C'est une évidence, nous sommes tous condamnés à vivre avec les souvenirs de nos morts, qui sont encore actuels en nous.
Dans ce récit
Pierre Bergounioux revient sur ses années d'enfance. D'abord les sept premières, marquées par la forte présence d'un grand-père maternel lotois, homme de l'extérieur et des jardins. Sa mort signe la fin d'une sorte d'Eden pour le petit garçon.
Son père, tout entier gouverné par les passions tristes, lui passe irrémédiablement son désespoir. La présence de la mère compense en partie ce désir de renoncement et même de mort que l'enfant ressent. Une forme de salut sera trouvée dans les livres, littérature, philosophie et sciences.
A 17 ans le futur écrivain commencera des études qui lui permettront de quitter ce foyer étouffant. Mais les fidélités dues aux impératifs familiaux pèseront encore... Il ne faudrait pas attendre de ce récit une linéarité temporelle rigoureuse. Les souvenirs ne se présentent pas par ordre chronologique.
Je vais me répéter : le style de
Pierre Bergounioux me met en apnée, pas seulement par ses circonvolutions, ses obscurités transitoires, mais aussi par ses remarques qui fusent comme des éclairs de la conscience. Pour moi, c'est du très grand art, la vie même. Comme pour tout ce que j'ai découvert chez cet auteur, on peut lire et relire ce livre et y trouver toujours du nouveau.