Des lustres que je souhaite lire ce auteur, ayant dans mes réserves d'écureuil"
La théorie des nuages"... toujours en attente !!! et une autre curiosité pour un roman plus récent , "
Histoire du Lion Personne"...
Finalement, de façon non calculée, je débute par le texte le plus intimiste de cet écrivain, qui est venu à l'écriture assez tardivement, selon ses dires[vers la quarantaine]. Ecrit qui rend hommage à sa maman disparue en 2016]..
Comme il l'exprime très justement, lui-même, il ne s'agit pas d'un "tombeau littéraire", mais d'une simple "élégie"...
Un hommage narré dans la plus grande sobriété, ainsi qu'un respect aussi aimant qu'admiratif !
"Il pourrait bien s'agir ici, justement, d'un tombeau. Ce fut après tout un genre littéraire. En un sens, j'ai toujours aimé les cimetières. On y apprend tout ce qu'il faut savoir des hommes et des nations, de leurs rêves de grandeur et de vie après la mort, de leurs hantises aussi, de leur terreur du néant. "(p. 12)
parallèlement à l'hommage adressé à sa maman,
Stéphane Audéguy rend
compte de toute une époque [ années 1950-1960] dans un milieu des plus modestes...
Sa maman , élevé par un père veuf, l'a enfermée dans les canons sociaux de l'époque, l'a empêchée de poursuivre des études [le top étant de devenir sténodactylographe !!!]
cette mère , avec des possibilités intellectuelles, adorant la lecture, rêvant de devenir médecin... s'est vue cantonnée à la maternité (même si elle adorait ses fils)
Un texte sobre, pudique, émouvant, miroir d'une France populaire, où les femmes étaient prisonnières de la pression sociale, et machiste.. Hors le mariage et les enfants, point de salut !!!
Un hommage vibrant, sans pathos... qui dit beaucoup des relations de l'écrivain avec sa maman, mais aussi tout le ressenti social, et ses déterminismes cruels, injustes... J'achève cette chronique avec la transcription de cet extrait qui en dit tant, et tellement mieux que moi !!!
" Je n'ai pas connu ma mère: voilà ce qui pourrait être le -motto- d'un inceste surmonté. Et sinon quoi ? J'en reviens
pour finir, à son appétit de vivre. Sabine Julienne était l'un de ces êtres rares qui vous font comprendre qu'il faut beaucoup de temps, de ténacité, de fortitude pour parvenir à faire cette chose apparemment très simple : vivre sa vie. Et nous pouvons dire que c'est un véritable exploit. J'ai évoqué les conditions objectivement difficiles qu'elle a rencontrées, tout au long de son existence. En tant que femme, née en 1937, elle eut à lutter contre de lourds déterminismes sociaux pour accéder à une certaine liberté. Elle surmonta ces déterminismes autant qu'il lui était possible. (...)
Ma mère n'était pas un exemple. simplement une personne singulière, d'une joie et d'une puissance de vie admirables. Son souvenir m'accompagne. Qu'il accompagne le lecteur de ce livre, en lui faisant penser à d'autres êtres de cet ordre, et je serai content. (p. 147)