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EAN : 9782266156325
402 pages
Pocket (01/02/2006)
2.88/5   17 notes
Résumé :

Psychose au collège Aubin-Corbier, sur la côte normande : Robert, stagiaire mal aimé, est retrouvé mort dans les toilettes, les veines tailladées. Quelques jours plus tard, c'est au tour du mari de Louise Latour, conseillère pédagogique frustrée et conspuée, de chuter du haut d'une falaise. Dans les deux cas, trois possibilités : suicide, accident ou meurtre prémédité. Ne reste plus à C... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Marville. Petite ville tranquille sur la côte normande. Tranquille ? Pas si tranquille que ça! En ce joli mois de mai les cadavres se ramassent à la pelle : Robert, prof stagiaire au collège Aubin-Corbier, est retrouvé dans les toilettes dudit collège les veines tailladées (suicide ?), Georges Latour, époux infirme de Louise Latour, prof de français, dégringole de la falaise et se tue (accident ?), un nain à la trottinette termine ses jours sous les roues d'un 4x4 (accident ?), une autre prof est retrouvée assassinée sur son lit, et comment cette vieille femme alcoolique est-elle tombée raide morte dans le trou qu'elle creusait pour enterrer son vieux chien ? Beaucoup trop de morts pour Marville et pour Carole Riou, commandant de police judiciaire au SRPJ de Rouen…
Dans ce Coin tranquille pour mourir, le récit du narrateur se mêle à un journal tenu par un serial killer, heu… un tueur en série, heu… pardon, j'en perds mon latin, un tueur multirécidiviste, comme on dit chez nous, qui signe allègrement les trépas marvillois.
Ce Coin tranquille est un roman fort agréable à lire et, pourquoi pas, à offrir à un prof si vous en connaissez. Il y reconnaîtra la salle des profs, les réunions pédagogiques ou syndicales, la cantine, les élèves tous plus charmants les uns que les autres qui hurlent dans les couloirs en se bousculant, les copies à corriger… L'auteur, enseignante elle-même, nous propose une typologie assez exhaustive des professeurs : le stagiaire au bout du rouleau, la prof hystérique, le principal détesté et détestable, la prof de lettres écrivain raté… un microcosme bien brossé. On peut reprocher à notre auteur un brin de démagogie et un chouia de simplifications : les profs sont formidables ou dépressifs… les gens de gauche sont intelligents et ceux de droite corrompus et, naturellement, le milieu policier est machiste.
Cela dit, le personnage principal, Carole Riou, est attachant. On suit avec plaisir son enquête, on adopte son point de vue, on l'accompagne dans son cheminement, on partage ses doutes, on comprend ses colères…Et puis, ô délice du lecteur de romans policiers, on se laisse abuser, comme elle, par les indices que sème ça et là Yvonne Besson pour mieux nous entortiller. L'histoire tient la route, l'intrigue est solide, consistante, cohérente. On aurait juste souhaité une fin plus surprenante mais bon, on a apprécié le déroulement de l'enquête… le quotidien des profs est bien rendu. Et le texte est émaillé, pour notre plus grand plaisir, de références à la littérature tout court et à la littérature policière. Enfin pour moi la littérature policière est de la littérature tout court.
Carole Riou est l'héroïne récurrente d'Yvonne Besson - puisque voici le quatrième volet de ses aventures après Meurtre à l'antique, La Nuit des autres et Doubles dames contre la mort. A quand le cinquième ?
En conclusion, je ne résiste pas à citer Carole Riou elle-même, clin d'oeil de la romancière à ses lecteurs : “Comment le saurais-je ?... Tu oublies que je suis un personnage de roman !”
C'est peut-être ça la magie d'un roman : oublier qu'on est lecteur et être dans le roman.
Merci madame Besson
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Démarrage sur les chapeaux de roue : dès les premières lignes, on se retrouve plongé dans le journal intime cru et violent d'un tueur en série, ou « tueur multirécidiviste » comme on dit en France… Les premières pages laissent des frissons dans le dos tant l'abject est décrit avec le tranchant de la plume.
Puis, changement de décor : une salle de profs… Là, l'auteur s'amuse, à la manière d'Agatha Christie, à nous présenter tous les personnages qui vont nous accompagner au fil de l'histoire, tous les personnages, leur personnalité, leur nom etc. Tous les personnages avec les relations qu'ils entretiennent les uns par rapport aux autres et parmi lesquels il y a celui ou ceux qui tiendront le rôle principal à la fin de l'intrigue.
Ma première réaction, épidermique, a été de trouver ces profs un peu caricaturaux. Pourtant, je savais que l'auteur connaissait elle-même très bien ce milieu enseignant. Et puis, petit à petit, je me suis décillée : ce que je trouvais caricatural n'était rien de moins q'une vision réaliste du monde des profs, vu sous le kaléïdoscope de l'ironie et de la littérature… Hum… Ca peut faire peur parfois, mais c'est vrai qu'on est un peu comme ça…
Les personnages sonnent « vrais », chacun possède une personnalité bien définie. Là où, en revanche, on pourrait reprocher à Yvonne Besson un excès de zèle, c'est dans la généalogie des personnages et dans leur histoire familiale. J'ai parfois cru me trouver face à du Zola sauce XXème siècle qui tentait d'expliquer les névroses professorales. Bon là, quand même, faut pas pousser mémé dans les escaliers, les profs n'ont heureusement pas tous l'arbre généalogique des Rougon-Macquart et nous n'avons pas tous des secrets d'alcôve familiaux que nous essayons à tout prix de dissimuler !
L'intrigue ? Bien ficelée. On se laisse prendre très facilement dans les pièges que nous tend l'auteur. On tâtonne dans la recherche de la vérité. Et quand on commence à l'entrevoir, on jubile : pas de pirouette littéraire ni de deus ex machina, tous les éléments de l'intrigue s'enchaînent avec logique et réalisme.
Un regret : le dénouement qui ne « claque » pas. Il s'étire alors que le lecteur sent que tout est joué. On s'attend justement à un dernier rebondissement, on est tendu… Mais non. L'histoire s'achève avec beaucoup moins de brio qu'elle n'avait commencé. Eh oui, c'est ça aussi la vie : rien de très glorieux une fois la couche de vernis ôtée.
Enfin, on notera des réflexions très pertinentes à la fin du livre sur le rapport des profs de français à la littérature, ou plutôt à ce qu'il considère (ou pas) comme de la littérature. Dire que le polar par exemple est de la « prose alimentaire » révèle en effet l'état d'esprit élitiste des certains enseignants de lettres vis-à-vis de la lecture –ou de l'écriture-. Dieu merci, pour ma part, j'ai balayé cela depuis longtemps et c'est sans vergogne que je me nourris de cette prose, et je me suis délectée de celle d'Yvonne Besson. Une bonne découverte.

Terminé le 20 avril 2006.
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Un tueur en série au fin fond de la Haute-Normandie, fichtre il va falloir que je me méfie. On y parle du bld des Belges, j'y ai résidé 3 ans. Brrrrrrrr ! Ça se rapproche.
Alors le bouquin je le coupe en trois :
le premier tiers, j'ai bien accroché avec cette alternance, narration / journal intime du tueur.
le deuxième, j'ai bien décroché, à l'ouest rien de nouveau. Regard fréquent sur le n° des pages.
pour le dernier, l'action se met en place et l'auteure nous aiguille tout à tour vers différents assassins, enfin un peu de suspense et quelques rebondissements.
Dans l'ensemble un bon bouquin mais que j'oublierai très vite. P'tét pas en fait car il se passe dans la plus belle région du monde … que dis-je de l'univers ! J'ai pas encore exploré le multivers … ça ne serait tarder. J'vous dirais.
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Tu parles d'un coin tranquille ! Tranquilles, c'est ce que deviennent tous ces morts.
J'ai rencontré Yvonne Besson et nous avons beaucoup parlé suspense, frisson, polar, société. Je replongeais avec plaisir, intérêt et délectation dans la série noire et surtout dans l'univers fascinant du thriller britannique.
Un coin tranquille pour mourir est le dernier livre écrit par Yvonne Besson, d'une série de quatre (Meurtres à l'antique, La nuit des autres, Double dames contre la mort). La Normandie est toujours présente ainsi que Marville (dont je vous laisse découvrir le vrai nom) et aussi le monde des enseignants où l'auteur à passé sa vie en tant que professeur de lettres.
Le roman a deux fils conducteurs, le journal du meurtrier et l'enquête policière menée par le commandant Carole Riou, sur la toile de fond-choeur que sont les voix multiples des enseignants, personnage unique qui accompagne et soutient l'action.
Le roman, construit d'une main de maître, est riche en cadavres et rebondissements, la panique y est à son comble et l'intelligence du tueur en série donne beaucoup de fil à retordre au commandant Riou. Les émotions fortes et le rythme haletant font monter la tension avec chaque chapitre où les seuls moments de calme et répit, apparents, sont les détours descriptifs de la ville et de son environnement marin, pour que tout de suit après, ça reparte de plus belle.
Yvonne Besson connaît très bien la littérature policière, de mystère et de suspense, d'où ses clins d'oeil avertis tout le long du roman.
Et finalement, les deux points de vue narratifs parlent et vivent la vie d'un personnage commun : "le personnage de roman", le clin d'oeil final !
A déguster sans modération !
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En ce mois de mai, la contestation sociale n'a pas épargné Marville, petite ville de la côte normande. La plupart des enseignants des collège et lycée locaux s'organisent, préparant activement la grève, malgré les diverses tensions qui souvent les divisent.

A l'issue de l'une de ces réunions houleuses, le corps De Robert, un jeune stagiaire boulimique en butte aux quolibets de ses élèves, est découvert enfermé dans les toilettes du collège. Il s'est tailladé les veines après avoir ingéré un sédatif. le suicide ne fait aucun doute mais de vifs reproches sont adressés à Louise, son professeur tuteur, ainsi qu'à Vitré le chef d'établissement.

Les semaines passent. Carole Riou, promue commandant, a quitté le commissariat de Marville pour le SRPJ de Rouen. Elle végète dans sa nouvelle affectation, effectuant le trajet aller-retour quotidiennement.

Mi-août. Un nouvel incident défraye la chronique locale. Georges, le mari tétraplégique et tyrannique de Louise bascule de son fauteuil roulant et s'écrase au pied de la falaise. Louise est soupçonnée d'avoir poussé son mari dans le vide, mais les témoignages sont en sa faveur, comme peut le constater Carole, chargée de l'enquête.



Yvonne Besson nous décrit avec réalisme la vie d'une petite ville de province que l'on pourrait croire confite dans une quiétude léthargique. Il n'en est rien car sous la couche de tranquillité les passions, les tensions, les inimitiés, les jalousies se développent comme mousse dans l'humidité ombrageuse.

Le portrait des relations entre collègues de l'Education nationale, qui peut s'appliquer à toute entreprise, est amplifié par le rôle joué par les intervenants dans la société. Mais ce n'est pas le seul problème soulevé.

Ces rapports entre collègues peuvent dissimuler de profondes failles, sentimentales ou autres, et peu à peu le lecteur s'immisce dans les alcôves du coeur et de l'esprit sans devenir voyeuriste.

Carole Riou aussi se pose des questions sur sa profession, sur son avenir. L'insertion du journal du serial killer, qui se glorifie de sa transformation psychologique, apporte également un éclairage sur les aspirations, les désirs, les petites joies internes d'un quidam qui à partir d'un crime commit un peu par hasard, le révèle à lui-même.

Yvonne Besson nous offre un roman profond, humain, qui ne cède ni à la facilité ni à la démagogie, mais attention sous l'apparence de vraies fausses réalités, se dissimulent de faux vrais témoignages.

Un ensemble de miroirs dans lesquels la lumière rebondit de zone d'obscurité en reflet éclairé selon les projecteurs allumés par l'auteur et qui débouche sur une pirouette fort savamment contrôlée.
Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le mieux était d'attendre la nuit, de transporter les deux cadavres vers le trou, de déposer celui du chien dedans et celui de sa maîtresse au bord, en plaçant une pierre juste sous sa tête. On croirait qu'elle était tombée en enterrant l'animal et s'était fracturé le crâne. Ce que je fis. Sous la flotte, et avec l'envie de pisser. Je me demande pourquoi j'ai commencé en racontant cet épisode somme toute désagréable. Un vieux réflexe de culpabilité ? Il sera le dernier. J'ai aussi récupéré 1a bouteille pour la ramener chez moi. Solides les litrons de gros rouge ! Elle n'était même pas cassée, mais le verre retenait peut-être quelques gouttes de sang, un cheveu gras... des bouts de vieille cervelle. Les mots s'alignent. Je suis bien. J'ai déjà reproduit la scène mille fois par la pensée, mais le plaisir que j en tirais commençait à s'estomper. Je n'avais pas encore passé le cap de l'écriture. Voilà, l'écriture nourrit l exaltation. Tout renaît, la bicoque pourrie, l'odeur de pinard, l'abjection... et l'acte sublime qui transfigure tout. Je vais jeter à la poubelle les manuscrits entassés dans le secrétaire. Les manuscrits tous refusés par les éditeurs. Nul n en a rien su, heureusement. Mes livres bien écrits, pleins de bons sentiments, d'humanité, qui ne seront jamais lus. Mes petites intrigues peaufinées. Je me voulais Flaubert, ou au moins Simenon. Une langue classique, jamais vulgaire, de beaux imparfaits du subjonctif. Je m'aperçois que je me relâche. Forcément, j'ai vécu le texte avant de l'écrire et j'écris comme je vis désormais. En violence et en désordre. C'est drôle.
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Il avait les pieds dans la boue et ses chaussures prenaient l'eau. Putain de printemps. Il était seul, de nuit, dans le jardin d'une bicoque construite en rase campagne, loin de toute lumière, de toute autre vie, et il essayait de traîner jusqu'au trou le corps de la vieille bique. La garce, qu'est-ce qu'elle était lourde ! On n'aurait pas cru, à la voir ! Sèche comme un tronc de pommier, dans son tablier bleu qu'elle nouait à la taille. Serré, serré. Comme son cul, comme ses lèvres qu'elle semblait toujours sur le point d'avaler. En plus elle était crade. Elle n'avait pas besoin de laque pour hérisser sur son crâne un toupet de cheveux gris. La crasse suffisait.
Il jura, cracha par terre. Il avait envie de pisser. Et elle, elle s'était pissé dessus. Dégueulasse...
Mais pourquoi est-ce que j'écris ça à la troisième personne (...) ?
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Il était entré en elle aussitôt après l'avoir déshabillée, s'était échiné en grognant, quelques va-et-vient rapides et terminés. Le problème, c'est que les fois suivantes avaient ressemblé à la première. Très vite Georges avait accusé sa femme d'être frigide et les séances s'étaient espacées. Louise se disait que tout était de sa faute, qu'elle n'était pas une bonne épouse.
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