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EAN : 9782330108854
158 pages
Actes Sud (05/09/2018)
2.5/5   11 notes
Résumé :
Un mystérieux manuscrit déposé sur le seuil de la porte de Daisy va venir bouleverser le quotidien de plusieurs personnages dans ce roman choral de Martha Baillie. On y suit Clara, une schizophrène dont les voix et la paranoïa polluent les relations et la vie ; sa soeur Julia, une galeriste qui tente d'apaiser les relations familiales ; le meilleur ami de Julia, Maurice, qui rencontre l'amour au gré d'une expérience artistique, et enfin Daisy Harding, auteure alitée... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Après avoir découvert Martha Baillie en lisant "La disparition d'Heinrich Schlögel", je me faisais une fête de lire "Si Clara...".
Pour ouvrir un livre de cet écrivain, il faut accepter de se laisser porter par le récit, de ne pas "lutter" avec des notions de réalisme ou de possibles : si on l'accepte, alors le voyage est magnifique et ce fut encore le cas pour moi, cette fois-ci.

Quatre personnages, qui sont liés, et qui vont tous converger, sans le deviner, vers une rencontre au fil d'événements et de péripéties de leur existence.
Les livres, l'art, les chaussures bicolores et les corneilles sont les "personnages" de second plan mais importants de ce récit virevoltant, attachant, coloré qui fera que vous ne quitterez pas le livre facilement.
La folie, oui, sur un thème du roman, mais laquelle ? Celle que l'on étiquette en se jugeant sain d'esprit ou celle qui manque parfois cruellement dans la vie ?
Même si Clara a des difficultés à partager le monde de ceux qui l'entourent, elle n'en est pas moins une miraculeuse tisseuse de liens !

Nul doute qu'en refermant le livre, votre regard sur les corneilles que vous croiserez alors, sera empli de curiosité !
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Il y a beaucoup de personnages dans ce court roman, plus ou moins attachants, plus ou moins passionnés, plus ou moins bien dans ce monde. Martha Baillie les met en scène tour à tour et petit à petit les liens entre eux apparaissent.
Clara est au coeur de l'histoire, Clara avec ses troubles psychologiques et sa soeur Julia qui, même si elle protège Clara, ignore que cette dernière a écrit. Daisy, elle, est écrivaine mais suite à un regrettable accident, elle est alitée et, de son appartement, entend ce qui se passe chez les voisins: Maurice et Bruce, un couple homosexuel.
La psychiatre qui suit Clara sera mêlée à l'histoire d'une façon originale et inattendue.
Au bout du compte ( ou du conte) ce sera une rencontre de tous les personnages qui mettra fin à cette quête de mots et d'images, de paroles et de silences. Je n'ai pas trouvé cette lecture facile, même si l'écriture est fluide.
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Livre lu dans le cadre de la rentrée littéraire 2018.

Un bon roman, qui dépend l'histoire de plusieurs personnages, tous liés. Ils évoluent chacun de leurs côtés, mais l'élément central, celui qui les relie et qui les fait se rencontrer à la fin n'est autre que Clara, le personnage principal.

Clara est une jeune fille créative, volatile et intelligente qui vit en permanence dans la peur et la suspicion. Elle est malade et s'imagine toute sorte de complot contre elle et contre sa famille.

Autour d'elle, gravite, Julia, sa soeur, qui vit toujours en attendant que sa soeur revienne. Alice, la mère, qui est tombée et qui est maintenant dans un centre avec des personnages âgées, elle veut revoir Clara. Maurice, l'ami de Julia qui tombe amoureux de l'homme à la porte bleue grâce à des jumelles dans une galerie d'art. Daisy, qui est tombée de vélo et qui ne peut plus se servir de sa jambe, elle se morfond jusqu'au jour où elle reçoit un manuscrit d'un livre écrit par une jeune femme prénommée Clara.

L'histoire est simple, attachante et se lit rapidement. J'ai beaucoup apprécié le temps passé avec ses personnages tous liés les uns aux autres et tous tellement différents. Une bonne lecture !
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Me reste le langage et le besoin urgent de le démonter avec une pince

Clara, Julia, Daisy, Maurice et d'autres. Martha Baillie nous propose de passer de l'un·e à l'autre au gré des accents et des souffrances de chacun·es. Les rencontres, surtout celles au sein de relations familiales, sont à la fois complexes et sous le signe de l'inattendu.

Un livre, une histoire d'une jeune syrienne, dévoile et illumine Clara. Un personnage à part entière, « une trame d'images obliques et une tension narrative », non seulement par les liens crées pour son édition, mais pour ce qu'il exprime dans le monde particulier – « Les malades mentaux sont des espaces niés » – de Clara. Chacun·e percevra que le mot réfugié ne se résume pas à une vêture pleine d'angoisse d'un personnage littéraire.

Une jambe « seulement cassée », une dislocation et les efforts de résistance, le doute incarné par une cigarette, des réactions ajustées pour « s‘assurer l'adhésion de son entourage », un corps noueux et douloureux, une hésitation « à inviter le monde extérieur à entrer », la seconde vie de contes populaires, le choix d'un leurre et d'un timing, l'invasion de souvenirs et une fouille biographique, des voix, « j'ai fredonné un truc pour couvrir les voix, mais elles parlaient trop fort. Crier les aurait peut-être fait taire, mais je ne crie pas en public », la production d'un travail cohérent, les corneilles, les tortures que notre monde inflige à certain·es…

Une étrange aspiration littéraire dans un puzzle mouvant. La force d'une écriture, l'agitation des cauchemars intérieurs, « l'intérieur de mon crâne n'est plus un endroit fiable »…

Le titre de cette note est emprunté à… Clara.


Lien : https://entreleslignesentrel..
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Dans ce roman choral, nous suivons les histoires de Clara, jeune femme hantée par la peur et la paranoïa, Julia, sa soeur, conservatrice de musée, Maurice, le meilleur ami gay de celle-ci, mais aussi Alice, la mère de Clara et Julia, ou Daisy, romancière à la jambe cassée. Leurs histoires et leurs pensées se croisent, s'entrecroisent, jusqu'à ce qu'un événement tragique et inattendu les rassemble. L'alternance des personnages donne du rythme au roman, et les liens, visibles ou invisibles, entre eux sont intéressants. Les pensées confuses et dérangées de Clara sont en revanche parfois difficiles à suivre et perturbantes. Un roman plaisant, mais un peu déconcertant.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Tout à coup, le rideau s'ouvre au pied de mon lit, et révèle la présence d'une femme qui a perdu l'équilibre dans un tramway et s'est brisé le fémur. Celle qui se trouve dans le lit d'à côté est tombée sur un trottoir et s'est fracturé le pied à plusieurs endroits. Moi, j'ai fait une chute de vélo : tibia cassé et broyé. Nous sommes les vieilles, les insipides invalides : plus de soixante-dix ans, sauf moi, qui ai tout de même déjà vécu plus d'un demi-siècle. L'hôpital s'emploie sans doute à nous dissimuler aux regards des jeunes tombés de cheval, de moto ou d'un toit, à qui nous donnerions une image trop démoralisante de la décrépitude.
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Julia
Dans sa chute, son couvre-chef de feutre marron se sépare de sa tête. Ils basculent, homme et chapeau, dans l’air blanc jaunâtre. L’homme trapu porte une chemise de tissu grossier ; il choit tête la première, ses pieds chaussés de brun pointant vers le ciel. Ressuscité à Gênes en 1872, le personnage fait partie d’une série de représentations d’humains qui tombent, commandée par des habitants et des étrangers victimes d’un
violent accident. Ils remercient ainsi le saint qui les a sauvés.
En dépit de sa profonde méfiance à mon égard, ma sœur Clara m’achetait des livres d’art. Comme elle disposait de pas mal de temps pour vagabonder d’une librairie de livres d’occasion à l’autre, il lui arrivait souvent de dénicher des volumes insolites à prix réduit.
Elle avait l’œil affûté et était attirée par les laissés-pourcompte.
Le petit livre de reproductions de tableaux votifs naïfs est son dernier présent. Après quoi, elle a disparu de ma vie pendant plusieurs années.
Nous nous étions retrouvées dans un café sur College Street. D’énormes nuages blancs apparaissaient au-dessus du toit plat des immeubles, de l’autre côté de la rue, et ballonnaient dans le ciel bleu. Ma sœur a foncé droit sur moi. Avant même de prendre une chaise et de s’asseoir, elle a sorti un mince volume de son sac à bandoulière. Trois ans de plus que moi, intelligente; un teint parfait, de grands yeux gris tirant parfois vers le bleu, front haut, visage allongé, bouche large. La blancheur laiteuse de sa peau m’a souvent donné envie de troubler l’ordre public, d’agiter les bras et de crier – ou de fuir son insoutenable pureté.
C’était particulièrement vrai quand j’avais quatorze ans et que j’étais douloureusement consciente de l’imprévisibilité de mon corps et de son empressement à me trahir. Ce jour-là comme pendant toutes ces années, le regard que Clara m’a lancé était interrogateur, mais il questionnait de loin, comme si elle m’observait avec des jumelles.
Je l’ai remerciée pour le livre, que j’ai feuilleté avec précaution. Et avec un grand sourire.
« Tes choix sont toujours parfaits. Tu me connais si bien !»
Tandis que je prononçais ces paroles, je me demandais si j’y croyais encore. J’ai sorti une petite enveloppe de ma poche, la lui ai tendue, en hésitant : «Je
sais que tu n’en veux pas, mais je te la donne quand même pour que tu puisses, si tu le désires, la déchirer sans en lire un mot. Maman m’a suppliée de te la remettre, alors voilà.»
Elle a glissé l’enveloppe dans les profondeurs de son sac, m’a demandé quels livres j’avais lus ces derniers temps. Comme je n’arrivais pas à choisir parmi plusieurs titres, j’ai éludé. « Pas mal de choses…
– Julia.
– Oui ?
– Ton prénom a une sonorité si respectable!»
Le mot que je lui ai remis l’a incitée à nous fuir pendant deux ans. Elle a ensuite repris contact avec ma mère, et avec moi, pour finalement rejeter, récemment, toute communication quelle qu’elle soit. Dans le dictionnaire: Fuir : s’éloigner en toute hâte pour échapper à quelqu’un ou à quelque chose de menaçant.
Quelqu’un ou quelque chose que l’on craint, que l’on déteste.« Fuir» est le terme qui convient.
J’ai rangé dans un tiroir de mon bureau le volume de reproductions qu’elle m’a offert à l’aube de sa première disparition. Comme une sorte de talisman.
Quand on ouvre le livre, on y voit des serveurs qui tombent des fenêtres, des fermiers qui tombent des arbres, des enfants qui tombent des balcons. Chaque sujet, emprisonné dans une pâte épaisse appliquée à gros coups de pinceau, est immobile dans les airs, suspendu au regard d’un saint aux yeux levés vers le ciel.
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Ma soeur est folle. Cette certitude s'est plaquée comme un énorme aimant au milieu de ma conscience, attirant tout vers lui : les vieux érables, les nuages voyageurs, l'abribus, l'herbe rase, les maisons étroites pressées les unes contre les autres, les voitures qui passaient. Pourquoi, pourquoi avais-je refusé d'admettre si longtemps qu'elle était folle ?
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Touche pas le téléphone et il ne pourra pas te toucher - c'est ma devise. J'en avais un, de téléphone. Envoyer des messages était trop facile. Tu envoies, tu envoies, tu envoies et quelqu'un finit par en savoir beaucoup trop sur toi. Et ce n'était pas ton intention. Aucun retour en arrière possible - c'est ça la vie avec un téléphone. Pendant que tu communiques avec l'extérieur, les autres communiquent avec ton intérieur.
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Nous, les malades mentaux, nous sommes aussi des réfugiés.
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