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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je n'en finis jamais avec Balzac!
Et c'est toujours un régal, et même quand ce cher Honoré nous entraîne ici dans un « mélo » pur jus, il y a toujours cette capacité à nous faire ressentir l'ambiance d'une ville, en l'occurrence ici, le Paris de la Restauration, et cette acuité psychologique, cette verve extraordinaire qui fait oublier les outrances des situations.

J'entreprends avec Ferragus, la lecture du premier livre de L'histoire des Treize, qui comporte aussi La Duchesse de Langeais et La fille aux yeux d'or, les trois premiers épisodes du cycle des Scènes de la vie parisienne.

Dans une préface exaltée comme il sait les faire, Balzac veut nous faire croire à cette compagnie des Treize ou encore secte des Dévorants, et nous explique l'origine, le rôle occulte, sanglant et puissant de cette tribu de Compagnons, « ce monde à part dans le monde, hostile au monde, n'admettant aucune des idées du monde, n'en reconnaissant aucune loi », « ces treize hommes qui recommencèrent la société de Jésus au profit du diable », et dont le chef fut, à un moment de leur histoire, Ferragus XII.

L'intrigue du roman met en scène un couple de jeunes fort épris l'un de l'autre, celui formé par la belle Clémence et Jules Desmarets, un agent de change dont la fortune se fait, sans qu'il le sache, grâce à l'appui occulte de la compagnie des Treize.
Ce couple est confronté aux accusations d'infidélité faites à Clémence et Jules par un jeune et entreprenant militaire, le baron Auguste de Maulaincour, qui a découvert que Clémence se rend régulièrement dans une maison d'un quartier mal famé de Paris.
Les soupçons de Jules vont l'amener à enquêter et à découvrir la vérité, qui a quelque chose à voir avec Ferragus, le chef des Treize , et ainsi disculper Clémence, mais c'est trop tard, celle-ci n'a pas supporté la honte qui s'est abattue sur elle et meurt de chagrin, ce qui survenait souvent dans les mélodrames du 19 eme siècle!
Quant à Maulaincour, sa perfidie sera punie, la compagnie des Treize l'exécutera.

Balzac profite de cette intrigue pour nous donner une description saisissante des rues de Paris, plus particulièrement celles mal fréquentées, et aussi celle de la Bourse et de l'activité des agents de change.
Et une fois n'est pas coutume, il nous conte l'histoire de deux êtres purs et fidèles ( pas comme Nucingen et Delphine Goriot, par exemple), victimes « innocentes » de leur lien avec Les Treize.

Et puis, il y a, comme toujours, cette façon flamboyante De Balzac à nous conter des histoires
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Il faut le dire tout net, l'intrigue de Ferragus est du pur mélo : on ne la dévoilera pas ici, puisqu'il s'agit du secret honteux d'une belle héroïne qui meurt de chagrin à cause de lui, mais on y trouvera tous les ingrédients qui attiraient le public aux théâtres du Boulevard du Crime. Mais alors, qu'est-ce qui fait de ce bref roman, ou de cette longue nouvelle, une belle oeuvre balzacienne ? Balzac change en or tout ce qu'il touche, et habille la trame un peu sotte de son mélodrame de toiles splendides de Paris, de vrais poèmes en prose de la ville, dont Baudelaire se souviendra. Il coud à l'intérieur de l'habit de belles maximes, de profondes réflexions sur son temps, et sur les types humains qui s'agitent dans son récit ; enfin, plusieurs scènes, comme celle du Père-Lachaise, annoncent les grands romans à venir. Dernier mérite : son "Ferragus" est une prophétie de Jean Valjean, sa Madame Jules laisse prévoir Cosette, Ida la grisette est une version comique de la jeune Fantine, etc ... Voici donc un roman au carrefour de plusieurs grands textes du XIX°s, de Hugo à Baudelaire.
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"Ferragus" est un roman simple, construit à la manière d'une pièce de théâtre ; on est loin certes du foisonnement du "Père Goriot" ou des "Illusions Perdues" !... Il n'empêche : Balzac a toujours la plume aussi sûre et aussi talentueuse, pour mon plus grand bonheur !...
C'est à en croire que cet homme était né pour faire des textes avec les moyens du roman, tout en les construisant comme des pièces de théâtre !... Et quelle beauté trouve-t-on dans ces romans construits ainsi !...
Ces romans sont tantôt simples, tantôt foisonnants, tantôt ce sont comme de grandes cathédrales, de gigantesques monuments, tantôt on dirait des tragédies construites avec la plus parfaite des unités d'intrigue… Tant Balzac a de génie !
Et j'aime "Ferragus", car j'aime Balzac ; j'aime sa fine analyse sociale, j'aime tout ce qu'il y a dans les aventures qu'ils créent, j'aime son style, la beauté de ses histoires, leur caractère dramatique.
Balzac est l'inventeur de pratiquement tout le roman moderne ; à bien y regarder, tout revient à Balzac, tous les siècles qui ont suivi furent, littérairement parlant, des enfants De Balzac.
Et on vois déjà, rien que dans "Ferragus", se dessiner certains des romans les plus importants de l'histoire littéraire.
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« Ferragus » est le premier roman d'une trilogie appelée « Histoire des Treize », qui comprend également « La Duchesse de Langeais » et « La fille aux yeux d'or ». L'ambition De Balzac était de composer, à l'intérieur même de la « Comédie humaine », une série de romans mettant une société secrète. Mais contrairement aux organismes déjà existants comme les Francs-maçons, les Rose-Croix ou les Illuminati, la société des Treize ne se réfère pas à une philosophie, à une idéologie, ni à une religion : il s'agit d'une réunion de « treize hommes également frappés du même sentiment, tous doués d'une assez grande énergie pour être fidèles à la même pensée, assez probes pour ne point se trahir, alors même que leurs intérêts se trouvaient opposés, assez profondément politiques pour dissimuler les liens sacrés qui les unissaient, assez forts pour se mettre au-dessus de toutes les lois, assez hardis pour tout entreprendre, et assez heureux pour avoir presque toujours réussi dans leurs desseins […]. Enfin, pour que rien ne manquât à la sombre et mystérieuse poésie de cette histoire, ces treize hommes sont restés inconnus, quoique tous aient réalisé les plus bizarres idées que suggère à l'imagination la fantastique puissance attribuée aux Manfred, aux Faust, aux Melmoth ; et tous aujourd'hui sont brisés, dispersés du moins… Depuis la mort de Napoléon, un hasard que l'auteur doit taire encore a dissous les liens de cette vie secrète, curieuse, autant que peut l'être le plus noir des romans de madame Radcliffe. La permission assez étrange de raconter à sa guise quelques-unes des aventures arrivées à ces hommes, tout en respectant certaines convenances, ne lui a été que récemment donnée par un de ces héros anonymes auxquels la société tout entière fut occultement soumise, et chez lequel il croit avoir surpris un vague désir de célébrité » (Préface à « L'Histoire des Treize » - 1855).
Comme on le voit, l'auteur se situe délibérément dans un domaine particulier : celui du fantastique (l'allusion à Ann Radcliffe, est assez claire) mais un fantastique social qui intègre les divers rouages de la société. Non pas donc, une société secrète telle qu'elle sera illustrée par George Sand (« Consuelo/La Comtesse de Rudolstadt ») ou Alexandre Dumas « Joseph Balsamo ») mais plutôt telle que la célèbreront Eugène SueLes Mystères de Paris ») ou Paul Féval (« Les Habits noirs ») ou encore Pierre Ponson du Terrail (« Rocambole »).
Du reste, Balzac ne pousse pas très loin son étude : le rôle des Treize est assez réduit dans chacun des romans, et reconnaissons-le, pas reluisant : Dans « Ferragus » leur rôle consiste à éliminer un officier qui cherche à séduire la fille de leur chef ; dans « La duchesse de Langeais » il s'agit de punir une coquette et la retrouver quand elle disparaît ; enfin dans « La Fille aux yeux d'or » il s'agit d'aider à la conquête d'une jeune fille, dans le milieu très particulier de l'homosexualité féminine (un roman plutôt osé, dirons-nous, pour l'époque).
Ferragus, chef des Dévorants (une sous-société secrète, dont le nom, à l'origine dérivé de Devoir, ne concerne plus aujourd'hui que des hommes avides de plaisirs, et pas seulement ceux de la table) a marié sa fille Clémence à Jules Desmarets. Un jeune officier, Auguste de Malincour s'est entiché de la belle. Ferragus mettra tout en oeuvre pour écarter le soupirant. Si bien que ça ne fait le bonheur de personne, et ce n'est pas divulgacher que dire que ça fait le malheur de tout le monde.
Curieux roman qui tient à la fois du policier, du roman de moeurs, du mystère et du roman noir. On retrouve le thème du bagnard évadé (Ferragus a certains traits de Vautrin) et celui de l'amour paternel (comme Goriot, mais inversé : l'amour de Goriot était abnégation et don de soi et s'assimile à une sorte de martyre ; celui de Ferragus est égoïsme et aveuglement et finit dans le crime). Balzac revient aussi à certains fils rouges de son oeuvre : la compromission des politiques, la porosité de la vie privée et de la vie publique, la fatalité des passions…
Un beau roman qui ne figure pas parmi les plus connus de son auteur, mais qui vaut le détour, par sa peinture insolite de l'envers de la société contemporaine. A lire bien entendu avec les deux autres romans de la Trilogie.
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FERRAGUS – le chef des devorants
Honoré de Balzac
4ème de couverture

Les Compagnons de l'ordre des Dévorants l'ont, jadis, élu chef sous le nom de Ferragus XXIII.
Très vieux livre que j'ai retrouvé.
Je ne connaissais pas du tout ce livre De Balzac.
En réalité une énigme bien de l'époque, mais on y retrouve les fameuses et longues descriptions De Balzac
Il semblerait que Balzac a reçu l'autorisation d'écrire sur ces personnes, mais d'une façon restreinte, sans donner trop d'explication de cette société secrète qu'était les dévorants.
Ils avaient fait partie d'un groupuscule, issu du compagnonnage et prêt à tout des diables en somme,
Il semblerait aussi que ce groupe ait réellement existé
L'auteur raconte ici l'histoire un jeune homme, de bonne famille, tombé éperdument amoureux d'une jeune femme marié et qui par un curieux hasard l'aperçoit dans une rue mal famée de Paris.
Il veut en savoir plus et c'est là qu'il se heurte à ce monsieur.
Qui modifie son apparence, qui apparaît sous diverses identités etc… cela cachait un vrai grand secret, mais tout ceux qui approchent ce Ferragus, trouve la mort d'une manière différente
Suite à ce que j'ai lu sur internet, sur cette société, elle tire également du franc maçon. D'où les grands secrets, les grands entrées etc..
J'ai été fortement attirée par ce livre, et me suis posée beaucoup de question c'est la raison pour laquelle je me suis documentée sur cette ordre des dévorants.
À vous de voir si cela vous intéresse ces sociétés secrètes anciennes

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C'est dans Ferragus, écrit en 1833, que Balzac décrit la façon dont Jules Desmarets contemple Paris depuis les hauteurs du Père-Lachaise après y avoir enterré sa femme Clémence, et qui prélude en quelque sorte le défi lancé par Eugène de Rastignac dans le Père Goriot, deux ans plus tard :

« Puis Jules aperçut à ses pieds, dans la longue vallée de la Seine, entre les coteaux de Vaugirard, de Meudon, entre ceux de Belleville et de Montmartre, le véritable Paris, enveloppé d'un voile bleuâtre, produit par ses fumées, et que la lumière du soleil rendait alors diaphane. Il embrassa d'un coup d'oeil furtif ces quarante mille maisons, et dit, en montrant l'espace compris entre la colonne de la place Vendôme et la coupole d'or des Invalides : — Elle m'a été enlevée là, par la funeste curiosité de ce monde qui s'agite et se presse, pour se presser et s'agiter. »

Funeste curiosité en effet. L'histoire de Ferragus débute avec la curiosité tenace d'Auguste de Maulincour, une curiosité telle qu'elle se termine par un enterrement au Père-Lachaise et un suicide de grisette à la fin de l'ouvrage. Car Auguste de Maulincour ignorait qu'en poursuivant la belle femme mystérieuse qu'il avait aperçu dans la rue Soly, la rue la plus étroite et la plus impraticable de Paris, il allait ouvrir la boîte de Pandore remplie de secrets et de forces mystérieuses qui faillirent lui coûter la vie, à cause de sa persévérance de vouloir dévoiler le mystère qui plane sur la vie de Clémence de Demarets, appelée Madame Jules.

Livre court et agréable à lire, je peux en recommander la lecture à tous.
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Ferragus est un roman laissant libre court à l'exaltation romantique des personnages. Amour déçu, désenchanté ou filial, il anime les personnages dans leur recherche de la vérité. Honoré de Balzac laisse parler sa plume avec énergie et force de sentiments. Ce récit dramatique s'accompagne également d'un mystère aussi inquiétant qu'intrigant. Que peut cacher aussi farouchement Clémence Desmarets ? Pourquoi ne rien dévoiler à son époux ? Les révélations ne seront pas forcément étonnantes mais ce n'est finalement pas très important.

Ce qui est fondamental dans ce roman est bien la ténacité avec laquelle les protagonistes vont avancer afin d'obtenir la vérité. Une persévérance teintée d'un besoin impérieux de réponses, quitte à se consumer pour les obtenir. Ferragus semble s'inspirer de la tragédie : exaltation des sentiments, mort, secrets. Outre Clémence, Jules, Auguste ou même ce mystérieux Ferragus, Honoré de Balzac met également en lumière un autre personnage : Paris. Décrivant ses quartiers riches ou ses rues sales, ses courbes et ses obscurités, l'auteur nous plonge totalement dans la capitale et dans ses recoins sombres.

Dans le registre du tragique avec amour impossible, meurtres, maladie, Balzac nous emporte dans son tourbillon de secrets et de personnages épuisés à force de rechercher la vérité.
Lien : https://entournantlespages.w..
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Quand Balzac mêle les portraits parisiens avec de l'action, le résultat est ce drôle de petit roman ! Des rendez vous mystérieux qui nous mettent face aux concierges, aux grisettes, aux devorants, une société secrète qui veille sur Paris, une femme si angélique, un mari si dévoré d'amour, tous les ingrédients sont réunis et saupoudrés d'une langue française délicieuse et poétique. J'ai adoré, j'ai grande hâte de lire les deux autres histoires des Treize !
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"Balzac va droit au but. Il saisit corps à corps la société moderne. Il arrache à tous quelque chose, aux uns l'illusion, aux autres l'espérance, à ceux-ci un cri, à ceux-là un masque." Voici comment Victor Hugo parlait De Balzac en ce 21 août 1850 lors des funérailles du grand Honoré.

Ce roman est une grande claque stylistique, une ode à Paris, à l'amour, les prémices aussi du genre policier. Dérouler les fils entre Mme Jules, Auguste de Maulincour, Jules Desmarets et le mystérieux Ferragus. Et Paris, personnage à part entière "... cette monstrueuse merveille, étonnant assemblage de mouvements, de machines et de pensées, la ville aux cent mille romans, la tête du monde."

"Néanmoins cet homme exceptionnel [le fossoyeur] relève de la ville de Paris, être chimérique comme le vaisseau qui lui sert d'emblème, créature de raison mue par mille pattes rarement unanimes dans leurs mouvements, en sorte que ses employés sont presque inamovibles."

"La femme qui aime a toute l'intelligence de son pouvoir ; et plus elle est vertueuse, plus agissante est sa coquetterie."

Premier épisode de l'Histoire des Treize, ce roman se lit comme un roman policier, un dictionnaire littéraire, un guide sur Paris, ou un recueil épistolaire.
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