J'étais très curieuse de lire ce nouveau roman de l'auteure de «
l'élégance du hérisson ».
On rencontre deux fillettes d'une dizaine d'années, Clara et Maria, qui ne se connaissent pas mais ont été abandonnées dans deux villages différents, respectivement italien et français. Chacune a trouvé une famille qui prend soin d'elle, et développe des dons hors du commun : Maria communique avec la nature, parle avec les animaux et écoute les arbres chanter. Elle grandit aux côté d'une vieille herboriste du village et a un sens inné de l'esthétique. Les habitants se rendent bien compte que, depuis son arrivée au village, la vie est plus belle, plus prospère, plus puissante… Comme si la fillette était protégée, mais par qui ? Tout le monde étant très croyant, chacun fait de son mieux pour ignorer le mot « magie » qui effleure leurs esprits. Jusqu'au jour où les éléments se déchainent sur le village.
Pour Clara, tout bascule lorsqu'un piano est installé dans l'Eglise de son village… Elle ne peut résister à l'envie de faire courir ses doigts sur les touches noires et blanches : Alors l'imprévisible se produit, elle joue immédiatement des mélodies incroyables comme jamais personne ; Par son jeu, elle touche au plus profond le coeur des êtres qui l'écoutent et leur délivre des messages, fait revivre des images de leur vie qu'elle peut à son tour percevoir elle-même. le mystérieux Conseil des Elfes décide alors qu'elle est prête à les rejoindre et à combattre à leur côté. Combattre qui ? Comment ? Et pourquoi ? Nous l'apprendrons au compte-gouttes en même temps que Clara. Tout ce que nous savons pour l'instant, c'est qu'une grande bataille se prépare et qu'elle doit s'aider de la musique pour ouvrir une brèche en Maria et communiquer avec elle…
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Le titre nous annonce un roman fantastique éloigné de mes lectures habituelles, et il est en plus annoncé comme le premier tome d'une série, ce qui veut dire prendre le risque que le livre n'ait pas de vraie fin, ou m'obliger à lire le suivant, ce dont je ne raffole pas... C'est pourtant portée par la curiosité, puis par la plume de l'auteure, que j'ai achevé ce premier tome sans trop de mal. L'écriture est incroyable : onirique et poétique, composée de longues phrases qui s'enroulent autour des images et pensées des protagonistes.
Le monde créé par l'auteure oscille entre l'univers de Corag d' « un bûcher sous la neige », pour sa magie en filigrane basée sur l'amplification de petits pouvoirs quotidiens (celui des plantes, de l'empathie, de l'amour, etc…) et l'univers de
Tolkien dans
le seigneur des anneaux pour la sensation qu'une grande bataille finale se prépare entre deux forces très puissantes… Mais si on la sent se profiler, ce premier opus est plutôt consacré à la découverte et à l'acceptation d'un monde fantastique, et à la mise en place de ses jalons. C'est pourquoi mon intérêt a connu un coup de mou vers le milieu du roman, le rythme étant assez lent mais heureusement porté par de jolies phrases.
Surtout, on voit se profiler sous l'ensemble des propos et images un récit métaphorique sur les pouvoirs de l'amour entre les peuples, sur l'importance de la communication, de créer des passerelles entre les gens qui permettent de se rejoindre, un point commun dans nos histoires ou une façon de se comprendre : En cela, «
La vie des Elfes » a également son petit côté Harry Potter… Ici, l'art est cette passerelle un peu magique permettant aux peuples de communiquer (peinture, musique, récits…) et, point commun entre les mondes elfique et humain, il est un beau fil conducteur du roman.
Je précise que, pour l'instant, les pouvoirs de Maria et Clara ne sont pas extraordinairement surnaturels : Ils sont comme l'amplification de leurs sens ou sensibilités, l'exacerbation de leurs sensations : en regardant un personnage, elles voient des flashes de leurs vies comme lorsque vous regardez quelqu'un et que vous percevez des impressions sur lui : son passé, son caractère, ses failles, si vous le ressentez bien ou mal, etc…
« N'eut-il jamais été effleuré de caresses, il y a en chaque être la conscience native de l'amour, et dût-il n'aimer personne encore, il le connaît d'une mémoire qui traverse les corps et les âges. »
Au total, c'est donc un roman qui n'est pas débordant de magie de spectacle, mais il paraît foisonnant tant l'écriture est riche : Cela peut attirer les lecteurs qui ne sont pas fans de fantasy. Cela dit, selon moi cette écriture est la force principale du roman, car ce n'est pas l'action qui vous tiendra véritablement en haleine. Une grande fresque en perspective… Mais à laquelle tout le monde ne sera pas forcément sensible : A lire si vous cherchez une belle plume, mais pas si vous voulez de l'action tout de suite dans le premier tome… Affaire à suivre dans les prochains tomes !
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