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sur 2656 notes
Voilà un récit De Balzac accessible et qui se laisse dévorer rapidement. Un homme est laissé pour mort sur un champ de bataille. Il revient dix ans plus tard auprès de ses proches qui ont fait leur deuil et commencé de nouvelles vies. Héros des guerres napoléoniennes, il est également un paria avec le nouveau régime politique. Balzac en vient à s'interroger sur comment continuer à vivre alors que tout change autour de nous...
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Avant d'être le roman que nous connaissons aujourd'hui, « le Colonel Chabert » a connu deux autres avatars : la première version (1832) s'intitulait « La transaction » ; la deuxième (1835) avait pour titre, de façon plus explicite « La Comtesse à deux maris », enfin la version définitive (1844), incluse dans les « Scènes de la vie privée » porte pour la première fois le nom du personnage central « le Colonel Chabert ».
« le Colonel Chabert » est l'histoire d'un revenant. Comme « Monte-Cristo » qui curieusement sort la même année (1844). Mais leurs destins sont tout à fait divergents : Monte-Cristo revient pour se venger. Chabert revient pour réclamer son dû. le premier finira par avoir gain de cause. le second connaîtra un sort plus tragique.
Hyacinthe Chabert est un colonel d'Empire, officiellement mort à la bataille d'Eylau (1807), sa veuve Rose Chapotel, une ancienne fille de joie, hérite de sa fortune, et épouse un aristocrate, ancien émigré, qui veut se lancer dans la politique. Mais voici que Chabert reparaît à l'étude du notaire Derville. Malgré le caractère pour le moins exceptionnel de cette affaire, le notaire accepte de s'en charger. Bien entendu la comtesse ne veut rien savoir. On peut la comprendre, accepter officiellement le retour de son mari légitime signifierait sa ruine. D'un autre côté l'accepter officieusement comporte aussi des risques, les ex soldats de l'Empire n'étant pas bien vus sous la Restauration. La comtesse joue un double jeu devant son ex-mari. Mais celui-ci, qui surprend la vérité au détour d'une conversation, se drape dans sa dignité et renonce à tout. Il finit à moitié fou dans un asile. le notaire, écoeuré, quitte la capitale.
Balzac signe ici un de ses meilleurs romans : à la fois roman de moeurs et roman historique, il propose quelques portraits saisissants, et dresse un tableau cynique et désabusé de la société (qu'il nous fait partager par Maître Derville). le roman se passe en 1818, sous Louis XVIII, mais il a été écrit en 1832, sous la monarchie de Juillet. Il est donc doublement historique, puisqu'il évoque les campagnes de l'Empire, et notamment la bataille d'Eylau, et aussi le sort des « demi-soldes » sous la Restauration.
Le portrait de Chabert est un des plus émouvants que nous ait laissé Balzac : comme le père Goriot, c'est un vieillard déçu par ses proches. Mais si Goriot, par amour paternel, ravale sa fierté, Chabert, lui, au nom de sa dignité bafouée, renonce à se battre. Les deux sont pathétiques dans la façon dont ils sont menés en bateau, l'un par ses filles, l'autre par sa femme. Et, coïncidence troublante, Maître Derville est également l'avoué du Père Goriot.
Les autres portraits ne sont pas en reste : la comtesse, comme souvent chez Balzac, fait passer ses goûts de luxe et sa fortune avant toute autre considération. (c'est une idée assez répandue sous la Restauration, et ce sera encore plus vrai sous la Monarchie de Juillet : pensons au « Enrichissez-vous » de Guizot). L'honnête Maître Derville se veut un peu le moraliste de l'histoire, mais devant la tournure des évènements il ne peut que constater le manque de coeur, la malveillance, l'hostilité de certains personnages, qui abusent de la faiblesse de leur victime.
Un grand Balzac qui se lit très facilement, bien qu'il ne soit pas découpé en chapitres, un peu comme une longue nouvelle.
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Des années après avoir été déclaré mort au combat, un ancien colonel d'Empire revient à Paris pour récupérer son épouse, remariée depuis, et sa fortune.

J'ai trouvé l'idée de départ très intéressante, malheureusement la mise en oeuvre ne correspondait pas à mes attentes. Je m'attendais à ce que le doute sur l'identité du personnage principal perdure jusqu'à la fin, or on est fixé très rapidement. Ensuite on retombe dans des considérations sexistes sur les femmes.

Et Balzac ne peut pas s'empêcher d'ouvrir ses histoires sur des détails sans intérêt qui me rebutent à chaque fois, ici la vie dans une étude de notaire, ce qui n'a absolument aucun intérêt pour l'histoire. Heureusement, le récit est suffisamment court pour être lu en une fois, sinon j'aurais probablement eu du mal à reprendre ma lecture après l'avoir interrompue.
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Un des meilleurs Balzac. Assez court, ce roman évite l'écueil des longues descriptions et est profondément poignant. Roman de guerre, roman d'amour, roman d'humanité, ce livre est bouleversant. A lire absolument. Chef d'oeuvre et grand classique de la littérature française.
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Le coeur de l'intrigue, c'est le face à face entre un homme âgé et sa femme plus jeune qui ne le désire plus, qui ne l'aime plus, alors qu'elle est toujours belle, qu'il est pauvre et qu'elle est riche, et riche grâce à lui, qu'il n'est plus reconnu socialement alors qu'elle est une grande dame, une ancienne prostituée devenue grande dame grâce à son mari.
Le reste - l'hypocrisie de la société, les chicaneries de la justice, les plaisanteries des clercs de l'étude, ne sont qu'accessoires aux yeux du personnage principal. Car c'est la trahison de sa femme qui le fait le plus souffrir, celle qui devrait être à ses côtés et qui est la première à l'abandonner. Ce personnage de femme est saisissant pour ses manipulations et ses intrigues égoïstes dénuées d'humanité ; face à elle, Chabert est un héros, un héros militaire mais surtout un héros moral, une figure de saint prêt à tout sacrifier, sa vie, son argent, son nom et son identité, pour le bonheur de celle qu'il a aimée, même s'il la sait coupable.
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La télévision a contribué à populariser ce récit De Balzac, par une dramatique assez réussie. Le texte a pour lui une certaine brièveté, qui plaira à beaucoup, et une grande force de synthèse qui donnera au lecteur pressé une idée de l'art balzacien et de sa grandeur. On y voit s'opposer deux figures, l'une, héroïque et déchue, de l'ancien Empire napoléonien, l'autre, adaptable, opportuniste et déjà prête à la grande révolution libérale, de Mme Chabert devenue comtesse Ferraud, et de son mari. L'intrigue est magnifique, et le personnage de l'avoué, spectateur désolé et sans illusions de l'horrible comédie humaine, fait beaucoup penser au romancier lui-même.
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C'est l'histoire simple du colonel Chabert, mort à Eylau dit-on, enterré sous des morceaux de cadavres, et qui, échappé par miracle à une mort qu'on a cru certaine, ne parvient plus à prouver son existence lorsqu'il revient en France.
Mais ce malheureux, pauvre et méconnu, a du moins le bonheur de rencontrer un avoué (avocat), Monsieur Derville, parfaitement sensible, laborieux, qui aura la patience d'écouter et surtout de croire à ce récit invraisemblable.

Le colonel Chabert a laissé en France son épouse, qui a contracté un second mariage, au mépris des lettres par lesquelles il prévenait de son existence et de ses malheurs. Or, la comtesse Chabert, devenue comtesse Ferraud, est aussi la cliente de Derville, donc l'avocat connait très bien la situation personnelle de la comtesse, ce qui aura son importance.

Toute l'originalité du roman réside dans ce contraste entre l'honneur blessé du colonel Chabert qui ne réclame qu'un minimum de reconnaissance et la comtesse qui jouit impunément des richesses que lui a procurées le colonel Chabert dans l'indignité la plus totale.

Elle a hérité de tout suite au « décès » du Colonel Chabert. Riche veuve et représentante de la noblesse d'Empire, son ambition grandit par le désir de se marier au comte Ferraud, pourquoi ? Non pour accroître davantage ses richesses ; le comte est fauché, mais uniquement pour profiter de son titre d'ancienne noblesse ; la « vraie » noblesse, pas la fausse et nouvelle noblesse d'Empire.

Le second mariage réussi, la comtesse a désormais un ticket d'entrée dans les salons nobles du faubourg Saint-Germain ; elle pouvait « entrer dans cette société dédaigneuse qui malgré son abaissement, dominait la cour impériale ». Comble du bonheur, ce type de mariage hybride plait fortement à Napoléon qui voit tellement d'un bon oeil le rapprochement entre la noblesse d'Empire et l'ancienne noblesse (c'est bon pour sa politique) qu'il va jusqu'a restituer les droits de succession que le Fisc avait prélevé à l'occasion du décès du Colonel Chabert.

Réjouissance une fois encore sous la restauration, cette fois-ci c'est le comte Ferraud qui se voit attribuer une place de conseiller d'Etat près de Louis XVIII, qui d'ailleurs lui restitue quelques biens que la famille du comte avait perdu en émigrant pendant la Terreur. le couple gagne alors sur tous les tableaux…

L'avocat perçoit toutefois une faille dans ce couple idyllique : la comtesse n'avait pas usé de son influence auprès de Louis XVIII afin que le comte Ferraud soit nommé pair de France (équivalent de député à l'époque) ; et être pair de France, c'est un peu le haut du sommet social à l'époque en quelque sorte.
L'argent ne suffit pas à l'égo, il lui faut non seulement de l'argent, de la reconnaissance (les salons) et le pouvoir (pair de France). Il lui manquait donc l'aspect « pouvoir » de l'égo qu'il n'avait pas assez à son goût.

Le comte Ferraud pourrait alors, en cas de procès engagé par l'avocat, hésiter à défendre son épouse, voire la laisser chuter dans les mains du procès, car l'annulation du mariage pourrait l'arranger en ce qu'il pourrait se remarier avec une fille unique d'un vieux pair de France. Oui car à l'époque la pairie était héréditaire, quand un pair de France décédait, cela se transmettait, ; si donc le pair n'a qu'une fille unique, la transmission s'opérait de plein droit à l'époux de la fille unique… Et c'est ce vicieux stratagème que pourrait viser le comte Ferraud dont l'âme est autant corrompue que la comtesse… L'avocat va donc jouer sur ce pied au moment où il transigera avec la comtesse, en lui disant qu'elle aura peu d'appui du côté de son second époux en cas de procès, ce qui l'incite donc à transiger.

Tout se déroule à merveille lorsque le colonel Chabert, en pleine transaction discrète entre l'avocat et la comtesse à huit clos, ne peut s'empêcher de paraître brusquement en colère devant la comtesse qui le revoit pour la première fois. La comtesse le reconnait à peine, elle sait que c'est bien lui en tant qu'épouse, mais aux yeux du public, il est méconnaissable (il a mal vieilli et porte une horrible cicatrice au visage). Cela rebat en quelque sorte les cartes de la transaction, la menace lui semble moins réelle au vu du physique dégradé du colonel.

Aussi sournoise qu'intelligente, elle isole le colonel Chabert dans une splendide maison de Campagne et sous des décors de théâtre, joue à merveille de ses émotions pour obtenir une renonciation du colonel à engager des poursuites. le faible et valeureux colonel accepte. La comtesse fait intervenir son avocat pour signer tout ce qu'il faut pour une renonciation mais des propos égarés de l'avocat et entendus par le colonel lui fait comprendre qu'il s'agit d'un complot et non d'une proposition sincère.

Au sommet de l'écoeurement, le colonel préfère préfère passer le reste de ses jours dans un hospice de vieillesse sans rien demander tout en exprimant son mépris le plus total à la comtesse. La comtesse a donc gagné mais perdu totalement son honneur, sa réputation publique reste cependant intacte…

Même l'avocat restera profondément imprégné de cette histoire qui lui laissera le plus profond dégoût de la société parisienne.

Un peu de politique, d'histoire, de vanités, de faux-semblant, d'honneur en jeu, une fine analyse des personnages… Balzac nous régale en si peu de pages, le roman peut s'avaler en une demi-journée sans aucune fatigue. Les faits sont originaux et marquants si bien que le roman a connu beaucoup d'adaptations.
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Qui est ce mendiant qui demande audience auprès d'un célèbre avoué parisien ?
Il se prétend se nommer Chabert, déclaré mort au combat lors d'une des nombreuses boucheries de Napoléon. Frappé d'amnésie, défiguré il revient alors que son épouse légitime est remariée et mère.
Les preuves de son identité établies, vient l'heure de la médiation avec l'ex veuve. Celle- ci craint l'étalage de l'affaire sur la place parisienne mais aussi les débours pécuniaires que le retour de l'époux impose.
Les femmes sont rusées pour défendre leur biens et ce pauvre Chabert est-il bien apte à se défendre ?

Un texte habilement construit, Balzac mène son histoire bon train avec une fin énigmatique.
Le thème fut repris de multiples fois sous toutes les déclinaisons, au théâtre, romancé au ou cinéma. le retour de l'absent a toujours été un thème bienvenu.







Personnages

– Maître Derville : Avoué de justice

– Comte FERRAUD (ou FÉRAUD) :

– Comtesse FERRAUD : en 1819, cela fait près de vingt ans qu'elle a épousé le comte Ferraud.

– Louis Vergniaud : l'ami de Chabert, le seul fidèle



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Sans aucune doute, un des courts romans les plus connus De Balzac. Un homme habillé de loques débarque dans l'étude d'un célèbre notaire parisien. Il affirme être le colonel Chabert, un officier napoléonien officiellement mort durant la bataille d'Eylau. Gravement blessé mais survivant, l'homme mettra de nombreuses années à rejoindre la capitale française. Il demande à recouvrer ses droits, son nom, sa fortune et sa femme. Si l'avoué croit en son histoire, sa veuve (qui ne l'est plus) refuse la nouvelle situation. Remariée avec deux enfants, sa fortune et celle de son mari ont fructifié. S'ensuit une bataille juridique et une guerre psychologique autour du vieil homme. Balzac montre ici le contraste entre un héros des guerres napoléoniennes, finalement soutenu uniquement par un grognard sans le sou, alors que la nouvelle noblesse de la Restauration refuse de reconnaître l'existence de cet homme. Il montre la lâcheté et surtout la cupidité de l'ex-veuve, qui tentera par tous les moyens de sauver sa nouvelle situation. Une attitude qui dégoûtera le soldat au point qu'il renonce finalement à ses droits. La différence est saisissante entre l'endroit où il vit et la maison secondaire de son ex-épouse où elle l'héberge provisoirement. Une sombre vision de la justice où tout se négocie, où tout est calculé selon les intérêts de chacun excepté la victime, l'avoué préférant une négociation à l'amiable (où le colonel devra réduire ses ambitions sur ses droits) plutôt qu'un procès qui s'annonce long et coûteux (pour lui-même) mais qu'il est pourtant sûr de gagner. Ce n'est pas un hasard si ce livre est un des plus célèbres de l'écrivain car sans aucun doute un des plus réussis.
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Comment n'ais-je pu connaître avant Balzac et "le Colonel Chabert"..
Et pourtant, j'ai lu "La Peau de chagrin" ayant un peu goûté à ce génie littéraire pourquoi n'ais-je pas persévéré.. Et là "Le Colonel Chabert".
J'entre dans l'histoire, puis quelques pages, et ça y est je suis happé, ne faisant plus attention à mon environnement, quand c'est ainsi, c'est que le livre m'intéresse beaucoup.
Je le conseille, décidément, j'aime beaucoup ce XIXe siècle littéraire :-)

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