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Hélène Belletto-Sussel (Traducteur)
EAN : 9782742758364
274 pages
Actes Sud (01/02/2006)
3.83/5   21 notes
Résumé :
Voici cinq nouvelles - et autant de portraits de femmes en décalage avec la réalité. Il y a d'abord Nadja, l'interprète de conférences, qui se prend à rêver d'une langue unique. Il y a Beatrix dont le but hebdomadaire est le salon de coiffure, où elle laisse libre cours à son narcissisme. Miranda, qui oublie ou perd ses lunettes comme pour adapter la réalité à son propre univers. Il y a encore Mme Jordan, délaissée par son fils mais qui n'en continue pas moins de l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
C'est le 4ème livre de cet auteur que je lis. Il a ete traduit par Hélène Belletto. Boje moi. Dieu , qu'elle avait froid aux pieds. C'était sûrement Paestum. Je suis en traduction simultanée. j'aime ce livre. Il ou elle baillait. Il fallait aller voir dans les nouveaux hôtels.Quelle excitation de pouvoir parler ainsi:
Non jamais elle ne se marierait. quand elle s'arrêtait au Lido de Paestum. A son âge, il ne pouvait souffrir d'artériosclérose comme Nadja. Les sarrasins encore les sarrasins dit elle. Elle ne pesait presque rien. C'est la mer c'est merveilleux. Je vois Dinard est-ce normal docteur? le miracle est comme la foi. Il lui fut impossible de finir cette phrase. Mme Mihailovics ne pouvait s'arranger avec elle. Je pense que la combinaison n'était pas la meilleure. J'ai le covid. Je ne l'avais jamais attrapé avant. J'étais vacciné 3 fois comme il est prévu. Miranda ne le voudra jamais. Miranda et incorrigible. Miranda est tombee amoureuse d'un pied de table. Elle déambulait Prinz-Eugen strasse. Johannes est sexuel.
ca ne me déplaît pas de travailler pour une canaille.
Elle aime comme ma tante, les voix. je me rappelle cette tendresse infinie de mon père. Suffoquant, elle dit à son père.
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Un choeur de voix féminines m'enveloppe et m'ensorcèle.
Elles sont cinq à prendre la parole dans ces nouvelles. Ce sont des voix un peu heurtées, déphasées, cacophoniques, qui s'interpellent d'une nouvelle à l'autre, font écho et se racontent des histoires, ou des bouts d'histoires, souvent avec des hommes qu'elles séduisent mais avec qui elles ont du mal à s'accorder. Il y a quelque chose qui cloche, ne les convainc pas, les laisse insatisfaites.
Elles ont perdu le décodeur, sont légèrement en décalage avec la réalité.
Elles parlent plusieurs langues, comme Nadja, traductrice, qui entame une relation avec un homme qu'elle vient de rencontrer dans un congrès. C'est juste le début d'une liaison ou une aventure de courte durée, un peu chaotique, à distance. Nadja est embarquée malgré elle dans ce périple, perdue dans le flot de mots qu'elle doit traduire, avec cet homme qui n'a d'autre attrait que celui d'être originaire de Vienne.
Dans Problèmes, problèmes, Beatrix, immature, entretient une liaison avec un homme marié dont l'épouse fait plusieurs tentatives de suicide. Elle n'a ni formation, ni travail, et ses seuls plaisirs sont le sommeil et le coiffeur, et pourtant la dernière séance va virer au cauchemar.
Dans Les yeux du bonheur, Miranda a un problème avec ses lunettes. Souvent, elle ne les trouve pas. Cela lui permet de voir les choses comme ça l'arrange. Elle va procéder de la même manière avec son amoureux.
Il faut se laisser porter par ces longues phrases sinueuses et poétiques, par ces voix captivantes, moins âpres et désespérées que celle qu'Ingeborg Bachmann nous faisait entendre dans Malina, plus légères, distanciées, proches de nos interrogations, de nos errements, de nos maladresses.
Dotée d'une capacité à décrire des situations avec une sorte d'"hyperréalisme émotionnel", cette écrivaine nous touche au coeur.
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Quatre magnifiques nouvelles d'une écriture poétique dans une langue exigeante (traduction de l'allemand par Hélène Belletto).
Ingeborg Bachman, auteure et poète autrichienne, a fait partie dans l'immédiat après-guerre du groupe 47 qui se proposait de défaire la langue allemande des tournures sémantiques et syntaxiques qui avaient permis le développement de la pensée nazie et reçu, dans un mouvement inverse et réciproque, son empreinte. Entreprise de titan qui touche à l'âme même d'un peuple, ou plutôt à ce que l'histoire en a fait.
N'étant pas germaniste, je ne suis pas capable d'apprécier dans le texte cet immense travail et doit me contenter de la traduction française qui fait apparaître effectivement une fluidité dans les états de conscience des héroïnes que je n'attribue pas à la langue allemande (peut-être à tort). Le style me fait penser à celui, toujours à travers leurs traductions, des récits de Marina Tsvetaeva (russe) ou de Clarice Lispector (brésilienne).
Cinq personnages féminins s'expriment dans ces nouvelles à travers un narrateur omniscient. L'une confie sa rencontre inopinée avec un homme dans un hôtel en Italie : avoir comme seul point commun une origine viennoise suffira-t-il à créer entre eux la complicité nécessaire pour effectuer ensemble un petit circuit touristique ? L'héroïne de la deuxième nouvelle ne trouve de vraie satisfaction que dans le sommeil et n'en éprouve aucune culpabilité. La troisième histoire évoque la façon dont une myopie sévère peut infléchir le cours de la vie jusqu'à lui conférer un velouté artistique non dépourvu de danger. La quatrième révèle l'amour d'une femme délaissée et triste pour sa belle-mère, délaissée aussi par le même homme. Dans la dernière nouvelle une journaliste renommée, en visite chez son père, se retourne sur sa vie sentimentale et professionnelle tout en essayant de retrouver un chemin mille fois parcouru dans son enfance, et qui semble effacé.
Tout ceci n'est que la structure de l'oeuvre, bien entendu, et pas l'essentiel. L'essentiel se trouve dans l'émission par les personnages d'un souffle vital si peu entravé par des considérations de bon ton et d'usages qu'on se surprend à y trouver un outil d'introspection poétique. Il y faut un peu de patience, accepter de ne pas tout comprendre, mais c'est terriblement efficace si on se laisse porter.
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Ce recueil de cinq nouvelles a été publié en 1972 : l'époque en était aux expériences d'écriture : je pense au "Nouveau Roman" à la revue Tel Quel et aux auteurs de cette mouvance.
Le style d'écriture de Bachmann m'y a fait penser (longues phrases sans ponctuation, entremêlement des points de vue). La lecture en demande un effort de concentration et de suivi (ne pas l'interrompre au risque de perdre le fil) ; on est récompensé de cette disposition au point de pénétrer dans l'intellect de ces cinq femmes.
Mais l'ennui, car il vient vite, c'est que ce discours intérieur ne dépasse pas le moi ; tout est égocentré - hormis le passage, d'ailleurs passionnant, le meilleur du recueil parce qu'il nous éloigne de l'égo des personnages, sur la guerre d'Algérie.
A réserver aux fans d'Ingeborg Bachmann sans doute.
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Peut-être le plus beau, le plus bouleversant des recueils de nouvelles jamais écrit.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Quand Elisabeth évoquait sa vie entre Paris et New-York, surtout les évènements dont elle avait été témoin, puisqu'elle ne parlait jamais de sa propre vie, ses amis viennois ou ses auditeurs fortuits pouvaient en tout cas avoir l'impression qu'ils avaient part pour un moment à un monde d'une autre sorte, chatoyant, fascinant, car Elisabeth racontait bien, avec esprit, mais à la maison, chez son père, tous ces récits tombaient dans le néant, non seulement parce que cela n'intéressait absolument pas M. Matrei, mais parce qu'elle s'apercevait qu'elle avait vécu tout cela sans le vivre vraiment, car dans toutes ces histoires, il y avait quelque chose de trouble et de vide, et ce qu'il y avait de plus trouble, c'est qu'elle avait réellement vu tout cela, comme les autres, mais que sa vie, à côté, avait suivi un autre cours, lui échappant souvent comme à un spectateur qui va jour après jour au cinéma et se laisse anesthésier par un monde contraire.
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Mais elle ne pouvait et ne voulait garder aucun espoir, car si en presque trente ans elle n'avait pas rencontré un homme, pas un seul, qui soit devenu inéluctable, quelqu'un de fort et qui lui apporte le mystère qu'elle attendait, pas un seul homme qui soit vraiment un homme et non un cas d'espèce, un paumé sans caractère ou un de ces êtres démunis dont le monde était plein, cela voulait dire que cet Homme Nouveau n'existait pas, on ne pouvait que se contenter d'amabilité et de gentillesse, du moins quelque temps, On ne pouvait pas faire plus, et l'homme et la femme avaient tout intérêt à garder leurs distances, à ne jamais avoir affaire ensemble, jusqu'à ce que chacun ait trouvé le moyen de sortir de la confusion, de la perturbation, de la discordance de toutes les relations. Alors, mais alors seulement, autre chose pourrait advenir, et ce serait puissant et mystérieux, et véritablement grand, et de nouveau chacun pourrait s'y soumettre. (Trois sentiers vers le lac)
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Il aimait aussi en elle une façon de réagir, d'exprimer des désirs, de refuser ou d'accepter ce qu'on lui proposait, sa manière d'être arrogante, modeste, insolente ou simple, toujours changeante, une personne avec qui on pouvait aller partout, qui dans un petit café faisait comme si toute sa vie elle n'avait bu que du mauvais café et mastiqué, affamée, un sandwich desséché, et qui, dans un hôtel comme celui-ci, faisait bien comprendre au garçon qu'il ne fallait pas plaisanter avec elle, au bar elle faisait l'effet d'une de ces femmes qui par principe ne font rien, qu'on ne peut jamais satisfaire, qui s'ennuient ou s'amusent avec grâce, qui ont des caprices irritants, et qui s'énervent pour un zeste de citron qui manque, un peu de glace en trop ou en moins, ou un daïquiri mal mixé. (Traduction simultanée)
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La haine en staccato, l'allégresse en staccato.
(Traduction simultanée)
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Vidéo de Ingeborg Bachmann
Rencontre autour des poétesses avec Diglee pour Je serai le feu : "une anthologie sensible et subjective, dans laquelle Diglee réunit cinquante poétesses et propose pour chacune d'entre elles, un portrait, une biographie, et une sélection de ses poèmes préférés" qui paraît le 8 octobre aux éditions La ville brûle.  On a parlé de désir, d'écriture, de Joumana Haddad, Audre Lorde, Natalie Clifford Barney, Ingeborg Bachmann, Joyce Mansour, Anna Akhmatova...
Les livres de cette anthologie sont réunis dans une sélection spéciale poétesses sur notre site Librest (https://www.librest.com/livres/selection-thematique-poetesses,1303.html?ctx=81551c627cc90eb2e85d6f7d5f4bcdfb) : https://www.librest.com/livres/selection-thematiq ue-poetesses,1303.html?ctx=81551c627cc90eb2e85d6f7d5f4bcdfb
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