AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Miguel Couffon (Autre)
EAN : 9782868690296
168 pages
Actes Sud (10/08/1993)
4.2/5   10 notes
Résumé :
Franza a quitté son mari - un éminent psychiatre viennois -, et elle a entrepris avec son frère un voyage aux sources du Nil. C'est dans l'atmosphère fantasmagorique du désert que lui apparaissent peu à peu la personnalité malfaisante de ce mari et la nature criminelle de leur mariage. Pour lui, Franza ne fut jamais qu'un cas. En cela, elle ressemble aux héroïnes des autres romans d'Ingeborg Bachrnann - Malina et Requiem pour Fanny Goldmann -, elle a vécu comme elle... >Voir plus
Que lire après FranzaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Franza » est un petit roman qu'Ingeborg Bachmann laisse inachevé lorsqu'elle meurt subitement en 1973. La prix Nobel de littérature a tout de même légué un bijou intéressant, dans lequel on retrouve ses thèmes habituels : l'amour qui se transforme en haine, les relations de couples qui tournent à la violence (plus psychologique que physique, surtout insidieuse) et l'incapacité à communiquer. Peut-être un soupçon de folie, aussi. L'histoire commence avec Franza qui pense à sa jeunesse en Galicie, une région d'Autriche, à son arrivée à Vienne et à son mariage avec le docteur Jordan, un célèbre psychiatre de dix ans son ainé. Mais elle ne se sent pas bien. Son frère Martin la convainc éventuellement de l'accompagner en Égypte. Ensemble, ils voyagent et explorent ce pays exotique. Lui, parle beaucoup. Avec érudition. Elle, écoute distraitement. LeCaire, oui. Les Arabes, oui. le désert, la mer Rouge, oui. La Vallée des Rois et les pyramides, oui. Martin est certain qu'elle ne l'écoute pas vraiment, qu'elle n'est pas toute là. C'est qu'elle a beaucoup en tête, Franza. Mais cette solitude, ce désert, il est propice aux réflexions, à l'introspection. Enfin libérée du joug de son mari, elle se rend compte à quel point il pouvait se montrer méchant. Il la traitait comme une de ses patientes, disséquant ses moindres gestes, ses moindres paroles. Surtout en gardant une froide distance entre eux deux. Maintenant, enfin, elle peut penser par elle-même. Mais, une fois les valves ouvertes, c'est une véritable tempête qui l'engouffre. Elle sombre tranquillement vers les ténèbres. Bachmann réussit à faire évoluer son personnage avec finesse, à la faire passer à des émotions brutes et violentes avec beaucoup de délicatesse. À sonder les profondeurs de l'âme humaine dans toute sa complexité. Attention ! J'ai commis l'erreur de vouloir le lire trop rapidement, je me disais qu'un si petit roman pouvait s'achever en un rien de temps. Il faut plutôt le lire sans presse, s'en imprégner.

Commenter  J’apprécie          381
Franza, roman inachevé, ne paraîtra pas avant la mort prématurée de son autrice, Ingeborg Bachmann, brulée vive dans sa chambre d'hôtel à Rome en 1973. Il devait faire partie d'un ensemble de romans sur le thème de la mort regroupant, outre Franza, Malina et Requiem pour Fanny Goldmann.
C'est surtout le frère de Franza qui est présent au début du livre, un frère universitaire qui doit entreprendre un voyage en Orient, et qui part à la recherche de sa soeur ainée, disparue depuis plusieurs années, après avoir reçu un appel à l'aide sous forme d'un télégramme de trois pages. Martin a oublié sa soeur. Démuni, il essaye de la décrypter avec ses outils et méthodes de géologue.
La silhouette juvénile de Franza apparaît dans les souvenirs de Martin, à la sortie de la guerre notamment, quand elle va, hardiment, à la rencontre des soldats anglais.
Il la retrouve bientôt dans leur maison d'enfance, seule, malade et séparée de son mari.
Nous les retrouvons tous deux en Egypte et c'est la voix de Franza qui prend le relais. Elle relate l'expérience traumatisante vécue avec ce mari, éminent psychiatre viennois, qui la considérait et la traitait comme un cas clinique, rédigeant des fiches sur ses symptômes, et niant sa collaboration à des travaux de recherche et d'écriture. Franza considère qu'elle a été victime d'une tentative de meurtre psychologique, et les faits rapportés évoquent ce que nous appelons aujourd'hui la perversion narcissique.
Frère et soeur déambulent dans des paysages désertiques, en bordure de la mer rouge, dans les monuments de l'Egypte antique, tentant de lire les hiéroglyphes et de percevoir les visages détruits par les pilleurs de tombes. Franza, en proie à une mystérieuse maladie, dans des environnements hostiles, vacille, délire, connait des troubles de la perception, éblouie par le soleil ou ensevelie dans la boue.
Franza échappera-t-elle à sa destinée ? le désert lui apportera-il des solutions ? Son sort n'est-il pas scellé depuis le départ ?
La fin de l'ouvrage est composée de fragments qu'Ingeborg Bachmann pensait retravailler et incorporer au roman.
Franza est un livre exigeant, énigmatique, dont les clairs-obscurs donnent à entrevoir, de manière poétique les facettes d'une femme confrontée au lourd passé de son pays et aux difficultés de relation avec les hommes. Traitant de thématiques proches, comme les rapports de domination, il complète à merveille Malina, le seul roman achevé de l'autrice.
Commenter  J’apprécie          247
J'ai lu ce livre deux fois dans un intervalle de 10 jours. Devant un tel talent, j'ai le souffle coupé : Bachmann est une grande écrivaine et sculpte la langue comme une artiste : elle procède par affleurements successifs et atteint aux couches géologiques les plus profondes de l'être. Elle embrasse l'histoire sans minorer l'importance de ceux qui la traversent ou en meurent. D'ailleurs ce roman est la relation d'un meurtre.
Il est resté inachevé, mais à mon sens il n'y perd rien : sans chair inutile, sans liens artificiels, ses trouvailles exhumées des profondeurs n'en sont que plus terribles et merveilleuses, mieux éclairées dans leur évidence souterraine.
Commenter  J’apprécie          160

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L'eau, plus convoitée que le caviar et que l'or, que les diamants et les terrains, plus précieuse que les salaires et les assurances, que le droit de vote ou que toute une charter de droits. Cela tombait sous la plus ancienne des lois, que l'on ne pouvait enfreindre.
Commenter  J’apprécie          230
Depuis qu'elle était descendue chancelante du car, un combat avait commencé en elle, deux adversaires s'attaquaient avec une détermination véhémente, sans se dire davantage que : Moi oui Moi. Moi et le désert. Ou Moi et le reste. Exclusifs et ne tolérant aucune demi-mesure. Moi et Moi commencèrent de s'affronter.
Commenter  J’apprécie          190
La peur n'est pas un secret, ce n'est pas un terme technique, ce n'est pas un élément existentiel, ni rien de supérieur, ce n'est pas un concept, Dieu merci, ce n'est pas systématisable. On ne peut disputer de la peur. C'est une agression, c'est le régime de la terreur, l'attaque de masse sur la vie, le couperet vers lequel on marche dans une charrette, vers son bourreau, sous les yeux d'un entourage qui ne comprend rien, d'un public, et mon public était mon meurtrier (...) On m'assassine, à l'aide ! C'est cela que j'aurais dû dire, mais imagine, dans cette société, quelqu'un arrivant et disant : on m'assassine. S'il vous plaît, de quoi s'agit-il, qui est l'auteur et quels sont les mobiles, des précisions s'il vous plait, des preuves. Je n'avais pas de preuves, j'étais livrée au clergé, car je n'avais pas la peur légendaire, j'avais l'autre, celle qu'on peut étouffer avec les psychotropes, et les piqûres, et le repos et que l'on pouvait accroître par la peur de la peur.
Commenter  J’apprécie          40
Tu parles de fascisme, c'est drôle, je n'ai encore jamais entendu ce mot pour désigner un comportement privé (...) pourtant ce terme convient, car il faut bien que cela commence quelque part (...) quand les sadiques ne sont pas seulement dans des services psychiatrique ou dans des tribunaux, mais qu'on les trouve parmi nous, avec des chemises blanches impeccables et des titres de professeur, munis des instruments de torture de l'intelligence...
Commenter  J’apprécie          20
Le désert arabe est cerné de représentations brisées de Dieu.
Commenter  J’apprécie          150

Videos de Ingeborg Bachmann (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ingeborg Bachmann
Rencontre autour des poétesses avec Diglee pour Je serai le feu : "une anthologie sensible et subjective, dans laquelle Diglee réunit cinquante poétesses et propose pour chacune d'entre elles, un portrait, une biographie, et une sélection de ses poèmes préférés" qui paraît le 8 octobre aux éditions La ville brûle.  On a parlé de désir, d'écriture, de Joumana Haddad, Audre Lorde, Natalie Clifford Barney, Ingeborg Bachmann, Joyce Mansour, Anna Akhmatova...
Les livres de cette anthologie sont réunis dans une sélection spéciale poétesses sur notre site Librest (https://www.librest.com/livres/selection-thematique-poetesses,1303.html?ctx=81551c627cc90eb2e85d6f7d5f4bcdfb) : https://www.librest.com/livres/selection-thematiq ue-poetesses,1303.html?ctx=81551c627cc90eb2e85d6f7d5f4bcdfb
+ Lire la suite
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues germaniques. Allemand>Romans, contes, nouvelles (879)
autres livres classés : violences conjugalesVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (37) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz: l'Allemagne et la Littérature

Les deux frères Jacob et Whilhelm sont les auteurs de contes célèbres, quel est leur nom ?

Hoffmann
Gordon
Grimm
Marx

10 questions
415 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature allemande , guerre mondiale , allemagneCréer un quiz sur ce livre

{* *}