Là où les tigres sont chez eux

Acheté il y a 12 ans ce livre somnolait dans ma bibliothèque abandonné en cours de lecture car il y avait trop de personnages, et trop d'histoires en parallèle.
Confinement oblige j'ai fouillé dans mes réserves et ai donné une seconde chance à ce pavé de 800 pages. Autres temps autres sentiments ; j'ai beaucoup aimé ce roman d'aventures sur fond du Brésil et ses contrastes. Dépaysant et très bien écrit malgré des longueurs.

Excellent , brillant
Une épopée au Brésil

Un dico, un pavé, une odyssée polyphonique.
Qui pourrait traverser cette jungle de plus de 900 pages (sans compter les annexes et glossaire) sans risquer de se perdre, de mourir de soif ou de manquer d'air ?

Le parcours controversé d'un obscur jésuite du 17ème, les états d'âme d'un journaleux français exilé au fin fond du Brésil, les frasques répétées de sa fille, les vilaines manigances d'un gouverneur cupide, les rêves d'un handicapé des favelas... la moisson est dense !

De bonnes choses à pêcher, forcément, mais un ouvrage finalement lourd, long et plutôt indigeste.
Quant au final... une sorte de démonstration de l'absurde.
Bof, bof ...

Ce roman est un grand roman épique. Ce sont plusieurs romans en un dans lequel se croisent les sciences, l'ethnologie, la paléontologie, l'archéologie, les mathématiques, la physique, la mécanique, mais aussi la philosophie et la religion. J'ai été impressionné par l'érudition de l'auteur, la somme de recherches et de connaissances nécessaire à l'écriture de ce type de livre est époustouflante. La biographie romancée d 'ATHANASE KIRCHER, le jésuite, physicien, m' a fait penser dés le début de la lecture à Don QUICHOTTE, CASPAR SCHOTT en SANCHO PANZA, (l'auteur le cite d'ailleurs en page 691 dans "les carnets d'Eléazard"). Les aventures d'Elaine dans le Mato-grosso sont plus palpitantes qu'un "Indiana Jones", mais avec tous les éléments du roman d'aventure, (le vieux nazi, la vieille canonière, les trafiquants, les indiens etc...) avec en plus de riches descriptions documentaires sur les tribus indiennes. La vie de NELSON dans la favela est un reportage cruel sur l'enfer des bidonvilles, en opposition avec l'opulence et la corruption des politiques, (le gouverneur MOREIRA). La plongée de MOEMA dans la drogue et dans la débauche, les difficultés d'écrire d' Eléazard et sa passion contenue pour Loredana sont également passionnant. Au début le livre semble dur à lire, il devient rapidement captivant, les changements de style permettent en plus des différentes histoires, de bien rythmer la lecture. J'y ai même trouvé au chapitre XXIX, lorsque KIRCHER teste les connaissances du jeune Don Luis CAMACHO des intonations des pièces de MOLIERE. Pour écrire ce livre l'auteur a dû se transformer en rat de bibliothèque, ce mot revient d'ailleurs très souvent dans le roman et montre l'importance de ces lieux dans les siècles précédents.

Quel roman!
On a l'impression de tomber sur un classique de la littérature qui nous aurait échappé.
Magnifique style, et toujours approprié à l'époque et aux circonstances.
On ne peut qu'être impressionné par ce roman polyphonique et foisonnant, aux multiples facettes.
La fin est, sinon décevante, du moins brutale.

On n en voit pas la fin. Décroché au bout de 450 pages...

Tragédies parallèles en fugue majeure

J-M. Blas de Roblès nous jette dans ce livre un défi: suivre le destin entrecroisé de groupes de personnages assez différents. Il y a d'abord la biographie d'Athanase Kirchner, prêtre présenté comme un grand scientifique et inventeur de son siècle. Eléazard von Wogau travaille à la ré-édition critique de celle-ci. Il y a ensuite un groupe de scientifiques partis au fin fond du Mato Grosso à la recherche d'un gisement de pierres. Nous avons aussi Moéma la jeune fille d'Eléazard qui mène une vie d'adolescente instable et débauchée, Nelson un jeune garçon handicapé vivant dans les favelas, José Moreira da Rocha un gouverneur corrompu ayant des projets immobiliers au détriment des indiens, de la faune et de la flore, un ancien nazi cocaïnomane qui se perd dans le Mato Grosso, un professeur européen qui tombe amoureux de Moéma et fait avec elle une excursion improbable dans le Brésil (...)
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Les 800 pages de "Là où les tigres sont chez eux" sont un émerveillement de tous les instants... Huit-cent pages... Voilà bien longtemps que je n'en avais pas lu autant d'un coup, mais quelle lecture ! Elaine, l'ex-épouse d'Eléazard, part dans la jungle, mais c'est le livre en lui même que nous propose Jean-Marie Blas de Roblès qui est une jungle, une jungle foisonnante d'idées, de concepts, de découvertes, de nouveautés, de relations...
Chaque chapitre commence par un extrait de la fameuse biographie de Kircher sur laquelle Eléazard travaille. Elle est clairement le point central de toutes les histoires que l'on découvre en parallèle dans ce roman puisque chaque chapitre est découpé ensuite en mini-chapitresmini-chapitres où l'on retrouve Nelson, Elaine, Eléazard, Moema, le gouverneur, le tout alternativement. Cette construction entraîne rapidement l'envie de poursuivre la lecture afin de découvrir ce qu'il arrive aux uns et aux autres, que l'on soit au 17e siècle ou de nos jours...
Il est souvent reproché à certains auteurs un manque de consistance dans la psychologie de leurs personnages, dans le relief qu'ils leur donnent, ou pas. Ici, cette critique ne peut s'appliquer car Jean-Marie Blas de Roblès semble prendre le temps de nous présenter chacun des protagonistes, nous laissant cependant le plaisir de découvrir au fur et à mesure les liens qui se tissent entre des individus a priori sans relations.
L'un des défis magnifiquement rempli de ce livre est de mêler l'histoire de personnage de fiction à celle d'un jésuite parfois méconnu mais ayant cependant tenté de faire avancer les sciences à son époque, même si certaines de ses découvertes, comme la traduction des hiéroglyphes, s'avérèrent erronées par la suite. En effet, Athanase Kircher a bel et bien existé, et tous les éléments présentés par Jean-Marie Blas de Roblès sont certainement le fruit d'un travail long et minutieux... Ceci dit, lorsque l'on sait que l'auteur a mis une dizaine d'années pour en accoucher, rien d'extraordinaire à découvrir un roman fortement documenté, et ce pour notre plus grand plaisir !
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Il y a des romans qui ne sont pas comme les autres, tant il sont riches et étonnants...

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Il ne faudrait pas que cette avalanche de prix (ouf, il n'a pas eu le Goncourt !) détourne de la lecture de ce pavé de près de 800 pages. Faites confiance aux jurés des différents prix pour le contenu et à la maison d'édition Zulma pour le contenant - joli papier Munken Premium Cream pour un texte composé en Mrs Eaves et Garamond, offrant un grand confort de lecture . Si tous ces détails vous amusent ou vous intéressent, ce livre est pour vous !

Eléazard von Wogau est journaliste dans le Nordeste brésilien mais son dernier article de presse remonte bien à un an. Il est plongé dans la lecture de la "Vie d' Athanase Kircher", jésuite qui fut "à la fois professeur, astronome, physicien, géologue & géographe, spécialiste des langues, archéologue, égyptologue, théologien, etc ."
Cela s'annonce bien mal : "Rien n'était plus horripilant que ce ton compassé, celui en somme de toutes les hagiographies, mais qui atteignait ici des sommets de platitude."

Tour de force de Jean Marie Blas de Roblès : ce livre dans le livre, justement à cause de ses défauts, en devient réjouissant ! Une sorte d'encyclopédie du savoir, de la recherche et des erreurs au 18ème siècle en Europe.

Eléazard est en instance de divorce avec sa femme Elaine ; celle-ci est partie en mission dans la jungle rechercher des fossiles avec une équipe d'universitaires. Moéna, fille d'Eléazard et d'Elaine, est censée être étudiante et elle se dit elle-même lesbienne et droguée.

Qui d'autre ? Un gouverneur colonel bien ripoux, sa femme qui a des problèmes avec l'alcool, Nelson, gamin des favelas qui nourrit son idée de vengeance... Impossible de faire le tour de ce roman foisonnant, baroque, passionnant , étonnant.

"L'Océan venait d'apparaître, bleu turquoise, luisant comme une faïence mozarabe. Sur la lunule de la côte, aussi loin que portait le regard, un interminable plateau de dunes s'incurvait doucement vers le rivage où blanchissait une large lisière de rouleaux. Pas un arbre, pas d'insecte ou d'oiseau, nul indice qui put témoigner de la présence des hommes : un songe d'astronome rêvant d'une planète barbare et dévastée, immobile à jamais sous la profonde brûlure du soleil."

Très beau passage aussi où Roetgen essaie d'expliquer où et comment est la France à un pêcheur "ne sachant ni lire ni écrire , n'ayant aperçu une télévision allumée que quelques instants derrière une vitrine de la ville" ; belle leçon d'humilité pour Roetgen justement ...

Belle lecture donc avec ce roman fourmillant d'histoires qui se répondent : "car ce n'est pas impunément qu'on erre sous les palmiers, et les idées changent dans un pays où les éléphants et les tigres sont chez eux." Goethe, les Affinités électives.
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