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EAN : 9782729120344
192 pages
Editions de La Différence (13/06/2013)
4.21/5   14 notes
Résumé :
William Blake (1757-1827). Issu d’un milieu modeste, il se consacre d’abord avec passion à la gravure.
Il se voudra très tôt libre, en marge, artisan de la matière et du verbe, ne se pliant à rien et surtout pas aux dogmes.

Il illumine le romantisme gothique à la manière d’un prophète, dont il possède souffle et vision.
Ce catholique est un constructeur de mythes aux figures insoumises et fantastiques.
Mais enchanteur sait êtr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Magnifiques textes de William Blake, en particulier la première partie dédiée à la poésie.
Tous les textes sont présentés en version bilingue, ce qui permet d'en apprécier pleinement toutes les subtilités.
Un moment agréable avec un ouvrage à relire régulièrement pour cultiver son inspiration.
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La noblesse d'un tigre

En plein XVIIIe siècle, et contre toute attente, naquit un poète aux doigts de feu. Son chant a tout bu, le ciel et la terre réunis. Aigle du verbe, il inscrivit de ses serres aiguisées sa poésie en lettres vivantes sur le parchemin de l'Éternité. Son pari (bien plus fou que celui de Pascal) : passer l'alliance aux doigts du Ciel et de l'Enfer. Autant vouloir unir l'eau et le feu sans que ces deux éléments ne s'annulent ! Mais les poètes, c'est bien connu, ne se satisfont pas des terres étroites du réel : ce sont gens de la démesure qui étirent l'imaginaire à l'infini, repoussant toujours plus loin les limites du langage.

Cet homme flamboyant, ce poète au front de comète se nommait William Blake : créature éclose d'on ne sait quelle fleur astrale, monolithe enflammé chu dans notre bas monde, il vint brûler la pâle raison tremblante au sein de sa faible bergerie. D'abord voué tout entier à la peinture, il se tourna ensuite vers cette langue de feu qu'est la poésie. Puissant tigre, il a fait sa proie de toute hypocrisie, bassesse et médiocrité. Dans sa bouche, gueule de cheminée, des braises fusaient. Homme lucide, Blake enflamma la paille moisie du mensonge, incendia la lâcheté et réduisit en cendres une morale chrétienne mortifère.

Avec le phosphore de son regard félin, cet insulaire né en 1757 et grand moraliste hétérodoxe, ne pouvait que foudroyer son époque de libertins minuscules, de petits dévots sans grandeur. Nyctalope visionnaire et poète viril, il a regardé s'enfuir dans la grisaille, oreilles basses et queue entre les jambes, le troupeau des couards emperruqués qui abandonnaient le navire. Orateur prophétique, sa chaire fut l'écritoire où il traça les lettres charbonneuses de ses terribles visions. Sa plume, griffe rétractile, a creusé au sein du langage des vers d'une puissance sans égale. Égaré au milieu de vilains gnomes et de ridicules nabots poudrés, ce Titan n'hésita pas à défier la vanité de toutes les idoles. Tel un nouveau Prométhée, il s'est avancé au milieu de la poltronnerie environnante avec pour seule torche la braise de ses yeux.

Bien que le “traducteur” soit toujours un “traître” ainsi que le veut le proverbe italien : “traduttore, traditore” ; la traduction de Pierre Boutang me semble en tous points admirable : seul un poète peut transvaser dans sa propre langue la fertile semence donnée au monde par un autre habitant de la matière poétique. Car, ainsi que le disait le peintre Raphaël, cité par Ernest Hello dans “L'Homme” : « Comprendre, c'est égaler. »

© Thibault Marconnet
17/06/2014
Lien : http://le-semaphore.blogspot..
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Les poèmes de Blake sont très beaux qui nous permet de découvrir Blake tel qu'il est, sous un autre angle, comme une voix du passé qui caresse le présent de douceurs poétiques.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Tigre, tigre, flamme claire
Dans les forêts de la nuit,
Quelle main, quel œil immortel,
Purent donc bâtir ton ordre terrible ?

Dans quel abîme, en quels cieux
Brûlait le feu de tes yeux ?
D’où les ailes pour monter ?
Quelle main osa s’emparer du feu ?

Quelle épaule nue, quel art
Nouèrent les fibres de ton cœur ?
Et quand ton cœur se prit à battre,
Quelle effrayante main, quelle marche effrayante ?

Quel le marteau ? quelle chaîne ?
En quelle fournaise ta tête ?
Que fut l’enclume ? Quelle effrayante prise
Osa maîtriser ses terreurs mortelles ?

Quand les astres lancèrent leurs épieux,
Inondèrent de larmes les cieux,
Sourit-il à voir son ouvrage ?
Celui qui fit l’agneau, est-ce lui qui t’a fait ?

Tigre, tigre, flamme claire
Dans les forêts de la nuit,
Quelle main, quel regard, immortels
Osèrent bâtir ton ordre terrible ?

(Traduit par Pierre Boutang)

*

The Tyger

Tyger, Tyger, burning bright
In the forests of the night,
What immortal hand or eye
Could frame thy fearful symmetry?

In what distant deeps or skies
Burnt the fire of thine eyes?
On what wings dare he aspire?
What the hand dare sieze the fire?

And what shoulder, and what art
Could twist the sinews of thy heart?
And when thy heart began to beat,
What dread hand? And what dread feet?

What the hammer? what the chain,
In what furnace was thy brain?
What the anvil? what dread grasp
Dare its deadly terrors clasp?

When the stars threw down theirs spears
And water’d heaven with their tears,
Did he smile his work to see?
Did he who made the Lamb make thee?

Tyger, tyger, burning bright
In the forests of the night,
What immortal hand and eye
Dare frame thy fearful symmetry?
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Les oiseaux

Il. Où habites-tu, dans quel bosquet,
Dis-moi Belle, dis-moi Amour ;
Où tu construis ton charmant nid,
ô orgueil de tous les champs !
Elle. Là-bas se dresse un arbre solitaire,
Là je vis et je pleure pour toi ;
Le matin boit ma larme silencieuse,
Et le soir souffle mon chagrin.

Il. Ô toi l'harmonie de l'été,
j'ai vécu et j'ai pleuré pour toi ;
Chaque jour je pleure le long du bois,
Et la nuit a entendu mon chagrin à haute voix.

Elle. Me désires-tu vraiment ?
Et suis-je ainsi doux pour toi ?
Le chagrin est maintenant terminé,
ô mon Amant et mon Ami !

Il. Viens, sur les ailes de la joie nous volerons
Là où ma tonnelle est suspendue en haut ;
Viens et fais ta paisible retraite
Parmi les feuilles vertes et les douces fleurs.
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L'arbre au poison / a poison tree

J'avais colère à mon ami
Je la lui dis, je ne l'eux plus;
J'avais colère à l’ennemi,
Ne le dis point, colère crût.

Je l'arrosais de mes angoisses,
Soir et matin avec mes larmes;
Je l'ensoleillai de sourires,
Et l'abusai de tendres charmes.

Elle crût le jour et la nuit,
A tant qu'elle porta son fruit;
L'ennemi voit pomme qui brille
Et reconnaît qu'elle est mon bien;

Il s'est glissé dans mon jardin
Dès que la nuit permit la fraude.
Quant au clair matin je regarde,
Je le vois étendu sous l'arbre,
Mon ennemi.

***
I was angry with my friend:
I told my wrath, my wrath did end.
I was angry with my foe:
I told it not, my wrath did grow.

And I watered it in fears,
Night and morning with my tears;
And I sunned it with smiles,
And with soft deceitful wiles.

And it grew both day and night,
Till it bore an apple bright.
And my foe beheld it shine.
And he knew that it was mine,

And into my garden stole
When the night had veiled the pole;
In the morning glad I see
My foe outstretched beneath the tree.
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William Bond

Je pensais qu’amour vit au grand soleil,
Et trouver amour dans le plein midi ;
Mais non, il vit aux clartés de la lune !
Il est la tendre force de la nuit.
 Cherche amour en pitié de la peine d’autrui,
A guérir tendrement les autres du souci
Dans le noir de la nuit, la neige de l’hiver,
Dénudé, rejeté, là cherches-y l’amour. 

*****

I thought Love livd in the hot sun Shine
But o he lives in the Moony light !
I thought to find Love in the heat of the day
But sweet Love is the Comforter of Night.
Seek Love in the Pity of others Woe,
In the gentle relief of anothers care,
In the darkness of night & the winters snow,
In the naked & outcast Seek Love there!
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Voir le monde en un grain de sable,
Un ciel en une fleur des champs,
Retenir l'infini dans la paume des mains
Et l'éternité dans une heures"
***
" To see a World in a Grain of sand
and a Heaven in a Wild Flower,
Hold Infinity in the palm of your hand
and Eternité in an hour "
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Videos de William Blake (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William Blake
Avec Jean-Marc Barr, Susheela Raman & Sam Mills Présentation par Camille Adnot Projection conçue par Stephen Ellcock
Les écrits et inspirations du poète et artiste visionnaire William Blake (1757 -1827) sont incarnés en français et en anglais par deux puissants interprètes, la chanteuse Susheela Raman et l'acteur Jean-Marc Barr, accompagnés à la musique par Sam Mills. Avec une introduction de Camille Adnot, spécialiste de Blake, et une projection visuelle créée par Stephen Ellcock.
À lire – Susheela Raman, Ghost Gamelan, Naïve, 2018.
Son par François Vatin Lumière par Patrick Clitus Direction technique par Guillaume Parra Captation par Camille Arnaud
+ Lire la suite
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