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sur 897 notes
Dans 'Profanes', Jeanne Benameur conte la préparation à la fin de vie d'un homme remarquable, athée, qui décide, ne croyant pas à l'au-delà, de constituer une équipe de quatre personnes à qui il va transmettre une partie de sa viet brisée par le décès de sa fille. Or, ces quatre-là ont justement été choisis parce qu'ils ont aussi connu une fêlure dans leurs vies. Un livre énigmatique, langoureux, entre mystère et poésie autour de cette merveille qu'est la vie. Quelques longueurs, cependant, nécessaires pour ralentir le temps au rythme de celui de la vieillesse.
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On peut dire qu'Octave Lassalle est prévoyant lorsqu'il décide, à quatre-vingt-dix ans, de s'entourer d'une équipe de quatre personnes qui l'accompagnera dans ses derniers instants… Sa santé est pourtant bonne, mais la solitude lui pèse, les regrets aussi… le vieil homme a passé son existence de chirurgien à sauver des vies, mais la plus importante, celle de sa fille de 20 ans, lui a échappé et c'est un drame qu'il ne se pardonne pas. Il a donc décidé, pour les dernières années qu'il lui reste, d'exister vraiment et Béatrice, Yolande, Hélène et Marc sont là pour l'y aider.
Il a senti les âmes blessées qui se cachent au fond d'eux et c'est pour ça qu'il les a choisi, qu'il leur a tendu la main, pour les lier à lui d'abord, mais aussi les uns aux autres et pour qu'ensemble ils soient plus forts. Tous ont approché la mort d'une manière ou d'une autre, chacun l'a touchée du bout des doigts et connait la valeur d'une vie. Il y a beaucoup de pudeur et de fragilité chez ces cinq êtres, profanes parce qu'ils doutent, qu'ils ont perdu la foi et qu'ils se sont réfugiés dans la solitude. Et pourtant, alors même qu'il serait facile d'abandonner, ils luttent pour la vie, pour pouvoir un jour redresser la tête et se sentir exister. Cinq êtres portés par un même but et qui vont se révéler les uns grâce aux autres…
Il est vraiment difficile de parler correctement d'un texte aussi beau, sans lui faire perdre de sa force et de son intensité… Et pourtant, j'aimerais pouvoir dire l'émotion qui m'a submergée à la lecture de ce roman lumineux, déchirant et profondément humain. La douceur, mais aussi la fragilité qui ressort de chaque personnage magnifie sa relation aux autres. Un roman bouleversant, superbement écrit et réalisé, qui dit la douleur du deuil et le besoin des autres pour exister. J'ai été frappée par la justesse et la poésie des mots employés, par leur force et leur pouvoir, leur capacité à prendre vie et à animer le texte. La vie et la mort, unies par un lien sacré, se côtoient sans cesse et donnent lieu à une véritable réflexion sur l'existence. En conclusion, un gros coup de coeur pour ce texte qui résonne encore, longtemps après l'avoir achevé…
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Je n'en peux plus. J'ai envie de les dévorer très vite, ces mots, mais aussi de les déguster le plus délicatement possible, tant ils me semblent précieux. J'ai rarement ces sensations-là, en ouvrant un roman. Mais là, c'en est presque douloureux. Je viens de trouver un texte dont les mots résonnent violemment en moi. Tous les mots. Dès la première page. C'est terrible de bonheur, et le bonheur est une donnée tellement fugace que j'ai peur d'en diluer l'essence ne serait-ce qu'en essayant d'expliquer ce que j'ai ressenti ici.
Parce que mon dieu, quel roman magnifique ! Sélectionner quelques citations est pour moi une vraie torture ! le livre entier est un génie d'écriture.
Comme une porte ouverte. Qui donne envie de connaître encore tellement de choses... C'est là que l'on se sent minuscule : plus l'on s'instruit (en lisant, en écoutant de la musique, en découvrant de nouveaux artistes, de nouveaux auteurs), et plus l'on voit devant quel gouffre de connaissances on se présente. C'est à la fois étourdissant et excitant. Mais aussi effrayant... Je n'aurai jamais assez de temps.
L'histoire est tellement fluide... et pourtant percutante. Les personnages sont beaux, jusque dans leur âme.
Roman jubilatoire. Il faut le lire pour comprendre. Doucement, si possible (mais c'est impossible...). le relire très vite, alors...
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Il est des livres que l'on peut poser au bout de 20 pages et reprendre de manière cadencée sans que cela n'affecte la perception des personnages et de leur histoire ; et il y a ceux qu'il est imprudent de lâcher trop vite sous peine de ne pas pouvoir ensuite se replonger dedans avec la préhension indispensable des caractères, des états d'âme, du ressenti des individus qui forment le récit.

Profanes fait partie de ceux-là. Un livre puissant qui nous oblige, de manière tellement évidente et spontanée, à réfléchir sur les pensées inhérentes à cette narration, découlant de notre perception des faits décrits par l'auteur.

A la limite du roman et du genre philosophique, Jeanne Benameur sonde l'âme des protagonistes pour nous faire découvrir ce que l'apparence cache afin de préserver un quotidien qu'il n'est pas toujours facile d'assurer.

Les 5 acteurs de cette histoire sont très respectueux les uns des autres, discrets, soucieux de ne pas s'importuner mutuellement. Individualistes par nécessité, ils s'observent discrètement et avec pudeur tout en essayant, chacun à leur façon, d'apprivoiser les autres dont ils deviennent pourtant tellement dépendants.

Et sans s'en rendre compte, des liens inéluctables se créent, liens dont la source est douleur, envie et volonté de tourner la page afin d'aborder le reste de leur vie avec un peu plus de sérénité, à défaut de plénitude. Leur deuil, qu'il soit physique, par la perte d'un être cher, ou moral par le souhait de pouvoir tirer un trait sur le passé, devient alors source d'une reconstruction personnelle et le ciment d'une vie nouvelle et différente.
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La Feuille Volante n° 1085
ProfanesJeanne Benameur Actes Sud.

Octave Lassale, ancien chirurgien du coeur, divorcé, insomniaque et ex-chasseur, a eu une idée pour le moins originale. Il a recruté par annonces à l'instinct, c'est à dire sans rien savoir d'elles, 4 personnes qui ne se connaissent pas, pour s'occuper de lui alors qu'il a déjà une gouvernante et finalement n'a besoin de personne d'autre. Il veut constituer autour de lui une équipe comme au bon vieux temps quand il exerçait en salle d'opération. Ils pourront même résider chez lui, et tout cela est même prévu par contrat notarial. Marc, un solitaire, un taiseux, sera l'homme du matin, en charge du rasage à l'ancienne et de l'entretien du jardin. Après le repas qu'Octave prendra seul, Mme Hélène, artiste peintre, assurera la lecture de la presse, de 14h à 18h, puis Mme Yolande, agent de supermarché préparera le dîner jusqu'à 22 heures quant à Mlle Béatrice, élève-infirmière, elle sera chargée la nuit de veiller sur la santé d'Octave. Vaste programme et surtout équipe hétéroclite dont on ne comprend pas très bien au début l'intérêt de tout cela ! Chacun a accepté cet emploi pour les raisons personnelles et s'en acquitte de son mieux. Il y a aussi deux autres femmes, deux fantômes, Claire, sa fille morte dans un accident de voiture il y a longtemps, mais pourtant bien présente et Anna sa femme, partie au Canada à la suite de ce décès et du refus d'Octave d'opérer sa fille et peut-être de la sauver. Il vit sa solitude et sa culpabilité comme il peut, s'accroche à une photo, partage ses lectures entre la poésie et les livres religieux. Peu à peu on découvre que Béatrice a à peu près l'age De Claire à son décès, Béatrice qui vit dans le souvenir de son frère mort. Octave a chargé Hélène de faire un portait de Claire d'après l'unique photo qui lui reste, mais c'est un portrait réalisé sans modèle vivant, seulement peint à partir du regard d'une morte. Marc est lui aussi tourmenté par sa vie antérieure passée en Afrique où il a côtoyé la misère et la mort. Reste Yolande qui a été abandonnée par son père et est en recherche d'une âme protectrice. Trois femmes et un homme qui vont être amenés à se croiser dans cette maison et vont apprendre à se connaître.  Sans qu'ils le sachent peut-être, ils vont contribuer à sauver la vie d'Octave tout en sauvant la leur, parce que c'est bien elle qui est au coeur de ce roman. Pourtant, les choses de ce monde, et donc la vie sont marquées par la vanité comme le rappelle l'Ecclésiaste dont Octave est un fervent lecteur. Mais face à la mort, dans le travail qu'il a confié à Hélène, Octave semble avoir délibérément choisi l'art au lieu de la religion. Ce qu'il souhaite c'est que cette jeune fille qui n'a peut-être été confrontée à la mort qu'à travers le décès de ses parents, ce qui est dans l'ordre normal des choses, prenne conscience que la Camarde peut frapper à n'importe quel moment, surtout si elle laisse un père dans le chagrin de la mort de son enfant, ce qui correspond à un renversement de la logique. Son rôle à lui est ambigu. Il est d'une certaine façon l'employeur mais ce qu'il veut surtout c'est faire avancer ces gens ensemble, non comme un maître ou comme un gourou, mais en dehors des dogmes et des religions, comme quelqu'un qui va les inviter à prendre conscience de leur liberté individuelle et de leur vie qui est transitoire.
Dès le début, j'ai été pris par cette histoire un peu bizarre au départ mais rapidement, autour d'Octave qui lui aussi est un solitaire, un peu poète et un peu philosophe, s'est installée une ambiance lourde, secrète avec la mort et, à contre-jour, la liberté, comme si cette grande maison et aussi la nuit étaient les catalyseurs des souvenirs et du présent de chacun des personnages qui y résident, comme si chacun était le profane de l'autre, (étymologiquement celui qui se tient devant le temple) face à sa vie, ses souvenirs ses angoisses., ses obsessions, son territoire, ses failles. Chacun est donc invité à pousser la porte du « temple » de l'autre.

C'est un texte fort bien écrit, poétique et qui fut pour moi un bon moment de lecture, entretient jusqu'à la fin les zones d'ombres de chacun tout en révélant par petites touches ce qui va les réunir.

© Hervé GAUTIER – Novembre 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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Octave Lassalle a 90 ans et il refuse de laisser la vieillesse prendre le dessus : « je m'embarque pour la partie de ma vie la plus précieuse, celle où chaque instant compte, vraiment ». Cet ancien chirurgien porte en lui un terrible drame, la mort accidentelle de sa fille dont il ne s'est jamais remis. Sa femme l'avait quitté peu après et depuis il est resté seul.

Octave vit retiré dans sa grande maison avec sa gouvernante, madame Lemaire. Avant qu'il ne soit trop tard, il décide de rompre sa solitude en recrutant quatre personnes qui se relayeront auprès de lui chaque jour. Marc, le jardinier, viendra le matin. Hélène, la peintre, lui succédera puis se sera au tour de Yolande tandis que la jeune Béatrice passera ses nuits dans la maison. Ces quatre-là ne se connaissent pas, ils ne sont pas des gardes-malades, ils sont là pour entourer et enrichir les dernières années du vieil homme. Ces quatre-là sont des âmes cabossées en quête de sens et de rédemption. Leurs histoires personnelles vont les lier peu à peu, profondément, intimement. Et le projet d'Octave va l'emmener bien plus loin qu'il ne l'avait imaginé…

On m'avait prévenu que ce roman de Jeanne Benameur risquait de me laisser sur le bord du chemin et malheureusement ça a été le cas. C'est pourtant un texte plein de vie et de poésie, un texte lumineux où la petite musique si subtile de l'auteure des « Demeurées » résonne avec toujours autant de force. Mais j'y ai trouvé trop de bienveillance, trop d'optimisme. L'alchimie qui fonctionne entre les personnages est, selon moi, trop parfaite pour être crédible. Sans doute est-ce dû à mon indéfectible pessimisme envers la nature humaine. Pour tout vous dire, retrouver de l'espoir dans la compagnie des hommes alors que l'on est au fond du trou n'est pas une éventualité à laquelle je pourrais m'accrocher personnellement, du coup je suis resté insensible au message positif distillé par ce très joli texte. Je n'ai développé aucune empathie pour les protagonistes et je suis resté en dehors de l'histoire, regardant l'enchaînement des événements de loin, de très loin même.

Dommage, mais on m'avait prévenu…


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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J'ai aime, j'ai été bercé par les personnages dont on apprend des brides de vie Tout est important dans le livre , les 5 protagonistes et la maison et son jardin également. Je suis ressortie apaisée de la lecture de ce livre avec un sourire aux lévres. Une balade quelque peu intemporelle.
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Le premier texte que je découvrai de Jeanne Benameur, sur un sujet difficile et délicat: la choix d'un accompagnement de notre fin de vie.... sur ce sujet tjs sensible, Jeanne Benameur, réalise un hommage extraordinaire à la vie , à l'amour de la vie, et à la richesse de tout individu...Je simplifie à outrance, car je voudrai garder le suspense... on rentre dans l'existence d'un chirurgien à la retraite qui orchestre la fin de son existence et qui fait se réunir des personnnalités très différentes, pour l'accompagner au mieux et dans l'amour et le respect Un texte extraordinaire à tous points de vue....qui donne moult sujets de réflexion...et de la joie
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« J'ai quatre-vingt-dix ans. J'ai à nouveau besoin d'une équipe. Il faut que ces quatre là, si différents soient-ils, se tiennent. Pour mon temps à venir. Je m'embarque pour la partie de ma vie la plus précieuse, celle où chaque instant compte, vraiment. Et j'ai décidé de ne rien lâcher, rien. »

C'est Octave Lasssalle qui parle. Chirurgien cardiaque à la retraite, sa vie a basculé à la mort accidentelle de sa fille Claire à 19 ans suivie du départ définitif de sa femme pour son pays d'origine, le Canada.
« Ces quatre là », ce sont Marc, Hélène, Yolande et Béatrice qu'il a choisis pour l'accompagner sur la fin de son chemin de vie, avec leurs propres fêlures, leur mal d'amour, leurs souvenirs pesants parce que , pense Octave, "frotter mon âme à d'autres âmes aussi imparfaites et trébuchantes que la mienne", voilà ce qui permet d'aller de l'avant.

Et parce que «  La vie de l'un peut éclairer la vie de l'autre », chacun puisera dans cette expérience communautaire l'impulsion nécessaire pour tracer son propre chemin de vie.

Plus que l'histoire en elle-même, c'est l'ambiance créée par l'écriture si particulière de Jeanne Benameur qui m'a une fois de plus embarquée dès les premières pages . La sensibilité de l'auteure, la délicatesse de ses portraits, la pudeur des sentiments exprimés : c'est comme un cocon qui vous enveloppe durant toute la lecture et vous dépose en douceur à la dernière page …
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Je suis tout sauf une érudite en poésie, et pourtant c'est un vers de William Butler Yeats qui me revient en mémoire après avoir lu ce livre :
"Tread softly because you tread on my dreams" en français c'est un peu moins joli : "marche doucement car tu marches sur mes rêves".
Cela donne une idée de la délicatesse de ce roman traitant pourtant d'un sujet grave. Quand un homme, au seuil de la fin de sa vie, se retourne pour accepter de regarder le drame majeur de son existence : la mort de sa fille.
Il s'accompagne de quatre vivants pour avoir avec eux la force de regarder en face cette tragédie. Et les liens se tissent entre ces êtres, chacun se dévoilant sans fard, sans hâte, avec sobriété, dans un subtil mélange de forces et de faiblesses.
C'est une prière pour ceux qui ne croient pas en Dieu, mais qui croient en l'Homme. En la vie. En l'amour.
C'est une mélodie délicate et cristalline aux accents un peu baroques.
C'est un petit poème japonais, un haïku, qui en 3 lignes vous plonge dans des pensées profondes.
C'est le temps qui s'arrête autour d'une mort pour mieux revenir à la vie.
Alors faut-il le lire ? Oui. Pour la sérénité et parce qu'on a tous besoin de temps pour penser, se poser des questions et rêver.
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