur donne du pain et qui arrête de les assommer d'impôts !
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En résumé, l'analyse philosophique est restée floue, si ce n'est, comme le proclame Condorcet, que la révolution a pour but d'obtenir plus de liberté.
Par contre, je trouve qu'Hannah Arendt assume une belle analyse politique, qui m'a permis de découvrir un peu mieux la guerre d'indépendance des Américains.
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Petite touche personnelle :
j'ai eu la chance d'aller à Cuba dans le cadre professionnel, dans les années 1980, et d'entendre Fidel Castro discourir sur la révolution cubaine :
« Antes de la Revolucionnnn, bla-bla-bla... ;
despues de la revolucionnn, bla-bla-bla... » . Il faisait des discours de quatre heures en place publique, mais la teneur de ses discours montrait l'importance de la révolution : celle de la libération des Cubains du gouvernement de Fulgencio Batista, suppôt des Etats-Unis.
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Ce que je retiens de cette brève réflexion écrite dans le contexte de la crise de Cuba, c'est que la liberté dépend de la maîtrise de la pauvreté. Les gens démunis n'ont pas la liberté de penser une nouvelle forme de gouvernement. Ils doivent d'abord assurer leur pitance. Ils leur faut aussi, s'il échet, se libérer de l'oppression politique (dictature, despotisme).
Se libérer de la pauvreté avant de se libérer de l'oppression politique.
" La république ? La monarchie ? Je ne connais que la question sociale", disait Robespierre.
La liberté demande de l'égalité. Chacune, chacun doit pouvoir exister dans l'espace public et être autorisé à participer à l'administration des affaires publiques, communes à tous. 1848 signe le premier affrontement de classes, où il s'agit non plus de renverser la forme de l' État mais de renverser la société bourgeoise.
Même truffée de références et de sinuosités, la pensée d'Hannah Arendt livre des idées lumineuses, condensées d'une phrase après un long développement. La philosophe - qui refusait cette étiquette - nous enjoint à comprendre un phénomène, la révolution, ayant subi des fortunes diverses, de l'Amérique à La France, de Cuba à la décolonisation.
Ce texte anticipe l'évolution des raisons de se révolter. Aujourd'hui, la rue grogne se mobilise pour le pouvoir d'achat en berne, pour une politique active face au changement climatique et pour le droit des femmes à être traitées comme leurs pairs. Voir à ce sujet, les basculements en Amérique latine depuis 2019.
Je retire énormément de cette réflexion dense sur la liberté et la libération, lue avec minutie. J'ai été charmé aussi de cette citation inattendue des Bucoliques de Virgile, "Un âge tout nouveau, un grand âge va naître". le poète chante la louange de la naissance en soi, commente H.Arendt, de l'apparition d'une nouvelle génération. Et d'affirmer que le salut du monde tient dans l'éternelle régénération de l'espèce humaine.
L'auteure est optimiste. En 1966, elle écrit que l'avancée de la technologie humaine peut transformer la condition humaine. Cette transformation aura lieu si l'effort est calculé et le développement organisé.
À méditer, de même que cette assertion : être libre pour la liberté signifie avant tout être délivré non seulement de la peur, mais aussi du besoin.
Gilets jaunes, marches pour le climat, Me Too, en ordre de marche !


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Un petit essai retrouvé depuis peu qui semble avoir voulu être un livre avant que l'autrice ne meure.
Comme toujours avec la philosophe, sa réflexion est enrichie de citation de ses pairs et surtout elle mène à cette administration qui broie et qui s'organise sur les cendres encore chaudes d'une révolution qui a plusieurs visages et profite trop souvent à ceux qui savent garder le pouvoir ou pire le prendre.
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Cet essai que je pensais purement philosophique s'est en fait révélé une étude comparative et historique des révolutions américaine et française de la fin du XVIIIème siècle.

C'est bien le lien entre "liberté" et "révolution" qui y est étudié et démontré et tout cela n'est pas bien réjouissant.

Édifiant cependant, car rédigé par un cerveau hyperdocumenté associé à une réflexion poussée sur les événements qui ont amené l'état actuel du Monde (fin des années 60, manifestement pas aussi loin qu'on le croirait), Hannah Arendt y fait figure de Pythie avant-gardiste et met en garde contre des notions abstraites et carrément effrayantes.

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Dans ce court essai qui était au départ une conférence, Arendt se penche sur la différence entre Révolution française et américaine. Elle s'intéresse à la signification de la Révolution qui, étymologiquement, exige un retour au même (comme la Révolution de la terre) alors que la Révolution se pose plutôt comme une rupture, un point de non retour.
La question de la liberté est en fait peu abordée si ce n'est pour démontrer que seuls des êtres défaits de tout souci matériel peuvent se plonger dans la liberté et dans la politique. Car avant la liberté, il doit y avoir libération et les deux ne peuvent être confondus.
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critiques presse (1)
NonFiction
06 juin 2019
La liberté est portée par les révolutions, dont les rares succès supposent d’abord d’évacuer le besoin et la peur. La technique sera-t-elle alors la meilleure amie de l’homme libre ?
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
La liberté désormais signifiait avant tout, "le vêtement, la nourriture et la reproduction de l'espèce" pour les sans-culottes, qui distinguaient soigneusement leurs propres droits de ceux, en langage élevé et, pour eux, dépourvu de sens, dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.
Comparées à l'urgence de leurs revendications, toutes les délibérations sur la meilleure forme de gouvernement paraissaient soudain futiles et dépourvues de sens.
"La république ? La monarchie ? Je ne connais que la question sociale", disait Robespierre.
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Et même si beaucoup de révolutions ont fini en tyrannie, on s'est toujours rappelé aussi que, selon les termes de Condorcet,
"le mot "révolutionnaire" ne s'applique qu'aux révolutions qui ont la liberté pour objet".
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La Révolution française se termina en désastre et devint un tournant de l'histoire du monde ; la Révolution américaine fut un triomphe et demeura une affaire locale, en partie parce que les conditions sociales dans le reste du monde étaient bien plus proches de celles de la France, mais aussi parce que la tradition pragmatique anglo-saxonne si vantée empêcha les générations suivantes d'Américains de réfléchir à leur révolution et de conceptualiser correctement ses leçons. Il n'est donc pas surprenant que le despotisme, ou en réalité le retour à l'ère de l'absolutisme éclairé, qui s'annonçait clairement dans le cours de la Révolution française, soit devenu la règle des révolutions suivantes - du moins de celles qui n'aboutirent pas à la restauration du 'statu quo ante - , au point de devenir dominant dans la théorie de la révolution.
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L'effondrement de l'autorité et du pouvoir, qui en général survient avec une soudaineté surprenante non seulement pour des lecteurs de journaux, mais pour les services secrets et les experts qui en sont témoin, ne devient une révolution au plein sens du terme que lorsqu'il existe des gens désireux et capables de recueillir le pouvoir et, pour ainsi dire, de pénétrer au cœur de la vacance du pouvoir.
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Seuls ceux qui sont délivrés de la nécessité peuvent pleinement apprécier ce que c'est qu'être libre de toute peur, et seuls ceux qui sont libérés du besoin et de la peur sont capables de concevoir une passion pour la liberté publique et de développer le goût particulier pour l'égalité que cette liberté porte en elle.
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Vidéo de Hannah Arendt
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