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sur 4293 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Dis, Maman. Raconte-moi ton premier Balzac.
— Eh bien, vois-tu, ma fille, mon premier Balzac n'avait rien de très poétique ni de très motivant.
C'était par un temps gris d'automne, de la pluie et du vent à ne plus savoir qu'en faire. de plus, comme pour bon nombre d'entre nous, c'était une lecture imposée à l'école. Si tu savais comme je détestais ces lectures imposées. Bien souvent, je m'arrangeais pour ne pas les lire, pour faire illusion. Bref, cela m'est tombé dessus.

Bien sûr, Balzac, je connaissais de nom, mais n'avais jamais rien lu de lui. On ne m'en avait dit que du mal, que c'était ennuyeux, pénible à lire, très démodé, une vraie corvée. Certains titres de ses romans m'étaient connus, mais pas celui-là. Non, ça ne me disait vraiment rien ce nom, Eugénie Grandet, je n'en avais jamais entendu parler.

Ma mère était allée me l'acheter à l'une des mauvaises librairies de la ville, car, comme tu peux te l'imaginer, il n'y avait pas beaucoup de livres chez mes parents. Quand j'ai vu le livre que me rapportait ma mère, j'eus encore plus le bourdon. La couverture était moche comme il n'y a pas.

Un samedi après-midi, il n'y avait vraiment rien à faire dehors, il pleuvait sans discontinuer. Notre chienne était sur le point de mettre bas et comme elle n'avait pas l'air très en forme, mon père m'avait demandé de la surveiller afin de pouvoir appeler le vétérinaire au bon moment si le besoin s'en faisait sentir.

Alors je pris Eugénie Grandet avec moi et commençai à lire pour tromper l'attente. Je n'ai plus une conception précise du temps à partir de ce moment-là. Je sais juste qu'assez rapidement il m'a fallu allumer la lumière, soit que le ciel était trop gris, soit que la nuit commençait à tomber.

Je sais aussi que je n'ai pas vu naître le premier petit chiot et que je me suis couchée tard ce soir-là. Il n'y avait pourtant rien à faire me semblait-il. Je ne me souviens pas avoir vraiment dîné, par contre, je me souviens parfaitement que ce jour-là, outre les six petits chiots, un grand amour pour Balzac est né... »

Voilà un bien trop long préambule mais cela s'est réellement passé comme ça. Et ce n'est pourtant pas mon Balzac préféré ni même celui que je conseillerais à un jeune désireux de découvrir cet auteur. Mais celui-ci garde pour moi une saveur assez spéciale...

Quoi vous dire que vous ne sachiez déjà sur cet ultra classique de chez classique ? Peut-être que, comme parfois chez Honoré de Balzac, le personnage qui donne son nom au roman ne semble pas être le personnage principal, du moins le plus marquant. Ici, la figure du père Grandet, ancien tonnelier avare ayant fait fortune à Saumur, trône au coeur du roman, lui dont l'ombre et la férule continueront de planer au-dessus de la tête de sa fille même bien après son décès.

Quant au destin de sa fille Eugénie, il paraît n'être qu'un simple dommage collatéral de l'avarice maladive du vieux.
Molière nous avait peint un avare pathétique jusqu'au rire, Balzac nous en sert un pathétique tout court, qui crève avec son magot, le coeur dur comme un granit et les paupières plus sèches que le désert.

Eugénie et sa mère sont les pauvres témoins, voire, de vulgaires expédients du vieux radin. Elles n'ont nul droit à la chaleur humaine et surtout pas à l'amour. le vieux non plus d'ailleurs, mais il s'en fiche comme d'une guigne tant qu'il a de l'or.

À la mort du vieillard, Eugénie demeure richissime, mais effroyablement seule dans la froide maison de Saumur. Les oiseaux de proie tournent autour de ce jeune petit coeur naïf, petit coeur de femme qui a éclos coupée du monde et qui n'en connaît pas les dangers, petit coeur qui s'émeut et qui croit à l'éternité d'un premier amour né d'une rencontre fortuite, petit coeur qui croit en la pureté des hommes aimés et de leurs sentiments, petit coeur qui croit en l'inaltérabilité de la parole donnée, petit coeur qui croit qu'on l'aime pour ce qu'elle est non pour ce qu'elle possède...

Aura-t-elle droit à sa parcelle de bonheur ? Ceux qui l'ont déjà lu le savent et pour les autres, je me dépêche de me taire et de vous laisser lire la fin...

Ce monument De Balzac vaut principalement pour la dentelle dans laquelle l'auteur cisèle la sensibilité d'Eugénie, ses frêles attentes, ses désirs accessibles, son âme neuve, éprise de romantisme et si éloignée de la cruelle réalité de son père, de la rudesse confinant à la goujaterie de son cousin qu'elle aime, la dentelle encore avec laquelle Honoré de Balzac sait si bien nous faire sentir les attentes cupides des deux clans ennemis cherchant à tout prix à faire un beau mariage rentable avec Eugénie, la considérant, elle, comme une quantité négligeable.

Sublime oeuvre psychologique et sociale, écrite tout en finesse, en sensibilité, en amertume aussi, c'est à juste titre que ce roman figure parmi les plus célèbres de son auteur. Mais ceci, bien sûr, n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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J'ai lu Eugénie Grandet pour la première fois au collège, et je n'ai pas du tout aimé. Mais plus tard, les années passant, j'ai retenté la lecture : ce fut un vrai plaisir. Il faut , je crois, de la maturité pour apprécier Balzac, sa façon de décrire personnages et situations, non sans ironie, et la société de l'époque.
C'est pour moi un très bon roman, émouvant et cruel, que je relis avec plaisir régulièrement. Il faut toujours laisser une deuxième chance à un livre.
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J'ai lu mon premier roman d'Honoré de Balzac à l'âge de 14 ans, et pour être tout à fait franche avec vous, je n'avais pas du tout aimé, trouvant que l'auteur s'éternisait dans des descriptions d'objets ou de lieux beaucoup trop longues, et y préférant de loin, à l'époque, Emile Zola. Je m'étais un peu réconcilié avec Balzac quelques années plus tard avec sa nouvelle "Le chef-d'oeuvre inconnu"' mais maintenant que d'autres années ont passé, je me suis décidée à me replonger dans l'univers de ce que tous considèrent comme un grand auteur du XIXe siècle. Alors qu'à l'age de 14 ans, je ne comprenais pas pourquoi tant déloges, aujourd'hui, alors que je suis âge de 29 ans et est dons beaucoup mûri, je commence à comprendre !

Je ne vais pas vous refaire un résumé complet de toute l'histoire que, la plupart d'entre vous, j'en suis certaine, connaissent déjà, ou, du moins en ont entendu parler, mais simplement vous donner mes impressions sur cette lecture. Celle-ci m'a procuré beaucoup de plaisir en y découvrant le père Grandet, riche et avare homme de Saumur, de sa femme et de leur fille Eugénie, que les gens intéressés se disputent afin de faire un beau mariage pour leur propre progéniture. Pour le plus grand malheur d'Eugénie, celle-ci vivait dans un monde, celui du début des années 1800 où les femmes, et encore plus les filles de famille, n'avaient que très peu le droit à la parole et ne devaient pas se permettre le luxe de tomber amoureuse et de choisir elles-mêmes leur mari. Aussi, est-ce une malédiction lorsque celle-ci s'éprendra de son jeune et beau cousin de Paris, Charles. Mariage qui n'est pas envisageable pour le père de la jeune demoiselle étant donné que son frère, le père de Charles, a fait faillite et est, par conséquent, déshonoré.

Quel avenir envisager alors pour ces deux âmes égarées ? La richesse, voilà le thème principal de cet ouvrage car sans fortune, pour Grandet père et, en se replaçant dans le contexte de l'époque, l'on n'est rien !
Un livre aussi sur les sentiments que l'on doit souvent enfouir pour faire plaisir à son père, qui à créer son propre malheur !

Une lecture qui m'a ravie, même si elle n 'est pas des plus joyeuses, mais qui m'aura au moins permis de me réconcilier définitivement avec l'auteur en me donnant cette fois envie de ma plonger dans l'intégralité de "La comédie humaine" afin de combler mes lacunes dans le domaine balzacien ! A lire !
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Un roman qui se déroule à la façon d'une pièce de théâtre, dans la maison bourgeoise de Grandet à Saumur en 1819. Grandet est riche et avare. Il est entouré de trois femmes soumises à son despotisme; sa femme, sa fille Eugénie, et sa servante. Autour d'eux gravitent, comme des vautours, deux familles avides de dévorer l'or du Bonhomme Grandet. Eugénie ferait l'épouse idéale pour ses flatteurs prêts à toutes les bassesses.

On frappe un coup à la porte et la tragédie entre en scène sous le visage du cousin Charles, dandy parisien qui apparaît comme une tâche de lumière dans ce tableau de province étriqué et morne.

Avarice et amour ne font pas bon ménage. L'un dévore la vie, l'autre lui ouvre les bras. L'éclat de l'or ne vaut pas la pureté des sentiments. L'un est pouvoir et destruction, l'autre est bonté et don de soi. Pour Grandet "la vie est une "affaire", pour sa fille elle est émotions.

L'argent qui dessèche les cœurs comme ce fut le cas de Charles. En son nom, on en oublie les Droits de l'homme, tout est permis pourvu qu'on soit riche et respecté.

"Où est l'homme sans désir, et quel désir social se résoudra sans argent ? "

Une triste réalité que nous décrit ici Balzac, dans ce 19e siècle, entre la révolution française et la fin de la monarchie, où l'argent synonyme de puissance, s'accumule dans les provinces, et se gaspille à Paris.



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J'aime la manière dont Balzac nous amène tout doucement dans la province angevine par la description de maisons calmes et mélancoliques. On pénètre dans l'une d'elles et y rencontre la famille Grandet, le père légèrement tyrannique et très Harpagon qui dirige son foyer et son argent d'une main de fer. La mère, soumise et tristounette, Nanon la bonne, costaude, au service de chaque membre de la famille, forte et dévouée, et enfin, Eugénie, qui dans ce récit de sa vie, va s'éveiller d'un long sommeil pour tenter de vivre sa vie, de s'affirmer, tout en restant fraîche et innocente.

Tout ici balance entre générosité, don de soi et calculs froids et cyniques. le père sait tenir son rôle pour embobiner tout le monde, même ses proches, alors qu'Eugénie résistera ce trait d'hérédité propre aux Grandet.
La province - mais aussi les milieux parisiens - que Balzac décrit ici sont détestables au possible et seuls les plus impitoyables y ont leur part du gâteau, au détriment d'âmes faibles comme la pauvre madame Grandet. Eugénie, quant à elle, en ressort grandie et sans taches contrairement à tous les autres personnages, ce qui en fait une des grandes qualités du roman, en plus des effets stylistiques qui parsèment le roman (par exemple, la lettre de Charles (le neveu orphelin) qu'Eugénie est en train de lire devient celle qu'il est en train d'écrire, par un effet de retour dans le temps, précurseur de ce que le cinéma fera dans ses récits).

Portrait d'une époque et d'un milieu qu'on pourrait superposer à ceux d'aujourd'hui sans trop de problèmes, ce qui rend ce roman intemporel.
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« Eugénie Grandet » fait partie des romans français du XIXe siècle inspirés par des faits divers.
Une jeune fille de province mène une vie modeste dans la maison de son père tyrannique et avare. Au décès de celui-ci, elle apprend qu'elle est l'héritière d'une grande fortune. Malheureusement, l'homme qu'elle aime se marie avec une personne riche car il croit qu'Eugénie est pauvre…

Le roman présente un intérêt historique et sociologique. L'action se déroule au début de la Restauration française, période où s'intensifie le développement de l'industrie et l'enrichissement de la bourgeoisie qui devient la classe dominante. Balzac devient l'observateur de la société en imaginant des personnages qui paraissent réels.

Félix Grandet vit à Saumur dans une maison froide et triste, son avarice est maladive. Sa femme et sa fille Eugénie subissent au quotidien sa cupidité ; Eugénie, devenue riche, montrera un réel désintérêt pour l'argent. Le cousin, Charles Grandet va trahir son amour pour de l'argent. Les deux familles de notables qui gravitent autour des Grandet ne sont motivées que par l'appât du gain et méprisent en secret les Grandet. Tous évoluent autour de la thématique de l'argent, le rapport des personnages à l'argent forme le rouage principal du roman.

Le style emprunte beaucoup au théâtre. Le rythme est assez lent et on découvre progressivement le monde des Grandet, leurs habitudes, leurs fréquentations. Enfin, la dernière partie du roman est assez brève et énigmatique. Eugénie Grandet devenue très riche se renferme et choisit de vivre dans une certaine solitude trouvant sa consolation dans la charité et la consécration à son unique amour.
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Encore un excellent classique que je suis contente d'avoir découvert. Balzac est définitivement un auteur que j'aime beaucoup.

Eugénie Grandet, c'est le destin tragique d'une jeune fille, d'abord sous la coupe d'une pere avare et méchant puis malheureuse en amour.

On suit son parcours sur plusieurs années, d'abord dans la maison familiale ou le père compte chaque centime dépensé. Il est difficile pour le lecteur d;avoir un sentiment : en rire car l'avarice à l'extrême est comique, s'énerver car le père Grandet est parfois très agaçant, avoir pitié pour la mère et la fille car il s'avère parfois colérique. Bref, le lecteur passe par toutes sortes d'émotions.

Jusqu'au jour ou le cousin Eugénie, Charles, entre dans la vie de la jeune fille. Elle en tombe éperdument amoureuse, mais le père refuse leur union pour une question d'argent (bien sur !). Elle attendra patiemment son retour des Indes...... Je n'en dis pas plus pour ne pas vous gâchez la lecture si vous ne l'avez pas encore lu. En tout cas, c'est un roman que je vous recommande. Il se lit facilement et qui a très bien vieilli.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Un des personnages les plus émouvants de la Comédie Humaine , cette pauvre Eugénie , faites pour aimer et être aimée et qui se dessèche peu à peu d'abord sous la férule impitoyable de son père puis dans l'attente d'un prince Charmant minable . Cette vie minuscule broyée sous les contraintes de la société et la dureté impitoyable de la vie , combien y en eut-il ? Mais celle-là Balzac l'a amenée à la lumière qui lui fut refusée .

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Eugénie Grandet grandit en province, à Saumur, entourée de son père d'une avarice maladive, sa mère, petite femme soumise que Grandet a épousée pour ses rentes et Nanon, la servante dévouée à Grandet.

Félix Grandet ne vit que pour l'argent, en posséder et en accumuler toujours davantage. Il est tellement avare que tout est compté, jusqu'aux morceaux de sucre qu'il va jusqu'à couper lui-même en parts réduites, au bois sur lequel il ne faut pas compter pour se chauffer d'avril à novembre quel que soit le temps, les portions de pain qui sont comptées, etc ...

Eugénie ne souffre pas trop de cette situation car elle n'en a jamais connu d'autres ... jusqu'au jour où son cousin, le beau Charles, fils du frère de Grandet, Guillaume, débarque avec tous ses atours de luxe et que éblouie elle en tombe amoureuse. En fait, Guillaume, ruiné, se suicide et demande à son frère de s'occuper de son fils. Ce drame qui laisse le père Grandet insensible (hormis pour les questions d'argent) désespère le jeune homme qui était très attaché à son père. Qu'à cela ne tienne : Grandet par toutes une série de manoeuvres entreprises par son homme de loi va entreprendre une série de démarches pour profiter financièrement de la situation et envoyer son neveu aux Indes coupant ainsi court à l'amour qui fleurit entre sa fille et son neveu. Eugénie, amoureuse va donner à son cousin toutes ses économies, ce qui lorsqu'il le découvrira mettra Grandet dans une rage épouvantable au point de confiner sa fille (âgée de 23 ans quand même) dans sa chambre au pain sec et à l'eau durant de longs mois. Elle ne survivra que parce que Nanon lui apportera en cachette quelque nourriture plus noble et plus consistante.
La mère d'Eugénie, dévastée par ces événements tombe malade et agonise pendant de nombreux mois parce qu'elle souhaiterait que son mari pardonne à Eugénie et fasse la paix avec elle. Grandet n'en a cure jusqu'au moment où son homme de loi lui fait comprendre que si son épouse décède, il devra partager l'héritage de cette dernière avec sa fille. L'argent, les biens, la possession sont les seuls arguments qui pouvaient convaincre Grandet. Il se réconcilie donc avec sa fille mais la mère laissée sans soins durant presque une année décédera quand même, heureuse de quitter ce monde où la vie lui fut si dure et sans joie. Grandet trouvera le moyen de faire renoncer Eugénie à l'héritage de sa mère. Il faut dire que la douce Eugénie n'en a cure, pure, naïve et innocente, elle ne pense qu'à son cousin et aux serments d'amour éternel qu'ils se sont juré. Bien qu'entourée de plusieurs prétendants, Eugénie restera fidèle à ses sentiments pour son cousin. le père Grandet finira par mourir en contemplant son or. Et Eugénie, eh bien Eugénie ... pour le savoir, lisez le livre si ce n'est déjà fait ...

Le thème de ce livre c'est l'avarice poussée au dernier degré, avarice qui, comme toujours chez ceux qui sont atteints de ce vice, est non seulement matérielle mais également morale. Pourtant, vraisemblablement Grandet aime sa fille ... mais moins que l'or ... ! L'opposition entre les avares et les avides (Grandet et quelques uns de ses "amis") et l'innocence, la pureté et la sensibilité de coeur ( Eugénie et sa mère) nous atteint de plein fouet et nous fait réfléchir non seulement sur les moeurs du 19e siècle mais encore sur notre époque où l'argent domine tout autre considération faisant de nos contemporains des êtres de moins en moins "humains".

L'écriture de Balzac me fatigue toujours un peu mais je dois reconnaître que sa psychologie et son analyse de société sont très judicieuses et pertinentes.

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Je fais partie de ces gens à qui Balzac fait peur et rebute, et qui cherche à soigner le mal par le mal en m'en injectant de temps à autre une petite dose afin d'en conjurer les effets.
Stratégie qui aura parfaitement fonctionné avec Eugénie Grandet, à la fois tragédie terrible et comédie grinçante dans laquelle je ne m'attendais pas à plonger si facilement et avec autant de plaisir.

Tout ce que l'on se figure De Balzac est là dans ce huis clos oppressant entre les quatre murs de la masure de cet avare bestial de Grandet : l'observation minutieuse de la mesquinerie provinciale, la peinture de moeurs et le poids démesuré de l'argent dans les rapports sociaux, mais surtout la peinture de deux caractères radicalement antagonistes : le vieux Grandet, dont l'avarice et la barbarie du comportement relèvent de la psychiatrie lourde, et la jeune Eugénie dont la pureté d'âme et la générosité de coeur sont sacrifiées sur l'autel de la passion morbide de son père pour son or.

Au long de l'intrigue, d'une cruauté d'autant plus abominable qu'elle est émaillée en contrepoint de comique avec les notables de Saumur venant courtiser la fille pour obtenir l'or du père, ce qui marque le plus profondément est l'éveil progressif de la jeune Eugénie, maintenue par le père dans l'ignorance et la soumission, découvrant l'amour, y puisant une force insoupçonnée pour enfin déployer toute la noblesse de son caractère sur les cendres d'une tragique trahison.
Un classique incontournable, épouvantable et pathétique, avec juste ce qu'il faut de lumière pour ne pas devenir définitivement misanthrope.
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