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EAN : 9782020253697
303 pages
Seuil (20/03/1997)
3.07/5   7 notes
Résumé :
La France d’après Waterloo se trouve brutalement précipitée dans un monde nouveau, celui de la révolution industrielle où les rêves de gloire sont remplacés par l’argent. S’enrichir par n’importe quel moyen devient la préoccupation générale. Apprenti écrivain encore inconnu et tirant le diable par la queue, Balzac, sous le fallacieux prétexte de mettre en garde ses contemporains contre les escrocs de tous poils, en dresse une liste exhaustive allant du voleur à la t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai apprécié ce court essai écrit par le jeune Honoré de Balzac, avant qu'il ne commence la Comédie humaine, en 1825. L'auteur nous présente les différentes carrières du vol, commençant par les vrais voleurs, par effraction, ou pickpockets de toutes sortes, pour aller crescendo dans ses chapitres, vers le vol de haute catégorie : on y trouvera aussi bien les métiers de la justice que les agents de change, et enfin le vol d'Etat, à savoir les maisons de jeu et la loterie. Les chapitres sont constitués de courts aphorismes, en paragraphes séparés, nous donnant des exemples de faits divers ou personnages importants de l'époque (ou du siècle précédent) - on y croisera Vidocq, par exemple, le bagnard passé de l'autre côté de la Loi... Il nous donne à voir également des exemples de vols perpétrés sous les meilleures apparences de l'honnêteté, dans le grand monde, parfois même sous le nez des rois. Ce sont toujours comme des portraits, ou des situations, qui me rappellent un peu les Caractères de la Bruyère.

Le ton est résolument ironique : Balzac y adopte le point de vue d'un jeune homme en butte au risque de se faire détrousser de ses biens (ou du peu de biens qu'il ait), y compris par des gens apparemment de toute confiance. Moralité : en matière d'argent, on n'est jamais trop prudent, et il joue le jeu de donner de vrais conseils, la plupart du temps tout de même celui de s'abstenir d'essayer les remèdes miracles tant vantés. L'idée maîtresse qui en ressort est que les plus voleurs sont ceux qui ont le système avec eux, plus que les artistes de la cambriole ou de la débrouille. On ne peut, souvent, s'empêcher de faire le parallèle avec notre époque, comme les paragraphes sur la loterie, qui font penser à la Française des Jeux.

Balzac se fait volontiers moraliste, y compris dans ses romans, il est clair qu'il n'aime pas ce qu'est devenu la société "tout-argent" de son époque. Certains propos peuvent paraître connus, rebattus, comme "les fortunes se font et se défont", "on ne gagne jamais au jeu", mais l'ensemble passe encore bien dans la modernité, et ces maximes pourraient, un peu transformées, s'appliquer à la société d'aujourd'hui. En revanche, d'autres exemples découlent soit de la culture classique (grecque et romaine) De Balzac, et j'ai dû prendre le dictionnaire, soit de références devenues totalement obscures (et non trouvables sur internet). Je ne dirais pas que cela m'a vraiment gênée, car plusieurs fois j'ai souri, ri, ou je me suis franchement esclaffée, d'autre fois j'ai médité ses réflexions. C'est une lecture agréable et plutôt facile, peut-être même surprenante.
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Ne serait-ce pas une oeuvre de jeunesse De Balzac écrite par besoin d'argent car, s'il a du talent, il ne rencontre pas la gloire ?
On sent l'oeuvre écrite rapidement, peut-être même payée à la ligne, et qui ne lui a pas demandé un grand travail personnel. En effet, c'est une compilation d'idées reçues, d'aphorismes, de reprises de citations de Cicéron ou d'autres, presque des brèves de comptoir pourrait-on dire aujourd'hui : les voleurs volent parce qu'ils sont dans la misère, mais il faut finalement faire plus attention aux gens du monde qui trompent les autres en souriant qu'aux petits tire-laine, il faut se méfier des banquiers et des notaires, ne pas laisser traîner son sac pour ne pas se le faire voler, ne pas étaler aux yeux cupides des bijoux de grands prix... L'auteur résume lui-même ses idées à la fin de chaque chapitre, il fait des renvois internes à d'autres paragraphes, moyen de "remplir" semble-t-il.
Oui, comme dirait S. Zweig dans sa biographie De Balzac - que je conseille vivement par ailleurs, Balzac écrit vite, beaucoup, sur plein de sujets, car il a besoin d'argent. Si quelques anecdotes peuvent faire sourire, j'ai trouvé beaucoup de longueurs, notamment celles sur les avoués et les notaires.
Et je n'ai pas l'impression d'avoir distingué le futur grand auteur. Oui, on voit déjà certaines de ses idées sur la monarchie et l'Eglise, on décèle son intérêt pour les intrigues de salon et la description des secrets des grandes dames, mais le style ne révèle pas, selon moi, le futur grand.
A ne lire que pour les inconditionnels De Balzac donc, et encore, quand on arrive à la fin de la Comédie Humaine...
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Un livre pour éviter de se faire arnaquer au 19eme siècle, mais toujours valable aujourd'hui, drôle et bien écrit
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Il y a certaines classes de la société que le hasard a dévolues aux rieurs : on y a rangé les médecins, les notaires, les procureurs, les huissiers, les Normands, les Gascons, etc. Ces classes ne s’en offensent jamais, et ne répliquent pas ; car on ne peut guère parler quand on a la bouche pleine. Les Gascons, qui passent pour les moins riches, sont néanmoins les seuls qui, depuis cent ans, aient eu part au gouvernement en France. Et sans aller chercher les d’Épernon, les Lauzun, de l’ancien temps, qu’il vous souvienne qu’en celui-ci, la convention, l’empire et la royauté n’ont vu que des Gascons au timon des affaires, témoin, en dernier lieu : MM. Laîné, Ravez, Decases, Villèle, Martignac. De tous les rois de Bonaparte, enfin, un seul est resté ! Aussi Bernadote est-il gascon.

Tout ce préambule n’est que ce que nous appelons une précaution oratoire, afin de détourner de nous le soupçon de vouloir attaquer l’honneur et la probité de MM. les notaires, avoués, huissiers, etc. Nous savons parfaitement bien que si l’on a admis en principe de rendre justice à chacun, cette justice, qui n’y voit goutte, a besoin d’officiers ; mais, comme il n’y a pas de bien ici-bas qui n’ait pour frère un abus, après avoir posé comme axiome qu’un notaire, un avoué, un huissier sont parmi les inventions sociales, judiciaires, ministérielles, politiques, l’invention la plus légitime, la plus bienfaisante, qu’il nous soit permis d’examiner les dangers attachés à ces bienfaits. La cassave donne le pain aux nègres ; et si l’on n’ôte pas tout son lait le manioc devient un poison.

La bonne foi est arrivée à un tel point de perfection, que même un contrat bien en forme et bien expliqué ne signifie quelquefois rien ; et l’on voudrait se passer de notaires, qui sont des espèces de compagnies d’assurance contre les incertitudes de la conscience ; d’avoués, qui, en justice, font l’office des anciens parrains dans les jugements de par Dieu ! Ceux-ci, en effet, armaient les combattans, arrangeaient les cuirasses, voyaient si les épées étaient bien affilées, et criaient au peuple, chacun de son côté, que le combattant avait raison. Que diable ! soyons justes et reconnaissons dans ces deux sortes d’officiers une institution monarchique, une antiquité féodale.
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Petit voleur est, parmi les Industriels, le nom consacré par une coutume immémoriale, pour désigner ces malheureux prestidigitateurs qui n’exercent leurs talents que sur les objets du prix le plus médiocre.

Dans tous les états il y a un apprentissage à faire ; on ne livre aux apprentis que la plus facile besogne, afin qu’ils ne puissent rien gâter ; et, selon leur mérite, on les élève graduellement. Les petits voleurs sont les apprentis du corps auquel ils appartiennent et font leurs expériences in anima vili.

De même que, dans l’art de magnétiser, l’abbé Faria faisait débuter ses disciples sur une tête à perruque, de même les petits voleurs s’exerçaient jadis sur un mannequin suspendu par un fil. L’homme d’osier remuait-il ? un ressort agitait une sonnette ; le professeur accourant aussitôt, administrait une correction salutaire à son élève, puis l’instruisait à enlever le mouchoir subtilement et sans bruit.

Mais cet âge d’or des petits voleurs n’est plus ; leur art, digne de Sparte, tombe en décadence : il a eu ses révolutions, ses phases, et voici la situation actuelle de ceux qui l’exercent :

La petite volerie est, à proprement parler, le séminaire où recrute le crime, et les petits voleurs ne sont, comme on voit, que les tirailleurs de la grande armée des Industriels sans patente.

Déchus de la splendeur dans laquelle ils brillèrent depuis 1600 jusqu’à 1789, ces disciples de Lycurgue ont, à ce qu’on assure, cumulé deux professions grecques d’origine, afin de se relever de leur nullité.
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La vie peut être considérée comme un combat perpétuel entre les riches et les pauvres. Les uns sont retranchés dans une place forte à murs d'airain, pleine de munitions ; les autres tournent, virent, sautent, attaquent, rongent les murailles ; et malgré les ouvrages à cornes que l'on bâtit, en dépit des portes, des fossés, des batteries, il est rare que les assiégeants, ces Cosaques de l'État social, n'emportent pas quelques avantages.

Avant-propos, page 3.
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À ceci il n’y a d’autre remède que celui-ci : l’homme assez malheureux pour avoir une grande fortune doit se soumettre à une étude très profonde des lois, des actes, etc. ; il doit connaître la procédure, faire son droit, être en état de rédiger un acte, de dresser un bordereau, de régler une succession, un partage : tels sont les charges et les ennuis de la fortune : aussi n’est-il pas étonnant que tant de gens préfèrent la pauvreté.

Page 143.
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Mais les voleurs adroits sont reçus dans le monde, passent pour d’aimables gens. Si, par hasard, on trouve un coquin qui ait pris tout bonnement de l’or dans la caisse d’un avoué, on l’envoie aux galères : c’est un scélérat, un brigand. Mais si un procès fameux éclate, l’homme comme il faut qui a dépouillé la veuve et l’orphelin trouvera mille avocats dans le monde.

Page 12.
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Videos de Honoré de Balzac (155) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Honoré de Balzac
Deuxième épisode de notre podcast avec Sylvain Tesson.
L'écrivain-voyageur, de passage à la librairie pour nous présenter son récit, Avec les fées, nous parle, au fil d'un entretien, des joies de l'écriture et des peines de la vie, mais aussi l'inverse, et de la façon dont elles se nourrissent l'une l'autre. Une conversation émaillée de conseils de lecture, de passages lus à haute voix et d'extraits de la rencontre qui a eu lieu à la librairie.
Voici les livres évoqués dans ce second épisode :
Avec les fées, de Sylvain Tesson (éd. des Équateurs) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23127390-avec-les-fees-sylvain-tesson-equateurs ;
Blanc, de Sylvain Tesson (éd. Gallimard) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/21310016-blanc-une-traversee-des-alpes-a-ski-sylvain-tesson-gallimard ;
Une vie à coucher dehors, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774064-une-vie-a-coucher-dehors-sylvain-tesson-folio ;
Sur les chemins noirs, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774075-sur-les-chemins-noirs-sylvain-tesson-folio ;
Le Lys dans la vallée, d'Honoré de Balzac (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/769377-le-lys-dans-la-vallee-honore-de-balzac-le-livre-de-poche.
Invité : Sylvain Tesson
Conseil de lecture de : Pauline le Meur, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
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