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EAN : 9782072977572
288 pages
Gallimard (15/09/2022)
3.25/5   302 notes
Résumé :
« Il avait basculé du côté des puissants, du côté de ceux qu’on n’aimait pas mais qu’on avait appris à craindre, et qui avaient appris en retour à savourer les flatteries hypocrites qu’on leur adressait, moins comme des signes de respect que comme des marques de déférence. »

Sébastien Bitereau, originaire de la Drôme, est un jeune comptable d’exception. Lorsqu’il rencontre par hasard l’animateur vedette de La roue de la fortune, il le choisit comme me... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
3,25

sur 302 notes
Cette comédie humaine d'aujourd'hui revêt les atours d'une autobiographie en creux, celle de Stéphane Courbit à travers son double fictionnel, Sébastien Bittereau, Rastignac drômois, fils d'un plombier, qui, avec son modeste bac G spécialité compta, va connaître une ascension fulgurante et de devenir le roi de la télé. Personnage frappant que ce Courbit / Bittereau, importateur en France de la téléréalité à travers l'émission Loft Story, qui est parvenu à rester dans l'ombre tout en amassant une fortune colossale et une influence démesurée dans les médias.

Ce roman très accessible ravira les enfants de la télé. Il m'a ravie par sa description alerte, vivante, très drôle aussi des coulisses de la télé des années 90 à 2000. Ludique aussi avec tous ses personnages réels  : Patrick Roy ( très beau personnage, le plus désenchanté et le plus touchant aussi ) , Christophe Dechavanne, Pascal Sevran ( les passages sur feu La Chance aux chansons sont hilarants ), Corbier du Club Dorothée, la clique Azoulay d'Hélène et les Garçons, Philippe Vecchi, Arthur, Jean-Luc Delarue ( incroyable scène post fiesta où il se cache dans un frigo pendant que le futur académicien François Weyergans palabre ). Des années où on regardait la télévision ensemble et qu'on en parlait le lendemain au lycée. le récit palpite d'une forte sensation de familiarité voire de complicité avec le lecteur.

En fait, c'est toute une époque que raconte Aurélien Bellanger, sans condescendance ni volonté satirique « méchante », avec nostalgie et mélancolie même. Plutôt rare à souligner, appréciable aussi, que cette description du monde de la télé sans mépris intellectuel. L'auteur met en lumière ce changement de paradigme, ce moment où l'Etat français cède les clefs de la télé à Berlusconi et Bouygues, où les animateurs-producteurs règnent en maître ( les fameux «  voleurs de patates » des Guignols ), où cette télévision privatisée bascule dans le cynisme et l'obscénité. L'appartement témoin du Loft, criard de laideur, devient l'appartement témoin de notre société capitaliste. L'auteur et son oeil acéré excellent à décrire les ressorts contemporains.

J'ai cependant un peu décroché dans la partie du récit post Loft Story, l'intrigue tournant un peu à vide dans sa thèse, pas totalement convaincante, de présenter les nouveaux codes télévisuels de la téléréalité comme un mode artistique spécifique. Mais les dernières pages revigorent parfaitement le roman avec son surprenant épilogue à la créativité iconoclaste, très houellecquienne mais avec un peu plus d'optimisme, peut-être.

Mineur mais très plaisant à lire.
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Régler la mire.
Après voir sorti du grenier nos vieux Minitels, 3615 Ulla et bonne compagnie, dans « La théorie de l'Information » en s'inspirant du parcours de Xavier Niel, Aurélien Bellanger s'éprend du destin d'un autre « self made man », à la one again, pour faire un peu la nécrologie de la téloche à paillettes.
Sa muse, ici, c'est le discret magnat des médias, Stéphane Courbit, importateur du concept de Big Brother et recycleur sans fin d'émissions et de jeux TV d'inculture générale. Perso, à choisir des modèles, nues si possible, la Suzanne Valadon de Renoir ou De Toulouse Lautrec m'appâte davantage que la Loana subaquatique. Plus fan de Rimbaud que d'Arthur, plus mioche au grand air qu'enfant de la télé, la genèse de la télé bling-bling et prélude aux rats de laboratoire confinés, atteints du narcissovirus, ce n'est pas ma tasse de Coca light décaféiné. Pour autant, je ne vais pas faire le snob qui se gargarise de ne pas avoir de télé chez lui. Si ces émissions me parlent, c'est que j'en ai regardé certaines. Mea Culpa est pleine.
La littérature ne manque pas de provinciaux naïfs mais ambitieux qui montent à Paris pour frayer dans le beau monde, faire la roue de la fortune et perdre quelques illusions au passage. A l'époque de la calèche, des hordes de puceaux rêveurs qui ne le restaient pas longtemps (rêveurs et puceaux), envahissaient ainsi la Capitale. le problème de Sébastien Bitereau, au-delà de son nom, c'est qu'en prenant la fuite de sa Drôme natale, il a préféré idéaliser la télé que relire Balzac et faire de sa vie une illusion.
Le roman va suivre son arrivée à Paris dans la valise d'un animateur, puis son entrée dans le poste de nos salons, dans des emplois plus ou moins invisibles d'assistants pour des présentateurs vedettes et chasseurs de patates guignolesques des années 90. Aussi instinctif qu'opportuniste, il renifle avant les autres les tendances télévisuelles du surlendemain. Il importe ce que beaucoup appellent la télé poubelle et que j'ai plutôt tendance à nommer télé-miroir.
A mi-chemin entre la réalité et la fiction, l'auteur décrit les coulisses de la Chance aux Chansons (sevrés de Sevran, abstenez-vous !), des enfants de la télé, de Loft Story et des émissions de Delarue. Dans le roman, des personnages réels côtoient des êtres de fiction qui sont eux-mêmes des avatars reconnaissables d'autres poids lourds du PAF. Des faits irréels qui rendent le récit prenant et la lecture, avouons-le, un peu voyeuriste. Habilement, l'auteur fait du lecteur un téléspectateur privé de sa télécommande.
Bien moins cynique que moi, Aurélien Bellanger parvient à décrire de façon romanesque cet univers sans le juger négativement, ce qui relève de la prouesse, en se plaçant dans les pas de ce héros aux ambitions parfois esthétiques mais aux réalités très prosaïques. le côté assez insaisissable de ce producteur fait à la fois la force et la faiblesse du roman. Selon les passages, le sieur Bitereau apparaît tantôt doté d'un charme mystérieux tantôt accablant à cause d'un caractère insipide. La frontière entre les deux n'a pas de douane et il est difficile de s'attacher à ce genre de personnage.
J'ai une autre réserve concernant le dénouement du roman, un peu trop mystique à mon goût.
Aurélien Bellanger n'a pas renié ici ses racines de philosophe. J'ai ressenti une certaine filiation avec les Mythologies de Roland Barthes, lequel définissait le mythe comme un système de communication. La Citroën DS est remplacée par l'opium de la ménagère de tout âge, prélude aux réseaux sociaux actuels.
Bien mieux écrite qu'une biographie pathétique d'un ancien animateur télé, l'auteur est parvenu à composer une oeuvre littéraire autour d'un sujet qui ne me semblait pas en osmose avec la prose.
Une certaine folie se dégage de ce romancier hyperactif et passionné, aussi doué que décalé, curieux de tout et ennuyé de rien.
Y'a quoi à la télé ce soir ?
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Livre atypique qui nous plonge dans le monde télévisuels des dernières décennies.
C'est une remontée dans le temps romancée mais s'appuyant sur tous les acteurs et évènements réels s'étant déroulés dans la fameuse petite boîte qui atteint maintenant des dimensions murales.
En gros, l'auteur nous dévoile, par l'entremise d'un personnage fictionnel et de son poulain (Le richissime présentateur/producteur Arthur) les coulisses de la réalisation de programmes télés et de leur évolution, depuis les années 1980 jusqu'à aujourd'hui.
Au centre : la télé-réalité et surtout Loft Story.
En sujet de réflexion : quel rapport entre ces programmes et l'évolution de la société.
Belle écriture, fluide et assez rythmée malgré le peu de suspense à attendre d'une histoire qui s'est déroulée sous nos yeux en direct ou en léger différé (Loana dans la piscine du Loft).
J'ai trouvé ce roman un peu longuet alors qu'au début, cela démarrait plutôt bien. Peut être la litanie des producteurs, animateurs de chaînes TV etc m'a t-elle un peu ennuyé malgré la sensation de familiarité, de proximité temporelle avec les programmes dont la conception nous est révélée.
A moins que les personnages décrits, de M. Berlusconi et son yacht pleins de milliardaires et de jeunes putes sans doute prépubères à M. Delarue et son appart plein de coke ne produisent l'impression que finalement, nous confions le remplissage de nos écrans muraux à de pervers ambitieux narcissiques.
Mais cela, on le sait, non?
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Sébastien Bitereau ou l l'histoire d'un fils de plombier drômois, que ses talents de comptable et sa fascination pour la télé va le mener un peu par hasard dans la production de contenu télévisuel.

Fort de son ambition, et en phase avec son temps, le petit provincia a priori sans envergure va devenir un puissant et incontournable producteur qui fera les grandes heures de la télévision française, inventant "les enfants de la TV" et important le concept de "Loft Story" en France .

Aurélien Béranger, fidèle à ce qu'il avait déjà réalisé dans la Théorie de linformation sur Xavier Niel ou l'aménagement du territoire sur la SNCF, poursuit sa volonté de raconter des destinées incroyables d'un passé pas si lointain sous la forme d'un « roman balzacien », où l'on suit un personnage principal, à la Rastignac, de ses tous débuts très modestes à sa gloire dans un monde dont il va vite apprendre les codes.

Ici, Sébastien Bitereau, entrepreneur primordial dans l'histoire récente de la télévision, fait évidemment grandement penser au parcours de Stephane Courbit, producteur des émissions d'Arthur et importateur en France de la télé-réalité à travers l'émission « Loft Story », en 2001, mais qui aura réussi à rester dans l'ombre,

La destinée incroyable de ce petit comptable de province qui aura révolutionné la télé en réalisant un coup qui va transformer le paysage audiovisuel des années à venir est l'occasion pour Bellanger de plonger son lecteur dans la télévision des années 80 à celle de début 2000, entre « La Chance aux chansons » et "Loft Story."

Ardisson, Arthur Patrick Roy, Delarue, Sevran, Dechavanne, tous- certains gardent leur vrai noms, d'autres, ceux qui jouent un vrai rôle dans l'histoire, prennent un pseudo- vont croiser plus ou moins longuement la route de notre Rastignac des années 2000 qui connaitra la course aux audiences et touchera du doigt le pouvoir fou laissé dans les mains de celui qui fabrique. les immages.

Aurélien Bellanger raconte ces 20 années de télévision résumées en 300 pages énormément de brio et d'érudition, de Debord à Barthes.

Ce décalage entre l'intelligence de la forme et la vacuité du monde du petit écran contribue au plaisir du lecteur, qui, s'il a biberonné à la TV de ces années là jubilera de cette petite piqure de nostalgie voire de mélancolie véhiculée par ce monde qui n'existe plus...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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C'est toujours un plaisir pour moi de retrouver Aurélien Bellanger, son côté Houellebecq optimiste et son regard clinique mais positif sur le pays, comme celui d'un enfant surdoué, curieux et fasciné par ce qu'il découvre.

"téléréalité" gagne en efficacité et en rythme ce qu'il perd en holisme car on n'y retrouve pas cette fois-ci cet aspect touche à tout, cette approche multi-disciplinaire qui faisait tout le charme de la théorie de l'information ou L'aménagement du territoire.
Il faut dire que le sujet est une sorte de tautologie en soi, un univers complet auquel l'auteur vient chanter une ode où se mêlent admiration, mépris et fascination à l'heure où celui-ci se meurt : la télévision. Celle des grandes heures de TF1, des producteurs/ animateurs stars. Celle qui signera son arrêt de mort au tournant du siècle en faisant la courte échelle à l'irrépressible déferlante du moi omniprésent, à travers la fascinante abomination de la téléréalité.

J'ai pris un grand plaisir à lire cette bio semi-inventée du magnat français aux manettes de ces spectacles cathodiques de plus en plus obscènes et égocentriques, de plus en plus régressifs et addictifs, que je ne regarde pas mais néanmoins connais!
Comme quoi la télé et sa réalité sont bien un incontournable fait de société, qui méritait bien cet éloge funèbre.
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critiques presse (3)
SudOuestPresse
29 mars 2021
En fin observateur du réel et de l’époque, le romancier s’attaque à la télévision quand elle bascula, au tournant du siècle, pour devenir l’arme du cynisme et de voyeurisme
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LeMonde
29 mars 2021
Histoire d’un livre. Pour raconter la télévision, comme il l’avait fait du Minitel ou du TGV, l’écrivain a donné à « Téléréalité » la forme d’un roman balzacien… infléchi par Walter Benjamin.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
05 mars 2021
Aurélien Bellanger poursuit son analyse romanesque de la société contemporaine. Après Internet et l'aménagement du territoire, il s'attaque à la dérive du divertissement cathodique
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Les vieux téléviseurs continuaient à diffuser, une fois éteints, une pâle lueur blanche; certains affichaient même pendant quelques minutes, quand leurs cathodes avaient surchauffé, des sinusoïdales colorées qui se déplaçaient lentement au milieu de l'écran comme des aurores boréales, perdant peu à peu en intensité avant de s'éteindre définitivement: tout cela finirait par mourir...
(page 134)
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Il voulait que la télévision soit morale, exemplaire, ouverte à la critique, quand son objet, comme activité commerciale et comme levier politique, était évidemment ailleurs. L’activiste était au fond tombé sur de meilleurs activistes que lui et, vexé, ne s’en était jamais remis, au point de dénoncer comme un scandale ce qui relevait, au mieux, de l’ordre naturel des choses : les puissants étaient puissants, et les masses, en tant que masses, étaient faciles à manipuler.
— Tout le monde sait cela, non ?
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Tu connais la différence entre le cinéma et la télévision?
Au cinéma ce sont des célébrités qui jouent les anonymes, à la télé, ce sont des anonymes qui deviennent des célébrités.
Ca me fait penser à un autre paradoxe qu'on rencontre dans les jeux [...]: plus un candidat gagne, plus il revient, plus le public l'adule. Mais il existe un mystérieux point de bascule, où le public se met à le haïr, car il a perdu son aura anonyme. Il faudrait réussir à conserver le plus longtemps possible la fraîcheur de l'anonymat. Inventer des stars dont le métier serait d'être anonyme...
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Et au milieu de tous, la figure ancestrale de l'effeuilleuse : la désormais mythique Loana. À peine créée, la téléréalité nous a offert grâce à elle l'équivalent de La naissance de Vénus de Botticelli : la beauté pure, sortie de sa petite piscine, et livrée, entière et nue, au scalpel de nos yeux. Je pense sérieusement, oui, qu'avec la scène de la piscine, avec sa rencontre aquatique avec le vaseux Jean-Edouard, tu as offert à la télévision l'œuvre d'art qui lui manquait. Cette scène, on le l'oubliera jamais.
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(passage qui évoque une boîte de nuit) Il pénétrait ensuite dans le sas où la musique était déjà trop forte et bizarrement inhumaine - des voix féminines trafiquées s'insinuaient progressivement à mesure qu'il avançait, entre les basses déchaînées et luisantes. Impossible de se mouvoir, au milieu de cette sorte de substance, plus visqueuse que musicale, qui remplissait tout l'espace. Il tentait quelques mouvements d'épaules, pour se donner une contenance en entrant sur la piste de danse, tout en se disant qu'il était incompréhensible qu'on en soit rationnellement arrivé au choix d'une telle architecture. Les murs étaient trop sombres, le sol trop lumineux, les lumières trop instables et trop intermittentes. C'était pourtant là qu'on devrait passer la soirée.
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Videos de Aurélien Bellanger (37) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Aurélien Bellanger
Aurélien Bellanger vous présente son ouvrage "Le musée de la jeunesse" aux éditions Stock.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3025807/aurelien-bellanger-le-musee-de-la-jeunesse
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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