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EAN : 9782262068479
256 pages
Tempus Perrin (16/03/2017)
3.81/5   18 notes
Résumé :
Peut-on et doit-on tout écrire ? C'est la question cardinale posée par Pierre Assouline en filigrane de cet ouvrage classique, devenu introuvable depuis des années, sur l'épuration des figures de proue de l'écriture et de la pensée compromises avec Vichy et le IIIe Reich durant l'occupation.
Après avoir raconté avec le talent qu'on lui connaît le procès et le sort des Maurras, Brasillach, Hérold-Paquis, Luchaire et de nombreux autres d'août 1944 à décembre 1... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
De mon ami sur Babelio, Pierre Assouline, je viens de prendre connaissance, avec beaucoup de curiosité, de ses vues sur les excès multiples et variés, tant dans la rue que dans les cours de justice militaires et civiles tout de suite après la fin de la dernière tuerie mondiale. et même avec un retard certain, des années plus tard. Un phénomène qui n'est pas exclusif à la France, mais que la plupart des pays dits civilisés ont connu, dont le mien, la Belgique. Qui de nous n'a pas entendu ses parents ou grands-parents raconter des histoires d'arbitraire qui se sont passées en ces années-là ? Mon propre père, qui avait une modeste entreprise de transports publique, s'est retrouvé une bonne semaine en tôle, accusé de collaboration, or que tous ses autobus avaient été confisqués par les nazis dès le début de l'occupation.

J'admire donc le courage de l'auteur de s'attaquer aux dossiers assurément les plus délicats : ceux de la fine fleure de la nation, les intellectuels !

L'auteur, avec son oeuvre volumineuse n'était pas un inconnu pour moi. Bien au contraire, dans 2 de mes critiques, j'ai fait explicitement référence à lui, notamment à son ouvrage "Sigmaringen" et "Albert Londres: Vie et mort d'un grand reporter, 1884-1932". Sans oublier, ses oeuvres sur mes compatriotes célèbres, Hergé et Simenon, qui occupent une place de choix dans ma bibliothèque.

Je ne crois pas qu'il y ait lieu de présenter Pierre Assouline sur un site français de lecteurs. La plupart d'entre nous ont certainement lu au moins 1 de ses 35 ouvrages, dont 11 à caractère biographique. Signalons juste que depuis 5 ans il est membre de l'académie Goncourt, où il a succédé , comme juré, à la belge Françoise Mallet-Joris.

La grande question que se pose l'auteur ici est, comme il le formule lui-même, : "PEUT-ON ÉCRIRE SANS CONSÉQUENCE ? (page 26)

Une question à mettre en majuscules tellement qu'elle est épineuse. D'un côté, il y a la liberté d'expression, un droit fondamental, d'un autre côté les impératifs pour les autorités de veiller à la sécurité de leurs citoyens. Une question pleine d'actualité, si l'on tient compte des messages de haine et d'appels à la violence sur le net ou le "fake news" (fausses informations ou réalités alternatives) semi-officiels qui nous parviennent aujourd'hui de la Maison-Blanche, de Trump & Co.

Pendant une guerre cette question revêt évidemment une signification extrême, dans la mesure ou les propos de journalistes et écrivains ont des effets immédiats sur la population qui peuvent être dramatiques, pour ne pas dire tragiques. Pensons, à titre d'exemple, aux articles virulemment antisémites dans la presse et la situation de nos concitoyens juifs ! Par ailleurs, l'organisation d'une résistance efficace à l'occupation ennemie est largement tributaire des opinions propagées par l'intelligentsia du pays. En plus, on ne saurait ignorer la réalité quotidienne de survie des gens qui vivaient de leur plume et qui se voyaient dans la triste obligation de louvoyer entre les "diktats" de l'occupant et le bien-être de leur peuple. Et finalement, il y a la dimension politico-idéologique qui peut exacerber la controverse : punitions sévères, inspiré par un esprit tout à fait compréhensible de revanche ou approche plutôt clémente et indulgente en vue d'un retour à la vie normale et pacifique.

C'est en partant de ces considérations 'basiques' de nonexpert que j'ai lu très attentivement l'analyse et les commentaires de Pierre Assouline et je peux affirmer que l'auteur m'a impressionné. Impressionné par la sagesse de son attitude fondamentale, qui est logique et qu'il a réussi à développer de façon remarquablement cohérente. Et cela sans éviter les dossiers les plus complexes et brûlants ou en insistant trop lourdement sur les uns au détriment d'autres.

Je recommande donc chaudement cet ouvrage, pas épais mais dense, à toutes celles et ceux qui sont intéressés par une controverse liée à toute situation d'exception, telles la guerre et l'occupation étrangère.
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Ce n'est pas le premier ouvrage que je lis de Pierre Assouline. Toujours une écriture facile et agréable.

La lecture de ce livre suppose une connaissance préalable du contexte : les écrivains et journalistes, les tendances politiques des journaux pendant la période d'occupation mais aussi celle d'avant. L'auteur le dit clairement dès le départ.

L'épuration des intellectuels (journalistes, écrivains, éditeurs, ...) a été la première a démarrer dès la libération de la France au deuxième semestre 1944.

La première partie est un récit des jugements, mois par mois, cas par cas : les prévenus, le déroulement, les décisions de justice.

La deuxième partie, est une réflexion sur cet épuration, tenant compte de ce qui s'est passé en dehors des tribunaux - la vie des écrivains, leurs relations, le CNE (Comité National des Écrivains), ... Je mets cette partie en parallèle avec le livre "Des mots qui tuent" de Giselle Sapiro. Ce livre ci est d'un abordage plutôt factuel et romancé tandis que celui de Sapiro est plutôt philosophique.

Il y a une dernière partie, plus courte où l'auteur se pose la question "Qu'est-ce une épuration réussie ?". Et c'est tout le sens de ce livre ainsi que celui de Sapiro.

On a constaté qu'il n'y a eu une homogénéité dans les décisions de justice en même temps que ces décisions ont été, avec le temps, de moins en moins sevères. Tout cela pour diverses raisons. Pour compliquer encore le fonctionnement de la justice, il n'y avait pas de jurisprudence et certains délits ou crimes ont été appliqués de façon rétroactive, c'est à dire, des crimes ont été définis en tant que tel après que les actes ont été commis.

Mais, il y avait urgence, il fallait que les personnes incriminées soient jugées et il ne fallait pas attendre.

Ce livre a écrit dans les années 1990, soit quarante ans après les faits. Celui de Sapiro, en 2011. Il est possible, avec le temps et avec l'ouverture des archives de l'époque, avoir une vision et une réponse plus objective de ce qu'aurait été une épuration réussie sans dire pour autant que celle des années 40 n'a pas été réussie. La justice a fonctionné comme elle a pu le faire sur le moment, avec toutes les défaillances déjà connues ou pas.
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L'Occupation,la Collaboration , la Résistance, l'Epuration ce quatuor a structuré mon histoire familiale et les récits de ces évènements que j'ai entendus par ceux qui les ont vécus. Devenu adulte j'ai essayé de me faire une idée dépassionnée (mais est-ce possible ?) de ce qui s'est passé dans ces années « noires ». Ce petit livre de la très bonne collection « La mémoire du siècle » permet de faire un point sur la question délicate de l'épuration dans les milieux intellectuels. Il y eut des cas où justice fut faite (je n'ai aucune compassion pour les pousse au crime ou les traîtres par intérêt) mais aussi beaucoup d'injustice ( certains furent épargnés qui ne le méritaient pas) , ou de punitions excessives . Il y eut aussi quelques sombres règlements de compte (le cas de Giono par exemple) et des gens comme Aragon n'en sortent pas grandis . Pour plus ample information lire Aron ou Amouroux .
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Livre clair, précis et synthétique, peut-être un peu trop. Quelques développements sur la vie intellectuel des années trente et les différents courants de la collaboration auraient été les bienvenus pour ceux qui connaissent mal la période. Pour les autres, c'est un précieux aide-memoire, qui rassemble des renseignements souvent dispersés
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Un bon début avec ce livre pour explorer cette période pas jolie-jolie où les haines s'exacerbent, et les rancoeurs ressurgissent.
A ne pas ignorer pour comprendre tout un pan de notre littérature.
Un seul livre ne suffit pas pour juger de cette période très complexe.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
(p.26)
C'est dans cette atmosphère , dans cet état d'esprit que s'est déroulée l'épuration. Ceci ne justifie pas certaines actions mais les explique. Les premières "victimes expiatoires" de 1944-1945, qu'elles fussent coupables ou non, représentaient peut-être le prix à payer pour que s'ensuivre une épuration judiciaire relativement indulgente. Dans ce processus, une catégorie de citoyens est plus que les autres mise face à ses responsabilités : les intellectuels. Et parmi eux, les journalistes et les écrivains plus particulièrement.
Peut-on écrire sans conséquence ? Jamais la question ne fut autant d'actualité.
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Il est peut-être des circonstances dans la vie d'un journaliste et dans l'histoire de son pays qui lui dicteraient de changer de métier, pour un temps, quand les conditions ne sont plus réunies pour qu'il puisse l'exercer dans l'honneur et la dignité. Mais peut-être est-ce trop demander à une corporation dont trop de membres ont, de longue date, été avant tout préoccupés par le souci de paraître.
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Les "exclus de la joie française" comme dit Pierre Andreu , sont un peuple bien divers.De l'authentique nazi au lampiste, de l'industriel qui a aidé la machine de guerre allemande à la secrétaire de Herold-Paquis ,du prestigieux éditorialiste parisien au rédacteur localier sans signature , les prisons de l'épuration sont pleines de gens que l'on peut difficilement, surtout avec le recul, classer sous la même étiquette...
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(p.24)
Il ne fait pas bon être milicien en 1944. Le port de l'uniforme des émules du chef Darnand entraîne la peine de mort. Un bandeau sur les yeux, genoux à terre, une balle dans la tête. Nombre d'officiers des troupes alliées, qui n'imaginent pas ce qu'a pu être l'Occupation de la France, s'interposent plus d'une fois entre Français pour éviter les lynchages et les mises à mort tout en fermant les yeux sur un "moindre mal" : la tonsure des femmes pour crime de collaboration horizontale.
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Nul doute que si l’équipe de Je suis partout avait été jugée à l’hiver 1944, son sort eut été plus radical. Avec le recul, on peut légitimement penser que la fuite a été la plus payante. Ceux qui sont restés à Paris et ceux qui se sont rendus à la police, quels que furent leurs motifs et leurs arrière-pensées, n’ont pas mis entre eux et la Justice ces quelques mois décisifs qui ont calmé le courroux populaire, évacué les procès de la « une » des journaux, assouvi les haines et les vengeances, permis à Camus de mettre de l’eau dans son vin, à Paulhan de se faire entendre et à Mauriac d’être enfin écouté.
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Vidéo de Pierre Assouline
Une rencontre avec L Ecole Biblique de Jérusalem au présent et au futur
- Accueil par Alain Rémy, président de l'Association des Amis de l'École - Introduction par le nouveau directeur de l'Ecole, fr. Olivier Poquillon suivie d'une conférence à trois voix par des enseignants-chercheurs de l'École, « Les Écritures à l'École biblique et archéologique française de Jérusalem en 2023 » : les Écritures au pays de la lettre même (fr. ukasz Popko), au pays d'un renouveau juif polymorphe (fr. Olivier Catel), au pays d'une réception interconfessionnelle et interculturelle (fr. Olivier-Thomas Venard ).
- Échanges avec le public
- Capsules - « La Bible en ses Traditions aux Bernardins », témoignage sur l'usage de la base de données par le P. Jacques Ollier, enseignant-chercheur au Collège des Bernardins. - À la découverte de Bibleart, application culturelle de la Bible en ses Traditions, avec l'équipe de Prixm
- Pause : possibilité de visiter le stand de l'Association des Amis pour y découvrir ses activités, les propositions de l'École et ses dernières publications ainsi que le stand École biblique des éditions Peeters.
- Table Ronde "Sous l'invocation de saint Jérôme : traduire les Écritures en 2023, entre Jérusalem et Paris". Échange entre Pierre Assouline, de l'Académie Goncourt, pour la littérature, le professeur Olivier Munnich (professeur émérite à l'Université Paris – Sorbonne) pour la philologie et l'histoire et Olivier-Thomas Venard pour l'exégèse et la théologie.
- Collation
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